Pour l'amour de l'art | Aurora

Ce soir, ça n’allait pas tellement fort, je n’avais pas envie d’être seul, parce que voyez… La déprime quoi, je me suis encore pris une gueulante ce matin par une amie d’Emilia et pour vrai, mon moral n’est pas au beau fixe. J’avais donc profiter du fait que mon amie était de retour en ville pour lui lâcher un coup de fil et elle était venue me rejoindre pour passer la soirée au mobil home. On passait une belle soirée à se rappeler des souvenirs communs et c’était cool, parce que la plupart était assez rigolos. On en a vécu des aventures et c’est aussi grâce à elle que j’ai connu mon pote Elijah ! Nan, mais une des meilleures rencontres de toute ma vie. Tout ça pour dire que la soirée avançait pas mal bien, on a ris et tout ça et elle a commencé à me montrer sa musique et c’était vraiment cool comme musique assez entraînant aussi la musique. C’est là qu’on a eu l’idée folle d’aller tourner un clip, même avec un poignet handicapé je suis capable de filmer avec mon téléphone et la qualité d’image est pas dégueu. Il fallait juste trouver une place, c’est là qu’on a pensé au centre commercial. Ni une ni deux, on est embarqué dans ma bagnole et on s’est rendu là bas. Stationnant la voiture près d’une porte de service, je m’arrange pour crocheter la serrure et maintenant faut simplement que je déconnecte le système d’alarme. Après quelques instants je me tourne vers mon amie. “Allez on y va ! ”
@Aurora Bishop

00H00. Comment on en est arrivé là déjà ? Parce que maintenant que je me retrouvais le nez devant cette entrée de service, je me demandais si on était pas en train de faire une sacrée connerie avec Beck. Ah ça y est, je me souviens. On passait une soirée tranquille chez lui à discuter, se rappeler des souvenirs et refaire le monde quand j'ai voulu lui faire écouter ma dernière création, un peu différente de ce que je fais d'habitude. Et puis il m'a persuadé que ma chanson méritait de la visibilité, qu'elle allait plaire. C'est là que j'ai dit qu'il fallait un clip et que ce serai drôle de tourner dans un centre commercial vide. Et nous voilà devant cette porte de service. Beck s'occupe de crocheté la serrure et part en premier pour s'occuper de l'alarme. Quand il signale que nous pouvons entrer, je me lance. - Maintenant, il nous faut de la lumière ! Je regarde autour de moi et trouve un compteur électrique et je commence à lire les indications puis je presse sur un bouton, c'est alors que tout s'éclaire autour de nous. - Et la lumière fut ! Je lève les bras en l'air en signe de victoire puis je m'élance dans le centre pour repérer les lieux. Je balance mon sac dans un coin et je sors alors ma perruque de mon sac à main pour l'enfiler. Pourquoi une perruque ? Je sais pas en vrai mais ça me rappelle quand j'avais mes racines vertes, j'aimais vraiment bien ça, mais Darrel n'aimait pas. - A ton avis, on peut commencer où ?

0h10On est finalement entré dans le centre commercial et je cherche le compteur électrique, mais Rori le trouve avant. Il faut maintenant qu’on trouve par où commencer, c’est tellement cool de voir le centre commercial complètement vide comme ça, c’est super silencieux et nos pas résonnent sur le sol. “Je n’ai jamais filmé de clip avant, mais genre on peut essayer d’y aller à l’instinct ? ” Je lui lance un regard de billet et souris quand je la vois enfiler une perruque. “Ça te change grave, mais c’est cool avec le vert comme ça ! ” Je prends mon téléphone, le seul truc que j’ai pour filmer. Je me promène avec Rori à côté de moi, puis on marche dans la grande allée. Je pense que j’ai une idée qui me vient alors qu’on arrive proche de l’escalator. “Ok, on va monter en premier, je te suis en te filmant. Puis au pire, on improvise au fur et à mesure, on verra bien ce que ça peut donner. En vrai, on ne fait que s’amuser ça te vas ? ” Je me recule de quelques pas, pour ouvrir ma caméra, j’espère que ça donnera quelque chose de bien, mais je le sens bien ! Quand je suis prêt je lui donne le signal en filmant ses pieds pour qu'elle commence à marcher. Montant l’escalator à sa suite. Au pire, on peut recommencer plus d’une fois, on a toute la nuit devant nous et personne pour nous déranger !

00h35 Je n'aurai jamais cru faire un truc aussi fou un jour et pourtant je sentais une certaine effervescence, un shoot d'adrénaline qui me donnais l'impression d'être monter sur pile électrique. Est-ce que je vais regretté ? Non, sauf si je dois le soutenir à un agent. A la fois, ce calme est incroyablement apaisant, habituellement des centaines de personnes serait là en même temps que nous et ferait un bruit impossible. Là, tout semble suspendu. J'ai un sentiment de liberté totale. - Oui, j'ai bien envie qu'il soit assez spontané, rien de trop élaboré ou scripté ! De toute façon, il serait bien difficile de faire autrement dans notre désorganisation totale. - Oh merci ! J'ai eu ça quelques temps, mais j'ai dû changer parce que mon ex n'aimait pas. Je crois que c'est la première fois que j'évoque avec lui l'existence d'un ex. On marche et repère un peu les lieux en regardant autour de nous. - Ok ça me va ! M'amuser, c'est exactement ce dont j'ai besoin, il a mis les mots parfait pour notre programme de la nuit. Je prépare la musique sur mon téléphone pour que je n'ai plus qu'à appuyer dans ma poche pour la lancer. Je commence alors à grimper à l'escalator, sans faire attention à ce qu'il fait, juste je marche dans le centre commercial, puis je lance finalement la musique et commence à jouer avec la caméra, danser un peu, sautiller, tourner sur moi-même. Je ne sais pas trop ce que je fait en réalité, mais je le fait. De toute manière, je suis seule avec un ami dans un centre commercial vide, aucune raison d'avoir honte pas vrai ? Je me stoppe alors et me tourne vers lui. - Alors c'était comment ?? ça rend bien ?

Faire des folies c’est ce que j’aime le plus, j’adore et il n’y a pas grand chose qui peut m’arrêter. Sauf que je n’avais jamais fait ce genre de folie à entrer dans un centre commercial comme ça en pleine nuit. J’ai déjà travaillé ici, donc je savais où était le système d’alarme heureusement aussi, parce que nous avons pu le pénétrer sans trop de problème. Je propose d’aller un peu à l’instinct pour le clip et de toute façon, nous n’avons pas eu le temps de penser à rien en venant ici. Donc j’acquiesce et nous commençons à chercher par où commencer lorsque je la complimente sur sa perruque. “Tu as changé tes cheveux pour plaire à ce mec ? T’es une cinglé de t’occuper de ce qu’il peut penser de tes cheveux ! ” Je secoue la tête, j’ai encore bien du mal à comprendre ce qu’une vie de couple peut impliquer. Puis, me vient une idée que j’explique et on commence alors qu’elle met la musique sur son téléphone pour savoir où on en est rendu. Je la suis, devant courir derrière elle par moment pour ne pas la perdre de vue trop longtemps. C’est drôle à faire et on va s’asseoir sur un banc après pour regarder le résultat. On le fait jouer quelques fois pour pouvoir bien analyser le tout quand même. “Je pense que ça donnerait mieux si la musique commençait quand tu arrives au haut de l’escalator, puis ici il faudrait trouver un moyen pour arrêter on perd trop de temps… Mais sinon c’est cool ! On recommence ? ” Je suis grave motivé, je trouve ça cool de filmer comme ça ! Je l’avais jamais fait, mais je me découvre une part de moi qui aime bien réaliser un clip, surtout que ça donne bien sans coupure, c’est plus difficile par contre.

Jamais je n'aurai osé faire tout ça sans Beck, j'aurai été bien trop peureuse ! Je suis contente de l'avoir parmi mes amis, je sais que je pourrais toujours compter sur lui, même dans les pires conneries. J'espère qu'il me couvrira auprès d'Eli, parce que je crois qu'il serait capable de me tuer s'il savais ce que j'étais en train de faire et je vous parle même pas de Daniel. Quand il dit que je suis cinglé d'avoir changer pour un mec. Je mordille ma lèvre et je passe une main dans mes cheveux factices. - C'était une relation vraiment compliqué... enfin c'était... ça l'est toujours même si je suis plus avec lui... J'ai eu beau quitter le pays et couper les ponts ça reste encore complexe, il ne semble pas vouloir tourner la page mais surtout me laisser tourner la page. On commence notre tournage puis après une ou deux prises, on s'installe et regarde nos différentes prises et je l'écoute donner son avis et son analyse. Je réfléchis à ce qu'il pointe et penche la tête sur le côté. - Et si on coupe avec l'ascenseur ? Genre j'entre et quand les ferme se porte sur moi on coupe et on reprend ensuite quand les portes s'ouvrent à l'étage d'en dessous ? Je hoche la tête vivement. - Yes on continue ! Et nous revoilà partis lui et moi à tourner. Une fois en bas, je me permet de passer dans les stands pour attraper de la nourriture et je joue avec les vitrines en regardant Beck à travers. Je viens de temps à autres regarder alors par dessus son épaule ce que ça donne et ça me fait sourire. Bizarrement, je suis plutôt au naturelle mais je me trouve jolie, j'aime me voir ainsi à l'image. - J'aime bien ça ! Tu en penses quoi toi ? Je le regarde alors en croquant finalement dans le bretzel que je traine depuis tout à l'heure.

Je lui fait un drôle d’air quand elle me dit que c’était compliqué et que ce l'était encore malgré le fait qu’elle soit revenue ici et qu’elle ne soit plus avec lui. “Je ne connais pas grand chose à l’amour, ça on peut s’en douter. Sauf qu’une chose que je sais, c’est que tu ne dois pas rester avec quelqu’un par peur de quelque chose ou encore de la solitude. Tu verras tu te sentiras beaucoup mieux ici loin de toute cette merde. Il finira par t’oublier.” Bon, l’oublier peut-être pas, mais faire un trait sur elle, il n’aura pas le choix. Je tente de camoufler ma grimace, parce que je sais que je ne pourrais pas oublier Emilia facilement. M’enfin, c’est pas le temps de penser à tout ça, on a un clip à tourner et il faut qu’on se bouge, parce qu’on ne sait pas quand notre présence sera découverte. Si les autorités passent près du centre commercial et voit de la lumière ils vont se poser des questions. On tente une fois, puis une deuxième avant d’évaluer nos prises et de voir ce qu’on a. J’écoute sa proposition, puis j’analyse pour l’image. “Pendant que moi j’me dépêche de descendre par l’escalator pour aller te rejoindre devant l'ascenseur ! Ouais ça peut grave donner ! ” On recommence avec cette prise de vue et elle s’est mise à voler de la nourriture, je dois faire attention pour ne pas éclater de rire et faire bouger la caméra. Cette prise je crois que c’était la meilleure de celles qu’on a fait. “Je pense qu’on commence encore la musique un peu trop tôt…. On ne prend pas assez le temps pour se rendre vers l'ascenseur, ça a l’air trop précipité ! ” Je me lève pour lui faire la démonstration de ce que je pense qui serait le plus cool. “Puis même quand on est en bas…. On devrait attendre un peu avant de repartir pour donner vraiment un temps de pause ! ” C’est beaucoup d’essai erreurs, le temps file rapidement. Il est déjà rendu 3h00 du matin, il y a quand même des prises qui ont avorté avant d’être complète. On ne lâche pas on recommence !

C'est drôle comme soudainement Beck semblait trouver exactement les bons mots alors qu'il ne connaissait rien de la situation. Mon coeur se serre et mon estomac se retourne. Le mot peur, il l'a employé correctement. Je baisse le regard un instant car je sens qu'il se remplie de larmes, je serre les poings car je commence à trembler. - Je l'espère sincèrement... Mais je sais de quoi il est capable quand il n'a pas ce qu'il veux et qu'il perd le contrôle... Je crois que je ne serais pas surprise de le voir un jour devant ma porte, pas de chance pour lui Elijah habite la porte juste à côté, je n'aurai qu'à appuyer sur sa sonnette pour qu'il débarque et c'est certain qu'il ne laisserais rien passer. Mais je n'ai pas envie de devoir en arriver là et je ne veux pas qu'il ai la possibilité à nouveau de me retourner le cerveau comme il sais si bien le faire. Tombé dans l'engrenage serait trop facile pour moi, je suis encore fragile même si quelqu'un me tourne un peu dans la tête. Je secoue la tête pour retourner dans le moment présent. - Aller on le tente ! On tente cette fameuse prise de vue et j'ai un petit rire dans l'ascenseur en imaginant Beck courir comme un dératé dans l'escalator, mais aussitôt en sentant l'ascenseur ralentir je reprends la pause pour être prête à l'ouverture de la porte. Beck donne ensuite des directions, je l'écoute en hochant la tête. - Aller vendu ! On le tente comme ça ! Et on repart pour un tour, voir trois ou quatre en fait, le temps file et on tente, on se trompe et on continue. Quand je regarde l'heure sur mon portable, les 3h00 du matin, voilà déjà 3h que l'on tourne dans ce centre commercial. La sécurité laisse franchement à désirer. Je commence à fatiguer et je crois qu'on a quand même déjà pas mal de rush. - On se fait une petite pause ? Je commence à fatiguer de courir partout ! En tout cas merci de m'avoir aider à faire ça ! Je sens que je vais m'amuser au montage avec tout les rush qu'on a ! Je suis contente d'avoir pris l'option audiovisuelle !

J’ai commencer à comprendre ce que l’amour pouvait nous faire faire, je ne me considère aucunement comme un expert. La preuve, j’ai brisé le coeur d’une fille et je sais que notre relation était toxique, on faisait tout parfois pour rendre l’autre jaloux. Je l’observe un instant, fronçant les sourcils en voyant ses yeux se baisser. “Rori… Il ne pourra rien te faire ici, il ne pourra t’atteindre, t’es à la maison et à l’autre bout du monde. ” Ici, elle a sa famille, elle n’est plus seule au monde, elle n’a pas à craindre quoi que ce soit. Je ne veux pas forcer cette conversation si elle ne le veut pas, mais elle a apporté le sujet sur le tapis et je veux qu’elle puisse se confier à moi si elle en a besoin. C’est à ça que servent les amis. En plus, son climat familial est beaucoup plus sain que ce que moi je connais, ses deux frères feraient tout pour elle. Tandis que celui dont je pourrais être le plus proche passe son temps à me taper, puis la soeur dont je suis le plus proche est super loin.

Bon, on doit quand même tourner ce clip et je pense qu’on a encore quelques prises à prendre. Chaque nouvelle prise est meilleure que la précédente. Je trouve ça vraiment cool à voir, On tente les nouvelles façon, elle a de la chance que je sois un hyperactif et que ce soit seulement mon poignet qui soit cassé, il n’y a rien qui m’empêche de courir que ce soit derrière elle ou dans les escalators. En tout cas on a pas mal de rush. “Bonne idée pour la pause ! On peut aller voir si on peut pas trouver des trucs pour s’amuser comme dans le clip de Avril Lavigne tant qu’à être ambiance clip ! ” Je pique une bouchée de son pretzel qu’elle traîne depuis tout à l’heure. “Faire du skate ça te tente ?”

J'ai du mal à garder mon masque habituelle de celle pour qui tout va bien, surtout quand on évoque ce sujet-là. Malgré les milliers de kilomètre, il arrive a gardé cette emprise et cette crainte qu'il a créer en moi. Je déteste qu'il ait ce pouvoir là. - Je sais... la partie rationnelle de moi, le sais... mais y'a une autre partie qui... as du mal à rationalisé et qui se sent en danger partout... Je mordille ma lèvre en essuyant une larme sur ma joue. Je sors finalement mon téléphone et j'ouvre un album photo caché dans celui-ci et lui montre quelques photos, des bleus sur mes poignets ou bras ou le trou dans le mur qu'il a fait en frappant, trou qui n'étais pas très loin de ma tête, mais ça je me garde de le dire. Acte, qui a fait que j'ai du le transporter aux urgences car il s'était cassé la main. - Voilà quel genre de mec c'est... J'ouvre ensuite la conversation messenger que nous avons et lui montre la centaine de messages qu'il m'envoi depuis mon départ, tous restant sans réponses. - Le dernier en date, il me fait du chantage au suicide... Je sais que ce ne sont que des mots mais comment rester de marbre...? Il sais exactement comment tourner les choses pour me retourner le cerveau... Et si il réussissait ?

Je ne suis pas peu fière de notre boulot, franchement notre clip homemade et clandestin va être  digne d'un clip pro ! Un petit peu de post prod et il sera sublime ! Au bout d'un moment, je propose tout de même une pause. - Carrément ! Super idée ! Il croque dans mon pretzel et je à sa question je hoche la tête vivement. - Grave ! Mais tu va devoir m'apprendre, mon adorable frère m'a jamais laisser monter sur le sien ! Je ris en remettant un peu ma perruque en place. - Apprends moi comme ça je pourrais impressionner Eli ! Moi en quête perpétuelle de reconnaissance de mon frère ? Un peu...?

J’ai bien des défauts, je suis loin d’être un mec idéal, mais y’a une chose que personne ne peut m’enlever. Je suis un mec fidèle en amitié, toujours là pour mes potes, toujours prêt à aider tout le monde. J’aime pas beaucoup ce que j’entends, j’aime pas savoir qu’elle a peur de lui, même si elle est sur un autre continent. Je fronce les sourcils et quand elle me montre les photos, je sens une colère monter en moi. Elle n’en a jamais parlé à ses frères j’en suis presque certain, c’est pas le genre de truc que tu montre à ta famille. “C’est pas un mec ça, de quel droit il te faisait ça ?” C’est pas tout, il y a les messages aussi. “Bloque-le arrête de le laisser t’atteindre Rori, t’es plus forte que lui, tu vaux mieux que lui. Ne reste pas dans ce cercle vicieux. Tu n’as pas besoin de lui, tu n’es pas coupable s’il décide de se tirer une balle dans la tête. ” Je prends son téléphone pour regarder quelque chose, je ne lui demande pas la permission et je cherche à voir s’il n’y a pas de localisation ou un application espion. J’ai souvent craquer des téléphones comme ça. Un petit sourire sur les lèvres. “Tiens, avec ça en moins et ce que je viens de faire, il peut plus entrer dans ton téléphone.” Je lui redonne son téléphone. “Mais pense à le changer dès que tu peux.” C’est le meilleur conseil que je peux lui donner pour le moment.

Après avoir tourné pendant un bout de temps, on décide de prendre une pause. Je mange un bout de pretzel pendant que je lui propose de se promener dans le centre d’achat et même de faire du skate. On a regardé pas mal de fois nos séquences et le temps avance bien vite, il est déjà presque 4h quand on se lève du banc pour aller chercher des skates. “J’suis moins bon en skate que ton frère, moi j’suis plus dans le surf, mais t’inquiète.” Je fini par trouver la boutique de Skate et je nous en sort deux et lui en donne un. “Ok, faut déjà savoir si tu tiens dessus. J’te tiens ok met un pied à la fois. Met tes pieds en direction ou tu veux aller comme ça tu vas pouvoir essayer d’avancer.” Je lui fais un exemple de ce que je veux dire. “À ton tour ! ”

Alors que je lui explique ce qui s'est passé, je sens bien que la colère monte de son côté. Tout son language corporel le laisse penser. - Il était colérique et avais un problème avec l'alcool, il étais pas vraiment lui... Je sais que je lui trouve des excuses, j'en suis consciente c'est le pire et je crois que ça ne prouve qu'une chose, je ne suis pas totalement sortie du cercle comme il le dit si bien par la suite. - C'est juste que... c'est difficile de rompre ce lien... tu sais c'est mon premier et j'étais vraiment amoureuse de lui... ça s'efface pas comme ça... Il a été le premier mec à vraiment me voir comme... tu sais une fille attirante et désirable... J'essuie une larme sur ma joue. Je n'ai jamais été ce genre de fille sur qui on se retourne et la plupart des mecs pour qui j'ai eu un coup de coeur ne m'ont jamais remarqué, comme si j'étais... transparente. Il prends mon téléphone et je le laisse faire. - Tu crois qu'il entrais dans mon téléphone ? Je le regarde, incrédule. - Ok, je regarderai pour changer, d'accord. Je suis un peu perdue, je n'aurai pas cru qu'on en était là... mais qu'avait-il vu dans mon téléphone ?

On se dirige vers le magasin de skate et l'on en prends pour qu'il puisse m'apprendre. Je sais qu'il n'est pas aussi bon que Eli, mais personne ne peut être aussi bon que Eli, à mes yeux en tout cas. - Tant que je me casse rien, ça va je te fais confiance ! Je ris et j'attrape son bras pour monter sur le skate qu'il me désigne. Je me sens maladroite quand le skate se met à rouler, je m'accroche à lui en poussant un petit cri. - AAAAAH PUTAIN CA BOUGE CETTE MERDE !!

J’écoute ce qu’elle me dit, hochant la tête à quelques reprises, je n’aurais jamais cru que Rori manquait tant de confiance en elle. Pour qu’elle s’attache à un mec aussi toxique, je pouvais le voir qu’il était toxique, simplement par les photos qu’elle venait de me montrer ainsi que les messages qu’il continuait de lui envoyer, même si elle le laissait en vue. “Il était encore plus lui sous l’effet de l’alcool, ça ne fait que faire ressortir ses pires traits, ne lui trouve pas d’excuse Rori.” Des mecs cons, il y en a partout et des gars qui tente de se cacher sous le couvert de l’alcool aussi. Mes yeux bleus se plongent dans les siens. “C’est souvent leur façon de faire, ils abusent de la naïveté des filles, tu n’es probablement pas la seule à qui il a fait ça. Il manipule pour ensuite les garder sous leur contrôle. J’imagine qu’au départ il le traitait comme une princesse ? ” Je prends son téléphone et je commence à fouiller dedans, je suis pas un pirate informatique, mais je sais quand même comment fonctionne les applications espions et où les chercher. “Je ne sais pas, mais il y avait un traqueur dessus qui semble venir de loin. Je ne sais pas si c’était lui, mais vaut mieux ne pas prendre de chance. ” Je lui redonne son téléphone et lui fait un sourire quand elle dit qu’elle va regarder pour changer.

Maintenant, on va se concentrer sur les bases du skate. “J’peux pas rien garantir, j’suis déjà brisé ! ” Lui rappelait-je en lui montrant mon plâtre. Je l’aide pour qu’elle grimpe dessus, sauf qu’évidemment la planche bouge en plus on est sur de la céramique quoi, ça glisse beaucoup plus facilement. “T’es pas chanteuse pour rien, tu vas me rendre sourd ! Cri pas comme ça.” Je l’aide de nouveau pour qu’elle puisse trouver son point d’équilibre, c’est sur que j’ai un avantage avec le surf, je connais un minimum mon équilibre, mais on a pas la même longueur de planche et là c’est pas une vague qui nous fait avancer. Je suis meilleur en longboard. “Tu devrais être mieux là. Essaie sans moi là ! ” Je la lâche doucement et monte sur ma planche à côté pour essayer le couloir, c’est en ligne droite il ne devrait pas avoir de soucis non ?

Je pense qu'il a raison, mais il est difficile pour moi de voir les choses différemment, tant son emprise sur moi est encore forte. - C'est tellement facile de le dire... On parle d'une relation de 4 ans... Quand il me regarde dans les yeux, à ses mots je sens les larmes rouler sur mes joues. Sa façon de me parler de ma naïveté me fais me sentir idiote. - Je comprends pas ce que tu essaye de me dire là... En gros il a abusé de moi, juste parce que je suis trop conne et que il y a tellement personne qui ne veut de moi que j'étais une proie facile c'est ça ?! J'essaye de sécher mes larmes. - Oui... il était parfait au début... Donc visiblement, ça doit être louche lorsque quelqu'un me vois autrement que comme un être asexué.... Youpi, je dois être vraiment moche. Ce qui est bien, c'est que du coup, j'ai pas à me méfier de bien grand monde, parce qu'ils sont pas nombreux à se bousculer devant ma porte.

Je tente d'apprendre le skate avec lui et ma première tentative est infructueuse car je manque de tomber. - Hey j'ai eu peur j'étais pas prête ok ? Je tente le coup à nouveau et je lève les bras en signe de victoire quand finalement je tiens debout. - Hey regarde !! Quand il me dit de tenter seule. Je tente d'avancer doucement en gardant les bras droit de chaque côté pour tenir en équilibre. Sauf que lorsque je pousse de nouveau avec le pied, je sens que la planche prend de la vitesse. - Comment on freine ?!! Aaaaaah ! Beck sauve moi je sais pas freiner !!! Je fonce droit dans un mur là, au secours !!!

La délicatesse ça ne me connaît pas, j’ai toujours été assez direct dans la vie en disant les choses sans les enrober pour faire beau. Parce qu' à un moment donné, on ne peut pas se cacher derrière des mots non plus. “Oh j’ai pas dit que c’était facile, il a compté pour toi c’est sûr. C’est pas ce que je veux dire… ” Merde, je l’ai fait pleurer, j’suis pas doué moi avec ses histoires de larmes, mes grandes soeurs pleuraient jamais vraiment devant moi, j’suis le plus jeune et elles ont quand même plus de dix ans d’écart avec moi, j’étais pas en âge de comprendre leurs histoires de coeur quand elles ont eu leur premières. “J’ai pas dit que t’étais conne, arrête de mettre des mots dans ma bouche, je veux dire qu’ils savent vers qui aller. Si tu n’avais pas confiance en toi, il l’a senti. T’es conne par exemple si tu penses que personne ne veut de toi parce que ça c’est pas vrai ! Il y en a surement plein, même si moi j’en fait pas parti, j’suis désolé je sais que tu as toujours eu un kick sur moi. ” J’essaye de détendre l’atmosphère maintenant, j’aime pas les larmes et si ça peut la faire rire et qu’elle me traite de con, on va être quitte.

Bon, il faut dire que ça prend un moment pour que Rori se sente à l’aise un minimum debout sur la planche. Je la fait remonter à quelques reprises. “Ok ok ok ! ” Je mets les mains en l’air comme pour capituler. Je la fais essayer encore quelques fois avant de lui dire de le faire seule, je monte sur ma planche et j’avance plus loin avant de tourner quand elle me dit de regarder. Je fais des pouces en l’air pour montrer que je suis fier d’elle. Elle donne un nouveau coup de pied pour avancer un peu plus vite, quand elle se met à crier comme une perdue en fonçant vers le mur. Je fonce vers elle. “Débarque de la planche et laisse filer la planche c’est pas grave. DÉBARQUE PUTAIN ! ” J’arrive à sa hauteur, fonçant presque sur elle et je l'attrape avant de sauter pour me retirer de la planche et je tombe sur le cul avec Rori sur moi et j’éclate de rire. Je regarde l’heure, le soleil va bientôt se lever maintenant, on est ici depuis presque 5h je lui montre mon téléphone. “On essaie une dernière prise et on file ? ” J’arrive pas à comprendre comment personne ne s’est rendu compte qu’on était ici.