I can hear an alarm, it must be morning (ava & pippa)

Il ne restait qu’une semaine au mois de mars, ce qui signifiait que début avril, c’était maintenant, quand on pensait à l’accouchement d’Ava qui était prévu pour cette période. De son côté, Pippa passerait alors le cap des six mois, environ, quand mon amie de Melbourne accoucherait. Nos enfants seraient très rapprochés en âge et ça nous réjouissait, Ava et moi. J’avais rapidement rendu contagieux cette excitation-là auprès de Pippa, je n’avais pas arrêté de lui parler de mon amie qui était venue s’installer à Bowen, cette amie que je ne pensais plus jamais revoir en quittant Melbourne. Depuis le mois de janvier qu’on essayait d’organiser une rencontre entre les deux mais il y avait toujours un imprévu, soit je devais gérer une urgence à mon organisme, soit l’une ou l’autre n’était pas au top de sa forme en raison de la grossesse (ou autres), soit nos horaires ne s’agençaient tout simplement pas, bref. C’est à quelques jours de l’accouchement d’Ava qu’on réussit à trouver une date. Je proposai à celle-ci qu’on se rende chez elle, question qu’elle n’ait pas à trop se déplacer alors qu’elle avait probablement l’impression que son ventre allait exploser. Pippa et moi avions préparé un peu de salades, sandwichs et crudités pour le lunch. On se pointa là un peu passé midi. « J’ai hâte de pouvoir enfin te la présenter. Ava elle représente vraiment une grosse partie de ma vie, que peu de gens connaissent ici. » J’avais coupé presque tous les ponts avec les gens de Bowen, quand j’avais décidé de fuir cette ville qui avait davantage de mauvais que de bons souvenirs, pour moi, à l’époque. Je m’étais reconstruit à Melbourne, accompagné d’une bande d’amis dont Ava faisait partie. Je cognai à la porte, attendant que la blonde vienne nous répondre. « J’espère qu’elle est pas partie en urgence à l’hôpital parce qu’elle a commencé le travail. » Plaisantais-je même si en vrai, c’était peut-être une possibilité.

Ce midi, j'étais heureuse de pouvoir recevoir Concho et sa petite-amie Pippa, elle aussi enceinte. Depuis le temps que nous essayions d'organiser une rencontre, le temps était enfin venu. Il faut dire qu'entre les rendez-vous à l'hôpital pour ma grossesse et les différents imprévus, nous avions eu quelques difficultés à nous rencontrer. De ce fait, j'étais très contente d'enfin pouvoir faire la connaissance de Pippa, mon ami m'avait beaucoup parlé d'elle en de très bons termes bien sûr. J'allais notamment pouvoir évoquer ma grossesse avec quelqu'un qui était bien au courant de cette situation. Concho avait été prévoyant et adorable et on avait convenu qu'ils amèneraient le repas pour ce déjeuner. Heureusement car je ne me sentais pas de rester debout à faire à manger ces derniers temps.

Le terme de ma grossesse arrivait à grand pas alors que mon angoisse grandissait. Ce n'était plus qu'une question de jours maintenant et je ne me sentais pas franchement prête à accueillir mon enfant. J'avais l'impression qu'il me restait encore énormément de choses à prévoir. Ce matin, j'avais donc passé la vitesse supérieure et j'avais préparé ma valise pour la maternité. Elle trônait à présent fièrement dans le hall d'entrée de mon appartement avec mon coussin de grossesse sur le dessus. Cette vue me rassurait alors que j'étais avachie dans mon canapé en me caressant le ventre. J'avais réussi à trouver une tenue qui dissimulait entièrement mon ventre et ce n'était plus une tâche facile. Seule une robe arrivait à le couvrir. Mon ventre avait énormément grossi ces derniers jours et le bébé était enfin dans la bonne position pour la sortie. Tous les voyants étaient donc au vert.

Alors que j'étais en train de penser à ça et sentir une angoisse montait, j'entendis quelqu'un cognait à ma porte d'entrée. Je me levais donc péniblement pour pouvoir ouvrir à Concho et sa compagne. J'émis un petit rire en entendant les paroles de mon ami à travers la porte. J'ouvris cette dernière, un grand sourire sur les lèvres, heureuse de les voir avant de les inviter évidemment à rentrer chez moi :

"- Bonjour. Entrez donc avant que je ne commence vraiment le travail. Je suis contente de vous voir et enchantée d'enfin pouvoir te rencontrer Pippa."

Conchobáhr, depuis qu’il a revu son amie Ava, n’a pas arrêté de me parler d’elle. Je sais à quel point cette femme a compté pour lui et je suis heureuse, aujourd’hui, de la rencontrer enfin. Cela n’a pourtant pas été simple de faire concorder nos emplois du temps, mais nous avons fini par y arriver. À croire que nous avons chacun un quotidien de ministre ! On a finalement convenu de se voir pour le déjeuner. Nous avons donc passer la matinée à préparer quelques plats rapides, salades et crudités principalement, à emporter chez Ava. La cuisine n’est pas vraiment mon fort, mais je tâche de m’y mettre un peu depuis quelques temps. Enfin…si on peut appeler le fait d’assembler une salade de la cuisine. Malgré tout, depuis que j’ai appris ma grossesse, je ressens le besoin de prendre davantage soin de moi, en passant par mon alimentation, et je dois dire que ça me fait du bien, même si je suis très loin d’être un cordon bleu.
Au moment où on arrive devant le pas de porte d’Ava, je ne peux que constater l’enthousiasme de Concho. Cela me fait chaud au coeur de le voir heureux. Je sais que, malgré ma grossesse qui l’emplit de joie, les journées n’ont pas été toutes roses depuis l’accident et j’aime le voir sourire malgré les épreuves. « Ca me fait plaisir que tu aies organisé cette rencontre » j’avoue à mon amoureux, tout en glissant ma main dans la sienne. Quand il est parti vivre à Melbourne, Concho et moi nous sommes un peu perdu de vu, bien que notre amitié soit rester inchangée. Mais en effet, je ne connaissais pas le Conchobáhr de la ville, n’ayant en tête que la version de lui que j’avais côtoyer ici, à Bowen. Ava met un peu de temps à venir nous ouvrir et Concho plaisante sur le fait que la future maman aie peut-être eu besoin de se rencontre à la clinique pour accoucher. Un élan de panique me traverse, durant lequel, ma main vient automatiquement se placer sur mon ventre rond. « Tu…tu crois que c’est possible ? » je demande, tachant de ne pas paraitre trop inquiète. Mais mon amoureux n’a pas le temps de me répondre que la porte s’ouvre sur une jolie blonde au sourire communicatif. Aussitôt, elle répond à la plaisanterie de Concho, me faisant tourner un regard amusé vers le futur père de mon enfant. « Merci, Ava, je suis heureuse de te rencontrer, moi aussi. » J’entre comme Ava nous le propose puis me tourne enfin vers elle. « Alors…tu es donc l’autre blonde dans l’univers de Concho rempli de rouquines ? » je plaisante en riant.

Et ça me faisait plaisir que ça fasse plaisir à Pippa, aussi. Que ma petite amie soit ouverte et heureuse de rencontrer mes proches, les rares qu’elle ne connaissait pas, cela me rendait assez joyeux. J’aimais que ma copine puisse s’intégrer à mes groupes d’amis. Cela avait été fait plutôt facilement avec mes colocataires, de toute façon Pippa connaissait déjà Pippa et Tahlia alors tout avait été très naturel. Elle passait des soirées avec nous et c’était comme si elle faisait partie du groupe depuis longtemps, nous qui étions pourtant tissés si serré. Je souris donc à la blonde, serrant sa main dans la mienne, nos autres mains bien occupées à tenir les petits plats que nous avions préparés. Je plaisantai à propos de l’accouchement possible d’Ava en ce moment, et cela sembla faire sens aux yeux de Pippa, qui m’inquiéta d’un coup. « Ben … Je … » Je n’eus pas le temps de formuler quoi que ce soit de plus concret puisqu’Ava ouvrit la porte. Ouf ! Elle avait tout entendu d’ailleurs, depuis l’autre côté de la porte, et me répliqua qu’il nous fallait vite rentrer avant que son travail ne débute réellement. Je m’exécutai, apercevant d’ailleurs du premier regard la valise qui trônait fièrement dans le hall d’entrée, juste devant nous. « Salut Ava ! (...) Ah ouais en plus t’es carrément prête hein ! » Je me surpris à penser qu’au fond, ce serait peut-être une bonne chose que quelqu’un soit là avec elle lorsqu’elle aurait ses premières contractions. Pippa et moi on pourrait la reconduire à l’hôpital. Être là avec elle si elle le désirait, au moins dans la salle d’attente. Pippa plaisanta sur le fait qu’Ava était donc la seconde blonde dans ma vie composée de rouquines. Je ris, coupable. C’est vrai que la plupart de mes ex étaient rousses. Par contre, j'avais des amies de toutes les couleurs de cheveux ! Je laissai Ava répondre avant d’ajouter : « Vous êtes privilégiées, d’être nées avec la mauvaise couleur de cheveux mais d’avoir réussi à intégrer mon coeur … ! » Plaisantais-je à mon tour. « Alors, comment tu te sens, Ava, à quelques jours de l’accouchement ? » À quelques heures, peut-être, même …

La réflexion de Concho sur le fait que je sois prête me fit sourire. Non, je ne l'étais absolument pas. Pourtant, je voulais jouer sur les apparences pour me rassurer. D'avoir préparé ma valise de maternité était rassurant, je contrôlais cette aspect là. En revanche, je ne contrôlais rien d'autre. Malheureusement, je ne pouvais pas claquer des doigts et perdre ainsi les eaux. Cela aurait été bien trop facile évidemment. Après un dernier regard à cette valise qui triomphait dans l'entrée, j'observais rapidement Pippa et lui fis un grand sourire. Effectivement, elle était blonde elle aussi. C'était une très belle femme et elle rayonnait. On ne voyait pas encore très bien sa grossesse, comparé à moi qui était sur le point d'exploser, mais cela lui allait bien.

"- Je suis sur le point d'exploser. Je n'ai qu'une hâte : que l'accouchement soit fini et que j'ai enfin mon bébé dans les bras. Et vous, comment allez-vous ? Ta grossesse se passe bien Pippa ?"

A cette phrase, je me perdis quelques secondes dans mes pensées. Je m'imaginais avec un nourrisson dans les bras, mon nourrisson. J'avais assisté à un certain nombre de naissances dans ma carrière d'infirmière mais je n'avais encore jamais imaginé comment se passerait mon accouchement. Bien, je ne pouvais que l'espérer. Je me voyais déjà avec les cheveux en bataille, le teint rouge d'avoir fait l'effort de pousser et les larmes que je ne pourrais retenir d'avoir donné une vie à ce monde. Je sentis les larmes me montaient et je battis plusieurs fois des cils pour les évacuer de l'intérieur, j'étais bien trop émotive depuis le début de ma grossesse. Cet aspect là n'allait pas me manquer.

Une fois que j'avais repris mes esprits, j'invitais mes invités à rentrer dans la pièce commune. Mon appartement n'était pas un palace et ne contenait qu'une chambre mais je l'avais plutôt bien agencé et décoré. J'y étais bien.

"- Vous pouvez tout déposer sur la table. Merci beaucoup d'avoir ramené tout ça. J'avoue que je ne me sentais absolument pas capable de cuisiner. Et vu mes talents, inexistants, pour la cuisine, c'était peut-être préférable pour vous."

J'avais lâché cette phrase avec un rire à la fin. Je n'étais pas connue pour mes talents de cuisinière et Concho le savait très bien.