hold my hand, I can hear the ghost calling, help me stand even if the sky is falling. (gdpc)

Alexis, Elijah, Beckham & Elmo

La chambre était plongée dans le silence. Calme, apaisante presque. Ça contrastait avec les bruits du couloir, le chaos à l'extérieur de la pièce. La pièce était grande, séparée en deux par un rideau blanc. Tout était blanc, comme si on été au paradis ou parmi les anges. Sauf qu'Alexis, elle n'y était pas encore, enfin pas du tout. Elle était bien vivante, juste inconsciente. Inconsciente depuis un bon moment déjà. Elle avait été mise dans ce lit depuis qu'on l'avait sortie du bloc opératoire, mais c'est à peine si elle avait été consciente plus de 5 minutes d'affilée depuis le choc de l'impact. Un face à face avec une moto, c'est ce qui s'était passé hier soir. La compression du devant de sa voiture lui avait écrasé les jambes, fracturant son genou gauche à deux endroits, ne laissant aucune autre possibilité que l'opération. Son tibia aussi avait été fracturé. Après l'opération, on lui avait mis une attelle afin de ne pas bloquer les articulations. Quelques côtes avaient été fracturées dans l'impact également, l'empêchant de bien respirer. On avait noté une commotion cérébrale dû au choc de sa tête contre le volant, le airbag ayant mis un peu de temps à se déployer. Y'avait donc quelques ecchymoses sur son visage. En somme, elle s'en sortait bien Alexis, probablement mieux que la personne qu'elle avait frappé avec sa voiture. Par contre, y'avait aucune façon d'évaluer ses blessures psychologiques, surtout qu'elle pouvait dire adieu à sa tournée de danse. En fait, elle ne pourrait plus danser pour un bon moment. Fallait maintenant juste attendre qu'elle se réveille et ça, on savait pas ce serait quand.


@Beckham Kavinsky  @Elijah Bishop  @Elmo Santavenere

GROS, Alexis a eu un accident. C’était ça, le sms qu’Elmo avait reçu de Beckham. C’était ça, l’information qu’il avait. L’information qui avait affolé son coeur, l’information qui l’avait bouleversé pas mal plus que ce à quoi il se serait attendu. C’est surtout le manque d’information qui le tuait. Est-ce qu’elle était gravement blessée ? Allait-elle s’en sortir ? Ou bien c’était juste un bras cassé duquel ils pourraient se moquer en dessinant des trucs débiles sur son plâtre ? Il avait envoyé à Beckham un texto, en guise de réponse : ???????? Ce à quoi Beckham répondit en lui disant qu’Elijah était prévenu aussi et qu’il fallait qu’Elmo aille le voir, pour lui tenir compagnie. Alors qu’il se mettait en route pour aller chercher Elijah chez lui, avec la voiture de Jules - il lui avait demandé, promis -, il avait reçu un autre sms de Beckham qui les informait qu’ils ne pourraient pas voir Alexis avant demain matin. Elmo décida de se rendre quand même chez Elijah, et ils passèrent la soirée et la nuit à regarder la télévision sans vraiment la regarder. Incapables de fermer l’oeil, ils s’étaient dirigés vers l’hôpital très tôt le matin. C’est la première fois qu’Elijah et Elmo passaient autant de temps ensemble en gardant leur sérieux. Ce serait la première fois que le trio, la GDPC, se réunirait sans que ce soit sous des éclats de bêtises. Elijah et Elmo trouvèrent Beckham endormi sur une chaise de la salle d’attente, son dos allait clairement le faire souffrir aujourd’hui. Ce n’était pas l’important. Ils entrèrent tous les trois dans la chambre d’Alexis, Elmo eut le cœur serré en la voyant dans cet état. Ça le revirait à l’envers. Beaucoup trop à l’envers. Il déglutit difficilement. « J’espère qu’elle dort. J’espère qu’elle rêve. » Il s’approcha du lit et posa le bout de ses doigts sur la main droite de la jeune femme, avant de relever la tête vers ses amis et de reculer de deux pas, surpris lui-même de son geste. « On ne t'a pas dit non plus comment ça lui est arrivé ? » Demanda Elmo, pour mettre son attention ailleurs.

Il y a des jours qu'on préférait oublier. Des jours durant lesquels j'ai l'impression qu'la terre s'arrête de tourner et que plus rien n'a d'importance. Ce genre d'instant qui font basculer l'humeur, qui mette d'la peur au creux du ventre. Je déteste ce genre de moment. Et le monde avait cessé de fonctionner à l'instant où mes yeux s'étaient posés sur le message de Beck. Alexis a eu un accident. J'en sais pas plus. Personne ne sait. J'sais pas comment décrire c'qui se passe dans ma tête à ce moment là. C'est un bordel d'émotions, de rage, de tristesse, de peur. Ma gorgée se serre et j'suis incapable d'être rationnel. J'essaie d'en savoir plus mais il faudra attendre le lendemain. Elmo ne tarde pas à me rejoindre à l'appart. On s'regarde, nos yeux en disent long sur l'inquiétude qui nous ronge. Alexis. Bordel. C'est pas possible. J'arrive pas y croire. J'ai l'impression d'être dans un mauvais rêve et que tout va s'arrêter quand j'me réveillerais. Mais non. C'est la réalité. Et j'peux pas m'y résoudre. On passe la soirée dans le silence, on regarde la télé sans y prêter attention. On regarde nos téléphones toutes les trois minutes dans l'espoir d'avoir des nouvelles. Mais rien. Juste le silence. Et la peur. J'imagine le pire. J'en dors pas. J'attends péniblement que les heures défilent pour qu'enfin, les portes de l'hôpital s'ouvrent aux visiteurs. On est là, avec Elmo, le soleil vient à peine d'éclairer l'horizon, mais dans nos esprits, c'est l'obscurité. J'suis un putain de spectre, un fantôme. Mon regard est vide. On tombe sur Beck qui a passé la nuit sur un siège inconfortable de l'hôpital. On s'regarde mais on est absent les uns des autres. Le GDPC réduit au silence. C'est pas souvent et ça traduit tout l'affection qu'on pour porte pour Alexis. On entre dans la chambre plongée dans le silence. J'pose mes yeux sur Alexis. Elle a les yeux fermés, elle semble absente. Tellement loin. J'sens que le fond d'ma gorge est serrée, j'suis pas du genre à chialer mais bordel là, c'est dur. Je sais que si j'parle, si j'essaye de dire quoi que ce soit, j'vais lâcher des larmes. La mâchoire serrée, j'reste en retrait. J'peux pas me résoudre à l'approcher. J'me sens tellement mal. Dévasté. Beck et Elmo trouvent la force de parler, d'échanger, de s'inquiéter de son état. Moi j'y arrive pas. J'peux pas la voir comme ça. C'est au dessus de mes forces. J'm'assoie sur le fauteuil qui est dans le coin d'la chambre. J'pose mes coudes sur mes cuisses, posant mon menton sur mes poings fermement fermés. Mon regard se pose sur Alexis. J'suis terré dans un silence qui ne me ressemble pas. Ma vision se trouble. Les larmes s'invitent sur le bord de mes yeux. Un clignement de cils et une unique perle salée vient glisser sur ma joue. Putain. Alexis.

Elmo, il n’osait même pas regarder ses amis dans les yeux. De toute façon il avait le regard rivé sur Alexis, sur son corps blessé, heurté, son corps qui paraissait sans vie. Si ce n’était du moniteur cardiaque, il aurait pu croire qu’elle était morte. Il avait envie de s’approcher, de lui prendre la main, de lui dire à l’oreille que ça irait bien, qu’elle allait bientôt se réveiller et qu’ils seraient là pour elle, tous les trois, mais il n’osait pas. Il n’osait pas puisqu’il ignorait encore la place qu’il devait prendre auprès d’elle. Ils s’étaient rapprochés, un peu, Alexis et Elmo, dans les dernières semaines. Eux qui avant ne se voyaient jamais en dehors des soirées avec la GDPC, les voilà qui s’étaient autorisés à se connaître un peu plus, les pelures du dessous, celles qu’Elmo se gardait généralement dessus, bien au chaud, confortable dans le superficiel des relations. Ça lui apprendra, à s’ouvrir et à s’attacher. Y’avait que souffrance qui pouvait en découler. Loin d’être indifférent à Alexis désormais, il ne pouvait plus se contenter de regarder la scène de loin, détaché. Il avait mal lui aussi, au même titre qu’Elijah qui pleurait, caché dans le coin de la pièce, au même titre que Beckham qui lui, osa venir prendre la main de la brunette. Elmo releva vivement la tête et planta pour la première fois son regard sur le blond, après qu’il eut révélé l’autre personne impliquée dans l’accident. « Manzoni ? » Demanda-t-il, pouvant autant parler de Livio que d’Emilia. Il était peiné d’apprendre que Livio était blessé aussi, il était inquiet de savoir qu’Emilia était sans doute elle aussi ici, laissée dans le noir, un noir pas mal plus perturbant que celui dans lequel ils s’étaient retrouvés ensemble il y avait plus d’un mois de ça. Le regard d’Elmo se posa de nouveau sur Alexis alors que Beckham lui soufflait qu’elle pouvait se réveiller, maintenant. L’italien soupira, son regard passant de ses deux amis à Alexis. Il tourna finalement le dos à la scène, sentant l’émotion le gagner. Soit la fenêtre donnant sur l’extérieur était vraiment sale, embuée, soit ses yeux s’embrouillaient de larmes. « Je vais aller voir si quelqu’un peut nous dire quelque chose, n’importe quoi, mais c’est pas vrai qu’on va rester là à attendre comme des fucking piments. » Tout pour combattre le chagrin qui l’envahissait. Il retourna donc vers l’entrée de la chambre et disparut dans le couloir, vers l’accueil de l’étage. Il avait étudié en soins infirmiers, sa cohorte avait gradué depuis, il devait bien connaître deux ou trois personnes à qui aller demander plus d’informations.

Le temps s'arrête à l'instant où on rentre dans la chambre d'Alexis. J'ai du mal à poser mes yeux sur elle. La voir ainsi, éteinte, blessée, presque sans vie, ça me porte un coup au coeur. Alexis, elle, si vivante, si vibrante, si joyeuse, tout est réduit à néant et j'ose pas imaginer ce qui pourrait advenir par la suite. En fait, mon esprit est en pause. J'pense à rien. J'arrive pas à suivre la conversation des gars. J'entends des brides de leurs voix, il parle d'un accident qui inclut d'autres personnes. C'est super égoïste je sais, mais à ce moment là, je m'en tape des autres. Tout ce qui compte c'est elle. Et j'ai l'impression d'l'avoir perdue. Elle me semble si fragile à cet instant. J'aurais envie d'la prendre dans mes bras, de l'emmener loin d'ici et que cette réalité n'existe pas. Mais non. C'est bien la vraie vie. Depuis que j'me suis posé dans ce fauteuil, j'arrive pas à bouger. Mon regard est fixé sur Alexis. Et j'me répète en boucle : réveilles toi, réveilles toi, réveilles toi. Mais elle ne bouge pas. Elle semble figée. Beck lui somme de se réveiller, et lui aussi finit par échapper quelques larmes. Putain, on est au plus bas. Elmo semble lui aussi tout aussi troublé. On s'rend compte à quel point la présence d'Alexis dans nos vies est indispensable. C'est comme si on s'retrouvait orphelin. Nous trois, sans elle, ça n'a pas de sens. J'ai l'impression qu'on aurait pu la protéger, qu'on l'a abandonné. Les dizaines de pensées toutes aussi négatives les unes que les autres s'entrechoquent. J'secoue la tête lentement tandis qu'une seconde larme vient couler. C'est peut-être la troisième. J'en sais rien. Elmo décide d'aller chercher des informations ailleurs. J'suis admiratif de son courage, et de celui que Beck aussi. Moi j'suis incapable de faire quoi que ce soit. J'suis pétrifié de douleur et de peur. J'voudrais juste que tout s'arrête. J'ai pas bougé d'un centimètre et j'me fais la promesse à cet instant, je ne bougerais pas d'ici tant qu'Alexis ne se sera pas réveiller. Impossible de partir, impossible d'être loin d'elle à ce moment là. Les larmes continuent de rouler sur mes joues, en silence. Aucun sanglot, aucun bruit. J'attendrais aussi longtemps qu'il le faut.

Alexis, Elijah, Beckham & Elmo

J'sais pas ça faisait combien de temps que j'avais les yeux fermés comme ça. Je sentais mes paupières hyper lourdes, comme si elles voulaient pas s'ouvrir. J'entendais des voix tout au loin et j'étais curieuse, j'voulais voir qui c'était. Je sentais mes paupières cligner plusieurs fois, puis finalement elles s'ouvrit. Bordel il faisait clair par ici. J'me sentais un peu aveuglée et j'étais pas sûr si je voyais bien devant moi. Beck? Elijah? Pourquoi ils étaient dans ma chambre à me regarder dormir les p'tits pervers? J'voulais parler, mais j'arrivais pas, comme si j'avais un éléphant assis sur ma poitrine et qu'il m'empêchait de bien respirer. J'comprenais rien et plus je regardais autour, plus je me rendais compte que c'était pas ma chambre ici. Je balayai la pièce du regard, encore une fois et c'est comme si mes souvenirs me frappèrent tous en même temps. Comme une bonne claque en plein visage. L'impact de ma voiture, les lumières des ambulances, la moto écrasée au loin. La douleur dans chacun de mes membres. J'étais incapable de bouger, le simple fait de respirer me faisait mal. J'revoyais l'autre voiture dans laquelle j'avais terminée. Je sentais le battement de mon coeur s'accélérer. J'voulais parler, mais j'arrivai juste à tousser un peu, assez pour que Beck et Elijah se redressent et me regardent. Je vis Elmo rentrer dans la pièce juste près. J'avais les yeux remplis de larmes. J'étais contente de les voir, soulagée, évidemment. Mais j'avais juste une question qui me brûlait les lèvres. Je les regardais, chacun d'entre eux, un peu démunie et j'avalai ma salive pour enfin arriver à parler. « Est-ce que... Est-ce que j'ai tué quelqu'un? » soufflai-je, la voix enrouée par l'émotion et les larmes qui coulaient sans même que j'arrive à les retenir.

Personne. Elmo ne reconnaissait personne. À quoi bon avoir fait presque deux années complètes en soins infirmiers s’il ne pouvait même pas utiliser ses contacts à un moment si important, si critique ? Il avait besoin de savoir, ‘Mo, il avait besoin de savoir si Alexis allait ouvrir les yeux dans la prochaine heure ou dans les prochains jours, s’il avait une chance de pouvoir s’y perdre à nouveau, dans ce regard qui l’avait finalement fait chavirer en eaux troubles. Ses doigts pianotaient sur le comptoir d’accueil alors qu’il regardait frénétiquement autour de lui, à la recherche d’un visage connu à la recherche d’un visage rassurant, peut-être, alors qu’il savait pourtant que la seule éventualité qui pourrait le rassurer, actuellement, c’était celle dans laquelle Alexis se réveillait pour mieux narguer le GDPC au grand complet d’être plantés là devant son lit en pleurnichant. En balayant le couloir du regard, dans l’attente d’une information ou d’un miracle tombé du ciel, le regard d’Elmo se posa de nouveau vers la chambre occupée par Alexis. De là où il était il la voyait endormie, de là où il était il voyait Beckham à ses côtés, mais pas Elijah. Elijah était sûrement encore dans son coin, pétrifié de peur, la peur de la perdre, celle qui au fond les tenait peut-être tous ensemble, tous les trois. C’est vrai, sans Alexis, ils n’avaient pas fière allure. Sans Alexis ils s’effondraient. De là où il était, Elmo, il vit aussi les sourcils d’Alexis se froncer alors qu’elle émergeait de cette grande fatigue. Il la vit toussoter, déboussolée. Sans plus chercher des réponses là où il n’y en aurait pas, il fonça jusqu’à la chambre, ralentissant le pas lorsqu’il se trouva dans le cadre de porte. Il n’allait quand même pas s’approcher plus que ça, des trois, il était celui qui était le moins proche d’Alexis. Mais son regard, de loin, brillait de soulagement, brillait de pleurs de bonheur, le bonheur de savoir que oui, il pourrait s’y perdre de nouveau, dans ce regard qui venait carrément de revirer le mât de son cœur à l’envers.

J'en menais pas large. Des trois membres du gdpc, celui qui disait rien, contrit dans la douleur. J'pensais pas un jour que je pourrais être pétrifié de peur pour quelqu'un. Moi qui me targuait d'être un mec qui chiale jamais, qui ressent rien, il avait fallu que j'sois à deux doigts de perdre ma meilleure amie pour que j'me découvre cette sensibilité. J'avais même pas essayé de retenir quoi que ce soit. J'étais juste resté assis, comme un con, avec les yeux rivés sur Alexis, dans l'espoir qu'elle se réveille et j'avais pleuré. On ne savait pas combien de temps ça pouvait durer mais j'étais bien déterminé à ne pas partir d'ici avant que cela n'arrive. C'est peut-être cette pensée qui avait forcé le destin. Alexis n'avait certainement pas envie que j'reste à son chevet des jours durant. Alors elle s'était éveillée. Dans le silence opaque de la chambre, je l'avais entendu toussoter. J'avais vu ses yeux s'ouvrir lentement et automatiquement j'me redressais, j'contemplais le miracle. C'était vraiment ça, un putain de miracle d'la voir se réveiller. Elle semblait un peu perdue, sûrement terrifier de voir nos gueules de cons à moitié en train de pleurer sa potentielle mort. Mais on était bien là. Pour elle. La première question qui sortie de sa bouche me ramena à la réalité. Il y avait eu un accident, un terrible accident. Et ils avaient failli tous y passer. J'me levais à l'instant où Alexis avait refait surface. J'me posais de l'autre du lit, posant mes genoux à terre et enveloppant la main d'Alexis aux creux des miennes. J'la regardais, avec un sourire de débile, tellement j'étais heureux d'la voir ici, avec nous. Très sincèrement, vu de l'extérieur, on avait l'air de trois idiots, en admiration devant une petite perle. Mais, Alexis, c'était notre perle. Le petit joyau du gdpc et on avait eu peur voilà tout. Mes yeux étaient encore rougit de larmes mais je ne pleurais plus. La joie avait remplacée la peur dans mon coeur et j'pleure pas de joie. Je souris plutôt. C'est comme ça que j'exprime la joie. "Putain, comment j'suis content que tu sois en vie" Je soufflais ses quelques mots. Les premiers que j'avais prononcé depuis très longtemps. Et ils étaient pour elle. Alexis. J'la regardais, je savais que la suite, les jours qui allaient suivre, seraient compliqué, mais j'me jurais que je serais là pour elle.

Alexis, Elijah, Beckham & Elmo

J'me sentais mal, comme si un camion m'était passé dessus. En vrai, c'était presque ça. J'savais pas trop combien de temps j'avais été endormie ou dans le coma. J'avais la bouche hyper sèche, la gorge qui brûlait presque et j'avais l'impression que je pouvais bouger aucune partie de mon corps, comme si j'étais prisonnière de ce lit. J'avais à peine ouvert les yeux que déjà j'étais aveuglée par la lumière, le soleil. C'était un rude accueil. Par contre, celui qui suivit me réchauffa immédiatement le coeur et me fit sentir un peu mieux. J'avais mes deuxamis devant moi. Beckham qui me tenait une main, Elijah qui m'regardait avec ses grands yeux rouges. Elmo ne tarda pas à venir se joindre aux deux émotifs, m'offrant une belle vue sur mes trois précieux. J'étais tellement contente de les voir. Avant de leur dire à quel point, je devais clarifier une chose dans ma tête. La première chose qui m'était venue en tête en me rappelant où j'étais et surtout, pourquoi j'y étais. C'était important pour moi de savoir si j'avais causé la mort parce que franchement, j'étais pas certaine de pouvoir vivre avec ça. C'était Beckham qui me retira ce fardeau aussitôt ma question posée. J'avais l'impression de pouvoir respirer à nouveau en sachant que non, y'avait eu personne de mort. Le trio avait l'air salement inquiet et ça m'amena à m'demander je ressemblais à quoi, si j'étais salement amochée. Elijah se rapprocha de moi pour prendre mon autre main et les deux mentionnaient à quel point ils avaient eu peur et qu'ils étaient contents que j'sois en vie. Je lâchai un petit rire nerveux en même temps de pleurer. '' Oh my god. Moi aussi j'ai eu peur. '' dis-je en leur serrant les mains avec le peu de force que j'avais dans les miennes. Je relevai un peu la tête vers Elmo, lui faisant un petit signe de se rapprocher. J'étais vraiment contente de le voir là. De tous les voir là. Je tournai la tête légèrement vers Elijah avec un petit sourire en coin sur le visage. '' Est-ce que j'suis aussi la première fille pour qui tu pleures? '' lui demandai-je en faisant allusion à son poème. Je les regardais un à un, venant juste de me rendre compte de ce détail. '' Vous pleurez tous. J'pensais même pas que vous en étiez capables. '' remarquai-je, surprise. Ça me rendait hyper émotive tout ça. Mes amis, mes boys. Y'avait rien de plus important. Une petite moue se dessina sur mon visage, ma lèvre inférieur tremblant un petit peu alors que je laissai aller quelques larmes à nouveau. Faut dire, j'avais quelques cachets dans le corps moi. '' Je vous aime. '' leur dis-je en tentant d'essuyer mes larmes au fur et à mesure. Je repris sur moi, soupirant légèrement, tentant de retrouver un bon rythme cardiaque. '' Est-ce qu'on sait... C'est qui les autres personnes impliquées? '' demandai-je en fronçant un peu les sourcils. J'avais frappé une moto et une voiture, ça aurait pu être n'importe qui. Bowen, c'était pas si gros et peut-être même que je les connaissais. Je posais la question, mais j'étais pas sûre à quel point c'était une bonne idée de penser à ça.

Le gang des pleureuses ou encore le gang des p’tites chochottes. C’est comme ça qu’on devrait nous appeler maintenant. Ça n’a pas de sens, jamais je n' aurais imaginer aussi sérieux ou encore aussi inquiet pour une fille, pour cette fille. Alexis est spéciale pour chacun de nous à sa manière. On se rend compte maintenant qu’elle est un membre à part entière de notre gang des p’tits cons. Wow, les émotions n’arrêtent plus de me venir en pleine face et j’ai tellement eu peur. Il n’y a pas grand monde pour qui je resterais une nuits entière à l’hôpital, tout ce que je voulais, c’est être là si jamais les nouvelles arrivaient. Je voulais pouvoir tenir mes potes au courant de chaque développement. Même si ça été compliqué d’en avoir, j’étais là ! Le soulagement est immense quand Alexis ouvre les yeux et qu’elle nous parle. Elle est en vie, merci ! Je ne sais plus si je ris ou je pleure, probablement un mélange des deux rendus à ce point. Elle cherche encore le mot pour rire. « Y’a juste ben gros de la poussière dans ta chambre ! » Je ris en secouant la tête, bien sur que c’est pour elle qu’on pleure comme des idiots de premières ! Je suis pas capable de répondre au je vous aime, mais je serre sa main un peu plus fort pour lui montrer que je l’aime aussi. J’ai toujours du mal avec ce mot. Surtout quand on est dans les émotions comme en ce moment. Il fallait aussi s’attendre à la prochaine question. Je baisse le regard et je regarde mes pieds un moment. Elle est proche d' Emilia et j’ai peur du sentiment de culpabilité qui va s’en suivre. « Il est vivant ok ? Je veux que tu gardes ça en tête. » Je lève les yeux vers elle pour être sûr qu’elle comprenne ce que je vais dire. Je ne veux pas qu’elle panique ou qu’elle se mette à faire une crise d’angoisse là. « Les autres en voitures n’ont rien. Pour celui sur la moto…. » Fuck, c’est dur mais je n’ai pas le droit de mentir à mon bro. « C’est Livio, le frère d’Emilia… Elle était aux urgences quand vous êtes arrivés tous les deux. » Merde, je savais pas que ce serait aussi dur. Je ne lâche pas sa main ni son regard. « Il est en vie ok ? Elle avait peur autant pour toi que pour lui hier soir. » J’ai vraiment l’impression d’être l’oiseau de malheur.

Au moment où Elmo repassait dans le cadre de porte, Elijah s’agenouillait au sol, enveloppant la main d’Alexis des siennes. De l’autre côté du lit, Beckham était debout, tenant aussi entre ses doigts, la main fragile de la jeune femme. Et y’avait Elmo, à part, plus loin, Elmo qui ne savait plus trop où se mettre, Elmo qui laissait juste la vague de soulagement déferler sur lui, lui naufragé de ses sentiments. Face à cette vision, la perle précieuse entourée de ses deux amis, l’italien eut l’impression de moins avoir sa place. C’était con, ce sentiment qui l’enveloppait tout d’un coup. Était-ce une sorte de jalousie ? La jalousie de ne pas être celui qu’elle avait vu le premier en se réveillant de son long songe ? La jalousie de ne pas être l’un de ceux à lui tenir une main ? D’être le troisième, en retrait ? C’était con. C’était Beckham et Elijah. Ses deux plus grands amis. Y’avait pas de raison. Y’avait pas de justification à ce sentiment. Mais c’était Alexis. C’était ça, l’explication, au fond. C’était Alexis et elle avait su prendre une place pas mal plus importante dans sa vie, au gré des dernières semaines. Maintenant qu’il avait failli la perdre, il réalisait qu’il la voulait. Les larmes dans ses yeux, c'était à la fois le soulagement, à la fois le constat. Après avoir déclaré qu’elle avait eu peur, Alexis releva la tête vers Elmo et lui fit signe d’approcher. L’italien s’exécuta, délaissant le cadre de porte pour marcher au bout du lit, s’arrêtant à quelques pieds de Beckham. Il posa une main sur la jambe d’Alexis, au-dessus de son genou, pour lui montrer qu’il était là lui aussi. Qu’il comptait lui aussi. Qu’il l’aimait lui aussi. Un rire bref s’échappa des lèvres de l’italien alors qu’elle relevait leurs pleurs à tous les trois, et que Beckham mit ça sur le dos de la poussière dans la chambre. « Nous on t’aime pas trop, visiblement. » Il esquissa un sourire. Un instant plus tard, Alexis retomba de nouveau dans la dure réalité, demandant qui étaient les autres personnes impliquées. C’est Beckham qui fut le premier à répondre. Il eut tous les bons mots à utiliser dans un moment pareil. Elmo demeura silencieux, son regard quittant le visage de Beckham pour se poser sur celui d’Alexis, guettant sa réaction.

Très sincèrement, j'aurais jamais pensé pouvoir me retrouver dans un sentiment de telle fébrilité. Surtout pour une fille. Mais en vrai, c'était pas n'importe quelle fille. C'était Alexis. Impossible de ne pas se sentir vacillant à l'idée d'la perdre. Ca aurait été le pire truc imaginable. Mais le soulagement avait pris la place dans mon esprit et d'la voir là, tout amochée mais bien vivante, ça avait suffit pour que j'me sente bien mieux. Cela dit, la situation restait critique, et Alexis allait probablement un peu galérer dans les jours et les semaines qui allaient arriver. On était là, autour d'elle, tous tendres, un peu sonnés aussi. J'm'étais mis tout près d'elle, j'voulais sentir sa main dans la mienne, m'assurer qu'elle était bien en vie. Ces mots me firent sourire. Déjà, elle avait pas perdu la mémoire, elle nous reconnaissait et elle se souvenait même du poème d'anthologie que j'lui avais écrit pour l'intervention destinée à se retrouver. "Ouais, mais ça par contre j't'interdit d'en parler à qui que ce soit." Je souriais, simplement. Si j'l'avais autorisé à parler de cette intervention à mes futurs conquêtes, par contre, je comptais bien que les larmes qui avaient coulées dans cette chambre restent ici. Cela dit, que ce soit Elmo, Beck ou moi, on avait tous chialé devant Alexis. Elle ne tarda pas à le remarquer et la réponse de Beck me fit sortir un petit rire. Et j'acquiesçais à la réponse d'Elmo. "C'est sûrement un subtil mélange de poussières et d'amour." Nan, bien sûr qu'on l'aimait et qu'on tenait à elle. J'trouvais ça beau que nous trois on soit là à son réveil. Ca en disait long sur les liens qui nous unissaient. Alexis faisait définitivement parti du gdpc. La suite, c'est Beck qui l'assura, pour répondre aux interrogations d'Alexis. J'baisse un peu les yeux. J'écoute les mots de Beck et j'ai une pensée pour Emilia. Même si j'peux pas me la piffrer, j'imagine qu'elle doit être dans un sacré état. J'trouve rien à redire. La situation est suffisamment dramatique comme ça. J'pourrais lui demander si elle a mal quelque part, comment elle se sent, mais j'sais pas si ça serait très adroit d'ma part. Bien sûr qu'elle ne se sent pas bien. Mais, j'm'en inquiète sincèrement. J'crois que le regard que j'lui porte en dit long sur mes pensées actuelles. Putain, Elijah réduit au silence, ça n'arrive vraiment pas souvent. Bordel, j'pensais pas que ça me secouerait autant.