i tried to be perfect but nothing was worth it, i don't believe it makes me real (cookie)

Samedi soir, 20h, Wojna’s. Tu étais un peu stressée. C’était la première fois que vous alliez vous voir avec Cooper en ayant organisé ça. C’est pas anodin. Il t’avait laissé le lead sur ce qu’il allait arriver par la suite, que c’était à toi de l’appeler, de lui demander de le voir pour qu’il puisse te refaire confiance à nouveau. T’avais envie de le récupérer, ton mari. Tu voulais qu’il se rende compte que tu allais tout faire pour revenir dans leurs vies, avec les enfants. T’aurais bien aimé les voir, mais les règles fixées par le policier n’incluaient pas ça encore. Alors pour l’instant, tu passais du temps avec l’aîné Hughes. Tu t’étais un minimum apprêté pour le coup. Une jolie robe, un peu de maquillage (un smocky eye, rouge à lèvre) et tu étais partie pour le bar. L’hôtel n’était pas si loin que ça, alors tu y étais allé à pieds. De toute façon, tu n’avais pas encore récupéré de voiture, tu faisais tout à pieds ou bien en taxi. Tu arrivais en avance, parce que tu étais stressée, et que tu avais l’impression d’avoir un premier rendez-vous avec un mec. Alors que votre premier rendez-vous, il commence à dater quand même. Et tu n’avais aucune raison de stresser. Bon si, peut-être un peu en fait, tu voulais juste que tout se passe bien et que vous ne vous engueuliez pas.

@Cooper Hughes

Ce début de week-end, il avait commencé sur les chapeaux de roues. Entre le service de nuit au commissariat qui avait terminé tard, les enfants à récupérer chez les grands-parents, leurs occupations de la journée et les tâches à faire dans la maison, Cooper semblait ne s’être jamais arrêté. Tout ce qu’il aurait eu envie de faire, c’est déposer les enfants chez Will et s’écraser sur le canapé sans se relever. Peut-être bien aussi qu’une part de lui appréhendait de rejoindre Frankie ce soir. Il s’était surchargé de travail et d’activité pour éviter de trop y penser. Il aurait facilement pu tenter de tourner mille fois dans sa tête les conversations qu’ils allaient avoir, mais ce n’était, en aucun cas, sain. Il avait donc subi sa journée et une fois les enfants chez son frère, il avait pu se préparer rapidement. Comme à son habitude, c’est pile à l’heure qu’il arrivait au bar. Réglé comme du papier à musique, le militaire en lui ressortait toujours dans ces moments-là. Rapidement, son regard se mit à analyser la pièce avant de s’arrêter sur elle. C’était encore si surréaliste pour lui, qu’elle soit là, que ce ne soit pas un mirage. Ses premières pensées, il les regretta instantanément, parce qu’au lieu d’être fort et pragmatique comme il aurait voulu l’être, tout ce qu’il remarquait, c’est sa beauté. Combien de temps allait-il réussir à mettre ses propres sentiments de côté pour prioriser la stabilité de cette situation ? Impossible de le savoir, quoi qu’il en soit, il finit par se ressaisir avant de s’avancer vers elle. “Salut Frankie.” Dit-il simplement, comme pour lui annoncer sa présence, un maigre sourire sur le visage. Sa main passa nerveusement sur sa nuque avant qu’il ne prenne place face à elle. Sans trop savoir quoi dire à ce moment-là, il resta quelques secondes silencieux. “S’il te plaît, dis-moi que c’est un peu bizarre pour toi aussi.” Dit-il finalement en lui offrant une petite grimace gênée. Avoir un semblant de rendez-vous avec sa femme qui l’a abandonné et dans un endroit qu’ils avaient l’habitude de fréquenter avant, rien dans cette idée ne semblait un tant soit peu normal.

C’était quand même un moment étrange. Avoir un rendez-vous avec ton mari, dans cet endroit que vous fréquentiez avant que tu ne t’en ailles loin d’ici. Mais pourtant ça arrivait; T’étais super stressée, c’est pour ça que tu étais arrivée en avance au bar. T’avais pris place sur différentes tables avant de trouver la bonne. Et finalement, quelques minutes après, à l’heure pile de rendez-vous, Cooper arrivait. T’affichais un sourire sur tes lèvres, parce que t’étais heureuse de le voir, qu’il ai accepté de venir te voir et d’avoir ce rendez-vous. « Salut, Coop » dis-tu avec un sourire alors qu’il prenait place devant toi. Devant sa grimace, tu ne puouvais t’empêcher de lâcher un rire. Oui, c’était complètement bizarre. « Ça l’est pour moi aussi, t’en fais pas » dis-tu sur un ton bienveillant. Mais vous étiez là, tous les deux. Comme si c’était la première fois que vous faisiez un date. « J’suis contente que tu sois venu » ajoutas-tu, avec un mince sourire. De quoi alliez vous parler ? Telle est la question. Mais il fallait briser la glace. T’étais aussi à l’aise que lui c’est à dire pas du tout, qu’on soit honnête. Mais c’était un pas en avant dans ta reconstruction, dans ton retour à Bowen. Et ça, c’était pas anodin.

Avant, se retrouver là, ça leur aurait paru normal. Un samedi classique, rien que tous les deux, pour se retrouver pendant que les enfants sont chez leurs grands-parents ou avec une nounou. La conversation aurait été fluide et Cooper n’aurait pas appréhendé de se laisser aller. Là, c’était bien différent. Assis l’un en face de l’autre, aussi gênés l’un que l’autre. “Ce serait plus simple si on avait eu des instructions sur comment gérer tout ça” Dit-il en laissant un rire nerveux filtrer entre ses lèvres. Ça aurait été plus simple si elle n’était pas partie surtout, mais bon, il allait bien faire avec. En-tout-cas, il évitait bien de le souligner, n’ayant pas envie qu’ils s’engueulent. Il se contenta d’un petit sourire. “Je vais être honnête avec toi. J’ai pensé annuler plusieurs fois.” Il avait fait l’effort de venir, mais il n’allait pas non plus cacher son ressenti. S’il lui demandait de l’honnêteté et de la transparence, il ne pouvait pas ne pas l’être de son côté. “J’ai toujours eu l’impression de savoir quoi faire, mais là…” Il levait les yeux vers elle, espérant qu’elle comprenne. La première fois qu’il l’avait vu, Frankie, il n’avait pas été capable de détourner le regard. Il avait juste su qu’il devait aller lui parler. Tout au long de leur relation, il avait juste su où il voulait aller et surtout comment tenter de concrétiser tout ça. Pour la première fois de sa vie, il n’en avait aucune idée. “Je pense que le mieux c’est sûrement de commander.” Ajouta-t-il ensuite, sentant le besoin soudain d’un peu d’alcool dans son système.

C’est sûr que c’était pas habituel ce genre de situation. C’était totalement ta faute mais bon, il fallait que tu t’adaptes autant que lui. Tu avais la boule au ventre, de te retrouver là mais c’était pour le mieux. Tu voulais que ça aille mieux entre vous et tu allais faire tous les efforts du monde pour ça. Tu ris légèrement avec lui, un peu gênée par la situation. Tu savais qu’il aurait préféré que jamais tu ne partes de Bowen, de chez vous, du moins pas sans en parler avec lui au préalable. « Je m’en suis doutée » soufflas-tu simplement. Tu savais qu’il avait du se dire mille fois que c’était pas une bonne idée, que vu qu’il savait pas comment gérer la situation. Tu connaissais le policier tellement par coeur, tu avais même attendu un message pour te dire que finalement c’était pas une bonne idée que vous vous voyez ce soir mais finalement non, il était venu et tu étais heureuse qu’il soit là. « Je sais, Coop’ » dis-tu alors qu’il laissait sa phrase en suspens. Tu baissais les yeux vers la table un instant, remettant une mèche de tes cheveux derrière ton oreille. Il proposa que vous commandiez quelque chose à boire et tu acquiesçais simplement d’un coup de tête. Un serveur arrivait vers vous pour prendre note de vos boissons. « Un gin tonic, s’il vous plait » soufflas-tu au jeune homme, sans vraiment le regarder. Tu passais plus ton temps à essayer de regarder ton mari, fuyant ton regard quand il croisait le tien parce que tu étais gênée. C’est toi qui vous avez mis dans cette situation, fallait assumer maintenant que c’était plus comme avant.

Les sautes d’humeur et d’envies, elles avaient été bien présentes cette semaine. Il aurait bien voulu qu’il en soit autrement, Cooper, mais malheureusement, il avait dû faire avec. Il n’arrivait toujours pas à reprendre le contrôle sur cette situation, sur ses émotions, et ça le perturbait pas mal. Une petite moue désolée s’afficha sur son visage. Il avait préféré être honnête avec elle. C’était la moindre des choses après lui avoir demandé de faire de même. Ça l’enlevait rien à sa gêne, c’était pire, mais il ne sait pas mentir Cooper. S’il y a bien une personne qui sait le lire mieux que personne, c’est elle. Enfin… C’était elle. Il avait bien l’impression d’être à des kilomètres d’elle maintenant, même lorsqu’elle se tient physiquement en face de lui. L’alcool les aiderait peut-être à détendre tout ça, en tout cas, il l’espérait. “Un whisky neat pour moi, s’il vous plaît.” Dit-il à l’intention du serveur. Il ne comptait pas perdre de temps visiblement, ayant besoin d’un remontant plus ou moins fort pour faire face à cette situation. “Je… J'sais pas par où commencer Frankie.” Dit-il ensuite, relevant son regard un peu perdu sur sa femme. Il sentait en lui ce besoin qu’elle fasse un pas vers lui, qu’elle prenne le lead sur cette conversation. Il n’avait clairement pas la force de faire du small talk et lui demander comment s'était passé son année et demie loin de Bowen. “Tu… Tu as vu quelqu’un cette semaine ?” Demanda-t-il, complètement hésitant. Il avait l’impression de marcher sur des œufs. Ça aurait peut-être été plus simple de lui parler des enfants, mais c’était comme si quelque chose en lui le poussait à attendre qu’elle vienne d’elle-même sur le sujet.

Tu vous revoyais quelques années en arrière, alors que vous veniez tout juste d’arriver à Bowen tous les deux, qu’Henry n’était encore qu’un bébé et que vous alliez vous marier. C’était le genre de date que vous faisiez dès que vous aviez un peu de temps : un verre au Wojna’s et on verra ce que la nuit emmène. Mais là, le contexte était différent. C’était votre première réelle entrevue depuis des années, la première programmée et où vous aviez envie d’être là tous les deux. Même si tu savais que Cooper n’était pas non plus ravi à 100% d’être là, mais il faisait un effort et ça te rendait heureuse. Il commandait à son tour et puis le silence régnait de nouveau sur la table. Tu ne savais pas par où commencer toi non plus. Tu soufflais en silence, parce que tu avais peur qu’il fuit et t’avais peur que ça soit la première et la dernière fois que vous alliez faire ce genre de rendez-vous. Mais t’avais envie, t’avais juste peur de tout. Peur de perdre l’homme de ta vie. « J’ai eu mon premier rendez-vous avec mon psychiatre dans la semaine pour commencer la thérapie » dis-tu la gorge serrée. C’était pas quelque chose de facile à dire mais tu commençais à faire de ton mieux. Tu voulais qu’il s’en rende compte, que tu donnais tout pour aller mieux et pouvoir entrer dans la vie de tes enfants de nouveau. « Ça était ta semaine ? » demandas-tu ensuite pour continuer à faire la conversation. T’osais pas demander des nouvelles des enfants alors que tu en mourrais d’envie.

La situation n’était pas simple. Elle ne l’avait pas été depuis bien longtemps. Il en avait tant rêvé, Cooper, pourtant. Combien de fois ne s'était-il pas posé seul dans ce bar avec l’espoir d’y revenir un jour avec elle ? Il était loin de s’imaginer à l’époque l’état d’esprit dans lequel il serait. Il était loin de s’imaginer que leur conversation allait commencer par le rendez-vous de Frankie chez un psy… “Et… Hum… Comment ça se passe ?” Il avait vraiment envie de savoir Cooper, mais une gêne le prenait au moment de poser des questions. Il se sentait comme illégitime. D’un côté, il avait envie de l’aider. Cooper étant Cooper, il avait bien envie de prendre les choses en main et de faire avancer tout ça. Sauf que ce n’était pas à lui de le faire, ce n’était pas sa place, ça ne l’avait jamais vraiment été et c’est seulement maintenant qu’il le comprenait. Il doutait beaucoup de lui depuis le départ de Frankie et encore plus depuis son retour. Cette façon qu’il avait d’être proactif et dans l'avancée, ça semblait pouvoir être étouffant. Il avait donc peur de faire plus de mal que de bien dans cette histoire. “Oui… Semaine classique. Le commissariat et les enfants. Pas-grand-chose à signaler.” En fait si, il aurait pu signaler plus de choses. Cooper, il aurait pu lui avouer que sa semaine avait été exténuante, qu’il commençait tout juste une formation pour monter en grade, que sans Poppy ça serait bien compliqué de gérer les enfants. Mais il ne se sentait pas vraiment légitime de dire ça. Il l’aurait sûrement fait quand elle est arrivée à l’improviste, juste pour la blâmer, mais maintenant, c’était différent. “J’veux dire… Ça fait presque deux ans que ces semaines, elles se ressemblent pas mal.” Ajouta-t-il en grimaçant. Ce n’était pas autant sur le ton du reproche comme il avait pu le faire quelques semaines plus tôt. C’était plutôt un constat. “Je ne plus vraiment un gars palpitant.” Pas sûr qu’il ait déjà été palpitant à proprement parler, mais c’est sûr qu’il n’était pas autant routinier lorsqu’ils s’étaient rencontrés tous les deux.

C’était pas vraiment habituel comme date. Enfin si on peut appeler ça un date, puisque vous êtes quand même mariés. Mais tu as quand même disparu pendant deux ans, presque. Tu venais de confier à Cooper que tu avais eu ton premier entretien avec un psychiatre. « Ça se passe bien, on a commencé à parler des… des problèmes que j’ai pu avoir » dis-tu de façon délicate. En même temps, c’était un sujet délicat. Tu avais raconté ta vie au psychiatre, en laissant quelques larmes sur son fauteuil. Mais il fallait bien passer par là pour commencer. Il n’avait pas encore donné de diagnostique, c’était trop frais encore pour un seul rendez-vous. Puis, tu retournais la question au jeune homme, comment se passait sa vie. Il te parlait des enfants, rapidement, du commissariat aussi. Mais rien de bien palpitant comme il disait. « T’as toujours été un gars palpitant » dis-tu avec un sourire un peu gêné. C’est ça aussi qui t’avait plu chez Cooper la première fois que tu l’avais rencontré. Il te racontait pas mal d’histoires, ses aventures. Et c’est pour ça que tu étais tombé follement amoureuse de lui. Et ce pourquoi tu l’es toujours. « Je sais que j’peux pas voir les enfants mais… j’peux te demander comment ils vont ? » demandas-tu simplement, de façon innocente. Même si tu les voyais plus, tu voulais savoir s’ils étaient heureux ou pas. Voir leur mère disparaître, ça a du être un choc pour eux, et tu en es désolé… Mais tu veux savoir comment est leur vie maintenant, si tu peux revenir dans leurs vies ou s’ils sont mieux sans toi. C’est important pour toi de savoir…

Cette conversation, elle ne leur ressemblait pas vraiment. En-tout-cas, elle ne ressemblait pas à toutes celles qu’ils avaient pu avoir dans ce genre de setup. Ils avaient eu l’habitude que tout soit fluide, que ça coule de source. Là, c’était difficile d’un côté comme de l’autre. “Ça ne va pas se faire en une fois, mais si t’arrives à en parler, c’est déjà ça.” Dit-il alors qu’ils évoquaient son rendez-vous chez le psychiatre. “Enfin, j'imagine.” Ajouta-t-il avec un petit sourire crispé sur le visage. Il ne pouvait pas vraiment se mettre à sa place, Cooper. Le sujet était bien délicat et il ne pouvait pas dire être déjà passé par là. Il aurait sûrement du mal à s’ouvrir, lui, donc il n’avait pas de leçon à donner. Cooper, il était plutôt du genre à prendre les choses en main et s’obstiner à faire ça à sa manière. Il serait bien gonflé de faire quelques commentaires que ce soit. Tout ce qu’il pouvait faire, c’est l’encourager dans sa démarche. De son côté, il n’avait pas grand-chose à raconter. Du moins, il n’avait pas l’impression. Ça ne paraissait pas naturel de lui raconter les petits trucs anodins de sa vie, trop de temps avait passé pour ça. Alors ça le rassurait un peu qu’elle enchaîne sur les enfants. Ça, c’était son sujet de prédilection. “Bien sûr que tu peux.” Dit-il avec un petit sourire, cette fois sincère. Avant qu’il n'eût le temps d’enchaîner, le serveur revint avec leurs commandes. Ça laissait le temps à Cooper de sortir son téléphone de sa poche. D’un mouvement de tête, il remercia le serveur, attrapant son verre pour une première gorgée. “Ça a été compliqué pour Henry ces dernières années, mais c’est un petit plein d’intelligence. Il se remet un peu. Il s’en sort vraiment bien à l’école maintenant. Je pense qu’il aime se concentrer là-dessus.” Commença-t-il, cherchant une photo pour la montrer à Frankie. En zieutant son téléphone, c’est un sourire attendri qui se profilait sur son visage. “C’était chez tes parents il y a quelques semaines.” Dit-il en lui tendant le téléphone pour qu’elle puisse les voir. “Maya… C’est une petite terreur.” Un petit rire filtrait ses lèvres en parlant de sa fille. On devait sentir tout l’amour qu’il ressentait pour ces deux petits dans le sourire qu’il avait en parlant d’eux. “Elle s’affirme beaucoup plus que son frère. La petite princesse quoi. Je crois que ça lui fait du bien d’avoir Poppy maintenant. Elle s’est pas mal raccrochée à moi ces dernières années, mais avoir une référence féminine autre que ta mère, ça l’aide.” Ajouta-t-il d’une voix calme. Il ne cherchait aucunement à faire des reproches à Frankie, simplement lui expliquer la situation le plus sincèrement possible.