ce soir, je reverrai ton match avec un peu d'alcool - sierra

tw: alcool et drogue

Quelque part entre 1h et 3h du matin. La musique de la boite de nuit tambourine dans mes oreilles. J'suis bien high, comme à peu près chaque nuit que fait ce monde depuis près de deux mois. J'vois plus tellement la lumière du jour depuis que j'suis retombé dans mes travers. J'saurais plus tellement dire dans quel ordre les choses se sont enchaînées dans ma vie. C'est flou et j'cherche volontairement à brouiller les lignes. Juste pour ne pas trop penser. Pour ne pas me retourner en boucle l'échec de ma relation avec Maxine. La réalité me parait si loin. Mais tant pis. Cette fois je lâche, j'veux plus rien contrôler. Alors j'bois jusqu'à l'ivresse et j'profite de la nuit pour me perdre encore un peu plus, sachant parfaitement que la nuit se termina avec d'la cocaïne et peut-être une fille. Alors que j'suis en bonne compagnie, une nana random avec qui j'discute tant bien que mal en couvrant le bruit de la musique, mon regard, par dessus son épaule, se pose sur une silhouette que je connais que trop bien. Et pour dire, nous avions passé deux semaines ensemble, il y a quoi ? un mois peut-être. Deux semaines juste elle et moi, en souvenir de ce que nous avions déjà vécu à Florence. Sierra. Le charme et la beauté, réunis en une seule personne. Par contre, qu'elle soit encore ici, ça c'était vraiment étonnant. Aussitôt, je fronce un peu des sourcils. Est-ce que je suis tellement bourré que j'ai des genre de vision, est-ce que je la confonds avec une autre? J'peux pas rester sans réponse alors rapidement j'quitte la nana en lui disant qu'on se retrouve plus tard et je m'approche de cette fille qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Sierra. Et d'ailleurs, plus je réduis la distance d'avec elle et plus mes doutes s'envolent. Dans l'obscurité de la boite, entre les vacillements de néons, j'la reconnais. C'est bien elle. Qu'elle soit là, encore, à Bowen, c'est pas normal. J'veux dire, elle m'avait pourtant bien précisé qu'elle ne restait que deux semaines, qu'on pouvait s'refaire cette idylle dans la même optique. Alors j'comprends pas. J'pars du principe qu'elle a probablement eu un empêchement, un truc dans le genre. C'est presque innocemment, bien high, que j'm'approche d'elle et que j'encercle son avant bras de ma main pour m'annoncer. "Toi ici? C'est quoi l'idée? Tu peux plus te passer de moi c'est ça?" Qu'elle m'ait menti, à cet instant, ça ne me parait même pas envisageable. Moi au fond, j'suis assez content de la retrouver, Sierra. D'ailleurs, mon sourire de débile, dût à l'alcool, ça arrange pas mon air assez guilleret. Heureux d'vivre quoi.

@Sierra Miles

tw : alcool

Clairement, Sierra avait trop bu. Depuis qu’elle était arrivée à Bowen il y avait maintenant plusieurs mois, les fois où elle s’était trouvée simplement pompette se comptaient sur les doigts de la main. Mais ce soir, le stade « pompette » avait déjà été dépassé et ça depuis plusieurs heures. Sortir en boîte, c’était l’idée de Lexi. Sierra ne s’était pas trop fait prier, certes, bien que sortir en boîte à Bowen n’était pas quelque chose qui lui aurait traversé l’esprit par elle-même. Elle était même un peu surprise qu’il y ait une boîte de nuit, dans ce trou paumé. Oui, bien qu’elle gère désormais un peu mieux au quotidien la perte de son statut de petite princesse new yorkaise, le dédain qu’elle éprouvait pour Bowen ne s’était toujours pas atténué. Son état d’esprit était clairement plus positif que quelques mois en arrière, même s’il y avait des hauts et des bas. Le temps faisait son œuvre, sûrement. Mais elle jugeait toujours aussi durement Bowen. Pourtant, elle devait reconnaître qu’elle s’amusait plutôt bien, dans cette boîte de nuit. Mais peut-être que ça devait être mis sur le compte des trop nombreux verres qu’elle avait bu et de l’alcool qui coulait désormais dans ses veines. Il y avait du monde dans la boite. Depuis quelques minutes, la blonde avait perdu de vue Lexi dans la foule. Elle était partie chercher un énième verre, décision questionnable au vu de leur état. Sierra était restée sur la piste de danse. Elle était en vérité incapable de dire si son amie était partie depuis cinq ou quarante minutes. Elle était un peu ailleurs, comme dans une bulle. Elle se sentait bien. Dans cette bulle, il n'y avait aucun soucis. Aucune raison de déprimer, aucune raison de ruminer. Aucune angoisse. Elle se sentait légère. Sa vision un peu troublée par l'alcool, elle fermait les yeux, bougeait son corps, se laissant porter par la musique qui tambourinait dans sa poitrine. Brusquement tirée de sa presque trance par quelqu'un qui lui attrapa l'avant-bras, elle réouvrit les yeux. La vision qui s'offrit alors à elle était plaisante. Orso. Le bel italien, charmant au possible. Et voilà, le karma allait la rattraper. Le mensonge qu'elle avait servi au beau brun allait voler en éclat. Mais en cet instant, elle s'en moquait, Sierra. C'était surement l'alcool mais elle trouvait presque ça marrant, de le voir là. Evidemment que dans ce trou paumé elle allait finir par le recroiser. Elle était même surprise que ce ne soit pas arrivé avant. Elle y avait souvent songé, ces dernières semaines, depuis qu'ils avaient cessé de se voir, officiellement parce qu'elle devait repartir chez elle, à New-York. Il avait l'air heureux de la voir en plus, Orso. Elle aussi, elle était heureuse de le voir en fait. Un grand sourire se dessina sur le visage de la blonde. "Orsoooo !"  s'exclama-t-elle, en saisissant le bras du brun à son tour et s'approchant un peu plus de lui pour parler par dessus la musique. "J'aurais pensé te recroiser avant, vu à quel point ce bled maudit est minuscule !" dit-elle avec un rire cristallin. "Et oui, peut-être que je peux plus me passer de toi, qui sait ?" ajouta-t-elle, son sourire s'élargissant. Clairement, elle ne contrôlait rien, Sierra. L'alcool contrôlait à sa place.  

tw: alcool et drogue

J'comptais plus les soirs de suite que j'enchaînais au coeur de la nuit. Ca faisait un bon paquet de temps que j'avais pas dormi dans mon lit, une nuit complète. Ca faisait bien longtemps que j'rentrais chez moi au petit matin, bercé par la cocaïne et l'alcool. J'maîtrisais plus grand chose. En fait, depuis que Sierra et moi on s'était dit au revoir, la vieille de son départ pour New York, j'me laissais aller à la dérive. Et ce soir, ça échappait pas à la règle. J'étais déjà bien attaqué et j'attendais que la nuit soit suffisamment avancée pour pouvoir passer à la vitesse supérieure. C'était presque devenue une habitude, passé trois heures de matin, j'changeais de mood et j'passais à du plus fort, du plus intense, juste pour tenter d'me sentir un peu vivant, dans le contrôle. C'était de la poudre aux yeux certainement, mais c'était comme ça depuis quelques semaines. Mais là, au coeur de la nuit, j'la revoyais. Sierra. Est-ce que sa présence, c'était genre une intervention divine, pour me remettre sur le droit chemin? Wo, j'étais définitivement trop high pour avoir ce genre de penser. Mais j'hésitais pas une seconde avant de la rejoindre, juste parce que ouais, j'trouvais ça assez intéressant de la revoir. J'aurais du tiquer un peu, parce que la dernière fois qu'on s'était vu, on s'était séparé, alors qu'elle devait reprendre son vol le lendemain. Elle me parlait de son avion, tout ça, et même si avait du le louper, elle avait rien à faire là. Mais j'sais pas, là tout de suite, ça me passait largement au dessus. J'étais juste content de la voir. Et elle semblait tout aussi ravie puisque rapidement, un sourire s'afficha sur son visage. J'voyais dans son regard qu'elle aussi elle avait bu, on était deux p'tits zozos bien enivrés, que demander de plus en fait? Automatiquement, quand elle s'approche de mon oreille pour couvrir la musique de la boite, j'me penche vers elle, et j'entoure sa taille de mon bras. On s'était quitté il y a quelques semaines, après des jours très tactiles, alors ça me paraissait assez naturel. Elle tarda pas à me répondre et j'la regardais amusé. "Ca me plait bien cette idée. J'vais partir sur cette version." J'étais beaucoup trop saoul pour lancer une véritable enquête, alors j'me contentais de rester très pragmatique. Restant bien convaincu qu'en fait, elle était toujours de passage. J'm'approche de son oreille à mon tour. "Et alors, j'ai le droit à combien de jour supplémentaires avant que tu disparaisses pour de bon?" Moi, ça y est, j'me voyais déjà rentrer avec elle, poursuivre là où on en était. J'crois qu'elle avait un p'tit truc assez magnétique Sierra, et j'me laissais bien prendre au jeu de séduction qu'elle mettait toujours dans nos conversations.

Ils avaient été plaisants, ces jours passés avec Orso. Une petite bulle de bonheur qui s'était formée autour d'elle, autour d'eux, rendant sa vie ici bien plus agréable. Bien sûr, il y avait une date d'expiration sur cette bulle, apposée par Sierra elle même lorsqu'elle avait sorti son mensonge ce soir-là. Elle avait été incapable de dire la vérité. Incapable d'avouer au bel italien la déchéance dans laquelle elle se trouvait. Réduite à servir des verres pour les autres, la petite princesse new-yorkaise. Mortifiant. Non, devant Orso elle avait voulu maintenir les apparences. Se montrer sur son meilleur jour, celui qu'il avait connu, quelques années auparavant, en Italie. Et elle avait réussi. Il avait cru le mensonge pourtant un peu bancal qu'elle lui avait servi pour expliquer sa présence ici et au service du Elm Street. En même temps, elle n'avait aucune raison de lui mentir, sur le papier. Et une fois la machine lancée, elle avait été incapable de l'arrêter, Sierra. Incapable de rétablir la vérité. Alors elle avait joué le jeu jusqu'au bout. En prenant soin de ne pas penser au moment où tout finirait par lui exploser au visage. Parce que bien sûr, qu'elle allait finir par recroiser Orso. Pffff, comment pourrait-il en être autrement ? Si ce n'était pas la taille risible de la ville, ça serait surement le karma qui s'en chargerait. Et le moment était donc arrivé. Ce soir, en boite de nuit. Et alors qu'elle pensait qu'elle serait paniquée, elle était vraiment ravie de voir le brun devant elle, Sierra. Merci l'alcool. Le bras du garçon passa autour de sa taille. C'était naturel, Sierra s'avança un peu plus, collant ses hanches à celles d'Orso. La réponse de la jeune femme sembla lui plaire et le sourire de Sierra s'élargit lorsqu'il s'approcha de son oreille pour lui parler. "Mon cher Orso t'as le droit à tous les jours bonus que tu veux, la probabilité est que je partirai jamais d'ici." dit-elle, un nouveau rire s'échappant de ses lèvres. Mieux valait rire que pleurer, non ? L'alcool rendait toutes ces préoccupations si futiles. Presque risibles. Elle était bien, Sierra. Ce soir elle ne voulait pas se tracasser, ne pas se laisser ronger. "Oh peut-être que ça te donne moins envie, si y a pas de date d'expiration ? C'est moins excitant ?" ajoute-t-elle, l'air taquin, petit sourire en coin. Elle le cherchait, clairement. L'alcool enlevant toute barrière dans ses propos. Décomplexée. Honnête. Trop honnête.

J'crois qu'avec Sierra, j'm'étais jamais vraiment posé de questions très claires. Dans le sens où, à chaque fois qu'on avait eu à vivre une histoire, c'était que des moments suspendus, des trucs qui nous appartenaient. Il n'y avait rien qui nous rattachait au réel, il y avait juste nous, notre attirance, notre envie d'fusionner, de passer du temps ensemble et rien d'autre. Alors j'avais pas chercher à comprendre. J'avais pris les choses comme elles venaient, me contentant d'engranger un maximum de temps avec la New-Yorkaise. Parce que oui, soyons honnête, elle me plaisait bien Sierra et si on avait regardé de plus près quand on s'était dit au revoir la veille de son départ, j'crois que j'avais eu un p'tit pincement au coeur. J'étais pas amoureux, non, j'étais juste vraiment bien avec elle. Mais j'crois que ça tenait surtout à la temporalité. Ca m'faisait pas chier d'être attaché à elle, parce que de toute façon, ça ne durerait pas. D'la retrouver là, ce soir, elle comme moi bien éméchés, ça m'plaisait. L'idée de renouer encore quelques soirs avec elle, l'idée qu'elle avait pas encore totalement disparue. Alors forcément, je l'avais approché, attiré par elle. Elle était joyeuse, Sierra, bien bien high et j'crois qu'elle entrait dans mon p'tit jeu, notre petit jeu, que l'on venait à peine de quitter quelques semaines auparavant. J'm'approchais de son oreille, mon bras autour de sa taille et sa hanche contre la mienne. Son parfum, son regard, c'était pas mal hypnotisant. Mais sa réponse, elle featait pas tellement avec tout ce qu'elle m'avait dit. Elle partirait jamais? J'crois que j'la regardais un peu circonspect, reculant mon visage pour voir si elle était vraiment sérieuse. "Jamais?" que j'répétais un peu hébété. C'qu'elle venait de dire là, ça brouillait toutes les lignes et elle reprit la parole, toujours en riant, comme si c'était très très léger comme discussion. Mais que Sierra soit là, à jamais, à Bowen, ça pouvait pas être possible. C'était pas en raccord avec ce qu'elle m'avait dit, ce qu'elle m'avait expliqué. Et surtout, moi j'savais pas dealer avec cette information et avec les feels que j'pouvais avoir pour elle. J'arrivais plus là, à rester dans le p'tit jeu de séduction, et même avec ses mots, j'restais toujours statique. Moi, dans mon ivresse, j'étais aussi bien sans filtre et ce qu'elle venait de me dire à cet instant, ça m'posait pas mal de soucis. J'me mettais un peu à bouder, fermant mon visage et la regardant en coin. "C'est pas une question d'envie Sierra." que j'répondais un peu froidement. J'avais pas mal la tête qui tournait là, et j'me sentais un peu comme trahi. "J'savais pas que t'étais genre, une menteuse." J'la défis un peu de regard, quand j'suis désemparé dans une situation, généralement, j'réagis pas super bien et j'peux être très con et là, j'suis bien déstabilisé. Alors comme à chaque fois, c'est d'abord la bouderie puis la provocation, juste pour voir comment elle va réagir, la belle Sierra. Et puis qu'on soit bien clair, pour l'instant, j'sais pas trop comment j'me sens par rapport à ça, par rapport au fait qu'elle pourrait effectivement rester pour toujours.

Ah, Orso. Orso, Orso, Orso. Elle n'était pas du genre à tomber facilement sous le charme masculin, Sierra. Petite princesse jusqu'au bout des ongles, elle aimait se faire désirer. Elle trouvait rarement quelqu'un d'assez intéressant pour lui accorder ses faveurs. Ou même son temps. Mais Orso, il avait quelque chose, elle ne pouvait pas le nier. A l'époque, elle s'était dit que c'était peut-être le contexte qui jouait beaucoup, un bel italien rencontré en Italie pendant des vacances idylliques avec une ambiance estivale et les délices qu'avait à offrir ce pays, en termes de paysage ou de gastronomie. Tout était réuni pour tomber sous le charme. Mais lorsque leurs chemins s'étaient recroisés de manière totalement invraisemblable à Bowen quelques semaines plus tôt, la magie avait opéré, une nouvelle fois. Sans perdre une seconde, ils avaient repris une petite idylle, officiellement censée être éphémère celle-ci aussi. Et pour le coup, le cadre était loin de l'être, idyllique. Bowen, quoi. Rien d'enchanteur aux yeux de Sierra, plutôt l'inverse, même. Pourtant ce truc avec Orso était toujours là, bien présent. Elle était bien, avec lui. C'était simple, facile. Une petite bulle de bonheur hors de la réalité. Alors si ce n'était pas le contexte, le cadre, c'était peut-être cette histoire de temporalité. La présence de cette date d'expiration sur les deux aventures qu'ils avaient vécu. Tout était plus simple car ils savaient que tout allait se terminer, dans quelques jours. Pas de prise de tête, juste un besoin intense de profiter de chaque instant. Sans s'embarrasser de questions trop complexes, de petits tracas, de contrariétés. Juste eux. Oui, peut-être que c'était ça, qui donnait toute la saveur à sa relation avec Orso. Peut-être. Ou peut-être pas. Peut-être que ça allait plus loin. Elle ne s'était jamais réellement posé la question, Sierra. Et alors qu'elle aurait pu être mortifiée de le recroiser, mettant à jour le vilain mensonge qu'elle lui avait servi, l'alcool qui imbibait son esprit lui permettait d'appréhender la situation avec un tout autre angle. Elle est tout sourire, la blonde. Rien n'a d'importance. C'est surement presque comique, de le croiser par hasard, au fond. Ridiculement comique. Elle avoue complètement, énonçant la bien triste vérité qui lui arrachait généralement la bouche. Elle ne repartirait jamais d'ici. Elle habitait à Bowen, désormais, Sierra. Elle voit l'air sur le visage du beau brun changer. Oups. Il est perdu. Le sourire de la blonde s'élargit alors qu'il répète ce mot. Jamais. Elle enchaine, lui sort cette histoire de date d'expiration, sa théorie du moment sur pourquoi elle semblait si facilement tomber sous son charme, à Orso. Mais ça n'a pas l'air de le convaincre. Ou du moins ça n'a pas l'air de lui plaire. Son ton est froid. Elle lève un peu les yeux au ciel. Elle la trouvait convaincante sa théorie, pourtant. Les paroles d'Orso se font plus tendues, un peu provocantes peut-être. Menteuse. Tout à fait. "Oui ! C'est moi ! Sierra Miles, menteuse, serveuse au Elm Street, fauchée, déchue, famille en disgrâce, exilée dans le trou du cul du monde en Australie et puis... Quoi d'autre ? C'est déjà pas mal non ?" Elle lui montre toujours un large sourire et pourtant, elle a senti sa gorge se serrer un peu et sa voix s'érailler légèrement sur la fin de la phrase. Comme quoi, l'alcool ne peut pas tout masquer, hein ? Ou alors elle a besoin d'un autre verre, peut-être que c'est ça. "Me voici démasquée, Orso. Bienvenue dans ma vérité. Spoiler alert : c'est de la merde. T'es déçu ? C'est normal. T'es pas le seul." Voilà, elle ne sourit plus, Sierra. Son visage se ferme, son ton est à mi-chemin entre le sarcasme et le dégoût. Le dégoût pour toute cette situation. Elle qui riait quelques secondes avant. Ascenseur émotionnel, merci l'alcool. Merde, elle aurait vraiment du aller chercher un autre verre au lieu de continuer à parler. Non, il ne fallait pas qu'elle craque. Rien n'avait d'importance, ça devait continuer comme ça.

tw : ivresse

C'était clairement un ascenseur émotionnel dans lequel j'me trouvais là. Depuis que j'étais dans l'espace de Sierra ce soir, tous les deux bien enveloppés par les vapeurs d'alcool, j'arrivais plus tellement à comprendre ce qu'il se passait. J'arrivais plus à lire mes propres intentions. J'étais complètement perdu. En fait, j'avais été très satisfait de la retrouver là, ce soir, dans cette boite de nuit. J'nous voyais déjà renouer pour une nuit supplémentaire, comme un dernier p'tit cadeau avant qu'elle ne s'envole définitivement pour New-York. Mais à mesure que les secondes avançaient, moins c'était net. Elle était saoule Sierra, for sure, mais ça, c'était pas un problème. J'veux dire, on avait déjà pas mal bu tous les deux, lors de nos deux idylles, mais là, c'était pas pareil. Parce qu'elle avait me révélait des trucs qui m'échappaient. Comme ça elle restait pour toujours? Comment ça elle était à Bowen pour plus longtemps que ça? Ca remettait tout en question. Ca changeait rien à ce qu'on avait vécu mais ça rejouait les cartes de comment j'dealais avec mes sentiments pour elle. Elle me plaisait bien Sierra, c'était une évidence. Entre nous, ça matchait parfaitement. Mais ça avait toujours été dans la même optique. Un truc qui n'appartenait qu'à nous, avec une date de fin. Un p'tit moment suspendu, un truc ailleurs. Et j'arrivais pas à faire comme si c'était rien qu'elle soit là, toujours, à Bowen. Elle qui n'avait pas arrêté de dénigrer cette ville, elle qui avait continué à me faire croire que sa vie l'attendait à New-York, j'comprenais plus. Alors premier réflexe, j'me mets à peu à bouder, parce que quand j'perds le contrôle de mes feels, c'est ce que je fais du mieux. Et j'deviens froid. Et je l'écoute, elle a un grand sourire, comme si tout ça, c'était rien. Même si j'vois bien que c'est bien ironique et que ça lui coute un peu de me raconter tout ça. J'fronce les sourcils et j'reste silencieux, et je l'écoute reprendre la parole, son sourire, elle ne l'a plus, elle semble se fermer elle aussi. J'ai les bras croisés sur mon torse et j'la regarde vraiment circonspect. "T'attends que j'ai d'la pitié pour toi?" J'sens en fait que la colère grimpe le long de ma gorge. "Mais bordel, Sierra, pourquoi tu m'as rien dit?!" J'hausse un peu le ton. Et j'laisse tomber mes bras de chaque côté de mon corps, comme si j'étais lesté d'un poids beaucoup trop lourd à porter. "Et tu pensais t'en sortir comment en fait? Tu t'es dis que j'étais suffisamment con pour jamais m'en apercevoir?" J'lui en voulais à ce moment là, d'avoir menti, d'avoir romancer notre histoire sur un mensonge. J'la regarde toujours, et j'secoue la tête. "J'sais pas comment dealer avec toi, maintenant." que j'dis froidement. Est-ce que j'étais en train d'avouer à demi mot que j'étais perdu sentimentalement parlant avec elle, maintenant que tout ça, c'était réel et durable dans le temps ? Ouais, un peu. L'alcool n'aidant clairement pas. Et Sierra, elle me plaisait autant que j'étais perdu.

Presque brusquement, c'est comme si l'alcool ne faisait plus effet. Ou alors, qu'il faisait l'effet inverse. Détendue et joviale une minute auparavant, la voici qui se referme, Sierra. Sa voix s'éraille, les traits de son visage se tendent. La réalité l'a rattrapé. Son mensonge l'a rattrapé. Et puis cette fausse désinvolture, aidée par l'alcool, s'est dissipée. Tout l'a rattrapé. Et alors elle est amère, Sierra. Elle sent une boule se former dans sa poitrine, ses mâchoires se serrer. En face d'elle, la réaction d'Orso n'arrange rien. Bien sûr, raisonnablement parlant, elle peut comprendre qu'il soit énervé. Elle lui a menti. Et pas qu'un peu. Mais l'état d'ébriété dans lequel elle se trouve n'aide pas à penser raisonnablement. Il n'aide pas à réagir de manière mesurée, de manière posée. C'est surement la même chose pour le brun, en fait. Lorsqu'il parle de pitié, elle se sent bouillir, Sierra. De la pitié ? Elle est peut-être tombée bien bas, la princesse, mais le jour où elle cherchera à attiser la pitié n'est pas encore arrivé. Fière comme elle est, c'est presque l'insulte suprême, ce qu'Orso vient de dire. Elle ouvre la bouche pour lui lancer une réplique bien cinglante mais déjà le jeune homme enchaine, manifestement bien énervé lui aussi. Pourquoi tu m'as rien dit ? Elle était bien bonne celle-là. Ben bien sûr, elle allait tout lui déballer ce soir-là au Elm Street, après être tombé sur lui par hasard, deux minutes après avoir failli faire une énième crise d'angoisse depuis son arrivée dans ce fichu bled. Oui, bien sûr, elle allait assumer auprès du bel italien qui la charmait un peu trop qu'elle avait tout perdu, qu'elle n'était plus rien de la Sierra qu'il avait pu connaître, quelques années auparavant. N'importe quoi. Elle le laisse poursuivre, de toute manière elle n'a pas trop l'occasion d'en placer une, pour l'instant. Mais la colère ne fait que monter, au fil des paroles d'Orso. Devant sa nouvelle phrase, elle lève les yeux au ciel, l'air tout bonnement exaspéré. "Mais non Orso, j'me suis pas dit que t'étais con, ne t'en fais pas, va !" Elle secoue la tête, hausse le ton à son tour, fait des gestes avec ses bras. "J'en sais rien comment je pensais m'en sortir, sur le coup j'avais pas envie de parler de tout ça, de toutes ces merdes, pour une fois depuis des mois il arrivait un truc cool. Ouais, toi c'est le truc cool, au cas où tu sois trop con pour comprendre comme tu dis. J'avais pas envie de gâcher ça puis après... Foutu pour foutu, tu vois ! J'savais que ça se terminerait comme ça mais... J'voulais juste profiter du temps imparti, retrouver ce qu'on avait en Italie. C'était le pied." Elle hausse les épaules. L'irritation, l'emportement, redescendent légèrement pendant qu'elle parle, ses mots sont sincères. Croiser Orso à Bowen avait été une véritable échappatoire face à son quotidien bien trop noir. Alors oui, elle n'avait pas voulu tout gâcher. Ce n'était peut-être pas très malin, mais c'était comme ça. Cependant, alors que le brun continue de parler, elle sent à nouveau les muscles de son visage se tendre et la colère en elle se rallumer. Ascenseur émotionnel chez elle aussi. En quelques secondes. Ça voulait dire quoi ça, j'sais pas comment dealer avec toi ? Une manière détournée et soi-disant polie de lui dire bon allez, bye bye Sierra ? "Oh t'inquiète Orso, pas besoin de dealer avec moi, tu peux juste tracer ta route et me laisser sur le bord, c'est à la mode ! Me laisser sur le bord ou en variante m'envoyer sans ménagement dans ce PUTAIN de bled de merde pour régler le problème que je suis. T'inquiète pas, j'ai l'habitude, donc vraiment, t'emmerdes pas à "dealer" avec moi et assume juste que maintenant que tu risques de me croiser au supermarché du coin après m'avoir eu la veille dans ton lit, t'as plus envie ! Et ouais c'est nettement moins excitant, hein ?" Elle crie, maintenant. Elle ne fait pas vraiment sens en vérité, ce qu'elle dit est confus. Elle mélange tout. Orso, son exil à Bowen, ses pensées sombres. Si elle était sobre, elle le réaliserait. Elle réaliserait qu'elle lit surement très mal tous les signaux qui émanent d'Orso. Qu'il est légitime qu'il soit énervé, perdu. Mais là, elle est aveuglée, Sierra. Par l'alcool mais aussi par la honte et par la peine surement, la peine de voir le jeune homme aussi froid avec elle. La peine de se dire que leur idylle si jolie a fini ainsi. C'est un pêle-mêle d'émotions qui sort, brut. Elle le foudroie du regard, les larmes au bord des yeux désormais. "Et ta pitié tu peux te la foutre où je pense." ajoute-t-elle, l'air mauvais, avant de tourner les talons et de s'éloigner de lui, tentant de se frayer un chemin dans la foule.    

En une fraction de seconde, Sierra et moi, on s'comprenait plus. Elle était passée où l'osmose et la fusion dont on était capable tous les deux? Wo. C'était violent en dedans ce qui se passait là. J'avais tellement de sentiments contradictoires qui se percutaient dans mon esprit là, que j'arrivais plus à être rationnel. J'étais à la fois furieux de savoir que Sierra m'avait menti, j'étais vexé aussi de savoir qu'elle s'en fichait pas mal d'me raconter des balivernes, (ouais quand j'suis agacé, je trouve que le mot baliverne est très pertinent), et pis j'me rendais compte aussi que ça me troublait vraiment de savoir que Sierra, elle serait toujours dans mon espace, dans la même ville que moi. Ca me perturbait parce que mine de rien, les deux ou trois semaines qu'on avait passé ensemble, presque en autarcie, ça avait pas mal contribué à la naissance de ressentis. J'dirais pas que j'étais amoureux, faut pas déconner, mais quand même, elle me laissait pas indifférent et j'avais pas spécialement prévu qu'une nana qui m'plait autant reste là. A Bowen. J'étais en fait, beaucoup trop perdu pour être objectif, alors quand j'sentais que le contrôle m'échappait, j'jouais au con, j'devenais pas cool. J'devais même désagréable. Pas certain que Sierra connaisse vraiment cette part de moi. Cela dit, j'la redécouvrait un peu aussi Sierra. Elle était bien mordante, en colère. Elle hausse le ton et ouais là, on est en train de s'engueuler au milieu du boite de nuit. Comme si plus rien n'existait. En même temps, c'qui se joue là entre nous deux, j'trouve ça important. Vraiment. Parce que ça englobe beaucoup trop de sentiments différents. Elle m'parle du fait qu'elle trouvait ça chouette de me revoir ici, que ça lui avait fait du bien. J'la comprends en soi. Mais j'croise les bras, l'écoutant. Ca m'fait redescendre un peu, mais j'boude quand même. Parce que j'suis pas entièrement satisfait de ce que j'entends. "Ouais bah, si t'avais été sincère direct, on en serait pas là. Mais moi aussi j'étais content d'te retrouver. C'est pas ça la question." Finalement, j'me retrouvais un peu au pied du mur, j'savais plus quoi penser et j'lui disais, assez clairement, que j'savais pas comment dealer avec elle maintenant. Mais c'était pas dans le sens qu'elle l'entendait elle. P'tete que mon ton froid n'avait pas aidé à être compris mais elle s'emporta à nouveau. Elle semblait vraiment animée par la colère, comme si elle m'en voulait à moi de sa situation. Elle aimait pas Bowen, mais moi j'y étais pour rien. Et pis, alors que j'avais tenté très maladroitement de lui dire que j'étais perdu avec elle, sentimentalement, elle prenait tout à l'envers et elle lisait pas c'que j'avais voulu lui dire. Alors là, ça devenait un dialogue de sourd. Et j'étais pas dans un bon mood pour apaiser les choses. "Awwwn, pauvre petite princesse, t'as plus le tout New-York a tes pieds et du coup c'est compliqué? Héé Sierra, redescend bordel. Ca va, ta vie elle est pas si terrible que ça." que j'lui dis avec une voix un peu niaiseuse et clairement provocatrice alors qu'elle tourne déjà les talons après m'avoir gentiment proposer de ranger ma pitié là où elle pensait. Elle était en colère, ok mais elle comprenait rien Sierra. Elle avait tout compris de travers, dealer avec elle, c'était pas de savoir comment j'pouvais me débarrasser d'elle, non, c'est surtout que j'avais développer des feels. Mais j'étais bien trop têtu et fier pour lui dire ce genre de truc. Mais j'peux pas non plus la laisser partir comme ça. C'est plus fort que moi. Alors j'fais quelques pas et je la rattrape, encerclant son poignet entre mes doigts. J'ma rapproche d'elle par l'arrière, et mes lèvres à quelques centimètres de son oreille. "T'as pas su lire entre les lignes Sierra." que j'lui lâche, sans plus de précisions. J'me détache d'elle et j'fais demi tour, m'enfonçant dans la foule, bien décidé à boire encore un peu plus pour oublier ce fiasco. Ouais, Sierra, ça m'embêtait que ça s'termine comme ça. Mais si j'pouvais pas tout contrôler, s'il y avait du mensonge dans l'équation, j'vrillais. Et Sierra n'échappait pas à tout ça. Malheureusement.

rp clos ?