Hit me baby one more time (Tw violence et blessure) | Arielle

Entendre l'histoire de Detlev, c'était triste. Ça me touchait beaucoup, même si j'étais pas trop du genre à me laisser envahir par les émotions. En fait, c'était mon genre, mais je ne le démontrais pas spécialement. J'pouvais avoir l'air froide et fermée, mais tout se passait à l'intérieur, c'était juste dans ma nature. J'avais tout de même beaucoup de compassion pour lui et son histoire, ça ne faisait qu'accentuer mon envie de l'aider. C'était pas de la pitié, vraiment juste un profond besoin de ne pas le laisser seul là-dedans. C'était bizarre comme sentiment, j'avais jamais rien vécu de tel. '' J'pense pas que tu mens. Ce serait assez tordu d'inventer ce genre de choses et... T'as pas l'air tordu. Enfin, pas dans ce sens là. '' lui dis-je avec un petit sourire. Parce que fallait quand même pas être totalement sain pour avoir envie de se faire casser la gueule et de le faire en retour, mais j'me gardai ce commentaire. '' Tu vas voir on fait vite le tour. '' lui dis-je en parlant de la ville. 15 ans sans venir, il allait sûrement vite se remémorer tous les endroits. C'était pas très grand Bowen. Je fis enfin le lien entre le prénom qu'il m'avait appelé plus tôt et sa fiancée décédée. C'était pas trop mon genre de croire aux choses surnaturelles, mais y'avait peut-être une raison du pourquoi j'étais sur son chemin ce soir, pourquoi on s'entendait bien et que ça cliquait juste naturellement entre nous alors qu'on ne se connaissait pas du tout. Très bizarre tout ça. Sur cette réflexion, le taxi arriva plutôt rapidement et j'aidai Detlev à entrer à l'intérieur, le questionnant sur ses plans futurs. '' J'espère que tu trouveras vite un truc, ça doit être douloureux de rester avec une amie à elle. '' dis-je en fronçant légèrement les sourcils. Ça semblait tellement con, mais ça me fit penser à la troisième chambre de libre au loft. Orso et moi, on avait toujours été nous deux, on avait jamais questionné ça, mais une troisième chambre était bel et bien libre. Faudrait que je lui en parle d'abord. Detlev me ramena à la réalité en me demandant de le tenir au courant si je voyais un truc. Je tournai ma tête vers lui en hochant celle-ci. '' Ouais donne-le moi. Tu peux aussi me contacter si t'as besoin de quelque chose, quelqu'un pour te faire visiter la ville ou te changer les idées. '' dis-je avec un petit sourire. J'sentais que Detlev, il pourrait bien devenir un ami. '' J'ai p'tête un truc pour toi, mais je t'en reparlerai. J'dois poser des questions à un ami avant. '' dis-je simplement. Je ne voulais pas lui faire de faux espoirs en mentionnant mon appart et la colocation, je préférais rester floue.

Je n’ai pas l’habitude de m’ouvrir comme ça à la première personne qui passe, pas l’habitude de parler de moi en général, je n’ai pas à le faire et je ne cherche surtout pas la pitié. Je n’ai pas besoin de pitié ou qu’on me prenne pour un faible. C’est ce que j’apprécie d’Arielle en ce moment, elle n’essaie pas de me consoler, elle n’est que là, présence tranquille, qui me permet de vider un peu mon sac. De dire ce que j’ai sur le cœur, même si ça peut avoir l’air d’un gros mensonge ou d’une invention, qui a autant de malchance l’une après l’autre dans la vie ? Pourtant, certaines personnes sont prêtes à tout pour avoir un peu d’attention, mais ce n’est pas ce que je veux, je ne veux pas d’une attention telle que celle-là. Je veux juste pouvoir retrouver la flamme qui me donnera envie de vivre et de me battre de nouveau. Elle me fait sourire, je suis tordu de bien des façons, mais je ne pense pas que personne ne peut me traiter de menteur. “Désolé de t’embêter avec mes histoires, mais non je n’invente rien, c’est la triste réalité ! ” Je fais un faible sourire, mais je ne suis pas heureux, en ce moment j’ai le coeur au vif. Le sujet change pour parler de cette ville que je connais déjà, même si je ne suis pas venu ici depuis bien des années. “Rien ne change vraiment ici il faut croire. ” C’est une petite ville, tellement différente de la capitale que j’ai quittée. À Berlin, tout bouge tellement vite, ce sera étrange d’être dans une petite ville tranquille, je ne sais pas encore si je saurais m’adapter, mais c’est un changement que j’ai choisi d’embrasser, je refuse de retourner en arrière, le passé doit rester à Berlin, ma nouvelle vie sera ici que ça me plaise ou non. J’ai déjà la chance de ne pas avoir à rester dans cette chambre de motel trop longtemps, Alba m’a offert l’hospitalité pour le temps que je me trouve une place ou habiter. Je n’ai pas l’intention de rester là trop longtemps non plus, je ne veux pas être lourd, je veux pouvoir vivre seul ou encore avec d’autres gens, mais ne pas dépendre de personnes. “Ce sera mieux que d’être dans ce petit motel sinistre. Mieux que d’être tout seul avec mes fantômes… ” Nous finissons par échanger nos numéros et elle me dit de l’appeler si j’ai besoin. J’apprécie sa gentillesse et j’ai le sentiment que nous pourrons devenir de bons amis. J’ai cette drôle d’impression qu’on a connecté ce soir. C’est une chance de l’avoir rencontrée. On se laisse sur une promesse de se revoir et j’attends de voir si elle pourra m’aider aussi dans la recherche d’un toit.

The End