Under cover of darkness + Andrew

tw sur le sujet : alcool, dépression, mort deuil

C'est drôle, les rencontres, les amitiés qui pouvaient sortir de nulle part, comme par exemple d'une porte de WC mal fermée lors d'une fête de la mangue ! C'aurait pu être le début d'un film un peu potache, mais c'était pourtant comme ça que Léo avait rencontré Andrew. Depuis ils s'étaient recroisés quelques fois, ils avaient échangé leurs numéros et on pouvait dire qu'ils  étaient devenus copains. Léo avait vu Drew et son groupe performer une fois, il en avait même profité pour prendre leur concert en photos et les montrer au guitariste. Bref, sans dire qu'ils étaient devenus les meilleurs amis du monde, ils s'apprécient. Suffisamment pour que ce soir, Léo reçoive un message d'Andrew, il lui proposait de le rejoindre pour prendre un verre en ville. C'était assez inhabituel, surprenant, même, mais le photographe avait accepté, parce que, pourquoi pas finalement ! Léo c'était le genre d'homme qui ne refusait jamais une sortie, un verre, une soirée. Du moins, c'était le cas, avant. Seulement presque deux ans en arrière il avait abusé, il n'allait pas bien et les soirées, l'alcool, les abus, avaient fini par devenir une habitude pour se sentir mieux, jusqu'à ce les choses dérapent, plutôt mal. Depuis, après une thérapie et beaucoup de travail sur lui-même, Léo allait mieux, il ne touchait quasiment plus à la boisson, il évitait donc les sorties. Jusqu'à ce soir. Parce qu'au final, au delà de l'alcool, le côté festif lui manquait, il était né pour ça ! C'était une autre raison pour accepter l'invitation de Drew. Après tout, rien de grave ne pouvait arriver, Emerson était un grand garçon qui savait se contrôler. Il arrivait au bar, plutôt content de la perspective de cette soirée et trouva le brun déjà accoudé au bar. Il s'assit à côté de lui et le salua. Je ne savais pas que c'était ton genre de traîner dans les bars ! C'est une excellente surprise. Il avisa les shooters déjà disposés face à Drew. On fête quelque chose ce soir ?! En vérité, la vision de ces verres, même sans savoir ce qu'ils contenaient, fit un peu peur à Léo, il pensait plutôt tourner à la bière, pas à la vodka ou autre alcool fort.

@Andrew Parish

Le photographe s'installait à côté du musicien quand ce dernier lui révélait qu'il s'agissait de fêter un anniversaire. Étrangement cette annonce ne sonnait en rien comme quelque chose de joyeux et Andrew avait plutôt l'air abattu. Léo se demandait bien pourquoi il l'avait appelé lui et pas quelqu'un d'autre, comme un ami de longue date par exemple, pas un gars qu'il avait rencontré seulement quelques mois plus tôt par un heureux hasard. En vérité ils ne se connaissaient pas, pas assez pour que Léo soit au courant des subtilités de la vie de Drew, pas pour qu'il comprenne son état de ce soir. Tout comme le commerçant ne savait pas que son nouveau pote tentait de se tenir éloigné de l'alcool depuis plus d'un an. Mais il resta, hochant la tête alors qu'Andrew parlait de whisky. J'aime ça, oui. En réalité Léo était un réel amateur, un connaisseur même. Il aimait tellement ça qu'il refusait de se soûler avec ce poison là, pour lui c'était un art, pas un outil pour se mettre la tête à l'envers. Il laissa l'autre lui servir un verre, à l'odeur il pouvait dire que de n'était déjà pas un très bon whisky, c'était au moins ça. T'en es à combien de verres ? Il le jugeait plus ou moins, on avait tous nos démons, mais c'était assez déstabilisant de se retrouver à la place de celui qui constate et non de celui qui boit. On fête quoi alors ? Qu'il demanda, en essayant d'avoir l'air léger et un sourire aux lèvres, tout en levant son verre pour trinquer. Il ne savait pas bien ce qu'il foutait là ni comment cette soirée allait se terminer, mais visiblement Andrew avait besoin d'une épaule et il n'allait pas le laisser tomber. Après que leurs verres aient tinté, il avala une gorgée de liquide ambré, celui-ci lui brûla la gorge et c'était malheureusement une douleur agréable.

On s'en fiche, on s'en fiche, ouais, enfin là il avait l'air bien éméché Andrew. Et la bouteille bien entamée. Léo n'avait pas envie de le juger, mais il ne pouvait pas s'empêcher de s'en faire pour son copain. Il se rendait bien compte qu'il ne le connaissait pas tant que ça, il n'aurait pas pensé qu'il puisse avoir un penchant pour la boisson. Il s'installa donc, un verre devant lui et but une gorgée. Avant de poser la question qui nécessitait d'être posée, même s'il doutait que la réponse ne serait pas heureuse. Néanmoins Emerson ne s'attendait pas à ce genre d'annonce. Il s'étrangla avec son whisky et toussa bruyamment. Fuck, Andrew ! Il se reprit avant de l'écouter, ça faisait cinq ans. Étrangement ça réveillait quelque chose dans les tréfonds de sa mémoire. Sa mère lui avait parlé d'une connaissance à elle, une des femme d'un de ses nombreux clubs, qui avait perdu sa fille, du même âge que lui, la jeune femme avait un jumeaux. Il se souvenait combien elle avait été secouée par cette nouvelle, peut-être parce qu'elle se mettait à la place de cette femme, s'il venait à partir, son monde serait dépeuplé. Léo avait fait quelques recherches sur le sujet, en travaillant avec le journal local, ça n'avait pas été compliqué de trouver. Un accident de la route, la pauvre fille qui se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment. Qu'est ce qu'il s'est passé ? Il osait demander, quitte à se prendre un mur. Il but une nouvelle gorgée, plus grosse celle-là, histoire d'avaler la pilule avec, il était persuadé que c'était cette histoire-là, il le sentait, le monde était petit, surtout celui de Bowen. T'es pas obligé de me répondre, on peut juste noyer ton chagrin sans parler. Il le pensait vraiment. Même si ça impliquait qu'il retrouve le goût de l'alcool et qu'il finisse la tête à l'envers. Il ne pouvait pas laisser Andrew tout seul dans sa détresse.

C'était bien à cette histoire que Léo pensait. Il s'en souvenait très bien à présent. Il avait raison Andrew, ça avait fait le tour de la ville. Alors le barbu l'écoutait sans broncher, le laissant déverser sa peine qui rendait son cœur à lui un peu plus lourd. C'était quelque chose, de prendre la douleur des autres, Léo était quelqu'un qui aimait écouter les histoires des gens, mais ce genre d'histoire, ça le ramenait inévitablement à leur condition de mortels. On se prenait pour les rois du monde, mais on était si peu de chose en définitive, la vie pouvait filer, s'arrêter, en un claquement de doigts, bien trop tôt. Il en avait été témoin quelques fois, dans ses reportages. Et aussi plus personnellement, avec son Anabelle, ça ne devrait pas être permis de mourir à même pas trente ans. Il avait l'air au plus mal, Andrew et Léo n'était pas persuadé que cette bouteille de whisky l'aide réellement. Ma mère est allée aux funérailles, elle est amie avec la tienne. C'était un fait, Léo n'attendait aucune réaction spécifique de la part du musicien. Décidément, Bowen était vraiment petite. Je ne me dis rien du tout. Je serais même bien mal placé pour juger. Il jouait avec son verre dans lequel tournait un fond de liquide ambré. Je n'avais pas touché à un verre de whisky depuis près de deux ans. La dernière fois étant celle où il avait été retrouvé ivre mort sur son canapé par son propre fils, après ça il avait tout arrêté et se contentait d'une bière de temps en temps. Entre nous deux je pense que c'est moi le vieil alcoolique. Et cette bouteille, j'te jure, elle me fait peur, autant qu'elle m'attire. Il lui offrir un sourire triste. Puis leva son verre pour porter un toast. A ta sœur. Et à toi aussi, il paraît que le plus triste c'est pas pour ceux qui partent, mais pour ceux qui restent. Et toi t'es là, tu te bats visiblement. Il avala la dernière gorgée tandis qu'Andrew lui expliquait qu'il allait mieux, grâce à une femme. Un mince sourire s'étira sur le visage de Léo, tout espoir n'était donc pas mort. Pourquoi t'as honte ? Elle ne sait pas, pour ta sœur ? C'est jamais facile de montrer ses faiblesses. Mais si elle tient à toi autant que tu as l'air de tenir à elle, c'est un risque à prendre, non ? Il disait ça, Léo, c'était facile de donner des conseils, mais il était le premier à cacher ses failles à la moindre occasion, à faire l'autruche, ou comme si tout allait bien. Ça ne faisait pas si longtemps qu'il jouait la carte de l'honnêteté avec Alba.

Léo lâcha un petit rire, il avait raison, Drew, ce n'était pas l'idée du siècle. Mais au moins, lui, il n'avait pas d'idées noires à ressasser. Entre mon addiction et laisser la détresse t'envahir, je ne sais pas quelle est l'idée la plus foireuse. Il haussa un sourcil en avisant l'australien se resservir copieusement. J'ai pas toujours été comme ça, j'étais plutôt fêtard, mais pas alcoolique. Mais à un moment c'est juste allé trop loin. Son verre était vide à présent. J'vais pas te laisser boire seul. Et puis t'as laissé qu’un fond. Il attrapa alors la bouteille pour la vider face à lui. Finalement il restait plus que ce qu'il pensait, c'était une dose tout à fait correcte. Enfin, foutu pour foutu de toute manière. Il l'écouta, un mince sourire aux lèvres, il n'avait visiblement pas une super estime de lui même, le garçon ! Mais il semblait tenir à cette jolie fille qui bossait beaucoup et avait l'air de l'éviter. À ce train là, il allait finir avec le cœur brisé une seconde fois. Pour Léo, ce n'était plus un secret, que lui et ses semblables étaient bien faibles face au charme des femmes. Que quand ils étaient amoureux, elles pouvaient aisément les briser. Oh petit colibri des îles. Si j'étais pas un amoureux des courbes féminines, je t'embrasserais, là ! T'es beau, tu sais ! Mais t'es fou amoureux. Donc fou tout court. J'espère qu'elle le sait, que tu l'aimes, pas que t'es fou. Ça faut pas lui dire. Léo secoua la tête avec un sourire plus franc cette fois, en avalant une nouvelle lampé, oui, il commençait à avoir un coup dans le nez pour lui sortir un discours pareil. Par contre, arrêtes de te rabaisser ! Il n'y a aucune raison qu'elle ne veuille pas de toi. Parle-lui. Elle est d'ici ?! Comme ils l'avaient déjà dit, Bowen était petite, avec un peu de chance, Léo la connaissait.

Oui, ils étaient dans la merde, cette réflexion arracha un sourire fatigué à Léo. Il était incapable de ne pas vivre dans l’excès, lui, amoureux de la vie, de la fête, conscient que tout pouvait vite basculer, il détestait se restreindre. Il hocha la tête, quelques ennuis, il aurait dû être autant raisonnable que Drew, s’arrêter avant que les choses dégénèrent. Il pourrait lu parler d’Alba, de leur relation complexe, de leur fils qui servait de tampon et qui était la seule raison valable pour Léo de devenir un homme meilleur. Mais l’ambiance était déjà bien lourde ce soir, il n’avait aucune envie de la plomber davantage. Ils auraient peut-être l’occasion d’en reparler une autre fois, s’ils étaient amenés à devenir ce genre d’amis sincères qui se confient l’un à l’autre. Après tout, le musicien avait bien osé le faire, lui, se montrer vulnérable face au photographe. Au lieu de ça, comme Andrew lui tendait la perche, en lu parlant de son coup de cœur un peu foireux, Léo préféra jouer la carte de l’humour, il était doué pour dédramatiser les situations et les tourner en dérision. Et puis, qui sait, ça lui ferait probablement du bien, à Drew, de rire un coup aux conneries de son camarade. Il haussa les sourcils avec un sourire faussement charmeur, il ne savait pas, Drew, que Léo était poète à ses heures ! Tu me brises le cœur, évidemment. Mais je sais maintenant que le tien est pris. Dit-il, l’air grave, néanmoins soulagé de ne pas être suivi dans sa folie, il se serait trouvé bien bête avec la bouche d’Andrew collé à la sienne ! J’en sais rien, moi, si elle le sait ! T’es peut-être un pervers qui stalke les femmes à la sortie du bureau ! C’est pas ça que j’veux dire, Roméo. Fais lui comprendre que tu veux passer plus de temps avec elle par exemple. Sûrement parce qu’il était déjà bien éméché, Andrew finit par lâcher son secret, l’identité de sa Juliette. Et autant dire que Léo aurait pu s’attendre à tout sauf à ça. Il allait porter son verre à ses lèvres quand il fut arrêté dans son geste, le fixant comme un merlan frit. Non, non, pardon… Putain Andrew, c'est pour Charlize que t’en pinces ? Merde, t’as choisi la plus emmerdeuse de Bowen ! Un peu qu’il la connaissait, Léo et ce n’était malheureusement pas positif du tout. Il était bien incapable de dire du bien de cette femme et de cacher son désamour. Pour le coup, avait peut-être effectivement trop bu, il était sans filtre à présent.

Léo avait toujours été une oreille attentive auprès de ses amis. Il était celui qu'on pouvait appeler au milieu de la nuit, également celui qui donnait des conseils foireux. Il était capable de faire le pitre pour décrocher un sourire. Et ce soir c'est ce qu'il avait réussi à faire avec Andrew, il n'en était pas peu fier. Un peu que tu m'appelleras, j'te montrerai ce que c'est d'être aimé, mon chaton ! Il se foutait gentiment de lui, cette légèreté lui faisait du bien à lui aussi. Andrew ne savait pas encore que Léo n'était pas vraiment très bon en amour lui non plus. Et que si aujourd'hui il vivait enfin sa belle histoire avec Alba, il lui avait fallu ramer avant d'y arriver. Mais ça aussi, ce serait pour une autre fois. D'ailleurs l'ambiance retomba un peu quand le musicien révèla que c'était de Charlize qu'il parlait. Léo était simplement incapable de ne pas dire la vérité. Il sentit bien que ça passait mal auprès de son copain, mais, vraiment ? Dans toutes les jolies filles que comptait Bowen, il avait fallu que ce soit elle. Il pouffa de rire quand Drew lui demanda si c'était son ex, plutôt crever oui ! Ahhhh non, y a aucun risque là dessus ! Qu'il rétorqua avec emphase. Elle est trop garce pour moi. Il n'avait pas pu s'empêcher d'en rajouter, sans réfléchir au mot qu'il avait employé, garce, c'était assez violent. Et même s'il ne mâchait jamais ses mots au sujet de la blonde, cette fois il aurait pu s'abstenir. Il vit le regard d'Andrew virer à l'orage, il sentit bien que cette fois ils n'étaient plus copains.

Il était sur une pente très glissante, là, Léo. Il commença à en prendre conscience tandis qu'Andrew semblait vraiment insister pour lui donner le mauvais rôle auprès de Charlize. Alors il était bien conscient que le brun était amoureux de cette femme, bien qu'il n'arrive pas à le comprendre, enfin, l'amour ça ne se contrôlait pas, il en savait quelque chose. Bref, il voulait bien faire un effort, mais à un moment il ne fallait pas pousser, il ne pouvait pas la supporter, la blonde, c'était bien la seule qui ne lui ait jamais fait d'autre effet qu'un glaçon qu'on lui aurait fait glisser dans le dos. Et il ne comptait pas réellement se justifier. Mais parce qu'Andrew insistait et aussi puisqu'il n'avait, pour une fois, rien fait de mal, il se sentit obligé de parler. J'lui ai rien fait, pas à elle, personnellement non. J'ai eu le malheur de sortir avec sa meilleure amie. Sortir avec, c'était un peu léger, Blanche c'était sa copine d'enfance à Léo, celle qui avait toujours été amoureuse de lui et avec laquelle il avait joué au chat et à la souris durant des années, mais bon, il n'avait pas besoin de détails, le musicien. Ça ne s'est pas bien fini avec cette fille et depuis, Charlize me déteste, elle s'est clairement occupée de ce qui ne la regarde pas, elle me prend pour le grand méchant loup. Sauf qu'elle était assez grande pour se défendre seule, mon ex. Il attrapa son verre et termina ce qu'il restait. Ils étaient à présent à sec. Crois bien que si je m'étais vraiment occupé d'elle, si tu vois c'que j'veux dire, la petite bourgeoise coincée aurait vraiment eu à m'en vouloir. Mais c'est juste une chieuse qui s'emmerde trop dans sa vie et qui trouve intéressant de s'immiscer dans celle des autres. Il secoua la tête, agacé. Il voulait savoir, Drew, à présent, il savait. Toujours est-il qu'elle le ghostait, lui le musicien sympa, clairement, il perdait son temps avec cette fille, elle n'en valait pas la peine.