Hey-oh, Here comes the danger up in this club | ft. Bastian

Les basses tremblaient à cause de la musique trop forte. Les lumières dansaient dans tous les coins, parfois bleutées, parfois jaunes, parfois vertes... Les corps se déhanchaient au rythme des chansons qui ne semblaient jamais s'arrêter. Certaines personnes criaient, d'autres riaient, et quelques rares montraient leur mécontentement d'être entouré d'autant de monde, préférant sans aucun doute rester chez eux avec leur livre entre les mains et leur chat entre leurs pieds.

- Un gin tonic s'te plaît ! Et hésite pas à doser le gin hein ! Me commanda une cliente à la respiration forte.

Glace, citron, Tonic et Gin, les uns sont versés après les autres jusqu'à former ce liquide clair au gout amer.

- 8$, dis-je en lui montrant le terminal pour qu'elle puisse payer.

Les clients s'enchaînent comme ça toute la soirée. Les une heure du matin sonnent généralement le renouveau de la clientèle, laissant place parfois à des gens plus frais, et d'autres beaucoup moins. Ce pour quoi un agent de sécurité est indispensable. Voyant qu'il n'y avait pas beaucoup de monde au comptoir, j'en profite pour aller récupérer les verres oubliés aux quatre coins de la boîte. Je me faufile, regarde si tout le monde profite et si personne ne se fait emmerder par un tocard qui a trop bu ou une pouffiasse qui s'y croir trop. La bêtise n'a pas de genre... Et sans demander mon reste, je sens une main m'agripper le cul. Je me retourne et pousse l'opportun qui a osé. Il lève les mains et affiche un air choqué.

- Oh, merde, désolé je croyais que c'était quelqu'un d'autre, dit-il avec une intonation pâteuse.
- Ouais, bah vérifie avant, c'est toujours mieux.

Je fronce les sourcils et tourne le dos sans demander mon reste. Ce genre d'épisode arrive malheureusement régulièrement, et frapper chacun d'entre eux serait mauvais pour le business. Ainsi va la vie.
Je termine mon tour, les mains chargés lorsqu'un poids se fait sentir sur mes épaules. Perdant l'équilibre, je trébuche presque, étant à deux doigts de renverser la moitié de ce que je portais. On me retire en arrière pour me remettre droite tout en pelotant mes seins au passage. Je vois rouge. Les dents serrées, j'essaie de me dégager, mais avec les verres, la tâche s'avère compliquée.

- Lâche moi bordel, peste-je en mettant des coups de coudes comme je pouvais.
- Oh fait pas ta coincée..!

J'arrive à sentir l'odeur de l'alcool sans meme avoir à lui faire face. Sa main glisse sur mon décolleté pour remonter à ma gorge. Ma respiration s'accélère. Ok, ça suffit. Mon cerveau m'imagine déjà me retourner et éclater les verres sur la tête du malotru.


@Bastian Kavinsky

Je viens d'apprendre qu'j'vais être daron. J'ai mis en cloque Abi. J'sais pas comment réagir... J'sais pas quoi faire, j'sais pas c'que j'veux. J'suis paumé. Parler à mon frangin m'a fait du bien mais j'sais pas... J'peux pas être père ! J'suis pas un mec bien ! Et j'vais l'tuer c'gamin même sans l'vouloir. J'suis un camé qui baise tout c'qui bouge et qui s'bat sans cesse. Comment j'pourrais être un exemple ! Heureus'ment qu'j'bosse ce soir... Ça va m'changer les idées et j'vais pas penser à tout ça pendant quelques heures.

J'file donc bosser et j'reste pour commencer à l'entrée. J'surveille les gens. J'en r'fuse certains et j'chauffe des gonzesses. Jean noir, haut noir. J'me suis fringué en mode normal mais j'sais qu'ça plait. Surtout qu'on voit tous mes tatouages. Vers 1h du matin, j'échange ma place pour rentrer à l'intérieur et surveiller les clients. Et surtout veiller sur les collègues. C'est mon job après tout, et j'le fais bien.

J'observe d'loin Anna. J'vois l'mec lui chopper l'cul. J'inspire mais j'fais rien. J'vais calmer deux mecs qui commençaient à hausser l'ton. Puis j'me r'tourne vers ma collègue et là... Un mec la tripote ou j'rêve ? J'm'avance et j'entends clair'ment qu'elle veut pas. J'le choppe et j'le r'pousse.  

- T'as pas compris c'qu'elle a dit la d'moiselle ?

J'ui choppe l'entrejambe et il tente d'me r'pousser.

- Oh fais pas ton coincé pauvre con, tu pourrais aimer.  

J'serre plus fort en souriant et j'le r'lâche pour lui mettre un coup d'poing dans la tronche. J'l'attrape par l'bras sans lui laisser l'temps d'réagir et j'nous dirige vers l'extérieur. J'peux pas lui casser la gueule à l'intérieur.

- On touche pas aux femmes comme ça ! On d'mande l'accord d'abord, tu l'sais pas ? Pour l'coup, t'es viré d'ici et j'vais t'faire passer l'envie d'recommencer.  

J'ai trouvé l'moyen d'faire r'descendre la pression. Ce sale porc va l'payer. Je hais par dessus tout c'genre de type. S'en prendre aux femmes comme ça.

@Annabeth Coleman

Avant que j’aie à me retourner, le poids sur mes épaules s’allège. Bastian a vu toute ou partie de la situation. Un coup de poing dans la gueule et une main aux parties génitales, et les voilà hors de la salle sans que je puisse comprendre comment. Je retourne derrière le bar pour déposer les affaires et indique à ma collègue que je dois gérer quelque chose dehors. Je sors en trombe. Non pas pour me venger ou quoi, bien qu’il mériterait mon poing dans la gueule aussi, mais parce que Bastian semblait vraiment énervé, et je n’avais pas du tout envie de voir les flics débarquer. A l’arrière du club je les vois tous les deux. Bastian avait déjà commencé à se défouler sur l’idiot de service.

- Bastian arrête !

Je cours jusqu’à lui pour le pousser par les épaules et les éloigner l’un de l’autre.

- C’est un connard. Il a eu son compte. Va pas te foutre dans une galère pour un con pareil.
- Ohhh j’comprends mieux, le maître est venu défendre sa chienne ! Haaa mais fallait l’dire plus tôt gars, on aurait pu partager !

Je m’arrête net et me retourne vers le plus gros connard que j’ai eu à rencontrer depuis longtemps. Pardon ? Sans demander mon reste, je fais trois pas et lance mon plus beau crochet du gauche dans sa mâchoire. Alors qu’il titube sous le coup, j’en profite pour lui asséner un coup de pied dans les parties intimes.

- Un conseil, reste à terre, c’est là qu’est la place des grosses merdes dans ton genre. Continue à la ramener et j’appelle les flics pour harcèlement sexuel.

Insensible à ses gémissements de douleurs, je prends Bastian par le poignet pour le ramener vers l’intérieur. Je le regarde, encore énervée par l’abruti de dehors. Je soupire pour me calmer, sans réussir.

- Et c’est quoi ton problème à toi aussi ? Tu veux qu’il porte plainte pour agression ?

J'supporte pas qu'on touche à mes collègues, qu'on touche à une femme. J'vois rouge sang... Et j'vois qu'un moyen d'régler ça. J'cogne le type et j'le sors par la peau des couilles. J'agis vite pour pas déranger les autres. Et une fois dehors... J'm'y donne à cœur joie. Putain qu'ça fait du bien d'laisser parler mes poings. C'sale porc va l'payer. J'le balance dehors et j'ui explique les choses avant d'commencer à l'cogner. Un coup, deux coups, trois coups, qua... Ah ba non... Annabeth arrive à c'moment et tente d'me pousser pour nous séparer. J'la laisse faire. J'voudrais pas lui faire d'mal.   

- J'supporte pas qu'on touche une femme !

Et l'autre type ne semble pas en avoir eu pour son compte et c'qu'il dit... Je serre les dents, mon cœur bat si vite. Ma respiration s'accélère. J'vais l'crever... Je jure qu'j'vais l'buter !

- T'es un homme mort !  

J'vais pour m'j'ter sur lui mais la jeune femme s'montre plus rapide qu'moi et lui assène un sacré crochet du gauche dans la gueule. J'ricane et grimace lorsque j'vois l'pied d'la belle rencontrer les couilles du type.  

- Outch... Ça fait mal ça. Même si j'trouve ça encore trop gentil...  

J'croise les doigts pour qu'il s'relève... Allez ! Lève toi... Mais Anna m'prend et m'tire vers l'intérieur. J'déteste ça mais j'dis rien et j'la suis. Je hausse un sourcil. Pardon ? Mon problème ? Elle est sérieuse là ?

- J'devais le laisser te tripoter ? Et p't'être te violer ? J'ui ai juste remis les idées en place. Et c'genre d'pervers porte pas plainte. J'te rappelle qu'y a des caméras qui vont prouver qu'il t'a agressé sexuellement. Il risque plus gros qu'moi.  

Et puis merde, j'l'ai juste défendu ! Et j'ai fait c'que j'sais faire d'mieux. En plus ça m'a calmé un peu. J'ai oublié durant un instant c'qui s'passe dans ma vie.

@Annabeth Coleman

Tous les hommes n'avaient pas la même éducation. Certains considéraient les femmes comme des objets, d'autres comme des princesses. Certains voulaient les posséder, d'autres les protéger. Vous voyez une différence là où je vois une nuance : dans les deux cas, les hommes ne peuvent s'empêcher de vouloir agir à la place de la femme. Comme si, en poupée de verre, celle-ci ne pouvait se lever et se défendre par elle-même.

Que Bastian ne puisse supporter qu'un homme touche une femme sans son consentement était honorable. Toutefois, je pouvais m'en sortir très bien sans son aide. Je le lui prouvais en foutant mon poing dans la mâchoire de l'abruti qui m'avait peloté, et mon pied dans ses parties pour les insultes qu'il m'avait balancé. Il me dit trop gentille, et je suis d'accord. Il méritait au moins quatre coups supplémentaires dans les burnes, histoire d'être sûre qu'il ne puisse plus jamais l'utiliser. Mais je n'en dis rien et le ramène vers l'intérieur pour qu'il m'explique son problème.

- J'allais lui exploser les verres sur les tempes, t'inquiète qu'il n'allait pas aller plus loin. Mais y'a une différence entre se défendre et se défouler. Là, tu le tabassais pour calmer ta colère ! On n'est pas suffisamment proche pour que tu agisses comme ça pour moi. Alors si t'as des soucis, règle les hors du boulot.


Je ne suis pas propriétaire de la boite. Je ne suis même pas actionnaire, ou que sais-je d'autre. Mais j'aimais travailler au Adam et Yves, et je détestais tout ce qui pouvait nuire à son image. Une mauvaise pub pour un videur trop agressif n'était pas bon pour les affaires.

J'sais même pas en vrai si c'est pour elle qu'j'ai fait ça. Un peu bien évidemment mais c'était surtout parc'que c'est mon job d'régler c'genre d'problème et parce que j'avais b'soin d'passer mes nerfs. Et puis putain qui s'permet d'faire c'genre d'chose ? Touche pas aux femmes si elles veulent pas ! Il s'prend pour qui c'type ? On force pas les gens. Ça m'donne envie d'leur couper les couilles et d'leur faire bouffer ! Comme ça ils pourront pas s'reproduire. Faut pas qu'ce genre d'personne puisse respirer l'même air qu'nous.

J'apprécie qu'ma collègue lui donne un coup. Mais il mérite tellement plus. Il mériterait d'souffrir encore plus. Mais elle s'arrête et m'force à rentrer. Et en plus elle m'engueule ! J'rêve. J'ui explique donc les choses mais ça semble pas lui plaire.   

- Et t'aurais foutu l'bazar dans la salle. J't'ai défendu puis défoulé mais il a eu tout c'qu'il mérite. Putain il pourrait faire ça à n'importe qui d'autre ! J'veux pas qu'un jour mon gamin vive ça !

Ouah ! J'ai vraiment dit ça ? J'ai parlé d'l'enfant qu'Abi porte sans même être sûr qu'elle est réellement enceinte... J'pense déjà à ça... J'veux pas ! J'peux pas ! C'est pas pour ça qu'j'ai fait ça !

- Et mes problèmes j'les règle seul t'inquiète pas, j'ramène pas mes problèmes au taf. J'fais la part des choses.  

Enfin presque... Mais j'me comprend. Et puis merde ! C'qui compte c'est qu'elle n'ait rien et qu'lui r'commence plus jamais !

@Annabeth Coleman

Mon sourcil droit se lève en étendant sa réponse. "Mon gamin"? Bastian était père ? Je l'ignorais. En réalité je ne connais pas grand chose de lui, et nous n'avons jamais pu réellement échanger ensemble pour combler ce manque. Je peux comprendre qu'il ne veuille pas que son enfant grandisse avec ce genre de dangers autour de lui. Toutefois, s'il suffisait de battre tous les idiots de la terre pour qu'ils changent, cela se saurait. J'agirais en Black Canary sur mon temps de libre pour apprendre la galanterie aux hommes avec un plaisir sadique certain. 

- Il ne représente qu'un grain de sable dans le Great Sandy Desert. Plus de 2000 ans d'histoire, et l'homme restera un danger pour la femme, peu importe l'époque.

Certes, les femmes pouvaient s'armer, apprendre à se défendre, à se battre, mais il n'en restait pas moins qu'en force brute, l'homme aurait toujours un avantage morphologique, hormonal et tout ce qui fait d'un homme un homme biologiquement parlant. 

- Si ton gamin est un p'tit gars, c'est à toi de l'éduquer pour qu'il ne devienne pas comme ça. Si c'est une fille, apprend lui à se battre dès qu'elle commence à marcher.

Je pose ma main sur son épaule comme pour le rassurer, sans savoir s'il s'agissait de la bonne chose à faire.

J'vois pas c'est quoi son problème ! J'l'ai juste aidé putain ! On s'en branle d'la façon et puis merde quoi ! J'fais mon job ! Elle peut pas accepter qu'j'l'aide ? J'm'énerve, j'm'emporte.   

- Et alors ? J'ai l'droit d'lui faire comprendre qu'il merde total non ? Si ça fait un connard d'moins c'est pas plus mal.

Elle m'parle soudainement d'mon futur gamin. Qui est là ou pas... Mais que j'veux pas ça c'est sur. J'veux pas l'éduquer, j'veux pas lui apprendre à s'battre. J'veux rien d'tout ça ! J'veux pas d'ce môme !!  

- J'sais pas c'que c'est. Et j'veux pas l'savoir. Il était... Pas prévu au programme...  

J'soupire et j'la fixe du r'gard. J'laisse sa main sur mon épaule. J'bouge pas. J'veux pas parler d'ça. J'veux oublier tout ça... J'aimerais arrêter d'y penser ne serait-ce qu'un instant... Oublier le gamin, oublier Abigail... Je veux juste être le moi normal, sans tout ça. Cogner ce type n'a pas été suffisant. Cela a été bien trop rapide. Y a rien qui m'aide en c'moment... Mais j'crois qu'j'ai pas encore tout testé... Ou j'ai juste pas été avec les bonnes personnes pour m'aider. J'pensais qu'là j'étais bien parti pour stopper mon cerveau mais non... J'sais même pas si j'peux m'confier à Annabeth... J'suis pas du genre à m'confier.


@Annabeth Coleman

Buté comme une mule, il ne voyait pas ce qui aurait pu mal tourner. Était-ce moi qui exagérais ? Ou bien était-il complètement hors limite ? Je n'étais pas contre le fait d'avoir une bonne castagne de temps en temps, puisqu'il m'arrivait aussi de réaliser des combats clandestins pour une petite dose d'adrénaline. Mais ce n'était pas pareil : les deux parties étaient consentantes et savaient à quoi s'en tenir. Or là, tout pouvait déraper et... Impliquer les flics de la même manière que lors de mes combats. CERTES. Il n'y avait pas beaucoup de différence.

Ha. "Pas prévu au programme". Je me crispe légèrement en entendant ces mots. Moi aussi, je n'étais pas prévu ? Ou bien est-ce parce que j'étais une fille ? Mais de là à abandonner un fils... Mes interrogations liées à mon géniteur étaient toujours présentes, toujours sans réponse depuis que j'avais l'âge de me questionner sur mon entourage.

- Tout n'est pas forcément prévu dans la vie. C'est pas pour autant que ça va être une mauvaise chose...

J'avais... J'avais eu une expérience particulièrement désagréable dans mon ancien boulot, me faisant m'éloigner de ma vie idéale, celle qui m'aurait apporté richesse et défis... Aujourd'hui, on pourrait croire que j'étais en bas de l'échelle, que j'avais raté quelque chose qui m'avait fait atterrir ici. Pourtant, j'étais heureuse. Épanouie, même. J'aimais mon travail, je veillais sur celles qui pourraient avoir des problèmes alors qu'elles ne veulent qu'oublier une sale journée de travail sans avoir à se demander si un malotru va venir lui mettre la main au cul... Oui, je n'avais pas ma vie souhaitée, mais celle que j'avais m'appartenais.

C'est fou qu'j'parle d'mon futur gamin qu'j'veux pas et qui est p't'être pas là... Ouais l'test dit qu'elle est en cloque mais y a des erreurs sur c'genre d'test non ? J'ai merdé du début à la fin avec ma porcelaine mais on peut pas m'punir comme ça. On m'puni pas moi mais l'futur gamin... Il aura une vie pourrie si j'suis son géniteur. Il va s'passer quoi pour lui ? J'saurais pas l'gérer et j'veux pas l'gérer. J'ai rien pour prendre soin d'quelqu'un d'autre...   

- Lui n's'rait p't'être pas une mauvaise chose, mais j'suis pas fait pour être père. J's'rais une mauvaise chose pour lui. Mais bref, j'veux pas penser à ça. Tu veux boire un verre ? Pour oublier tout c'qui vient d's'passer ?

Oublier qu'j'l'ai aidé à s'débarrasser d'une p'tite merde, oublier qu'j'me suis un peu confié, oublier c'gamin qui avec un peu d'chance n'est pas là. Ouais, j'veux qu'on oublie tout ça et qu'on s'change les idées. Faut qu'on passe à autre chose et j'connais plein d'moyens pour ça...