you seem to always help me catch my breath (lewis)

Je suis dans un état second et je me laisse aller plus que d’ordinaire, me sentant plus à l’aise avec Leyla. Je ne suis pas comme ça avec tout le monde, ayant souvent peur de perdre le contrôle de ma personne. Je n’aime pas ça, j’ai toujours peur de ce que je peux devenir sous l’influence de l’alcool. Peur de me laisser aller et de laisser une image de moi qui ne serait pas la vraie… Je me trouve à dire des bêtises, incapable de prononcer certain mots qui me semblent trop compliquer pour le moment. Mais avec Leyla c’est pas compliqué, j’ai le sentiment qu’elle ne me juge pas et j’aime beaucoup passer du temps avec elle. Je suis juste trop timide en temps normal pour lui demander de front si elle veut passer du temps avec moi. Je ne veux pas non plus faire jaser l’équipe, ça finirait par se savoir, je suis certain qu’il y en a déjà qui ont remarqué que notre attitude n’est plus la même l’un envers l’autre durant les entraînements. C’est probablement parce que justement, je me sens à l’aise avec Leyla que sa question ne me perturbe pas tant, j’arrive à parler de ma famille avec un étrange détachement. Il faut dire, qu’il y a maintenant douze ans que je n’ai pas parler à mes parents, que je suis ici et que je tente de faire ma vie. Je sais que notre histoire est triste, que Haley et Ramsay ont goûté plus que Skye et moi les tortures de nos parents. Jamais on a levé la main sur moi, mais je les ai vu faire, je les ai entendus aussi et ce sont des images que je ne pourrais jamais effacer de ma mémoire. Je ne pensais pas que mon histoire toucherait autant Leyla, je tente d’effacer ses larmes qui pourraient couler, tentant de faire un petit sourire rassurant vers elle. Je hoche la tête à ses paroles, je vais toujours m’ennuyer de l’Écosse, ici dans un pays si différent aux paysages tout aussi magnifique, mais tellement loin de ce que j’ai connu dans mon pays de pluie et de verdure. “Je pense oui, j’aimais bien me perdre dans la lande écossaise… Le paysage ici n’a rien à voir. Il fait toujours trop chaud. ” Je joue dans ses cheveux, j’ai toujours aimé jouer dans les cheveux des filles, c’est quelque chose que je fais sans réfléchir, sans savoir non plus si ça dérange Leyla que je me permette de le faire. Mais il semble que le moment y est propice. Elle voit un Lewis complètement différent du gars trop sérieux que je montre normalement. Jusqu’à ce que j’ouvre la bouche et je vois son expression changer, me sentait mal d’avoir trop parler, de ne pas avoir été très délicat non plus dans ma manière de le dire. Je me confonds en excuse, me sentant mal, elle me sourit malgré la brillance de ses yeux, je sais que j’ai été trop loin. Je n’aurais pas dû parler de ses parents. J’ai le cœur qui me serre de la voir si triste soudainement. Elle appuie sa tête contre mon épaule et je l’entoure de mes bras, la serrant contre moi et je pose un bisous sur le dessus de sa tête. Je n’ai pas voulu la faire pleurer, mais c’était dans l’émotion, j’ai de la colère contre mes parents et il y en a qui sont morts alors qu’ils ne le méritaient pas. “Je m’excuse encore Leyla, mais je te promets d’être toujours là si tu as besoin d’en parler. J’imagine que ce n’est pas facile et que parfois tu dois avoir envie de craquer, sache que je serai toujours là si tu as besoin de craquer.” C’est la moindre des choses que je puisse faire pour elle, il me semble normal aussi. Nous avons beaucoup plus en commun que ce qu’on ne peut croire au final. Je passe une main dans son dos pour la réconforter. “Est-ce que tu veux qu’on aille ailleurs ? ” Il se fait tard et je suis toujours passablement, en fait exagérément saoul.

leyla & lewis  

Avec Lewis, c'est simple, c'est facile. Bien plus que je ne l'aurais imaginé lors de ces premières rencontres aux entrainements de soccer. Plus on parle, plus on se découvre des points communs. Dans notre passé, mais aussi dans notre personnalité. J'suis contente d'avoir fait sa rencontre, d'avoir approfondi cette relation et d'être passée outre le fait qu'il s'agit de l'un de mes entraineurs. On s'entend bien et j'aime bien être en sa présence, ça a quelque chose de réconfortant, de familier presque. Cette soirée en sa compagnie, elle a pris une autre tournure que ce à quoi je me serais attendue en venant au bar ce soir, mais ça ne me déplait pas. On s'retrouve à se vider un peu le coeur, à se confier sur la terrasse, probablement plus cocktail qu'on voudrait bien l'admettre. Carrément saouls en fait. Mais ça faisait en sorte que les petites révélations coulaient à flot, sans retenu et c'était là une bonne façon d'apprendre à se connaître considérant qu'on était plutôt timides à l'habitude. Alors Lewis avait parlé librement de sa famille, de sa vie en Écosse, de son arrivée ici. Il partageait une partie de sa vie que je ne connaissais pas et dont je ne me serais jamais douté. Il avait vécu des trucs difficiles aussi Lewis et j'avais beaucoup de compassion pour lui, ça me touchait. Le fait qu'il s'ennuie tout de même de son pays natal, j'le comprenais. On en était au même point : notre pays nous avait fait vivre des choses horribles, mais c'était plutôt la faute de certaines personnes là-bas, le reste, ça nous manquait. « C'est vrai qu'il fait très chaud ici c'est fou! Même quand c'est pas l'été! » m'exclamai-je, presque indignée alors que Lewis jouait calmement dans mes cheveux. On discute on discute et Lewis, sans mauvaises intentions, amène le sujet de mes parents. C'est plus fort que moi, normalement je contiens bien mes émotions, je garde ça pour des moments plus privés, mais là mêlé avec l'école, je laisse des larmes s'échapper. Je sens que c'est un safe place avec Lewis, qu'il ne me juge pas, qu'il me laisse vivre mes émotions et ça me fait me sentir bien. « Ne t'excuse pas Lewis, c'est ok t'en fais pas. » lui dis-je avec un petit sourire à travers mes larmes. Je resserre un peu mon étreinte moi aussi, prenant une bonne dose de réconfort auprès de lui. « Merci, c'est gentil. J'serai toujours là si tu veux parler aussi. » lui dis-je à mon tour. C'était toujours rassurant d'avoir un endroit où vivre librement ce genre de sentiments. J'hoche la tête à la proposition de Lewis de bouger. J'pense qu'on est plus trop dans l'humeur de faire la fête de toute façon. « T'as faim? On peut se prendre un truc à manger en passant puis, j'te ramène chez toi monsieur le fêté. À pieds par contre. » dis-je en riant. J'avais pas de voiture moi et j'étais pas en état de conduire, tout comme Lewis. « Une pointe de pizza? » proposai-je avec un petit sourire gourmand. C'était un classique une soirée alcoolisée suivi d'une pizza il me semble. Lewis accepta et on prit le chemin de la première pizzéria encore ouverte à cette heure. C'est avec le sourire aux lèvres et une démarche peut-être un peu douteuse que je raccompagnai Lewis chez lui, puis marchai jusqu'à chez Selma pour dormir.

rp clos.