Back Of My Mind - Neven Monroe #2

J'étais son "ami". Un ami. J'eus du mal à encaisser le mot et mon regard quitta le sien pour rejoindre un point invisible derrière elle. Je savais que c'était en parti ma faute et que si j'avais agis lorsqu'elle m'en avait laissé l'opportunité, les choses auraient été bien différentes. Je ne pouvais pas revenir en arrière malheureusement alors je suivis ses instructions. Je partis chercher Pepper et je revins à la cabane. Lullaby était déjà couchée et je pris la décision de squatter le canapé, malgré ce qu'elle m'avait demandé. Je n'étais pas prêt à partager un lit avec elle, pas après ce grand froid qui s'était installé entre nous sous la douche tout à l'heure. Elle ne serait pas pour autant seule, car Pepper avait choisit de se caler sur le lit à côté d'elle.

J'avais enfilé un jogging gris, assez large, et je m'étais posé sur le canapé. Je dépassais de tous les côtés, et pourtant je réussis à m'endormir assez rapidement. Le sommeil avait toujours été pour moi un échappatoire, ça me permettait de passer à autre chose. Cette nuit, ça ne fonctionna pas. Lullaby était dans mes pensées, je revenais encore et toujours à nos corps se déhanchant sur le rythme endiablé de la salsa, son strip tease langoureux... Et ce rejet brutal sous la douche. Je me réveillais en sursaut, une main sur mon cœur qui battait douloureusement. Il était tôt, la journée allait être longue, mais je refusais de refermer les yeux. Et je n'aurais de toute façon pas pu, car des bruits étranges attirèrent mon attention. C'était comme des gémissements et le bruit de draps dans lesquels on s'agite. Ça aurait pu être l'indication de quelque chose de très différent, si les mots que Lullaby prononçait en espagnol n'avait pas cette urgence. Je ressentais le danger rien qu'en l'entendant. Elle faisait un cauchemar et je partis la rejoindre pour la prendre dans mes bras et la rassurer. Elle dormait toujours, mais elle était contre moi... Je me rassurais comme je pouvais en me disant que je faisais quelque chose de bien pour elle. Que je n'avais pas fait la plus grosse connerie de ma vie en la rejetant.

Lullaby continua de cauchemarder pendant de longues minutes. Sa joue posée sur mon torse et ses cheveux éparpillés autour d'elle... Je la regardais en essayant de comprendre la dynamique qu'il y avait entre nous. Ce n'était pas juste sa beauté, il y avait plus. Elle était unique en son genre et me touchait à un endroit, un endroit que je découvrais avec elle. La danse était une preuve supplémentaire de notre connexion. J'aurais pu rester là pendant des heures, mais lorsqu'elle ouvrit les yeux, je vis que ma présence ne l'avait pas aidé. Son regard était triste, résolue, elle semblait défaite. Ça me peinait de la voir comme ça, car ce n'était pas la Lully lumineuse qu'elle me montrait depuis notre rencontre. Je l'avais cassé. Mes lèvres se posèrent sur sa joue alors que je me détachais un peu d'elle, puis une de mes mains vint caresser ses jolies tâches de rousseur.

Those freckles make you seem like a galaxy of stars, just waiting to be explored and loved. Ce n'était pas ma place, surement pas le bon moment, mais je mis mon corps sur le sien, possessif et protecteur, avant de l'embrasser. Un baiser tout aussi brûlant que celui que l'on avait déjà partagé. Un baiser bien loin de ce qu'un ami offrirait. Mais pour elle, j'étais prêt à mettre de côté la partie "loved" et juste lui offrir la "explored". Le sexe réglait bien des problèmes, et si je n'étais pas capable de lui rendre le sourire, j'étais certain que mon pénis pourrait le faire.

J'aurais pu pleurer, si je n'avais pas ouvert les yeux sur ceux de Neven. Je mis quelques longues secondes avant de réaliser que j'étais dans ses bras, que son visage était au dessus du mien, qu'il m'avait rejointe finalement. Pourquoi ? Pourquoi tenter le diable ? Pourquoi forcer le passage ? Je ne me sens pourtant pas forcée, je suis entre ses bras, et son odeur m'ensorcelle une nouvelle fois. Sa main caresse mon visage et ce qu'il me dit, est absolument romantique. C'est probablement la seule et unique chose magique qu'on ait pu dire sur mes tâches de rousseur, son regard est convaincu, et pendant ce temps mon palpitant manque quelques battements. C'est ce qu'il y a de plus dingue dans l'histoire, Neven me voit, vraiment, à travers ma plastique de vitrine, mes cheveux trop blonds, mon air de ne pas y toucher, à travers ma carapace de chair, il me voit vraiment. Connecté à mon âme, c'est assez dingue, et je n'arrive pas à faire appel à la raison ce matin. Je lui rends son baiser, je sens son corps musclé sur le mien, et l'éveil d'un désir pas enfoui du tout, chez lui, comme chez moi. Le frottement des corps à travers les tissus est une torture réelle. Je mords ses lèvres, joue avec sa langue, et bascule le bassin vers le sien. Nous ondulons l'un contre l'autre, pas besoin de musique cette fois-ci, on sait parfaitement comment rendre l'autre fou.



- Damn... Explore me anytime you want... soufflais-je une fois le corps retombé à côté de lui.

Lully s'était laissée retomber à côté de moi après m'avoir montée telle une amazone. Elle semblait plus détendue et son visage arborait un petit sourire adorable. J'avais réussi ce que je voulais faire, même si au fond de moi une petite voix me disait que ce n'était pas bien d'avoir utiliser le sexe pour cela. Ce n'était pas juste du sexe, c'était un partage des plus intimes et j'étais peut être un peu trop romantique, mais j'étais du genre à penser qu'il ne fallait s'offrir que si on aimait vraiment la personne en face de soi. J'appréciais énormément Lullaby, elle me faisait un effet dingue et j'arrivais à partager énormément avec elle, mais je n'étais pas certain que l'on ai un avenir ensemble. Je ne la connaissais pas assez et je sortais tout juste d'une relation traumatisante, j'avais besoin de temps... Et ce matin je m'étais précipité.

Je vais aller faire du café. Dis-je en quittant le lit, remontant mon jogging pour cacher mon postérieur - à coup sur marqué par quelques griffures -. Je fuyais la situation qui commençait à m'angoisser. Je réfléchissait trop, comme bien souvent et perdu dans mes pensées, je réussis à foirer le café. Je repris étape par étape pour essayer d'obtenir le délicieux nectar caféiné, et je finis par obtenir une tasse potable.

Tout à coup, il y eut des coups à la porte. Fuck ! Comment Jenny avait elle réussit à nous retrouver aussi rapidement ? Et surtout comment avait elle su ? En panique, je me dépêcha d'aller à la porte pour que Lullaby n'ai pas à se reprendre une salve de haine de la part de mon ex. Seulement en ouvrant la porte ce n'était pas Jenny. Un homme de ma taille, musclé et plutôt effrayant, se tenait devant moi. Il se mit à parler à une vitesse folle dans une langue qui ressemblait à celle qu'avait utilisé Lully en dormant. Je ne comprenais rien, mais ça ne sentait pas bon. Je n'avais que de très petites notions d'espagnol, alors je dis des mots simples "no", "solo". J'essayais de mentir en lui faisant comprendre que j'étais seul et après avoir insisté un long moment, il finit par accepter et partir. Je refermais la porte et j'allais vers la chambre où je retrouvais Lullaby.

C'était qui ? Pourquoi il te cherche ?

Il se leva pour aller faire le café, je ne notais rien de changé chez lui, trop peace à cet instant. Un orgasme, ça fait toujours du bien... mais je pense que je me voile gentiment mais sûrement la face, c'était pas que du sexe, ou alors c'était du sexe mal fait, compensatoire mais dérisoire finalement. Je me mordillais l'intérieur de la joue, me redressais dans le lit, et puis j'attrapais mon t-shirt et une culotte. Je me sentais sale, c'était quand même pas normal ça ! Je l'avais désiré tant et plus hier soir, et j'avais aimé ce réveil, alors pourquoi me sentir cra...

On toqua à la porte, et je fronçais les sourcils, attrapant mon 3310 pour regarder l'heure. Pas normal et aucun message de Dario... personne ne sait pour cette cabane, pour le lien que j'ai avec Dario, personne. J'avance cachée pour tenter de voir le visage de l'homme, je me fige sur place en entendant l'espagnol reconnaissable, c'est un cauchemar. Un putain de cauchemar. Et là je flippe, Neven réussit à faire qu'il parte, mais c'est trop tard... le mal est fait putain. Je me jette sur mes affaires et sur mon sac, que je fais rapidement, sans trop regarder ce que j'emmène.

La voix de Neven me cueille alors qu'il revient dans la chambre, je me redresse, passant une main dans mes cheveux.

- C'est personne. Répondis-je rapidement.

Mais là encore, c'est trop rapide pour être vrai, ni honnête.

- écoute je dois y aller... maintenant. Je vais appeller Carl, il va venir me chercher, et je... je peux pas rester.

Il avance, et je recule d'un pas, sur la défensive... ça jette un froid c'est certain, et je le regarde avant de baisser le regard.

- did you know how to use a gun ? m'entendis-je alors prononcer.

C'était le genre de phrases à faire peur, quiconque avec un tant soit peu de jugeotte, flipperait en entendant cette phrase. C'était ma safe phrase, pas très catching, mais safe en tout cas.

J'envoyais un texto rapide à Carl, celui qui s'était fait passer pour mon faux boyfriend, et j'attrapais un short en jean déchiré que j'enfilais pour ne pas rester en tanga noir devant lui.

- God damn... es demasiado pronto, no es normal... soufflais-je dans ma langue natale, me mordant la lèvre. Ecoutes je ne peux pas t'expliquer, c'était une méga connerie tout ça, je vais m'en occuper, et puis... et puis après je disparaîtrais.

J'étais venu demander à Lullaby qui était cet homme et elle avait répondu beaucoup trop rapidement pour être sincère. Elle paniquait et quand je voulus aller vers elle, elle fit un pas en arrière. Je n'étais pas le danger, l'homme qui l'attendait surement à proximité de la cabane l'était. Et là, je vis qu'elle était en train de faire son sac... L'ambiance s'était considérablement refroidie et je ne comprenais pas pourquoi.

Lully... J'utilisais le surnom que je lui donnais pour essayer d'attirer son attention, mais il n'y avait rien à faire. A gun ? J'étais sur le cul, dans l'incompréhension la plus totale. Non, je ne savais pas utiliser une arme à feu, je n'avais jamais eu à m'en servir. Lully, please, stop. Cette fois je ne lui laissais pas le choix et je l'attrapais par le bras. I don't want you to leave. Please...

Elle me cachait quelque chose, et si elle ne voulait pas m'en parler, je l'acceptais, mais je voulais qu'elle reste. Il était hors de question qu'elle gère cette énorme galère seule, car elle avait l'air de s'être mise dans une sacré merde. Laisse moi t'aider. Dis-je en la lâchant finalement. Je connais du monde, mais j'ai besoin que tu me dises contre qui tu te bats.

Oui j'étais en train de paniquer, près de 10 mois sans un signe de vie de leur part, et finalement il fallait que ça tombe maintenant. Ce n'était pas lui, c'était un sbire certainement, ce n'était pas encore l'ombre absolue, ce n'était que les premisses. Mais oui je paniquais, parce que mon père était en danger, et Neven était aussi en danger, s'ils apprenaient qu'il avait mentit... mon dieu. J'avais du mal à respirer, et je balançais tout un tas de choses en même temps, jusqu'à ma safe phrase, connerie !

Lorsqu'il m'attrapa le bras, tout se mit sur pause une fraction de minute, et je le regardais. Il paniquait aussi, normal... normal. Rien n'était normal dans ma vie. Il me lâcha et me demanda de ne pas partir, de m'arrêter, de lui faire confiance, et je me frottais la tête, les cheveux, grimaçais, je ne savais pas quoi faire réellement.

- Carl... Car... putain !

Je m'arrêtais donc de paniquer, du moins j'essayais. Je me mordis la lèvre plusieurs fois, avant d'aller m'asseoir, puis de me relever.

- Tu devrais t'asseoir Neven. Dis-je alors que je me tenais debout.

Et je fis les cents pas.

- Je ne veux pas t'attirer de problème, je ne le veux pas, et pour ça, il faut que tu m'écoutes attentivement. Je n'ai pas besoin d'être sauvée...  je poussais un soupir, allant me mettre à genoux devant lui, posant mes mains sur ses cuisses. Je m'appelle Lullaby Vasquez, c'est mon vrai nom. Et si tu t'y connais un peu en faits divers internationaux, ou autre, le nom devrait te mettre sur la voie... je suis la fille unique d'un des plus gros cartels de Colombie.

Et... Je baissais le regard, me mordant encore la lèvre, me rendant compte l'absurdité de lui raconter tout ça. Mais il est en danger, quelque part, ils apprendront que je travaille avec lui, que j'ai un quelconque lien d'attachement, et il finira dans un charnier... je peux le sauver.

- Je ne te dis pas ça pour te mentir, mais pour te protéger. Je ne peux pas rester ici... L'homme que tu as vu il y a peu, est un sbire de ma mère, pas le plus dangereux, mais s'il apprend que tu es lié à moi... Je plongeais mon regard dans le sien avec intensité. Oublies moi Neven, je n'ai jamais existé, c'est pour ton bien.

J'entendis le klaxon de la voiture qui venait d'arriver. C'était Carl.

- tu eras la sorpresa, la magia... de ti me hubiera enamorado seguro... Lui confiais-je dans un souffle. Merci.

Je me levais, attrapais mon sac et sortis de la cabane, vérifiant qu'il n'y avait personne alentours et montais dans la voiture de Carl sans un mot, regardant à peine Neven... resté derrière.