running from reality, can you help me escape? (ally)

Je ne cessais de penser à ce email reçu durant la nuit dernière. Ce petit message par voie électronique, faute de connaitre mon adresse. Faute de connaitre même le pays dans lequel je me trouvais. J'avais donné peu de nouvelles à mes parents depuis mon départ précipité du Mexique. J'avais jugé bon que le moins j'en donnais, le plus long ce serait avant de voir quelqu'un débarquer ici pour me ramener de force à Eilat. Et ça, c'était la dernière chose que je souhaitais voir arriver. Alors je m'étais contenté de messages vagues, laissant simplement savoir que j'étais en vie, que j'allais bien, que j'étais heureuse. Je n'avais jamais eu de retour avant hier soir. Ils m'en voulaient, c'était évident, mais le fait de ne pas avoir de réponse me gardait dans cette espèce de bulle, loin de la réalité. Je ne m'en faisais pas trop avec ça, j'me permettais de garder mon esprit sur autre chose. Ce email là venait de me ramener les deux pieds sur terre. Ils semblaient démunis, déçus et moi j'me sentais horrible de leur faire vivre ça. J'étais partagée entre être égoïste et penser à mon bonheur, comme Ciàn me l'avait suggéré ou bien penser à mes pauvres parents qui m'avaient tout donné et revenir au pays au plus vite. Mon esprit ne pensait qu'à ça et donc, mon quart de travail fut catastrophique. Disons, plus qu'à l'habitude. Parce que ouais j'étais pas la plus douée, j'enchainais gaffe par dessus gaffe. Quelques verres brisés, un client aspergé, des erreurs dans les commandes, etc. J'me sentis prise de panique lorsque Ally, la co-propriétaire m'accrocha durant la fermeture. « Je sais, je sais, j'ai complètement foiré aujourd'hui. Je suis vraiment désolée, mais je vais m'prendre en main, j'vais me pratiquer, ça n'arrivera plus. » lui lançai-je pleine d'espoir pour ma cause.  


@Ally Winters

Tu l'aimais bien Noa, il y a quelque chose qui se dégageait de cette jeune femme qui a fait que tu l'avais embauché malgré son manque d'expérience dans le domaine du bar. Tu étais pour donner sa chance à tout le monde de toute manière, encore plus quand le feeling que tu avais sur la personne face a toi était aussi bon que celui que tu as pour Noa. Malgré tout, depuis qu'elle travaille ici, il est vrai que tu sois refaire pas mal de stock de verres, vu le nombre qu'elle avait cassé mais tu ne lui en coulais pas dans le fond. T'essaye parfois de la garder après le service pour justement l'aider à se sentir plus à l'aise avec ses mains, dans ses gestes etc... Mais ce soir, il est vrai qu'elle a enchaîné bien plus de gaffe qu'à l'habitude. Même sur son visage tu voyais qu'elle était différente. Tu t'inquiétais de savoir comment elle allait, et même si en tant que patronne tu pouvais lui reprocher la soirée catastrophique qu'elle a eu, tu étais avant tout humaine et tu voulais surtout comprendre ce qu'il se passait. Après la fin de service, tout le monde s'affaire a nettoyer le plus vite possible pour rentrer chez eux, tandis que tu t'approches de Noa. "On peut se voir Noa s'il te plaît?" Dis-tu de manière assez douce dans le fond, mais tu la vois aussitôt s'excuser. Tu t'approches d'elle et pose tes mains sur ses épaules et la fixe droit dans les yeux "Respire, je vais pas t'engueuler ou même te virer!" Tu lui souris alors comme pour la rassurer encore plus. "Comment ça va toi ? Je veux dire vraiment... J'ai bien vu sur ton visage pendant toute la soirée que quelque chose te tracasser!"

J'avais pas spécialement prévu de devenir barmaid ou serveuse dans la vie. J'étais guide touristique au Mexique, j'm'occupais des voyageurs, j'animais des activités, c'était pas la même chose. Ouais, j'avais déjà travaillé au bar de l'hôtel, mais ce n'était absolument pas comparable. Et comme c'était pas prévu et bien le talent n'y était pas forcément. J'étais du type bien maladroite et ça m'arrivait souvent de faire des erreurs ou de casser des trucs. Par contre, ce soir c'était pire que pire. J'étais absolument pas concentrée vu le email de mes parents que j'avais reçu et j'avais eu beaucoup de mal à séparer travail et vie personnelle. Ça ne m'était jamais vraiment arrivé d'être confronté à ce genre de situation alors évidemment, ma performance en avait pris un coup. Tout comme les verres de la boîte. Ally ne tarda pas à m'accrocher pour me parler lors de la fermeture. Je savais que j'avais pas été à la hauteur et ça m'angoissait pas mal. Finalement, c'était mal la connaitre puisqu'elle m'apparu hyper calme et compréhensive. Elle comptait pas me virer ni m'engueuler. Je respirai un bon coup, surprise. « Oh. Non? » demandai-je quand même, m'étant attendu au pire. Un petit rire nerveux s'échappa de ma bouche, soulagée. « Tu m'as fait vachement peur dis donc. » l'informai-je. Et bien non, elle était seulement une patronne attentionnée puisqu'elle me demanda comment j'allais. Je soupirai donc à sa question, affichant une petite moue. « Mmmh.. Ouais ça a déjà été mieux. J'ai des p'tits soucis familiaux. » lâchai-je d'abord, pensive. Ally, elle ne voulait pas me virer, mais elle voulait certainement des détails. C'était normal en même temps. « Depuis que j'suis arrivée à Bowen - chose que j'ai fait sans avertir personne de ma famille d'ailleurs - j'avais pas eu de leurs nouvelles. J'ai reçu un email de la part de mes parents hier et... Ils sont pas contents, j'les ai déçu. Ça me tracasse un peu. » finis-je par expliquer. J'savais pas trop à quel point je devais donner des détails. Je voulais pas non plus emmerder Ally avec mes soucis.

Tout ce que tu voulais dans ta boîte c'est que les employés se sentent bien, qu'une bonne ambiance règne que ce soit entre les employés ou même envers les clients. T'essayais donc de veiller à ce que chacun se sente bien à sa place et surtout qu'aucune onde négative ne traînait autour d'eux. Forcément en voyant que Noa ne semblait pas au top de sa forme, tu prends à coeur de vouloir possiblement l'aider. C'est toi qui avais pris la décision de l'embaucher malgré son manque d'expérience mais tu te dis que tout le monde à le droit à une chance, et comment avoir de l'expérience si personne ne donne une première chance. A la fin du service, tu t'approches d'elle en lui demandant à lui parler, tu essayes d'adopter une posture douce pour lui montrer que tu n'étais pas menaçante envers elle. Tu la vois de suite stresser et s'inquièter que tu puisse l'engueuler ou la virer, tu t'approches donc d'elle en posant tes deux mains sur ses épaules et la regarde en souriant légèrement. "Est-ce que tu m'as déjà entendu engueulé quelqu'un?" Tu ris légèrement et lui caresse doucement l'épaule comme pour la rassurer, tu l'interroges simplement sur elle, t'avais remarqué son visage un peu plus fermé que d'habitude ce soir et surtout la casse qu'elle avait pas mal causé. Tu la fais s'asseoir sur un tabouret alors que tu contournes le bar pour te servir une bière tout en l'écoutant et en lui en servant une aussi, bien que tu ne savais pas trop si elle en voulait une ou si elle buvait tout court, mais tu penses sincèrement que ça pourrait l'aider à se détendre un peu. Tu l'écoutes attentivement et hoche la tête en affichant un petit sourire. "Je comprends ouais!" Tu lui tends le verre et revient s'assoir sur le tabouret qui se trouve à côté d'elle. "Je peux peut-être savoir pourquoi tu es partie sans les prévenir?" Tu portes ta bière à la bouche, tu ne demandais pas ça par curiosité mal placée, simplement pour mieux comprendre la situation.

J'étais pas certaine pourquoi je craignais autant la réaction d'Ally. Il ne s'agissait pas là de mes premières gaffes. Oui bon, c'était pire qu'à l'habitude, mais vraiment elle en avait vu d'autre alors c'était pas catastrophique non plus. Puis, chaque fois que c'était arrivé, elle avait toujours été très cool à ce sujet, très compréhensive. Je l'appréciais beaucoup Ally, c'était une chouette patronne. Bien mieux que ce que j'aurais pu espérer en me trouvant un job comme ça, un peu à la dernière minute et sans réelle expérience. Disons que mon curriculum vitae au moment d'arriver en Australie, il n'était pas trop intéressant pour la ville de Bowen. C'était pas nécessaire une guide touristique ici, la ville était bien trop petite pour ça. Puis, il n'y avait pas de complexe hôtelier tout inclus comme on avait au Mexique alors, ouais j'me sentais sans expériences réelles. Pourtant, elle et April m'avaient gentiment laissé ma chance et là, il était temps de step up un peu. Ce ne serait pas pour ce soir, mais pour bientôt. Là, j'avais pas la tête et ça et j'lui devais bien des explications à Ally. « Non t'as raison. » dis-je avec un petit rire, je la voyais bien mal gueuler sur quelqu'un d'ailleurs. Elle versa deux bières et m'en tendit une, que je pris avec joie, avant de me rejoindre. Je soupirai légèrement face à sa question. J'me sentais toujours bête de raconter l'histoire, mais bon, c'était ça ma vie autant assumer. « J'avais.... J'avais un fiancé là-bas, au Mexique. Un genre de mariage arrangé entre nos deux familles disons. » tentai-je de résumer le mieux possible. Je fis un petit sourire crispé à Ally avant de reprendre mes explications. « Et comme tu te doutes bien, il n'y avait pas d'amour dans cette relation, c'était plutôt... Un bon ami. Et j'savais très bien que ni mes parents ni les siens me laisseraient partir alors j'lai fait sans rien dire. » dis-je finalement, un peu gênée. « Ça me paraissait une excellente idée sur le coup, mais j'me rends compte que c'était un peu lâche en fait. » dis-je en haussant les épaules. Enfin, ça dépendait du point de vue, mais en recevant le email de mes parents, c'était comme ça qu'ils me décrivaient - et que je me sentais. Je soupirai à nouveau en levant les bras pour me désigner. « Et c'est donc ça la vie complètement débile de Noa. » dis-je en riant. Autant dédramatiser le truc. Je baissai les bras, perdant un peu mon sourire. « Je blague un peu, mais ça m'a bien secoué ce email. J'me demande si je devrais pas y retourner, même si cette vie à Sayulita... Elle me convient pas. » dis-je en pinçant un peu les lèvres, bien pensive.