#302 Let the stromy clouds chase [Milan]

Ce matin, j’ai pris mon p’tit vélo rose pour aller faire un tour au bureau. La vache, j’dis “bureau” comme si je travaillais dans les locaux clean d’une entreprise et que j’pouvais me vanter d’avoir un ordinateur dernière génération avec une plage de sable fin en fond d’écran. Et un dessous de main en simili cuir. J’ai bien une planche posée sur des tréteaux et sur laquelle s'essouffle mon vieil ordinateur mais ce que j’appelle “bureau”, c’est en fait mon atelier. Quand je suis sortie de l’appartement, il y avait un beau soleil qui brillait dans le ciel, pas un nuage à l’horizon, j’me suis même fait la réflexion que prendre une veste m’aurait encombré plus qu’autre chose. Spoiler alert : c’était une erreur.

Après m’être occupée de quelques affaires, j’ai eu envie de faire un crochet en ville, histoire de flâner. J’avais bien envie de croiser du monde, de discuter avec des copains et d’aller manger un morceau. Ouai, ce programme me motivait absolument alors j’ai fait quelques vérifications dans mon stock, j’ai actionné le système de sécurité et j’ai sauté sur mon bolide pour me rapprocher des commerces. Seulement, j’étais un peu moins confiante concernant la météo. De gros nuages, d’un noir menaçant, s’accumulaient à l’horizon. J’ai fait claquer ma langue, j’apprécie pas trop devoir changer mes plans à la dernière minute…alors j’ai persisté. Et j’ai regretté. Amèrement. Un mur d’eau m’est littéralement tombé dessus. Autant vous dire que, du coup, je n’ai croisé personne et que j’ai pédalé à une vitesse frôlant celle de la lumière pour rentrer chez moi.

Je fourre mon vélo dans le local et m’engouffre dans l'ascenseur en pestant contre à peu près tout ce qui me passe à l’esprit. J’ai l’apparence d’un torchon qui a essuyé trop de vaisselle et il fait VRAIMENT froid. En arrivant à mon étage, je me précipite à la porte de l’appartement et m’y réfugie. Le grondement sourd du tonnerre commence à se distinguer du bruit de la pluie qui martèle les carreaux. Alors que j’viens d’enfiler des habits secs et que je me frictionne énergiquement les cheveux, j’entends des coups à la porte. J’me dis que c’est peut-être Maxine qui a oublié ses clés, sur l’instant, j’en suis même persuadée, alors j’cherche pas midi à quatorze et j’me dépêche à aller ouvrir. Sauf que c’est pas Maxine. “ Salut…” J’me rends compte que j’ai l’air beaucoup trop surprise. “...Désolée, j’pensais que c’était ma coloc’ ! J’peux faire quelque chose pour toi ?”