In the mud for love | Marcus & Tyler

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In the mud for love

Devinez qui avait généreusement levé le bras à la dernière assemblée municipale pour se désigner comme bénévole pour tenir les stands de ravitaillement de la Mud Race ? C’était Marcus… ET… Moi bien sûr. Il y a quelques semaines cette perspective m’avait réjouit. Je me portais volontaire régulièrement pour les événements de la ville, d’une j’aimais rendre service et de deux ça ne faisait jamais de mal de se faire bien voir par le maire. Il me le rendait bien, la dernière fois quand j’avais eu besoin d’une autorisation de travaux pour agrandir ma grange, j’avais eu les papiers en règles dans la semaine. Aujourd’hui, alors que je m’avançais vers Marcus pour le rejoindre derrière les tréteaux qui faisaient office de table pour servir des rafraîchissements aux coureurs, je n’en menais pas large en arrivant près de lui.
— Salut. Disais-je en lui serrant la main mollement. Alors comment la soirée s’est finie la dernière fois ? Poursuivais-je pour faire un minimum illusion d’une conversation neutre
Dans ma tête ça faisait “hypocrite”, “hypocrite”, “hypocrite”, je me sentais mal et me demandais comment j’allais pouvoir faire illusion plusieurs heures à côté du barman. Apprendre que Marcus était en réalité le mari de Pénélope avait un un choc après toutes ces années à le côtoyer en tant que client et ami. J’avais quitté le bar sans même dire au revoir, laissant probablement mes amis croire que j’étais rentré en bonne compagnie.
— Prêt à voir des petites nanas en short se débattre dans la boue Marcus ?
Jouer les petits matteurs de gonzesses n’était habituellement pas du tout mon genre. J’aimais les femmes certes, j’avais beaucoup d’aventures ces derniers temps, mais être respectueux était pour moi une religion. Mon petit jeu était stupide, tout comme mon attitude, mais je ne savais plus comment me comporter.
— Il reste quoi à faire ?
Autant m’occuper les mains plutôt que de paraître encore plus dérangé que je ne l’étais déjà, je commençais à mettre de l’eau dans tes verres et attendais les autres instructions.

Plutôt crever que d'aller se jeter dans la boue ! Marcus n'était pas du tout d'humeur sportive, il l'était assez rarement, surtout s'il s'agissait de compétition. Par contre servir des boissons aux pauvres fous qui oseraient se lancer, alors ça c'était tout à fait dans ses cordes. C'est pourquoi, lors de la dernière assemblée des commerçants, il avait levé la main, pourquoi pas sen rendre utile, il le faisait rarement. En plus Tyler s'était proposé avec lui, alors ça ne pouvait qu'être sympa. Le jour de la course était arrivé, il était plutôt en forme, s'il n'aimait pas ce genre d'épreuve, il n'était pas contrer regarder, ça pouvait être divertissant de voir les autres galérer dans la boue. En homme organisé il s'était levé tôt, avait tout préparé en avance. Et lorsque le maraicher arriva, une bonne partie du stand était déjà montée. Il remarqua son humeur approximative, mais ne s'en formalisa pas pour autant et lui serra la main avec un sourire. Salut ! Oh elle s'est terminée trop tard avec un sacré mal de crâne le lendemain. Faut que j'arrête de croire que j'ai encore vingt ans. Cette soirée avait été une véritable réussite, alors il ne se plaignait pas, mais il avait payé ses excès durant plusieurs jours. T'es parti comme un voleur d'ailleurs, y en a une qui faisait la gueule. Il faisait allusion à Lullaby, cette jeune fille qui n'avait laissé personne indifférent, que ce soit en positif ou en négatif. La question le fit sourire, il n'était pas là pour mater les filles en microshorts, c'était pas tellement son délire. Et puis en ce moment il n'avait pas tellement la tête à ça. Fais-toi plaisir pour nous deux, si c'est ton truc ! Après tout, chacun son plaisir coupable. Il replaçait une de ses meches trop longues derrière son oreille avant de continuer à ranger les gobelets pour les futurs morts de soif, ils avaient encore un peu de temps avant le rush. Y a quelques barres énergétiques pour les coups de mou là-bas parterre, tu peux les mettre à disposition ! Avec Tyler, ça devrait bien se passer, ils étaient bosseurs tous les deux, ils se connaissaient assez bien pour savoir comment l'autre fonctionnait depuis le temps.

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@Marcus O'Brian

Ma culpabilité augmentait au lieu de redescendre. Si je n’étais pas revenu prendre part à la soirée comme le joyeux luron que j’étais d’habitude, c’était que Pénélope avait fait irruption dehors. Et que j’aie appris par la même occasion que Marcus était son mari n’avait fait que rajouter à mon trouble.
— Ah bon ? Qui a osé martyriser ma belle Lullaby ? Elle ne m’a rien dit, je l’ai vue il y a quelques jours pour me faire pardonner de l’avoir lâchement abandonnée.
Est-ce que je faisais exprès de rejeter la faute sur quelqu’un d’autre ? Totalement. Je n’avais pas forcément envie de m’étendre sur ma relation avec la belle colombienne. Ce n’était pas mon genre de me vanter de mes conquêtes et encore moins de mater les femmes comme un sauvage, comme j’avais pu le laisser entendre quelques minutes plus tôt sous la nervosité.
— Je blaguais. Ce n’est pas mon truc non plus, tu le sais bien.
Je passais de la nervosité à l’agacement. Mes paroles dépassaient ma pensée et je décidais finalement de respirer un grand coup, de boire un des verres d’eau que je venais de servir et de me calmer. Après tout, on parlait d’une “trahison” vieille de plus de dix ans. Marcus et Pénélope étaient mari et femme, mais je n’avais jamais été au courant. On appellerait ça une malheureuse coïncidence. Suivant les instructions du barman, je récupérais les barres énergétiques en faisant deux voyages pour être sûr d’avoir assez de stock sous les tréteaux.
— Je crois qu’il va nous en falloir pas mal en effet ! Dis-je en les déposant dans un panier sur la table.
Les premiers coureurs commençaient à passer devant le stand et les provisions se vidaient rapidement. Marcus et moi étions occupés pendant un long moment à servir et recharger les provisions, nous faisions une bonne équipe coordonnée. Quand une petit accalmie se fit sentir, nous étions nous aussi un peu couverts de boue de projection des concurrents, mais heureux de voir la bonne ambiance de la course.
— Comment ça va sinon ? On a pas trop eu le temps de parler, la soirée ne s’y prêtait pas vraiment. Les affaires marchent bien au Elm ?
Boire un verre avec Marcus en fin de journée était un petit rituel régulier. Chose que j’avais soigneusement évité ces derniers jours. J’espérais qu’il ne l’avait pas remarqué. Avant ce tumulte, l’humeur de Marcus était souvent faussement joyeuse, j’avais remarqué qu’il buvait plus que d’habitude avec les clients. Il avait visiblement lui aussi ses propres ombres. J’avais prévu de lui apporter mon soutien et de lui poser des questions lors d’un prochain passage au bar, mais aujourd’hui, je ne savais plus si les lui poser étaient approprié.

Marcus s’en souvenait bien de cette fille, un peu étrange, un peu différente des autres, pour le peu qu’il avait pu en voir. Visiblement il ne s’était pas trompé, il y avait bien un truc entre Tyler et elle, bon, ça ne le regardait pas, le barman, seulement il ne put s’empêcher d’afficher un sourire quand le maraîcher lui parlait de s’être fait pardonner. Personne ne l’a martyrisée, y a une gamine qui n’a pas franchement aimé la façon qu’elle avait de parler d’elle-même, à croire qu’elle cherchait à ce que je la cajole, c’est pas vraiment mon genre … Man en a rajouté une couche, tu sais comment il est. Bref, elle est partie, peut-être un peu fâchée. Mais je ne doute pas de tes talents pour te faire pardonner ! Nouveau sourire entendu. Il s’en moquait pas mal, Marcus, de la vie sentimentale de Tyler, juste, il ne s’inquiétait pas pour lui. Les deux hommes étaient dans la même tranche d’âge, tous les deux éternels célibataires, enfin, plus ou moins, évidemment Marcus avait été marié, jusqu’à peu, mais ça, beaucoup de monde l’ignorait, il n’en avait par exemple jamais parlé à Tyler et il était persuadé que ce dernier n’était pas au courant. Depuis le départ de Penny, depuis qu’il avait jeté son alliance avec rage, bien des années plus tôt, il vivait en célibataire. Le ton de son ami se fit tout d’un coup plus pincé, Marcus fronça les sourcils en lui jetant un regard surpris, mais ça ne durait qu’une seconde, il était trop occupé à préparer leur stand pour s’en émouvoir. Et tous les deux terminèrent de mettre en place, sans trop avoir le temps de discuter. Les coureurs arrivèrent, ce fut le rush, celui que Marcus adorait, celui qui ne lui laissait pas le temps de réfléchir, il fallait agir, servir tout le monde, ne rien oublier, il se sentait dans son élément. Il avait presque l’impression d’être dans une course lui aussi, en quelque sorte. Le premier coup de chaud se calma un peu, Marcus en profita pour boire un grand verre d’eau. J’ai pas à me plaindre, la soirée a permis de rafraîchir un peu la clientèle, c’était pas forcément le but, mais ça ne fait jamais de mal. Ça marchait toujours au Elm, son affaire était pérenne, il n’avait pas à s’en faire, mais il ne s’en ventait jamais. C’est sûr, l’autre soir ça ne s’y prêtait pas tellement. Mais tu ne passes plus vraiment au Elm ces derniers temps, trop de boulot ? Il avait bien remarqué que Tyler ne venait plus comme avant depuis quelques semaines, même quand c’était lui qui se rendait à la ferme, il le voyait toujours en coup de vent, mais il ne s’en était pas plus formalisé que ça.

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