Confidences pour confidences (Balthasar)

La journée touchait presque à sa fin mais comme tous les jours, les dernières heures semblaient être les plus longues. Pour une raison qui lui était complètement inconnue, le service de l’après-midi passait nettement moins rapidement que celui du matin… Les secondes duraient des minutes, les minutes se transformaient en heures et les heures, elles, avaient un goût d’éternité. Surtout lorsque les clients se faisaient rares, ce qui était le cas aujourd’hui. Alors qu’elle remettait quelques gobelets en place pour s’occuper, quelqu’un pénétra enfin dans le café. « Hallelujah », soupira-t-elle, soulagée. Ce client n’en savait rien, mais il venait de la sauver d’une longue, très longue, période d’ennui mortel. Et rien que pour cela, elle se devait de le traiter comme un roi. Elle leva la tête vers lui et le détailla sans le vouloir : grand, brun, à peine plus âgé qu’elle… Rien à voir avec les vieux ronchons éternellement insatisfaits qu'elle croisait parfois. À présent, elle en était certaine, c’était la providence qui l’avait envoyé. « Bonjour », dit-elle avec entrain. « Qu’est-ce que je vous sers ? » Le café était désert, elle pouvait donc s’accorder quelques minutes de pause et bavarder avec son sauveur. C’était l’une des choses qu’elle préférait dans son métier : échanger, faire de nouvelles rencontres, créer des liens avec de parfaits inconnus, même si ce n’était que pour quelques minutes. « Bonne journée ? », demanda-t-elle à l’attention de Balthasar tout en s'activant à préparer sa boisson.

Balthasar venait de sortir de l'hôpital où sa cousine avait été interné. Cette dernière s'était coupée les veines, à cause de lui du moins en parti, le brunet aimait tuer des gens, ou leur faire du mal, mais avec le recul et surtout le fait que malgré tout Kaliope fasse partie de sa famille, il était blessé, la brunette l'avait même découvert et il se sentait au plus mal, il devait boire pour oublier ses actes. Le jeune homme ne se rendait même pas compte de où il allait, préférant rouler à 130km/H sur une route normalement à 50KM/H, il vit un bar qui avait l'air...vide, c'était celui où Emrys travaillait, il décida donc de s'y arrêter. Il gara alors sa moto juste devant le bar du western district, éteignit sa cigarette puis entra. Et ce bar était vide, pas la moindre personne, -même pas son ami- sauf une personne, une jeune femme qui avait tout à fait l'air contente de le voir. Peut-être serait-elle sa prochaine proie. Il lui adressa un signe de tête en guise de bonjour et une fois les fesses posées sur les hauts tabourets il lui demanda « Quelque chose de fort » Il passa la main dans ses cheveux bruns, ils étaient entrain de faire la bagarre entre eux, très mal ordonnés. La serveuse lui demanda s'il avait passé une bonne journée, il ouvrit de grands yeux, se demandant pourquoi elle osait lui parler, les femmes se croyaient tout permis ! « Tu sais où est Emrys ? » Répondre à une question par une autre, tout à fait le genre de Balthasar ça !

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Le jeune homme n'était visiblement pas très loquace et tout l'espoir de la petite serveuse retomba aussi vite qu'il était arrivé. Finalement, ce client n'était peut-être pas son sauveur... Elle avait l'impression de l'avoir offensé en lui posant une question pourtant bien anodine, mais elle ne fit aucune réflexion. Après tout, il avait le droit de ne pas lui répondre. Même si c'était très impoli et qu'elle détestait ça. Elle entreprit alors de préparer la boisson la plus forte qu'elle avait en rayon, haussant un sourcil lorsqu'il prononça le nom de son collègue. Décidément, tout le monde en avait après lui... « Probablement chez lui », répondit-elle sans lever la tête. Elle déposa finalement la boisson devant lui, s'autorisant à le regarder avec un peu plus d'attention. « C'est son jour de congé, aujourd'hui », ajouta-t-elle d'un ton neutre. « C'est un ami à toi ? » Peut-être que cette fois-ci, il accepterait de lui répondre franchement, sans passer par une autre question. Elle aurait pu se montrer encore plus indiscrète et lui demander pourquoi il le cherchait mais elle ne voulait pas le froisser davantage. Déjà qu'il n'avait pas l'air très facile... Pourquoi tombait-elle toujours sur les clients les moins sympathiques ?

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Aux premiers abords Balthasar n'était pas un gentil toutou que l'on peut docilement dressé et caressé dans le sens du poils au contraire il sort ses crocs, et bien que la brunette soit très attirante et qu'elle aurait pu être une conquête de plus, le brunet en avait pas envie tout simplement, pas d'humeur à parler et encore moins à se faire mitrailler de questions. Il attendait son verre, lorsqu'il l'eut enfin il ne prononça aucun mot, même pas de merci, il ne connaissait pas ce mot, ni aucune formule de politesse d'ailleurs bien trop prompt à en utiliser d'autres termes plus vulgaires. « Ouais on peut dire ça comme ça » répondit-il à la question de la jeune femme qui ne voulait pas lui faire de mal mais juste avoir quelqu'un avec qui parler.. Il but une gorgée de son verre et lança « T'as l'air gentille tout ce que tu veux, mais je suis pas d'humeur à parler » Il lâcha un soupire puis fit un sourire forcé à la demoiselle. Il but d'un trait son verre et le posa devant lui pour dire ensuite d'un signe de tête « Sers moi s'en un autre ! » Une fois de plus aucune politesse. Il était au plus mal, tout lui tombait sur la tête, Pandore, sa cousine, Leighton il était paumé et quand s'était le cas il n'était plus rien, se bourrait la tronche jusqu'à vomir par terre, jusqu'à pleurer comme un gosse, mais peut-être qu'en fin de comptes la jeune femme saurait l'écouter et porter une oreille attentive, même s'il avait dit le contraire, mais il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis !

Emily laissa échapper un soupir. Elle avait envie de le remettre gentiment à sa place mais elle ne le pouvait pas. Premièrement parce qu'elle aurait bien trop peur qu'il se plaigne à son patron - qui la virerait sans hésiter - et deuxièmement parce que malgré tout, elle le trouvait sympathique. Gardant son calme légendaire, elle se contenta de regarder Balthasar avaler son verre d'une seule traite, ce qui laissait présager qu'il n'avait pas passé une excellente journée. Il en redemanda un autre aussitôt (toujours sans la moindre marque de politesse) mais Emily ne bougea pas d'un pouce. « Déjà, on dit s'il te plait », rétorqua-t-elle en souriant. Elle n'avait pas pris un ton de reproche et sa voix ne trahissait aucune colère ou amertume. C'était plutôt une plaisanterie, destinée à le dérider un peu et à alléger l'atmosphère. « Ensuite, je ne crois pas que boire un autre verre soit une bonne idée... Je parle par expérience », dit-elle avec douceur pour ne pas le braquer. Elle avait voulu boire pour oublier quelques jours plus tôt et tout ce qu'elle avait gagné, c'était une fin de soirée lamentable, des maux d'estomac atroces et une horrible migraine. Il y avait plus agréable, non ? « Faut mieux parler, dans ces cas-là. Ça soulage et ça évite une belle gueule de bois au réveil. Alors si tu as passé une mauvaise journée ou que tu as quelque chose sur le cœur, tu peux m'en parler. Les serveuses coûtent moins cher que les psy et en plus, elles ne se permettent pas de juger les gens qu'elles ont en face d'elle. » Elle lui adressa un sourire chaleureux, comme pour l'inciter à lui parler. Des clients malheureux qui se confiaient à elle, elle en voyait défiler tous les jours. Et elle était toujours partante pour les écouter et les conseiller. Cela lui donnait l'impression d'être utile - et elle en avait bien besoin.

Le brunet ne comprendrait jamais les femmes, un coup elles étaient complètement idiotes en osant lui parler et un autre complètement folles en insistant car pour lui, elle était folle même complètement ravagée, surtout qu'elle venait de faire l’impardonnable en lui ordonnant presque d'utiliser une formule de politesse et par la suite lui "conseiller" de ne pas boire, comme s'ils étaient de vieux amis. Mais c'était quoi son problème à elle ? En plus elle lui fit une leçon de moral digne de celles de Pandore, d'ailleurs il repensa à elle, et son arcade sourcilière où dorénavant il y avait une cicatrice, sans parler de sa paume de main qui elle en avait une sur toute la diagonale. « Bon écoute, t'es payé pour servir non ? Donc contente toi de faire ton travail ok, joue pas la psy tu le fais mal » Il soupira puis lui fit un clin d'oeil telle de la moquerie, et si jamais elle refusait encore une fois de le servir il rebrousserait chemin de source sûre, cependant les mots de la brunette étaient présents dans sa tête il fallait qu'il réponde « Sur le coeur j'ai rien, il est vide mon coeur ok ? J'aime personne, je ne parle à personne, je suis fait pour être méchant, c'est comme ça et pas autrement donc arrête de vouloir savoir ce qui ne va pas chez moi, je vais bien c'est vous tous qui allez mal à vouloir savoir ce que j'ai merde ! » Oui bon il s'était emporté, parlant des mots de la jeune femme comme une réalité générale, d'ailleurs il n'était ps très fier d'avoir dit cela, puisqu'il s'était trahi tout seul. Balthasar se racla la gorge et dit à la serveuse « Maintenant sers moi un autre verre s'il te plait » et sur ce coup là il n'avait pas été trop méchant, bien qu'il eut dit s'il te plait. Fouillant ses poches, il en sortit un paquet de cigarette et en alluma une, tournant son paquet vers la jeune femme.

Plus les secondes passaient, plus la jeune femme avait du mal à croire que cet être complètement imbuvable était l'ami d'Emrys. Ils semblaient tellement... opposés. Comment parvenait-il à avoir des amis ? Il faisait peut-être partie de ces gens qui se camouflaient sous une épaisse carapace et qui se donnaient des allures de méchants pour éloigner les autres. Sûrement, même. Cela dit, son attitude ne donnait pas vraiment envie d'apprendre à mieux le connaître... Alors qu'elle ne s'y attendait pas, il se lança dans une tirade agressive, expliquant que son cœur était apparemment vide et qu'il n'avait aucun problème. Mensonges, bien évidemment. Il n'y avait que quelqu'un mal dans sa peau pour avoir un discours pareil, mais Emily ne voulait plus insister. Il ne voulait pas parler, elle n'allait pas le forcer. « Pas la peine de t'énerver comme ça. Je disais ça pour être sympa, c'est tout. Tu vas visiblement mal et je pensais qu'en parler de te ferait du bien. Maintenant, si tu préfères te saouler plutôt que d'agir comme quelqu'un de responsable, libre à toi », lança-t-elle sans un sourire. Il lui demanda finalement un autre verre, avec une politesse qui ne lui ressemblait pas et la jeune femme s'exécuta. Comme il l'avait si bien dit, c'était pour cela qu'elle était payée. « Y a du progrès, c'est déjà ça », soupira-t-elle tout en remplissant son verre. Puis il sortit une cigarette et tourna son paquet vers elle. Elle déclina l'offre d'un signe de tête. « Non, merci. » Elle avait bien du mal à le cerner. D'abord il refusait de répondre à ses questions puis il s'énervait et au final, il devenait poli et lui offrait une cigarette. Une véritable girouette.

Balthasar devait tenter de se calmer, depuis quelques temps il envisageait de devenir quelqu'un de bien même si c'était chose difficile, il trouvait même cela un acte impossible, c'était inimaginable pour lui de devenir quelqu'un de bien, et puis il ne pouvait pas du jour au lendemain cesser de tuer les gens, il aimait trop ça.. Il avait un très mauvais caractère, il devenait vite agressif, partait rapidement en cacahuète, cependant il espérait que ceci se dissipe et qu'il deviendrait plus domicile, comme un lionceau () Il attendit son verre, rangeant son paquet dans sa poche en haussa des épaules. Il alluma sa cigarette et dit « Tu sais si je suis comme ça c'est pour une raison valable donc me juge pas s'en savoir.. » Ayant parlé d'un ton posé et non agressif comme il avait l'habitude de faire, la brunette n'allait plus le reconnaitre. Cependant elle allait encore plus tomber de haut avec ce qu'il allait dire, mais il avait besoin de parler, et vraiment... « Tu veux vraiment savoir hein ? Même si tu ne le montres je vois clairement qu'au fond de toi tu veux réussir à savoir ce que j'ai, je vais te le dire, mais juste un truc..ne prends pas peur » Il avait dit ces derniers mots dans un chuchotement, pour peut-être lui mettre la pression qui sait. Il fumait toujours sa cigarette, et tout en soufflant la fumée il commença son récit « Bon, déjà pour commencer je m'appelle Balthasar, j'ai vingt trois ans, je suis livreur de pizzas à mes heures perdues mais la plupart du temps je suis tueur à gages. Ouaip tu m'as bien entendu, je tue des gens, ça m'excite tu peux pas savoir comment, cette envie si présente de tuer, j'peux plus m'en passer, mais si je ne les tue pas, ils tueront donc disons que dans un sens c'est de la légitime. Cela fait plus de cinq ans maintenant, depuis qu'elle est morte, depuis que je l'ai tuée... » Il revit alors son visage, si serein, si innocent, il reprit une latte, bu une gorgée, puis une seconde latte et reprit ne laissant pas la jeune femme dire quoique ce soit « Et aujourd'hui j'ai besoin de boire à cause de ma cousine, elle est à l'hôpital par ma faute, elle s'est taillée les veines par ma faute et celle de son frère, tout ça à cause de notre homophobie. Sans parler du fait que je pense être amoureux, ça ne m'était jamais arrivé depuis...elle..bref. Voilà ma vie »

Emily soupira doucement. « Je ne te juge pas », rétorqua-t-elle, agacée qu'il la remettre à sa place, même s'il parlait beaucoup plus posément. Elle n'avait pas pour habitude de juger les gens qu'elle ne connaissait pas. Elle se doutait bien évidemment qu'il était aussi aigri pour une raison, mais son attitude n'était pas correcte et elle avait tenu à le lui faire remarquer. Il se décida enfin à lui parler, ajoutant par la même occasion qu'elle ne devait pas prendre peur. Ce qui était précisément le genre de phrases qui inquiétait. Qu'allait-il donc lui révéler de si... effrayant ? Elle hocha simplement la tête, sans le quitter des yeux. Elle était impatiente d'en savoir plus sur les raisons qui le poussaient à se montrer aussi désagréable de prime abord. Il ouvrit finalement la bouche et se lança dans une long récit, lui apprenant qu'il s'appelait Balthasar, qu'il avait seulement trois ans de plus qu'elle et qu'il était livreur de pizzas... Et tueur à gages. L'espace d'un instant, Emily crut qu'il se moquait d'elle. Ce n'était pas le genre de choses que l'on s'attendait à entendre de la part d'un parfait inconnu, pas vrai ? Elle continua à le fixer sans ciller, ne trahissant aucune émotion. Elle était très douée pour camoufler ce qu'elle ressentait et même si la peur s'emparait de son être au fur et à mesure que ce dénommé Balthasar lui affirmait ressentir le besoin de tuer, elle ne montra rien. Puis une petite phrase changea tout. « Si je ne les tue pas, ils tueront », avait-il dit. Cela laissait entendre qu'il ne tuait pas d'innocents, seulement des escrocs qui le méritaient. Des gens comme son père, en somme. Et même si elle n'approuvait pas ce genre de pratique, ce n'était que justice rendue. Il était une sorte de justicier, même s'il était loin d'être semblable à Batman. Elle continua à l'écouter se confier sans l'interrompre, gardant en mémoire chacun des éléments qu'il avait évoqué. Elle se demandait qui était cette elle dont il avait parlé plusieurs fois, mais elle n'osait prendre le risque de le lui demander. Le lion s'était changé en agneau pour quelques minutes mais rien ne lui garantissait qu'il ne reprendrait pas son ton étonnamment agressif une fois ces confessions terminées. Lorsqu'il eut fini, un petit silence s'installa. Un silence calme, une simple pause qui laissait le temps à Emily de trouver quoi répondre à tout ce qu'elle venait d'entendre. Elle n'avait pas peur. Elle ne le jugeait pas. Mais elle était sensible à tout ce qu'il lui avait dit. « Enchantée, Balthasar. Moi c'est Emily », déclara-t-elle finalement en souriant un peu. C'était peut-être la réplique la plus débile qui soit mais c'était une bonne façon de lui montrer qu'elle n'avait absolument pas peur de lui et qu'elle ne comptait pas le foutre dehors ou l'éviter comme la peste. « Je te dirais bien ce que je pense de tout cela, mais j'ai peur que tu me dises encore que je suis serveuse, pas psy, alors je vais m'abstenir... » Elle se mit un rire un peu, espérant détendre l'atmosphère. Elle avait généralement un don pour alléger n'importe quelle ambiance mais elle ne savait pas si cela marcherait aujourd'hui. « Tu veux un autre verre ? », demanda-t-elle gentiment. Après tout, il venait de se confier à une parfaite inconnue, il aurait peut-être besoin d'un (autre) remontant.

Après le récit qu'il venait de dire, après qu'il lui eut raconté son histoire, la jeune femme aurait pu prendre peur, surtout qu'il tuait des gens, pour une cause valable certes mais il aurait sûrement mieux fait de les envoyer derrière les barreaux. D'ailleurs ce qu'il ne comprenait pas c'était la réponse de la jeune femme, elle se disait enchanté et se présentait même, Emily donc... Le même prénom que sa grand-mère, bref. Il lui fit un sourire clairement forcé, après tout ce n'était pas tous les jours qu'il avouait tout sur lui, encore moins à une parfaite inconnue, pour elle ce n'était peut-être rien mais pour lui ce qu'elle détenait valait tout l'or du monde. Il écrasa sa cigarette dans le cendrier près de lui, puis ria à la remarque de la brunette « Non dis moi je veux savoir ! » Balthasar avait parlé d'un ton ni agressif, ni trop gentil, un ton assez mitigé, un ton normal en fin de comptes, bien qu'il n'appréciait pas du tout le fait qu'elle se moque de lui en utilisant les termes qu'il avait pu employé auparavant, mais il mit sa rancœur de côté, c'était un trèèèès grooos prooogrèèès pour lui, j'vous promets ! Emily devait être télépathe ou un truc dans le genre pour parfaitement savoir qu'il voulait un autre verre, mais il ne voulait pas s'avouer vaincu, du genre oui sers moi un autre verre j'en ai besoin, il voulait jouer avec elle, savoir si elle était un peu comme lui, ou si non ce n'était qu'une serveuse bonne à servir -tant qu'à faire - les autres et point barre. « Seulement si tu en prends un avec moi ! » Le brunet lui lâcha un sourire charmeur, son attitude de macho, complètement manipulateur avec les femmes revenait, à croire qu'il eut suffit qu'il balance tout ce qu'il avait sur le coeur à une demoiselle pour que toutes ses peines se dissipent, mais pour lui parler était pour les faibles et il se sentait d'autant plus ridicule de s'être confié ainsi. Balthasar devait fumer, oui encore une fois, il fumait comme un pompier à vrai dire, mais c'était moins qu'avant, même si fumer comportait beaucoup de risques mais lui il s'en fichait, surtout que ce qu'il s’apprêtait à fumer n'était pas que du tabac. Puisqu'au lieu de sortir son simple paquet de cigarette, il prit son tabac où il y avait des feuilles à rouler, ainsi que du tabac, Fleur du Pays , mélangé avec de la beuh, il roula le tout, cette fois n'en proposant pas à la jeune femme, il ne voulait pas qu'elle divague et tombe malade par sa faute, il n'était pas si méchant que ça hein quand même !

La petite serveuse était on ne peut plus surprise par ce changement brutal de comportement. Après l'avoir repoussée, voilà qu'il lui disait qu'il voulait connaître son opinion sur tout ce qu'il venait de lui raconter... C'était assez étrange - et elle restait sur ses gardes. Il redeviendrait sûrement sec et cassant une fois qu'elle lui aurait dit le fond de sa pensée. « Okay », dit-elle avant de marquer une courte pause. « Alors premièrement, je me fous que tu sois livreur de pizzas, tueur à gages ou vétérinaire. Je n'ai pas peur de toi. Et je ne te juge pas non plus. Ce n'est qu'un boulot. Un peu déroutant, certes, mais un boulot quand même. Et puis, il y a une différence entre tueur à gages et tueur en série... », ajouta-t-elle sans perdre son sourire. « Si en plus tu tues des ordures qui ne méritent que ça, je crois qu'on peut dire que cela fait de toi un justicier, pas un meurtrier. » Elle s'arrêta quelques secondes, repensant à ce qu'il lui avait dit pour répondre le plus justement possible. « Pour ce qui est de ta cousine, je suis désolée pour elle. Mais ce qui compte, ce n'est pas qu'elle soit à l'hôpital par ta faute. C'est que tu sois conscient de ce que tu as fait et que tu le regrettes. Et tu l'es, sinon tu ne serais pas là en train de boire pour oublier. Tu as fait une connerie, mais il n'est jamais trop tard pour réparer ses erreurs. Ni pour changer. » Elle planta son regard dans le sien, espérant qu'il ne la détestait pas. Elle était douée pour cerner les gens et il ne fallait pas avoir un diplôme supérieur pour voir que toute cette arrogance n'était qu'une carapace. Une carapace tenace, certes, mais une carapace quand même. Il avait beau jouer les durs qui n'aiment rien ni personne, s'il était là en ce moment en train d'enchaîner les verres, c'était parce qu'au fond, il était touché par tout cela. Et peut-être même qu'il souhaitait changer de comportement. « Je crois que tu as aussi dit que tu pensais être amoureux, non ? » Oui, il l'avait dit. Et d'après ce qu'elle avait compris, c'était la première fois que cela lui arrivait depuis elle. Cette elle en question était, toujours selon les informations qu'elle avait comprises, une fille dont il était apparemment amoureux et qu'il avait tué. « En quoi c'est une mauvaise chose ? Même si c'est la première fois que ça t'arrive depuis cette elle en question, ce n'est pas pour autant que tu vas l'oublier, pas vrai ? » Elle se pinça les lèvres, redoutant d'avoir été trop loin. Elle lui donnait des conseils et pensait bien faire, mais ce n'était peut-être pas le cas. Il allait sûrement dire qu'elle se permettait de "juger" son histoire sans la connaître - ce qui était totalement faux. Elle se contentait de l'aider, voilà tout. Il déclara finalement qu'il prendrait un verre si elle en prenait un aussi et la jeune femme hésita. Elle n'avait pas pour habitude de boire. Sauf le soir de cette fameuse cuite, qui lui laissait encore de très mauvais souvenirs... Cela dit, boire un verre ne lui ferait pas de mal. Elle non plus, elle n'allait pas très bien ces temps-ci. « Ça marche », sourit-elle en se prenant un verre. Elle servit Balthasar avant de se servir elle-même et leva son verre pour trinquer avant de le porter à ses lèvres pour en avaler une gorgée.

Il fallait vraiment connaitre Balthasar depuis de nombreuses années pour pouvoir comprendre à quel point il était quelqu’un de lunatique profond, il y a mental profond mais lui il est lunatique profond. Il change d'humeur en un rien de temps, et personne ne sait jamais pour combien de temps il adopte telle ou telle humeur, la chose qu'il faut savoir et être en mesure de faire c'est de toujours faire attention, puisqu'il a beau être d'humeur "normal", se montrer même gentil il faut se méfier puisqu'en rien de temps il peut tout faire changer en vous envoyant sur les roses surtout si vous allez à l'encontre de ce que lui peut penser. Les premières paroles que prononça alors Emily a la demande de Balthasar rassura pour le moins ce dernier, puisqu'elles n'étaient en rien méchantes, mais plutôt compréhensibles, et il apprécia, beaucoup même. Il continua de l'écouter, elle ne se disait pas psy et pourtant elle aurait mieux fait de faire ce boulot au lieu de continuer à servir des verres aux autres, la plupart les prenant pour une trainée -lui le premier en entrant dans ce bar- qu'autre chose. Il attendit qu'elle soit servie également, puis leva à son tour son verre et lui fit un petit sourire. Il voulait lui dire merci, mais pour lui les formules de politesse et s'avouer faible ce n'était pas pour lui, à la place il dit « Déjà je ne m'attendais pas à ce que tu me vois comme quelqu'un de non-dangereux parce que parfois je le suis, surtout quand je suis énervé je peux vite faire du mal.. Mais là t'inquiète j'suis calme, grâce à l'alcool et ce pétard mais je suis calme pour combien de temps personne ne le sait. Je sais que je ne fais pas le plus beau des métiers, mais il me plait, et je ne compte pas changer, même si des fois certaine personne ne devait pas être de si aussi horribles ordures que ça, j'ai des ordres et je les exécutent. » Il recevait beaucoup d'ordres, tous parfaitement faits, sauf une fois, son dernier. « Ma cousine, je regrette oui et non quoi, elle m'avait poussé à bout et j'ai beau avoir été dur avec elle, d'un autre côté elle reste de ma famille. Je suis le seul de sa famille qui soit allé la voir, même son frère et ses parents la renient depuis qu'ils savent son homosexualité. » Le jeune homme baissa les yeux, pris de remords, pour une fois. Il but une gorgée, tira une latte puis lui lâcha un sourire incertain, maintenant il devait lui parler d'autres choses et lui expliquer ce nouveau sentiment amoureux « Cette elle, c'est mon ex petite amie, d'il y a cinq ans maintenant.. Elle est morte, je l'ai tuée d'un accident de moto. Je n'ai même pas pu lui dire au revoir tu imagines toi ? Je ne me souviens de rien de l'accident, seulement de ses cris, je revois son corps ensuite dans le sang, gisant par terre, ses doigts effleurant les miens, sa petite voix qui me disait qu'elle m'aimait, je lui ai souris, ai cligné des yeux, elle était partie. J'ai été dans le coma et puis dès que j'étais sur pieds je suis venu à Bowen.. » Au moins elle savait le pourquoi du comment, il se sentait si mal de sentir à nouveau le sentiment amoureux, il parlait peu souvent de Primrose, mais là il s'était senti en confiance avec elle, et ce qu'il ne savait pas c'est que c'était le début d'une forte amitié. Balthasar n'avait même pas remarqué les quelques larmes qui coulaient sur ses joues à mesure où il avait parlé, d'un revers de la main il les essuya rapidement puis reprit « Et là maintenant que je crois recommencer avec l'amour je ne veux pas lui faire de mal, même si je sais que c'est mon double et qu'elle est coriace, je ne l'ai vu qu'une fois et pourtant.. » Il prit une dernière latte, l'odeur de la drogue était fort présenté maintenant, mais il s'en ficha, après tout. Il écrasa son joint dans le cendrier et but une gorgée, pour se remettre.

Emily esquissa un sourire amusé lorsqu'il lui révéla qu'il pouvait être dangereux, surtout lorsqu'il était énervé. Non pas qu'elle en doutait, mais pour l'instant, elle n'avait rien à craindre. Elle était parvenue à lui faire baisser sa garde et il s'était confié à elle sans aucune réticence. Il y avait peu de chance qu'il s'énerve soudainement et qu'il la menace d'une quelconque manière que ce soit ! « On fera en sorte de ne pas se croiser quand tu seras de mauvaise humeur, alors », plaisanta-t-elle avant de prêter une oreille attentive au reste de ses explications. Écouter les autres, elle adorait ça. C'était une sorte de passion, un passe-temps à part entière. Si elle avait pu continuer ses études, elle se serait certainement orientée vers une filière psychologique. Elle avait l'impression de se rendre utile à chaque fois qu'un client lui parlait de ses problèmes. « Ça ne doit pas être facile à vivre pour elle », rétorqua-t-elle lorsqu'il évoqua sa cousine. « Mais toi, au moins, tu es allé la voir. Ce qui veut dire que tu t'inquiètes pour elle et donc qu'elle compte pour toi... Même si tu ne veux pas l'avouer », continua-t-elle en souriant. « Tu devrais veiller sur elle, histoire d'éviter qu'elle refasse une nouvelle connerie. » Il enchaîna ensuite sur cette mystérieuse elle avec une sincérité déconcertante. Lui qui avait prétendu être insensible était à présent en train de pleurer sans même s'en rendre compte. Touchée, Emily le dévisagea pendant quelques secondes avant d'oser prendre la parole. « Rien ne dit que tu vas lui faire du mal, si ? Et puis si c'est ton double, effectivement, elle doit être coriace ! » Elle espérait détendre l’atmosphère. Elle n’avait pas dit cela pour se moquer de lui ou pour lui reprocher quoi que ce soit. C’était simplement une petite blague – et elle espérait qu’il ne le prendrait pas mal. Retrouvant son sérieux, elle lui adressa un sourire réconfortant. « Laisse-toi une chance. Je suis sûre que tout va très bien se passer, avec cette fille. Et puis, si ce n’est pas le cas, tu auras toujours une serveuse qui joue les psychologues à ses heures perdues pour t’écouter ! » Et c'était sincère. S'il avait besoin d'une oreille attentive, elle serait là. Elle ne le connaissait pas très bien, mais c'était justement une bonne raison : il était souvent bien plus facile de se confier à une parfaite inconnue qu'à une amie de longue date. La peur d'être jugé, sans doute.

Balthasar aimait une femme pour une autre raison que le sexe, c'était bien la première fois que ça lui arrivait et il faut dire qu'il apprécia cela et appréciait également le fait que la jeune femme se montre attentive, mais pas craintive pour le moins face aux révélations qu'il lui disait. Il lâcha un petit rire à sa remarque, mais ne répondit pas ou du moins d'un simple clin d'oeil levant son verre. Puis en vint de parler de sa cousine, il n'aimait pas vraiment parler d'elle, puisque parlait d'elle en venait à avouer qu'il était infâme avec elle, et il la revoyait sur ce lit d'hôpital totalement désemparée, il n'y pouvait rien malheureusement. « Oui je sais, elle est malheureuse mais dans un sens c'est elle qui a choisi cette vie là, pas moi. Quand on était petit tout était plus facile, c'est dommage je trouve que ça ne soit plus le cas.. » C'était peut-être pas très gentil ce qu'il disait mais au moins il montrait une preuve d'amour familial puisqu'il faisait référence à son enfance. Il continua sur sa lancée en concluant « Oui, je l'appellerais de temps en temps » Bon dit comme cela, ce n'était pas très convainquant même pas du tout, mais au moins il envisageait de faire quelque chose, ce qui était un réel progrès venant du brunet. Et lorsqu'il évoqua Leighton il sentit son coeur battre la chamade, repensant à la première fois qu'il l'avait vu, il l'aimait vraiment beaucoup sûrement bien plus que sa défunte petite amie qu'il avait tué cependant il n'en restait pas moins qu'il ne faisait aucune remarque la dessus si ce n'est qu'exposer ce qu'il ressentait donc ça revenait au même, cependant il n'irait jamais lui dire plus que ce qu'il ne disait déjà qui était pour lui bien trop. « Je verrais ce que fera le temps. » Il lâcha un sourire assez penseur, puis il ria, elle avait de l'humour tout de même cette serveuse. « Ouaip' t'es gentille comme fille » Balthasar MacCoghlan fait un compliment, c'était une première mondiale !!

La jeune fille ignorait d'où lui venait cet intérêt pour les autres et cette capacité d'écoute plutôt hors du commun. La faute à son enfance difficile, où personne ne s'intéressait réellement à elle, peut-être ? Ou tout simplement l’empathie ou la volonté d'aider les autres à se débarrasser de leurs problèmes à défaut de pouvoir régler les siens ? Toujours est-il qu'écouter Balthasar lui parler de sa vie et de ses soucis n'était pas un fardeau, loin de là. Tout ce qu'il lui disait lui permettait de mieux le connaître et jusqu'ici, elle l'appréciait beaucoup - malgré leur mauvais départ et son caractère bien trempé. Elle esquissa un petit sourire lorsqu'il affirma que sa cousine était malheureuse par sa faute. « Tu sais, je ne pense pas que ce soit un véritable choix... C'est comme ça, c'est tout. On ne choisit pas d'être hétéro ou homo. Ça arrive, on n'y peut rien », dit-elle gentiment. Faire ouvrir les yeux à quelqu'un de prétendument homophobe n'était pas une chose facile et à vrai dire, ce n'était pas vraiment ce qu'elle cherchait à faire. Elle voulait simplement qu'il réalise que sa cousine pouvait avoir besoin de lui et qu'au fond, son orientation sexuelle ne changeait en rien la personne qu'elle était. Il conclut en disant qu'il l'appellerait de temps en temps et même si sa conviction laissait à désirer, Emily fut satisfaite de cette réponse. Au moins, il envisagerait de faire quelques efforts pour arranger les choses et ce n'était pas rien. « Je verrais ce que fera le temps. » La jeune serveuse avala le reste de son verre avant de hocher un peu pour approuver ses dires. Laisser faire le temps était probablement la meilleure chose à faire dans ce genre de situation. Elle lui adressa un joli sourire quand il lui fit un compliment. « Whoa, merci. Quelque chose me dit que tu n'es pas le genre de mecs à faire des compliments super souvent alors ça me touche. Vraiment. » Et c'était le cas. Non seulement parce que ce compliment venait de Balthasar, mais aussi et surtout parce qu'elle n'était pas habituée à recevoir ce genre de flatteries. L'entendre dire qu'elle était gentille était peut-être anodin, mais cela lui redonnait un peu confiance. « Je t'offre un verre, pour la peine ! », dit-elle joyeusement en les resservant tous les deux. Ces temps-ci, elle avait pris la fâcheuse habitude de boire régulièrement. Cela ne lui ressemblait pas mais c'était la seule chose qui lui permettait d'oublier ses problèmes, ne serait-ce que pour quelques heures. Elle trinqua une nouvelle fois avant de porter le verre à ses lèvres pour en avaler la moitié. « Alors, tu te sens un peu mieux maintenant que tu m'as dit ce que tu avais sur le coeur ? »