Obligée de demander de l'aide ( Kimberley & Hayley Johnson)

Kimberley était arrivée en ville il y a tout juste une douzaine d'heures, et elle se sentait déjà bien perdue. Le bus qu'elle avait pris 'avait tout simplement lâcher comme une vieille chaussette sur la place de la ville. Accompagnée par deux valises, elle avait du mal également à se déplacer, en plus de devoir renoncer à sa canne afin de libérer ses mains. Tout autour d'elle semblait agité, et la foule autour d'elle ne semblait pas se préoccupée de sa présence. Habituée par ce genre de comportement vis à vis d'elle, elle ne fit pas du tout choquée pour autant. Elle resta un petit moment sur place, à regarde autour d'elle, découvrant un univers qu'elle ne connaissait nullement. Bon d'accord, elle avait l'habitude des grandes villes, mais la raison de sa venue ici était le vent du changement. Ayant déjà une réputation salie dans la ville de Lyon, le centre jeunesse qui l'avait prise en charge, avait jugé bon pour l'adolescente de l'envoyer dans un coin du monde plus calme, où elle pourrai s'y sentir en sécurité, loin de sa famille. Alors elle s'était retrouvée là, coincée dans cette ville dont le nom complet lui échappé, avec pour seuls affaires ses valises. Le soleil brillait de milles feu cette journée là, et il était cependant évident que Kim n'avait pas ses lunettes de soleil. Pour le moment, il lui fallait absolument trouver un endroit où passer la nuit, afin que le lendemain elle puisse commence à chercher un endroit définitif, le centre jeunesse étant déjà maintenant trop loin d'elle. Alors elle ne tarda pas, et tira comme une malade sur ses valises pour les faire avancer, se trouvant dans l'incapacité totale de les porter, sa canne accrochée grossièrement à la ceinture de son Jean. Les chaînes également accrochées à celui ci teintaient à chaque mouvement de Kimberley, sans compter son grelot accroché à son bracelet. Une chose était certaine, cette demoiselle se faisait entendre, et pourtant, personne ne semblait s'en rendre compte. Une solitude permanente avec laquelle la jeune fille avait appris à vivre. Elle recula grandement, mais à petits pas, sans prendre le temps de regarder derrière elle, ses valises étant en train de se faire tirer. Puis soudain, un obstacle percuta doucement son dos, stoppant net ses actions. La jeune fille sursauta et grinça des dents, s’apprêtant à se retourner afin de crier à la personne qu'elle lui bloquait tout bonnement le chemin et de lui faire signe de dégager avant qu'elle ne soit obliger de la faire dégager elle même. Mais à sa grande surprise, la personne à qui elle faisait face était une femme. D'une beauté éblouissante, elle respirait la joie de vivre et dégageait un parfum de rose qui venait gentiment titiller les narines de Kimberley. Celle ci resta figée devant la personne, la fixant de sa petite taille et de ses yeux d''un marron clair. Apres quelques instants, elle repris ses esprits et dit à la dame:

" M.. Madame.. Je.. Vous êtes sur mon chemin alors.. euh.."

S'excuser? Jamais ! Même si Kim se retrouvait fautive dans une situation, pour rien au monde elle ne s'excuserai, plutôt mourir ! Cependant, sa façon de s'adresser à cette dame l'avait surprise. Elle n'avait pas pour habitude de se montrer polie aussi rapidement, et lorsqu'elle l'était, la date devait être marquée sur un calendrier. Elle fixa la dame dans les yeux, ne détacha pas son regard, ne lui adressant pas un sourire et attendit que celle ci réagisse.

Kimberley fut d’abord surprise par les excuses que la jeune femme lui avait adressées. Elle fut même tentée de s’excuser également, mais se retint, ne voulant pas briser l’image qu’elle avait d’elle. Elle adressa un petit sourire timide à la dame avant de poursuivre son chemin tout en tirant tant bien que mal sur ses valises, et manqua de trébucher une nouvelle fois. Elle se rattrapa de justesse et lâcha un petit juron, énervée. Décidément, ce n’était vraiment pas ce jour, et elle se demandait bien ce qu’il lui avait pris de charger autant ses valises. Le monde autour d’elle la bousculait sans cesse, et bien plus d’une fois, elle n’avait pas hésité à les insulter ou à les fusiller du regard.

Puis, la même voix de la dame l’avait stoppé de nouveau. De l’aide ? Kim ? Non, jamais ! C’était tout bonnement impossible que quelqu’un l’aide de toute évidence, les gens avaient bien d’autres choses à faire que de se préoccuper des soucis des autres, ils en avaient déjà trop eux-mêmes. Cependant, les paroles de la dame résonnaient dans sa tête. Combien de fois lui avait on dit cela dans sa vie ? Elle ne s’en souvenait pas. Elle ne se souvenait pas non plus de la dernière fois qu’elle avait demandée de l’aide, s’étant toujours débrouillée comme elle le pouvait. Mais cette fois ci, c’était différent. Elle ressentait quelque chose de différent chez cette femme, quelque chose que seule cette jeune femme possédait encore sur cette planète : la générosité, la douceur, l’espérance.

Elle se retourna lentement, et regarda de nouveau la jeune femme, avec un visage totalement différent de la dernière fois. Elle semblait beaucoup plus sereine, beaucoup moins froide et réticente. Kimberley jeta d’abord un rapide coup d’œil à ses deux valises, puis à sa canne. L’aider pour ses valises ? Avec comme excuse de devoir quelque chose ? Non, pas de cette façon-là. Si Kimberley voulait de l’aide, c’était par bonne volonté et non par devoir. Elle s’empressa d’en informer son interlocutrice :

- Ne faites certainement pas cela avec le sentiment de me devoir quelque chose, faites le parce que vous en avez envie de le faire.


Elle fixa cependant ses valises, puis les lâcha, et porta sa main à sa canne. Elle la décrocha de sa ceinture et fit quelques pas en arrière, regardant à présent la jeune femme, afin de guetter sa réaction face à l’invitation indirecte de Kim. Pour rien au monde l’adolescente allait lui dire clairement qu’elle acceptait son aide, alors autant le lui dire de façon indirecte. Avec un peu de jugeote, la jeune femme comprendrait certainement. Elle attendit, prenant appui sur sa canne en bois. Elle voulait l'aider, mais en vérité, Kimberley ne savait même pas où aller. Elle marchait sans destination précise, sans but, sans un seul endroit où loger. Comment le dire à cette femme sans pour autant attirer sa pitié?