i will make a scene if i have to! | Amelia

Parfois, je me demande encore pourquoi Alex a accepté de m’engager dans son restaurant. Ça n’avait pas été une joie ni pour lui, ni pour moi, de tomber face à face avec lui lors de l’entrevue. J’étais ce frère qu’il ne connaissait pas, mais qui était une preuve physique de la trahison de notre père. Ce géniteur qui ne semblait pas vraiment se soucier de sa progéniture et qui ne pensait qu’à sa petite personne. J’ai l’impression, que Alex a accepté que je travaille pour lui simplement pour pouvoir décharger sa colère sur quelqu’un ! Je me fais probablement des idées, je sais que j’ai ce qu’il faut pour travailler ici, je travaillais quand même dans une des cuisines les plus réputées de Berlin avant d’arriver ici ! Moi j’étais nouveau ici et j’avais tellement besoin d’un emploi que j’étais prêt à accepter n’importe quoi. L’animosité entre nous a fini par descendre pas mal, mais reste qu’on a bien du mal à s’apprécier lui et moi.

Sauf que ces temps-ci, je commence à faire pas mal n’importe quoi. Je sais que ce que je fais n’est pas bien, que je ne devrais pas flancher aussi facilement devant l’ennemi. Je combat tellement fort pour ne pas m’abandonner encore une fois, je sais à quel point le chemin de la rédemption est compliqué, on est jamais à l’abri d’une rechute. Au départ, j’en prenais juste un peu, sauf que maintenant la dose commence à être un peu plus importante et ce soir j’ai décidé de faire fi de ce que mon corps réclame et j’ai refusé de prendre de la coke, je ressens les symptômes du manque, ils sont là et je suis définitivement plus impatient que d’habitude. Ce besoin est virulent et ma tête n’arrive pas à suivre, tout, tout mais vraiment tout m’exaspère et c’est dans un élan de rage que j’ai repris le couteau pour affiner la coupe d’un stupide légume qui n’a rien demandé au final. Je travaille dessus avec beaucoup trop d’acharnement que je fini par me planter le couteau dans la main, le sang giclant d’un seul coup et c’est là que j’arrête mon mouvement. Prenant conscience de ce qui vient de se passer. Le signal de douleur n’a pas encore atteint mon cerveau et je suis planté là comme un con à regarder cette main qui demande des soins. C’est Alex qui réagit le premier, me poussant pour que je ne pisse pas le sang partout dans la cuisine. Rapidement, on me fait un bandage pour arrêter le saignement et il m’oblige à me rendre à l’hôpital direct.

Parfait, comme si j’avais besoin de ça en plus de tout le reste. De mauvaise grâce, je me rend à l’hôpital et on me passe au triage rapidement et j’essaie de savoir si ma coloc est là ! Personne ne me dit rien, mais c’est quoi ces conneries ? Je suis à bout de nerfs, tout ce que je demande c’est de voir Arielle, mais pas moyen qu’on prenne le temps de m’écouter. Personne veut comprendre que j’ai besoin de parler à Arielle, elle mettra pas de temps à comprendre que ça ne va pas, elle me connaît bien maintenant et c’est peut-être le temps qu’elle sache dans quelle connerie on s’est embarqué avec Orso. Je ne sortirais pas du triage   sans réponse ! « PUTAIN, Y’A PAS MOYEN QUE QUELQU’UN ME DONNE UNE RÉPONSE ? » Arielle n’est plus très souvent à la maison et je sais qu’elle fait beaucoup d’heure supplémentaires. J’ai pas non plus envie de faire affaire avec n’importe quelle infirmière oh hell no ! Je suis prêt à péter un plomb, étant beaucoup trop en manque pour contrôler mes réactions. Je vais me faire jeter si je continue, je le sais au fond que ça ne donne rien que je réagisse comme ça, mais je ne contrôle plus rien.

J’allais dire autre chose, les mots étaient sur le bout de ma langue, quand d’un coup je ravale mes mots, mes yeux venant de tomber sur Amelia. Merde, j’étais vraiment en train de faire une scène pour une connerie. Mes vêtements tachés de nourriture et de sang à cause de la blessure, je ne dois pas donner une meilleure image de moi. « Amelia ! » Un visage connu et déjà je me sens mieux, y’a quelque chose chez Amelia qui m’apaise, mais je ne saurais dire quoi ! « Tu peux m’aider toi ? » C’est presque comme une supplique.

@Amelia Townsen

Des gardes et encore des gardes, l'hôpital la nouvelle maison d'Amelia, même si avec les années ça l'avait toujours été ainsi. La carrière qui passait avant tout le reste, parce que même lorsqu'elle se posait un peu chez elle dans sa maison, elle y pensait encore Amelia. Ce n'est pas parce qu'elle quittait l'hôpital, qu'elle ne pensait plus à ses patients. Trop consciencieuse, on dit que ça pouvait bouffer toute l'énergie, et pourtant elle en avait tellement à donner. Accroc à l'adrénaline, même lorsqu'elle ne travaillait pas, elle se retrouvait toujours à donner de son énergie dans le sport et dans des sorties pas croyable. On s'ennuyait rarement avec la rousse qui profitait à fond de la vie. Et en réalité elle était juste tellement empathique et à l'écoute des autres, elle se sentait à sa place Amelia dans tout ça. Elle s'oubliait un peu Amelia, et en ce moment ça lui semblait nécessaire depuis qu'elle avait perdu son bébé et qu'elle avait virer sa vie à l'envers.

Une matinée en traumatologie, les situations intenses qui ont toujours mené la vie d'Amelia et puis dans un sens ça lui fait du bien de travailler et de prendre des gardes supplémentaires avec la rupture assez brutale qu'elle avait causé. Des vies qu'ils pouvaient sauver tous ensemble en assistant les médecins. Un enfant sur la table d'opération suite à un accident, mais ils n'ont pas pu le sauver celui-là. Elle a l'impression de vivre un deuxième choc Amelia sur le coup. Je... Je vais prendre quelques minutes, je m'excuse. Elle a besoin d'une pause, la sueur sur son front après un moment intense, elle se décide à aller à la cafétéria prendre un café. Sortant de l'hôpital pour prendre l'air. Elle ne sait pas ce qui se passe, mais ça ne va pas. Sans doute qu'elle a du mal Amelia, de faire face à la perte de son bébé, mais il faut bien qu'elle se ressaisisse un peu. Et puis elle avait la soirée qu'elle passait à l'urgence aussi. Son stéthoscope autour du cou, elle sort de sa salle de consultation après avoir soigné un patient qui quittait les lieux quand un collègue lui parlait déjà d'une personne qui faisait une crise de nerfs dans la salle d'attente. Il y avait toujours une raison aux cris et Amelia était tout de même habitué, plusieurs années qu'elle pratiquait le métier maintenant et il y avait bien pire que des cris. C'était avant d'entendre cette voix, et ce visage qui ne lui était pas du tout inconnu. Son prénom qui résonne entre les murs. Detlev ?! D'un junkie à un autre, elle reconnaît trop bien les signes d'une personne en manque pour y être en plein dedans elle aussi dernièrement, même s'ils n'étaient pas du tout dans la même situation, ni dans les mêmes addictions. Hey, ça va aller d'accord ? Elle se veut rassurante, Amelia, malgré qu'elle panique de le voir en sang comme ça sans savoir ce qui s'est passé. Viens avec moi dans la salle, je vais t'aider. C'était plus approprier que d'alerter et de déranger les malades de l'amener dans la salle de consultation pour mieux le soigner, bien que sa main se pose sur son épaule, parce qu'elle est comme ça la rousse, réconfortante et puis elle ne le connaît pas beaucoup, mais assez pour s'inquiéter. Elle fait signe à une collègue qu'elle s'occupe de gérer la situation. Qu'est-ce qui s'est passé ? Disait-elle pour en savoir plus alors qu'elle préparait tout ce qu'elle avait besoin pour le soigner.

@Detlev Schröder

TW: Drogues, sang,

Bien que je ne sois pas encore phobique de ce genre d’endroit, je déteste les hôpitaux, je les déteste du plus profond de mon être. Je déteste les médecins, j’aime pas cette odeur de désinfectant, de maladie et de mort qui traîne dans les couloirs. J’aime pas le sentiment de peur qui me paralyse, cette douche froide que je reçois sur la gueule quand je franchis les portes automatiques de l’urgence. En plus du fait que je suis en manque, ça fait en sorte que je n’arrive pas à me tenir, que je gueule comme un perdu et fait une bête de foire de moi. J’ai besoin de voir Arielle, je sais qu’elle saura me parler, me calmer, même si elle ne m’a jamais vu en manque, je n’ai jamais consommer devant elle non plus. Ma main me fait mal et je n’aime pas les infirmières qui me demandent de me calmer, mais qui ne prennent pas la peine de répondre à ma question, peu importe le nombre de fois que je la pose. Mes mains tremblent, la douleur est lancinante, sans compter le manque qui est de plus en plus difficile à gérer, je sens que je commence à avoir des gouttes de sueur qui coulent. Il ne manquerait plus que je fasse un cold turkey.

Tout se mêle dans ma tête, je me revois avec une Agnes amorphe dans les bras, attendant qu’un putain de médecin prenne la peine d’examiner mon ange blond. Je me revois en grosse panique, puis on me l’a retiré des bras, me laissant attendre comme un con dans la salle d’attente seul qu’on me dise ce qui se passait…. Les salles d'attente, je ne veux pas y retourner, je ne veux pas qu’on me laisse seul encore une fois, je ne pourrais pas le supporter. J’ai besoin de Arielle, mais personne ne veut comprendre, personne ne semble vouloir m’aider, on se fout de moi et limite, j’ai l’impression qu’ils vont finir par m’attacher sur un brancard et me foutre en isolement pour ne pas que je dérange tout le monde. C’est là que je vois le visage de Amelia, rassuré par le fait qu’elle vient me trouver, je ne la connais pas beaucoup, mais elle reste un visage connu pour moi. Je sens déjà mon coeur ralentir un peu et s'apaiser en voyant la rousse, je cherche son regard avant d’acquiescer. “Pas la salle d’attente, pas cette salle s’il te plaît….” J’avais peur de retourner dans cette salle, de voir les regards désapprobateurs en ma direction… Je n’avais pas compris que pour elle la salle, c’était une salle de consultation, je la laisse me conduire, sa main contre mon épaule qui m’apaise.

“Ce qui s’est passé ? Personne ne voulait répondre à ma question qui est pourtant simple. ” Que je dis en bougeant les bras, toujours pris de rancoeur envers les autres infirmières, je pointe d’un sens ou de l’autre jusqu’à ce que mon regard croise ma plaie de nouveau. J’en étais venu à oublier que j’étais ici parce que je me suis blessé, “À moins que tu parles de ça ?” En montrant ma main à la jeune femme, mon ton devenu plus calme et plus doux quand je m’adresse à elle, elle a ce don de calmer le monstre en moi sans que je sache vraiment pourquoi, mais chaque rencontre avec elle a réussit à me faire sentir mieux, même si je ne lui ai jamais dit. “Je pense que je n’étais pas attentif et je me suis rentré le couteau dans la main…. J’avoue que je ne sens plus vraiment ma main en ce moment…” Il y a trop de stimuli en ce moment, je n’arrive pas à me concentrer sur une seule chose, que ce soit, le manque, la douleur et même la peur, le fantôme d’Agnes qui me hante, le joli visage d’Amelia…


@Amelia Townsen