On ne juge pas un livre à sa couverture (Chexi2)

Je crois que je commence à me faire à l'ambiance de Bowen. Je commence à me construire de nouvelles habitudes, ce qui me permet de me sentir déjà plus stable et moins perdue dans cette nouvelle ville. J'ai même rencontré quelqu'un. Enfin... n'allons pas trop vite en besogne, j'ai juste son numéro pour le moment et nos échanges ont été assez concis. Mais j'espère quand même que je le reverrais, même si j'ai été plutôt calme avec lui depuis le vernissage pour ne pas qu'il me trouve bizarre ou oppressante. Mais je vous jure que c'est difficile de me réfréné du coup... Je dévore des tonnes de bouquins pour m'occuper la tête et ça marche assez bien.

Depuis que j'ai commencé l'université, j'ai immédiatement trouver le chemin le plus court qui mène jusqu'à la bibliothèque. J'apprécie celle présente dans l'université, mais je préfère largement la bibliothèque municipale, elle est plus riche et surtout sans filtre. On trouve de tout les genre d'ouvrage. Et puis ici, je ne risque pas d'être dérangé par n'importe quel autre élève de l'université. Avant d'aller me perdre à la bibliothèque, je m'arrête au café dans lequel je m'arrête chaque jour pour prendre un caramel latte et une pâtisserie. Une fois mon butin en main, je file jusqu'à la bibliothèque. Je salue la bibliothécaire d'un sourire puis m'installe à une table avant de partir dans les rayons pour piquer quelques livres au sujet des devoirs sur lesquels je dois travaillé aujourd'hui. Je m'assoie ensuite et comme un rituel avant d'étudier, je m'attache les cheveux en queue de cheval et je bois une gorgée de latte. Je me plonge ensuite dans le premier bouquin de mon énorme pile, tout en prenant des notes, suçotant de temps à autre mon stylo quand je réfléchis en lisant. Je ne fais plus vraiment attention aux mouvements dans la bibliothèque, bien trop plongé dans mon étude des poèmes d'Aristophane ou d'Hésiode.

Journée de congé aujourd’hui et je ne sais pas trop quoi faire, en fait le ménage de l’appartement est déjà fait, je m’en suis chargé rapidement en me levant ce matin. Il faudrait maintenant que je me force pour aller faire des courses et faire plusieurs repas d’avances. J’aime pas tant faire ça, mais en vrai ça sauve tellement la vie, surtout que je bosse pas mal et j’ai rarement le temps de m’installer derrière les fourneaux pour le faire. Sofia est à l’université aujourd’hui et moi je suis seul avec moi, feuilletant les spéciaux de la semaine, je ne trouve aucune idée de repas qui pourrait être bien avec les spéciaux. Je pense que je n’aurais pas le choix d’aller à la bibliothèque de la ville pour chercher des livres de recettes, j’en ai un peu marre de toujours manger la même chose. Je pourrais facilement me faire un menu de la semaine et essayer des nouvelles recettes par la même occasion.

Je vais quand même assez régulièrement, plutôt que d’acheter les livres, j’aime bien les emprunter et je prends les recettes qui me plaisent en photo et ensuite je peux les reproduire quand je veux ! Jeans, vans, t-shirt noir et veste, je suis prêt à partir pour la bibliothèque. Je salue la bibliothécaire et je me dirige vers le rayon des livres de cuisine. En passant devant les tables j’ai cru apercevoir Lexi, mais je n'en suis pas certain. En vrai, depuis ma rencontre avec elle, je me suis surpris à y repenser et même à en rire. Elle semble avoir quelque chose de spécial, un grain un peu mais elle n’a pas l’air méchante du tout. Je sélectionne quelques ouvrages, puis je compte m’installer à la table pour trouver les recettes qui pourraient se faire avec les aliments en spécial pour ensuite pouvoir cuisiner pour le reste de l’après-midi ! Il fait froid en plus, c’est le temps de faire de la bouffe réconfortante. En passant de nouveau devant les tables de travail, puis cette fois je la reconnais pour de vrai. Je tire une chaise devant elle, je me penche et je chuchote. « Excuse-moi, est ce que tu aurais un crayon et une feuille à me prêter ? » Je suis le con qui vient faire sa liste d’épicerie à la bibliothèque. Je pourrais tout noter sur mon téléphone, mais je devais avoir une excuse pour l’aborder.

J'étais totalement plongé dans mon livre. Quand je suis captivé, il n'y a plus grand chose qui existe et même si on m'appelle pour venir manger, j'ai tendance à ne même pas faire attention c'est pour dire ! Je ne réalise pas tout de suite, que cette voix me demandant une feuille et un stylo s'adresse en réalité à moi. Quand je réalise, je sors de mon monde pour me reconnecter au monde réel et je cligne plusieurs fois des yeux pour comprendre qui me fais face. Chester ?! Mon cerveau fait pratiquement une erreur 404 avant que je lui offre finalement un sourire. Je chuchote alors pour ne déranger personne. - Euh... oui bien sûr ! Je ne réalise pas que le hasard nous ait mené jusqu'ici l'un en face de l'autre. Je commence à croire qu'il y a un destin, comme un fil qui nous lie et tente de provoquer la providence pour que l'on se vois à nouveau. Je ne vois pas d'autre explication. Je n'ai donné aucune nouvelle depuis un certain temps et finalement, il apparaît comme ça, dans ma bibliothèque habituelle. Vu comme j'étais concentré, il aurait pu très bien s'éclipser, je n'aurait pas fait attention. Mais il a décidé de lui-même de venir vers moi et de s'installer là. Je sors de mon sac à dos une pochette rose ornée de tout un tas de stickers mignons pour lui tendre une feuille qui était soigneusement ranger à l'intérieur, puis j'ouvre ma trousse et lui tend un stylo. Je jette un oeil ensuite aux livres qu'il a choisit, et autant dire que je suis un peu surprise. Analyser les lectures de quelqu'un en dit beaucoup sur sa personnalité en réalité. Des livres de cuisines ? Originale. - Tu cuisines ? Il avait l'air de dire la dernière fois qu'il devait se débrouiller seul, alors j'imagine qu'il doit aussi cuisiner. Nous c'est surtout Papa James qui cuisine, Papa Charlie est trop distrait et oublie toujours un truc sur le feu. Moi je suis plutôt du genre pâtisserie, j'aime quand les choses sont précises et millimétré.

La bibliothèque de la ville était bien, on avait la chance d’avoir accès à ça, même si je ne suis pas toujours rendu ici, j’aime bien y venir de temps en temps. Histoire de m’instruire un peu, ce n’est pas parce que je n’ai pas aucun diplôme ou certificat que je n’ai pas eu envie d’apprendre. Donc, quand j’ai des questionnements, besoin de réponses je viens ici, depuis sept ans, je connais un peu la bibliothécaire, elle me reconnaît en tout cas. Le nombre de temps que j’ai pu passer dans les livres pour comprendre ma sœur, heureusement que Janael m’a beaucoup aidé quand il est venu le temps de lui expliquer les changements dans son corps et qu’elle a pu m’expliquer aussi comment gérer le tout. Je me sentais vraiment pris au dépourvu à ce moment-là. Aujourd’hui par contre, ça n’avait rien d’instructif, c’était vraiment pour faire changement des recettes habituelles. Une fois les livres en mains, je voulais en profiter pour tout de suite faire la liste pour ne pas avoir à retourner à la maison et ressortir après pour les courses, ce serait une perte de temps ridicule. Je reconnais Lexi et je me suis installée sans gêne devant elle, j’ai l’impression de la surprendre par ma présence ici, elle était vraiment concentrée. Je lui souris et tire les livres que j’ai choisi vers moi. Je ne m’attendais pas à la croiser ici, mais je suis content de la voir, aussi autrement que dans un habit qui me rend inconfortable et je dois dire que je la trouve tout aussi jolie quand elle ne porte pas de robe de soirée et qu’elle a une queue de cheval comme ça. Je regarde chacun de ses gestes et me retiens pour ne pas rire en voyant tous les sticker et le rose. Sofia pourrait aimer ça aussi, en tout cas je pense. “Merci ! ” Dis-je en prenant la feuille et le stylo. Je vois son regard qui se pose sur mes livres, je regarde les siens pendant ce temps, mais ça ne me dit rien. “Oui, j’avais envie de changer un peu, je cuisine toujours les mêmes trucs. Tu cuisines toi ? ” Je chuchote toujours pour ne pas déranger les autres autour, puis bon je finis par ouvrir l’application des circulaires sur mon téléphone. Je prends le premier livre sur la pile et je commence à feuilleter les recettes, puis trouvant rien dans mon premier livre, je le ferme et le mets de côté pour en tirer un autre vers moi. “Tu lis quoi toi ?” Faire la conversation un peu ?

Vaste royaume qu'est la Bibliothèque, c'est un peu mon QG, mon antre. Cette table est un peu devenu ma table, il est rare que j'y trouve quelqu'un d'autre que moi. En même temps, elle est parfaitement placée. Je suis proche des étagères mais pas trop proche du passage pour ne pas être dérangé par les gens qui se déplacent et puis j'ai vu sur le bureau de la bibliothécaire et l'entrée comme pour guetter les entrées et sorties lorsque je rêvasse. Même si finalement je rêvasse rarement ici. Du moins rarement autrement que par la lecture et là où elle me porte. Alors voir Chester ici, c'est un peu comme si deux mondes se heurtaient et ça fait un gros big bang dans mon cerveau. A la fois mon monde intérieur, ma safe zone. Et à la fois, celle que je suis à l'extérieur. C'est très étrange. J'aime quand les choses sont compartimenté de manière précise et là, tout se mélange. Pour autant, je crois que je suis contente de le voir, en tout cas mon ventre se tord agréablement. - Pas de quoi. Je n'ose plus trop me plonger dans ma lecture de peur d'être malpolie si je coupe toute communication maintenant. Alors je tente d'entrer en communication avec lui et de m'intéresser à son livre. - Oui je cuisine un peu mais je préfère la pâtisserie c'est précis et organisé. Lorsque les choses sont trop abstraite, je suis perdue, je n'aime pas ça. La cuisine c'est un peu de ci et un peu de ça. Oui mais un peu dans quel mesure ? Mon "un peu" n'est peut être pas le même "un peu" que le tiens ? Faire chauffer ok mais jusqu'à quel température ? Comment je sais que c'est cuit si je vois pas dedans ? Non définitivement, je préfère la pâtisserie. Quand il commence à feuilleter, je reprend alors ma lecture. Mais il me demande ce que je lis. Je lève alors mon nez et lui montre la couverture. - La Théogonie d'Hésiode, c'est une oeuvre écrite en Hexamètres Dactyliques, c'est à dire que c'est un poème dont les vers sont composés de six pieds divisés en cinq dactyles. C'est un récit sur l'origine des dieux dans la mythologie grecque. C'est une des oeuvres piliers dans ce qu'on sais de la mythologie grecque avec évidemment l'Illiade et l'Odyssée d'Homère. Ce qui est drôle c'est que le mythe hourrite a pas mal de points communs avec la cosmogonie d'Hésiode et... Je me stoppe et je me sens devenir rouge. J'étais en train de m'emballer pas vrai ? - Excuse-moi, je voulais pas t'embêter avec mes trucs... J'imagine que je dois l'emmerder plus qu'autre chose là. Lucas soupirait toujours bruyamment quand je commençais à m'étendre un peu trop sur des sujets comme celui-là.

Je me sentais un peu mal de déranger Lexi, elle avait l’air tellement concentrée et dans son monde qu’elle ne portait attention à rien autour d’elle. J’ai presque l’impression qu’il pourrait avoir une bombe qui explose non loin d’elle et elle ne l’aurait même pas remarqué ! J’aurais pu continuer mon chemin et faire comme si elle n’y était pas. J’aurais pu la laisser dans ses songes et aller m’installer plus loin. Sauf qu’au fond, j’avais l’impression de lui en devoir une, elle avait pris ma défense l’autre soir à la galerie d’art, elle avait obligé un homme à s’excuser auprès de moi. Finalement, elle ne semble pas trop fâchée que je la dérange, elle s’intéresse même à mes livres, qui ont l’air bien moins sérieux que les siens d’après ce que je peux voir. Je souris et ris un peu. « Ouais, je vois ce que tu veux dire, mais on peut pas juste se nourrir de pâtisserie.  Mais c’est pas si mal sinon la cuisine. » Donc avec elle les nuances de gris  n’existe pas de ce que je comprends. Soit c’est noir, soit c’est blanc… En même temps, c’est souvent le cas des gens déterminés non ? C’est tout ou rien, ça passe ou ça casse ? Je retourne à mon livre avant de pousser le premier que j’ai pris, il ne fera pas la job, les recettes sont trop compliquées pour rien. Je ne suis pas un chef non plus, je me débrouille, mais je ne suis pas encore un chef quatre étoiles quoi ! Je pense que je n’aurais pas dû poser de questions sur sa lecture, elle me perd dès le deuxième mots. Faut comprendre que j’ai lâché l’école depuis déjà une dizaine d’années. Je n’ai aucun diplôme valable, donc y’a bien des choses que je ne comprends pas, en tout cas dans les trucs scolaires, mon niveau est pas haut je ne dis pas que je suis bête pour autant. Je la fixe avec un air de merlan frit probablement, je dois avoir l’air un peu idiot. « Si je résume… tu lis de la poésie c’est ça ? » Elle a pas à s’excuser, c’est juste que je suis un peu perdu avec tous ces mots compliqués ! « C'est quand même drôle quand tu dis ne pas aimer les choses abstraites et qu’après tu lise de la poésie comme ça qui reste à mon avis un peu abstrait non ? » Je passe une main dans mes cheveux pour les replacer, retournant à mon ouvrage, je pense que ce livre est mieux donc je note la page de la recette qui me plait et les ingrédients que je vais devoir acheter, d’une écriture maladroite. Levant de temps en temps les yeux vers elle.

J'aurai probablement dézinguer quiconque qui m'aurait dérangé mais lui... Vous avez vu son minois ? Il pourrais me déranger quand il veut, autant qu'il veut, de jour comme de nuit. Bon ok... je suis peut-être un peu intense là non ? Il n'a pas tord, on ne peux pas se nourrir uniquement de pâtisserie. Je me surprend à penser que lui en revanche je pourrais le dévorer à toute heure de la journée. Cette pensée me fait d'ailleurs mordiller inconsciemment mon crayon. - Je me languis de découvrir tes talents culinaires. Oui, il ne m'as aucune préciser qu'il allait me faire goûter mais qui ne tente rien n'a rien non ? Même dans des vêtements plus détente, il est toujours aussi sexy. Maintenant j'en aurai presque du mal à me concentrer sur mon livre parce que j'ai super envie de le regarder. Alors je lui lance des petits regards de temps à autre, prétextant boire dans mon latte caramel. Et puis là, il me demande ce que je lis et je m'emballe un peu trop. Je dois vraiment avoir l'air bizarre pour lui maintenant... Je n'ai pas vraiment envie qu'il découvre mon HPI. J'ai peur qu'il me vois différemment après ça et qu'il se comporte de manière bizarre comme certain peuvent le faire. - Oui c'est ça, c'est de la poésie ! Mais mon coeur se stoppe lorsqu'il dit que la poésie est abstraite. J'écarquille les yeux. Je dois avoir l'air outrée. - C'est là que tu te trompe ! Il y a un cadre stricte en Poésie, de la mise en page au rythme des mots en passant par les rimes et les sonorités utilisées, tout est codifié. Chaque mots à une place, un sens précis. On peux croire que c'est abstrait mais pas du tout, il y a un vrai travail de structure à suivre ! Est-ce que ça me touche un peu personnellement ? Ecrivant moi-même de la poésie, oui un petit peu. Définitivement, il va vraiment me trouver bizarre et va fuir à pleine jambe c'est sûr...

Cette fille, tout un personnage, c’est seulement la deuxième fois que je la vois, on a a peine échanger quelques phrases et pour l’instant, je ne sais rien d’elle sauf qu’elle me perturbe. Je ne suis pas certain d’arriver à la comprendre. En même temps c’est peine perdu pour un homme de comprendre les filles, mais elle j’ai l’impression que c’est un autre niveau carrément ! Elle est unique, déroutante et elle semble grave savoir ce qu’elle veut, on dirait qu’elle s’amuse à dire des choses dans le simple but de me troubler ! « Je … que… qu… Hein ? » Sujet, verbe, complément… Chester bordel, c’est pas si compliqué que ça non ? Les yeux ronds, un air d’incompréhension sur le visage, je tente de reprendre contenance et souris. « Tu as décidé ça comme ça toi ? Que je dois cuisiner pour toi ? » J’hausse un sourcil, en essayant d’avoir un peu plus d’aplomb, en espérant que l’intermède de bafouillage ai passé un peu inaperçu, quoi qu’avec elle faut pas trop compter là dessus. Puis, je plonge dans mon livre de recettes même si je suis curieux de savoir ce qu’elle lit. Je ne m’attendais pas à déclencher une avalanche comme réponse et elle semble super enthousiaste, même si je ne comprends pas le trois quart de ce qu’elle me dit. On voit déjà qu’elle a plus d’études que moi. Je pense que je l’ai choquée en disant que c’était abstrait ! Je lève donc les mains devant moi en signe de rédemption. “Pardon mâdâaaame, je ne savais pas qu’il y avait autant de travail, moi je pensais que c’était juste là pour être joli et sonner…. poétique quoi.” Le regard ahuri, je veux pas déclencher la troisième guerre mondiale dans la bibliothèque. “Je suis clairement pas assez intelligent pour savoir tout ça ! ” Au moins, je l’avoue humblement, je suis loin d’être le mec avec le plus de connaissances, ayant arrêté l’école assez tôt pour pouvoir travailler c’est ce que ça donne.

Suite à mon affirmation, il se met à bafouiller ce qui me provoque un sourire amusé. Je pense la tête un peu sur le côté. Il est adorable quand il perd ses moyens. Je crois que ça me plais de le perturber de la sorte. - J'ai pas dit que tu devais cuisiner spécialement pour moi, j'ai dis que je voulais goûter, c'est pas pareil ! Moi un tupperware ça me suffit, j'ai pas besoin d'une invitation a dîner dans les règles de l'art même si je ne dirais pas non à un dîner en tête à tête avec lui. Lorsqu'il évoque que la poésie est abstraite, je ne peux m'empêcher de m'enflammer. C'est un véritable outrage ! Il s'excuse et je lève les yeux au ciel à son "madaaaaaame". - Bon, ça va pour cette fois, vous êtes pardonné Monsieuuuuur ! Quand il se dénigre en revanche, mon coeur se serre. Je n'aime pas quand il fait ça. - C'est pas une question d'intelligence, te dénigre pas comme ça ! C'est juste que ton domaine ce n'est pas la poésie et alors ? Je suis certaine que tu connais des tas de choses que je ne sais pas ! Je tente par la suite d'avoir la tête à mes études. Sauf que mon cerveau ne parviens pas à se concentrer. Mon regard est happé par lui et son aura. Soudain, nos regards se croisent. Il se lève alors et contourne la table, je le suis du regard surprise et il viens alors prendre ma main pour me faire lever. Je m'exécute sans broncher. Il me tire alors dans un coin retirer de la bibliothèque. C'est l'angle mort de la bibliothécaire, juste entre une étagère et le mur dans le fond de la pièce. L'espace entre le mur et le meuble est si étroit que lorsque l'on se fait face, nous sommes proche, très proche. C'est alors qu'il me colle contre le mur et que ses lèvres foncent sur les miennes dans un baiser ardent et désespère. Ses doigts glissent sous ma jupe, atteignant rapidement la dentelle de mes dessous quand... Une voix féminine me sort de ma rêverie. - Hey Lexi, tu viens étudier ici aussi ? Je sursaute et me tourne vers la voix qui m'interpelle. Il fait chaud ici non ? J'agite un peu mon haut, comme pour faire s'échapper la chaleur et m'aérer. La fille en question est une fille qui est dans ma promo. Chelsea ? Kelly ? Cindy ? Oui bon ce sera machine, je me souviens pas de son prénom. - Salut, euh ouai... j'aime bien être ici... tranquille. J'insiste sur ce dernier mot, mais elle ne semble pas comprendre qu'elle dérange. Elle tourne alors la tête vers Chester et je vois bien qu'elle le matte. - Oh t'es accompagné ! Moi c'est Polly ! MAIS OUI POLLY VOYONS ! Bon Polly, t'aurai l'amabilité de dégager ton regard de Chester s'il te plais, merci ! Elle regarde sans gêne les livres qu'il regarde. - Oh je pari que tu es étudiant dans l'école de cuisine juste à côté c'est ça ?! Bordel de merde Polly. FOUS NOUS LA PAIX. Je lui offre un sourire des plus faux, mais elle ne semble pas très futée donc elle ne le comprends probablement pas. - Tu n'as rien à faire Polly ? Je veux dire des devoirs ? De la lecture ? Courir après ta queue ? Bah quoi Polly c'est pas un nom de chihuahua ?

Comme déjà dit plus tôt, je ne connais pas encore vraiment Lexi, je ne suis donc pas toujours certain de ce qu’elle veut insinuer quand elle dit quelque chose. Elle a une manière d’être assez directe et elle ne semble pas passer par quatre chemins pour dire quelque chose. J’ai donc clairement eu l’impression que c’était un peu une demande pour que je l’invite à dîner chez moi et que je cuisine pour elle. Je plisse donc les yeux, un petit sourire en coin quand elle précise le fond de sa pensée. “C’est quand même ressemblant un peu, tu peux pas le nier. Je crois qu’il y a moyen de s’arranger pour que tu goûtes ma cuisine si tu le désire autant. ” Je pense qu’il ne faut pas laisser de zone d’ombre avec elle, je ne sais pas pourquoi, mais c’est le sentiment que j’ai. De plus, je ne lui ai pas fait une invitation formelle non plus. Le sujet change rapidement pour qu’on s’intéresse à ce qu’elle lit, c’est beaucoup plus poussé que ce que je pensais. “Merci madâaame… ” Dis-je en tirant la langue alors qu’elle levait les yeux au ciel. “Mouais, je suis pas aussi certain que toi… Je connais des choses oui, je ne peux pas dire le contraire, mais tout ce qui est académique faut m’oublier.” Je n’ai pas fait d’études, je n’ai même pas le diplôme du lycée. Puis nous retournons chacun à nos livres, je réussi à trouver deux trois autres recettes qui ont l’air plutôt pas mal et je note les ingrédients ainsi que la page et finalement ma liste d’épicerie s’en vient pas si mal. Je pense que j’ai de quoi pour la semaine comme ça. Je lève la tête vers elle alors qu’elle semble rêvasser. Je souris, puis retourne à mon livre de recettes quand une voix féminine semble s’adresser à Lexi. Je lève les yeux vers la brunette, pour ensuite me tourner vers la nouvelle arrivante. Je fais un hochement de tête pour la saluer. “Salut moi c’est Chester.” Je jette un regard à Lexi, prêt à retourner à mon livre quand Polly s’adresse de nouveau à moi. Je secoue la tête. “Non, si j’étais étudiant en cuisine je n’aurais pas besoin de venir emprunter des livres de recettes…. ” Je lui fais un petit sourire pincé, je sens que Lexi n’est pas très contente de la présence de la demoiselle ici, mais je ne saurais dire pourquoi. C’est vrai qu’elle a l’air de parler pas mal l’autre nana. Je referme mon livre et plié la feuille avec ma liste de courses inscrite dessus. “Je devrais peut-être vous laisser, j’ai des courses à faire. ” Je range la feuille dans mes poches et sors mon portefeuille que je pose sur le livre que je vais emprunter, prêt à aller au comptoir.

Effectivement oui, c'est plutôt ressemblant. En même temps, si je parviens à obtenir une invitation par un petit tour de passe-passe, pourquoi me priver ? Je ne perds pas l'espoir d'obtenir au moins un rencard. Quand il dit, qu'il y a moyen de s'arranger, je lui offre un doux sourire. - Cela me ferais très plaisir, je t'en remercie d'avance ! Et je lui offre un petit clin d'oeil. Je pouffe de rire à son "madaaaame" et sa langue tirée. Il me fait rire, j'aime bien ça. - Les études c'est bien, mais ce n'est pas tout... là tu vois je fais une licence qui probablement ne me mènera dans aucun job concret ou dans un secteur totalement bouché alors... Je hausse les épaules. - Je me cherche encore, je n'ai pas trouvé le boulot qui me ferait vibrer... Parce que je m'ennuie facilement et je me lasse tout aussi vite lorsque je m'ennuie. J'ai besoin d'être stimulé en permanence, d'apprendre toujours un peu.

Alors que nous reprenons nos lectures respectives, mes pensées s'évadent pour devenir un peu impur. Je me prends à rêvasser d'un contact physique rapproché mais Polly vient tout gâcher avec sa voix agaçante et nasillarde ! Elle commence à avoir un comportement étrange vis à vis de Chester, elle papillonne des yeux et affiche ce sourire niais. Quand elle pose une question à Chester, il la rembarre un peu, je me retient de rire devant sa tête gênée à l'autre pouf. - Oh pardon je croyais que... Je marmonne alors en faisant tournoyer un peu mon latte. - Trouves toi un autre cuistot poufiasse. Je vois Polly qui se tourne vers moi, avec un air interrogatif. - Je crois que je n'ai pas entendu ? Je lève le regard avec un sourire faux. - Je disais j'arrive au fond de ma tasse ! - Ah d'accord Je remarque que Chester range ses affaires. Non ! Bah non on était bien là ! Putain pourquoi elle est venu foutre la merde cette conne ! - Oh je ne voulais pas te faire fuir hein ? Quand je vois qu'elle est prête à s'installer je range mes affaires aussitôt. Je le laisserais pas me laisser toute seule avec elle. Je marmonne. - C'est exactement ce que tu fais Polly. - Pardon !? - Je disais ton t-shirt est parfait Polly, mais je dois y aller aussi, piouf le temps file hein ! J'embarque les bouquins pour que je puisse les emprunter. Je travaillerais de chez moi, impossible de travailler avec cet espèce de chewing-gum esseulé ! - Oh merci Lexi, tu es vraiment adorable ! On se voit en cours ! - Plutôt mourir. Elle écarquille les yeux et je me reprends. - Je vais devoir courir ! Tu es sûr que ça va ma belle ? On dirais que tu n'entends pas très bien, tu devrais consulter un ORL ! C'est important on sous estime trop facilement nos oreilles !

Encore une fois, elle a encore une fois réussi à faire le coup sans que je ne comprenne comment c’est arrivé. Purée, son cerveau on dirait une machine qui sait répondre à tout de la manière la plus troublante qui soit. Pas moyen de la déstabiliser, c’est elle qui mène le jeu. Ouah, j’ai l’impression d’être un pion rendu là. Je me contente donc de sourire et de hocher la tête. Puis je secoue légèrement de droite à gauche en riant, me retenant de dire quoi que ce soit de plus, de peur de devoir lui faire un repas gastronomique, elle risque d’être déçue si elle s’attend à ça. C’est beau hein quand même de pouvoir se permettre de faire des études, sans savoir si y’a moyen d’avoir un boulot après. J’ai pas eu le loisir d’en faire tout court et elle peut faire ça, sans avoir une idée du métier. “C’est facile quand on a les moyens de le faire… ” Je marmonne, c’est pas très gentil, je pense pas qu’elle fasse ça pour flasher ou rien, mais ça me fait quelque chose. Je travaille comme un dingue pour que ma soeur puisse étudier, sans qu’elle soit prise par le boulot en plus. “Puis y’en a qui ont pas le choix d’arrêter les études pour travailler… ” Je soupire et baisse la tête, c’est encore un sujet qui me fait quelque chose, c’est pas récent, mais je sais que ce n’est pas normal, je sais que je n’aurais pas dû vivre comme je l’ai vécu. J’en veux à ma mère de ne pas avoir su se battre. Elle parlait un anglais moyen et ne savait pas garder un job. Ce n’est pas de sa faute à elle, je ne devrais pas lui en vouloir, pourtant ça me fait réagir plus que je ne le devrais.

On retourne chacun à nos lectures, je continue de noter ce dont j’ai besoin quand une fille qui semble reconnaître Lexi vient nous rejoindre. Le genre un peu nunuche quoi, le genre de fille qui tente de se montrer un peu intéressante et qui glousse presqu’autant qu’une dinde. Je ne suis pas aveugle, je sens bien son regard posé sur moi et qui semble vouloir me bouffer tout cru. “Il ne faut jamais supposé… ” Je dis ça presque en même temps que Lexi parle. Je lève les yeux vers elle et sourit faiblement pour ne pas que ce soit trop facile à repérer. C’est impressionnant comment elle se reprend vite, mais je commence quand même à ramasser mes trucs. Je ne veux pas la déranger dans ses études et moi j’ai encore la cuisine à faire et les courses. Je me relève donc en prenant mes livres. “Bonne journée à vous ! ” J’essaie de ne pas rire sous les phrases que Lexi lâche à l’autre demoiselle, elle est vraiment conne cette Polly, je ne peux pas croire qu’elle ne comprends pas que Lexi se fout de sa gueule. Je vais au devant de la bibliothécaire, laissant de côté les livres que je ne voulais pas prendre. Je pose ma carte sur le bureau devant la bibliothécaire quand je remarque que Lexi est juste derrière moi. “Tu veux vraiment te débarrasser d’elle à ce que je vois ! C’est pas très gentil… ” Je fais un petit sourire avant de reprendre ma carte que la dame à glisser devant moi. Je la range dans mon portefeuille. “Je dois vraiment aller faire des courses pour aller préparer les repas de la semaine, toi j’imagine que je dois te souhaiter de bonnes études ? ” Je range le livre dans mon sac, tardant un peu avant de partir.

Sa phrase, elle me pique violemment. Elle pique si fort que mes sentiments se bousculent et ses mélanges. Je ne sais pas gérer, mon cerveau est en train de me lâcher. Je sens mes yeux me piquer mais je ne veux pas pleurer. Pour quoi je passerais ? Il a l'air de déjà me voir comme une enfant pourrie gâtée, ce serait pire. Mes doigts se crispent sur mon crayon, si bien que je crois que j'ai entendu le bois de celui-ci craqué. Je suis triste pour lui, sincèrement mais d'une autre part, je me sens impuissante, parce que je n'ai jamais demandé tout ça. Je suis juste née là, dans une famille aisée et c'est tout. Oui je suis chanceuse et je le sais. Je me suis toujours senti chanceuse et j'ai toujours essayé de tirer mes proches vers le haut avec moi, sans jamais rabaisser personne. Je n'ai jamais pris tout ça comme un dû. J'ai toujours donné le maximum dans tout ce que je fais pour ne jamais que ce soit de l'argent gaspillé comme certains autres qui ne foutent jamais un pied à l'université. Et pourtant, j'ai l'impression que c'est un reproche injuste et ça me fait mal. - Je... suis sincèrement désolée pour toi et je suis désolée que ce que je viens de te dire ai pu te blesser... Tout ce que je voulais dire c'est que ce n'est pas le niveau d'études qui fait l'intelligence, parce que crois moi, tu es bien plus intelligent que certains idiot qui ont eu leur diplôme de lycée. Où qui ont acheter leur diplôme car ils n'en branlaient pas une en cours.

Elle a tout gâché et je ne me gêne pas pour lui mettre autant de tacle que possible. Elle m'a énervé là à matter Chester, là je ne peux rien dire car il n'est pas mon petit ami, mais si ça avait été le cas, j'aurai pu lui faire du mal à cette idiote ! Quand je vois que Chester file, je me greffe au mouvement pour ne surtout pas rester coincé avec elle ! J'attend derrière lui pour emprunter moi aussi les livres et je jette un oeil discret à sa carte de membre posé là, notant mentalement son nom. Arellano. Cela sonne plutôt hispanique... ça me fait penser à la famille Arellano Felix, une famille de narco-trafiquant mexicain d'ailleurs, il n'a probablement aucun lien. Au Mexique il y a une densité de 345 000 personnes environ qui portent ce nom. Pourquoi j'ai retenu cette information moi ? Je sors encore une fois de mes pensées à sa phrase. - Elle parle trop, je ne m'entends pas penser quand elle est là ! Je lui rends son sourire doucement et hoche la tête en remettant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. - Oui, je vais continuer de travailler chez moi... Merci et bon courage à toi pour le Batch Cooking ! Je le regarde partir puis je vois bien le regard équivoque de la Bibliothécaire alors que je lui tend les livres dont j'ai besoin dans un soupir un peu rêveur. - Vous feriez un joli couple tout les deux... Je la regarde surprise. - C'est juste une connaissance et je ne crois pas que je lui plais. Elle hausse simplement les épaules, sûrement pour ne pas trop s'en mêler. Est-ce que j'ai continué d'étudier en rentrant chez moi ? Non. J'ai traqué chaque réseau social et chaque annuaire d'internet pour retrouver Chester Arellano.