Hayley & Leighton - Curiosité quand tu nous tiens.

Invité

Il était 7h00 du matin, le soleil venait de se lever, et Leighton se trouvait déjà au parc. Excitée par les nombreuses tasses de café qu'elle avait bu, elle bougeait de gauche à droite, de droite à gauche, portait des sacs et des cartons. C'était un jour important pour elle. Elle avait la charge d'une séance photo Chanel, qu'elle devait envoyer à la maison mère et qui pouvait lui rapporter gros : la responsabilité du magasin dans lequel elle travaillait. Pour cause, sa chef avait pris ses clics et ses clacs et s'était mise en arrêt, probablement pour dépression ou surmenage. Leighton l'avait quelque peu poussée dans cette spirale infernale, appuyant là où ça faisait mal, ou lui rappelant maintes et maintes fois qu'à son âge, sa responsable était toujours célibataire, sans gosses et que l'horloge biologique, elle, n'attendrait pas. C'était certes radical mais Leighton n'avait pas peur d'écraser les autres pour arriver à ses fins. Et en y regardant bien, elle avait ouvert les yeux de sa responsable qui se gâchait la vie à cause d'un travail trop prenant. Soit, Leighton avait sa chef dans la poche et le job était à portée de mains. Accompagnée de ses collègues, elle termina de décharger la camionnette et lança deux-trois ordres afin que tout soit nickel. La jeune femme était très perfectionniste et malgré ses vingt-deux ans, elle avait une prestance qui en imposait énormément. Les mains sur les hanches, elle observa le parc désert. L'endroit était parfait, la lumière matinale allait mettre en valeur les nouveaux produits. Les deux mannequins étaient là, en train de se préparer. Tout était réuni pour que ce soit réussi. Elle n'attendait plus que la photographe qu'elle n'avait encore jamais rencontrée. Hayley Johnson, d'après le dossier laissé par sa chef.

Invité

Je m’étais levée avec beaucoup d’avance. J’avais signé un magnifique contrat avec Chanel. Chanel. Je peinais encore à y croire. Moi qui pensais que j’aurai énormément de mal à travailler pour une telle marque, c’était la chance qui m’avait souris et je n’allais pas la gâcher. Aux Etats-Unis, j’avais obtenu un contrat de la part d’une grosse boite locale, j’avais bossé dur car je savais que je n’aurai pas eu de seconde chance. Bien que rien ne pouvait être plus prestigieux que Chanel, je savais quand même à quoi m’en tenir et j’avais un peu peur de savoir avec qui j’allais travailler. Il y avait deux sortes d’individu : ceux qui restaient humbles, et ceux qui prenaient les autres de haut, qui étaient au sommet, qui étaient capable de tout pour y arriver ou tout simplement parce qu'ils se croyaient meilleurs que tout le monde en travaillant dans telle ou telle boite. Il n’y avait pas vraiment de juste milieu. J’avais peut-être des préjugés, mais à Los Angeles, il était difficile de les briser la plupart du temps. Mon but n’était pas de me faire un maximum d’argent, je travaillais pour le plaisir. La photographie, c’était ma passion et j’avouais avoir déjà rompu un contrat tout simplement parce que le boss était trop arrogant et que c’était devenu une contrainte de bosser pour lui. En discuter simplement n’avait strictement rien changé, et il ne fallait pas me prendre pour une conne, loin de là.

En arrivant au parc, il n’était pas difficile de repérer les lieux et je m’approchais avec mon sac. J’y avais mis tout mon matériel, bien que j’en avais eu besoin d’un second. Malgré ma fuite, mon nécessaire de travail était bien là. Oui, j’avais tout pris avec moi cette nuit-là, sauf peut-être quelques petites choses. Des investissements avaient dû être fait par-ci par-là, mais le plus gros avait embarqué avec moi dans l’avion. C’était avec cela que je gagnais ma vie, je n’étais douée que pour la photographie, je vivais pour elle et il ne me restait qu'elle aujourd'hui. Me reconvertir aurait été compliquée et je ne voulais pas passer ma vie à chanter dans un bar. J’espérais que cela ne soit que temporaire. Je devais trouver Leighton Rhodes, c’était elle qui avait la charge de la séance photo. Un type m’indiqua une jeune femme qui semblait observer les lieux. Me dirigeant vers elle, je l’interrompis en me présentant.

-Bonjour. Mademoiselle Rhodes ? Je suis Hayley Johnson, la photographe,

fis-je en lui tendant la main.

Invité

Perdue dans ses pensées, le regard se promenant sur l'horizon, Leighton se fit interrompre par un de ses collègues, qui, bizarrement, se faisait tout petit. Lui, il avait quelque chose à se reprocher. Pas manqué ! Monsieur avait oublié deux projecteurs au magasin. Pourtant, elle le lui avait bien demandé s'il les avait tous pris. "Compte sur moi... j'ai tout !". Mais bien sûr ! Comme quoi, on n'était jamais mieux servi que par soi-même. Après, il ne fallait pas s'étonner du fait que Leighton n'aimait pas les gens, en général. Elle le foudroya du regard - et quand elle le faisait, ce n'était jamais très réjouissant pour la personne en face - et lui lança les clés de la camionnette. Maîtrisant son ton, qu'elle tenta de rendre neutre, ce qui rendait le tout plutôt flippant, elle rétorqua :

"Mais quelle équipe de bras cassés, ce n'est pas possible... Je m'en fiche, tu vas les chercher de suite. Et dépêche-toi, la photographe ne devrait pas tarder !"

Bien évidemment, ce fut dans ce total capharnaüm que la photographe arriva. Elle lança un "bouge !" à son collègue qui se mit à courir jusqu'à la camionnette. Il valait mieux, pour lui, qu'il répare son erreur rapidement. Il connaissait Leighton et son côté perfectionniste. Derrière son visage d'ange se cachait une véritable tigresse et il était bien préférable d'être dans ses bonnes grâces. Dans le cas contraire, elle pouvait se montrer irritable, imbuvable, insupportable, voire même méchante. Elle s'avança pour rejoindre la photographe et lui serra la main qu'elle lui tendait, affichant un sourire de courtoisie.

"Enchantée, Mademoiselle Johnson. Excusez-nous pour les désagréments de dernière minute. Comme j'ai pu vous le dire au téléphone, ma responsable, Melle Matthews, que vous avez pu rencontrer à plusieurs reprises n'a vraiment pas pu être présente aujourd'hui."

La faute à quoi ? A Leighty What a Face

. D'un geste de la main, elle lui montra le coin buffet qu'ils avaient établi vers lequel elle s'avança. Ils oubliaient les projecteurs, mais la bouffe, et le café, ça, ils ne l'oubliaient pas ! Leighton leva les yeux au ciel, exaspérée, avant de se tourner vers la photographe.

"Puis-je vous proposer un café, un thé en attendant le retour de mon collègue ? Sans compter que j'aimerai bien discuter avec vous de la séance photo, avant que nous commencions"

En gros, Leighton s'apprêtait à sortir la grosse artillerie, pour voir si la photographe était à la hauteur de ses attentes.

Invité

Eh bien, à peine arriver, ça râlait déjà. Bon, je savais que les séances photos avaient toujours des airs de prise de tête et de tension en fonction du milieu. Le milieu de la mode et du luxe ? Oula, il ne fallait pas en parler. Je savais que trop bien les effets pervers et la mentalité que l’on pouvait y trouver. Il ne fallait contrarier personne, sans pour autant se faire marcher sur les pieds. Il y avait une chose de bien ici, c’était que je doutais fortement retrouver la même mentalité que j’avais déjà pu croiser. Rodeo Drive et ses boutiques de luxe, il fallait avoir le cœur accroché. Bref, c’était peut-être Chanel, je n’avais pas le droit à un faux pas, mais je pouvais également dire que j’avais connu pire niveau environnement. D’un côté, j’étais plutôt ravie de reprendre ma carrière à Bowen, c’était tout autre chose.

Oui, je connaissais Melle Matthews, c’était grâce à elle que j’étais ici. Dommage qu’elle ne soit pas présente, mais j’avais su lui prouver que j’étais apte pour ce job. J’étais professionnelle, très impliquée dans mon travail et à tout temps. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, je faisais ce qui devait être fait ou tout simplement par plaisir et défi que je me lançais.

-Il y a des aléas dans tout travail. J’ai connu pire qu’un oubli de matériel,

fis-je en souriant.

Discuter ou me tester. Je n’étais pas dupe, à sa façon de le dire, elle n’avait pas l’intention de papoter de la pluie et du beau temps autour d’un café. J’avais appris à me méfier des apparences. Une fois devant le buffet, je posai mes sacs au sol, ils ne risquaient rien ici. Puis, levant mon regard vairon vers elle, je répondis :

-Je vous écoute, de quoi voulez-vous parler ?

Prenant mon café, j’observais les lieux, voulant tâter le terrain. Je connaissais le parc mais tout était à voir quand on organisait une séance photo. Un lieu familier pouvait rapidement s’avérer complexe. Le terrain était bien choisi et en plein air, cela donnait de nombreuses possibilités. Repoussant une de mes mèches qui se balada devant mes yeux, je donnai mon avis. Le lieu actuel était à découvert, simple et le lever de soleil donnera de sublimes effets. Des effets lumineux et avec de la chaleur. Le tout sera de bien cadrer et de capter ce que je désire.

-Il sera facile de capter la lumière naissante du soleil, les différents mélanges de couleur dont le ciel sera doté. Par contre, autant profiter d’être en extérieur pour bouger un peu et de ne pas rendre cette séance aussi monotone qu’en studio. Près des arbres serait pas mal pour jouer avec les ombres et les mouvements.

C’était pour cela que je favorisais le travail à l’extérieur, en ville ou en pleine nature. Je n’étais pas une personne appréciant rester enfermée pour prendre des photos. Après, il fallait s’adapter au client, on ne choisissait pas vraiment, certains étaient très fermés aux propositions.

-Quels effets voulez-vous donner ? Un côté plus naturel et aéré ou plus carré ? Les gens aujourd’hui aiment la fraicheur, dans le sens d’avoir de l’originalité, et de la chaleur sur les tons qui ressortent, sur la couleur et la lumière, sans parler de l’expression des mannequins. Ils y sont très sensibles, surtout ceux vivant dans de grandes villes, cela leur permet de s’échapper de la lourdeur de l’urbanisation. Le produit n'est qu'un accessoire, et si l'ensemble ne convient pas, lui non plus.

Et les grandes villes, les marques y étaient très souvent implantées.

Invité

Leighton était à cran. Cela se ressentait, et ce, même si la jeune femme gardait son air assuré, qui tendait parfois sur l'arrogance. On l'aborda de nouveau pour quelques broutilles, ce à quoi elle répondit avec professionnalisme. La jeune femme savait gérer une équipe et la moindre des choses était que cette équipe soit la plus professionnelle possible. Elle les avait bien prévenu des enjeux. Il n'y avait que son cher collègue qui, lui, n'en avait fait qu'à sa tête. Soit... elle l'étriperait plus tard. Elle s'excusa rapidement de l'absence de sa responsable, mais on voyait très bien que la jeune femme n'était nullement touchée par la non-présence de cette dernière. Elle l'avait voulu, elle l'avait eu. A la réplique de la photographe, Leighton répondit par un sourire.

"Attendez, la journée n'est pas terminée."

Tout pouvait arriver durant une séance photo. Une météo qui fait des caprices, du matériel qui vous lâche... C'était bien cela que Leighton craignait. Sur cela, elle n'avait pas le contrôle, ce qu'elle détestait. Elle était le genre de femme à vouloir toujours tout mener, tout manipuler à sa guise. Enfin, à l'instant T, elle voulait surtout voir si Melle Johnson entrait dans le moule. Chanel, ce n'était pas rien. C'était une marque prestigieuse. En gros, la classe, soit on l'avait, soit on ne l'avait pas. Elle voulait justement discuter de la séance photo. Leighton écouta avec attention les propositions de Hayley. Elle n'avait peut-être pas l'oeil du photographe, mais elle avait un certain goût de l'esthétique qui comblait cette lacune. Et à vrai dire, elle était pleinement d'accord avec l'avis de la jeune femme.

"Je pense que nous allons bien nous entendre."

Se contenta-t'elle de répondre, avec un léger sourire. Et quand Hayley lui demanda quel effet elle voulait donner aux photos, Leighton répondit du tac au tac :

"Comme vous le savez, Chanel existe depuis un certain temps et a su se créer une renommée internationale. J'aimerai garder cette élégance propre à la maison, mais tout en apportant une pointe de modernité, sans pour autant tomber dans l'extravagance. Tout cela inséré dans ce magnifique cadre que nous avons devant nous. En somme, du prestige et du naturel... c'est ce que je voudrais que vous retranscriviez dans vos photos."

Elle attendait surtout de voir ce que cela allait donner comme résultat. Leighton prit son café en main et but une gorgée. Comme si elle n'avait pas assez de caféine dans le sang. Elle regarda, pardon surveilla, les divers employés s'agiter dans tous les sens. C'était une véritable fourmilière. Quelle ambiance plaisante. Elle se retourna ensuite vers la photographe.

"Cela fait longtemps que vous exercez le métier de photographe ?"

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