quelque chose me dit qu'il reste de l'espoir - kurt

tw: addictions - cocaïne - jeux d'argent.

19h. Comme depuis plusieurs semaines, j'suis plus vraiment dans le mood d'une vie tranquille. Ca part un peu en vrille dans tous les sens, mais j'tente de faire comme si de rien. J'suis dans un bon gros déni. Les jours passent, ils s'enchaînent et je fais comme si tout allait bien. J'parle de ma rechute à personne. J'parle de Maxine à personne. J'me taire dans un espèce de silence et c'est très bien comme ça. Ceux qui me connaissent diraient que je ne suis plus que l'ombre de moi même. L'hiver australien a été fatal pour moi. Tant pis. On verra les dégâts plus tard. Là, j'me drive juste, sans penser à rien.

Ce soir là, j'suis pas resté à l'appart. Parce que j'veux plus voir Arielle, ma coloc. C'est encore le froid polaire entre nous. Alors j'préfère être dehors. Une clope entre mon index et mon pouce, j'déambule sans but précis. J'regarde les gens, les devantures des boutiques et j'crois que j'vais finir la soirée dans un bar. N'importe lequel. Bordel, j'suis pas beau à voir. C'est bien la première fois que j'suis dans une situation aussi périlleuse à Bowen. J'imagine que ça ne dura pas longtemps. Le temps qu'Aura, ma soeur jumelle, ou Fede, mon frère, se rendent compte que j'suis en train de merder. Ouais, c'est pas beau de compter sur les autres pour se sortir de la panade, mais j'ai toujours fais comme ça. J'me mets dans le pétrin et j'attends qu'on me tende la main pour me tirer vers le haut.

Tout ce que je sais, c'est qu'une fois que j'aurais un peu la tête à l'envers, j'pourrais retrouver la cocaïne et ça c'est cool. J'ai l'impression que c'est ça qui me rend vivant. Stupide réflexion. Alors que je continue de marcher, presque tranquillement, mon regard se pose sur un gars, un peu plus loin. J'crois que mon coeur rate une pulsasion. J'écarquille les yeux et j'me mets à paniquer. Putain, pourquoi ce type est là? Est-ce qu'il est venu me chercher? Est-ce qu'il est missionner par ces gars de la mafia italienne? C'est juste pas possible. Ca fait trop longtemps. C'est sensé être de l'histoire ancienne. Et pourtant, j'me prends un mega shot de stress et mauvais souvenirs. J'suis pas certain qu'il m'ait vu. Alors comme si j'étais dans un film d'espion, j'me fais tout petit. J'me cale contre un renfoncement de porte d'immeuble et j'me plaque contre le mur. L'effet escompté, il est pas présent du tout. J'crois que j'suis encore plus remarquable que si j'avais fais rien. Mais j'baisse les yeux en gardant Kurt dans mon champ de vision. Il se rapproche de moi, j'serre les poings, prêt à riposter s'il m'aborde pour m'en coller une. Bordel, j'me serais bien passé de ça aujourd'hui.

@Kurt Taylor

Kurt avait la soirée libre aujourd’hui. Dans le sens où il n’avait pas Rosita avec lui - non pas que c’était une corvée d’être avec sa fille, bien évidemment. Sa fille représentait son présent et surtout son avenir, laissant derrière lui le Kurt à l’italienne, définitivement pas sa meilleure version. Sa soeur avait presque supplié Kurt pour qu’elle puisse la garder, histoire de passer une soirée entre filles. Kurt n’était pas idiot, et il savait pertinnement que sa soeur faisait principalement ça pour Rosita. La pauvre gosse n’avait jamais eu de mère, et quand Kurt était devenu une épave pendant son deuil, c’était sa tante qui était devenue une certaine figure maternelle. Maintenant que sa fille approchait de l’adolescence, il était bien content qu’une présence féminine puisse assumer ce rôle. Il avait beau être fusionnel avec elle, il savait très bien que certaines choses n’étaient pas à partager avec son papa chéri.

Il n’avait cependant pas réellement de plans prévus, c’est pourquoi il déambulait dans les rues de la ville en début de soirée, en route pour l’un de ses bars habituels. Il était quasiment sûr de croiser au moins une tête familière, et il aviserait par la suite en fonction du déroulement de la soirée. Et par tête familière… Il ne s’attendait définitivement pas à celle-ci.

Ce n’est qu’après une petite dizaine de minutes de marche qu’il repérait une carrure et un faciès qui le renvoyait directement à Florence. Il va sans dire que c’était impossible, et pendant quelques instants il pensait presque devenir fou à revoir des fantômes du passé. Mais au fur et à mesure qu’il se rapprochait, ses doutes ne faisaient que se réduire. Ses soupçons se confirment cependant très vite lorsque la cible de sa convoitise commence à essayer de s’effacer de son champ de vision, ce qui ne le rend que plus visible. Une fois à sa hauteur, Kurt remarque très vite ses poings serrés - réflexe d’ancien bandit sûrement, de prêter attention à ce genre de détail. Une droite en pleine face de Kurt serait, pour le moins, méritée. Après tout, Orso avait pu déguster les phalanges de ce dernier par le passé. Le revers de la médaille. Kurt avait beau commencé à remettre sa vie sur le bon chemin, il n’en restait pas moins une pourriture et il le savait très bien. Même si il devenait le pape demain, rien ne pourrait effacer ses années à truander. Il relevait ses lunettes de soleil, comme pour confirmer une bonne fois pour toute de ses propres yeux que se trouvait bien face à lui, ce fameux Orso. « Tu peux m’en mettre une si tu veux, mais tu sais très bien que je serai obligé de riposter. A toi de voir » lançait-il sans gêne, laissant cependant ses mains en évidence - les poings non serrés dans son cas, gage de paix, s’attendant tout de même à l’éventualité d’en recevoir une de son interlocuteur.

@Orso Luciano

Spoiler:

J'suis déjà bien sur les nerfs depuis plusieurs semaines alors de croiser Kurt ici, c'est vraiment pas pour arranger mes affaires. Bien au contraire. J'me prends un gros shot de souvenirs désagréables. J'ai pas tellement envie de repenser à tout ça et pourtant, quand j'suis certain que c'est lui, j'repense à Florence et à ces nuits extrêmes à côtoyer le pire de la ville. Ici, à Bowen, il n'y avait bien que Aura qui m'avait vraiment connu tel que j'étais pas le passé. Encore que, j'lui avais bien caché mon jeu et j'lui avais juste dit, un jour, qu'il fallait qu'on parte. J'avais raconté la vérité, mais j'avais juste omis quelques détails. Parce que j'voulais pas qu'elle ait une mauvaise opinion de moi. En même temps, c'était pas ultra facile de dire à sa soeur jumelle que j'avais merdé au point de devoir une somme astronomique de pognon à des gars d'la mafia. C'était pas le genre rassurant comme histoire. Et puis, avec les années, j'm'étais convaincu qu'ils ne viendraient plus me chercher. Clairement, de revoir Kurt ici, j'avais comme tout un flot de mauvais pressentiments qui arrivaient. J'me voyais déjà tabassé, menacé, et peut-être même tué. Kurt, il avait pas été tendre avec moi, à plusieurs reprises il avait fait le sale boulot des gars à qui je devais de l'argent. Alors forcément, le voir ici, ça m'enchantait pas. Pas du tout. Alors que j'm'étais pitoyablement caché derrière un renfoncement de porte, les poings serrés, prêt à me battre et surtout priant très fort pour qu'il en m'ait pas vu, j'le voyais au contraire s'approcher de moi. Il m'avait bien repéré et j'serrais la mâchoire, prêt. Mais à la place de ça, Kurt, il semblait pas dans une posture de baston. J'trouvais ça assez étonnant. J'restais bien méfiant, mais ses poings étaient desserrés. J'le regarde, un peu interloqué, fronçant des sourcils. "Parce que t'es pas venu m'en foutre une, à tout hasard?" Clairement, j'croyais pas à l'éventualité qu'il soit pas par la force du destin et qu'il n'était pas venu me chercher. Ce genre de gars, les types de la mafia, ils sont pas du genre à lâcher. Ils auraient très bien pu engager un détective privé ou whatever juste pour me pister et finalement envoyer Kurt pour me faire la peau. C'était un scénario plus que probable. J'gardais toujours ma posture défensive, très méfiant. "Qu'est ce que tu fous à Bowen, Kurt?" Si j'pouvais avoir un semblant de sincérité, histoire de savoir à quel sauce j'allais être bouffer. J'le toisais toujours d'un regard assez sombre, là tout de suite, j'avais pas tellement envie de rire, ni d'me détendre. P'tete que la cocaïne que j'prenais régulièrement ces dernières semaines ne m'aidait pas non plus à être serein. La paranoïa dans ces cas là, ça pouvait vite monter à la tête.

Orso pensait, à juste titre, que Kurt était dans une mission vendetta pour la mafia dans l’unique but de le retrouver et de récupérer la somme tant convoitée. On pouvait presque croire à un mauvais scénario de film, mais pourtant c’était bel et bel le destin - tout du moins le hasard - qui avait amené Orso et Kurt à se croiser sur un autre continent, dans une ruelle hasardeuse dans toute l’Australie. « Tu m’connais, j’ai jamais été du genre à faire la causette autour d’un thé. Si je voulais t’en foutre une, j’aurai cogné avant de parler ». Tout comme Orso avait fui Florence pour éviter la mafia, Kurt l’avait fait pour se fuir lui-même. Revoir une personne de cette époque ne l’enchantait pas plus que ça. Ce n’était pas un masque qu’il souhaitait sortir du placard et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de se montrer méfiant face à cet homme du passé. Kurt n’avait clairement pas besoin que quelqu’un vienne remuer son passé de merde pour le remonter à la surface. Kurt n’était pas un enfant de chœur et savait pertinemment qu’il avait déjà un ticket première classe pour l’enfer, mais il avait le maigre espoir qu’en vivant la fin de sa vie de manière plus conventionnelle, il pouvait toujours gratter quelques bons points. Ne serait-ce que pour l’honneur de sa fille. « Une envie de voir les kangourous. On m’a dit que c’était des créatures magnifiques ». Répondait-il d’un air dédaigneux en jetant quelques coups d’oeil à gauche et à droite. Vieille habitude qui remonte à la surface, sûrement.

Il venait sortir son paquet de cigarette pour s’en griller une avant d’en tendre une en direction d’Orso. « Tu fumes ? Ou c’est pas assez fort pour toi, ça ? ». Petit pique mal placé, mais Kurt préférait jauger la situation avant de s’adoucir. D’une certaine façon, ils représentaient une menace l’un pour l’autre. Un simple coup de fil de Kurt en Italie pour signaler la position d’Orso, tout comme lui pouvait toujours jouer les balances à la police et parler des anciennes activités du garde du corps. « Et tu veux pas te détendre, putain ? On va croire qu’on tourne un mauvais western là. T’inquiète pas va, je vais pas te flinguer en pleine rue, j’suis pas si con. J’pensais que t’avais une meilleure estime de moi ». Ponctuait-il sa phrase d’un léger rire sans lâcher des yeux son interlocuteur. « Bowen… T’as rien trouvé de mieux pour disparaître de la surface de la terre ? Putain… ». Il se frottait légèrement les yeux. « Si j’ai pu te trouver par hasard, j’imagine même pas ce qu’ils sont capables de faire, eux ». Lançait-il à demi voix, autant pour Orso que pour se parler à lui-même. Pour être honnête, il n’espérait pas non plus que son ancien boss puisse débarquer en ville. Manquerait plus qu’on lui reproche d’avoir aidé Orso à se cacher, un comble.


@Orso Luciano

On se jaugeait, on s'regardait en coin et j'étais sur mes gardes. Pourquoi Kurt était là, et qu'est ce qu'il me voulait? J'aurais bien voulu disparaître dans un coin d'la rue là, de me mouvoir à l'intérieur d'un mur et ne pas lui parler à ce moment là. Ca me faisait tout drôle d'le revoir Kurt. Mais pas drôle dans le sens marrant. Nan, ça me tendait. Ca me faisait me rappeler des mauvais souvenirs de fin de soirées un peu dark où j'avais goûté à ses poings. Le goût du sang encore dans la bouche. J'suis toujours collé contre le mur, les poings serrés, prêt à dégaigner mais Kurt, il a un bon argumentaire. Alors j'me détends un peu. "Tu marques un point." J'me redresse un peu et j'essaye de comprendre pourquoi il est là. J'crois pas au hasard et j'suis encore persuadé qu'il est là pour me retrouver et me balancer aux types qui me recherchent. J'sais pas encore, à ce stade, que lui aussi ça l'enchante pas d'me trouver là. Généralement, quand on rentre dans l'espace de ces gars là, en Italie, on en ressort pas. Alors lui aussi devait être en fuite. Mais j'ai pas l'esprit assez aiguisé pour m'en rendre compte. Lui, il utilise l'ironie pour expliquer sa présence en Australie. J'secoue la tête, j'vois qu'il balaye la rue de droite à gauche. Comme s'il était recherché aussi. J'plisse les yeux et j'le vois sortir un paquet de clope. Il m'envoie un p'tit saleté dans la tronche et j'dois serré la mâchoire pour pas tomber dans sa provocation. J'saisie la clope. "Commence pas tes conneries Kurt." que j'lui dis avant de sortir un briquet de ma poche et d'allumer la cigarette. La nicotine a pour effet d'me détendre encore un peu plus et Kurt semble sur la même longueur d'onde. Il reprend la parole et j'la regarde, mon regard s'adoucit un peu, il semble vraiment pas missionner pour me récupérer. Ou du moins, ça semble pas dans ses missions actuelles. J'le regarde interloqué par ce qu'il vient de dire. "Ah parce que tu crois que j'ai une bonne estime de toi?!" J'marque une pause avant de rajouter, avec nonchalance, "mon pote, tes coups de poings, j'les sentais à peine." J'ris un peu, c'est bien évidemment un mensonge et j'pense que si on regarde de plus près, la p'tite déformation que j'ai à la mâchoire, c'est totalement à cause d'un coup que Kurt m'avait asséné dans une ruelle sombre de Florence. Kurt, il revient à la charge, m'indiquant que Bowen n'était pas une très bonne place pour se cacher. J'fronce des sourcils. "T'étais en train d'me chercher?" Ouais, là, j'suis plutôt pragmatique, j'ai juste besoin d'entendre de sa bouche que j'suis safe. "Parce que si c'est pas l'cas, j'pensais plutôt être bien caché." que j'rajoute un peu vexé. Ca arrange vraiment pas mes affaires qu'ils soient là. J'soupire un bon coup et j'reprends. "Bon, l'idée c'est que si tu m'balances, j'te balance." J'étais assez direct, mais j'avais pas envie de risquer ma p'tite vie ici et de finir entre les mains des gars qui voulaient ma peau. "On fait comme si de rien. Deal?" que j'dis en lui tendant la main pour qu'il me la serre. Autant partir sur des bases solides, un accord entre lui et moi. Juste pour que j'puisse respirer. Une bonne fois pour toute.