never a dull moment with you (Will)

Hughes brothers

Assis confortablement à son bureau, Cooper regardait de façon nonchalante l’écran de son collègue en jouant avec une balle de tennis. Les shifts du soir, c’était vraiment à double tranchant. Ils venaient d’intervenir chez un couple en pleine dispute, embarqué un jeune alcoolisé et les voilà de nouveau à attendre avant de repartir faire un tour de la ville. Normalement, les gardes de nuit, il arrivait à bien les esquiver, ses collègues sans enfant ou en couple s’en chargeaient à sa place. Alors même si c’est ponctuel, il n’était pas franchement ravi d’avoir dû laisser les petits à leurs grands-parents comme ça. Loin de lui l’envie de séparer ses enfants de sa belle-famille, bien au contraire, il était toujours aussi bien intégré dans la famille et ils avaient été un soutien précieux depuis le départ de sa femme. Ce qui le dérangeait, c’est de n’avoir aucun autre choix. Il aurait pu traîner des pieds Cooper, faire la gueule toute la soirée pour montrer son mécontentement. Mais ce n'est pas son genre. Une fois au boulot, c’est le sérieux incarné. Un professionnalisme à tout moment qui lui valait toujours la reconnaissance de ses pairs. Au fond, une fois les portes du commissariat passées, il n’attendait plus qu’une chose : que les interventions s'enchaînent. Il fut finalement servi quand le téléphone retentit de nouveau pour leur signaler un groupe de jeunes en train de grimper sur les statues de la place centrale de Bowen. En moins de deux, le policier grimpa dans sa voiture de service pour se rendre sur les lieux du crime. Il s’autorisa un petit rire avant de sortir de la voiture en voyant ce groupe de quatre couillons glisser sur la fontaine. Cooper soupira pour se donner de la constance avant de sortir et de s’approcher d’eux. “Arrêtez ça ! Vous allez finir par vous faire mal.” Annonça-t-il d’une voix autoritaire alors que déjà, deux des gars s'échappaient en courant. Le brun leva les yeux au ciel, laissant son collègue s’occuper du troisième. Il en restait toujours perché sur la fontaine et qui visiblement n’avait pas capté leur présence. C’est quand il se retourna, peut-être à la recherche de ses potes que Cooper reconnu son petit frère. Un soupir de désespoir s’échappait de lui, prenant son visage dans sa main l’espace de quelques secondes. En temps normal, il aurait eu envie de rire, mais son uniforme l’en empêchait et l’heure avancée ajoutait plutôt de l’exaspération. “Will ! Descends de là, tu veux.” Le regard relevé vers le cadet Hughes, Cooper croisait les bras contre son torse, attendant patiemment qu’il descende pour vérifier son taux d’alcoolémie. “Et fait attention !” Ajouta-t-il, quand même inquiet pour lui.  

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C'était pas spécialement prévu que je sorte boire un coup avec des potes ce soir. Ça avait beau être vendredi soir, j'aimais bien avoir une petite soirée tranquille une fois de temps à autre et normalement, ça aurait été ce vendredi. Mais j'avais reçu un coup de fil plutôt inquiétant de Poppy, mon ex petite-amie et ça m'avait troublé. Bien plus que ça aurait dû après 3 ans sans le moindre contact. C'était la merde à Seattle pour elle et sans la moindre hésitation, j'lui avais proposé de venir ici. Pourquoi exactement? Parce que c'était Poppy. Elle n'avait pas un très grand cercle d'amis et malgré les années, on avait encore ce lien bien spécial. Alors juste comme ça, je lui avais dit de venir et elle avait dit oui. Après avoir raccroché par contre, je m'étais questionné pas mal, remettant en question mon geste. J'savais pas ce que ça allait donné une fois qu'elle serait ici, j'avais une semaine pour me préparer. Et pour commencer, j'allais aller boire un bon coup avec les mecs, histoire de digérer tout ça.

Ce qui était supposé être une p'tite soirée bien chill s'était transformé en soirée un peu plus débauche. C'était un peu évident que ça allait virer comme ça, mais j'm'étais voilé la face plusieurs minutes avant de céder à l'appel des bières. Finalement, on s'retrouva bien vite tous un peu éméché - ou plutôt pas mal. Une chose en entraina une autre et après un p'tit concours de qui allait finir son verre le plus vite, un des potes lança un défi : escalader les statues de la place centrale. Pas une minute plus tard, on était tous en train de se dire qu'on allait l'faire en premier. On se lança dans les rues de Bowen en parlant un peu trop fort, et donc en étant clairement pas les plus agréables et on entreprit de réussir le défi lancé. Ça demandait pas mal de dextérité tout ça, mais j'réussis à grimper jusqu'en haut. Pas en premier, mais pas en dernier non plus. On faisait pas mal de bruits et forcément, ça attira l'attention. Pas que celle des citoyens, celle de la police aussi. Alors qu'on faisait les cons en haut, une voiture se gara près des statues. J'm'en rendis pas compte tout de suite, trouvant que j'avais juste plus d'endurance que les autres. « Ouais c'est ça, DESCENDEZ! » hurlai-je en riant, bien fier de ma capacité à rester là. J'avais pas l'air plus intelligent par contre, encore moins quand mon grand frère gueula mon prénom. Oops. J'avais l'impression d'me faire gronder. Je tournai la tête vers le bas avec un grand sourire idiot au visage. « Hey Coopcoop! » lui dis-je en lâchant une main pour le saluer. Jouer à l'autruche, faire comme si j'faisais rien de mal, c'était une bonne idée j'trouvais. Je décidai quand même de descendre afin d'éviter que Cooper se tape une crise cardiaque. J'descendis doucement, puis sautai la p'tite distance qu'il restait, atterrissant avec une roulade sur le sol style cascadeur avant d'me remettre sur mes pieds. « En un morceau. » lui dis-je fièrement. « Qu'est-ce que tu fais là? » osai-je demander. L'autruche j'avais dit.  

 

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Ce genre de soir, ça pouvait s’avérer mouvementé pour le policier. Les jours de week-end, la dérive était rapidement arrivée. C’est donc sans grande surprise qu’ils s’étaient fait appeler pour un groupe de jeune en train d’essayer d’escalader des statues. Étonnamment, ça arrive bien plus souvent qu’on ne le pense. L’abus d’alcool, ça donne des idées lumineuses, parfois. Cooper, il avait déjà fait ce genre d’intervention, c’est plus de la prévention qu’autre chose à ce stade. Un aller-retour serait amplement suffisant, juste de quoi les empêcher de se blesser, de réveiller tout le voisinage et peut-être en embarquer un ou deux pour les mettre en cellule de dégrisement le temps qu’ils se calment. Presque une balade de santé pour les deux policiers qui auraient sûrement des interventions plus touchy le reste de la nuit. Ce à quoi il ne s’attendait pas Cooper, c’est de tomber sur son petit frère. Toujours fourré dans les bons coups celui-là. Alors il avait laissé son collègue gérer un des autres gars le temps de s’occuper du cas de Will. Il le regardait descendre de sa statue avec un regard dubitatif, les bras croisés contre son torse. Pas de doute possible sur l’état actuel du cadet Hughes, sa façon de parler sentait déjà l’alcool à plein nez. Alors quand il exécuta une roulade sur le sol, Cooper leva les yeux au ciel. Il aurait pu s’inquiéter de la chute, mais à ce stade, Cooper était plus partisan de le laisser se faire. C’est comme ça qu’on apprend de ses erreurs non ? Il eut tout de même l’audace de lui demander ce qu’il faisait là. “Il paraît qu’il y a une bande d’idiots qui s’amuse à faire du Parkour sur les statues.” Dit-il de façon nonchalante. Will voulait faire comme si de rien était, lui aussi pouvait jouer à ce petit jeu. “Tu ne les aurais pas vues par hasard ?” Il restait de marbre, une capacité qu’il avait acquis depuis des années, surtout depuis qu’il a des enfants. Malgré l’envie de rire parfois, c’était important pour lui de savoir garder son sérieux.“La ville pourrait bien porter plainte, on va devoir embarquer tout le monde.” Annonça-t-il le plus calmement du monde. Cette information était complètement fausse, mais Will, il n’avait pas besoin de le savoir tout de suite.   

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Cooper, c'était le grand frère fiable. J'pouvais toujours compté sur lui, même quand on était aux states. Il avait défendu pas mal de mes conneries, il avait pris sur lui pour pas que j'me fasse trop engueuler. Déjà que c'était moi la déception de notre père, comme j'avais refusé de suivre ses traces, Coop, il avait toujours tout fait pour que j'la ressente pas trop, cette déception. C'était un chouette grand frère, mon seul, mais le meilleur. C'était pas pour rien que j'avais opté pour l'Australie au moment de faire mon semestre à l'étranger et pas pour rien que j'y étais emménagé non plus. J'voulais être près de lui, de mon neveu et de ma nièce aussi. C'était cette vie de famille là que je préférais, bien plus que celle à la maison avec nos parents. C'était Cooper ma figure d'attache et j'lui devais pas mal de choses. Par contre, j'restais le petit frère, c'était dans ma description de tâches de l'emmerder un peu. J'le faisais régulièrement, volontairement aussi, mais ce soir c'était un pur hasard qu'il tombe sur mes potes et moi en train de grimper sur les statues. J'avais p'tête 27 ans, j'étais pleinement un adulte, mais j'restai un gamin un peu con dans ma tête. C'était pas ce que je dégageais devant une salle de classe, mais dès que les cours finissaient, le naturel il revenait au galop. Après avoir joué un peu la carte du déni, j'avais fini par descendre de la statue de façon peu sécuritaire : tel un cascadeur. J'me sentais trop fort en faisant ma roulade d'ailleurs, mais personne sur place semblait impressionné, encore moins Cooper. Il gardait son air sérieux parce qu'il était en uniforme, mais j'le connaissais trop bien. Sans être en service, il aurait sûrement rigolé un bon coup. « Ah ouais hein? Faut être con franchement, comme ça en plein milieu de la ville.» répondis-je faussement indigné. À ce stade, les deux on faisait comme si de rien était, mais on était pleinement conscient. Clairement l'un des deux l'était plus que l'autre, j'vous laisse deviner qui. Je jetai un coup d'oeil à droite, puis un à gauche et haussai les épaules. « Nan pas vu. Ils sont discrets faut croire. » dis-je en me retenant de pouffer de rire. L'alcool, l'alcool, cette petite bête. Je baissai la tête pour ne pas croiser le regard de mon frère et sortir de mon petit rôle d'autruche, mais sa phrase suivante me la fit relever bien rapidement, soudainement inquiet. « Quoi? Come on Coop, c'était juste une connerie, tu vas pas nous embarquer pour ça? » lui demandai-je un peu en panique. Je m'approchai un peu de lui en parlant tout bas. « Yoyote pas de la cafétière, j'suis prof ici, si j'ai un dossier ils vont me virer. » lui lançai-je avec de gros yeux. En vrai, j'savais pas. Ça me semblait logique par contre et je préférais ne pas prendre de risque. Perdre son travail parce qu'on a escaladé une statue en étant saoul, c'était con.
 

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La différence entre les deux frangins était toute en contraste. C’est comme s’ils avaient pris deux chemins complètement différents depuis le plus jeune âge. Pourtant, c’est peut-être ce qui faisait leur force et ce qui leur avait permis de se souder autant avec les années. Forcément plus sérieux dans sa vie personnelle à cause de son ancien métier et de son rôle de père, Cooper ça lui fait toujours du bien de voir Will. C’est toujours rafraîchissant, même quand ce dernier à décidé de faire n’importe quoi avec ses potes. Sans l’uniforme, il aurait ri, Cooper. Il se serait inquiété que son cadet ne se soit pas fait mal, mais il aurait ri. Là, les circonstances étaient quelque peu différentes. Il restait calme, complètement dans son rôle de policier, mais aussi dans le rôle du grand frère qui veut donner une petite leçon à son cadet. “La discrétion de ces ninjas à quand même alertée les habitants du quartier.” Dit-il en ne quittant pas son frère du regard. Il semblait tout prendre à la légère. L’alcool qui l'habitait jouait sûrement un grand rôle dans cet état, c’est pourquoi Cooper choisit l’offensive pour le faire redescendre un peu. Rien de tel que la menace d’une arrestation pour faire un peu peur à la personne en face de soi. C’était même plutôt radical sur Will qui arrêta totalement de faire l’autruche. “Je crois bien que je vais être obligé, fallait réfléchir avant de faire n’importe quoi.” Annonça-t-il à son frère et qui était déjà en train de flipper pour son poste de prof. “Et moi, j’suis flic Will, tu comprends bien que je dois faire mon métier moi aussi.” Dit-il, encore incertain sur la longueur de cette farce. Il décroisa les bras pour venir tapoter dans le dos de son frère et l’inciter par ce geste à marcher jusqu’à la voiture de police. Assez vite, il repérait au loin son collègue en train de discuter avec l’ami de Will, ça lui donnait un peu de temps pour continuer. “T’as encore le temps de me dire le nom de tes deux potes qui sont partis. C’est mieux pour toi si tu coopère Will.” Pour cacher un petit rictus, Cooper passait sa main sur son visage, sachant pertinemment qu’il ne pourrait pas continuer comme ça longtemps.

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Cooper, il rigolait pas de ma connerie. Pourtant, j'savais qu'il pouvait avoir un sens de l'humour mon grand frère alors je jouais le jeu, p'tête qu'il craquerait à un moment. L'uniforme, ça avait un sacré effet quand même, mais moi à cette heure-ci, j'voyais juste Coop. J'arrivais pas à prendre son air au sérieux, comme si j'avais juste mon frère devant moi qui m'indiquait de descendre pour pas que j'me fasse gronder par les parents.  Le Will de 12 ans, il avait la frousse de sa vie et descendait en catastrophe, mais celui de 27 ans, bah il prenait ça un peu à la légère, ne voyant pas trop les conséquences qu'il pouvait y avoir. Enfin, sauf quand Cooper indiqua qu'il pouvait m'arrêter. Là, c'est la panique d'avoir un dossier, un casier judiciaire et de perdre mon emploi qui prit le dessus sur tout. C'était pas qu'un petit job étudiant que j'avais là, j'commençais ma carrière. J'aurais aimé dire que ça me fit dégriser immédiatement, mais c'était pas tout à fait ça. J'me pris la tête à deux mains, en panique. « Coop, come on! J'suis ton frère, tu serais pas capable d'me faire ça, hein? » demandai-je. En voyant qu'il ne répondait pas et m'incita à marcher je répétai : « Hein? » Encore sur le même ton d'un gamin qui se faisait gronder. Il tapota mon dos et se mit face à moi pour discuter tandis que mon pote se faisait gronder par l'autre policier. Deux enfants, on croirait même pas qu'on était deux adultes fonctionnels dans la société à nous voir là. Mon frère m'incitait d'ailleurs à dénoncer les deux autres qui s'étaient cassé comme des mauviettes. Mes yeux s'agrandirent comme deux balles de ping pong. Je mis une main sur mon coeur, choqué. « Cooper! Tu veux que j'sois...» m'écriai-je. Je m'approchai de son oreille pour la suite. « Une balance? » chuchotai-je toujours la main sur le coeur, bien dramatique. Je secouai vivement la tête, même si c'était pas l'idée du siècle parce que ma p'tite bière elle avait bien envie de remonter là. « Nan nan, j'fais pas ça moi, j'suis loyal. » insistai-je. Je pointai mon pote au loin avec un p'tit clin d'oeil, pas certain qu'on se soit bien compris, mais moi j'dénonçais personne ce soir. Je mis ma main sur l'épaule de Cooper et chuchota à nouveau : « J'ferais la même chose pour toi Coop. » lui dis-je le plus sérieusement du monde. Comme si ça risquait d'arriver qu'il ait besoin de moi pour le couvrir.


 

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Un petit jeu s'était rapidement mis en place entre les deux frères. L’un jouant les innocents et l’autre déterminé à le faire marcher un peu. Cooper ne savait pas combien de temps, il jouerait avec lui comme ça, malgré la façade sérieuse, il s’amusait bien. Il n’y avait pas eu de casse, personne ne s’était blessé, il n’y avait donc rien de grave. Alors quitte à s’être déplacé, autant faire un peu peur aux deux zozos qui n’avaient pas pris la fuite. “T’es mon frère certes, mais j’ai été appelé et je ne peux pas fermer les yeux, désolé.” Il affichait une fausse moue désolée à son frère, comme pour mieux vendre son affaire. Voir Will tout penaud face à lui ça lui donnait vraiment envie de rire, mais la blague n’aurait clairement pas le même effet s’il craquait trop vite. Il enchaînait donc en essayant de motiver son frère à balancer ses potes. La tête qu’affichait son cadet à cet instant était priceless. Il n’aurait pas pu rêver mieux. Il fut obligé de se mordre la joue pour retenir un rire quand ce dernier s’approcha de son oreille pour finir sa phrase. “Je te demande juste d’être coopératif Will…” Dit-il pour regagner tout le sérieux qu’il avait précédemment. “C’est pour ton bien.” Ajouta-t-il en plantant un regard faussement dur sur son frère. Devoir garder son sérieux en toutes circonstances, ce sont ses enfants qui le lui avaient appris. Quel genre de père il serait s’il rigolait à chaque bêtises d’Henry ou Maya ? Mais Will, il insistait. Il disait être loyal avant de faire, on ne sait quel signe à son pote. Du coin de l’œil le policier observait les deux autres plus loin qui n’allait pas tarder à finir leur discussion. La main de son frère le ramena à la réalité et là, il ne put s’empêcher un petit rictus amusé.“Ah ouais ? Tu ferais ça pour moi ?” Demanda-t-il avec un léger sourire amusé qu’il tentait de contenir. “Tu me verrais vraiment faire ce genre de choses au risque de perdre mon travail, Will ?” Au fur et à mesure de la phrase, il reprenait son sérieux. Mais clairement, la réponse était oui. Il connaît ses droits comme sa poche le policier, mais ça n'a jamais été le dernier pour s’amuser une fois l’uniforme rangé. Il n’avait juste jamais montré ce côté de lui-même à Will, plus depuis leurs jeunes années du moins. “Je peux peut-être faire quelque chose pour réduire ta peine, cela dit…” Commença-t-il en plantant son regard dans celui de Will.“Ça ne va pas être gratuit par contre, je risque ma réputation en faisant ça, tu proposes quoi ?” Sur ce début de négociation, l'aîné Hughes croisait les bras contre son torse comme pour bien montrer qu’il était en position de force.

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Avoir su, j'aurais pris la fuite. J'aurais dû courir loin loin et faire comme si j'reconnaissais pas mon frère. Ça aurait été la solution la plus simple plutôt que d'me retrouver devant lui à m'faire gronder comme si j'avais cinq ans ou comme si j'avais détruit un bien public. J'l'avais pas détruit, j'étais juste monté dessus. C'était pas si grave, c'était même plutôt fun et brave. Elle était un peu haute cette statue, fallait l'admettre. Mais non, plutôt que de reconnaître mon courage, Cooper il préférait tenir ma carrière entre ses mains et la balancer au dessus de ma tête avec ses menaces d'arrestation. « Fuckin' hell, mais à quoi ça sert d'avoir un frère policier si on peut pas avoir des passes droits parfois! » me plaignis-je comme un gros bébé. Ouais un passe droit sur la loi, c'était bien c'que j'demandais, j'étais vraiment rendu un sacré criminel. Par contre, j'étais un criminel loyal parce que j'refusai de balancer mes potes. J'avais un peu envie de taper du pied quand Coop me demanda de coopérer, mais j'le fis pas hein. J'avais de l'amour propre quand même, j'étais pas rendu là. J'croisai quand même les bras, refusant de dévoiler mes complices. Pour montrer à quel point j'étais sérieux, j'assurai à mon frère que j'ferais la même chose pour lui. « Évidemment que j'ferais ça pour toi! » lui confirmai-je rapidement, presque vexé qu'il en doute. Ouais, à cette heure et à ce niveau d'alcool, j'voyais pas bien le second degrés. Je m'en aperçus bien rapidement avec sa seconde remarque par contre. J'savais bien que Cooper, c'était un mec sérieux et qu'il prenait son job bien à coeur. « Hey! On sait jamais ce qui peut arriver. Au moins là tu sais, I got your back no matter what. » lui dis-je en lui donnant une petite tape dans le dos. Entre nous deux, c'était moi le con, c'était moi qui faisait les conneries. J'avais jamais vu Cooper faire un truc illégal ou un truc borderline de l'être. Ça voulait pas dire qu'il en faisait pas, juste que j'en étais pas témoin. Il avait p'tête un petit côté wild en fait mon grand frère! D'ailleurs, il attira bien vite mon attention en me proposant un genre de marché. Réduire ma peine contre ma meilleure offre. Là on parlait! « Ouais non j'comprends, j'suis partant, attend je réfléchis là. » lui dis-je en expliquant mon p'tit processus mental à voix haute.  Je tapai deux-trois coups sur mon front avec mon index puis relevai les yeux vers Cooper. « Ok. Je t'offre de m'occuper de Maya et Henry aussi souvent que t'en as besoin pendant... Disons un mois. J'te cuisine un gâteau à la banane et... » Je fouillai dans mes poches et en sorti 20$. J'lui mis dans la main, l'air bien sérieux. « C'est tout c'que j'ai sur moi. » déclarai-je. Maya et Henry, c'était ma nièce et mon neveu, ça m'embêtait jamais de les voir et d'être avec eux. Le gâteau à la banane, c'était ma spécialité et j'avais pas mal de bananes dans mon congélo parce que j'les mangeais jamais, puis... Tout le monde aimait avoir un peu d'argent non? J'trouvais que cette offre, elle pouvait pas s'refuser. « C'est solide, hein? T'acceptes? J'suis libre? » demandai-je plein d'espoir à Cooper. Vraiment, j'étais redevenu un gamin ce soir.

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S’amuser de son frère, c’était plutôt agréable, il n’allait pas mentir là-dessus Cooper. Surtout si ça pouvait lui apprendre une petite leçon au jeune Hughes. Il avait envie de rire en le voyant s’exciter tout seul et se plaindre comme un gros bébé. Pourtant, il tenait bon le policier, il se forçait autant que possible, incapable de savoir combien de temps, il allait tenir. Will ne lui rendait pas la tâche facile en essayant de l’amadouer en lui disant qu’il le couvrirait lui aussi si la situation le demandait. Après une tape dans le dos de la part de Will, Cooper posa sa main sur l’épaule de ce dernier avec un petit sourire. “T’auras jamais besoin de le faire, je te rassure.” Dit-il tout de même. Il était plutôt confiant sur sa capacité à ne pas se mettre dans une mauvaise situation. Il avait pu le faire dans le passé, mais maintenant qu’il avait un poste à responsabilité et surtout deux enfants à charge, le temps des bêtises était révolu pour lui. “Et puis je serais quel genre de grand frère si c’était à toi de me sortir d’une mauvaise situation ?” Demanda-t-il sérieusement alors que clairement, il ne se présentait pas comme le grand frère qui allait aider son cadet ce soir. La plaisanterie touchait tout de même à sa fin puisqu’il proposait un marché à Will. Une proposition qui semblait plaire à son frère puisqu’il se mit à réfléchir, décrochant un sourire à Cooper qui croisait ses bras contre son torse pour patienter. S’il s’attendait un peu à ce que Will évoquait comme monnaie d’échange, il ne s’attendait pas à ce qu’il sorte un billet de sa poche. C’était la petite goutte d’eau qui faisait déborder le vase. En voyant ce geste, il ne put retenir son rire. Pour la première fois de la soirée, il craquait un peu.“Tu ne vas pas me payer en liquide quand même !” S’exclama-t-il en riant de bon cœur. “Reprends ça.” Dit-il ensuite en remettant le billet dans la main de son frère. Il avait quand même le don de le faire rire en toute circonstance celui-là, avec sa petite tête d’enfant qui voulait absolument se sortir d'affaires.“Deux mois de baby-sitting et on est bon. Pour le gâteau à la banane, je te laisserais voir avec Maya, ce sera elle la juge pour savoir si un gâteau est suffisant.” Conclut-il en lui offrant un large sourire amusé. Les deux petits allaient adorer passer du temps avec leur oncle, mais clairement, s’il annonçait à Maya qu’elle allait pouvoir demander plus d’un gâteau à son oncle, elle n’allait pas se gêner. “On va quand même vous ramener chez vous, histoire d’être sûr de ne pas avoir de récidiviste en liberté dans la ville.” Sur ces mots, il jetait un œil à son collègue qui revenait vers eux avec le pote de Will.

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On s'entend que si j'avais été sobre, Cooper il ne m'aurait pas eu aussi facilement. J'étais un peu naïf, d'accord je l'accorde, mais pas complètement con non plus. En général, en tout cas. Sauf que là, avec son air sérieux et son uniforme (et l'alcool ingéré), c'était trop facile de tomber dans le panneau du policier autoritaire. Ou celui du frère un peu moralisateur. Cooper était doué en plus, il se les jouait good cop/bad cop en même temps, essayant d'me convaincre gentiment, appuyant sur les bonnes touches. J'prenais chaque mot qu'il disait bien au sérieux, repensant ma vie entière presque, ne voulant quand même pas piler sur certaines de mes valeurs comme la loyauté. Non seulement j'étais loyal envers mes potes, mais j'le serais tout autant envers mon frère, même s'il m'assurait là que ce ne serait pas nécessaire de le sortir un jour d'une mauvaise situation. « Le genre de frère capable de se montrer dans un état vulnérable. Vraiment, j'serais honoré. N'hésite jamais. » lui dis-je la main sur le coeur, très sincère. Clairement, je n'aurais pas les mêmes capacités à l'aider par contre, n'ayant aucun pouvoir légal. J'avais tout de même beaucoup à offrir et j'étais bien décidé à lui montrer alors qu'il me proposa un deal. J'voulais frapper fort, jouer tout ce que j'avais et ne pas lui laisser l'opportunité de refuser. Hé ho, ma carrière était en jeu ici alors je n'hésitai pas à aligner plusieurs propositions pour lui faire un bon p'tit panier. Séparément, c'était ok, mais mis ensemble? C'était génial. Ma proposition sembla le faire rire plus que nécessaire, surtout le 20$. Ça me fit rire moi aussi, l'atmosphère n'était plus tendu, j'avais bon espoir de m'en sortir. « Si t'en as pas besoin... Je garde c'est bon. » approuvai-je en haussant les épaules et en remettant le billet dans ma poche. Cooper n'approuva tout de même pas immédiatement, pas sans une contre-offre. Soyons honnêtes, je n'étais absolument pas en position de négocier quoi que ce soit. J'hochai donc activement de la tête, pas mal certain que j'aurais accepté n'importe quoi à ce stade. « Ouais ouais, c'est bon. J'suis sûr que Maya, elle sera douce avec moi. » dis-je en souriant bêtement, pas conscient à quel point elle devait retenir de son père. Conclusion? J'allais probablement devoir faire plus d'un gâteau, mais hey je n'y pensais même pas. J'fis un sourire alors que Cooper proposa de nous ramener, bien heureux d'éviter les coûts d'un taxi. J'avais, après tout, que 20$ en poche. « On ferait jamais ça. Mais j'vais accepter ton offre avec plaisir frérot. » dis-je content. Comme si c'était une option de refuser. Mon pote et moi, on monta à l'arrière de la voiture comme deux criminels, mais c'était pas direction la prison, c'était direction chacun notre lit, bien certains d'avoir une gueule de bois d'enfer demain.

rp clos.