Sebastiàn & Leighton - Une ressemblance dérangeante

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Leighton était sortie tardivement du magasin dans lequel elle travaillait. Et étant donné que son patron était à Sydney, les contrats de son métier en parallèle - tueuse à gages - se faisaient, pour le moment, assez rares. Elle avait donc du temps devant elle et comptait bien profiter de ces quelques instants de répit. Elle en avait même besoin. Ces derniers temps, beaucoup de choses lui tombaient dessus et la bouleversaient quelque peu : son boulot chez Chanel... Balthasar... son "métier" caché... Balthasar... Oui, le jeune homme revenait souvent. Elle poussa la porte d'un des bars-restaurants qui se situait à quelques rues de son lieu de travail. Perchée sur ses hauts talons et habillée élégamment, la jeune femme traversa la pièce, avec son assurance innée qui attira quelques regards flatteurs de la part des jeunes hommes, et quelques regards jaloux de la part de ces dames. Mais Leighton se fichait de tout cela. Le regard des autres, elle n'en avait rien à faire. Et c'était bien ce côté sauvageonne qu'on lui reprochait. Elle se hissa sur un des hauts tabourets du comptoir et commanda une vodka orange. Quand sa boisson arriva, elle en but une gorgée et commença à taper la discut' avec le barman. La porte s'ouvrit de nouveau, mais dos à elle, Leighton ne vit pas le jeune homme qui venait de faire son entrée. A cet instant, le répit était toujours présent, mais d'ici quelques minutes, tout son passé de tueuse à gages, toute sa méfiance (ou sa paranoïa ?) surgiront encore et encore...

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La vie sans Tia est parfois plus compliquée qu'il n'y parait. Pas que je sois raide dingue d'elle au contraire même, mais voilà que bien souvent avec elle les choses sont plus faciles. Je me prends moins la tête sur de nombreux détails. Bon, il arrive aussi qu'avec elle je me prenne plus la tête. C'est le revers de la médaille aussi. Mais on ne peut pas tout avoir.
Me voilà donc en célibataire pour une soirée de plus. Ça m’enthousiasme pas plus que ça, mais je prends mon mal en patience. Justement, après être passé à la salle pour une répète avec quelques potes, je me suis retrouvé à me demander que faire de cette fin de journée qui n'en finit pas. J'ai eu envie de manger un petit truc, sur le pouce de préférence parce que je n'ai pas plus de temps que ça et justement, la rue regorge de ce genre de petit bar qui ne demandent qu'à attirer le client.
Généralement je ne choisis pas là où je vais. Je prends la première direction qui me convient et je ne m'attarde pas sur les détails. Et ce soir ne fait pas exception à la règle. Lorsque je pénètre dans la pièce assez légèrement éclairée, j'ai comme l'impression que personne ne remarque ma présence si ce n'est le barman qui tourne la tête de façon imperceptible et décoche à grand peine un sourire timide.

* Encore un qui s'est fait opérer du sourire *

Je m'approche tout de même du comptoir sans faire plus attention que ça aux gens qui s'y trouvent, ni même à cette superbe blonde dont le regard se posera sur moi à un moment ou à un autre. De dos, je ne vois que sa chevelure mais ça laisse présager le meilleur.
C'est en détournant mon regard vers le barman que je m'adresse à lui avec un sourire plus large que le sien :

« Bonsoir ... je voudrais une Guiness et un sandwich ... c'est possible ? »

Il acquiesce et avant même que j'ai fini ma phrase il a attrapé une chope pour me servir ce doux breuvage. Dans le même temps, je prépare déjà les 10$ qu'il va me falloir débourser pour ce repas express !

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Jusqu'à présent, personne n'avait réellement attiré le regard de Leighton. Le barman, avec qui elle avait discuté deux minutes, s'avérait être ennuyant à mourir. Ce qui fit soupirer la jeune femme. En effet, elle faisait partie de ces gens qui devaient toujours s'occuper. Un peu comme les gamins. Elle but une gorgée de sa boisson, puis fouilla dans son sac afin d'attraper son téléphone portable. Elle commença à pianoter sur le clavier, sans réel intérêt, quand elle entendit une voix d'homme passer sa commande. Elle tourna la tête, jetant un bref regard sur le brun près du comptoir, avant de reporter son regard sur son téléphone. Mais soudainement, Leighton se stoppa, redressa la tête, les sourcils froncés. Elle se retourna de nouveau et observa fixement le jeune homme. Ce n'était pas très poli, certes, mais là, la demoiselle était on-ne-peut-plus songeuse. Il y avait comme un air de déjà vu. Elle avait déjà croisé cet homme quelque part. Mais où ? Quand ? Dans quel contexte ? Elle ne s'en rappelait plus. Avec la double vie qu'elle menait, il lui fallait toujours un temps d'adaptation, un petit moment pour que les souvenirs resurgissent. Et comme Leighton n'était pas du genre à passer rapidement à autre chose, elle prit son verre, sauta de son tabouret et se dirigea de son pas assuré vers le jeune homme. Avec un joli sourire, elle s'adressa à lui :

"Bonsoir, je peux me joindre à vous ?"

De toute façon, même s'il disait non, elle resterait là What a Face

. Pour le coup, elle avait de la chance. Il était bel homme. Ses yeux bleu clairs posés sur lui, son sourire, toujours, sur les lèvres, Leighton affichait son visage d'ange, qui la rendait adorable. Or, elle était tout, sauf adorable. Elle but de nouveau une gorgée de sa boisson et lui lança, de but en blanc :

"J'ai comme l'impression de vous avoir déjà vu quelque part..."

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* Vous ?*

Du haut de mes dix-neuf ans, j'ai jamais été trop habitué à ce que l'on me donne du "vous". Je dois même avouer que généralement, cela me met plutôt mal à l'aise. Mais à l'opposé, ce qui me met immédiatement à l'aise c'est l'attitude de cette fille. Elle parait tout à fait détachée de ce qui se passe dans le bar, tout près de moi, j'ai l'impression qu'elle n'a d'yeux que pour moi et cela flatte mon égo pour tout avouer.
Bon, l'approche pourrait être plus développée, moins banale disons, mais cela ne gâche pas réellement mon plaisir d'être LE gars dans la salle vers qui elle a décidé de se retourner pour ne pas passer la soirée toute seule.

* Et ça fait plutôt plaisir ! *

Avant même que j'ai pu répondre quoi que ce soit, elle s'installe. Mais je ne voulais de toute façon pas refuser une si charmante compagnie à mes côtés.

« Je m'en souviendrais si c'était le cas ... »

Je n'ai pas assez de notoriété où que ce soit pour qu'elle m'ait vu sur les planches. Mais je préfère approfondir : le vouvoiement m'est finalement très difficile dans ce genre de circonstances et c'est ainsi que malheureusement ma langue fourche :

« Tu .. euh ... vous habitez Bowen ? »

Car si c'est le cas, et comme la différence d'âge ne me parait pas importante, il se peut qu'on se soit croisé lors de nos scolarités.

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Oui bon, le vouvoiement, c'était une déformation professionnelle. Elle avait l'habitude de côtoyer des petits jeunots, dans le magasin, à qui elle devait respect, disponibilité et provisoirement servitude. Soit... La jeune femme l'avait abordé directement, sans chercher à faire dans l'originalité. Elle n'avait pas la tête pour. Elle était, en réalité, en train de se triturer l'esprit, de se remuer les méninges. Les beaux traits du jeune homme, elle les avait déjà vu quelque part. Elle esquissa un petit sourire en coin à ses paroles. Forcément ! Cela aurait été trop facile. Elle allait devoir creuser en profondeur, chercher à en savoir plus sur lui, afin de pouvoir mettre un souvenir, un nom ou un lieu de rencontre sur ce brun aux yeux bleus. Ce qui, en soit, ne dérangeait pas la jeune femme. Il avait l'air d'être de bonne compagnie. Quand il fourcha sur le "tu/vous", la demoiselle lui adressa un nouveau et le regarda d'un air enjoué :

Le "tu" me convient parfaitement. Pour répondre, à ta question, oui, j'habite Bowen depuis... euh... six mois environ. Avant, j'étais à Sydney. - Et Melbourne, pour la grande majorité de sa vie, mais cela, elle en faisait l'impasse. Son ancienne vie, c'était du passé. - Et toi ?

Leighton garda son regard sur lui, intéressée par l'idée d'en savoir plus sur le jeune homme. Certes, c'était, à l'origine, pour un intérêt personnel, mais c'était mêler l'utile à l'agréable.

Autant faire les présentations dans les bonnes et dues formes. Je m'appelle Leighton...

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Sydney ? Elle aussi ? Voilà qui peut paraitre étonnant. Mais au fond, l'Australien même si elle représente un continent à elle seule n'est pas si peuplée que ça. Je la regarde un peu plus précisément, tout en détaillant ce qui peut l'être. Fine et raffinée elle a une élégance naturelle dans le geste et dans la parole. Son sourire me met dans de meilleures dispositions, mais il y a un petit quelque chose encore que je n'arrive pas à percer.
Mais puisque la conversation semble lancer, autant la poursuivre pour voir ce qu'il en est.

« Je m'appelle Sébastiàn, j'ai aussi vécu à Sydney pendant des années avant de venir me perdre ici ... »

Bien que niveau perte, je n'ai pas perdu grand chose. Si la vie à Sydney présentait pourtant des avantages certains, vivre chez mon père là-bas m'était insupportable. sa façon de vouloir régenter ma vie m'était devenu tout à fait répugnante. Ici c'est Bowen, la vie y est tout à fait différente. Plus calme, moins stressé et si ma mère n'a pas les ressources financière de mon père, elle n'en est pas moins plus ouverte à mes ambitions de carrière artistique.

« C'est assez bizarre de quitter Sydney pour venir s'enterrer ici tu ne trouves pas ? »

La remarque vaut pour elle, mais elle vaut tout autant pour moi.

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"Enchantée Sebastiàn..."

Dit-elle avec un petit sourire. Bon, les présentations, c'était fait. C'était bien la preuve que, quand Leighton mettait du sien, tout devenait plus agréable. Mais elle n'irait quand même pas jusqu'à dire qu'elle était une personne extrêmement sociable. Après tout, elle n'était pas là pour se faire des amis. En temps normal, chez elle, chaque geste et chaque parole étaient longuement étudiés. Souvent dans son propre intérêt. Et dans le cas présent, c'était pour obtenir des réponses. Et ce fut quand il déclara qu'il venait de Sydney que Leighton tiqua. Elle se raidit brusquement et se mordilla la lèvre inférieure. Non... ça ne pouvait pas être ce qu'elle pensait qu'il était. Oui, dans l'esprit de Leighton, le beau Sebastiàn n'était autre qu'un de ses premiers contrats : un jeune homme qu'elle avait dû abattre, au tout début de sa carrière de tueuse à gages. Se pouvait-il qu'elle ait raté son coup ? Qu'elle ait fait une grave erreur ? C'était possible. Elle n'était qu'une gamine innocente à l'époque. Un certain malaise se fit ressentir, mais la jeune femme se ressaisit très vite. Il le fallait. Leighton ne montrait jamais ses instants de faiblesse.

"J'ai peut-être dû t'apercevoir à Sydney, dans ce cas."

Dans une ruelle mal famée, avec une balle dans la poitrine... ce qu'elle n'ajouta bien évidemment pas. A sa remarque, la jeune femme haussa nonchalamment les épaules.

"Assez bizarre comme tu le dis. Mais parfois la vie fait que l'on n'a pas vraiment le choix".

Elle, elle commençait à avoir la police aux trousses. Du coup, son patron l'avait expédiée directement à Bowen. Bref... Dans l'optique de confirmer ou non ses craintes, elle lui demanda :

"Qu'est-ce qui t'a pas poussé à venir dans cette ville paumée... si ce n'est pas trop indiscret ?"

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Indiscret ? Rien n'est indiscret quand c'est une jolie fille qui me le demande de la sorte. Bien entendu, je sais enjoliver les choses pour que ça paraisse fortement à mon avantage. Un petit mensonge par ci par là, une légère omission de l'autre et le tour est joué. Je pourrais jouer le bad boy aussi et raconter que ma vie était en danger à Sydney. Ce qui n'est pas foncièrement faux non plus puisque je serais à cette heure enfermé dans un bureau d'avocat à jouer les apprentis ou à passer des heures sur les bancs de la fac de droit. Oui, pour une menace sur ma vie, c'en est une !

« Non, c'est pas indiscret ... disons que là-bas, près de mon père j'aurais pas eu la liberté que j'ai ici. Ici, je fais un peu ce que je veux de ma vie, je me sens libre, je me sens vivre ... »

Est-ce qu'elle peut comprendre ça ? Je ne sais pas si je le lui ai expliqué suffisamment clairement. après tout, elle ne connait rien de mon père, de ma vie, de ce qui m'a poussé à le quitter pour venir vivre chez ma mère ici à Bowen. De son invraisemblable entêtement à vouloir faire de moi un homme riche, un médecin ou un avocat. alors que je veux jouer, vivre pour jouer la comédie.

« Mon père qui vit encore à Sydney avait des projets funestes pour moi, j'ai préféré m'éclipser tant qu'il en était encore temps ... mais tu crois vraiment qu'on a pu se rencontrer là-bas ? C'est une grande ville ...»

Ma phrase est à double tranchant, pour elle forcément, mais puisque je n'en sais rien, je n'en mesure pas la portée. J'attrape mon verre et le porte aux lèvres, un petit toast pour la soirée en prime :

« A notre rencontre ! »

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Leighton écoutait avec attention ce que lui disait Sebastiàn. En fait, elle engrangeait toutes les informations pour voir si quelque chose allait l'extirper de cette crainte qui la rongeait. Ce qui, pour le moment, se soldait par un échec. Mais au fond d'elle, c'était intéressant d'entendre la vie des gens. Surtout quand ils avaient des passés pourris comme le sien. Ah ces parents... toujours là pour mettre des bâtons dans les roues de leurs enfants. La jeune femme hocha de la tête, compréhensive.

"Ah oui ! Je vois un peu le genre."

Toutefois, la jeune femme était admirative du fait que Sebastiàn avait pris l'initiative de tout quitter pour préserver sa liberté. Sur ce coup-là, il lui rappelait son frère... Il approfondit sa réponse, en évoquant les projets funestes que son père avait envisagé pour lui.

"C'est bien ce que je pensais, c'est le genre de père qui veut un bon fils à papa qu'il pourra contrôler à sa guise..."

Au vue de ses premières réponses, Sebastiàn montrait qu'il était un jeune homme qui savait ce qu'il voulait. Mais il n'avait pas l'air bien méchant. Il était bien loin de la personne qu'elle avait abattue à Sydney. Sa question la fit sortir de ses pensées. Leighton haussa des épaules.

"Je le pense bien. La ville est grande, certes, mais on a peut-être fréquenté les mêmes coins... Ou alors tu as un frère jumeau ou un véritable sosie."

En disant cela, Leighton redoubla d'attention. Elle guettait la réaction de Sebastiàn. Histoire de voir s'il allait se trahir ou si c'était elle qui devenait pleinement paranoïaque. La deuxième solution était la plus probable. Son boulot lui tapait sur les nerfs et la rendait plus que méfiante. Et cela se ressentait. Même avec ses sourires, ses regards flatteurs ou son assurance, on ne pouvait renier le fait que Leighton était une personne mystérieuse, à qui on ne pouvait faire confiance. Quand il porta un toast, la demoiselle leva à son tour son verre, répondant la même chose, tout cela agrémenté d'un de ses jolis sourires. Elle but une gorgée de sa boisson puis reposa son regard sur Sebastiàn.

"Et du coup, puisque tu as échappé aux projets funestes de ton père, qu'est-ce que tu fais de beau ici ?"

Invité

Sa dernière phrase me fait réellement tiquer. Bon, qu'une fois déjà elle m'aborde avec ce truc éculé du "on s'est déjà vu quelque part", passe encore, mais qu'elle revienne à la charge très peu de temps après, ça me parait réellement louche. A moins qu'elle ne connaisse réellement un mec qui me ressemble sur de nombreux points. Je ne veux pas dire que c'est impossible, mais bon c'est le genre de probabilité qui frôle le néant sur terre alors dans une ville comme Sidney ...
Du coup je me montre moins volubile, peut-être est-ce de la méfiance. Toujours est-il que ça affecte mon comportement, mais elle ne semble visiblement pas gênée par ça, cette fille a des nerfs d'acier.

« Un sosie ? Non, je ne crois pas ... Qui plus est sur Sydney ? Ce serait vraiment étonnant, tu ne crois pas ? »

Et voilà que j'enfonce le clou et que je remets sur le tapis cette histoire. Peut-être va-t-elle cesser de m'en parler. après tout, les présentations sont faites, plus besoin de chercher une technique d'approche.

« J'étudie la comédie, j'essaie de progresser pour devenir le futur Hugh Jackman ... Sait-on jamais ! »

Là, je vise peut-être un peu haut, mais à vrai dire, j'aimerai pouvoir avoir ne serait-ce qu'un dixième de sa renommée dans le milieu. Ce serait déjà le top.

« Et toi tu fais quoi dans ce coin perdu ? »

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Bizarrement, en évoquant de nouveau le fait qu'elle l'avait déjà vu quelque part, l'atmosphère avait subitement changée. Elle ressentit un certain "retrait" de la part de Sebastiàn. Comme un malaise. Et c'était cela que Leighton aimait. Même si oui, elle avait peur d'avoir raté un de ses contrats, l'envie de jouer avec les nerfs des gens était plus forte que tout. Il se posait des questions et il avait bien raison. L'insistance de Leighton et la conviction dont elle faisait preuve pouvaient s'avérer intrigantes. Et pourtant, alors qu'elle pensait qu'il allait éviter le sujet, il revint à la charge. Sosie ou non, elle avait déjà vu une personne qui ressemblait à Sebastiàn comme deux gouttes d'eau, et ce, à Sydney.

"J'en mettrais ma main à couper..."

Se contenta-t'elle de répondre simplement et mystérieusement. Son ton montrait clairement que ce n'était plus du tout une banale approche. Quand elle apprit qu'il voulait être comédien, là, elle prit un nouveau coup. Bon, soit elle se plantait totalement et le gars qu'elle avait dû tuer à Sydney était réellement mort. Soit, c'était bel et bien Sebastiàn et il se fichait d'elle depuis tout à l'heure. Elle allait devoir mener son enquête en sortant de ce bar. Mais comme elle le faisait depuis le début, elle ne laissa rien paraître. Et Leighton continua sa petite discussion, comme si de rien n'était, faisant l'impasse sur cette subite "tension" qui s'installait.

"Le futur Hugh Jackman ? Bonne référence en tout cas."

Et quand il lui retourna la question, Leighton garda son petit sourire mystérieux sur les lèvres et répliqua :

"Ce que je fais ici ? Comme toi... je m'éclipse pour garder ma liberté." - Sa liberté au sens propre, bien évidemment. Pour ne pas finir derrière les barreaux - "Mais accessoirement, je bosse dans un magasin Chanel..."

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« Une si jolie main ...»

Voilà une réponse qui me donne d'autres réponses. Son style, son élégance, sa prestance aussi sont autant d'atout qui lui ont permis d'obtenir ce poste. Et j'imagine que le poste en question fait aussi qu'on se doit d'être irréprochable à côté. Je suis à des lieues de m'imaginer sa double vie, c'est bien quelque chose qui n'effleure pas mon esprit. Seule elle et sa beauté troublante accaparent mes idées, même les plus folles.

« Vendeuse ? ... »

* Oui forcément, en tout cas au contact direct de la clientèle, sinon pourquoi tant de glamour dans sa façon d'être ? *

Ma réponse en tête, je poursuis avant même qu'elle n'ait pu répondre tout en la regardant des pieds à la tête avec un air satisfait, respectueux et impressionné :

« Vendeuse chez Chanel ! Voilà qui explique beaucoup de choses ... mais il y a une vraie clientèle sur Bowen pour ce genre de commerce ? »

Bowen n'est pas une ville immense, j'imagine que la foule ne se presse pas au comptoir, moi même il me semble que je n'y ai jamais mis les pieds. A moins qu'une fois, avec Tia peut-être ...
Mon esprit divague. Serait-ce à cet éventuel moment là qu'elle m'aurait vu ?

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Certes, quand elle disait qu'elle travaillait chez Chanel, on rattachait directement le style de Leighton avec la prestance de la maison dans laquelle elle travaillait. Mais à vrai dire, ce n'était qu'un plus. Leighton avait toujours été ultra féminine. Elle ne sortait jamais sans être bien habillée, bien coiffée ou maquillée. Son boulot avait amplifié cette féminité, au point de la rendre même superficielle. Elle aimait les belles choses, les beaux objets et les beaux hommes, voilà tout. Elle hocha de la tête quand il la questionna sur son statut de vendeuse. Oui, elle était vendeuse pour l'instant. Vicieuse comme elle était, la jeune femme était à deux doigts d'obtenir le poste de responsable du magasin. Le regard de Sebastiàn la fit sourire. Comme il l'avait dit, cela expliquait beaucoup de choses. Et s'il connaissait son autre métier, il comprendrait bien d'autres choses aussi. A sa question, Leighton haussa les épaules :

"En fait, je n'ai pas vraiment affaire à la clientèle de Bowen, mais plutôt des villes aux alentours. Sans compter les touristes... "

C'était plus ce genre de clientèle qui faisait le chiffre du magasin. Mais soit, elle ne s'ennuyait pas, c'était bien le principal. Avec sa double vie, il lui faudrait même des journées de 48 heures pour tout réussir. Elle prit de nouveau son verre et but une gorgée, avant de reposer son regard sur le jeune homme.

"D'ailleurs, je peux te retourner en quelque sorte la question. Pourquoi rester à Bowen si tu veux finir sous le feu des projecteurs ?"

C'était bien vrai cela. Bowen... ce n'était pas franchement le meilleur endroit pour percer dans le monde de la comédie.

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« Forcément ... les touristes ! »

Elle marque un point. Il est vrai que Bowen est loin d'être le lieu le plus propice pour voir une carrière décoller réellement. Mais l'emprise de mon père à Sydney était telle que je ne pouvais plus m'y épanouir. Et la réponse que je finis par donner me parait comme une évidence :

« Mon père m'a coupé les vivres ... Donc il m'a bien fallut trouver un point de chute. J'ai pas de diplômes ... enfin pas encore, et pour pouvoir m'inscrire dans une école d'arts, il me fallait un minimum que je n'avais pas ... C'est ma mère qui m'a offert cette opportunité, et elle vit ici depuis qu'ils sont séparés. »

"Ils" ce sont mes parents bien sûr. Ils ont vécu longtemps ensemble sans vraiment prendre le temps de se comprendre l'un l'autre. Quand je suis arrivé dans leur vie, ils ont eu encore moins de temps pour eux et ce qui devait arriver a fini par arriver. Je ne les blâme pas parce qu'ils ont fait leur possible, mais je crois qu'à la base ils n'étaient pas fait pour vivre ensemble avec un enfant. Mon père est très terre à terre et fortement pragmatique, ma mère est son exact opposé, et je crois que je tire surtout d'elle.

« Mais j'ai quelques touches pour me produire ... je présente quelques pièces avec des amis ... »

* Pour une audience d'une centaine de personne à tout casser, c'est vrai ! *

« Et j'ai aussi des oportunités pour d'autres choses, pub ou figuration ... »

C'est pas ce qui me tente le plus, mais s'il le fallait j'irai quitte à prendre des chemins détournés pour parvenir à mon St Graal !

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[Désolée pour le retard]

Pour Leighton, il était certain que Bowen n'était pas la meilleure ville pour entamer une carrière, en général. Dans la comédie, cela devait être encore plus difficile. Mais elle comprenait Sebastiàn. Son histoire l'avait poussé à s'éloigner de Sydney, à rebondir malgré tout. Elle esquissa un léger sourire.

"Je comprends. Bon après, rien ne t'empêchera d'aller là où il sera plus judicieux d'aller pour la suite de ta carrière. Heureusement, il n'y a pas que Sydney."

Il y a des villes comme ça, où il était toujours difficile d'y retourner. Leighton le savait plus que bien. Elle ne pouvait, par exemple, plus se voir la ville de Melbourne en peinture. Enfin, il avait le temps d'y penser. Apparemment, il n'était pas encore diplômé.

"Et quand est-ce que tu es censé avoir ton diplôme ?"

Finalement, elle commençait à s'intéresser à toute l'histoire du jeune homme. Ce qui était rare chez Leighton, qui ne pensait qu'à sa propre pomme. Elle l'écouta évoquer ses divers projets. Des pièces de théâtre, de la figuration. Il fallait bien passer par là, de toute façon ! Les plus grands y étaient passés. Elle but une gorgée de sa boisson et reposa son regard sur Sebastiàn, demandant alors d'un air enjoué :

"Tu m'inviteras à une de tes pièces ? J'aime bien voir des nouveaux talents."

Ce qui était bien la vérité. Leighton, elle-même, avait fait partie d'un club de théâtre, avant de tout quitter pour devenir tueuse à gages. Et puis, dans un interêt plus professionnel, ce serait l'occasion pour elle de continuer à chercher des renseignements sur lui.

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