and should the sky be filled with fire and smoke (primrose)

Tous les sujets sur lesquels Selma doit travailler ne la passionnent pas énormément. Quand il s’agit de partir à l’autre bout du monde plusieurs semaines pour ensuite faire un article sur une randonnée et faire rêver les lecteurs en leur parlant de ses aventures, ça la passionne, mais quand il faut aller écrire sur la nouvelle boucherie qui vient d’ouvrir en ville, elle est beaucoup moins enthousiaste. Grâce à son expérience, le succès de ses chroniques voyage et son caractère de cochon également, elle a davantage le choix des sujets que certains autres journalistes, mais parfois elle ne peut pas tous les esquiver. C’est ainsi qu’elle se retrouve au centre équestre une après-midi, pour faire une balade à cheval et interviewer le propriétaire, histoire de faire un peu de pub pour cette activité locale. Difficile de dire non à ce sujet qui rentre assez dans son domaine à savoir les voyages et les loisirs. A une époque elle partait au bout du monde pour couvrir les grands événements, les guerres, les conflits, les révolutions, mais elle a arrêté il y a plusieurs années suite à un traumatisme qu’elle garde pour elle. Depuis elle se concentre essentiellement sur les voyages et surtout les randonnées, écrivant également des livres sur le sujet, ce qui lui permet de vivre assez confortablement. Pour cet après-midi équitation, elle a demandé à Primrose, une de ses collègues de l’accompagner. Visiblement il fallait être deux pour ça donc elle a choisi la jeune femme qui n’est pas vraiment dans le domaine des animaux non plus puisqu’elle gère les courriers du cœur des âmes égarées de Bowen. Selma les lit parfois, ça la fait sourire la plupart du temps. Par moments elle se retrouve aussi dans certains questionnements, elle qui a une vie amoureuse plutôt compliquée, se demandant si un jour elle retrouvera son quotidien avec son mari à ses côtés, comme avant. Les deux femmes se rejoignent un peu en avance sur le lieu histoire de pouvoir discuter un peu de l’article avant de se retrouver sur un cheval. Son petit sac à dos qu’elle balade partout avec elle, que ce soit sur les petites balades ou pour aller au travail, Selma arrive devant le centre et envoie un message à son amie pour lui indiquer qu’elle est bien arrivée. Elle n’a pas à attendre longtemps puisqu’elle voit la blonde arriver. « Salut ! Je t’ai pris un café. » dit-elle d’entrée de jeu, étant toutes les deux plutôt penchées sur la caféine. « J’espère que tu m’en veux pas trop de te traîner là-dedans. » ajoute-t-elle avec un sourire.

Depuis qu'elle avait intégré le journal, Primrose se sentait comme un poisson dans l'eau. L'inspiration créative traversait lesmurs et embuait chaque journaliste en quête du parfait article. Elle avait pris le temps d'observer les uns des autres pour clarifier leur spécialité et surtout, pour prendre exemple sur eux. Elle estimait ne pas avoir suffisamment de recul (cela faisait uniquement deux ans qu'elle y travaillait) et il lui était encore indispensable de demander conseil à certains de ses collègues que ce soit pour une relecture d'article ou pour d'autres sujets à aborder. Depuis le début de l'année, elle officiait pourtant pour la rubrique du coeur. Une catégorie qui la faisait rêver -éternelle romantique qu'elle était - mais qui l'effrayait aussi quelque peu : comment donner les meilleurs des avis, suggestions quand on n'avait pas une vie amoureuse idéale ? Telle était la question. Elle voulait s'y atteler du mieux possible mais il lui fallait encore quelques réglages, du moins c'est ce qu'elle jugeait.

Elle jeta un oeil sur son téléphone : il lui restait suffisamment de temps pour se préparer à son escapade du jour : pour un après midi fini les chagrins d'amour et autres histoires, elle allait aider Selma. C'était une collègue dont elle admirait le parcours et le travail. Elle avait sillonné bon nombre de pays et surtout couvert suffisamment de sujets pour en faire l'un des meilleurs éléments du journal. Elle avait une distinction certaine et Primrose voulait apprendre le maximum de choses à ses côtés. Le fait qu'elle la contacte n'était pas une décision attendue mais qui avait ravi la jeune femme. Peut être parce qu'elle avait besoin d'air ? Surtout parce qu'elle était contente d'être avec elle. Primrose pris ses clés de voiture et roula une bonne dizaine de minutes avant d'arriver à bon port. Ou plutôt au centre équestre, pour le coup. Heureusement, elle avait pris de vieilles bottes pour éviter de dégueulasser des pompes trop neuves. Elle la repéra assez vite et quelle bonne surprise! Elle avait du café. Elle se précipita vers elle, un grand sourire. "Oh parfait! Un café ". Elle le prit et bût une goulée tout en observant les alentours. Le centre offrait un terrain de jeu et surtout une vue imprenable. "Ah non ne t'en fais pas! Qui sait, on va sûrement apprendre des choses ! Tu es déjà montée à cheval toi?". Pour la Burnett, c'était clairement une grande première.

Avec la jeune femme, Selma partage l'amour du café. Il faut dire que c'est une passion relativement commune au journal, bon nombre de ses collègues carburent également à la caféine, essentiellement pour finir à temps certains articles déposés au beau milieu de la nuit. La journaliste n'aurait pas besoin d'en ingurgiter, ce n'est pas l'énergie qui lui manque, elle est toujours motivée à escalader la moindre montagne dès qu'on lui propose. Mais elle aime le goût du liquide et ne dit pas non à avoir encore plus d'énergie, ce qui peut épuiser les personnes qu'elle traîne avec elle en escapade. Heureusement pour aujourd'hui, celle qu'elle traîne avec elle, déborde également d'énergie. Primrose ne lui en veut pas de l'avoir mis avec elle sur le sujet, même si c'est bien éloigné des courriers du cœur qu'elle a l'habitude de traiter. Mais quitte à devoir faire le sujet en duo, Selma préférait encore que ce soit avec quelqu'un qu'elle apprécie. « Ça m'est arrivé quelques fois, mais la dernière fois remonte à bien longtemps ! Je ne sais même plus quand c'était…et toi ? » Elle a bien eu sa période équitation à un moment, plutôt vers l'adolescence, mais ça ne l'a pas repris depuis. Elle est montée quelques fois à cheval, notamment lors de certains reportages à l'étranger où c'était le mode de transport privilégié de certaines contrées escarpées où la voiture n'était pas accessible. Du coup elle se débrouille pour être sur un cheval au pas, mais ça fait bien longtemps qu'elle n'a pas fait plus. Pourtant durant ses voyages ce ne sont pas les occasions de monter qui ont manqué, la pratique étant plutôt populaire et touristique dans certains endroits, mais Selma y va surtout pour marcher alors elle ne s'arrête pas devant les endroits proposant des randonnées à cheval. Sur certaines portions il lui arrive d'en croiser, que ce soit des cavaliers seuls ou accompagnés pour des escapades plus courtes. Elle se dit toujours que ce doit être une logistique assez importante pour réussir à gérer le bivouac avec un animal. « De toute façon on ne va pas faire des choses bien compliquées je pense, c'est fait pour les visiteurs qui sont jamais montés. » ajoute-t-elle pour rassurer sa comparse.