Just my imagination ft. Maxwell

Le bonheur à l’australienne, la promesse de cette nouvelle vie dans ce nouveau pays. Ivanwë sentait qu’il flirtait toujours un peu plus avec cette promesse. Certes, il n’avait pas rencontré grand monde depuis son arrivé, malgré un succès qu’il ne se connaissait pas jusque là sur les applications de rencontre, faut dire que des mecs au teint plus blanc qu’un cachet d’aspirine ça ne court pas les rues de Bowen ! Le charme Belge, que voulez vous ? Une fois… Une fois n’est pas coutume, il ne décrochait néanmoins pas beaucoup de rendez-vous, dès que la conversation commençait, le borderline n’était pas très organisé et pas vraiment un charmeur né, de plus, il ne savait pas vraiment ce qu’il espérait et recherchait sur ce genre de plateforme. Lui, son réseau social préféré, c’était Instagram ! Même s’il était encore de manière récurrente tagué sur des publication relattant sur le terrorisme, il avait pansé ses blessures à ce sujet et devenait de plus en plus imperméables aux accusations calmnieuses à son sujet. Il le sait, au fond de lui même, malgré son profil psychologique particulier, qu’il était incapable de faire du mal à une mouche. Il s’amusait même à dire, qu’avec son physique, c’était sans doute lui, la mouche.

Il avait fait justement mouche sur Instagram ! (note de l’auteur, bordel j’crois que j’suis en forme pour faire des transition carrément sensas, non ?) Avec son idée de troupe d’impro ! Il n’y en avait pas une seule à Bowen et quand bien même il y en aurait une, cela n’aurait pas été au goût de notre écolo mégalo, pas à son image. Il a déjà essayé d’intégrer une troupe de théâtre il y a des années de ça, en belgique, mais on lui avait gentiment fait prendre la porte. Au moins cette fois ci, personne ne pourra le flanquer dehors à moins d’une mutinerie !

C’est à la Mutinerie justement (Promis c’est la dernière transition nase de ce post !), un bar sur le thème des pirates qu’il avait donné rendez-vous à un jeune homme qui s’était montré intéressé par la troupe ! Invanwë en était à sa deuxième recrue, sans compter sa sœur Haksel qui n’avait pas trop de choix que de le suivre ! L'excentrique inventeur n’était pas à l’origine de l’invention du concept de la ponctualité, il fonçait avec son p’tit scooter qu’il avait pas mal amélioré il faut dire ! Pris dans un tourbillon créatif, il en avait oublié la 5e alarme qui retentissait dans son atelier pour lui dire qu’il devrait DEJÀ être parti ! C’est avec énergie qu’il pousse la porte du bar et il se rend bien compte qu’il a également oublié à quoi devait ressembler Maxwell, trop de chose pour une si p’tite tête ! Le belge s’approche du comptoir, le barman lui parle mais le pauvre Ollion ne put qu’écarquiller les yeux d’incompréhension.

C’est quoi cet… ACCENT ?!
Oh la vache, ça, ça doit être de la pure souche australienne.
Du bon vieux pégu des bois si vous voulez son avis !

“ Oui, merci ! “ C’est ce qu’on lui a toujours dit de faire quand il ne comprend pas : sourire et acquiescer et pour la peine, il a répondu en français, qu’il a lui même avec un accent Belge peu marqué néanmoins. Il se reprend en anglais “ Est-ce que vous ne connaîtriez pas, par un hasard de dingue, un type sans doute magnifiquement charismatique qui s’appellerait Maxwell ? “ Il ne traine plus dans les bars depuis sa période de crise euphorique de 2008, bien avant son diagnostic, mais de mémoire, il sait qu’il n’existe pas grand monde de plus informé qu’un barman, qu’importe son accent !

Tu avais vu une annonce passer pour rejoindre une troupe de théâtre amateure. Tu n'en avais pas fait depuis le lycée et tu avais eu un bon souvenir de cette expérience. Toi qui était timide, toi qui avait parfois du mal à aller vers les autres, le théâtre t'avait apporté de la liberté et de la légèreté que tu n'avais su garder dans ta vie de tous les jours. Et puis ça avait aussi nourri ton esprit romantique. Mais en quittant le lycée, tu avais laissé tout ça de côté. Même quand un poste s'était libéré à l'école primaire, tu n'avais pas osé te proposer pour encadrer les enfants, pensant ne pas être à la hauteur parce que ton expérience était lointaine. Et pourtant, quand tu avais lu l'annonce, tu avais eu qu'une envie, contacter la personne pour te proposer et c'est ce que tu fis le soir même. Pour savoir si tu faisais l'affaire, il y avait un petit entretien et cette annonce t'avait mis le trac mais pour autant, tu étais prêt à te donner à fond pour obtenir ta place. Cette expérience ne pourrait que te faire du bien et puis peut-être que tu pourrais reprendre la direction du groupe de théâtre de l'école primaire si l'occasion se présente à nouveau. Le jeune homme t'avait donné rendez-vous dans un bar de la ville, La Mutinerie. Tu avais trouvé ça original de se donner rendez-vous dans un bar, tu pensais que tu aurais fait ça dans un café ou dans le théâtre de la ville. Mais l'avantage d'être dans un bar - qui plus est, un bar à thème - c'était de pouvoir tenter l'improvisation et rentrer dans la peau d'un personnage. En l'occurrence un pirate. Arrivé sur place, tu jetais un coup d'oeil dans le bar mais il ne semblait pas y avoir grand monde. Tu te posais au comptoir, attendant de voir si quelqu'un te demandait ou semblait t'attendre. Tu pris un verre pour te donner un peu de courage mais tu le regardais sans trop oser le boire. Ce n'était pas dans tes habitudes de boire en plein milieu de la journée. Ta torture ne dura pas trop longtemps, un jeune homme était entré et il s'était approché du comptoir pour te demander auprès du barman qui n'avait pas trop fait d'effort pour sa réponse en lui offrant un haussement d'épaule. C'était à toi d'entrer en action. « Ahoy Capitaine ! » clamais tu un peu fort par rapport à l'ambiance générale du bar. Tu t'étais levé d'un bond pour venir lui faire face et un grand sourire se dessinait sur ton visage. « Maxwell pour vous servir, mais je pense que vous l'aviez compris. » Tu ôtais le chapeau de pirate que tu avais sur la tête pour venir faire une petite révérence. En te redressant, tu remarquais que tous les regards étaient braqués sur toi et d'un coup tu sentais que tu étais beaucoup moins à l'aise que tu ne le pensais. Tu aurais dû boire ce verre. Tu chassais ses idées de ton esprit, reposant ton chapeau sur ta tête. Les regards se détournaient de vous et ton regard se reposait sur Ivanwë. « Dîtes moi si j'en fais trop.. Ou pas assez.. » En même temps, tu avais envie d'intégrer la troupe donc il était important de donner un aperçu de ton talent et de savoir ce qu'il attendait exactement.

Ivan avait toujours un tas d’idées, mais fonder sa propre troupe de théâtre, c’était un véritable coup de tête ! Lui, il n’avait jamais vraiment eu d’amis, pas réellement eu de collègues physiques dans un quelconque travail, alors… Manager un groupe d'artistes… Eh bien ça ne lui faisait pas peur, l’incompétence n’était pas un problème à ses yeux, jamais. Il se pensait capable de tout, avec de la volonté et un peu d’huile de coude, comme disent les jeunes.

Tandis qu’il se renseigne auprès d’un barman avec un accent bien trop prononcé à son goût bien que celui-ci ne lui répondait absolument pas… Le belge n’eut pas longtemps à attendre avant de se faire accoster par un pirate improvisé. Un sourire étire doucement ses lèvres alors que son interlocuteur semble tout à coup un peu mal à l’aise d’avoir ainsi attiré l’attention de la clientèle sur eux. “ A peine arrivé que tu veux te prendre pour le capitaine ? Rends moi mon chapeau gredin ! “ Répond-il amusé par la situation, ignorant complètement la question posée par Maxwell… On n'en fait jamais trop… Si ? L’ingénieur tend la main pour subtiliser le chapeau de pirate pour le mettre fièrement sur sa tête, non mais ! “ Tiens, prend plutôt ça moussaillon ! “ Il s'avérait qu’il n’avait aucune idée de savoir comment dire moussaillon en anglais, alors un peu de français ne fait pas de mal après tout… Il tendit à Maxwel un manche à balais invisible “ Et on s’active, je n’ai jamais vu un pont aussi crasseux ! “ S’ils se font virer du bar, alors ça voudra dire qu’ils forment un bon duo, s’ils se font applaudir… Alors cela ne voudra que dire que la gloire les attend ? Quoi qu’il en soit, il fallait bien poursuivre un peu cette récréation pour le savoir.

Il n’y avait pas à dire, cette ville regorge de personnes étonnantes et peut-être bien finirait-il par ne plus se sentir bizarre, à part… Ouais, qui sait… Trouver sa place. C’est bête, il pensait ne pas être de ceux qui veulent absolument trouver leur place dans c’monde. Probablement parce qu’il a toujours été à part, dans sa bulle, pas mal à l’écart, mais lui aussi voulait contribuer, c’était bien pour cela qu’il s’acharnait tant à vouloir trouver l’invention du siècle, pour que les autres soient bien obligés de reconnaître tôt ou tard sa véritable valeur.

“ Hé, ici on consomme, on fou pas le bordel. “ grogne de patron avec un accent toujours aussi incompréhensible. “ Les pirates boivent du rhum, mais je suis un pirate belge, alors une pression pour moi ! “ Pourvu que ça ne soit pas servi dans un vrai crâne, là, il pourrait vomir, y’a des limites à ce que ses talents d’acteur peuvent supporter !

Très vite, le jeune homme que tu étais venu rencontré se retrouvait face à toi et tu te lançait dans une impro totale. Le jeune homme semblait amusé de te voir réagir ainsi et du tac au tac, il entra avec toi dans l'histoire que tu venais de lui dépeindre. Pensant que tu te prenais pour le capitaine alors qu'à la base, c'était lui que tu appelais ainsi. Mais pas le moment de sortir de l'histoire pour lui expliquer le quiproquo de la situation, au contraire, il fallait continuer avec la matière qu'il te donnait. « Chef, oui chef ! » Tu appliques une nouvelle révérence en lui tendant ton chapeau pour qu'il le prenne et te redressant presque aussi vite pour être aussi droit qu'un piquet. Il te tendait un objet invisible sans avoir la moindre idée de ce qu'il semblait te tendre mais ce n'était pas un problème. En impro ce qui était important c'était de jouer le jeu alors tu t'activais à bouger tes bras un peu dans tous les sens, comme si tu ne savais pas manipuler l'objet en question avant d'entendre sa remarque sur le fait qu'il n'avait jamais vu un pont aussi crasseux ce qui t'indiquait que tu avais en ta possession un balai. Ce qui faisait du sens, après tout tu étais un pirate et les pirates sont généralement sur un bateau. Alors tu t'activais à faire semblant de passer le balai quelques instants avant que le barman ne vint mettre son grain de sel dans votre histoire. Il fallait commander à boire et cesser de faire les marioles puisque à priori, vous étiez en train de semer la zizanie. Pourtant, y avait pas foule et les clients présents semblaient plutôt amusés de l'animation gratuite que vous proposiez. Quoiqu'il en soit, tu t'arrêtais d'un coup net et tu le laissais passer sa commande, le temps de réfléchir à ce que tu allais prendre. C'était le milieu de journée, et même si un pirate se doit de boire du rhum, tu n'avais pas tellement envie d'en descendre un verre maintenant. « Je vais prendre une pression également. » demandais tu au barman en lui adressant un léger sourire comme pour t'excuser du dérangement avant de reporter ton attention sur Ivanwë. « Le mot que vous avez utilisé tout à l'heure c'était dans quelle langue ? » Tu n'avais pas reconnu et tu étais curieux. Après à part l'anglais, un peu de suédois et un peu de français, tu ne maîtrisais pas grand chose. Et bien qu'il avait mentionné le fait d'être belge - tu avais retenu ce petit pays lors de ton excursion en France - alors ça devait être du français mais tu étais loin d'avoir beaucoup de vocabulaire dans cette langue.

Cette petite démonstration amusa autant les deux jeunes hommes que les clients de la salle, le seul à tirer la tronche, était le tenancier. Faut croire que des aigris, il y en a un paquet dans cette ville. Ivanwë se dressait peu à peu une peinture de la personnalité des gens du coin, il y trouvait tout et son contraire. On lui avait toujours dit que le soleil rendait les gens heureux et conviviaux, il commençait sérieusement à douter de ce fait comme étant une vérité universelle. Ainsi, il n’existe aucune recette miracle du bonheur. Ce qui était assez décevant, il devait bien l’avouer. Quitter la Belgique parce qu’il avait été accusé et enfermé à tord comme terroriste, c’était une raison. La véritable raison, fut que dans le cœur d’Ivan, il n’y avait plus eu de réel rayon de soleil malgré ses sourires qu’il adressait sans cesse. L’ingénieur était la joie incarnée, mais certainement pas le bonheur personnifié, là était la nuance.

Ils commandèrent des bières, l’alcool étant une molécule à double tranchant. Soit elle rendait heureux, soit malheureux. Mais pour le savoir, il fallait en abuser suffisamment, ce qui n’était pas l’objectif du jour. Néanmoins, une fois la carte de paiement passée dans le lecteur du tenancier, celui-ci semblait soudainement moins contrarié. L’argent ne fait pourtant pas le bonheur, il pouvait le certifier de sa propre expérience, grâce à l’argent de ses parents adoptifs.

“ Moussaillon ? “ Qu’il redit en français. “ Oh c’est du français, je connais pas de traduction pour ça. “ En fait, il ne s’était jamais particulièrement penché sur le vocabulaire nautique… Il allait vraiment devoir prendre quelques cours de perfectionnement. “ Avec ma famille nous venons d’arriver dans votre ville de charmante il y a quelques semaines. “ Presque sans faute de syntaxe, presque ! “ L’accent du coin n’est pas beaucoup de charmante, très difficile à comprendre, un problème avec les articulations. On a le même problème avec certains recoins de Belgique. “ Une sale habitude selon lui ! Mais il apprendra, il a des facilités d’apprentissage, oui… Mais en ingénierie et en science, pour ce qui est des langues et des relations humaines, c’était un soupçon plus compliqué. “ Je suis content, beaucoup de personne se sont dites intéressées par la troupe, ce projet va pouvoir devenir exister !
Euh, la réalité ! “ Bref, l'essentiel, c'est de se comprendre à une vache près.

Une fois votre boisson en main, vous vous étiez installé l’un à côté de l'autre pour continuer cet entretien d’une façon plus formelle. La manière informelle ne t'avait pas déplu mais le barman semblait moins partant que vous. En vous asseyant il avait utilisé un mot sur lequel tu avais tiqué et tu n'avais pu t’empêcher de poser une question à laquelle il te répondit le plus naturellement que c'était du français et un sourire s'étirait sur ton visage. Il te racontait un peu plus de son histoire, t'expliquant que sa famille avait à peine posé ses valises. « Oh vous parlez français ! Et bienvenue chez nous alors ! Ça doit vous faire loin non ? » demandais-tu toujours un peu curieux. Ce n'était pas comme ça que se déroulent les entretiens en général mais là ce n'était pas non plus pour trouver un travail mais un passe-temps dans lequel tu avais envie de t’investir. « Il vous faut le temps de s'y faire mais je comprends parfaitement ce que vous ressentez.» Tu avais déjà voyagé aux États-Unis où tu avais eu du mal à comprendre les autres et c'était le même cas lors de ton année en France. Mais avec le temps, tu avais fini par t’y faire alors tu ne doutais pas que ce serait de même pour lui. « Il y a déjà d’autres personnes qui ont été recrutées ? » demandais-tu une nouvelle fois avec un sourire sur le visage, tu serais très content de pouvoir rencontrer de nouvelles personnes à travers le théâtre.