| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| somewhere back in time, I left a part of me (rafaël) | |
| | Auteur | Message |
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Invité | Sujet: somewhere back in time, I left a part of me (rafaël) Dim 5 Mar 2023 - 20:54 | |
| C’était peut-être son nouveau job à la ferme de Tyler, c’était peut-être la présence de sa nièce Leyla à Bowen depuis octobre, c’était peut-être ce lien qu’il avait développé avec Charlize, c’était peut-être juste le temps en général qui faisait enfin son effet, mais dans tous les cas Leónel commençait à voir la lumière au bout du tunnel. Il n’aurait jamais pensé en arriver là un jour. Et même s’il en était encore loin, de cette lumière, même si ses pas se faisaient encore à tâtons dans des sentiments qu’il ne comprenait pas tout à fait et sur lesquels, surtout, il n’avait aucun contrôle, il pouvait au moins se permettre d’avoir un peu d’espoir. Enfin. Contrairement à ce que d’autres personnes dans sa situation auraient pu faire, c’est-à-dire se dire qu’ils n’avaient plus besoin d’aide parce qu’ils voyaient enfin le bout de la misère, Leónel décida plutôt de s’inscrire à un second groupe de paroles, pour s’assurer d’avoir le plus de soutien possible, pour s’assurer de ne pas redescendre la pente. De toute façon, il arrêterait d’y aller quand il le désirait. Ça ne l’engageait à rien de plus que l’autre. C’était simplement une occasion de plus, par semaine, de parler à cœur ouvert et de s’assurer de ne pas déraper. Son premier groupe de paroles lui avait permis de rencontrer Charlize, Theodore et Carter. Peut-être que ce second groupe lui apporterait-il, à son tour, un peu de positif dans sa vie.
Il avait été pas mal silencieux pendant les premiers échanges, se contentant de décrire brièvement sa situation, sans aller en profondeur. Il mettait du temps, Leónel, avant de se sentir à l’aise auprès de parfaits étrangers, au point de leur livrer ses détresses les plus enfouies. Ce n’est qu’à la toute fin de la séance que le Chilien se décida à aller aborder quelqu’un, quelqu’un avec qui il avait été capable de relate, de se reconnaître. Cet homme-là lui inspirait quelque chose, il n’aurait pas su dire quoi encore, il n’aurait pas su mettre le doigt dessus, mais il pouvait généralement avoir confiance en son instinct. Il s’était donc approché de lui alors qu’il replaçait sa chaise – ce groupe-là avait lieu au campus universitaire de Bowen, alors ils devaient bien replacer la classe lorsqu’ils avaient terminé. « Salut. Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire un peu tout à l’heure quand tu parlais de ta fille. Je voulais juste t’assurer que ce n’était pas à propos de ce que tu disais. Enfin, si … c’est juste que … J’ai moi aussi une fille. Et c’est pour moi aussi assez compliqué, avec elle. Alors … tes paroles faisaient écho à ce que je vis. » Et sur le coup, Leónel s’était dit qu’il valait mieux en rire qu’en pleurer, même si clairement il aurait voulu épargner Isidora, à travers tout ça.
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| | | Invité | Sujet: Re: somewhere back in time, I left a part of me (rafaël) Mer 8 Mar 2023 - 23:11 | |
| Cela faisait quelques années maintenant, cinq ans pour être exact. Cinq ans que Rafaël ne cessait de travailler sur lui-même. À essayer de remonter la pente, pas après pas. À essayer de refermer ses plaies, dont certaines étaient encore béantes. C’était un travail épuisant, long et douloureux. Mais Rafaël n’avait jamais lâché. Il n’avait jamais abandonné. Enfin, si, parfois, il avait arrêté les séances et les groupes de paroles. Persuadé, qu’il n’en avait plus besoin. Ou qu’il s’en sortirait sans aide. Mais il y retournait à chaque fois. Parce qu’il avait besoin d’oreilles attentives. Il fallait qu’il s’en sorte pour de bons cette fois. Il avait envie d’avancer, d’aller mieux et d’enfin arrêter de vivre dans le passé. Il voulait panser ses plaies, arranger les choses avec sa fille, Alma. Surtout en ce moment. La guerre avait repris de plus belle. Elle le rendait chèvre. Il avait peur de craquer, de sombrer à nouveau. Alors il était décidé. Décidé à se donner les moyens d’y arriver. Il était déjà passé par là, et il savait combien ce serait compliqué. Mais il n’était pas effrayé. Il avait d’ailleurs rejoint un nouveau groupe de paroles depuis deux mois maintenant. Il n’avait donné que quelques informations, ne se sentant pas encore en confiance pour parler. Toutefois aujourd’hui c’était différent. Il ressentait le besoin de parler, parce que sa semaine avait été difficile, son mois tout autant. Il y avait eu l’anniversaire d’Isabella et ça avait été un drame avec sa fille.
« Quelqu’un d’autre veut prendre la parole ? Rafaël ? », le Mexicain se tendit légèrement, sentant ses mains devenir moites. Il se racla la gorge comme pour essayer de faire sortir les mots coincés au fond de celle-ci. « Ok. Alors. Le 4 février était l’anniversaire de ma femme. Depuis son décès, ma fille continue de le fêter, en acheter une pâtisserie à la boulangerie et en soufflant une bougie. Elle faisait ça de son propre chef sans que je n’y participe. Parce que c’est difficile pour moi. Mais cette année, j’ai voulu faire un effort, parce que nos relations se sont dégradées et que j’essaie tant bien que mal de rattraper les choses. Ça a été une véritable catastrophe. » Un rire nerveux s’échappa de ses lèvres sans qu’il ne parvienne à le retenir. « Depuis, la guerre est revenue à la maison. Elle recommence à chercher à tout prix le conflit. À me faire tourner en bourrique, sans répondre à mes messages, sortir alors que je lui dis non. Et je sens que je m’essouffle dans cette bataille qui me semble interminable. Ça joue sur mon mental et je me retrouve à sombrer doucement à nouveau. À dévaler la pente que j’essaie tant bien que mal de remonter depuis cinq ans. », il soupira à la fin de son monologue, l’impression d’avoir un poids en moins sur les épaules. Il y eut quelques autres échanges avant que la séance ne soit levée. Rafaël, comme les autres personnes du groupe, rangea alors sa chaise. Il allait quitter la salle lorsqu’un homme vint à sa rencontre. « Salut. » Rafaël ne put s’empêcher de froncer légèrement les sourcils. Sourire à ce qu’il avait raconté ? Aux difficultés avec sa fille ? C’était étrange. Voir même impoli. L’homme avait dû le sentir, car il expliqua ce qu’il voulait dire. Rafaël eut un léger sourire. « Bienvenue au club. Je n’aurais jamais pensé qu’elle pouvait être aussi terrible. Elle ne s’épuise jamais. Je ne sais pas si ta fille est dans cette situation-là également, mais tu as tout mon soutien. ». Les épisodes dépressifs n’étaient jamais facile à gérer encore moins quand vous aviez une fille qui prenait un malin plaisir à vous rappeler vos multiples erreurs. « Tu n’es pas là depuis longtemps, je me trompe ? » Se risqua-t-il à demander. Il n’avait jamais vraiment discuté avec quelqu’un du groupe, mis à part les politesses, alors pourquoi pas changer. Au pire, l’inconnu prendrait poliment congé, au mieux, ils pourraient échanger. |
| | | Invité | Sujet: Re: somewhere back in time, I left a part of me (rafaël) Dim 19 Mar 2023 - 19:09 | |
| Longtemps, il avait senti qu’il s’essoufflait, Leónel. Que même s’il n’avait que peu d’énergie, il la mettait toute entière, dans sa relation avec sa fille Isidora. Et que ce n’était pas assez. Que ce ne serait plus jamais assez. Dans la dernière année, il avait parfois eu peur de recevoir Isidora chez lui pour le weekend, car il craignait que le lundi d’après, Selma, son épouse de qui il était séparé, débarquerait chez lui pour lui rappeler qu’encore une fois il bousillait les espoirs de leur fille. Qu’il bousillait son moral. Sa vie. Isidora n’avait jamais elle-même porté de telles paroles à l’attention de son père, mais quand Selma le lui avait dit, il avait mis du temps à se le sortir de la tête. Ça lui arrivait encore aujourd’hui, même s’il allait un peu mieux, de penser qu’il protégerait mieux sa fille en la tenant loin de lui. Au moins le temps d’avoir remonté complètement la pente - mais la remontait-on réellement toute, un jour ? Le sourire de Leónel, pendant le discours de Rafaël, n’avait duré que quelques secondes. Juste le temps de s’imaginer lui-même en train de virer fou, parce que lorsqu’il disait non, Isidora disait oui, et vice-versa jusqu’à ce que Leónel baisse les bras. Son sourire s’estompa cependant quand Rafaël avoua que cette situation avec sa fille jouait avec son mental et qu’il sombrait de nouveau. C’est cette chute qu’il évoqua, qui motiva le Chilien à aller lui parler après la séance. Il aurait pu être mal reçu, son entrée en matière n’étant pas des plus délicates, mais ses explications soutirèrent un sourire à l’homme. « De plus en plus … Elle aura quinze ans cette année, et je commence à le sentir, là, qu’elle est au milieu de l’adolescence. Elle a toujours eu le caractère de sa mère, cela dit, alors je ne devrais pas être trop surpris … » Isidora avait cependant cette intention derrière, Leónel le savait, que si elle le poussait c’était parce qu’elle voulait le tirer vers le haut. Elle ne comprenait simplement pas encore à quel point son père avait été épuisé, tout ce temps. Que plus elle le poussait plus elle le fatiguait, plus elle le faisait culpabiliser. La dynamique changeait, dernièrement, Leónel lui donnant un peu plus qu’auparavant. « La tienne a l’air de te mener la vie bien plus dure que la mienne, je dois admettre … Tu as donc tout mon soutien aussi. » Il esquissa un sourire, avant de hocher la tête à la question de Rafaël, regardant distraitement les autres participant-e-s quitter la salle. « Tu ne te trompes pas. C’est ma première visite à ce groupe-ci. Mais pas mon premier groupe. » Admit-il avec un léger soupir, avant de relancer : « Et toi ? » |
| | | Invité | Sujet: Re: somewhere back in time, I left a part of me (rafaël) Dim 2 Avr 2023 - 19:16 | |
| Ça avait été si difficile de sortir la tête de l’eau pendant toutes ces années. Il s’était vu sombrer petit à petit avant de trouver les groupes de paroles comme solution à ses problèmes. Ou du moins, comme aide. Même si parfois, il se laissait croire qu’il n’avait pas besoin de tout cela, il finissait toujours par y revenir. Parce qu’en réalité, il n’était toujours pas réparé. Le serait-il un jour ? Il en doutait fortement. Il y avait des blessures que l’on ne pourrait jamais refermer. C'était ce que les psy lui avaient appris. Ainsi était-il. Il fallait l’accepter. Accepter la perte, la douleur et la tristesse. Il n’avait aucune autre solution si ce n’était celle de parler pour ne pas complètement vriller. D’habitude, il évitait les échanges avec les autres membres en fin de séance. Parce qu’il n’avait pas forcément envie de se lier. Plus par honte que par manque de sociabilité. Parce qu’il avait toujours l’impression que si les choses allaient mal dans sa vie, c’était principalement de sa faute. Et c’était difficile pour lui de penser autrement. Pourtant, lorsque l’homme vint à sa rencontre, Rafaël ne fut pas froid et ne coupa pas court à la conversation. Peut-être était-ce parce qu’il sentait qu’ils se ressemblaient ? Il n’en savait rien. Rafaël hocha doucement la tête, compréhensif. Il connaissait bien la situation. « Je compatis, vraiment. Mais je garde espoir et continue de me dire qu’elle finira par redevenir la petite fille que j’ai connue. Même si ça ne se profile pas vraiment bien. », il soupira, presque désespéré. C’était un combat tous les jours face à Alma, et parfois le Mexicain était à court de munition. Il finissait par déposer les armes bien plus souvent qu’il n’aurait voulu l’admettre. Rafaël ne put s’empêcher de sourire face à la confession de l’inconnu. Il connaissait bien cela, de se retrouver dans plusieurs groupes alors naturellement, il admit cette vérité également. « Ce n’est pas mon premier non plus, j’ai fait le tour de plusieurs groupes. » Avoua-t-il avant de rajouter. « Pour être tout à fait honnête, je suis un mauvais élève. Je pense toujours que je vais mieux et que je n’ai pas besoin de ça, et puis je finis par me rendre compte que je ne suis pas totalement guéri. », un rire quelque peu nerveux s’échappa de ses lippes. « Au fait, moi, c’est Rafaël, en plein travail sur moi même et ma vie pour sortir la tête de l'eau, encore une fois », souria-t-il en lui tendant sa main pour la lui serrer. Après tout, c’était la moindre des choses d’officiellement se présenter même si l'animatrice du groupe l'avait déjà interpellé tout à l'heure. Et puis, dans ce genre d'endroits, chacun savait que les participants étaient, pour la plupart, brisés. Rafaël avait fini par prendre l'habitude de tourner cette partie là de sa personnalité à la dérision. Dans le seul but de dédramatiser ce qu'il ressentait vraiment. |
| | | Invité | Sujet: Re: somewhere back in time, I left a part of me (rafaël) Lun 10 Avr 2023 - 0:58 | |
| Ils n’étaient pas différent, de ce côté-là, Leónel et Rafaël. Le Chilien avait beau avoir fait des études en médecine et avoir passé par les cours et les conférences obligatoires en psychiatrie, il avait beau savoir et comprendre comment le cerveau fonctionnait, psychologiquement, cela ne l’empêchait pas de rejeter toute la faute de sa situation sur sa propre personne. Il comprenait le trouble post-traumatique, il comprenait la dépression, mais il culpabilisait quand même. C’était bien la preuve que cet état-là n’était pas à prendre à la légère. Cette sorte de sentiment, d’impression de s’entendre parler, de se voir dans un miroir, lorsqu’il était confronté aux discours de Rafaël, avait encouragé Leónel à aller lui parler à la fin de la séance. Ça lui venait un peu plus aisément, de s’ouvrir ainsi, depuis qu’il avait retrouvé le monde vivant. Depuis qu’il avait commencé à travailler à la ferme de Tyler. Depuis qu’il avait commencé à revisiter le café Imogen au moins une fois toutes les semaines. « Peut-être qu’elle ne redeviendrait jamais la petite fille que tu as connue. C’est un peu la même chose que pour nous, non ? Mais ça n’empêche pas qu’elle pourrait te surprendre, avec la jeune fille qu’elle est en train de devenir. » Leónel avait perdu espoir de redevenir l’homme qu’il était avant, pour sa part. Il avait cependant trouvé l’espoir, en chemin, de devenir une version de lui-même qu’il saurait quand même aimer. C’est ce qui le motivait à revenir, semaine après semaine, à ces différents groupes de soutien, pour côtoyer tous ces visages, toutes ces histoires. « Ravi de savoir que je ne suis pas le seul nomade des groupes d’entraide. » Il sourit. Lui aussi s’était promené un peu, certains groupes ne lui convenant pas. Rafaël admit que de son côté, c’était surtout une série d’abandons, lorsqu’il pensait aller mieux. Des abandons qui menaient à des retours. « C’est peut-être que vous n’en êtes réellement pas loin, de la guérison … ? Qu’il ne vous reste que quelques pas à franchir ? Je vous le souhaite, en tout cas … » Leónel commençait à peine à se dire qu’il allait mieux, qu’il n’aurait peut-être bientôt plus besoin de ça, lui non plus. Après quatre ans, il avait l’impression d’être en retard. « Moi c’est Leónel, à peu près dans le même processus, je dirais. » Il rit légèrement en lui tendant la main pour la serrer. « Mais depuis quelques mois, j’ai enfin un peu l’impression de respirer. » C’était signe que sa tête, elle sortait tranquillement mais sûrement de l’eau, non ? |
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