I live for the applause (milan)

Une sale journée. Encore. Un carnage, c'est peut-être le mot approprié. Sierra rumine, assise sur le sable, face à l'océan. 17h, le soleil commence à décliner en cette soirée d'automne, se rapprochant dangereusement de l'horizon. L'eau est calme ce soir. Les vagues sont faibles et peu de surfeurs sont de sortie. L'air est frais mais il n'y a presque pas de vent. Elle regarde son téléphone. Trois appels manqués de son grand-père. Il veut probablement savoir comment s'est passé la journée. Le début de sa deuxième semaine de travail dans ce petit café de Bowen. Il n'allait pas être déçu de la nouvelle. Virée. Trop de mauvaise volonté. Comportement inapproprié avec les clients. Et avec ses collègues. Sierra est excédée. Ok, elle a renversé un verre sur un client. Pour la troisième fois en une semaine. Ok, elle était tellement soulée par avance de devoir se taper l'affiche à passer le balais et la serpillère devant tout le café que c'est à peine si elle s'est excusée auprès du client en question. Un homme. Assez jeune, de ce qu'elle se rappelle. C'est sûr, on a vu mieux comme serveuse. Y en a surement qui renversent pas des verres tous les jours. Qui sont agréables avec les clients. Qui ne sont pas condescendantes avec les collègues. Mais Sierra, elle est pas faite pour être serveuse. C'est pas un scoop. Elle le savait depuis le début. Elle a bien tenté de protester lorsque son grand-père l'a forcé à se trouver un job. Sierra n'a pas envie de rentrer maintenant. Devoir annoncer à son grand-père qu'elle s'est fait remercier s'annonce délicat. Elle préfère repousser le moment, le plus possible. Le tablier rendu, elle est partie marcher sur la plage. Elle doit admettre que la plage, c'est sympa à Bowen. Peut-être le seul truc positif de ce bled. Peut-être qu'elle pourrait poster quelques stories Instagram avec le coucher de soleil. Prétendre que sa vie n'est pas devenue pourrie depuis ces derniers mois. Elle s'est donc assise, dans le sable. Elle attend que le soleil se couche. Un homme marche le long de l'eau à quelques mètres d'elle. Dans quelques instants il passera devant elle. Elle le reconnaît. Merde. C'est le client. Sur lequel elle a renversé le verre. Aussitôt elle plonge le regard dans son fil d'actualité Instagram. Manquerait plus qu'il vienne lui chercher des noises. Déjà qu'elle n'avait pas été aimable lorsqu'elle était employée au café, il n'allait pas être déçu de l'accueil s'il voulait se plaindre.

@Milan Larsen

T'as bien dû mal à trouver ta place dans cette nouvelle ville, entre le fait que tu étais principalement pour tenter de créer un lien avec ton frère que t'as découvert il n'y a que trop peu, t'avais rien qui t'attirait vraiment ici. Souvent tu errais en ville en espérant bien trouvé de quoi t'occuper, mais la plupart du temps tu finissais assis sur une terrasse ou dans un café pour passer le temps. Aujourd'hui n'a pas dérogé à la règle, tu as été dans ce petit café où tu venais souvent le matin pour récupérer ta petite dose de caféine pour tenir toute ta journée. Enfin le matin, il était plus proche de midi qu'autre chose mais ce n'est pas grave, personne n'est là pour te juger. Ce à quoi tu ne t'attendais pas par contre c'est de te retrouver ton café glacé renversé sur toi par cette serveuse. Tu l'as longuement regardé alors qu'elle ne s'est même pas excusé et avait l'air plutôt excédé par la situation. Tu regardes autour de toi s'il y avait peut-être un responsable et tu l'avoues tu ne t'ai pas caché de t'être plaint de leur serveuse pas du tout professionnelle. On t'a bien sûr remboursé ta boisson et on t'a refait un café glacé que tu as pu du coup prendre à emporter. Tu es donc repassé chez toi pour te changer mais tu l'avoues tu as eu la flemme de ressortir, alors t'es resté dans ton canapé à chiller devant ta télé évitant bien sûr toute chaîne qui pourrait parler de ton job, enfin ancien job. Finalement en fin d'après-midi tu trouves la motivation nécessaire pour aller faire ton petit footing journalier, t'avais besoin d'évacuer toute cette pression et ce manque que tu ressentais de ne plus pouvoir piloter, rien de mieux que le sport pour ça. Donc tous les jours tu vas courir et en général tu vas sur la plage le faire, parce que tant qu'à faire, autant profiter d'un des avantages de cette ville. T-shirt sur ton épaule, tu cours le long de la plage tranquillement depuis environ 40mn. Tu regardes l'heure et tu commences alors à repartir vers la route pour pouvoir repartir chez toi mais ton regard se pose sur une silhouette qui te semble familière. Tu te demandes bien d'où, peut-être une nana que tu as ramené chez toi.... ou pas. La fameuse serveuse mal polie, tu t'approches alors donc d'elle et tu la fixe. "Je peux avoir un désolé maintenant ou je peux toujours courir?" Charmante, comme elle est, tu perd pas le nord et tu viens t'allonger à côté d'elle en la regardant en arquant un sourcil.

hj:

Assise sur la plage, elle se demande si le karma existe en cet instant, Sierra. Puisque en plus d'être une nouvelle fois sans emploi, voici que de toutes les personnes qu'elle pourrait croiser sur la plage, il faut que ce soit lui. Le client sur lequel elle a renversé son verre, quelques heures auparavant. Il serait injuste de le tenir entièrement responsable de son renvoi, elle le sait bien, Sierra. Le vase était plein depuis bien longtemps du côté de la direction du café. Mais c'est tentant, de le blâmer. Mettre tous ses malheurs sur le dos de quelqu'un, c'est facile. Elle préfère cependant éviter la confrontation, la blonde, plonge son regard dans son téléphone alors qu'elle espère qu'il va simplement passer devant elle sans la remarquer. Loupé puisqu'elle le voit nettement s'approcher du coin de l'œil. Sa voix s'élève et confirme alors ce qu'elle craignait, elle n'est pas la seule à l'avoir reconnu. Elle le suit des yeux alors qu'il s'allonge à côté d'elle, il prend ses aises le garçon, manifestement. Leurs regards se croisent et celui de Sierra juge clairement le brun. "Ça va changer ta vie si je m'excuse ?" rétorque-t-elle, les sourcils levés à son tour, un air de dédain sur le visage. Elle pose son téléphone à ses pieds et se renverse légèrement en arrière, appuyée sur ses paumes de main posées au sol, derrière son dos. Elle poursuit en regardant l'océan, l'air ironique et un sourire bien hypocrite plaqué sur ses lèvres. "Si ça peut consoler ton petit cœur j'me suis fait virer à la fin de la journée donc... justice, je suppose ?" Son regard revient sur le brun à la fin de la phrase et alors elle plisse les yeux, fronce un peu les sourcils. Y a comme un air familier. Comme si elle avait déjà vu ce visage quelque part. "Tu viens souvent dans ce café pourri ?" Elle travaillait là-bas depuis à peine une semaine Sierra, mais peut-être avait-elle enregistré ce visage inconsciemment. Il fallait bien avouer qu'il n'était pas désagréable à regarder, même si elle était loin d'y avoir fait attention, pour l'instant.

C'était peut-être dû au fait du monde dans lequel tu as baigné de nombreux mois, celui dans lequel on te mangeait presque dans la main que t'avais pas trop apprécié que cette serveuse ne s'excuse pas quand elle t'a renversé ton café dessus. En vérité, elle l'aurait fait, t'aurais pas chercher à parler à son responsable, maintenant c'était tant pis pour elle si elle s'était fait passer un savon. T'allais pas chercher au final à savoir ce qui lui arrivait, ce n'était pas ton problème. La politesse tout le monde en est dotée, et même si tu l'avoue, t'as eu un peu la grosse tête de part ta célébrité, tu étais toujours resté poli te rappelant les nombreuses claques derrière la tête que tu te prenais par ton père quand tu ne disais pas un merci que ce soit à 10 ans comme à 20 ans. Mais par chance, le hasard semblait vouloir te donner des signes puisque tu te retrouves sur cette plage à courir et tombe presque nez à nez avec cette serveuse, au physique plutôt avantageux, tu ne diras pas le contraire. T'installant alors à côté d'elle, sourire fier sur le visage, tu lui laisses donc une seconde chance de s'excuser. "Mais oui ça changera ma vie, mon coeur se remplira de joie si c'était le cas!" Tu souris de manière un peu mesquine ayant envie de rire parce que tu te foutais littéralement de sa poire à cet instant. Non ça ne changerait rien, mais peut-être que ça te ferai plaisir dans ton égo un peu surdimensionné. Bon ce qu'elle rajoute après, en vérité ça te plait moins, tu penses quand même que ton intervention auprès de son responsable y était pour quelque chose pour qu'elle se retrouve sans boulot. Est-ce que ça te console? Pas vraiment. Tu hausses simplement les épaules en la regardant "C'était pas mon but en tout cas, un simple désolé sur le moment aurait pu éviter que tu perdes ton boulot!" Parce que ouais ta fierté tu vas pas la rabaisser non plus, t'allais pas t'excuser de lui avoir fait perdre son job alors qu'elle avait mal fait son boulot. Tu la fixes toujours du regard et elle aussi semble te fixer, tu en viens à te demander si t'avais pas un truc sur le visage à cet instant. Tu es simplement soulagé quand elle te pose une question et rit légèrement. "Ouais, en général tous les matins, il est pas loin de chez moi donc c'est un côté pratique! Et toi t'y bossais depuis longtemps?" Tu lui souris légèrement et soupire doucement. "En vrai, je suis désolé qu't'ai perdu ton boulot, c'était clairement pas ce que je te souhaitais.." Parce qu'au final, elle en avait peut-être vraiment besoin de ce job et t'avais peut-être tout niqué pour elle.

Elle lève les yeux au ciel pour toute réponse devant ses paroles clairement hypocrites, un peu surprise par un tel aplomb, mais elle n'en laisse rien paraître. Elle ne s'attendait pas vraiment à une telle attitude, Sierra. L'insolente aurait-elle trouvé une compétition digne de ce nom ? Faut croire que ça fait bizarre, d'être confronté à son propre comportement. Miroir, miroir. Le regard face à l'océan lorsqu'elle lui explique s'être fait congédier à la fin de sa journée de travail. Loin de se démonter, il hausse simplement les épaules et en remet une couche sur les excuses qu'elle aurait du lui donner. Décidément, gueule d'ange mais il est tout aussi insupportable qu'elle, ce mec. Un sale gosse. Pour rester polie. Elle lui jette un regard dédaigneux. "Te prends pas pour le centre du monde, si j'me suis fais virer c'est que t'étais pas le premier mec qui repartait avec son café sur son t-shirt." Elle hausse à son tour les épaules, avoue sans honte ses piètres compétences de serveuse puisque ce n'est tout simplement pas ce qu'elle est censée faire, Sierra, serveuse. Elle est censée faire mieux. Elle le fixe un instant, le sale gosse, puisque soudainement, son visage lui semble familier. Peut-être est-il venu plusieurs fois au café ? Elle l'interroge et secoue la tête négativement à sa question. "Non, à peine une semaine." Elle ne s'étend pas plus sur le sujet et lorsqu'il reprend la parole un grand sourire étire ses lèvres, un air triomphant apparait sur son visage. "Well, well, well, qui fini par s'excuser alors ?" Elle se marre un peu, Sierra, la satisfaction de prendre le dessus dans cette conversation d'insolent, ne serait-ce qu'un instant. Mais elle hausse une nouvelle fois les épaules, son regard maintenant tourné vers le jeune homme. "T'inquiète. Ça serait arrivé tôt ou tard. Et je détestais ce job de merde. Désolée pour ton café, en vrai." Ouf, ça lui aurait presque arraché la bouche, mais elle lui doit bien ça, peut-être. Mais tout ça, ça ne lui dit pas comment elle a l'impression d'avoir déjà vu ce mec. Au café donc ? S'il vient tous les matins... "C'est marrant, ta tête me dit un truc." Elle grimace un peu en terminant sa phrase, elle ne voudrait pas qu'il pense qu'elle le drague ou quoi. Bien qu'il soit loin d'être désagréable à regarder, le sale gosse, elle ne peut le nier.

Installé aux côtés de la blonde, tu continues de la taquiner un peu sur le fait qu'elle ne se soit pas excuser il y a quelques heures concernant ce café qui a été renversé sur ton t-shirt. Tu ne peux t'empêcher en vrai, elle avait l'air d'avoir un sale caractère et toi, t'aime ça les gens qui ont du tempérament et qui ne se démonte pas face à leur interlocuteur. "Ah donc le problème est que tu es une mauvaise serveuse alors..." Tu hoches de la tête amusé par la situation mais dans le fond ça t'embêtait quand même d'avoir pu causer la perte de son job. Tu la connaissais pas et peut-être bien qu'elle en avait réellement besoin de ce boulot, en vrai même si tu avais un égo assez surdimensionné par moment, t'aimais pas être la cause d'un probable ennui chez les autres. Si vraiment tu pouvais l'aider en quoi que ce soit, tu serai capable de le faire même si tu ne la connaissais pas. Tu la regardes quand elle semble s'amuser sur le fait que tu t'excuses sincèrement auprès d'elle, tu arques alors un sourcil, petit sourire en coin des lèvres. "J'assume m'excuser, y a aucune honte à avoir de le faire tu sais, même si ce sont des mots qui peuvent sembler difficile à dire..." Bien sûr que tu en jouais comme pour vouloir lui démontrer que ce n'était pas compliqué à dire comme mot, parce qu'elle ne les avait toujours pas dit au final. T'étais en vérité pas à un t-shirt près dans ta vie, et puis sans vraiment t'y attendre tu finis par entendre le fameux désolé sortir de sa bouche. Tu mets ta main proche de ton oreille prenant un air surpris sur le visage tout en gardant ce sourire amusé et tu approches ton oreille d'elle. "Pardon? Je suis pas sûr d'avoir bien entendu... tu viens vraiment de t'excuser?" Tu te mets alors à rire bien plus franchement, signe que clairement tu ne lui en voulais pas et puis même si t'étais désolé pour elle de lui avoir fait perdre son job, tu comprends bien vite qu'elle ne semblait pas vraiment y accorder une réelle importance car elle n'aimait pas ça. D'ailleurs t'avais jamais vraiment prêté attention au fait qu'elle y bossait dans ce café alors que t'y passais tous les jours, pourtant les jolies filles tu les remarques assez rapidement, elle ne devait donc clairement pas être présente sur les moments où tu t'y rendais. "Ouais, disons que je suis plutôt pas mal connu quoi!" Tu pouvais paraître clairement vantard en t'exprimant ainsi, mais pourtant tu ne disais que la vérité. Tu lui tends la main pour finalement te présenter à elle. "Milan Larsen, ancien pilote de formule 1 et à qui ai-je l'honneur?" Ca t'a déchiré la bouche de dire ancien pilote, t'avais encore une souffrance au fond de toi ne plus exercer ta profession, ta passion.

Elle souffle un rire, Sierra, plein d’ironie et un peu amer. Cette appellation de mauvaise serveuse, elle ne peut la nier. Elle en serait presque plutôt fière, en fait. Manquerait plus qu’elle finisse par devenir bonne à ce job, un jour. Une ambition qui était loin d’être la sienne même si elle n’était plus certaine qu’elle pouvait encore se permettre d’en avoir, des ambitions. Mais au fond d’elle il était toujours là, l’espoir que toute cette situation de merde finirait par s’arranger par magie. Le plus tôt serait le mieux. "Je plaide coupable." répond-t-elle en haussant les épaules. Jugement sans appel. Elle assume. Elle se fait alors moqueuse, Sierra, lorsque des excuses franchissent finalement les lèvres du garçon, peut-être qu’il n’est pas aussi dur à cuire que ce qu'il veut bien laisser paraître. Elle lève les yeux au ciel devant sa réponse, l’air exaspéré. Voilà qu’il se la joue grand homme, maintenant. Puis finalement, elle lui donne ce qu’il demande, les fameuses excuses. Aussi simplement que ça, presque l’air de rien. Elle n’échappe pas aux moqueries à son tour mais c’est probablement la juste monnaie de sa pièce. Alors elle rigole lorsqu’il approche son oreille d’elle, feignant avoir mal entendu. Il est plus franc ce rire, plus sincère. Elle s’est un peu détendue, Sierra. Le souvenir du café s’éloigne de son esprit, un tout petit peu. Mais cependant elle ne peut s’enlever de la tête l’idée qu’elle l’a déjà vu quelque part, ce mec. Justement au café, peut-être ? Elle l’interroge et aussitôt arque un sourcil en entendant sa réponse, pour le moins prétentieuse. Connu ? Qu’est ce qu’il raconte encore ? Elle s’attend à une plaisanterie, loin d’imaginer qu’il était possible de croiser quelqu’un de mondialement connu tel que Milan dans ce trou paumé qu’était Bowen à ses yeux. Mais lorsqu’il qu’il lui tend sa main en se présentant, tout s’imbrique dans l’esprit de la blonde. Pilote de Formule 1. Elle sait qu’il ne ment pas, Milan, puisque c’est bel et bien de là qu’elle se rappelle son visage. Elle en a passé, des dimanches, devant la télévision à regarder les Grand Prix que son petit frère adore tant. Il la tannait, il la tanne encore maintenant, pour qu’elle regarde avec lui. Elle s’est prise un peu au jeu, Sierra, loin d’être devenue une fan elle-même, elle suit chaque saison avec un intérêt modéré. Oui, Milan Larsen. Elle se souvenait. Et si elle se souvenait bien, il ne faisait effectivement plus partie des pilotes, désormais. "Ancien", il l'avait dit lui même. Elle n'est pas sûre, Sierra, de ce qu'elle pense savoir sur les raisons de son départ de la Formule 1. Peut-être a-t-elle vu quelques info passer. Une petite moue qui pourrait presque lui donner l'air impressionné se dessine sur son visage et elle prend la main tendue pour la serrer. "Waw, si on m'avait dit que j'allais rencontrer une star sur la plage de Bowen, j'y aurais jamais cru." dit-elle, avec une pointe de sarcasme. "Sierra Miles, ancienne serveuse de café nulle à chier." Ajoute-t-elle avec un peu d'humour. "Alors, qu'est-ce qu'un pilote de F1 fiche dans ce bled paumé ?" Elle omet volontairement de préciser "ancien" pilote, curieuse de voir si ce qu'il lui répondra confirmera ce qu'elle pense savoir sur les raisons de son départ du sport automobile.