#23 - now you know it, that I'm at an all time low (Alexis)

Alexis & Kay

Des sommeils comme celui-ci, bien agité et peu reposant, ça fait bien longtemps que Kay n’y avait pas été confronté. Un peu après son arrivée à Bowen, après avoir réduit drastiquement sa consommation de cocaïne, ses nuits avaient retrouvé un semblant de calme. La drogue n’aidait aucunement son cerveau dans ce genre de cas, amplifiant l’anxiété et la peine qu’il pouvait ressentir. C’est presque comme s’il avait oublié toutes ces nuits à Londres et ses réveils en sueur, ce besoin d’en reprendre toujours plus pour ne pas dormir et la douleur encore plus forte par la suite. Un cercle vicieux dans lequel il pourrait retomber bien trop facilement. Et à chaque réveil en sursaut, une certaine colère montait naturellement en lui. Énervé contre lui-même, le Britannique est bien incapable de faire la part des choses, s’estimant faible. Une honte qui ne pouvait être qu’amplifié en sachant Alexis dans la pièce. Lui-même n’avait déjà pas envie de se voir comme ça alors elle encore moins. Rien qu’en l’apercevant dans l’encadrement de la porte, la honte montait chez lui, amplifiant à nouveau cette irritabilité liée à ses consommations de la nuit précédente. Clairement, il aurait préféré se retrouver seul dans ce moment plutôt que de se sentir aussi vulnérable. “Oui, oui. Ça va.” Répondit-il un peu trop sèchement, peinant toujours à retrouver un rythme cardiaque normal. Le regard fixé sur ses pieds, il n’osait même pas la regarder. Comme la dernière fois, il allait regretter de se braquer de la sorte avec elle, mais ce recul, il ne l’aurait que quelques heures voir quelques jours plus tard. Pour le moment, la main de la brunette dans son dos avait surtout le don de l’agacer encore plus malgré la douceur de ce geste. “J’ai besoin de rien. Ça va, je t’ai dit.” On pouvait sentir tout son agacement dans sa voix. Malgré les apparences, c’est contre lui qu’il était agacé. Au fond, Alexis, elle voulait juste être là pour lui et il en avait conscience. S’il avait toute sa tête, qu’il n’était pas encore embrumée par le sommeil et la descente, il éviterait le sujet, mais il la remercierait quand même comme il avait pu la remercier juste avant de s’endormir. Là, il était juste grognon et son ego prenait une claque complètement disproportionnée. Même en sentant un baiser d’Alexis contre son épaule, il n’arrivait pas à se calmer, se contentant simplement de froncer les sourcils. Elle proposait à nouveau une oreille attentive, mais clairement, ce n’était pas avec ce mood qu’il allait donner des infos sur le bordel qui se passait dans sa tête. Bien au contraire. Il choisissait d’esquiver la question pour une autre, plus pragmatique. “Il est quelle heure ?” Demanda-t-il en tournant finalement le regard vers elle. De façade, il semblait avoir retrouvé un certain calme, malgré un rythme cardiaque supérieur à la moyenne, il avait fini par retrouver un semblant de respiration. Dans sa tête, par contre, déboulaient des informations en pagaille. “Il faudrait que j’aille voir si mon portefeuille et mon portable ne sont pas restés dans la boîte” Annonça-t-il en soupirant. Classique dans ce genre de situation, il trouvait la meilleure option pour fuir. L’heure allait déterminer si cette option serait viable ou non. La nuit tombée lui donnait de l’espoir là-dessus. La fuite restant l’option la plus safe pour lui, comme pour elle. En restant sur ce lit trop longtemps, il prendrait le risque de prononcer un mot de travers juste par pur agacement. Ils étaient déjà passés par là un peu plus tôt dans la journée, autant ne pas répéter la situation. C’est l’excuse qu’il se donnerait en tout cas pour ne pas avouer qu’il reprendrait bien un rail pour s’évader de sa propre tête.

Alexis & Kay

À chaque fois j'me disais que Kay pourrait pas m'faire fuir, qu'il ferait jamais un truc assez horrible pour que je mette mes sentiments pour lui de côté et choisisse de m'éloigner. Chaque fois, il me prévenait, m'avertissait d'un comportement futur. C'était le même pattern, j'étais avertie, j'savais à quoi m'attendre. Et pourtant, chaque fois j'étais un peu déçue, un peu secouée. J'pouvais pas que le blâmer lui, j'étais grande j'faisais mes propres choix en toute connaissance de cause et pourtant. C'était comme si je balayais ses avertissements, préférant me convaincre qu'on était assez spéciaux pour ne pas s'rendre jusque là. Que j'étais assez spéciale pour qu'il agisse autrement. C'était pas le cas. Y'avait rien de spécial à part comment je m'sentais par rapport à lui et ça, ça ne changerait rien à comment il était au fond : orgueilleux, trop pour se rendre compte que j'voulais qu'être là pour lui, trop pour se laisser aller et oser être 100% lui-même et vulnérable. Alors quand j'étais entrée dans ma chambre, tout en douceur et en bienveillance, je m'étais bien voilée la face sur la réaction qu'il pourrait avoir. J'sais pas à quoi je m'attendais, c'était pas pour rien qu'il m'avait mentionné avant ne pas vouloir qu'on s'engueule. Il le savait comment il réagirait. C'était juste plus fort que moi de penser que tout serait ok. Alors j'essayais, probablement trop, d'être sympa et de ne rien provoquer même si j'avais mille questions. J'essayais aussi d'ignorer son ton sec et le fait qu'il semblait incapable de me regarder. Il n'avait besoin de rien et j'sentais que ça incluait ma présence. Petite pensée qui faisait assez mal d'ailleurs. '' D'accord, excuse-moi. '' dis-je doucement. J'sentais mon propre agacement face à sa réaction monté, mais j'le contenais, décidant plutôt de m'excuser d'avoir trop insisté. Des excuses pas trop sincères, mais qui servaient juste à calmer le jeu. Je sentis même les muscle de Kay se crisper d'agacement alors que je déposai un baiser sur son épaule avant qu'il ignore complètement ma proposition d'oreille attentive. Respire Alexis, respire. '' Il est 21h30. '' dis-je calmement pour répondre à sa question en regardant mon téléphone.  Il n'avait pas dormi siiii longtemps que ça, quelques heures, le temps d'une courte nuit. J'examinai son regard posé sur moi, son regard froid et distant, encore embrumé par la fatigue. Il semblait calme par contre, j'étais plus certaine si ça devrait me rassurer ou pas. Il parlait de ses effets personnels, son portefeuille et son portable, égarés quelque part au courant de la nuit et de la journée, on savait plus trop. '' Oui, tu veux qu'on mange un truc avant? On pourra retracer tes pas ensuite. '' proposai-je. Je ne sais pas si j'avais  fait exprès d'ignorer le fait que sa phrase était au je ou si je l'avais fait de façon inconsciente. Dans ma tête, il n'était pas resté dormir pour se barrer après, mais vu son humeur, il n'avait probablement que ça en tête. Ça me faisait penser qu'on était de retour à la case départ, de retour à il y a deux mois de cela quand il était venu après l'accident. C'était lui et moi, c'était pas nous comme on s'était dit. J'le sentais incroyablement distant et à ce moment précis, j'savais pas si ce serait différent un jour, si on ferait un pas hors de ce cercle vicieux sans plus jamais y remettre les pieds. Je soupirai légèrement face à son agacement. '' Est-ce que tu voulais de mon aide ou tu préférais être seul? '' demandai-je avec un demi-sourire triste. Je la connaissais sa réponse, j'avais même pas besoin de lui poser la question, son non-verbal face à ma présence voulait déjà tout dire, mais autant avoir une réponse claire à voix haute à ce stade, comme ça on ne pourrait pas dire que j'avais surinterprété. J''voulais pas lui imposer ma présence, j'voulais qu'il choisisse d'être avec moi. Si je l'énervais plus qu'autre chose, je préférais le laisser aller. J'me demandais quand même combien de fois j'pourrais vivre cette situation.

Alexis & Kay

Les montagnes russes, encore et encore. Ça semblait sans fin avec eux. Dépendant de l’humeur de l’un ou de l’autre, leurs moments ensemble pouvaient vite vriller, éclipsant au passage toutes les fois où l’amusement et la douceur ont réussi à primer. Le fautif de ce genre de moment, c’est souvent le Britannique. Incapable de gérer ses émotions, le jeune Anglais finissait souvent par être désagréable sans vrai bonne raison. Cette fois-ci, c’est la fatigue et la honte multipliées par l’irritabilité de la descente. Un argument qu’il se répéterait plus tard, mais qui n’excusait aucunement ce comportement bien trop prévisible. À croire qu’il n’apprenait pas de ses erreurs passées, retombant la tête la première dans ses vieux travers. Clairement, ce n’était pas juste pour Alexis, mais ça, il s’en rendrait compte bien plus tard. Il s’en excuserait sûrement, mais pour qu’elle le comprenne, pour éviter que ce genre de situation se reproduise, ce n’est pas de simple excuse qu’il allait être nécessaire. S’il ne voulait pas reproduire ce schéma à l’infini, c’est bien de réelles explications qu’il allait devoir lui fournir. Pour le moment, Alexis tentait de calmer le jeu. Elle répondait même à sa question sans sourciller et quand bien même, c’est tout ce qu’il lui demandait dans cet état, il manquait nettement de tact. À commencer par le soupir qui suivit la proposition de la brunette de commencer par un repas avant de partir à la recherche de ses affaires. Elle avait raison au fond, vu l’heure, manger serait l’idéal pour ne pas continuer de partir en vrille. Il aurait pu prendre la route facile pour tous les deux et accepté, mais bien évidemment, il hochait négativement de la tête. “J’ai pas faim. T’as pas encore mangé, toi ?” Demanda-t-il en arquant un sourcil. Ne sachant pas quand il allait se réveiller, elle aurait très bien pu manger pendant sa sieste. Ça lui paraissait être une chose logique à faire. Il essayait de détourner la question sur elle pour ne pas avoir à avouer qu’au fond, c’est la nausée qui le guettait. S’il n’était pas prêt à sentir le regard d’Alexis après avoir fait un cauchemar, il n’allait pas non plus se rendre malade devant elle. Une fierté mal placée qui le poussait à vouloir fuir cet appartement, mais surtout à la fuir elle, jusqu’au moment où il serait apte à être lui-même. Alexis l’avait sûrement compris puisqu’elle en arrivait à demander des précisions en rapport avec l’affirmation précédente. “Je ne vais pas te faire traverser la ville à pied une deuxième fois aujourd’hui.” Répondit-il finalement pour ne pas vraiment avouer à voix haute qu’il préférait partir seul. Un argument valable cela dit puisque même sans vouloir s’enfuir, il aurait été capable de lui dire ça. Il le pensait réellement sans que cette fois ce soit sa motivation première. Le brun fini tout de même par soupirer avant de poser sa main sur la joue de la jeune femme. Il lui affichait lui aussi un demi-sourire, sans être certain d’être prêt à se calmer totalement, il faisait un pas vers elle. “Il faut juste que je retrouve mes affaires et que j’ai de quoi m’acheter des cigarettes pour me calmer.” Un peu d’air frais et de quoi fumer ne lui ferais certainement pas de mal. Ce qu’il n’osait pas avouer, c’est qu’une fois arriver à la boite, s’ils ont ses affaires, il serait bien capable de renquiller sur une nouvelle soirée de beuverie. Il retrouvait son pattern londonien sans en prendre totalement conscience. À peine un jour après être retombé dans ses angoisses, il était prêt à faire n’importe quoi, à sortir tous les soirs et à enchaîner les consommations nuisibles. “Sur le chemin, je peux te ramener quelque chose à manger par contre.” Proposa-t-il avant de déposer un baiser sur les lèvres de la Brésilienne. Pas sûr qu’il puisse tenir cette résolution, mais sur l’instant, c’est peut-être la seule chose qui lui permettrait de rentrer directement après son passage à la boîte. Il tentait d’apaiser les choses lui aussi, conscient de son comportement loin d’être irréprochable tout au long de la journée.

Alexis & Kay

À chaque fois avec Kay, j'me découvrais un peu plus de patience que j'en aurais eu normalement. Je m'impressionnais moi-même avec cette capacité à garder mon calme. J'aurais bien aimé l'avoir lors de cette fameuse soirée avec Ramsay, ça m'aurait servi à avoir encore un travail, une carrière. Clairement, cette capacité était influencée - ou aveuglée - par les sentiments que j'éprouvais pour Kay. Parce que clairement si y'avait pas ça, j'me ferais pas chier et je passerais au suivant. Là, j'espérais toujours que ça passe et qu'on revienne au calme et à la douceur qu'on savait avoir parfois. C'est juste qu'on était pas trop stable alors ça pouvait vite dérailler, puis passer d'une ambiance à l'autre. C'était vraiment très sain oui. Bref, malgré mes efforts pour rester calme et être douce et gentille et tout ça, on ressentait quand même une bonne tension dans la chambre depuis que j'y avais rejoint Kay. Il amenait l'expression se lever du mauvais pied à un tout autre niveau. J'savais plus trop comment l'aborder, quoi lui dire, j'avais l'impression de tout faire de travers même en lui proposant de manger un truc. Kay il enchainait les soupirs, les réponses sèches et les expressions agacées et moi, j'savais plus comment réagir. « Non j'ai pas mangé. Le frigo est vide alors... Je t'attendais. » lui répondis-je calmement. Il n'avait pas faim, j'allais pas le forcer à manger non plus. « C'est pas grave, j'étais pas en train de mourir de faim non plus. » dis-je plutôt rapidement, au cas où il interprète mal mes paroles et le fait que je l'avais attendu. Kay semblait surtout préoccupé par ses effets personnels, chose que je pouvais comprendre. J'lui proposai mon aide, mais je voulais pas lui imposer non plus. Je commençais quand même à le connaître et donc, sa réponse ne me surpris pas, pas certaine que c'était la raison principale. « C'est sympa de ta part. » lâchai-je doucement en baissant les yeux. J'me forçais à sourire, ça réussissait à moitié, mais j'étais un peu déçue de cette distance entre nous, de cette froideur. J'sais pas si Kay arrivait à le sentir ça, mais il eut un léger changement dans son attitude alors qu'il posa sa main sur ma joue. La mienne vint automatiquement se poser par dessus alors que je levais le regard vers lui et ses justifications. « Ouais c'est bon, j'comprends. »  Je comprenais, mais j'avais aussi un peu peur qu'il ne revienne pas et que ça reste sur cette note. Parce qu'au final, j'avais absolument pas profité de sa présence aujourd'hui. Sa proposition suivante me donna tout de même un peu espoir. Son baiser aussi, c'était comme la preuve que j'avais besoin pour prouver que j'agissais bien là, j'faisais bien d'être patiente. Un sourire plus sincère se dessina sur mon visage. « Tu vas revenir? » demandai-je pleine d'espoir. « J'aimerais bien oui. » dis-je en hochant la tête, acceptant en même temps de ne pas y aller avec lui. Ça me semblait être un bon deal, il voulait être seul et j'avais faim. Et puis j'étais pas difficile, n'importe quoi ferait le travail à ce stade, tant qu'il était là au retour et de meilleure humeur. Une partie de moi restait tout de même réticente, redoutant un genre de piège, une façon pour que je le laisse tranquille. Alors qu'il se levait, je mis ma main sur son poignet pour le retenir. « Kay? » demandai-je doucement. J'avais pas envie d'être la fille lourde ou quoi que ce soit, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'être un peu nerveuse ou insécure face à la situation. « On est ok mmh? » demandai-je en levant mes deux yeux bruns vers lui. C'était difficile parfois de faire la part des choses, de pas penser que le problème venait de moi, de nous, surtout sans réellement savoir ce qu'il se passait dans sa tête. J'avais jamais été du genre à partir dans tous les sens et à douter de moi-même, mais avec Kay j'expérimentais pas mal de nouvelles émotions, certaines agréables et d'autres moins. Comme celle-là.

Alexis & Kay

Les réveils en pleine descente de drogue n’étaient pas évidents de base. Il avait l’agacement facile le petit Kay. Irrité par la moindre chose, il pouvait en devenir désagréable et cette fois, c’est Alexis qui en payait les frais. Ses nuits agitées et ses angoisses des derniers jours ne faisaient qu’amplifier le phénomène. Alexis, elle essayait de faire preuve de patience et mine de rien, il pouvait le sentir, Kay. Il avait beau être agacé par la moindre petite remarque, il sentait les efforts fournis par la Brésilienne. Malgré le ton un peu trop froid de Kay, elle ne se démontait pas, répondant calmement. Mine de rien, des réponses pragmatiques et loin des sujets qui fâchent, c’est tout ce dont il avait besoin pour se détendre un peu. Il aurait pu sauter sur la moindre occasion de se prendre la tête, juste pour se défouler. Bien sûr, il aurait regretté amèrement de s’en prendre à elle pour absolument zéro raison valable, mais c’est sa façon de fonctionner : pousser les gens bien loin pour se protéger dès qu’il se sent vulnérable. Le mieux pour eux, c’était sûrement qu’il parte seul prendre l’air. Pour ne pas complètement la repousser, il avait trouvé l’excuse de sa jambe pour s’éviter de sortir à deux. Alexis, elle n’est pas dupe, mais ça semblait passer puisqu’elle n’y mettait aucune opposition. L’attitude du jeune Anglais changeait en fonction. Sentant déjà la raison grandir en lui, il s’adoucissait en sentant Alexis réceptive à le laisser faire comme il l’entendait. La seule chose dont elle s’inquiétait, c’est de savoir s’il allait réellement revenir. Un sourire se dessina sur le visage de Kay avant qu’il ne hoche la tête positivement.“Hum, hum”  Comme pour sceller une promesse tacite, il déposait un nouveau baiser sur ses lèvres. Ça l’aiderait lui aussi à ne pas s’embourber de plus belle dans n’importe quelle soirée imprévue. Sans trop savoir dans quoi il mettait les pieds, il garderait tout de même une ligne de conduite, passer du temps avec elle valant toutes les défonce du monde. Au moment de se lever, elle retint tout de même son bras. Se retournant vers elle légèrement incrédule, il s’attendait plus à une remarque ou à une mise en garde qu’à la question d’Alexis. La surprise de la question lui décrochait un petit rire. Instinctivement, il se pencha pour déposer un baiser délicat sur son front. “Bien sûr qu’on est ok.” Dit-il d’une voix beaucoup plus chaleureuse que celle utilisée quelques minutes plus tôt. Le problème dans cette histoire, et il en avait conscience, c’est lui et personne d’autre. Si Alexis avait réagi différemment, peut-être qu’ils n’auraient pas été si ok que ça, mais pour le moment, c’était à lui et à personne d’autre de se calmer.“A tout à l’heure.” Murmura-t-il avant de déposer un dernier baiser sur les lèvres de la jeune femme. Sans trop savoir combien de temps allait lui prendre son expédition, cette accalmie le motivait d’autant plus à tenir sa promesse.

Se rappelant du chemin parcouru en début d'après-midi, Kay décida de passer par l’appartement où s’était déroulé l’after. Il avait sûrement plus de chance de retrouver ses affaires en faisant le chemin en sens inverse. Une chance pour lui, tous les participants encore présents lors de son départ étaient rentrés chez eux. Une tentation de moins pour rester traîner. Le propriétaire des lieux lui paya simplement une bière et un joint avant de lui rendre sa veste. Le premier surpris de retrouver cette veste fut le Britannique qui n’avait pas compté ça dans ses effets personnels perdus. Au moins, ses clopes et son portefeuille étaient dedans. Il enchaîna ensuite par la boîte où il avait passé une majeure partie de la soirée pour y retrouver son téléphone, mais sans succès. Après être passé dans deux bars dont il se souvenait, le Britannique finit son périple devant un foodtruck où ils avaient possiblement mangé. Son dernier espoir fut le bon. Malgré un téléphone complètement en miettes, ça le rassurait de l’avoir retrouvé. Rassuré, le brun se posa quelques instants devant la mer pour fumer un autre joint avant de commander des pizzas et de faire route pour retrouver Alexis. C’est presque deux heures plus tard qu’il passait la porte de l'appartement avec trois pizzas dans une main et un pack de bière dans l’autre. Il affichait un petit sourire à Alexis, ne sachant pas trop comment elle allait l'accueillir après tout ce temps. “Hey ! Eli est là ? Dans le doute, j’ai pris aussi pour lui.” Annonça-t-il en déposant les boîtes sur la table de basse. En soupirant, il s'assit ensuite dans le canapé près d’Alexis. “J’ai des humeurs bizarres en ce moment, ne m’en tiens pas trop rigueur.” Lâcha-t-il sincèrement. La marche lui avait fait du bien, et malgré ses yeux rougis par les joints fumés, il avait pris pas mal de recul sur son comportement précédent.

Alexis & Kay

Bien sûr qu'on est ok. Ça semblait d'une évidence quand il le disait comme ça, quand il me regardait comme ça. Et pourtant, j'arrivais pas très souvent à en être sûre. Kay, il m'aurait fallu une map de sa tête, un verbatim de ses pensées afin d'être moins dans l'incertitude. J'avais souvent l'impression de marcher sur des oeufs. P'tête qu'il ressentait la même chose avec moi, un rien pouvait nous faire déraper après tout. J'avais surtout l'impression qu'il faisait son chemin et que j'essayais d'le suivre. Dans des moments comme aujourd'hui, j'me questionnais si ça m'allait, si c'était de ça dont j'avais envie. Par contre, quand on vivait de bons moments et qu'il n'y avait que nous deux dans notre bulle, sans aucun facteur externe, j'pensais même pas à rien remettre en question. C'était évident que ça m'allait parce que j'me sentais jamais aussi bien que dans ces moments. Je pense juste qu'il pouvait avoir un peu trop de pouvoir sur moi parfois, il avait une grande capacité à influencer comment j'allais et comment j'me sentais et cette capacité là, elle n'aurait dû appartenir qu'à moi. J'avais un peu l'impression que c'était trop tard pour faire marche arrière là-dessus, c'était quand même pas comme si j'avais un contrôle quelconque sur comment je me sentais par rapport à Kay. Ça ne faisait que grandir de jour en jour, de moment doux en moment doux et de dispute en dispute. J'imagine que je gardais espoir que celles-ci soient moins fréquentes une fois qu'il laisserait tomber un peu de sa carapace, comme j'avais fait. '' À toute à l'heure. '' lui répondis-je avec un petit sourire, charmée par ce baiser, comme s'il avait le pouvoir de tout effacer.

Encore une fois, j'sais pas à quoi je m'attendais en regardant Kay sortir de ma chambre, puis quitter mon appartement pour aller récupérer ses biens. Certainement pas à ce que ça prenne cinq minutes, mais pas non plus à ce que ça prenne autant de temps. J'aurais pu m'endormir, mais mes yeux étaient restés bien ouverts. Au bout de deux heures, j'avais un peu perdu espoir qu'il revienne. Perdu espoir de manger aussi, pas que c'était ce qui m'importait en ce moment. Ça avait un p'tit goût amer tout ça. Je laissai mon téléphone sur mon lit et retournai à la cuisine pour me faire un verre d'eau. C'est d'ailleurs là que j'étais lorsque la porte s'ouvrit sur un Kay de meilleure humeur que plus tôt, tenant des pizzas et un pack de bières. Je fronçai légèrement les sourcils, le regardant se diriger vers le salon. '' Non il est avec sa copine. '' déclarai-je en me laissant tomber sur le sofa. J'aurais aimé être de meilleure humeur mais le délai, la fatigue et la faim, ça jouait pas bien. Le sentiment d'être prise pour une conne aussi alors que Kay semblait moins sobre que lors de son départ et qu'il avait ramené de la bière alors qu'il semblait même pas apte à prendre un verre d'eau plus tôt. Quand j'me sentais comme ça, c'était pas l'envie de discuter qui m'étouffait. J'me refermais tout simplement, balayant tous les efforts faits plus tôt pour ne pas fâcher Kay, j'avais fini par l'être moi-même. Ses excuses n'aidaient en rien, j'avais même l'impression qu'il prenait ça à la légère, que c'était juste un petit moment de mauvaise humeur passagère, comme s'il avait mal dormi. '' Hum. Si tu le dis. '' dis-je simplement en prenant soin de ne pas le regarder. Je détestais me sentir comme ça et me mettre dans cet état, mais cette situation entière... Elle m'avait inquiété au départ, mais de le voir là indifférent après s'être baladé pendant plus de deux heures et revenir ici comme une fleur, just doesn't sit right with me. '' T'as trouvé tes trucs? '' demandai-je surtout pour combler le silence. À ce stade, je m'en fichais pas mal en fait.

Alexis & Kay

Sans portable fonctionnel, Kay avait quelque peu perdu la notion du temps, se repérant simplement à chaque nouvel endroit où il s’était arrêté. Une balade qui lui avait fait beaucoup de bien, mais qui lui avait aussi pris beaucoup de temps. C’est sans trop savoir à quoi s’attendre qu’il était rentré dans l’appartement d’Alexis. Pas qu’il s’attendait à une médaille pour le fait d’être revenu, mais étant lui-même de meilleure humeur, il espérait ne pas l’avoir trop agacé avec ses sautes d’humeur. Si c’était le cas, il avait la naïveté de croire que quelques pizzas et un sourire l’aiderait à apaiser la tension mise en place précédemment. Il eut bien vite la réponse en passant la porte. Si Alexis n’était pas totalement froide dans son approche, elle ne respirait pas non plus la joie. En plus, il n’aurait pas l’aide d’Elijah pour remettre un peu de gaîté dans cet appartement visiblement, mais ça lui laissait tout de même l’occasion de s’excuser tranquillement. Enfin s’excuser, c’est un bien grand mot puisqu’il se justifiait plus qu’autre chose. Pas vraiment la meilleure des façons pour désamorcer la situation. La réponse d’Alexis, sans un regard, en était la preuve. Le brun soupira doucement en comprenant qu’il avait deux choix dans cette situation. Continuer de faire comme si de rien était et prendre le risque de l’énerver elle ou jouer la carte de l’honnête. Une de ces options lui semblait plus simple que l’autre, mais pourrait aussi entraîner des répercussions qu’il n’était pas prêt à assumer. Prendre tout à la légère, c’est aussi mettre une distance de sécurité. Une technique qu’il avait utilisée toute sa vie et qui restait ancrée en lui comme un automatisme. La weedfumé un peu plus tôt, avant de rentrer l’aidait grandement à s’apaiser, à réfléchir un peu plus aux conséquences de ses gestes, mais elle l’avait aussi rendu plus long à la détente. Alors, le temps qu’il puisse ouvrir sa gueule pour suivre son premier instinct qui était de blaguer, Alexis brisa le silence en premier. Pris par surprise, il regarda sa tenue quelques instants. “Hum… Oui, j’avais carrément oublié ma veste” Annonça-t-il avant de sortir son téléphone de sa poche de pantalon. “Par contre, j’ai dû faire trois endroits différents pour retrouver ça.” Dit-il en observant son portable brisé dans ses mains. Il était bon pour aller en racheter un nouveau dès le lendemain. En observant l’écran cassé, il en arrivait à se demander comment il avait pu faire autant de dégâts, mais les souvenirs s’étaient bel et bien envolés. Il soupira en le remplaçant dans sa poche. Son regard se plaça doucement sur Alexis qu’il sentait bien distante depuis son arrivée. Il s’épanchait sur ses affaires sans raison. Ce n’était plus le plus important à présent. D’une main, Kay vint déplacer une mèche de cheveux de la Brésilienne en caressant doucement sa joue. “Hey…” Commença-t-il, conscient qu’il se lançait sur un tout autre chemin que le désamorçage par une blague nulle. “J’ai l’impression de ne faire que ça aujourd’hui, mais je suis désolé pour tout à l’heure.” Depuis qu’il avait mis les pieds dans cet appartement plusieurs heures auparavant, il jouait au con avant de finir par s’excuser. Ça commençait à faire beaucoup pour une seule journée. Délicatement, il se penchait vers elle pour déposer un baiser sur sa joue. “Je suis… Enfin…” Tenta-t-il une première fois. Une grimace fendit son visage alors qu’il cherchait ses mots. Arrivé à cette heure ci, il n’allait pas gagner de free-pass avec Alexis, il tentait donc de gagner un peu d’assurance pour mettre des mots sur ce qui se passait dans sa tête. “En ce moment, j’suis triste, j’ai le mal du pays et… j’ai peur. Ça ne fait pas le meilleur des combos.” Avoua-t-il finalement sans lâcher la jolie brune des yeux pour jauger sa réaction. C’est comme s’il appréhendait qu’elle ne prenne plus ses paroles au sérieux maintenant qu’il était enfin prêt à être un minimum honnête. Fidèle à lui-même, il restait toujours assez évasif, mais cette fois, c’était surtout pour attendre une quelconque réaction de la brune. Histoire de savoir si ça servait vraiment à quelque chose qu’il s’ouvre un peu plus.

Alexis & Kay

Normalement, Kay il s'en sortait avec un joli sourire, une blague ou encore mieux, un baiser. J'étais pas trop difficile à convaincre en général quand il merdait. Si on avait déjà passé des semaines sans s'adresser la parole, c'était plus possible de faire ça depuis un petit moment maintenant. L'idée de quelques jours même me paraissait horrible. Par contre, c'était la première fois qu'il merdait autant. Pas qu'il avait fait quelque chose d'absolument atroce et impardonnable, juste que c'était beaucoup de petites choses accumulées. J'étais pas dans sa tête et j'avais aucune idée de ses tracas, ça rendait donc la chose difficilement compréhensible pour moi. J'essayais pourtant, j'essayais vraiment de faire la part des choses et de ne pas lui prêter des intentions ou de surinterpréter ses gestes ou ses paroles. Et c'était dur. J'avais l'habitude de m'enflammer, de réagir, de poser des questions. J'étais pas de nature posée et réfléchie. J'agissais et je réfléchissais après. Avec Kay, j'avais pas eu le choix de remettre tout ça en question, d'agir autrement. J'voulais que ça dure, que ça continue et si j'étais impulsive, ça ne ferait pas long feu. Non seulement ça, mais il éveillait également en moi une nature plus bienveillante, une patience, un soucis de l'autre - de lui- et de vouloir prendre soin de lui. C'était ça qui ressortait la plupart du temps, mais malgré mes efforts, ben parfois le naturel revenait et j'avoue qu'après avoir fait preuve d'autant de patience plus tôt, j'étais agacée qu'il en profite largement en prenant bien son temps pour trouver ses trucs et en revenant deux heures plus tard comme si de rien était, les yeux tout rouge avec une p'tite blague sous la manche. J'avais pas envie de péter un cable, mais j'avais pas envie d'être toute souriante non plus. Surtout quand il mentionna que j'devais pas lui en tenir rigueur. Ça scella bien mon humeur comme il faut alors que j'évitais d'le regarder, consciente qu'il trouverait rien de doux et agréable dans mes yeux en ce moment. J'lui posai tout de même la question sur ses biens afin d'éviter une engueulade par ma réaction. Il semblait pas comprendre Kay que j'me fichais de la réponse en fait. Je jetai un coup d'oeil désintéressé à sa veste et à son téléphone, reportant mon attention sur la pizza devant moi. J'avais même pas l'envie de répondre, j'étais entrée en mode carapace, le traitement du silence étant bien plus simple pour moi que d'exprimer comment je me sentais en ce moment. Ça, Kay sembla le remarquer parce que sa main glissa sur l'une de mes mèches de cheveux, caressant ma joue. Ce simple contact pouvait suffir à me faire fondre normalement, mais même si ça m'apaisait un peu, ça ne changea pas mon humeur. Je fis un petit sourire crispé alors qu'il s'excusait encore. Mais il s'excusait de quoi au juste? Parce qu'à mon avis, y'avait plusieurs points qui méritaient des excuses, mais aussi des clarifications. Je soupirai légèrement, fermant les yeux au contact de ses lèvres sur ma joue. Ça aussi ça fonctionnait bien normalement. Ça fonctionnait même un peu juste là, mais si je capitulais, ça lui laisserait savoir qu'il pouvait refaire tout ce numéro quand il voulait et que j'allais l'accepter. Par contre, il semblait vouloir s'exprimer et ça avait l'air difficile. Ça, ça capta mon attention. Je tournai la tête vers lui, à l'écoute parce que c'était rare qu'il ne faisait pas que balayer tout du revers de la main. Je fronçai légèrement les sourcils. Peu de mots, beaucoup d'informations. Je savais pas laquelle gérer en premier. Le fait qu'il parle enfin un peu de ses émotions, ça m'adoucit sur le champ. J'attrapai sa main et plantai mon regard dans le sien. '' Tu es... Triste? Et tu as peur? '' répétai-je d'abord, un peu inquiète mais triste aussi d'entendre ça. '' Pourquoi? '' demandai-je doucement, caressant sa main avec mon pouce. Ce côté là de Kay, je ne le connaissais pas, je ne l'avais jamais vu. Je cherchais presque une réponse dans ses yeux, peu certaine s'il allait me la donner à l'oral. J'avais bien entendu qu'il avait le mal du pays aussi, ça me rendait nerveuse la simple idée qu'il puisse juste retourner en Angleterre et disparaitre de ma vie. Selon comment la discussion irait, j'imagine qu'il m'expliquerait ce point là aussi.

Alexis & Kay

L’ambiance avait encore changé entre eux. Enfin changé, mais pas tant que ça. Un coup, c’est l’un qui est agacé, un coup, c’est l’autre. Au moins, ça leur évitait de se prendre la tête trop fort. Chacun faisait des efforts à son tour au lieu de se confronter trop radicalement. Tout n’était pas sain dans leur relation, mais au moins, ils apprenaient à dealer avec l’autre. La personne la plus mature là-dedans, c’était bel et bien Alexis. Elle avait pris beaucoup plus sur elle que lui. Kay étant le seul responsable de cette situation, il ne pouvait pas vraiment se plaindre de cette réaction. Parler de ses affaires ce n’était qu’une distraction de quelques secondes, Alexis ayant l’air de s’en foutre un peu (beaucoup s’il était parfaitement honnête). Et c’est sûrement le fait qu’elle ne prononce plus le moindre mot après ça qui le poussait d’autant plus à s’expliquer un peu. Il avait beau être con et renfermé, il tenait bien trop à cette relation pour se permettre de la repousser une fois de plus en restant totalement fermé. Alors après quelques contacts physiques, dans le but de l’apaiser elle, mais aussi dans le but de se donner du courage à lui-même, le brun tenta un début d’explication. Comme toujours, il restait bien évasif, une façon de mettre un orteil dans l’eau et de prendre la température. Kay, ça n’a jamais été le genre de gars à s’épancher sur ses problèmes et encore moins sur ce qu’il pouvait ressentir. Il préférait nettement l’amusement, quitte à tout garder pour lui jusqu’à l’implosion. Sa seule technique pour relâcher la pression, jusqu’ici, ça avait été de consommer tout un tas de substances illicites. De base, il le faisait pour s’amuser, pour accroître le plaisir qu’il pouvait prendre de ses soirées. Souvent, dans l’excès, il réussissait tout de même à garder tout ça dans le divertissement. Seulement, depuis l’année dernière, il avait aussi cette tendance à sur-consommer pour oublier, pour renfermer encore plus son mal-être. L’avantage de Bowen c’est que personne n’en était encore venu à lui poser des questions là-dessus. Il n’avait jamais eu à justifier ses actions. Aujourd’hui, c’était différent. Au pied du mur, il se retrouvait à se dévoiler à Alexis. Forcément, il s’attendait à une réaction de la part de la Brésilienne, mais il redoutait toujours un peu sa propre façon de réagir aux questions que tout ça pourrait engendrer. Il aurait certainement préféré esquiver ces questions et ça aurait sûrement été plus simple si elle avait continué de lui faire la tête. Au moins, il aurait eu une raison pour ne pas avoir à s’épancher sur tout ce qu’il avait en tête. Mais forcément, et à raison, elle voulait creuser plus. Elle s’était même adoucie instantanément. Il pouvait le sentir dans ses gestes. Alors il recommençait à se sentir honteux, fuyant son regard après qu’elle ait posé ses questions. Fixant ses pieds, le brun soupira comme pour se donner du courage.“C’est juste que… Mes potes me manquent.” Avoua-t-il d’abord, sans trop savoir comment aborder le vrai sujet. Un mal-être traîné en lui, lié à un seul et même événement, mais qui avait chamboulé toute sa vie.“Un en particulier.” Ajouta-t-il en grattant nerveusement sa nuque de sa main libre. Sans trop savoir s’il allait déballer toute l’histoire, il avait cette impression d’en avoir déjà trop dit pour s’arrêter en chemin. En plus, ce n’est pas comme si personne n’était au courant de cette histoire. Il en avait parlé à Maddie et ses frères en avaient eu vent. Que des conversations en surface. La différence avec Alexis, c’est qu’en n'en parlant, il décidait d’ouvrir la boîte de pandore et il n’était pas certain de pouvoir faire marche arrière par la suite.“J’ai perdu mon meilleur pote il y a un an, en fait. Il y a pile un an cette semaine.” Un soupir profond vint accompagner cette révélation. Il prenait sur lui de toutes ses forces pour se lancer sur ce sujet. Il avait pris soin d’esquiver la partie sur ses peurs jusque-là, mais au point où il en était, autant y aller all-in. Pris dans un élan de vérité, Kay lâcha la main d’Alexis en se levant pour commencer à faire quelques pas dans le salon. Les bras croisés contre son torse, tout dans son langage corporel sous-entendait un inconfort certain. Après un dernier soupir, il se tourna finalement vers elle avec un petit sourire crispé. “Et.. Je devrais avoir peur de finir comme lui. C’est de ça que je devrais avoir peur, de ses merdes que je prends pour me sentir bien.” Mais non, le souci était ailleurs et ça, il s’en sentait coupable. Ses soucis, ses peurs, elles semblaient si futiles et égoïste alors que lui, il avait encore la chance d’être encore en vie. Une vie qu’il mettait si facilement en péril avec le risque de la dose de trop.

Alexis & Kay

J'étais pas certaine si on avait déjà eu une conversation sérieuse Kay et moi. Une conversation sans que ça vire en engueulade ou sans que ce soit banalisé par des blagues. Vite comme ça, j'arrivais pas à me souvenir, mais ça n'avait certainement rien à voir avec ce qui était à venir. Kay, il faisait rarement le premier pas, encore moins pour ce genre de trucs. Il parlait pas de comment il se sentait, j'devais souvent lui tirer les informations du nez, insister un peu ou passer par mille chemins. Il était comme ça, peu à l'aise avec le fait de partager ses émotions et j'pouvais être un peu comme ça aussi. J'étais toutefois bien moins pire, mais j'arrivais quand même à comprendre et à ne pas trop le forcer à communiquer. J'avais parfois l'impression de passer à côté du vrai Kay par contre, alors que j'aimerais vraiment qu'il me laisse voir cette facette de lui. J'avais l'impression qu'on pouvait pas réellement avancer sans que ce soit chose faite. Même si j'lui en voulais encore pour toutes les petites bêtises accumulées aujourd'hui, j'pouvais pas m'empêcher de m'adoucir dès qu'il mis des mots sur comment il se sentait. J'trouvais important de me montrer réceptive, rendre la chose un peu moins compliqué pour lui. S'il devait se confier à une Alexis fermée et en colère, ça le ferait pas. Je m'attendais pas à ce qu'il mette des mots aussi clairs, même en en disant aussi peu. Ça vint me chercher un peu, j'tenais beaucoup à Kay et le savoir triste, ça me rendait triste aussi. J'le questionnai doucement, sans vouloir trop en demander même si j'avais énormément de questions en tête. Son regard se baissa automatiquement, comme s'il regrettait d'avoir parlé, comme s'il avait honte. J'le laissai réagir, ne brusquant rien au risque qu'il se braque. J'pouvais avoir une tendance à trop parler. J'allais juste... L'écouter, le laisser aller à son rythme. Il parla de ses amis qui lui manquaient, un en particulier. Je pouvais comprendre, surtout s'il avait le mal du pays ça avait du sens. Par contre, je ne m'attendais pas à la petite bombe qu'il me lâcha ensuite. Je restai surprise, un peu sous le choc alors que j'le regardais s'agiter, clairement pas dans son élément. « J'suis tellement désolée. » soufflai-je, faute de savoir quoi dire d'autre. J'avais pas l'impression qu'il y avait UNE bonne chose à dire dans ce genre de situation. J'le regardais et ça me rendait triste. J'avais juste envie de le prendre dans mes bras, de prendre sa douleur, mais j'lui laissai plutôt son espace pour réagir et continuer à parler. Il lâcha ma main et je le suivis des yeux alors qu'il se levait. Il faisait les cent pas, Kay il avait autre chose à dire. Il n'avait répondu qu'à la moitié de ma question après tout. Je fronçai des sourcils alors qu'il reprenait la parole, j'étais pas sûre de bien suivre, mais j'voulais lui laisser la place de s'exprimer. J'apprenais à le faire. J'étais aussi un peu perturbée par le moment, pas certaine de bien savoir comment réagir, c'était pas mon fort. J'comprenais bien que c'était donc pas de ça qu'il avait peur, mais j'me disais que ça devait être bien pire. « T'as peur de quoi, alors? » lui demandai-je doucement. Je me levai lentement pour me mettre face à lui et soutenir son regard, incapable de rester loin de lui trop longtemps pendant ce moment. Je plissai un peu les yeux, ils reflétaient clairement de la compassion, de l'inquiétude, encore. On dirait que j'avais un peu peur de sa réponse. Je ne m'étais jamais imaginé que ça pouvait être sombre dans la tête de Kay, qu'il pourrait être constamment en train de combattre ses démons. Il était si doué à le cacher normalement, mais là ce masque il était sur le point de tomber. J'espérais que ce soit moins pire que ce à quoi je m'attendais, mais dans tous le cas j'serais là pour l'aider à gérer par la suite.

Alexis & Kay

En revenant chez Alex comme une fleur, Kay ne s’attendait pas vraiment à ce que la situation prenne ce tournant-là. Il n’était pas vraiment prêt à lui parler de ses tracas. Il n’était jamais vraiment prêt avec personne de toute façon. S’il devait s’ouvrir à quelqu’un, la logique voudrait qu’elle soit la première à qui il se confie, mais c’est toujours compliqué pour lui. Ayant l’habitude d’être le gars nonchalant que rien n’affecte, il n’avait jamais pris le pli de s’ouvrir complètement aux autres. À une époque, il le faisait un peu avec Galahad. Le départ de ce dernier de Londres, que Kay avait pris comme une trahison à l’époque, avait coupé court à toute révélation future. En fait, le seul avec qui il était totalement en confiance pour évoquer ses états d’âme, c’était Mickey. Depuis son décès, il n’avait rien trouvé de mieux qu’intérioriser tout. C’était donc la première fois depuis son arrivé à Bowen qu’il s'autorise enfin à en parler à quelqu’un. Pas qu’il en ressente vraiment le besoin, là, c’était plus pour expliquer un peu le contexte à Alexis. Pas la meilleure des démarches, mais au moins, il faisait un pas vers elle. Et mine de rien, même s’il ne voit pas les choses de cette manière, ça l’aiderait sûrement. Il ne rentrait pas vraiment dans les détails non plus, annonçant simplement des faits à Alexis. Il n’attendait pas spécialement une réponse de sa part, mais un demi-sourire triste s’afficha sur son visage en entendant les mots de la Brésilienne. Lancé dans sa démarche de sincérité, il avait eu besoin de se lever, comme si marcher dans la pièce l’aiderait à trouver ses mots. Une forte impression de se lancer sur un terrain glissant se faisait ressentir en lui. En avouant ne pas avoir peur de finir comme son meilleur pote, il ouvrait la porte à toutes suppositions de la part d’Alexis. Il se mettait même tout seul au bord du gouffre, entraînant une question à laquelle il n’avait pas spécialement envie de répondre. Alexis s’était positionnée face à lui et encore une fois, sa première réaction fut de fuir son regard. Les yeux baissés une nouvelle fois par la honte, le malaise s’amplifiait en lui. “Je… J'veux pas…” Commença-t-il, incapable de trouver les mots exacts. Incapable surtout d’être complètement honnête. Clairement, il n’avait pas envie d’admettre à voix haute que sa peur la plus ancrée était de perdre ses proches. Pourtant, peu de gens rentraient dans cette catégorie. Il avait mal vécu le départ de ses deux frères, la mort de son meilleur pote et aujourd’hui, il avait peur de la place que prenait Alexis dans sa vie. Une personne de plus qui pourrait l’abandonner comme les autres. Alors pour ne pas avouer ça à voix haute, le Britannique soupira une nouvelle fois avant de poser sa tête sur l’épaule d’Alexis. Un besoin soudain de contact physique pour lui faire comprendre qu’il n’avait plus la force de parler. “Peu-importe, c’est débile.” Et voilà que les habitudes revenaient au galop. Le brun préférant balayer de la main ses peurs pour ne pas trop s'exposer. “J'devrais pas me sentir comme ça et surtout, j'devrais pas te le faire subir.” Admit-il avant de relever la tête pour lui faire face. Un petit sourire crispé s’étirait sur son visage, empli d’une tristesse qu’il n’arrivait plus à cacher. Une de ses mains venait à la rencontre de la joue d’Alexis pour la caresser tendrement du bout des doigts. Il prenait le temps d’apprécier ce contact qui lui mettait un peu de baume au cœur avant d'enchaîner. “Juste, Alex.” Souffla-t-il doucement, le regard perdu sur le visage de la Brésilienne. “J’espère que tu sais que quand je réagis comme tout à l’heure, je ne suis pas en colère contre toi, mais contre moi-même.” Avoua-t-il finalement dans un soupir. C’est important pour lui de mettre les choses au clair. N’étant pas le gars le plus obvious du monde parfois, il repensait à la question qu’elle lui avait posée plus tôt. Maintenant, qu’elle avait plus de contexte, peut-être que son simple “bien sûr” prononcé plutôt prenait un peu plus sens.  

Alexis & Kay

C'était dur pour Kay de s'exprimer, de m'expliquer comment il se sentait et pourquoi il se sentait comme ça. En fait, j'avais jamais vu personne qui avait autant de difficulté à parler que lui. C'était, par moment, frustrant, mais aussi inquiétant.  Normalement, je ne m'en faisais pas trop avec ça parce que nos moments ensemble restaient somme toute assez légers, mais aujourd'hui c'était pas le cas. Sa difficulté semblait venir de loin et il semblait y avoir beaucoup de choses enfouies sous ce silence. Je ne savais pas Kay il irait jusqu'où dans ses explications et ses confidences. Une partie de moi espérait qu'il dirait tout, qu'il se soulagerait de son poids qui me paraissait bien lourd, mais je commençais à le connaître et j'me doutais qu'il s'en tiendrait au minimum. Ce que j'avais besoin de savoir pour comprendre, pour faire un plus un dans ma tête avec son comportement et ce qu'il m'avait déjà dévoilé. Parce qu'en ce moment, c'était un peu le chaos parmi mes pensées et mes suppositions. Il avait ouvert la porte à ce que je m'imagine plein de choses et c'était pas des trucs positifs. Mon inquiétude n'était que multipliée et même si j'voulais pas l'harceler de questions et le forcer à dire quoi que ce soit, j'avais pas le choix de demander. C'était presque plus fort que moi. Je m'étais levée pour le regarder, en tout cas pour essayer de chercher son regard. Il était inconfortable, fuyant et j'savais pas comment le rendre à l'aise ni même si c'était possible de le faire. Il commença à parler, c'était presque prometteur, mais il s'arrêta bien vite après deux mots. Il finit par déposer sa tête sur mon épaule et naturellement, mes bras l'entourèrent, comme pour lui signifier que c'était ok. Je soupirai légèrement en l'entendant reculer et balayer ses émotions du revers de la main. Un pas en avant, deux pas en arrière. Au moins, j'avais une idée un peu plus claire de ce qui se tramait là-dedans, juste un peu. '' C'est pas débile si c'est comme ça que tu te sens. '' lui dis-je doucement. Ma mère elle avait l'habitude de me dire que toutes mes émotions étaient complètement valides peu importe ce qu'elles étaient. J'avais un peu perdu de vue cette façon de penser, mais ça me semblait totalement logique de l'appliquer à Kay. Disons juste que lui pensait de façon différente. '' C'est bon, c'est pas grave. '' lui dis-je en caressant doucement son dos. C'était plus grave en fait, dans ma tête, toute la journée d'aujourd'hui avait été instantanément oubliée. J'avais cette tendance à pardonner facilement, mais surtout dans le moment, ça me semblait secondaire et j'me concentrais surtout sur comment Kay se sentait à l'instant. Ce serait probablement un problème récurrent, qui me créerait des frustrations à un autre moment, mais je verrais ça en temps et lieux. Il releva sa tête et son regard rempli de tristesse me fit beaucoup de peine. J'savais déjà que c'était plus possible pour moi de juste m'en aller, de me désintéressé de lui, mais à ce moment j'crois que je compris à quel point ce que je ressentais était fort et que j'avais pas envie de le laisser seul là-dedans. Ses doigts sur ma joue firent du bien, comme un contact rassurant après ces émotions et ces inquiétudes. Je l'écoutai et lui fit un petit sourire en hochant la tête. '' Je garderai ça en tête pour la prochaine fois. '' dis-je légèrement sur le ton de la blague. Dans l'agitation d'un moment de ce genre, c'était un détail facile à oublier et même si je me doutais que je n'avais pas fait quelque chose pour le rendre comme ça, c'était toujours mieux de se le faire dire. Mes mains se déposèrent sur ses bras, les caressant doucement, gardant mon regard dans le sien. '' Je sais que c'est pas facile pour toi de parler... Et j'veux pas te forcer. Mais si jamais t'en ressens l'envie ou que tu te sens prêt à un moment.. J'suis capable d'écouter sans dire un mot. '' dis-je avec un petit sourire.

Alexis & Kay

Peut-être qu’un jour, Kay trouverait la recette pour réussir à s’ouvrir complètement. Ça lui prenait tellement de temps avant d’en arriver à un point de confiance suffisante pour livrer quelques infos sur lui. Il faut dire qu’il n’avait pas envie que le regard des autres sur lui change, tout comme il ne sentait jamais le besoin de raconter certains détails qu’ils considéraient dérisoire. Là, Alexis avait besoin de ces détails pour comprendre ses réactions, sans ça, il aurait pu mettre des mois avant de délivrer la moindre information sur les événements de l’année passée. Sans ce besoin de contexte, il ne se serait jamais vu lui raconter tout de but en blanc. Ce n’est simplement pas sa façon de procéder. Un peu hypocrite de sa part de penser que tout ça n’avait pas d’importance, alors qu’il était le premier content de découvrir des choses sur Alexis. Bien qu’ils aient déjà parlé de communication, Kay était encore bien loin du point où il serait capable de tout lui dire. Cette soirée, c’est un début, mais rien qu’en voyant sa réaction par la suite, à faire marche arrière, il était facile de comprendre qu’il avait encore beaucoup de chemin à parcourir. Heureusement, la douceur d’Alexis l’aidait pas mal. Elle avait dû bien patienter avant que le moindre mot ne sorte, mais il appréciait cette façon qu’elle avait de ne pas trop le pousser non plus. Même si ses mots faisaient sens, il avait du mal à voir les choses de la même façon qu’elle. Il se sentait toujours un peu con d’avoir ce genre de peur alors qu’au fond, lui, il avait encore la chance d’être vivant et de profiter. C’est une certaine culpabilité qui le poussait à se sentir comme ça. Mais sans en parler franchement, difficile de le faire comprendre aux autres et surtout à elle. Alors il préférait rester silencieux avant d’enchaîner sur autre chose. Profitant des caresses réconfortantes d’Alexis. Peu à peu, elle arrivait à le détendre. Même sans faire grand-chose, juste par sa présence. Ça lui faisait du bien au fond de vider un peu son sac et surtout, c’est elle qui lui faisait du bien. Avec tout ça, il se ressentait le besoin de préciser à nouveau que son comportement envers elle un peu plus tôt était surtout dû à son énervement contre lui-même. La honte qu’il ressentait et la descente n’aidant pas du tout à le faire sentir à l’aise. Un mecanisme de défense qui s’était mis en place sans qu’il n’arrive à faire la part des choses. “La prochaine fois.” Répéta-t-il avec un petit sourire amusé. Bien évidemment que ça allait se reproduire, il faudrait être naïf pour croire que non. “Surtout, fous-moi à la porte la prochaine fois, y a que comme ça que je comprends”  Ajouta-t-il en riant doucement. Le traitement du silence où se faire mettre à la porte. Deux options qui menaient toujours à la même chose : Kay qui réfléchit à ce qu’il a dit. Un peu de réflexion forcé parfois ça ne fait pas de mal. Cela dit, avec lui, tout pouvait vite s’avérer être à double tranchant. Une chance sur deux qu’il joue au con. L’avantage qu’avait Alexis maintenant, comparé a il y a quelques mois, c’est que chaque contact physique, chaque regard qu’elle posait sur lui pouvait aussi le calmer. Une pouvoir plus qu’efficace et qu’elle était la seule à détenir. Rien qu’en caressant ses bras, elle arrivait là à lui enlever un peu plus de son malaise qui l’avait submergé un peu plus tôt. C’est même un sourire franc qui s’affichait sur le visage du Britannique en écoutant ses mots. “Je sais, c’est juste bizarre.” Admit-il sans perdre son sourire. “Je me vois mal arriver chez toi pour te balancer un : hey, salut, mon meilleur pote a fait une overdose l’année dernière et depuis, j’ai peur de perdre les gens auxquels je m’attache, sinon ça va toi ? C’est un peu bizarre.” Il gardait un ton amusé, comme si tout ce qu’il était en train de dire relevait de la blague. Imaginant la situation dans sa tête, ça lui semblait tellement lunaire qu’il en riait. Pourtant, c’est sans s’en rendre vraiment compte qu’il venait de balancer plus d’infos. Il n’attendait même pas la réaction d’Alexis avant de venir déposer un baiser sur son front et enchaîner. De meilleures humeurs à présent, il n’avait plus envie de trop s’attarder sur le sujet. “Mais je garde ça en tête promis. On mange maintenant ? T’as toujours faim ?” Demanda-t-il presque trop nonchalamment après tout ça. Sa façon de détourner le sujet et d’essayer de passer quand même un peu de temps tranquille avec elle.  

Alexis & Kay

Ce serait de se voiler la face complètement de se dire que ce genre de situation n'arriverait plus jamais. On était loin d'être à nos derniers moments de mise au point ou même d'engueulade. Suffisait de voir qui était les deux principaux impliqués. Deux pas doués en communication et pas doués en relation. On aurait une petite passe plus calme et hop, ça reprendrait, c'était prévisible. J'aimais bien me dire qu'on trouvait quand même toujours le moyen de revenir l'un vers l'autre, ça devait bien vouloir dire quelque chose, non? En tout cas, ça pouvait se justifier par le fait qu'on tenait l'un à l'autre malgré nos gros défauts. « On se voilera pas la face hein. » dis-je en riant. J'me permis de blaguer à ce sujet parce que les nerfs étaient retombés, parce que j'me sentais plus en colère comme quelques minutes auparavant. Kay, il était important, bien plus important que ces moments de dérapage - même s'ils étaient franchement chiants. J'arrivais facilement à focaliser sur autre chose dès que c'était plus calme et dès qu'il éprouvait du regret. C'était p'tête naïf de ma part, c'était aussi absolument l'inverse de ce que je m'étais promis pour une prochaine relation, mais c'était comme ça. the heart wants what it wants qu'on disait. Puis, j'osais penser que tout ça, ça mènerait quelque part et que ça en vaudrait la peine. Avant de se rendre là, Kay suggérait de le foutre à la porte la prochaine fois et j'comptais bien considérer cette option, ne serait-ce que pour le bien de notre futur. « Mmh, la méthode dure hein? J'essayerai voir ce que ça donne. » dis-je avec un petit sourire. Restait à voir s'il serait en état de se faire foutre dehors. J'voudrais quand même pas qu'il finisse dans un ravin. J'voudrais encore moins en être responsable. L'ambiance s'apaisa un peu, ramenant une discussion un peu plus naturelle entre nous deux ainsi que des contacts physiques. J'pouvais me les permettre maintenant que Kay ne semblait plus complètement agacé par chaque geste et chaque parole que je disais. Mine de rien, ce calme et ces contacts m'avaient manqué aujourd'hui et s'ils semblaient apaiser le Britannique, ils avaient le même effet sur moi. Pas au même niveau quand même, ça semblait même faire des miracles chez lui puisqu'il se mit tout bonnement à parler, donnant des détails sur les informations partagées plus tôt, sans même que j'aie à les demander. Mon premier réflexe fut d'arrêter tout ce que je faisais et de lever la tête vers lui, un peu choquée par la spontanéité de ses confidences. Ça faisait beaucoup d'infos d'un coup et j'voulais bien gérer, mais je m'attendais absolument pas à ça. Tout prenait tranquillement sens dans ma tête. Il ria, déposa un baiser sur mon front et changea de sujet sans même s'en rendre compte, proposant de manger. Je fixai le vide un court instant avant de relever la tête vers lui. « Euh.. Oui, oui j'ai toujours faim. » dis-je doucement, pensive. Je me laissai tomber sur le canapé à côté de lui, laissant un petit silence s'installer. Je tournai la tête vers Kay, toujours troublée par ses révélations. « Il a fait une overdose? » demandai-je en le regardant. C'était probablement égoïste de ma part parce que sur le coup, je ne pensais pas à sa peine, au mal que ça lui avait procuré. Je pensais au fait que Kay était arrivé complètement défoncé, qu'il consommait régulièrement et qu'il venait de me dire qu'il n'avait pas peur de finir comme lui. Et ça m'inquiétait. Ça me rendait aussi un peu... En colère je pense. Parce qu'il venait de créer cette peur en moi maintenant, qu'il finisse comme ça aussi. Il avait peur de perdre les gens auxquels il s'attachait, mais lui se permettait de prendre des risques, ne pensant pas aux conséquences pour les autres. Sauf que sachant mon rapport avec l'oxy, ce serait hypocrite de lui dire d'arrêter de prendre quoi que ce soit. J'avais l'impression de ressentir plein d'émotions hyper contradictoires et j'savais pas ce qui était valide ou non à dire. J'avalai ma salive, cherchant un peu mes mots. « Comment ça t'as pas peur de finir comme lui? » demandai-je finalement, le regard probablement rempli d'incompréhensions.

Alexis & Kay

Après la tempête revenaient le calme et les rires. À ce stade, ils étaient abonnés à ce genre d’ambiance changeante. Avec ça, ils ne risquaient pas de s’ennuyer, même si à l’usure, Alexis allait sûrement d’en avoir marre. Kay, il faisait de son mieux pour avancer dans le bon sens, mais il avait encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’arriver sur une mer d’huile. Les tempêtes, elles allaient encore se lever et sûrement pas qu’une fois. C’est pour ça qu’avoir une méthode pour calmer les ardeurs de l’un ou de l’autre ce n’était pas de trop. En théorie, ils devraient mieux s’en sortir avec le temps, commençant à comprendre les mécaniques de l'autre au fur et à mesure. C’était déjà la deuxième fois de la journée que Kay omettait l’option de se faire mettre à la porte. Ça lui était déjà arrivé par le passé, il parlait donc en connaissance de cause. La différence, c’est qu’avec Alexis cette méthode risquait de se montrer efficace. Là où il prendrait tout à la légère avec les autres filles, avec elle, il arrivait toujours à se remettre un minimum en question. Une preuve certaine de son attachement à elle et à leur relation. Il ne peut pas se permettre de tout foutre en l’air n’importe comment en jouant au con. Non, cette option n’est simplement plus pensable à ce stade de leur relation. Elle fait à présent partie de ces personnes qu’il ne veut pas perdre. Ce genre de personne qui, malgré le mur d’indifférence qu’il avait bâti devant lui, avait réussi à se frayer un chemin dans son cœur. Alexis, elle est encore à un niveau au-dessus, car aucun de ses frères n’arriverait à le calmer comme elle le fait par de simples gestes. C’est presque comme s’il fondait en sa présence, baissant peu à peu toute garde. Il se retrouvait même à balancer des infos comme si de rien était. Adoucis par le sourire de la Brésilienne et le calme retrouvé, les mots étaient simplement sortis tout seul sans qu’il ne s’en rende compte, plus occupé par l’idée de manger et de passer un moment plus tranquille avec elle. Il se reposa sur le canapé, s’afférant à ouvrir une première boîte de pizza. “J’sais pas trop ce que t’aimes alors j’ai pris trois différentes.” Dit-il aussitôt, à des années-lumière de la conversation précédente. Pourtant, il avait trop parlé pour s’attendre à n’avoir aucune question supplémentaire. Ce n’est que quand Alexis enchaîna sur l’overdose qu’il se rendit compte de sa connerie. Un soupir sortit instantanément de sa bouche alors qu’il regrettait déjà d’avoir parlé sans réfléchir. Pour le coup, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même et aux quelques joints fumés avant de revenir chez elle. “Hum, hum” Il hochait la tête positivement avant de placer son regard sur elle. Comme pour tout, le Britannique ne savait pas trop s’il devait (ou même s’il avait envie) de s’épancher sur le sujet. Dans le doute, pour ne pas remuer lui-même le coup dans la plaie, il préférait se taire et laisser le soin à Alexis de lui poser des questions. Il n’y avait plus une once d’agacement dans son regard, signe qu’il n’était pas contre les questionnements de la brune. Juste, il ne comptait pas s’épancher sur des détails non demandés. Alexis semblait à présent plus chamboulé que lui sur le sujet et sa question suivante éclaira assez vite la situation. “J’ai pas peur parce que je n’ai plus la même consommation qu’avant.” Répondit-il calmement. La réponse officielle qu’il lui donnerait pour ne pas l’inquiéter. Ce n’était qu’une partie de la vérité, une autre partie de lui se fichait pas mal de l’idée d’une overdose. Il y a un côté égoïste là-dedans, mais peut-être aussi un manque de confiance en lui, se disant que tout le monde se remettrait assez facilement si ça venait à lui arriver. “J’ai fui Londres pour une raison. C’était devenu trop nocif.” Ajouta-t-il tout aussi calmement. Malgré ses quelques écarts dont la nuit passée faisait partie, il était devenu bien plus sage. Il en arrivait même à savoir tempérer les gens sur leur propre consommation. Avec le temps et les années, il avait appris à se gérer plus ou moins. L’overdose de son ami ayant joué un rôle prépondérant dans cette prise de conscience. “J’ai bien plus peur que ce genre de chose puisse arriver à…” Toi. Il retenait ses mots. Cette pente, elle pouvait être bien glissante. Son regard, fixé sur Alexis, était plus qu’équivoque sur la personne qu’il avait en tête. Il avait toujours prôné une attitude zéro jugement sur ses consommations, ce n’était clairement pas le moment idéal pour aller dans le sens inverse. C’était même plutôt hypocrite vu les yeux rouges qu’il se traînait.