Five years, twenty years, come back. It will always be the same + Milan

Une fois qu’on poussait la porte du Elm, il y faisait toujours sombre, que l’on soit au beau milieu de la matinée ou tard dans la nuit. C’était l’un de ces vieux bars sans fenêtres, aux boiseries sombres et à l’atmosphère tamisée. C’était comme ça qu’on l’aimait visiblement, parce que peu importe l’heure à laquelle vous y pénétriez, il y avait toujours du monde. Évidemment l’effervescence se sentait plus en fin de soirée, quand la nuit tombait et que les esprits s’échauffaient un peu, mais ce n’était pas désagréable d’y prendre une bière ou un café dans la journée. Marcus aidait à maintenir cette constante bonne ambiance, il avait toujours le bon mot, l’attention, ou même le sens de la conversation. Il aimait son bar, son job et ça se ressentait. Ces derniers temps pourtant, on sentait comme une forme de lassitude, un je ne sais quoi qui le rendait un peu moins enjoué, parfois, il peinait à enchainer sur une conversation, alors qu’habituellement, il ne manquait jamais de sujets. La raison était simple, elle portait le nom de Penelope, pas elle, en personne, mais plutôt dix années de secrets, de silences, qui venaient de lui éclater en pleine figure et le laissaient vide, presque agar face à sa solitude. Elle était partie, durant des années et elle n’était pas revenue pour lui, en vérité si son père n’était pas tombé malade, elle ne serait jamais revenue, il en prenait conscience et cette vérité le gangrénait. Même pour celle qu’il considérait comme l’amour de sa vie, il n’était pas le premier choix, il était tristement destiné à toujours rester seul, voir ceux qui définissaient son monde l’abandonner. Lui, l’éternel monsieur sourire, il ne brillait plus du même éclat, pourtant il tentait de donner le change, en clientèle au moins.
C’était le début de soirée, on le reconnaissait parce que son bar était encore calme, les fêtards n’étaient pas encore de sortie, mais ce n’était pas non plus la même clientèle qu’en journée, se côtoyaient les employés qui sortaient du bureau en desserrant leur cravate, les commerçants qui terminaient leur journée et ceux qui allaient commencer le service du soir, il y avait une joyeuse ambiance quand une nouvelle tête poussa la porte. Marcus se tourna vers lui et son visage lui dit instantanément quelque chose. Il le laissa s’avancer et s’installer au bar avant de lui sourire. Salut ! Milan Larsen, c’est bien ça ? Marcus n’était pas vraiment sportif, mais il aimait le sport, il était du genre à s’intéresser à tout, sans être particulièrement supporter d’une discipline ou d’une équipe précise. Mis à part les équipes locales, plus par chauvinisme qu’autre chose. Quant à la Formule 1, il se souvenait que son oncle pouvait passer des heures à regarder les voitures faire leurs tours de piste, ça ne l'a jamais passionné. Pourtant, ça a dû le marquer, d'une certaine façon, parce qu'il connait quand même les grands noms du milieu, surtout quand ceux-là sont australiens. Ainsi, le visage du jeune homme face à lui ne lui était pas inconnu, même s’il était surpris de le trouver ici. Qu’est-ce que je te sers ?

@Milan Larsen                      

Enfin tu te retrouves devant ce bar dont on avait dit que le propriétaire n'était autre que Marcus O'Brian. L'avantage de cette petite ville c'est que tout le monde se connaissait plus ou moins et donc lorsque l'on cherche quelqu'un c'est assez simple de trouver quelqu'un qui connaissait au moins de nom la personne. Quand tu as demandé où tu pouvais trouver le fameux Marcus, on t'a indiqué le Elm Street, petit bar bien cosy a ce qui parait. Et d'extérieur en effet, l'endroit à l'air plutôt sympa. T'as juste l'air un peu débile à être debout devant comme ça à attendre, attendre quoi? T'en savais trop rien au final. Mais au bout de 5 minutes tu finis quand même par pousser la porte du bar. Tu regardes un peu autour de toi, c'est la première fois que t'y fous les pieds dans ce bar et tu vois même pas qu'au final l'homme que tu cherches se trouve derrière le bar. D'ailleurs, tu ne savais même pas vraiment à quoi il ressemblait ce frère que tu ne connais pas. Tu finis par avancer alors qu'un homme derrière le bar t'appelle, en plus de ça par ton nom et ton prénom alors que tu ne l'as jamais vu. Puis tu percutes que t'étais pas forcément un inconnu alors tu souris simplement en t'adressant à lui. "Oui c'est bien moi!" Tu viens t'asseoir donc sur une des chaises de bar qui se trouve devant celui ci et regarde l'homme face à toi. "Euh je vais prendre une bière tout simplement" Tu hoches la tête, t'avais pas forcément envie de te retourner la tête, surtout si tu peux rencontrer potentiellement cet autre fils que ton frère avait. Tu remercies l'homme face à toi quand il te tend alors la bière et tu la prends et bois une gorgée. "Au fait, je peux savoir quel est votre ou ton nom?" Genre est-ce que c'est un tutoiement, un vouvoiement.

hj:

Non, vraiment, comme ça de prime abord, personne n'aurait pu se douter de la tempête qui grondait au fond du barman, du malaise qui l'envahissait depuis quelques semaines. Avec son air avenant et son sourire omniprésent, il donnait toujours le change. C'était une fois que les portes du bar étaient clauses que tout changeait, qu'il attrapait une bouteille de poison pour la vider sans se poser de question. Il y avait un avantage à être barman, il avait tout l'alcool qu'il souhaitait à disposition. D'ailleurs, il avait bien remarqué que la facture de son fournisseur avait augmenté ces derniers temps, normal. Le plus difficile, c'était le matin, quand il fallait mettre un pied devant l'autre et ouvrir les portes, faire comme s'il n'avait pas la gueule de bois et la tête qui tabassait. Leo l'aurait remarqué, rapidement même, mais heureusement, elle n'était plus là. Sa nouvelle serveuse, Sierra, elle ne le connaissait pas assez pour avoir à redire face à sa mine froissée et son regard vague. Par chance, ça passait au fil de la journée, par chance, il ne buvait pas trop lors du service, donc le soir, il était capable d'assurer, et ainsi de suite au fil des jours. Un jour, il craquerait, sûrement, Marcus n'était pas un sur-homme, mais pour l'instant, il était encore le roi de l'embrouille. D'ailleurs, le nouvel arrivant n'imaginait pas un instant quel genre d'homme, il avait face à lui, alors qu'il s'installait au comptoir, presque surpris d'être reconnu. Pourtant, sa tête s'affichait régulièrement à la télé, Marcus était simplement observateur. Comme le bar était calme, le barman put lui servir sa bière sur le champ, ça n'avait rien d'un traitement de faveur pour une quelconque célébrité, juste de la chance, il était tombé au bon moment. Sa question désarçonna un peu O'Brian, tant par le fait qu'il hésite entre le tutoiement et le vouvoiement, que par la question en soi. En quoi il voulait savoir son identité, il était flic en plus de pilote ? Il fronça alors les sourcils, un peu plus sur la défensive, sans pour autant perdre son aplomb, après tout, il était chez lui et il n'avait rien à se reprocher. Pour autant, lui non plus n'avait aucune idée de qui il avait réellement face à lui. Désolé, j'ai la mauvaise habitude de tutoyer tout le monde, c'est plus convivial. Mais tu choisis ce qui t'arrange. Hum, j'suis Marcus. Désolé si je t'ai froissé en te reconnaissant. Finalement, c'était peut-être juste ça, après tout le gars avait peut-être envie d'un peu d'anonymat plutôt que le premier barman venu scande son nom dès son arrivée. Enfin dans tous les cas ça n'aurait pas été compliqué de savoir qui Marcus était, il était connu d'à peu près tout le monde à Bowen.

Tu savais pas encore comment t'allais gérer le jour où tu te retrouverais devant ce fameux frère que t'as jamais connu et qui ne connait certainement rien de ton existence. T'en voulais dans le fond à ton père de ne pas avoir pris ses responsabilités plus tôt à propos de lui, t'aurai préféré pouvoir le connaître plus tôt ce Marcus, et que vous soyez certainement de vrais frangins un mec qui aurait possiblement pu te servir de modèle dans la vie, ou non. T'en savais rien et il était juste impossible de revenir en arrière aujourd'hui, tu allais certainement bousculé la vie de ce gars en te présentant à lui, en lui avouant qui tu es et surtout la condition de vie dans laquelle ton père se trouve actuellement. Cette rage que tu ressentais au fond de toi à l'idée que ton père ne meurt, tu l'avais transformé pour mettre tout en œuvre pour retrouver ce frère et lui parler pour qu'il sache également un peu d'où il vient. Le nom de Marcus O'Brian en ville beaucoup de monde le connaissait et c'est pour ça que tu as si facilement su pousser la porter de ce bar pour partir à sa rencontre. Pourtant le pas de la porte à peine franchi tu stresses à l'idée de lui parler et surtout de comment le formuler sans le choquer, tout se bouscule dans ta tête quand justement on te parle et s'adresse à toi par ton prénom. T'étais tellement redevenu simplement Milan depuis quelques semaines que t'oubliaient parfois que t'avais eu cette carrière mondialement connu. Surpris tu t'approches quand même du barman et t'assois sur le tabouret, s'il bossait là il devait connaître le fameux Marcus. Tu te commandes une simple bière, tu voulais avoir les idées quand même claire pour parler à ton frère. T'avais encore du mal à dire ça, parce que vous l'étiez de sang, par obligation, mais en soit vous pourriez ne pas vous entendre et ne pas vouloir de l'autre dans vos vies. Tu demandes simplement comment il s'appelle ce fameux barman, simple mesure aussi parce que c'est plus convivial et cette ville l'était de ce qu'il a pu voir. Portant ta bière à ta bouche, tu t'étouffe presque lorsqu'il se présente comme Marcus, avalant de travers ta bière. "Oh fuck!!" T'avais bien l'air con maintenant, tu le cherches depuis des jours et tu te retrouves presque aussi facilement devant lui. "Désolé!" T'en avais même renversé sur le bar en reposant ton verre un peu précipitamment, tu relèves ton regard vers lui et aussitôt tu le détail cherchant à voir si vous aviez possiblement des traits de visages qui pouvaient vous lier, mais t'y vois rien, t'façon t'es pas physionomiste. "Non non soit pas désolé pour m'avoir reconnu, s'en est devenu une habitue!" Tu ris légèrement, tentant de détendre l'atmosphère surtout pour toi. Tu te relèves de ta chaise de bar et vient te mettre bien devant lui, parce que c'est plutôt une affaire sérieuse que t'avais à dire, et puis t'as beau y réfléchir y aura jamais de bonne façon de faire. Tu lui tends la main et le fixe. "Et bien... Salut! Je suis ton frère .. enfin demi-frère pour être plus exact!" Boom la bombe était lâchée au moins tu ne pouvais plus reculer. Ton visage était sacrément crispé parce que tu savais pas comment il allait pouvoir réagir.

Marcus ne connaissait de ce Milan que son visage et son job. D’ailleurs, il n’était même pas au fait qu’il avait été contraint de mettre fin à sa carrière, c’est dire à quel point il s’intéressait peu à la F1. Mais ça n’avait que peu d’importance, visiblement le jeune homme était venu là pour une raison précise que le barman ne saisissait pas encore. Il était observateur, alors il ne fut pas compliqué de remarquer les gestes nerveux de son nouveau client, surtout quand il le renseigna sur son prénom. Hé bien ! Il ne savait pas qu’il pouvait faire autant d’effet, il aurait presque pu en être flatté. Mais il était plus intrigué qu’autre chose. Tout en essuyant les gouttes de bière sur le comptoir, il balaya ses excuses du revers de la main. C’est rien. Et il en profita pour s’excuser à son tour de l’avoir, peut-être, froissé. L’autre ne s’en formalisait pas, heureusement. Et puis, après un petit rire de concert, Milan se leva pour venir faire le tour du bar, c’était pour le moins inhabituel, Marcus haussa un sourcil en le regardant faire, décontenancé. Il n’était pas encore au bout de ses surprises puisque le pilote se planta face à lui, lui tendit une main presque solennellement, avant de se présenter avec plus de précisions. Le barman resta là, à le fixer, interdit, hésitant entre le virer de son bar ou éclater de rire. Il finit par serrer mollement sa main avant d’esquisser un sourire, puis de terminer par un rire autant nerveux qu’amusé. Mon frère ? Qu’est-ce que c’est que cette connerie ? C’est Percy qui t’envoie ? Elle est où la caméra ? Il avait finalement opté pour l’option la plus plausible, tout ça n’était qu’une vaste blague de mauvais goût. Pourquoi aurait-il soudainement un frère après tout ?

Tu ne comprenais vraiment pas ce qu'il venait de se passer dans ta tête quand tu te pointes derrière ce bar pour lui serrer la main et te présenter en tant que son frère. La diplomatie n'avait jamais vraiment été ton truc, un poil trop franc et trop direct, on te l'avait souvent reprocher en vérité mais c'était comme t'étais. Tu ne voyais pas pourquoi tu devais tourner autour du pot pour lui dire qui tu es, pour te présenter à lui et qu'il apprenne qu'il avait un frère. Ce qui ne t'étonna pas non plus c'est sa réaction à l'annonce de cette nouvelle, si tu avais à sa place très clairement que toi aussi tu aurais penser à une blague de mauvais goût que l'on pourrait te faire, mais ça n'était pas le cas. Tu le regardes le plus sérieusement possible, voulant lui prouver aussi que t'étais pas là pour mentir et secoue alors la tête. "J'aurai limite préféré te faire croire à une blague ouais..." Bien sûr qu'il n'allait pas te sauter dans les bras, à toi aussi dans le fond ça te faisait bizarre d'avoir un frère. Tu as toujours vécu comme fils unique, choyé et aimé de tes parents, tu ne l'as appris qu'il n'y a que peu de temps que t'avais ce frère aîné que ton père avait eu avant de ne connaître ta mère. Tu te racles la gorge assez mal à l'aise au final n'osant vraiment bouger de là où tu te trouves. "Sebastien Larsen, je sais pas si ça te parle mais c'est ton père, c'est mon père..." Tu fais alors un geste entre vous comme pour signaler du coup votre lien avec une petite moue sur le visage pour accompagner tes propos. Tu viens alors passer ta main dans tes cheveux et te gratte l'arrière de ton crâne un peu par gêne. "Je l'ai découvert y a pas longtemps et je voulais te rencontrer et te le dire. Maintenant on est pas obligé de se parler ou quoi, mais au moins tu connais mon existence quoi!" En vrai tu comprendrais parfaitement qu'il en ait rien à faire de toi, t'as 26 ans, il a passé toute sa vie sans même avoir de lien avec votre père, il n'allait certainement pas changer quoi que ce soit à ce propos aujourd'hui. Tu le sais aussi dans le fond que tu devais parler de ton père et de sa maladie, mais t'allais pas lui imposer ça en plus pour le moment. Tu lui décroches alors un petit sourire accompagné d'un geste en mode Jme casse t'inquiètes et tu repasses de l'autre côté du comptoir prêt à partir ne voulant pas rendre le moment encore plus étrange qu'il ne l'est actuellement.

Il n'avait jamais connu son père, Marcus. Il avait vu quelques photos de lui, une fois, après s'être disputé avec sa granny à ce sujet, de colère, elle avait balancé quelques clichés, les seuls qu'elle possédait. Il n'y en avait même pas dix, tous avec sa mère, deux jeunes amoureux qu'un appareil avait figé pour toujours. O'Brian s'était senti voyeur en les regardant, il ne connaissait pas ces deux jeunes gens, ils avaient la petite vingtaine, ils avaient l'air heureux. C'étaient ses parents, mais ç'aurait pu être un couple tout à fait quelconque. Finalement, ça ne lui avait rien fait de mettre un visage sur un nom. Sebastian Larsen, il connaissait son identité, oui. Mais ce jour-là, Marcus devait avoir à peu près quinze ans, il avait décidé qu'il se foutait pas mal de qui était cet homme qui l'avait abandonné. Et il n'en avait plus jamais reparlé. Il n'avait jamais su que sa grand-mère lui avait envoyé des courriers réguliers lors des premières années de sa vie, heureusement d'ailleurs, parce que ça l'aurait achevé d'apprendre qu'elle n'avait jamais eu aucune réponse. Cet homme avait rayé son premier enfant de sa vie. Et voilà que ce soir, un gamin dont il connaissait vaguement la carrière venait lui annoncer qu'il était son frère. Évidemment, Marcus cru d'abord à une blague, de mauvais goût. Malheureusement, Milan ne semblait pas avoir envie de rire et le sourire mi-figue mi-raisin du barman se figea alors. Il faillit tressaillir lorsqu'il entendit le nom de son père et fronça les sourcils en écoutant le pilote qui tentait de se montrer convaincant. Visiblement il n'en menait pas large lui non plus et il avait l'air déçu de la réaction de son aîné. Attendait-il autre chose ? Que Marcus se précipite dans ses bras, qu'il l'accueille chaleureusement ? En vérité, il ne savait simplement pas comment réagir, son cerveau refusait de fonctionner. Le barbu ne savait rien de son père, de ses origines, de son passé et de ce qu'il était advenu de lui après son départ de Bowen. Alors, il était très probable qu'il ait refait sa vie, oui, et qu'il ait eu d'autres enfants. Mais il en faisait quoi, de tout ça, Marcus ? Attends ! Il contourna son comptoir pour retenir Milan. Comprends que c'est une sacrée nouvelle. Comment tu as su ? Comment tu m'as retrouvé ? Et puis, ok, tu es mon frère. N'importe qui pourrait savoir que Larsen est mon père, mais… Mais … qu'est ce qui me prouve que t'es mon frère ? J'ai besoin d'un peu plus, de preuves, d'un truc tangible, tu vois ? Marcus, c'était un homme pragmatique, un homme de sciences, il avait besoin de faits pour étayer des vérités, c'était de cette façon qu'il fonctionnait depuis toujours. Et même s'il avait un doute sur les attentions que pourrait avoir un parfait étranger envers lui, qui ne possédait rien mis à part son bar, il savait qu'il pouvait y avoir des gens tordus partout. C'est pourquoi il se protégeait.