entre deux mondes en suspens, criminelle, la façon dont on tue l'temps - hazel

16h. Vous voulez que j'sois sincère ? Je m'emmerde. Royalement. Aujourd'hui, à la station-service, il ne se passe absolument rien. Faut dire qu'elle n'est pas placée de manière très stratégique cette station. Un peu en périphérie de Bowen, à la frontière entre la ville et la nature. Alors, des clients, il y en pas des masses. Cela dit, ça m'va. Au moins, j'ai pas de pression, pas trop de trucs à faire. J'aurais tendance à dire que moins j'en fais mieux j'me porte. J'dois encore tenir deux heures. C'est long mais j'me laisse jamais abattre. Je déborde d'imagination, alors j'finis toujours pas trouver un truc à faire. J'traîne dehors, sur le parvis du magasin, skate sous le pied et j'fais des figures. J'passe beaucoup de temps à skater, ça m'apporte pas grand chose, hormis une grande satisfaction quand mon skate re-atterrit parfaitement sous mes deux pieds. Mais là, j'ai envie de plus. J'en ai ras le bol de toujours prendre le même rebord de trottoir. Alors, j'fouille dans la réserve de la boutique et j'en sors des cartons, des planches de bois, des bidons aussi, tout un tas de bazar que j'suis censé mettre à la poubelle. Mais avant d'm'en débarrasser, j'décide d'me construire une petite rampe. Bricoler ce genre de truc, c'est toujours un plaisir. Mon oncle dit toujours que j'ferais bien d'faire comme Elias, d'faire des trucs de mes mains. J'suis pas bricoleur pour deux sous, j'déteste ça, sauf quand il s'agit d'me fabriquer des trucs dans ce style. Finalement, j'me retrouve avec un truc à peu prêt stable. Du moins, en apparence. Avant d'pouvoir le tester, un client arrive. J'ai vraiment l'air d'un gamin de 15 ans qui tue le temps. C'est totalement ce que je suis, au fond. J'm'occupe de lui, j'l'encaisse et dès qu'il s'en va, j'ressors dehors, histoire d'admirer ma rampe. J'm'allume une clope, à bonne distance des pompes à essence, j'suis pas un timbré non plus. Et j'm'assoie sur la tranche supérieure d'un banc. J'vais la tester cette rampe, mais avant, j'me satisfais de ma fabrication. Je sais qu'elle sera à usage unique et que je risque fort d'me fracasser au passage. Mais ça, c'est pas un problème. Avec le temps, j'ai appris à tomber et j'me fais rarement mal. Toujours ma cigarette entre les mains, j'vois au loin une silhouette connue. C'est Hazel. J'lui fais un signe de la main. Le sourire s'accroche à mes lèvres. Au début, on s'aimait pas trop, mais depuis quelques temps, c'est beaucoup mieux. Elle a pris l'habitude de venir traîner un peu ici, et généralement on s'occupe bien tous les deux. "Hazel, tu tombes à pic!" J'lui montre ma rampe faite maison de la main. "Il me manquait justement des spectateurs!" J'ris un peu, attendant qu'elle arrive tout à fait à ma hauteur.

@Hazel B. Thomas

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☽☽ Si c'était si facile, tout le monde le ferait, qui tu serais pour réussir où tous les autres ont échoué? Oublie tes rêves prétentieux, redescend sur terre ou tu n'en reviendras jamais

Invité

Ma matinée n’a pas été de tout repos. Il a fallu que je me lève aux aurores pour aller réceptionner un arrivage de matériaux qui va me servir dans une nouvelle scénographie que je voudrais proposer à de futurs clients. Je ne vous cache pas que, sur le chemin du boulot, j’ai pas mal râlé, rappelez vous que je ne suis pas ce qu’on appelle “une personne du matin”. Il a donc fallu que je déballe, fasse l’inventaire, vérifie l’intégrité des articles, comptabilise les facture - par la même occasion, que je pleure un peu sur l’état de mes finance - et comme j’étais au local, j’en ai profité pour enfiler ma casquette d'électricienne et effectuer le contrôle de routine de mon tableau de commandes électronique. La légende raconte que j’ai même trouvé le courage de me mettre à jour dans mes mails. Ce brusque élan de productivité sorti du néant vient de se terminer, il est presque quatorze heure, je ne suis pas douchée, mon ventre est à l’agonie et je sens poindre un insidieux coup d’barre.

Mon local se situe un peu à l’écart de la ville, par mesure de sécurité. Comme j’y ai tout mon stock, ce serait dommage qu’une avarie fasse péter un quartier. Même si je ne rigole pas avec l’état et la qualité de mes marchandises et encore moins avec la sécurité, on n’est jamais trop prudent. C’est pas très grand mon affaire, de quoi loger tout mon matos, un bureau et un garage pour mon petit camion mais pour l’instant, je sais m’en contenter…j’en suis même plutôt fière, c’est à la force des mes petits bras que j’ai pu monter ça. En sortant, je prends bien garde à activer le système de sécurité, avant je fermais avec des cadenas mais, depuis qu’on m’a tiré du matériel, j’ai dû me résoudre à investir dans une caméra et une alarme (bisous keur @Manwë Druid ).

J’enfourche mon bolide - c’est un vieux vélo rose qui déraille à peu près mille fois par jour - et reprend le chemin de chez moi. En rentrant, j’ai deux priorités ; Faire en sorte de ne pas sentir la poule et manger. Une fois ma douche prise et le vide sidéral de mon estomac comblé…bhin…je me retrouve comme deux ronds d’flanc. Je n’ai aucun rendez-vous pro’ de prévu, ma paperasse est à jour, j’ai fais ma lessive, mon ménage, nettoyé la litière de ce porcas de chat, les courses. Après un début de journée aussi remplie, n’avoir rien à ajouter à mon planning me semble dramatiquement ennuyeux. Heureusement, j’suis une nana pleine de ressources…et j’ai surtout un bon pote que je n’ai aucun scrupule à aller voir pendant ses heures de travail. J’ai rien à glander, j’arrive. Je ne sais pas si il verra mon SMS mais peu m’importe, je sais qu’il sera là-bas et qu’on va pouvoir tuer le temps comme on sait si bien le faire tous les deux.

Le trajet en vélo ne me prend pas plus de cinq minutes - sans compter mon arrêt pour remettre la chaîne - et lorsque j’arrive, je vois Elijah, assis sur le dossier d’un banc. J’affiche un franc sourire et lui adresse un signe de la main en retour. “Salut Eli’ ! ” J’arrive à sa hauteur, descend de ma selle et cale mon vélo contre le banc. “ La vache, qu’est-ce que t’as bricolé ?” Ca ressemble à une rampe de skate, ça a l’air relativement stable et sensiblement dangereux. Tout à fait notre genre d’activité. Moi le skate, je n’y connais pas grand chose, je trouve ça assez stylé, j’aimerais bien m’en débrouiller un peu mais la vérité c’est que ça me flanque un peu la frousse. “ J’te préviens, j’suis pas un public facile, si tu te loupe, y a moyen que j’te jette des trucs à la figure.”

lumos maxima

@Elijah Bishop :lola:

Parfois, l'ennuie ça a du bon. J'étais du genre qui ne restait jamais en place. Je faisais toujours en sorte de ne pas avoir de tâche trop importantes à effectuer pour laisser libre court à mon imagination. Généralement, au boulot, je faisais tous les trucs chiants dès le matin. J'm'en débarrassais le plus vite possible pour ne plus avoir à y penser. La mise en rayon, les gestions des stocks et éventuellement quelques commandes. Ca se limitait à ça mon boulot. Ca m'allait parfaitement. Mon patron était cool, il avait bien compris que je ne serais pas l'employé du mois. Mais, il se contentait d'mes piètres performances. J'crois même qu'au fond, il avait pas tant besoin de moi que ça. Ca lui permettait de faire autre chose les jours où je venais travailler et si par hasard - à savoir ou moins un ou deux matins par semaine - je ne venais pas travailler, ça ne le dérangeait pas plus que ça. C'était le paradis bordel.

Cet après midi, l'ennuie m'avait bien fauché et j'avais finis par me mettre en tête que j'allais me construire une rampe de skate. C'était un projet beaucoup trop ambitieux pour mon cerveau un peu limité. Alors, j'avais pas non plus sorti la construction du siècle. Ca se limitait un deux grosses caisses posées l'une sur l'autre. Deux planches de bois qui descendait vers le sol que j'avais fixé très simplement avec du gros scotch et puis j'avais tenté d'faire un retour avec des bidons en plastique. C'était davantage cette partie là d'la rampe dans laquelle je n'avais pas une grande confiance. J'm'étais posé sur un banc, admirant ma construction, me fumant tranquillement une cigarette. Je n'avais pas vu le message d'Hazel. La plupart du temps, mon téléphone était posé près de la caisse dans le magasin et je n'y jetais que très rarement des coups d'oeil. Je n'étais pas du genre très technologie. A condition de ne pas compter la Switch et ma partie interminable sur Animal Crossing. J'prenais pas ma console sur mon lieu de travail, mais ça faisait partie d'mes petits plaisirs secrets que de jouer un peu avant de dormir ou simplement en rentrant du travail quand j'avais une demi heure à tuer.

Alors, finalement, je voyais Hazel arriver au loin sur son vélo. Ce dernier n'était pas dans une forme olympique mais la jeune femme semblait tout à fait satisfaite de se déplacer avec lui. Elle arriva à ma hauteur et j'lui lâchais un grand sourire. Entre nous, ça n'avait pas toujours été une relation très positive. Au début, on était un peu méfiant l'un et l'autre et finalement, en apprenant à se connaître, on s'était trouvé beaucoup plus de points communs qu'on ne l'aurait pensé. Tandis qu'elle descend de son vélo, elle remarque ma construction. Là, très clairement, j'étais fier comme un pape. "J'm'emmerdais alors, j'ai construis ma propre rampe de skate. La classe non?" J'lui souris, et j'lui indique qu'elle tombe parfaitement à pic, parce que j'ai besoin de spectateurs. Ses mots s'arrachent un rire. "Il reste des morceaux d'planche derrière, tu pourras m'les balancer! J'risque d'me faire mal de toute façon, alors ça en plus, ça changera pas grand chose!" Je rigole et j'me lève pour me mettre à sa hauteur. J'écrase le reste de ma clope contre un cendrier et j'dépose mon skate à mes pieds. "Tu veux tester la première?!" A vrai dire, il y a de forte chance qu'il n'y ait qu'un test et j'suis pas sûr que Hazel ait suffisamment confiance en mes talents de bricoleur pour me faire entièrement confiance. La rampe, elle est pas si haute, mais ça suppose quand même d'avoir quelques bases en skate. Et j'sais pas pourquoi, j'pars du principe qu'Hazel, elle s'débrouille en skate. J'fais rouler ma planche jusqu'à ses pieds, d'un air un peu défis. Quand il s'agit d'être casse cou et d'embrigader mes comparses avec moi, j'suis toujours bien, bien en tête.

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Invité

Si la façade décrépie de la station essence pouvait parler, elle dirait qu’on n’est pas les personnes les plus malines qui existent et je ne pourrais rien avancer pour la contredire. Depuis qu’on s’est apprivoisé avec Elijah - et croyez-moi, ça ne s’est pas fait en un jour - c’est ici qu’on a pris l’habitude de se retrouver quand le temps se fait long. Ce n’est pas un endroit qu’on a choisi au hasard, parce qu’entre nous, il y a mieux qu’un vieux banc, des pompes et du bitume pour passer ses après-midi mais c’est ici qu’Eli’ travaille…enfin, qu’il travaille de temps en temps, parce qu’il faut se l’avouer, ce n’est pas le plus gros bosseur que la Terre ait connu mais il a l’air d’avoir trouvé un certain équilibre avec son patron. Il se fait un peu de maille sans se décarcasser et j’crois que ça lui convient bien comme ça. Je l’envie parfois, surtout quand je me bagarre avec des clients pointilleux ou que je m’arrache les cheveux en calculant mes budgets…ça m’apprendra à me lancer dans des entreprises d’adultes. De “vrai” adulte, j’veux dire, chose à laquelle je ne m’identifie pas encore vraiment. Bref, tout ça pour vous dire que cette vieille station essence a vite fait figure de repère dans lequel on a tué l’ennui en laissant libre court à nos imaginations tordues. Ca m’étonne que le banc ne porte pas la trace de nos culs respectifs tant on y a enchaîné des heures à discuter, à dire des conneries plus grosses que nous et à se bidonner comme deux idiots. C’est ici, qu’un jour, j’ai admis à demi-mot qu’il était une des personnes les plus chères à mon existence...et j'ai rajouté que j'balancerais pas des trucs comme ça souvent, qu’il ne fallait pas qu’il s’y habitue et que s’il m’embêtait je retirais tout ce que j’avais dit.

Elijah me présente son oeuvre pendant que je cale mon vélo pour ne pas qu’il tombe, ça fait un moment que la béquille est cassée, peut-être que je penserai à la réparer un de ces quatre. J’ai vu juste, c’est bien une rampe de skate qui est née de l’union de quelques bidons, de cartons et de planches. “Plutôt stylé ouai !” Il nous en faut peu, vous voyez. C’est rien de plus que des déchets enrubannés avec du gros scotch mais pour nous, c’est la promesse d’une bonne marrade. Il rigole en m’indiquant que j’aurais tout le loisir de lui envoyer des morceaux de bois si ses performances ne sont pas à mon goût, de toute façon, il semble avoir une confiance toute relative dans sa création et m’indique qu’il va certainement finir par se faire mal. J’espère pas…si je vois du sang, ça m’fout en l’air. Un comble pour une tête brûlée comme moi…”Mouai bha fais gaffe quand même, j’suis pas la meilleure infirmière du monde…”

Heu…quoi ? Je regarde le skate rouler jusqu’à moi et buter contre mon pied. D’où est-ce qu’il s’imagine que je sais faire quoi que ce soit avec ça moi ? Bon. Deux options. Je joue la sécurité parce que je SAIS pertinemment que tout ça est voué à l’échec, je sais à peine tenir sur cet engin en battant maladroitement des bras…et soyons sérieux une seconde, quand on y regarde avec attention, cette rampe improvisée a VRAIMENT l’air foireuse. Ou alors, je cède à son air de défi en lui souriant, provocatrice, ferme les yeux sur les talents de bricoleur discutable de mon pote et sur le fait que je ne sais pas faire de skate ? Bon bhin j’prendrai la deuxième, merci, au revoir. Parce que je suis sérieusement débile, j’ai un instinct de survie tout relatif et un honneur à défendre ; on ne refuse pas un défi !

Je vais passer brièvement sur les prochains événements, pour en venir à la conclusion inévitable ; je me suis vautrée. Ca n’a pas été très glorieux. J’ai essayé de donner le change en attrapant, d’un geste plutôt stylé, cet engin de malheur à roulettes, en le faisant venir à moi d’une pression du pied à son extrémité. C’est après que les choses se gâtent. Pour l’aspect pathétique de l’histoire, je ne suis même pas arrivée au niveau de la rampe…Je me suis mise debout sur le skate, j’ai soufflé, j’ai poussé avec mon pied…et je suis partie en arrière. Je me suis réceptionnée douloureusement sur les avant-bras et les coudes, ça m'a fait un mal de chien. “C’est l'moment où j’avoue que j’ai jamais appris à faire du skate ? Ou peut-être que ça saute aux yeux ?” Je lui tends la main en grimaçant pour qu’il m’aide à me remettre sur pied.

lumos maxima

J'sais pas pourquoi, mais quand on s'était vu la première fois, avec Hazel, on avait ressenti comme une espèce d'animosité. On s'était toisé un peu du regard, l'air de dire "qu'est ce que tu fous avec mes potes toi?" Parce que ouais, le problème, c'est qu'Hazel, elle côtoyait Beck et Alfie bien avant moi. Et quand j'étais arrivé dans la bande avec mes gros sabots, mon énergie débordante et mes innombrables conneries, ça lui avait pas trop plus à la Thomas. Alors on s'était un peu chicané au début. C'était gentillet un peu, mais c'était un peu dans le genre plus t'es loin, mieux j'me porte. Et puis, grâce ~~à ma légendaire maturité~~ au temps, on avait appris à se dompter, à s'apprécier. Et en vrai, depuis qu'on s'était trouvé, c'était vraiment le feu entre nous. On avait ce truc commun tous les deux, cette petite étincelle qui nous pousse à faire plein de conneries. L'un arrivait toujours avec une idée farfelue et l'autre se contentait d'y plonger les deux pieds joints. Ca fonctionnait très bien, notre petit duo. A condition de rester bien loin de nous, parce que ça pouvait souvent très vite partir dans tous les sens. Surtout avec les feux d'artifice de la jeune femme. Quand il était question d'faire exploser quelques pétards, Hazel, elle savait que j'étais toujours partant. Ce jour là, lorsqu'elle m'avait rejoint à la station service, c'était moi qui avait fait des merveilles. A savoir : la construction d'une magnifique rampe de skate.

J'suis fier comme un pape devant ma construction. En vrai, d'me dire que ça sort de mes petites mains, j'suis vraiment satisfait. Quand j'veux, j'peux. Ca c'est certain. Le plus gros problème étant que souvent : j'ai pas envie. J'suis content d'entendre Hazel gratifié ma rampe d'un adjectif aussi sympa. Bien sûr que c'est stylé! Il faut la tester maintenant et j'lui annonce très clairement que les chances de se ramasser son relativement élevée. Hazel, elle a pas l'air hyper motivée à c'que j'me fasse une double fracture du tibia/péroné. Moi non plus d'ailleurs. "T'inquiètes! J'sais me rattraper. Habituellement." J'tombe pas vraiment souvent, j'skate depuis très longtemps, l'équilibre, ça fait partie de mon sang. Et puis, avec le temps, j'ai appris à tomber pour éviter de me faire mal. Je skate sans casque d'ailleurs, ce qui terrifie ma mère à chaque fois. Mais comme je dis toujours: je ne tombe pas de très haut. J'sais pas si c'est entendable mais j'ai pas tellement peur d'la blessure. Par contre, là, avec cette rampe artisanale, les chutes sont peut-être plus difficile à anticiper. Pour le savoir, faut tester. C'est aussi simple que ça.

J'sais pas pourquoi, j'pars du principe que Hazel sait skater. C'est une meuf cool, avec son p'tit vélo tout déraillé, elle a la tête d'une meuf qui skate. Ouais parfois, mon cerveau à moitié fonctionnel tire des conclusions beaucoup trop vite. Naturellement, j'lui fais rouler le skate jusqu'à ses pieds. J'la regarde faire. Moi dans ma tête, elle va monter dessus et elle va aller s'mettre au haut de la rampe. Alors j'me rassoie, prêt à regarder si la rampe est fonctionnelle. Mais en fait, c'qui se déroule sous mes yeux, c'est .. une catastrophe. J'la vois qui monte dessus, avec beaucoup d'hésitation, elle donne une impulsion avec son pied et ... se rétame les fesses en plein sur le bitume. "Ohlala mais Hazel!" que j'lui dis en me relevant rapidement du banc. La jeune femme est à terre. Le skate continue sa route un peu plus loin. Sa réflexion m'arrache un rire et j'lui tends la main pour l'aider à la relever. "Ca va, tu t'es pas fais mal?" que j'lui demande, inquiet premier degré. Quand on sait pas y tomber de skate, ça peut vite devenir douloureux. "J'sais pas pourquoi, j'étais persuadé que tu savais skater!" J'marquais une pause. "Mais tu as définitivement une belle marge de progression." J'souris un peu et pendant qu'elle vérifie qu'elle est entière, j'me tourne pour aller récupérer le skate. J'pourrais revenir en montant dessus, mais j'ai pas envie d'infliger cette humiliation à Hazel. Alors j'le récupère en donnant un petit coup sur le bout pour qu'il revienne dans ma main. "Bon, si j'ai bien compris moi qui dois m'coller à l'inauguration d'la rampe!" En vrai, c'est beaucoup plus prudent que ce soit moi qui le fasse.

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Invité

Quand j’ai donné une impulsion du pied pour faire avancer la planche, je ne sais pas bien ce que je me suis imaginée. Je n’ai jamais eu l’occasion d’apprendre à faire du skate, pourtant c’est quelque chose que je trouve assez cool, comme le surf d’ailleurs. Ca manque un peu à ma panoplie de la meuf décontract’, mais bon, j’suis pas sûre d’avoir le skill nécessaire pour arriver à tenir debout là-dessus, alors j’me contente généralement de regarder. Sauf aujourd’hui où mon cerveau a perdu toute notion de survie. Evidemment, je ne partais pas pour faire des miracles mais j’ai eu le fol espoir de me maintenir sur mes deux jambes quelques secondes, rigoler parce que ça aurait bien été la seule chose que j’aurais pu faire et redonner son skate au vrai professionnel de cette histoire ; Eli. Sauf que mes plans ont été contrecarrés, alors en plus de m’être légèrement esquintée les coudes et contusionnée le derrière, c’est à mon amour-propre que je ressens la douleur la plus cuisante. Je m’agrippe à la main du jeune homme et me relève sans difficulté. Je nie de la tête quand, visiblement inquiet, Elijah me demande si je me suis fais mal “Mon orgueil va mettre du temps à se rétablir mais pour le reste, tout à l’air de rouler.” Je fronce le nez, je devrais réfléchir un peu plus aux mots que j’utilise “Enfin, façon d’parler…”. Il m’achève en précisant qu’il était pourtant sûr que je savais skater et que le spectacle que je lui ai offert témoigne de l’étendue des progrès qui me restent à faire. “J’imagine que tenir debout fait partie des points qui me restent à atteindre.” J’ris malgré tout parce qu’il faut être honnête, la situation s’y prête carrément. Pourtant, j’aime pas trop perdre la face comme ça. J’suis habituée à jouer des coudes, à m’affirmer, parfois à devoir crier un peu plus fort que les autres pour ne pas me laisser marcher sur les pieds et asseoir ma place dans mon environnement social essentiellement masculin. J ’me suis donc forgée un caractère qui a déjà été qualifié de “bien trempé”. Quand j’écorne mon image de nana hyper cool, ça peut me mettre de travers, surtout si on agite un peu l’couteau dans la plaie alors j'essaie de plaisanter pour détourner l’attention et passer le plus rapidement possible à autre chose.

Il revient donc à Elijah l’honneur de tester son assemblage de bric à brac. J’mentirais en disant que je suis complètement sereine mais j’ai assez confiance dans les capacités de mon pote. C’est toujours sympa de le voir dans son élément, j’suis contente d’assister à cette démonstration improvisée. Bon, il y a de grandes chances pour que je le vanne et que je le hue pour la forme mais en réalité, je serai certainement impressionnée. “ La pression un peu de passer après moi non ?” Je m’éloigne pour m’asseoir sur le dossier du banc, les coudes appuyées sur mes cuisses et les mains soutenant mon menton, prête pour la démonstration. "Un gage si la rampe se casse ! "

lumos maxima

@Elijah Bishop Mille excuses pour le retard entre deux mondes en suspens, criminelle, la façon dont on tue l'temps - hazel 4026759991

Si j'avais su que Hazel ne savait pas monter sur un skate, jamais j'lui aurais tendu la planche comme ça. J'suis pas un vilain garçon, et j'sais à quel point d'tenir sur cette planche instable n'est pas évident. J'étais juste persuadé qu'elle saurait monter dessus, et qu'elle allait pouvoir tester la rampe avant moi. Cela dit, j'crois qu'à la vue ma construction bancale, c'était sûrement plus prudent que ça soit moi. J'm'en serais voulu si Hazel s'était blessée. Cela dit, elle n'avait pas à monter sur la rampe pour se faire mal. Sa chute était assez mémorable, sur le moment, ça m'avait pas fait rire parce que j'avais surtout eu peur mais finalement, elle s'était relevée et elle semblait avoir un p'tit bobo à sa fierté plutôt qu'ailleurs. Sa remarque m'arracha un nouveau rire. Elle avait le sens du l'humour Hazel et c'est ça que j'aimais vraiment elle, ses p'tites sorties bien placées. Je grimaçais en hochant la tête. "Ouais, ça sera déjà un bon début. Mais promet moi que tu mettra un casque et des protections absolument partout." Savoir faire du skate, c'était pas évident à vrai dire. C'était beaucoup d'entraînement et acquérir les bases c'était pas le plus facile. Finalement, Hazel ne s'est pas blessée et on est tous les deux d'accord pour dire que c'est plutôt moi qui doit tester cette rampe.

Elle prenait la direction du banc, prête à me regarder. J'lui lançais un rire. "C'est vrai que t'as mis la barre super haut là. Va falloir que j'me surpasse!" En vrai, j'vais surtout tenter de pas me viander sur cette rampe. J'sais pas trop si j'dois prendre beaucoup d'élan ou pas. J'reste dubitatif quant à ma construction. J'pose ma planche à terre et j'monte dessus, prenant un peu d'élan en m'éloignant de la rampe. J'suis à une bonne vingtaine de mètres, j'lance un dernier regard à Hazel. "C'est quoi mon gage?" Bah ouais, il y avait de forte chance que la rampe cède sous mon poids. Cela dit, j'suis jamais à une connerie prêt. Alors j'm'élance, donnant des grands coups de talon au sol pour prendre de la vitesse. Ca parait tout simple. Une petite montée, une rampe d'un mètre trente, et au bout, de quoi faire décoller le skate pour retomber un peu plus loin. Juste avant d'arriver devant la pente, j'me sens assez confiant. J'passe la rampe, ça tangue dans tous les sens, j'sens bien que ça va merder. A l'instant ou j'veux décoller mon skate au bout d'la rampe, on entend un magnifique crac mais j'arrive à prendre de la hauteur. Mon skate fait un tour sur lui même mais la roue se bloque contre un espèce de bloc qui dépasse et j'perds l'équilibre. J'retombe à côté de mon skate qui s'écrase lamentablement à côté de moi. J'regarde Hazel, grimaçant un peu. "J'ai le droit à un deuxième essai!" Alors j'remonte sur mon skate, la rampe est toujours debout, mais encore plus fragile qu'avant. De toute façon, j'veux absolument tenter, tant qu'elle sera encore debout. Finalement, ma seconde tentative est encore pire que la première, car la planche de bois se fend en deux sur mon passage, arrêtant net ma progression. J'tombe sur le côté, un joli roulé boulé qui salit bien mon hoodie beige. J'me relève, constatant que ma rampe est fichue. J'pose mes mains sur mes hanches, dubitatif toujours. "C'était pas concluant hein." J'suis un poil déçu, et ça doit bien s'voir à mon visage. C'est toujours frustrant d'pas pouvoir bien skater. "Tu vas croire que j'suis moyen en skate, alors qu'en vrai, j'peux envoyer du rêve!" Ouais, c'est mon p'tit côté un peu frimeur qui ressort, j'ai manqué l'occasion de briller.

hj : je m'excuse aussi , j'ai moi même mis du temps à répondre :39:

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Invité

Assise sur notre vieux banc à la peinture écaillée, j’fais une petite grimace parce que ça me picote là où je me suis ramassée. Je remonte mes manches pour regarder l’état de mes coudes. La peau, un peu mâchée, est mouchetée de minuscules gouttelettes écarlates, une chance que mon sweat ait amorti un peu le choc avec le bitume sinon il y aurait eu un peu plus d’hémoglobine au programme. C’est des choses qui arrivent hein, on joue, on fait les cons et fatalement, parfois, on perd, c’est juste un peu plus douloureux de temps en temps. J’compte plus le nombre de fois où on s’est esquinté les bras et les jambes, j’me rappelle de situations où on aurait vraiment pu se faire mal, c’est assez miraculeux qu’on soit encore en un seul morceau. On a beau se prendre des jetons, ça nous sert pas de leçon, c’est dramatique. V’voyez, là, par exemple, je devrais raisonnablement être un peu refroidie par le skate, me dire que j’ai eu d’la chance de ne pas me briser un os et m’en contenter…mais non. En fait, c’est la première fois que je réfléchie à la possibilité d’apprendre à en faire, ça ne m’a jamais effleuré l’esprit mais quand Eli’ m’a parlé de mettre des protections tout partout en sous entendant donc qu’il y aurait une prochaine fois, j’me suis juste dit Et pourquoi pas ? Alors je saute sur l’occasion, quand mon ami renchéri en me demandant quel sera son gage. “ Tu d'vras m’apprendre à skater !” Que j’lance après avoir feint une profonde réflexion. J’suis pas connue pour être une très bonne élève, sur mes bulletins on pouvait lire “distraite”, “bruyante”, “Dissipée”, “Doit s’abstenir de faire des sarbacanes avec ses crayons” mais promis, pour Elijah, j’ferai un effort. J’consens même à m’acheter un casque.

Quand j’le vois qui s’élance et prends de la vitesse, je me redresse, une toute petite pointe d’appréhension au coeur. J’vois dans son regard qu’il sait ce qu’il fait, il a confiance, il est déterminé à passer cet obstacle. En revanche, l’obstacle, lui, est déterminé à ne pas le laisser passer. Pourtant, l’espace de quelques secondes, j’y ai cru, malgré le craquement sinistre de la planche. Son skate décolle et fait un tour sur lui-même, moi, j’trouve ça déjà dingue alors j’m’apprête à siffler entre mes dents mais au lieu de ça, j’me relève d’un bond. J’ai pas bien vu le pourquoi du comment mais il a perdu l’équilibre et s’est étalé par terre. Il réclame finalement un deuxième essai, ça me fait sourire, quand je vous disais qu’il en faut plus pour nous arrêter…Bon par contre, le second passage, c’est celui de trop. J’suis debout, les bras croisés et j’tords la bouche parce que j’vois pas comment il s’imagine pouvoir réussir quoi que ce soit alors que sa rampe bricolée est à l’agonie. La planche, selon toutes vraisemblances, finit par se fendre en deux sur son passage, ce qui le précipite par terre en un roulé boulé magistral. “ 10/10 pour la chute !” J’lui dis en l’aidant à se relever “Ca va, pas d’bobo ?”. Sans m’en rendre vraiment compte, j’adopte la même posture que le jeune homme, les mains sur les hanches, regardant la structure brisée par terre. “Mouai…bon en même temps, on s’en doutait un peu. Tu veux dire un p’tit mot, à sa mémoire ?” J’désigne sa rampe éphémère d’un mouvement du menton et J’lui pose une main sur l’épaule, quasi compatissante. “ Rappelle toi qu'tu parles à quelqu’un qui tient pas debout sur un skate, ça va t’aider à relativiser.” Je pouffe de rire mais c’est vrai que j’aurais aimé en voir un peu plus.

lumos maxima

@Elijah Bishop Pas de soucis, c'est compréhensible, j'espère que ton séjour en France s'est bien passé :39:

entre deux mondes en suspens, criminelle, la façon dont on tue l'temps - hazel 2826614466

Après la chute assez épique de mon amie sur le skate, c'est à mon tour de briller. Mais, on est bien conscient, tous les deux, que cette rampe là, elle va pas tenir bien longtemps. Avant que j'm'élance, Hazel me lance un espèce de défis, en me donnant un gage si la rampe se casse. Elle semble réfléchir et finit par se décider. Faudra que j'lui apprendre à skater. J'la regarde, faussement circonspect. "Naan, mais un truc réalisable par contre!" J'marque une pause avant d'me marrer à ma propre connerie. C'est un truc que j'fais tout le temps ça, d'me faire rire moi même. Comme disait mon grand-père : on est jamais mieux servit que par soi-même. Nan, j'déconne, mon grand-père disait pas ça mais c'était bien du style à sortir ce genre de phrase. "Allé, c'est ok, j'vais faire de toi une championne!" J'grimace un peu, pas vraiment convaincu de c'que j'lui avance. Mais ça serait bien marrant d'apprendre à Hazel à monter sur un skate. J'suis sûre qu'elle pourrait bien s'débrouiller. J'pourrais même lui filer un vieux skate, j'en ai une bonne dizaine qui traîne dans un coin d'ma chambre.

Mon premier passage est un échec, ma roue s'est bloquée dans un morceau de bois qui dépassait et la planche a fait un joli bruit de craquement. Cela dit, j'abandonne pas, j'espère toujours, au fond d'moi, pouvoir faire des miracles. Mais fallait que j'me rende à l'évidence, j'suis pas un fin bricoleur et généralement, quand l'aspect extérieur est déjà bancal, il est rare que ça tienne dans la longueur. Finalement, j'explose la planche centrale et j'me retrouve à faire un roulé boulé à côté, mon skate tombe lamentablement à côté de moi. J'prends la main qu'Hazel me tend pour me relever dynamiquement et j'm'inspecte un peu. "C'est bon, j'suis entier." La toile d'mon pantalon est un peu fritté au niveau de la hanche, mais ça, j'ai l'habitude. J'compte plus le nombre de fringues que j'ai flingué dans les chutes de skate. On s'retrouve côté à côté avec Hazel, à contempler les restes de la rampe, mains sur les hanches. "Ca m'fait chier de l'admettre mais ouais, c'est pas très surprenant. J'veux bien un petit discours ouais." que j'lui répond, avec une voix faussement triste. J'ai manqué l'occasion de briller et la réponse d'Hazel m'arrache un rire. Elle a posé sa main sur mon épaule et j'me retourne pour lui faire face. "Justement, j'avais un gage il me semble. T'es prête?" Bah ouais, avec moi, ça traîne pas. J'me penche pour ramasser le skate qui est à mes pieds et j'le cale, un peu plus loin d'la rampe, là où c'est tout plat. "Sur une échelle de 1 à 10, t'es comment niveau équilibre?" Histoire que j'jauge un peu d'où on part. Parce que là, maintenant, mon objectif, c'est d'la faire skater. "Le plus dur en skate, c'est le démarrage, c'est là où il faut réussir à créer un équilibre. Mais pour commencer, tu vas monter dessus, grâce à mon aide et puis j'vais t'faire avancer, juste pour qu'tu ressentes les choses, ok?" J'lui souris, j'étais bien décidé à lui apprendre à skater. Alors j'lui tends la main, pour voir l'inviter à monter sur le skate. "Par contre, je décline toute responsabilité en cas de chute!"

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☽☽ Si c'était si facile, tout le monde le ferait, qui tu serais pour réussir où tous les autres ont échoué? Oublie tes rêves prétentieux, redescend sur terre ou tu n'en reviendras jamais

Invité

Un truc réalisable par contre.
J’ai dressé mon majeur dans sa direction. En même temps, j’conçois sans trop d’peine qu’on puisse avoir des doutes si on se fie à ma performance de tout à l’heure. La douleur a été bien trop cuisante - et quand je parle de douleur, j’parle de celle à mon amour-propre - pour que j’reste là les bras croisés. Pas question qu’il se raconte qu’Hazel Thomas ne sait pas tenir sur un skate, il en va de mon honneur de meuf cool, si, si, c’est un statut qui doit être rigoureusement entretenu surtout quand on avance honorablement dans l’âge, s’agirait pas de basculer trop rapidement dans la vieillerie. J’vais être une élève modèle pour Elijah, il fanfaronnera moins quand j’aurai dépassé le maître…ouai j’m’emballe peut-être un peu, tâchons déjà de savoir avancer sans se casser un truc. Ca ne m’empêche d’être d’accord avec lui, vous savez, quand il dit qu’on va faire de moi une championne. Je me rengorge, la mine satisfaite, m’imaginant déjà, casquette à l’envers et planche à roulettes au pieds. Eli’, il a bien tenté de faire des merveilles avec sa p’tite rampe en bric-à-brac, j’l’ai bien vu, il a y cru jusqu’au bout, c’est un tenace…mais bon, c’est pas avec de la détermination qu’on fait tenir des planches sur des bidons. Même si on a l’habitude de se voir se gameller, l’un et l’autre, j’réagis toujours avec un pincement d’inquiétude, après tout, c’est déjà arrivé qu’on s’fasse vraiment mal avec nos conneries. J’souffle discrètement par le nez quand j’vois qu’il n’a rien.

Quand j’regarde l’épave qui git par terre, j’me demande si on a vraiment plus de vingt ans l’un et l’autre pour s’amuser avec si peu. Puis j’hausse les épaules, c’est évident qu’on est trop âgés pour ces conneries, certainement dans la tête des autres, mais nous, d’la où on les regarde ces vieux cons, on s’paye notre meilleur tranche de vie. Les enfants terribles de Bowen. “Hum…tu te s’ras éteinte bien vite petite rampe, on pensera à toi, où qu’t’aille, coeur sur toi.” Punaise, y en a pas un pour rattraper l’autre ici. Quand le jeune homme me fait face, j’le gratifie d’un grand regard arrondi “Attend, genre maintenant ?” Bhin ouai, maintenant visiblement. C’est pas pour me déplaire en réalité, du coup je troque ma mine surprise par un large sourire. “Heu…alors, j’pense que j’tiens plutôt pas mal sur mes deux jambes mais avec cette chose-là…” Je pointe du doigt le skate qu’il est allé replacer un peu plus loin. ‘“...C’est une autre histoire.”

Ok.
Ressentir les choses.
Et bien penser à rejeter l’entièreté de la faute sur Elijah si je tombe. Mais non, j’rigole.
Ca ne doit pas être si sorcier. J’vis l’instant comme une véritable épreuve de vérité. Je cramponne les mains d’Eli’ comme on se cramponne à la vie et j’acquiesce pour dire que je suis prête. Les premières secondes sont assez terrifiantes, j’sais pas trop de quoi j’ai l’air, mais ça ne doit pas être glorieux. Mes jambes sont toutes contractées et tremblent un peu, j’me sens partir un peu en arrière mais j’me retiens aux mains de mon pote. “J’ai l’impression d’être empotée overload…” J’serre les dents puis j’essaye de me détendre, c’est pas en restant figée comme un morceau d’bois que je vais faire des étincelles. Puis à force d’allers-retours, j’commence à “ressentir les choses”, j’ai l’impression que mon corps prends conscience de ce qu’il doit faire, que là, là, c’est mon moment. “ Vas-y, lâche mes mains !” Que j’lui lance, confiante. J’garde les yeux fixés loin devant moi, les genoux légèrement fléchis et je roule quelques mètres. “Whooo !! Look at that !!” Je m’écris en lançant mes bras en l’air. L’erreur. J’me déséquilibre et j’tombe lourdement, right sur les fesses, la planche de skate continuant sa course tranquillement derrière moi. “C’est à ça que j’vais avoir le plus de mal à m’habituer…”

lumos maxima

Hazel, elle a le profil pour skater. C'est une meuf cool, mais si elle veut être encore plus à la cool, faudrait qu'elle ait un skate sous les pieds. Et là, on serait au climax. D'ailleurs, c'est le gage qu'elle me donne si j'm'éclate sur la rampe. Il y a de fortes chances que ça arrive et j'lui promets de faire d'elle une vrai championne. En vrai, la marge de progression, elle est énorme vu que Hazel ne sait pas du tout skater. Alors si j'm'y prends bien et que j'suis un minimum pédagogue, elle devrait sortir de tout ça avec des skills plus élevé que maintenant. - pas compliqué cela dit. Et c'qui devait arriver, arriva. La rampe cèda sous mon poids. J'm'attendais pas à des miracles, mais c'est quand même un p'tit pincement au coeur que j'ressens quand j'la vois, gisant, là, toute cassée. C'est quand même dingue de mettre autant d'énergie dans la construction d'un truc pour que ça soit aussi bancal. Définitivement, faudrait que j'prenne des cours de bricolage. Hazel, elle fait un p'tit discours, court et efficace en sa mémoire et moi j'reste bien sérieux à côté. "Amen" que je rajoute, toujours très sérieux. J'pense que si quelqu'un arrivait à la station maintenant, il serait bien dubitatif. Mais le regard des autres, ça fait bien longtemps que j'm'en contre-fou, encore plus quand Hazel est dans le coin.

Finalement, c'est le moment de passer aux choses sérieuses. Hazel, elle semble pas trop down de faire ça maintenant. Mais j'plante mon regard dans le sien. "Ca sert à rien d'retarder les choses Hazel!" Comme s'il s'agissait d'un truc horrible à faire. Et puis de toute façon, moi quand j'partais à un truc, il n'y avait pas moyen de m'arrêter. Alors j'me plaçais, prêt à lui donner sa première leçon. L'équilibre. Ca c'était une notion assez délicate, on était pas tous égaux la dessus. Hazel, elle semblait pas hyper sûre de sa faculté à tenir en équilibre la dessus. Je haussais les épaules. "Ca va le faire, j'suis sûr." Ouais première chose pour être un bon professeur, c'est de croire en ses élèves, et d'leur donner confiance. Si j'semble apeuré d'la faire monter sur la planche, elle aura forcément peur. Alors faut être confiant et tout ira bien. Je l'espèce.

J'me positionne devant le skate, et lui donne quelques conseils, histoire d'pas juste la faire monter dessus et d'la laisser se débrouiller. Ca serait pas cool. Hazel prend les mains que j'lui tends et elle grimpe sur le skate. J'sens que ça tremblote un peu, alors j'coince d'abord la roue avec mon pied, juste pour qu'elle trouve sa stabilité. Finalement, on s'met à avancer, Hazel elle se cramponne à mes mains mais tellement fort que j'sens bien là, que sa confiance envers le skate, elle est au plus bas. Je rigole à ses mots. "Mais naan, détends toi, laisse la planche rouler smooth, et tout ira mieux." Elle était contractée Hazel, j'le voyais bien. Mais plus le temps avançait et plus j'la sentais se détendre. On f'sait des aller-retour, et à force, j'vois la confiance qui nait dans le regard d'Hazel. Elle me demande de la lâcher. Alors c'est c'que j'fais et j'la regarde qui s'éloigne, les jambes un peu fléchies. "T'as un flow de ouuf Hazel là!" que j'lui réponds quand elle me demande de regarder. Ca me fait marrer, on dirait une p'tite gamine qui arrive à rouler sans les p'tites roues de derrières et qui veut que tout le monde la regarde. Sauf que là, elle lève les bras pour fêter sa victoire et BOUM. Le déséquilibre et la chute. Je grimace et j'm'avance vers elle pour lui tendre la main pour l'aider à se relever. "Ouais, c'est la partie la moins fun, mais c'est un peu .. inévitable." J'comptais pas le nombre de fois où je m'étais casser la figure à bord de mon skate, c'était plus rare maintenant, sauf quand je tentais des figures un peu plus complexes. Une fois debout, j'plantais mon regard dans le sien. "Tu veux retenter ou t'as eu ton compte pour aujourd'hui?" Je marquais une pause avant de reprendre. "Dois y avoir des invendus de canettes et de snikers dans la réserve, si jamais ça t'dis!" Ouais, l'avantage de travailler là, c'est que j'avais accès presque illimité à d'la bouffe et des boissons, gratos! Cet endroit, cet emploi, c'était la planque parfaite pour moi.

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☽☽ Si c'était si facile, tout le monde le ferait, qui tu serais pour réussir où tous les autres ont échoué? Oublie tes rêves prétentieux, redescend sur terre ou tu n'en reviendras jamais

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