In your eyes, I see there's something burning inside you (Ciàwana)

Il y a tellement de choses que je ne t’ai pas dites, quand tu l’es sauras, tu risque de toute façon de ne plus jamais vouloir me voir de toute façon. Depuis qu'il avait vu ce message de Leewana, l'esprit de Ciàn était en ébullition. La relation avec la jeune femme était déjà d'une grande complexité - leur baiser n'ayant rien arrangé - et ses mots tournaient en boucle dans sa tête. Qu'avait-elle bien pu faire pour croire qu'il ne voudrait plus la voir ? Certes, ils ne s'étaient pas vus pendant plus de vingt ans. Ils avaient grandi, ils avaient mûri, ils avaient expérimenté des situations de vie qui les avaient changé. Mais malgré cela, pour Ciàn, rien ne pourrait changer l'image qu'il avait de Leewana. Il revoyait encore cette adolescente brillante, pleine de vie, à l'oeil pétillant, au sourire ravageur qui l'avait fait craquer dès le premier instant. Bien sûr, elle avait des défauts, comme tout le monde sur cette vaste planète, mais rien qui ne l'avait rebuté. Alors, de quoi parlait-elle ?! Heureusement, ils avaient convenu d'un rendez-vous en début de soirée, chez Ciàn, alors que tous les employés seraient partis. Les heures lui avaient paru longues. Trop longues. Et ce fut un soulagement quand enfin, il entendit la sonnette retentir. Galway, son berger australien se mit à aboyer et à foncer par la baie vitrée ouverte afin d'accueillir l'invitée. Ciàn ouvrit la porte d'entrée, voyant la belle brune s'avancer sur le chemin qui menait vers son habitat, accompagnée par sa chienne qui faisait quelques bonds joyeux. Ciàn la salua avec un sourire, à la fois heureux de la voir, à la fois perplexe à l'idée de savoir ce qu'elle allait lui dire. "Hey..." souffla-t-il, posant une main sur son bras quand elle fut à sa hauteur. De son autre main libre, il l'invita à l'intérieur. "Je t'en prie, entre. Ne fais pas trop attention au bordel." L'intérieur était encore en travaux, des cartons traînaient par-ci, par-là, la décoration n'était pas encore totalement à son goût. Mais c'était fonctionnel. Et ce n'était pas une garçonnière digne d'un célibataire comme lui. "Je nous sors une bouteille de vin et on s'installe à l'extérieur ? On sera peut-être plus à l'aise pour parler." Il se passa une main dans ses cheveux noirs qu'il ébouriffa, comme à chaque fois qu'il était anxieux. D'ailleurs, il rebondit aussitôt : "J'avoue que je stresse un peu à l'idée de ce que tu vas dire. J'arrête pas  de penser à ce que tu as dit par texto." C'était une torture. Il ne savait pas à quoi s'attendre et il détestait cette sensation.

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Les derniers messages que j’avais échangés avec Ciàn avaient une étrange saveur, l’amertume en repensant à tout ce qui s’était passé suite à ma fuite, la peur aussi de devoir révéler une partie de ma vie dont je n’étais pas tellement fière. Parfois on doit faire ce que l’on peut et non ce que l’on veut pour survivre et j’avais une enfant à charge et le métier de serveuse qui n’a déjà rien de glorieux n’est pas le meilleur métier pour avoir une vie stable, le salaire est misérable et souvent on te prends pour une moins que rien. Bref, j’avais pris les grands moyens et chaque fois que je rencontrais un homme, je me souvenais que je faisais ça pour Maddie pour son avenir. Je ne pensais pas qu’un jour je croiserais mon premier amour et père de Maddie, ni que nous vivrions dans la même ville et que je serais sujette à le rencontrer régulièrement. Je ne pensais pas qu’il aurait un lien avec ma fille, ma fille que je n’ai jamais eu à partager avec personne. Chaque nouvelle rencontre avec Ciàn était forte en émotions, je n’arrivais pas à calmer le battement de mon coeur, mais chaque fois que je l’avais croisé c’était dû au hasard, ce soir ce n’était pas le hasard, j’y allais pour que l’on puisse faire table rase du passé, je n’en revenais toujours pas que j’allais m’ouvrir à lui, peut-être que sa vision de moi allait changer, il en serait probablement dégoûter et me laisserais la chance de l’oublier pour vrai ? De ne plus avoir le coeur qui cesse de battre quand je le vois, ne plus ressentir ce fourmillement au creux de mon estomac chaque fois que mes yeux croisent les siens et se noient dans cet océan d’opale noire. Je suis nerveuse, nerveuse comme pas possible, les mains moites que je tente d’essuyer sur mon jeans. Nous avions rendez-vous en début de soirée, après le départ des travailleurs. Nous allions être seuls, lui et moi, alors que j’avais encore ce baiser dans la tête. Purée, qu’est-ce que je fais ? Pourquoi je vais lui balancer ça, pourquoi je me jette dans la gueule du loup ? En marchant sur le chemin qui mène à la demeure de Ciàn j’entends les jappements d’un chien, puis je le vois qui marche en ma direction, je tente de lui faire un petit sourire qui se veut rassurant quand il est à ma hauteur. “Hey, ne t’en fais pas, je ne suis pas venu juger ta façon de tenir ton intérieur. ” Juste sa maison et son domaine étaient déjà assez impressionnant à mon avis, j’aurais été plus gêné de le recevoir chez moi. Hochant la tête, je crois que c’est une bonne idée, le petit vent va peut-être aussi nous rafraîchir les idées, puis au pire, il me sera plus facile de partir. Un sourire se dessine sur mes lèvres quand il ébouriffe ses cheveux, je le revois faire adolescent quand il était mal à l'aise. “Oui, une bonne bouteille, c’est bien, j’espère qu’il est meilleur que celui de la plage… ” La plage et ce baiser, je tente de ne pas regarder ses lèvres, me rappeler de la douceur de celles-ci contre les miennes. Ses paroles me donnent l’effet d’une douche froide, j’étais presque parvenue à oublier la raison de ma présence ici. Je sens un picotement dans mes yeux, mais je cligne quelques fois les yeux en détournant la tête pour ne pas qu’il puisse voir mon malaise profond. “J’ai encore plus peur de ce que tu vas penser après tout ça… On peut aller s’asseoir ? Je crois que j’ai besoin de quelques gorgées de courage avant de pouvoir te le dire.” Fini l’image d’une Leewana douce et timide, finit l’image parfaite de la jeune femme pure… Les démons m’habitent encore et j’aimerais pouvoir oublier tous ces hommes qui ont un jour posé les mains sur moi, qui ont essayé aussi de me retrouver et qui ont été la raison de nombreux déménagements… Je vais m’asseoir à la table pendant qu’il est parti chercher de quoi nous hydrater et nous embrumer un peu l’esprit.

C'était une belle soirée. De la même trempe que toutes celles qui avaient animé leurs rencontres hasardeuses. Mais ce soir, c'était différent. Ils ne se rencontraient pas par hasard et le fantôme d'une discussion plus que sérieuse planait sur eux. Tant de facteurs entraient en jeu : leur incapacité à communiquer correctement, cette sensation de toujours marcher sur des œufs, ce passé et ces sentiments encore là, bien ancrés, et ce baiser. Ce baiser qui l'avait tant retourné. Ce n'était pas un baiser comme un autre, avec une inconnue, lors d'une soirée arrosée. Certes, la soirée avait été arrosée, mais il n'avait pas embrassé une inconnue. Il avait embrassé Lee, et cela changeait toute la donne. Il ignorait l'issue de cette soirée, mais il savait que tout pouvait se détruire en une fraction de secondes, comme s'ils étaient deux funambules au dessus du vide. Arrivé près d'elle, il l'invita à entrer, en s'excusant d'avance pour le bazar qui y traînait. Il esquissa un léger sourire à ses mots, hochant nonchalamment les épaules, avant de lui proposer de s'installer à l'extérieur. Ils allaient sûrement avoir besoin d'air. Et de vin. De bon vin, précisa-t-elle, en faisant référence à cette piquette qu'ils avaient bu sur la plage. « J'avoue que ce n'est pas le vin qui a le plus retenu mon attention ce soir-là. » A ces mots, ses yeux noirs se posèrent sur elle, sur son visage si fin, s'arrêtant inconsciemment sur ses lèvres qu'il avait goûté de nouveau, ce fameux soir. Dans d'autres circonstances, il aurait parlé de ce qu'il s'était passé entre eux. Mais il ne pouvait pas faire l'impasse sur ce qui serrait tant son estomac, depuis la veille. Leewana avait quelque chose d'important à lui dire, quelque chose qui, selon elle, pouvait totalement changer l'image qu'il avait d'elle. Il ne pouvait donc pas laisser son esprit aller vers des travers bien plus agréables. Il s'en voulut brièvement de remettre le sujet sur la table, mais plus vite ils crevaient l'abcès, mieux ce serait. N'est-ce pas ? « Tu me fais peur. » murmura-t-il face à sa dernière phrase, ne pouvant même pas analyser son expression puisqu'elle détourna la tête à cet instant. « Installe-toi. » dit-il en lui montrant l'extérieur. Lui s'occupa d'aller chercher les gorgées de courage, choisissant une bouteille d'une cuvée de son domaine. Il ne regarda même pas le millésime, la tête trop ailleurs pour choisir le meilleur vin possible. Il prit deux verres à pied et rejoignit Leewana qui était déjà installée à la table. Il prit place sur la chaise à ses côtés et ouvrit la bouteille de vin. Il servit le breuvage, le tout dans un silence déconcertant. Mais son visage était inquiet, les sourcils froncés et le regard plus sombre que jamais. Il releva simplement la tête quand il tendit le verre à Leewana, plongeant de nouveau son regard dans le sien. Il pourrait attendre qu'elle boive quelques gorgées, oui, mais il n'y parvenait pas. Il posa son verre sur la table, le pied du verre claquant légèrement contre la surface en bois.  « Qu'est-ce qu'il se passe, Lee ? Dis-moi, tout, s'il te plaît. » Il secoua la tête, fronçant encore plus les sourcils : « Tu as fait quelque chose qu'il ne fallait pas ? » Là, ça pouvait être tout et n'importe quoi.

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Il y avait une petite brise qui amenait l’odeur de la terre à mes narines, j’essayais de m’ancrer dans le sol pour prendre un peu de l’énergie de cette terre et devenir aussi solide que le roc, sachant que je risque de flancher devant Ciàn. J’ai peur de l’opinion qu’il aura de moi après cette soirée, de ce qu’il pensera de la mère de son enfant, j’ai peur qu’il ne comprenne pas que j’ai fait ça dans le seul but de subvenir aux besoins de notre fille. Il n’y avait pas d’autres moyens, je n’avais personne pour m’aider, me tendre la main. Ma famille ayant choisi de rester dans la voix qui leur semblait juste, lui qui avait choisi son rêve et moi seule avec un bébé sur les bras, une enfant qui avait besoin qu’on prenne soin d’elle. J’aimerais retarder ce moment autant que possible, j’aurais pu me taire et ne jamais lui dire que j’avais honte de mes agissements et il n’aurait jamais douté de la misère que j’ai vécu. Sauf qu’il me semblait juste qu’il le sache, parce que maintenant je savais qu’il avait essayé de nous retrouver. Je ne doutais pas de sa sincérité, encore moins quand je repense à ce qui s’est produit l’autre soir sur la plage, quand nous nous sommes embrassés, réveillant des souvenirs enfouis loin dans ma mémoire, mais si facile à faire revivre. J’étais maintenant sur son domaine, il possédait toute cette terre, cette demeure immense… Est-ce que nous aurions vécu ici si nous nous étions retrouvés après la naissance de la petite ? Nous avons voyagé, parcouru le monde plutôt que de découvrir l’Australie, vivant dans des appartements sans aucune intimité… Je soupire, il ne faut pas que je pense à ça, que je regrette un passé qui n’existe déjà plus et que je pense au présent, parce que le futur m’angoisse encore autant. Je reprend contenance face à Ciàn, même si mon coeur palpite dans ma poitrine quand ses yeux se posent sur moi, me rappelant qu’un jour ces mêmes yeux me regardaient avec amour, que je pouvais me perdre dans les siens. La petite plaisanterie sur le vin de la plage semble bien passer, détendre légèrement l’atmosphère pendant quelques secondes. Le feu monte à mes joues. “Non, moi non plus…. Moi non plus… ” soufflais-je en le suivant à l’intérieur, je ne regarde même pas ce qui m’entoure, me concentrant sur la silhouette de mon premier amour. Il me fait encore autant d’effet sinon plus, j’aimerais chasser la tristesse de ses yeux. “Je suis morte de trouille et j’ai honte… ” Ce n’est rien pour le rassurer j’en conviens. Je le laisse aller chercher le vin et m’installe à la table, tremblante, anxieuse à l’idée que son regard change complètement. Il revient rapidement et nous sert, je trempe à peine mes lèvres dans ma coupe que la question arrive. Je souffle, tentant de ne pas laisser l’émotion monter d’un coup. Je pose la coupe sur la table, comme si elle était trop lourde pour que je ne puisse la porter, toujours moins par contre que ce secret. Je déglutis et je tente de sourire, sentant les traîtres de larmes remonter à mes yeux. “Rassure toi, je n’ai tué personne et je n’ai pas non plus commis de vol ou rien de cet acabit.” Je ris sans joie, baissant la tête pour regarder mes mains, comme si elles étaient ce qu’il y avait de plus intéressant à regarder. “Je ne pensais pas que je le dirais à quelqu’un un jour, je ne veux pas non plus que Maddie l’apprenne… Il faut me promettre que tu ne lui diras pas.” Je relève les yeux, luisant de larmes sans aucun doute vers lui. “J’ai tellement honte, je ne voulais pas ça et j’aimais pas ça Ciàn, mais je n’avais pas le choix… je n’arrivais pas financièrement parlant, j’étais jeune et j’ai dû mentir à de nombreuses reprises. J’avais l’impression que mon propre corps ne m'appartenait plus, que je n’étais qu’une chose ou une poupée de chiffon entre leurs doigts sales de vieux pervers… ” Une larme roule sur ma joue, mais je relève la tête vers lui, craignant de voir le dégoût sur son visage. “J’ai vendu mes charmes pour faire vivre notre fille Ciàn. C’était le seul moyen auquel j’ai pu penser, je l’ai fait jusqu’à il y a trois ans environ. Avant de venir ici, je me suis installé ici pour fuir ce passé. Avec Theo, vous êtes les seuls qui ne m'ont pas fait sentir comme…. comme… ” Je n’arrive pas à finir ma phrase et je renifle, baissant cette fois le regard, pour essuyer mes larmes.

Voir Leewana, ici, dans son environnement, avait quelque chose de familier, comme une douce nostalgie qui s'emparait de lui. A chacune de leurs rencontres, les souvenirs ressurgissaient, parfois dans des petits détails, des mots, des mimiques et cela lui rappelait à quel point ces souvenirs étaient encore bien vivaces. Elle était encore ancrée en lui. Irrémédiablement. Mais ce soir, il ne pouvait pas totalement se laisser aller vers ces pensées-là, une discussion plus que sérieuse planant au dessus d'eux. Pour autant, cette phrase, cette petite phrase sur le vin partagé, le soir de leur fameux baiser, laissa une légèreté s'installer entre eux. En voyant les joues de Leewana rougir, les lèvres de Ciàn s'étirèrent en un sourire à la fois amusé, à la fois attendri. C'était agréable de voir qu'elle n'était pas insensible à lui, à ce qu'il était encore, même s'il était maintenant bien loin de l'adolescent qu'elle avait connu. Mais ce moment fut fugace et la réalité de la situation les rattrapa. Elle était morte de trouille. Elle avait honte. Des mots qui renforçaient cette boule qui lui serrait la gorge. Alors, il n'attendit pas plus. Il ne pouvait attendre plus. Une fois les verres de vin servis, il mit le sujet sur la table, lui demandant ce qu'elle avait fait. C'était ce qui était le plus plausible pour lui. Elle se sentait coupable de quelque chose. Mais quoi ? Elle le rassura sur le fait qu'elle n'avait ni tué, ni volé – d'ailleurs il se doutait bien que ce n'était pas cela – mais il se doutait que c'était tout aussi désagréable. Personne ne savait. Personne ne partageait ce lourd secret avec lequel elle cohabitait. Pas même Maddie. Et aujourd'hui, Lee le mettait dans la confidence. Elle en faisait son allié et à terme, il espérait une épaule sur laquelle se décharger. « Je te le promets. Je ne lui dirai rien. » Alors, c'était ça ? Les secrets d'une famille ? Les secrets entre deux parents qui préserveraient leur progéniture ? Il se tourna encore plus vers elle, son corps en face d'elle, dans une position d'écoute. Il était prêt à tout entendre. Leewana reprit la parole, évoquant les difficultés financières qu'elle avait traversé. Mais les mots qu'elle eut ensuite commencèrent à lui glacer le sang. Pervers. Un corps qui ne lui appartenait plus. Non. Cela ne pouvait pas être ce à quoi il pensait. Mais le couperet tomba et ce qu'il craignait tant d'entendre franchit les lèvres de Leewana. Elle avait été obligée de vendre son corps, de s'adonner à des actes sexuels pour nourrir et élever Maddie. Le choc se lit sur le visage de Ciàn et son cœur se serra encore plus fortement. Il ressentait la douleur de Leewana, la culpabilité et la honte. Et à son tour, il sentait sa propre douleur et sa propre honte en écho à la sienne. Parce qu'il avait participé à cela. Inconsciemment, certes, mais il avait sa part de culpabilité. « Tu... tu as fait ça pendant des années ? » redemanda-t-il sous le choc, déglutissant difficilement. Il comprenait bien mieux les choses. Il comprenait bien mieux pourquoi Leewana s'était oubliée pendant tant d'années. Il comprenait pourquoi, tout doucement, elle se reconstruisait ici, à Bowen. Ici, elle redevenait une femme. Ce Theo l'avait aidé à retrouver cette part d'elle. La part de cette femme trentenaire, qui avait encore toute sa vie à vivre et qui avait le droit de vibrer, d'être aimée pour ce qu'elle était. Il en percevait désormais toute la dimension. Mais il avait mal. Mal pour elle. Ces larmes, qu'il voyait couler, lui brisaient le cœur. Avec douceur, il vint poser ses doigts sur son menton pour qu'elle relève la tête vers lui. De ses deux mains, il vint essuyer ses larmes, laissant un silence s'instaurer. Son regard à lui était humide, rempli d'émotions. « Je suis désolé que tu aies vécu ça, Lee, que tu aies été amenée à devoir t'oublier. Ça me tue parce que je sais que tu as traversé ça, parce que tu étais seule et livrée à toi-même. Parce que ta famille n'était pas là. Parce que je n'étais pas là. » Il marqua un temps d'arrêt. « Je crois que je n'aurai jamais assez d'années pour m'excuser d'avoir participé à cela. » Elle lui avait dit qu'elle ne lui en voulait pas. Mais en apprenant cela, la culpabilité qu'il ressentait s'était renforcée. Elle ne lui en voulait pas, mais lui s'en voulait. Il essuya encore ses larmes, venant poser sa paume sur sa joue. « Mais tu sais ce que je vois là ? Je ne vois pas une femme qui me dégoûte, qui me fait honte ou avec qui je veux couper les ponts. Je vois une femme forte, si forte, qui s'est battue comme une lionne pour sa fille. Pour notre fille. Et ça, ça ne peut pas changer l'image que j'ai de toi. Jamais. » Bien sûr, il y avait encore la part du choc, la tristesse face à ce qu'elle avait enduré, mais il ne pourrait jamais enfoncer le couteau dans la plaie, ni la rejeter. Il reprit ses confidences : « J'étais déjà admiratif de la personne que tu étais à 15 ans. Je le suis encore plus aujourd'hui, Lee. »

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Le passé finit toujours par nous rattraper, ressurgir d’une manière les plus imprévisibles. Comment j’aurais pu deviner qu’un jour mon amour d’adolescence referait surface. Le monde est vaste et il y a tellement de monde que je croyais que je ne le reverrais plus jamais, que maintenant qu’il était reconnu mondialement pour son talent au Tennis, qu’il n’aurait pas grand chose à faire dans une petite ville comme Bowen, bien que ce soit la ville dans laquelle il a vécu une partie de son enfance. Jamais je n’aurais cru non plus que sa présence ferait l’effet d’une bombe dans ma vie, que je viendrais à me poser des questions sur ce que je ressens face à lui. Que nous aurions encore au fond de nous cette attirance qui existe encore, même après plus de vingt ans. Sauf qu’avec le retour de Ciàn, il y a le retour des démons, le retour de ce que j’ai dû faire pour survivre et avoir assez pour nourrir notre fille. Ce secret que je garde au fond de moi, cette honte et cette douleur que je n’ai jamais révélé à personne par peur de ce qu’on pourrait penser. Il a le droit de savoir que l’enfer j’y suis déjà aller, il a le droit de savoir parce qu’il reste le père de ma fille et que maintenant qu’il la connaît il veut faire parti de sa vie, mais faire partie de la vie de Maddie, veut aussi dire faire partie de la mienne. Dehors sur la terrasse avec un verre à la main, je lui demande de me promettre de ne jamais dire à Maddie ce que j’ai pu faire, je ne voudrais pas que le regard que ma fille me porte change, elle pourrait m’en vouloir, elle pourrait s’en vouloir aussi et s’il y a bien une chose que je ne changerais pas dans ma vie, c’est sa présence. Après la promesse de son silence je me lance, je pense que je n’ai pas besoin de trop en dire qu’il comprend la portée de mes mots. Qu’il sait ce que je veux dire, j’ai le coeur qui se tord, on dirait que de le dire à voix haute ça rend le tout encore plus réel et je frissonne de dégoût en repensant à tous ces hommes qui ont posé leurs mains sur moi. Je sens son regard sur moi qui me brûle, ce regard qui autrefois me regardait avec amour, il est l’homme que j’ai le plus aimé dans ma vie, même si Theo m’a fait me découvrir en tant que femme, Ciàn est celui qui m’a ouverte à l’amour. Je hoche la tête à sa question, oui pendant des années, pendant aussi longtemps qu’il m’a fallu pour mettre de l’argent de côté, je voulais qu’elle puisse faire des études et vivre comme une ado normale. “Pendant longtemps oui, je n’avais pas le choix. ” C’était le moyen le plus efficace de faire de l’argent, sans avoir à le déclarer. C’était horrible, je me sentais sale. Quand ses doigts se posent sous mon menton, je relève les yeux pour plonger mon regard dans le sien. À nouveau happé par la profondeur de ceux-ci, la douceur de ses doigts sur mon visage, l'émotion dans son regard. Je pose mes mains contre ses poignets, le tenant comme pour me raccrocher à lui. Mes doigts se referment avec un peu plus de force à mesure que les mots sortent de sa bouche. Il ose encore me regarder dans les yeux, me dire ces mots qui bien qu’ils n’effacent pas le passé, apportent un peu de douceur dans mon coeur. “Ce n’était pas pour te faire sentir mal que je t’ai dit ça, ce n’était pas pour que tu te sentes coupable, mais je pense que c’était quand même important que tu le saches. Que tu saches ce qu’on a vécu durant toutes ces années. ” Ses mots… mon coeur se remet à battre plus fort dans ma poitrine, je me sens tremblante devant lui. Si petite, mais à la fois si imposante. Il me permet de retourner la situation et au lieu d’avoir honte de ce que j’ai fait, de plutôt me sentir forte de l’avoir fait. Les larmes se déversent encore plus sur mes joues, comment peut-il être comme ça, me faire sentir aussi bien après avoir été obligé de faire des horreurs… “Je… je… Merci….” Je tente de calmer les larmes, de calmer l’émotion du moment. “Serre-moi dans tes bras, serre-moi fort s’il te plaît. ” J’ai besoin de sa force en ce moment, de sentir que ce qu’il dit est vrai.

L'atmosphère était lourde, pleine de non-dits, allant de cette attirance qui les malmenait, jusqu'à ces secrets qu'ils dissimulaient. Pourtant, ce soir, l'un des ces secrets allait éclater et les lier plus qu'ils ne l'étaient déjà. Ciàn savait cacher la vérité. Et si Leewana lui demandait de le faire envers Maddie, alors il le ferait, les yeux fermés, une pleine confiance envers elle. Même s'ils avaient du mal à gérer ce qu'il se passait depuis qu'ils s'étaient retrouvés, ils étaient au moins sur la même longueur d'onde concernant la jeune Reynolds : ils voulaient, tous les deux, protéger Maddie. Alors il se tairait, à tout jamais. Et il comprit pourquoi Leewana voulait garder cela pour elle. Quand il apprit qu'elle avait dû vendre ses charmes, cela fut un choc énorme pour Ciàn. Et c'était la tristesse qui l'envahissait, au-delà de toutes les autres émotions présentes. La tristesse de voir qu'elle avait dû opter pour cette solution, afin d'élever Maddie. La tristesse de voir qu'elle n'avait connu que cela entre leur rupture d'ado et sa venue ici à Bowen. La tristesse de voir que la femme qu'elle était avait été mise en sommeil pendant des années, effacée par les mains de ces hommes qui n'en voulaient qu'après son corps et ses courbes. Et cela rendait Ciàn coupable, coupable d'avoir privilégié sa petite personne au détriment de Leewana. Elle l'avait fait pendant des années. Et il comprenait maintenant quand Maddie lui disait que Lee ne s'était jamais autorisée à revivre une histoire. Elle avait été brisée. Et lui, il s'en voulait. Il en voulait aux parents de Lee. Et il éprouvait une colère monstre envers ces hommes qui profitaient de la vulnérabilité de Leewana pour assouvir leurs besoins charnels. Mais il n'avait pas le droit de se laisser aller vers de tels sentiments. Ce soir-elle avait besoin de lui. Elle avait besoin de voir que cela ne changeait en rien la personne qu'elle était et l'image qu'il avait d'elle. Alors, une fois qu'elle daigna le regarder de nouveau, il s'excusa tout d'abord. Pour son absence. Cela ne changerait rien au passé, mais il ne pouvait faire comme s'il n'avait aucun regret. Des regrets, il en avait tant. Parce qu'il savait que rien ne serait passé comme tel, s'il était resté. Oui, ils auraient galéré. Oui, ils auraient eu des problèmes financiers, eux, les deux adolescents qui auraient grandi trop vite dans un monde d'adultes. Mais ils auraient été deux et rien n'aurait pu changer cela. Ils se seraient contentés de peu, en n'ayant peut-être pas la belle maison, la belle voiture. Mais ils auraient eu leur vie de famille et cela dépassait tous les biens matériels. Il hocha doucement la tête aux mots de Leewana. Il savait que ce n'était pas pour le culpabiliser, mais Ciàn ne pouvait renier ce sentiment qui le hantait. « Tu as bien fait de me le dire. Il fallait que je le sache, oui. » Cela ne changerait pas ce qu'il s'était passé, mais désormais, il comprenait mieux ce qu'avait vécu Leewana. Et il savait désormais comment agir face à elle, comment la soutenir, comment se positionner quand les fantômes du passé la hanteraient trop. Il comprenait encore mieux la personne qu'elle était devenue. Mais pour autant, cela ne changeait pas ce qu'elle était au fond d'elle. Et les mots de Ciàn tentèrent de le lui faire comprendre. Il ne voyait pas une femme salie par les gestes d'autres hommes, il voyait une battante prête à défendre sa fille. Il voyait toute sa résilience et cette force qu'elle mettait pour se reconstruire. C'était tout cela qu'il retenait et qu'il lui soufflait, là, maintenant. Il avait déjà vu les larmes dans ses yeux, mais cette fois, il était là pour les essuyer. Alors, quand elle lui demanda de la serrer fort dans ses bras, il n'hésita pas un instant. Il se tourna vers elle et l'entoura de ses bras pour l'amener contre son torse. L'étreinte était forte, pleine de sens, pleine de sincérité. Il voulait lui montrer que ses mots étaient criants de vérité. Son menton posé sur le haut du crâne de Leewana, il finit par déposer ses lèvres sur son front avec tendresse. Puis il murmura : « Je sais qu'on a changé, qu'on a vieilli, mais pour moi, tu es toujours celle que j'ai connu, celle que j'ai aimé. Tu es toujours toi, Lee. Et ça, ça ne changera pas.  » Et c'était peut-être pour cela qu'il n'arrivait pas à se l'extirper de la tête. Il aurait préféré voir une autre Leewana, mais non, elle était là, toujours là, cette fille qui lui avait fait tourner la tête. Et il la mettrait toujours sur un piedestal, peu importe le lien qu'ils auraient. Elle restait son premier amour. Ça, on ne l'oubliait pas.

TW: Mention travail du sexe

Avant de venir ici ce soir, je savais que la soirée serait forte en émotions, que j’allais revivre et faire renaître des images que j’ai longtemps voulu enterrer et faire comme si elles n’existaient pas. Oublier les cicatrices que ça avait laissé sur mon coeur et mon âme. Je pouvais le lui dire, seulement en ayant la confirmation que ma fille ne saurait jamais ce que j’avais fait, je ne veux pas que le regard de Maddie soit changé envers moi. Me sentant coupable d’avoir dû faire des actes aussi dégradants, d’avoir laissé des gens éteindre la petite flamme qui brillait en moi et qui était de plus en plus faible depuis le jour où je me suis retrouvée seule avec toutes ces responsabilités sur les bras. Devant le regard interrogateur de Ciàn, j’ai fini par cracher le morceau alors que ma voix tremblait, que je me sentais un peu comme une idiote devant lui, espérant ne pas voir le dégoût dans ses yeux, mais sa réaction eut un tout autre effet sur moi. Je me sentais honteuse, mais j’avais un lourd poids en moins sur les épaules, me sentant immédiatement plus léger, plus sereine. Il confirmait que c’était important pour lui de savoir également. Pourtant, malgré son acceptation, ça n’empêchait pas les larmes de se déverser doucement sur mes joues. Les doigts de Ciàn les essuyant doucement, m’aidant à reprendre sur moi. Je hochais la tête doucement pour lui faire comprendre que ça irait, même si ma gorge était encore nouée, pleine d’émotions. J’ai besoin de ressentir cette force, ce lien qui nous unit et qui restera toujours entre nous, peu importe le nombre d’années écoulées depuis notre première rencontre. Il restera toujours le premier que j’ai aimé, le seul en vrai que j’ai aimé autant et je me réfugie dans ses bras, m’enivrant de son parfum, de la douceur de l’étreinte malgré la force de celle-ci. Me calant au creux de ses bras, comme je l’ai fait si souvent lorsque je n’étais encore qu’une jeune fille naïve. Frissonnant agréablement lorsque ses lèvres se posent contre mon front, je ferme les yeux pour savourer ce contact doux et agréable avant de lever les yeux vers son visage. “J’ai l’impression que tu as tellement changé et si peu à la fois. C’est tellement déroutant ! ” Mon regard dans le sien, ma main venant se lover contre sa joue alors que mon pouce la caresse doucement, son visage moins lisse qu’avant, mais qui lui rajoute encore plus de charme et de caractère. Puis mes doigts dessinèrent doucement le contour de sa mâchoire, comme si le temps n’existait plus autour de nous. Mon palpitant accélère son rythme dans ma poitrine alors que je continue de l’observer, le silence entre nous ne me gênant pas du tout. Je me sentais mieux déjà, maintenant que le chat est sorti du sac. J’ai aussi eu la chance avant de le revoir pour la première fois, d’avoir rencontrer quelqu’un qui avait réussi à me faire sentir femme à nouveau, qui a aidé à panser quelques blessures. Me hissant sur la pointe des pieds, je dépose un baiser sur les lèvres de Ciàn, retrouve un peu ce goût d’autrefois, le baiser à la plage avait éveillé en moi des souvenirs depuis trop longtemps enfouis. Prouvant ainsi que je n’ai jamais réussi à l’oublier. “Désolé, je n’aurais peut-être pas dû… ” Murmurais-je en me reculant de quelques pas, quittant la chaleur de ses bras, mordillant ma lèvres et baissant les yeux. Pour ne pas faire face, je reprends ma coupe et y trempe mes lèvres.

La soirée avait été riche en émotions, riche en confidences. Pour Ciàn, ce soir, Leewana lui faisait un énorme cadeau, ce soir. En lui dévoilant ses cicatrices, son passé qui l'avait marquée au fer rouge, elle lui redonnait sa confiance, une confiance qu'il ne trahirait pas. Elle l'intégrait dans son cercle proche. Elle lui donnait l'opportunité de lui offrir un soutien. Non pas qu'elle ne se débrouillait pas seule, Leewana, non, bien au contraire. Mais elle avait le droit aussi à une épaule sur qui s'appuyer, une oreille toujours prête à l'entendre. C'était ce qui pouvait lui offrir, ce soir, comme il l'avait tant offert autrefois. Son regard sur elle n'avait pas changé, loin de là. Il se doutait qu'elle avait dû traverser de grands obstacles. Il n'avait pas le droit de juger ses actes, parce que cela avait été des actes d'amour. Pour Maddie. Pour leur fille. Pour qu'elle puisse grandir normalement, comme tous les enfants qu'elle avait autour d'elle. Comment pourrait-il juger cela ? Comment pourrait-il juger la femme qui le fascinait tant ? C'était impossible. Alors, il lui offrit cette étreinte, sa chaleur et lui souffla l'image qu'il avait d'elle. Là, l'un contre l'autre, leurs bras entremêlés, il se rappela le doux souvenir de leur adolescence, quand ils étaient encore ensemble. C'était un moment si doux. Il esquissa un sourire à ses mots, hochant doucement la tête : « J'ai le même sentiment. Tu m'es toujours aussi familière, même après tant d'années. » Même après tant d'années, elle attirait son regard et éveillait tant de sentiments en lui. Des sentiments qu'il n'avait pas le droit de laisser transparaître et qui le rendaient si pataud. Mais quand Leewana redressa la tête et qu'elle vint poser sa main sur sa joue, il pencha la tête, afin de sentir toute sa paume contre sa peau. Son regard plongé dans le sien, si intense, si fort que cela rendait le moment suspendu dans le temps, il comprit qu'elle faisait le premier pas qu'il n'osait pas faire. Et enfin, il sentit de nouveau ses lèvres contre les siennes. Comme à la plage. Mais cette fois, il avait la pleine conscience de son esprit, de son corps. C'était une décharge électrique et un soulagement. Comme s'il avait attendu ce moment depuis leurs retrouvailles. Alors quand elle mit fin au baiser, reculant de quelques pas et s'excusant, Ciàn secoua aussitôt la tête. « Si... tu as bien fait. » répondit-il, aussitôt, s'avançant de nouveau vers elle. « Je ne veux pas que ça s'arrête... » finit-il par dire dans un murmure, sa main allant se poser sous son menton pour redresser ce visage qu'elle avait baissé devant lui. « Je ne veux pas que l'on fasse comme pour la soirée à la plage, faire comme si tout ça n'existait pas. Ça existe. Encore. Peut-être qu'on ne devrait pas, oui, peut-être que ça va encore plus nous embrouiller. Mais là, franchement, je m'en fous. » Il se foutait de l'après. Là, c'était l'instant présent qui comptait. C'était elle qui comptait. Ses lèvres frôlèrent les siennes, alors que son regard si noir sondait le sien, à la recherche d'une autorisation. Et quand il eut l'approbation, il l'embrassa de nouveau. Et ce baiser qu'il lui donna s'était dénué de toute timidité, de toute gêne. Il passa ses bras autour d'elle, l'attirant tout contre lui, la chaleur de son corps contre le sien l'envoûtant totalement. Ils n'étaient plus les parents, les ex. Ils étaient juste les premiers amoureux, les premiers amants. Et c'était sûrement leur moment...

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C’est incroyable de se dire que plus de vingt ans ont passé, vingt longues années et qu’il me soit encore aussi facile de m’ouvrir à lui, de partager avec lui et de lui faire confiance. J’aurais toutes les raisons du monde de ne plus vouloir rien savoir de lui, avec ce qui s’est passé, avec tout ce que nous avons traversé Maddie et moi. Malgré tout, il m’avait été impossible de l’oublier et de le détester, jamais je ne pourrais le détester et c’est ce soir alors que nous discutons de choses vraiment difficiles que je m’en rends compte. Ce baiser à la plage m’avait complètement retournée et je n’arrivais pas à l’oublier non plus, ayant envie de revenir à ce doux moment où plus rien d’autre que nous n’avait compté. J’avais peur d’une seule chose à présent, peur que ce ne soit pas réciproque, qu’il ne ressente plus la même chose que moi, même si la dernière fois c’était lui qui avait initié le baiser, la dernière fois il y avait eu de l’alcool en jeu. Puis, décidant de jouer de franchise alors que je suis prise dans l’étau de ses bras, je lui fait savoir clairement ce que je ressens auprès de lui, que j’ai l’impression que nous deux c’était encore spécial, comme si nous étions encore ces deux adolescents qui découvraient les premiers frémissements de l’amour. Un sourire éclaire mon visage, mon coeur sautant brusquement dans ma poitrine. Puis je sens enfin le courage de faire les premiers pas, de l’embrasser à mon tour, aux souvenirs du passé ainsi que de l’échange sur la plage. Reculant de quelques pas, je tente de reprendre mes esprits, me disant que ce ne serait pas raisonnable de lui tomber dans les bras, de repasser par là, mais mon coeur avait bien envie de dire à ma raison d’aller se faire foutre. La pression de ses doigts sous mon menton me firent relever les yeux vers lui. Essayant de lire dans leur encre, me gorgeant de ses paroles si douces… Ses mots, une douce torture, une invitation à laisser tomber tout ce qui peut être raisonnable, qu’on cesse de cacher ce que l’on ressent vraiment. Cette attirance qui n’a jamais cessé d’exister. Je n’ai que le temps de murmurer son prénom, qu’il meurt contre ses lèvres gourmandes. Ce baiser n’avait plus rien de timide, il y avait cette envie de montrer que nous étions plus fort et il m'entourait et me possédait tout à la fois. Mes mains grimpèrent dans son dos, serrant son haut dans chacune de mes mains, tordant le tissu pour qu’il soit plus près encore. “Embrouille moi autant que tu veux. ” Murmurais-je dans un souffle entre deux baisers. Mes mains glissèrent finalement sous le haut, caressant la peau brûlante de celui qui avait fait de moi une femme. Il n’y avait pas de gêne et aucune honte de ma part. Soyons fou, soyons jeune encore une fois… “Ta chambre est loin ?” sa chambre, le comptoir de cuisine, la table ou le canapé, ça m’importait peu, mais je voulais de lui, maintenant.