Out of Cinema - Dylan Lewis

Cela faisait maintenant un petit moment que j’étais de retour dans ma ville natale. Je ne compterais pas en années, on y est pas encore et au fond… J’espère ne pas arriver à ce point, mais cela se compte maintenant en mois et plus réellement en semaines. Mon père est toujours dans le coma et moi ? Je suis toujours dans le mal… Enfin, depuis quelques temps je suis moins seul puisque William, mon manager est présent et m’aide quand même pas mal dès qu’il peut. Cependant, il pense musique, et c’est bien normal, moi ? Actuellement, je pense à tout sauf à ça et ça aussi je pense que c’est bien normal. Je me noie même dans l’entreprise familiale que j’ai tant fuie… Je me sens piégé, pris au piège… Vraiment ça craint parfois même !

Du coup, ce soir j’ai décidé de prendre du temps pour moi. J’ai décidé d’avoir un peu de fun dans ma vie en allant à une séance de cinéma… En plus dans le noir, je ne risque pas d’être reconnu. Le cinéma est l’un des seuls endroits où je peux traîner sans trop stresser tout le long d’être interrompu. Alors j’arrive peu avant le début du film, comme ça la salle est déjà plongée dans le noir et je pars, évidement, à la fin du film, lorsque la salle est vide et que je peux prendre quelques secondes pour sortir de l’univers dans lequel je viens d’être plongé pendant 2 heures. Les lumière se rallument et là je peux entendre mon prénom… Je tourne alors mon visage avant de reconnaître la personne qui vient de m’adresser la parole.

-Mercedes ? Bonsoir !

Je souris alors. Je ne la connais pas non plus extrêmement bien, personnellement, mais sa vie professionnelle, elle je la connais bien. D’ailleurs, j’avais entendu parler du terrible accident qui lui était arrivé…

-Je… Non pas vraiment… C’est pour raison familiale que je suis dans le coin… Et toi alors ?! Je ne m’attendais pas à ce que tu débarques par ici un jour !

C’est alors qu’on peut entendre quelqu’un se racler la gorge. Je saisis rapidement ma casquette que je me visse sur la tête, car c’est un outil indispensable pour passer un peu plus inaperçu et rejoins rapidement la jolie blonde dans le couloir.

-Tu as raison, si je pouvais éviter cela m’arrangerait… Allons-y, je te suis !

Je fais un petit mouvement en avant, la laissant alors passer devant.


@Mercedes Hendrix

Même si elle et moi n’avions pas beaucoup eu l’occasion de parler ensemble lorsque nous nous étions croisés, les quelques fois, elle m’avait tout de même marqué l’esprit. Déjà une femme championne, comme elle, dans sa catégorie, cela marque les esprits et puis elle était très jolie et ça n’enlevait donc certainement rien au fait que mon cerveau avait tout naturellement imprimé son visage et son prénom. Elle semble tout de même surprise que je me souvienne d’elle et moi… Je le suis au final aussi ! Pas de me souvenir d’elle, non… Mais qu’elle se souvienne de moi plutôt. Évidemment, j’avais entendu parler de son amnésie dans la presse suite à son accident… Ah les potins, les tabloïds adorent ! Par contre, je suis surpris par ce qu’elle me dit.

-Ah ouai ?! Quand même… La ville doit te plaire alors !

Finalement, elle me parle de mes origines et j’avoue avoir un petit sourire lorsqu’elle me dit qu’elle n’aurait pas parié sur cette ville.

-Tu me vois plutôt de quelle genre de ville ?

La conversation était au final… Légère, c’était venu comme ça, sans qu’on le cherche et je crois que c’est ça qui me faisait du bien à ce moment précis. Après un bon film… Une conversation sans prise de tête.

Conversation qui va devoir se poursuivre à l’extérieur de cette salle qui nous protège du monde externe. Ma tête se hoche face à son invitation de petite marche et c’est rapidement l’air frais, d’un après pluie, qui nous accueille. Ayant la casquette, cela me protège quelque peu. Nos pas sont lents, l’un à côté de l’autre, mais honnêtement, cela n’est pas dérangeant. Elle me parle alors de notre première rencontre, ne manquant pas de me féliciter et je dois avouer que je tourne également mon regard en sa direction.

-Je dois avouer que je suis assez surpris que… Tu te souviennes de ça alors, déjà… Bah merci !

Je lui souris alors puis regarde de nouveau devant nous.

-Et tu as raison, après on s’est croisé quelques fois, mais c’est vrai qu’on a jamais eu l’occasion de réellement parler ou du moins… Pas seul à seul…

Et je lui jette un nouveau petit regard avant de penser sérieusement à sa question puis de reprendre d’un ton plus léger.

-Vraiment pas mal ! Peut-être que la fin était légèrement attendue, qu’en penses-tu ? Mais sinon… Dans l’ensemble, ça a rempli son job pour ma part je dirais, cela m’a divertis et au moins pendant 2 heures j’étais ailleurs…

Je termine clairement pas sur le même ton léger, ma voix est plus basse, comme si elle voulait finalement épouser le silence de la nuit… Bien qu’au fond, ça ne soit pas tout à fait la vérité...


@Mercedes Hendrix  

C’est vrai que Bowen n’avait rien du tout avoir avec la grande pomme. New York était très vif… Il y avait beaucoup de gens, on passait presque inaperçu au final, mais parce qu’on se noyait dans la foule… Ici on passe inaperçu parce que les gens sont tout simplement plus tranquilles. La vie n’est pas à 100 à l’heure. Ma tête se hoche donc juste, acquiesçant avec le fait qu’en effet, ça change ! Là, elle me décrit ce qu’elle voyait, comme ville, pour moi à la base. Je souris alors un peu. L’ambiance est légère… Elle n’a pas réfléchi, elle ne tente pas de me brosser dans le sens du poil… J’aime ça.

-Tu me vois… Solitaire et sauvage ?

Cela ne serait pas impossible que je renvoie cette image au fond. Je n’ai jamais fait grand bruit dans la presse people pour mes histoires d’amour, ou alors elles étaient très courtes, que voulez-vous je n’ai pas eu la chance de rencontrer la bonne encore. En fait, j’étais certainement marié à ma musique… Et en parlant de musique, elle commence à chanter doucement l’une de mes compositions. J’avouerais que c’est l’une de mes préférées aussi… Elle finit par même me l’avouer. Mon sourire se fait plus grand, l’air reste toujours frais, cela fait du bien… !

-Franchement, tu as une très jolie voix… Tu n’as jamais pensé au chant ?

Ma tête se hoche simplement lorsqu’elle me dit que la jetée nous est offerte pour discuter. Je regarde en face, elle me semble soudainement si courte… C’est un moment de repos après les périples de la vie et ça, c’est toujours trop court, n’est-ce pas ? La réalité est parfois difficile et compliqué.

En tout cas, nous sommes vraisemblablement sur la même longueur d’onde en ce qui concerne le film et je dois dire que… C’est pas mal, aussi, de pouvoir débrifer avec quelqu’un à peine la séance terminée ! Mais finalement, elle soupire et je pense voir que son pas ralenti. Me tournant un peu plus vers elle, je me cale sur son rythme et soudainement elle se jette à l’eau. Heureusement pas réellement, mais sur la raison de son accident. Elle me parle de coup… De caillots sanguin… De sa perte de mémoire, du moment… Je réalise aussi combien j’étais à côté de la plaque. En même temps… Je n’avais que le canal des médias pour savoir ce qui lui était arrivé, mais je devrais être le premier au courant : ils racontent souvent n’importe quoi ! Sans m’en rendre compte, voilà que j’avais les sourcils froncés.

-Est-ce que…

Comment formuler ça ? Le puis-je d’ailleurs… ? Je veux dire, est-ce que ça me regardait au fond… ? Rah qu’importe, ma curiosité était plus forte, mais pas le genre de curiosité malsaine, non… Je ressentais de l'effroi à son récit, je voulais juste comprendre…

-Est-ce ton mari qui t’a battue… ?

Elle s’appuie alors à la rambarde et j’en fais de même. Enfin je suis tournée vers elle, mais j’ai un bras de posé sur cette barrière qui empêche de tomber à l’eau. Elle vient lever sa main pour finalement me toucher le bras en me faisant comprendre que c’était à moi de me confier. Échappant un petit sourire, un sourire d’ailleurs qui fait écho au sien, car il est de la même essence, je me mords finalement légèrement la lèvre inférieure avant de baisser les yeux un instant. Je me tourne finalement, moi aussi totalement vers l’eau, posant à présent les deux bras sur la rambarde.

-Ok… Tu as raison, ce n’est que justice…

Je fais un autre petit sourire, comme pour me donner du courage… Tout simplement.

-Je n’avais pas reposé les pieds ici depuis… Depuis mon départ précipité il y a 20 ans maintenant… Et honnêtement, je pense que je ne l’aurais jamais fait, si… Ce n’étais pas de mon père. Il a eu un accident de voiture, il y a quelques semaines et il est à présent dans le coma… Je sais pas si… S’il se réveillera un jour… Je me sens totalement perdu… Je ne sais pas où je vais et pour la première fois, ne pas le savoir, je crois que ça m’effraie réellement…

Je tourne finalement doucement la tête vers elle. Dans mon regard, on peut y lire la peur de ne pas savoir si mon père se réveillera. Lorsque je pensais à cette histoire au final… Je n’étais qu’un petit garçon qui allait probablement perdre le seul parent qui lui restait et ça faisait un mal de chien !


@Mercedes Hendrix  

Je ne peux qu’échapper un petit sourire lorsqu’elle me répond simplement qu’elle suppose que c’est ça. Je ne réponds rien de plus parce qu’au fond… Elle n’a peut-être pas vraiment tord. À trop me concentrer sur ma carrière c’est surement ce que j’ai fais… Je me suis isolé. Évidemment, j’ai plein de fans, je suis rempli d’amour, mais ça… C’est ma vie professionnelle, dans ma vie personnelle… Je suis assez seul au fond. Finalement, elle me ramène un peu à ça, à l’amour que je ressens lorsque j’entends que les gens m’écoutent… Ce qui fait que j’ai la bonne surprise d’entendre sa voix, à ma question, elle me répond presque d’un air détaché et si ce n’est pas son rêve premier je peux tout à fait le comprendre. Tout le monde ne rêve pas de chanter ou de faire de la scène, je le conçois parfaitement !

-Si tu ne le sens pas alors tu fais bien de t’écouter…

Dis-je simplement, comme pour conclure cette conversation-ci. Cependant… J’espérais que si « un jour » elle se lançait alors je pourrais faire parti des premiers auditeurs. Je ne lui dis cependant pas, ne voulant pas paraître trop insistant.

Enfin… Peut-être aurais-je insisté un peu plus si je savais où allait s’en venir la conversation. Elle devient plus confidentielle, plus intime… Et beaucoup plus lourde. J’ai peur de poser la question et de faire remonter de difficiles souvenirs, heureusement, au fond, je me suis trompé, mais en effet… Ce n’est peut-être pas vraiment plus glorieux de se rappeler de tout ça, sans vraiment le faire au fond. Une petite moue sur les lèvres, je lui jette un regard.

-Je comprends… Ne pas vraiment être sûr de ce qui s’est passé doit être horrible. Je suis vraiment désolé que tu aies à traverser cela…

Certes, on ne se connaissait pas vraiment, mais… Elle semblait être une âme douce. Elle ne m’a jamais inspirée quelque chose de négatif et ça me rendait réellement triste de la savoir dans une épreuve aussi compliquée. Je n’aimerais pas être à sa place. Pourtant, je trouvais qu’elle prenait tout ça avec un tel panache au fond… On ne percevrait presque pas sa tristesse… Il n’y a que son courage qui ressort et je trouve cela admirable.

Et là… C’est à mon tour de faire preuve de courage. Alors j’le prends à deux mains, vous voyez ? Et je me lance, je lui dis la vraie raison de ma venue… Et en quelques secondes tout juste je peux sentir ses bras autour de moi, sa tête contre le haut de mon torse. Évidemment je suis plus grand qu’elle, mais le geste m’emballe le coeur… Me l’apaise aussi un peu. Je crois que c’est l’un des gestes dont j’avais le plus besoin et… Que je n’ai pas eu au fond depuis mon arrivée ici…. Je ne vois pas William me faire des câlins, évidemment… Alors je la serre un petit peu en retour… De là je sens son parfum, quelque chose de doux, presque fleuri… Cela est apaisant…. D’autant que ses mots ont pour but de l’être. Je n’arrive pas à lui répondre, je dois dire que je sens soudainement ma gorge serrée. Je ne peux que fermer plus fort encore les yeux… Tandis qu’elle vient doucement chanter à mon oreille… Je n’ai jamais eu peur de pleurer parce que je suis un homme… Je dirais que je suis un artiste et que la sensibilité est importante… Et là j’avoue que tout ça met mon coeur à rude épreuve… Me mordant finalement la lèvre inférieure… Je parviens enfin à murmurer quelques mots tandis que nos deux corps sont toujours enlacés.

-Merci Mercedes...


@"Mercedes Hendrix"