heat waves been faking me out (maxine)

Le Hendrix. Un bar incontournable à Bowen, c’est certain. Un large choix de bières, toujours dans une bonne ambiance et une bonne convivialité. Il est assez évident qu’Alan s’y retrouve ce soir avec quelques amis. Le petit groupe se donne assez régulièrement rendez-vous dans ce lieu, à toujours tester une nouvelle bière, une nouvelle découverte du Hendrix. Et à faire un peu les cons aussi. Ils leur arrivent de plaisanter avec leurs voisins, draguer leur voisines, lancer quelques jeux par-ci par-là avec tout le monde. Ils se comportent un peu comme les rois du monde dans ce lieu. Et ça leur va, ça leur fait rire. De toute façon, qui peut les juger ? Qui peut leur en vouloir ? Ils sont juste là pour s’éclater, plaisanter de tout et n’importe quoi et oublier leur semaine. Enfin, surtout pour Alan. Ces soirées, c’est ce qui lui fait tenir, ce qui fait vibrer son cœur. C’est ce qui lui permet d’oublier son job. Heureusement qu’il a ce quotidien, sinon Bowen deviendrait la ville la plus ennuyeuse du monde, la, plus lassante. Ces petites frasques, petits dérapages lui permettent de se sentir lui, vivant, et dans son élément. Il remercie fortement ses amis d’être là pour ça, aussi. Il en a besoin, il est heureux ainsi. C’est donc dans ce petit univers, ce petit nuage hors du temps qu’il boit ses bières, qu’il rit avec les uns et les autres, des amis proches et des inconnus, des gens qui l’accompagneront toute sa vie et des personnes de passage. Il s’en moque de tout ça, lui. Tout ce qu’il veut c’est clairement oublier ce dossier, le dossier Kennedy , le sujet de discorde avec son frère. Alors il sort sa meilleure arme, la blague et la boisson. Et peut-être plus, mais il est encore tôt pour le savoir, beaucoup trop tôt pour ça. Pour continuer dans cette lancée, il se dirige au comptoir pour commander une nouvelle bière. Il appelle le serveur qui semble bien occupé. En attendant, il se tourne vers ses voisins, enfin plus tôt sa voisine. Elle est mignonne, ses longs cheveux sont beaux, son sourire aussi. Il a l’impression de la reconnaître. Décidemment, il a dû mal à retenir les personnes ces dernies temps. Il fronce alors les sourcils, et l’interpelle. « Hey, salut ! » lui lance-t-il avec un de ses beaux sourires. « Je veux pas te déranger, mais j’ai l’impression de te connaître, tu viens d’où toi ? » demande-t-il, directement. Il n’a pas envie de passer par quatre chemins, il veut savoir, et tant pis si ça peut vexer. De toute façon, il se dit qu’il retombera bien sur ses pattes, qu’il trouvera une solution.

Max avait besoin de se vider la tête. Elle avait passé la journée la tête plongée dans ses bouquins pour un devoir à rendre. Elle y avait passé des heures à fouiller dans les récits pour agrémenter son devoir d’anecdote, de sources et de réflexions personnelles. La journée s’était écoulée sans qu’elle ne s’en rende compte, puis il avait fallu qu’un ami vienne la sortir de la bibliothèque pour qu’elle prenne conscience que la nuit était déjà tombée. Il lui proposait de sortir, prendre une bière à leur QG pour décompresser. Sur le chemin, ils parlaient d’étude, d’histoire, des dernières sorties, de leur vie amoureuse. Enfin sur ce dernier point, Maxine écoutait plus qu’elle ne commentait, pas prête à parler de tout ce qui la torturait dernièrement. Il y avait eu beaucoup trop d’aventures et de changement qu’elle n’assumait pas forcément. C’était le bordel dans sa tête, et elle préférait oublier ces tracas en sortant, en bossant ou en draguant. Il n’y avait rien de plus simple. Il y avait du monde comme à chaque fois, et ils furent rejoints par d’autres amis enchaînant les boissons. Max venait de terminer sa première pinte, se disant que ce n’était pas une mauvaise idée d’en prendre une deuxième. Ce bar, elle le connaissait par cœur, à force de faire ses soirées étudiantes ici. Parfois elle abusait l’anglaise avec ces cuites de l’enfer où le lendemain le mal de tête reflétait l’abus de la soirée. Pourtant, elle arrivait avec un bon esprit en se disant qu’elle ne prenait qu’une petite bière et qu’elle rentrait. Sauf que plusieurs heures elle y était toujours, complètement ivre, parfois dans les toilettes à faire sortir les abus d’alcool. Mais pas ce soir. Juste deux bières et hop au lit. Elle attendait le serveur avant qu’elle ne soit dérangée par un mec blond. Elle se retournait lui offrant qu’un léger sourire. « Heu… Salut ! » Sa tête lui disait quelque chose, et très vite elle se refaisait les derniers mois de sa vie à Bowen. Où est-ce qu’elle avait vu ce visage. En tout cas s’il ne voulait pas la déranger il n’avait qu’à pas venir lui parler. Mais lui aussi avait l’impression de la connaître. Puis finalement ça lui revenait ! Ce mec, elle avait matché avec lui sur BBT et il lui avait lâché un vue après quelques messages et ne lui avait plus jamais reparlé. Max fronçait les sourcils, elle n’aimait pas les ghosteurs. « J’viens de ton téléphone, mais monsieur est trop occupé à ghoster les meufs pour s’en souvenir. » Elle était un peu susceptible faut l’avouer. Elle préférait s’éloigner de lui et commander sa bière de l’autre côté du bar. Non mais oh, il n’allait pas revenir comme une petite fleur comme ça, alors qu’il ne lui avait jamais répondu.

Se détendre autour de quelques verres, quelques pintes est un quotidien, un rituel important pour Alan. Il y consacre une grande partie de son temps, en soirée, trouvant que c’est essentiel à son rythme, à sa santé, à son bien-être. Il aimerait y consacrer peut-être un peu plus de temps, mais bon, la vie fait qu’il est contraint à d’autres obligations. C’est donc tout naturellement qu’il se rend au Hendrix avec son petit groupe d’amis. Des amis de longues dates. Il aime bien garder des liens forts une fois que la personne est entrée dans son cercle intime. Et il adore les entretenir. Il s’y sent bien avec ce groupe d’amis, un peu les rois du monde. Il a l’impression que tous les problèmes ne sont qu’insignifiants, que la vie est là pour profiter et se moquer de tout, qu’importe car demain est un autre jour après tout. Et Alan, il suit parfaitement cette idée. De toute façon, il est là pour oublier, pour zapper la pression de son travail, de son frère, des différents dossiers. Alors, il compte bien profiter jusqu’au bout de la nuit. Mais avant tout ça, il faut bien se resservir une pinte au comptoir. Il attend donc devant, le serveur étant plutôt occupé. Il regarde les gens autour de lui, et surtout sa voisine qui attend aussi sa bière, pense-t-il. Bien mignonne, beau petit sourire. Il en faut pas plus à Alan pour avoir envie de lui parler. Pourtant, quelque chose le tracasse, il a l’impression de la connaître, de l’avoir déjà croisé. Il n’arrive pas à mettre un nom sur le lieu, ni une explication de cette drôle de sensation qu’il retrouve beaucoup trop ces derniers temps entre sa colocataire et elle. Alan en a donc marre d’être dans le flou. Il se lance alors, il va lui parler, et lui demande directement. De toute façon, il avait bien envie de parler à ce joli sourire, et ça peut être une belle entrée en matière. Il se dit qu’il trouvera forcément une solution pour retomber sur ses pattes. Enfin.. en théorie. La jeune femme vient de lui dire d’où ils se connaissent. Et les neurones du Hopkins se connectent enfin. Oui, il l’a déjà vu. Jamais en vrai. Via cette application, via BBT. Ils avaient matché, échangé quelques messages, puis plus rien. Pas qu’il n’était pas intéressé, ça non. Mais parce qu’il était passé à autre chose, qu’il avait oublié, qu’il n’y pensait plus. Ce n’était pas méchant, c’est juste comme ça, il y prend pas trop au sérieux ce jeu d’application de rencontre. « Oh mais oui, l’anglaise ! » prononce-t-il avec un grand sourire, content quand même de la voir en vrai. « On peut dire que je maîtrise l’art de filer à l’anglaise du coup, non ? » finit-il en riant avec un clin d’œil. Il n’est clairement pas certains que la blague passe*. Il faut vite changer de sujet, passer à autre chose, éviter de faire durer le petit malaise de la blague.  « Bon, sinon, tu viens retrouver tes origines avec une pinte parce que la pluie te manque trop ? » Ils avaient parlé de pluie, de nuit de noce sous les plaids, alléchés par le goût d'un chocolat chaud ou d'un thé, noce adoucie aussi par la berceuse des goûtes d’eau qui tombent sur le vélux. Et Alan trouve ça judicieux d’y revenir, peut-être même mieux que sa blague d’avant, finalement.

*Et Popo aussi hein, j’ai honte d’écrire ça

Au bar, ils avaient retrouvé avec Logan des amis de leur promo. Ce n’était pas forcément les meilleurs amis de l’anglaise, mais elle aimait partager quelques verres avec eux. Ils vivaient la même chose avec ses camarades. Certains avaient comme majeur l’art, d’autres l’histoire, Max elle avait les deux. Elle était capable de passer une journée sans relâche à travailler sur ses cours, alors se détendre en fin de journée avec un verre c’était important. Enfin c’était toujours plus qu’un verre pour Max. Souvent c’était au moins deux et parfois bien plus et elle se réveillait le lendemain avec la tête embourbée par l’alcool. Elle le savait Max que deux pintes et c’était le début d’une grosse soirée, pour autant ce soir elle s’en moquait. Elle voulait une deuxième pinte, et elle se pressait au bar pour commander. Elle ne s’attendait pas à tomber sur ce mec de l’appli. Sa tête, elle s’en souvenait par contre de son prénom c’était une autre histoire. Max ne se souvenait même plus de leur conversation, elle avait juste été agacée qu’il la snobe. Non mais, un peu de courage. Si elle ne l’intéressait pas pourquoi ils avaient matché ? Max s’en foutait un peu des applis de rencontre, mais elle n’aimait pas perdre son temps. Et là clairement c’était du temps perdu. Lui il avait l’impression qu’ils s’étaient déjà rencontrés. Max elle n’appelait pas ça une rencontre. Il n’y avait rien eu que quatre messages. Elle soupirait, vexée qu’il ne se souvienne pas. Oui, elle avait perdu son temps. Une fois qu’elle lui remit le contexte tout lui revenait à mesure que les sourcils de l’anglaise se fronçait. Oui, elle était anglaise et alors ? Il n’y avait rien de plus agaçant que d’être identifiée par ses origines, même si elle était très fière d’être de Londres. C’était sa petite fierté, il n’y avait pas meilleur endroit sur terre que la capitale de tout le Royaume-Uni. Finalement, heureusement qu’elle ne l’avait pas raconté parce que sa blague ne la fit vraiment pas rire. Elle haussait même un sourcil. « C’est censé être drôle ? » Il était dans la panade Alan, parce que Max elle avait décidé de sortir son pire caractère. Têtue, bornée, insupportable et catégorique. A présent, Alan faisait partit de la catégorie des trous du cul. Puis il s’enfonçait, même si Max n’avait pas comprit les références à leur conversation. « Bonne soirée ! » Répondait-elle les yeux au ciel. Sauf qu’elle ne pouvait pas fuir parce qu’elle attendait sa pinte. « Enfin bonne soirée une fois que j’aurai récupérer ma pinte. » Oui, l’effet wow de sa chute tombait un peu à l’eau à cause de la lenteur des serveurs.

Croiser cette fille de l’application de rencontre BBT est vraiment le fruit du hasard. Enfin, pas spécialement, ils semblaient tous les deux profiter de la vie, des soirées, des bars, ils auraient peut-être pu se voir bien avant. Ou même être au même endroit et au même moment sans le savoir. Et pourtant, leur rencontre est bien là, au Hendrix, à une sortie assez classique. Lui avec ses amis de faculté, elle peut-être aussi ses potes. Alan n’en sait trop rien mais ce n’est pas grave. Il ne cherche pas non plus à se soucier de ça. A la place, elle l’attaque sur le fait qu’il ne réponde pas à son téléphone. Ca lui est totalement sorti de sa tête. Il est dessus quand il a le temps, et des fois, il zappe. Il ne prend pas vraiment cette application au sérieux, au contraire de la jeune femme, dirait-on. Et il en profite pour plaisanter un petit peu, sur ses origines. Il trouve ça marrant, et sûrement pleins de personnes auraient ri mais visiblement pas elle. Il tire une moue un peu triste suite à sa réflexion. « D’habitude, j’ai plutôt un bon public. » continue-t-il toujours dans l’ironie en haussant les épaules. Finalement, heureusement qu’ils ne se sont pas date, il n’aime pas les gens qui ne rient pas. Mais d’un autre côté, elle est vraiment charmante l’anglaise, c’est vrai. Il peut bien la reconnaître, alors il continue la conversation, espérant peut-être la faire rire. Et toujours pas, la voilà qu’elle lève les yeux au ciel. Alan rit un peu à la situation. Pour le coup, il la trouve drôle. Enfin, ce petit enchaînement de situation entre le le bonne soirée et l’attente de la bière. « Hé, vas pas plus vite que la musique ! C’était que des blagues, hein. » finit-il par lui dire, pensant que ça allait améliorer la situation. De toute façon, il n’a jamais vraiment été doué pour apaiser les choses, il est trop dans la confrontation, Alan, trop sûr de lui, trop dans l’envie d’être au mieux. Ce n’est pas le gars qui va tout faire pour que ça se calme, loin de là. Et puis, il réfléchit rarement avant de parler, donc cela n’aide pas. Quelques secondes passent, il y a un peu plus de monde, les serveurs doivent être en speed, ou pas, il en a clairement aucune idée sur ce travail-là. La jeune femme est toujours en face de lui, et Alan rit toujours la voyant impatiente de recevoir sa pinte. « Je vais pas attendre en silence, c’est mal me connaître, tu sais, maintenant que t’es devant moi, pour de vrai, on peut vraiment échanger. » dit-il en essayant de sortir son plus beau sourire charmeur. Pas certain que ça fonctionne mais vu comme il rame, il tente le tout pour le tout.  « C’est plus agréable que via un écran, non ? »

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Max n’était pas le genre de femmes à se prendre la tête sur les applications de rencontre. C’était même tout le contraire, alors sa réaction vis-à-vis du blond était assez inattendue. Mais à ce moment-là, elle avait peut-être un peu trop espéré, alors qu’ils ne s’étaient pratiquement rien dis. Elle avait voulu oublier Orso, et Alan avait échoué parce qu’il lui avait lâché un vu sans jamais lui répondre. L’égo de Max était malheureusement bien trop présent – on dirait une française. Puis elle s’était fait un avis négatif sur lui. Il était difficile à présent pour que Maxine change d’image. C’était dans sa nature de juger et elle avait du mal à accepter ses torts. Surtout que le jeune homme essayait l’humour, certes très douteux, pour créer du lien avec Maxine. La jeune femme haussait un sourcil à cette blague – enfin à cet essai. « Ton public ne doit pas avoir le sens de l’humour très aiguisé. » Répondait-elle tout simplement. Filer à l’anglaise n’était pas si bien trouvé, parce que sur les quelques échanges qu’ils avaient eu, elle lui avait parlé de ses origines. Il se souvenait quand même un peu de leur conversation puisqu’il tentait une nouvelle fois l’humour sur un sujet dont ils avaient parlé. C’était trop pour Max, elle n’avait pas envie de lui parler, trouvant la situation finalement un peu humiliante. Même si elle ne mettait pas tous ces espoirs dans les applications de rencontre, elle s’était posée la question de pourquoi il avait arrêté de lui parler. Est-ce que finalement il ne la trouvait pas jolie ? Est-ce qu’en échangeant quelques mots il ne la trouvait pas intéressante ? Alors elle coupait court à la conversation, sans pouvoir s’enfuir puisque les barmans prenaient leur vie pour servir une simple pinte. Et ça le faisait rire. Max soupirait. « Je n’aime pas les blagues ! » C’était faux, mais elle voulait qu’il comprenne qu’il n’y avait aucune chance et aucune raison pour qu’elle continue cette conversation. Alors le silence s’instaura entre eux, et Max s’agaçait, mais trouvant la situation presque amusante. Son effet de drama queen tombait à l’eau. Alors ils étaient face à face, sans se parler mais ils s’observaient de temps en temps. Elle soupirait. « De toute façon dire bonne soirée sans partir ça enlève tout le côté punchy de l’action. » Disait-elle en levant les yeux au ciel pour elle-même, contre elle et pas contre lui. Il la charmait, et Max l’observait peu convaincue par ce moov. « T’as loupé ta chance, ça ne sert à rien de me sortir tes atouts de séducteur. » Atouts qui pouvaient être convaincants. Pauvre Alan, il n’était pas tombé sur la moins farouche. Elle posait son coude sur le comptoir. « Si tu ne m’avais pas ignoré, on serait allé où pour le date ? » Demandait-elle curieuse. De toute façon, elle attendait son verre, il n’avait plus aucune chance, pourquoi ne joueraient-ils pas un peu finalement ?

Il lache un rire, Alan. Elle a de la répartie, cette fille. Et ça lui plaît, ça, Alan. Il ne s’ennuiera pas avec elle. Presqu’il regretterait de ne jamais lui avoir répondu. Presqu’il s’en veut de passer à autre chose aussi rapidement. Il aurait passé un bon moment en sa compagnie, il en est certain maintenant. « C’est vrai, l’humour anglais est toujours bien difficile à maîtriser. Je promets de m’améliorer, apprends-moi votre subtile humour ! » continue-t-il sur les origines de la jeune femme. Ça pourrait faire lourd, c’est vrai. Mais il s’en fout, Alan. Après tout, il aime bien ce petit jeu. Il aime bien rire de tout, aussi. C’est sûrement très maladroit, sûrement la fille partira loin, et se trouvera nul quelques temps. Mais bon, maintenant que c’est dit il ne peut rien faire de plus. Et il continue un peu, en se moquant gentiment d’elle. Il la trouve vraiment charmante, pleins de caractères. Et elle le remballe. Aïe, ça fait un peu mal à l’égo d’Alan, il faut l’avouer. Il arrive souvent à faire sourire les femmes, et il drague comme ça. Et si elle n’aime pas les blagues, c’est raté. De toute façon, ça fait redescendre un peu l’enchantement qu’elle a lancé sur Alan. Une femme pas fun, ça ne lui plaît pas. Il veut rire quand même avec ses conquêtes, il ne suffit pas d’être jolie pour vraiment lui plaire. Et peut-être que l’anglaise est juste jolie. Ils se regardent donc comme ça, se demandant presque chacun ce qu’ils font encore l’un en face de l’autre -à part attendre ces satanées bières. Finalement, Alan brise le silence. Autant la connaître un peu plus, maintenant qu’elle est là, maintenant qu’ils se voient. Peut-être qu’il pourrait devenir bon potes. Ou peut-être qu’elle s’avère être fun, qu’elle se donne juste un air, un mauvais caractère. Il préfère lui laisser sa chance (surtout à son joli visage) et puis, il n’aime pas les longues situations où il se passe rien. Il tente donc ses meilleurs atouts de séducteur, son sourire pour ponctuer sa phrase. Puis, un deuxième suite à sa réflexion. « Dommage, car c’était une très bonne blague, pour le coup. » hoche-t-il les épaules en riant légèrement. « Oh, dommage alors, comment on te muguette donc? » demande-t-il curieux. Il sait qu’il va se prendre une réflexion. Il le sait. Déjà rien que pour le mot qu'il utilise. Mugueter, quelle drôle d'idée. Il a lu ce mot, plus tôt, dans son livre, et voilà qu'il l'utilise devant la première femme charmante ! Pourtant il en joue, de tout ça. Et il aime ça. Après tout, à quoi sert la vie si ce n’est pas un grand jeu. Et hop, à son tour de poser une question. Oh, wow. Il aime bien sa question, elle est cool, elle est bien. « Si je te dis, boire un verre, ça aurait été trop simple pour toi, tu mérites mieux. Laisse-moi réfléchir. »Il fait semblant, il adore ça. Il s’amuse de la situation, d’eux, d’elle. « Hum… dans un stand up. Ouaip. On irait là-bas, tu découvrirais que tu aimes bien les blagues finalement, puis, on finirait la soirée à rire du spectacle sur la plage. Qu’en dis-tu ? Plus originale que le cinéma, plage, parc, verre, non ? » propose-t-il en voyant le verre de la jeune femme arrivée. Il espère qu’elle trinquera avec lui, qu’elle ne partirait pas maintenant que le service est fait.

Max elle avait vraiment un caractère de merde, on pouvait le dire. Vexée dans son égo, elle ne laissait aucune change à ce mec, même s’il faisait tous les efforts du monde pour la faire rire. Max pourtant c’est un bon public, même si elle préférait les blagues avec une certaine logique ou intelligence, des beaux jeux de mots que des expressions déjà toute faites. Mais il faisait l’effort et il mettait en avant ses belles origines. Il ne la connaissait, mais il savait déjà comment la faire changer d’avis. Flatter son égo d’anglaise. Max restait quand même très têtue, il n’y arriverait pas facilement, mais elle se détendait un tout petit peu. « Oh l’humour anglais c’est dans les gênes, tout le monde ne peut pas maîtriser à perfection ce talent exceptionnel. » Disait-elle avec un faux accent bourgeois en donnant un coup dans ses cheveux avec ses mains, pour rire. Ça la fit même sourire Max. Elle préférait ses blagues finalement. Pauvre Alan, il avait peut-être mieux fait de ghoster la pestouille Maxine, parce qu’il ignorait que l’anglaise pouvait être une teigne. Heureusement pour lui, elle avait déjà bu une pinte, ça lui permettait de se détendre un peu plus. Surtout que Max avait besoin de se détendre, ces derniers mois avaient été compliqués pour la jeune femme. Elle n’en voulait pas tant que ça à Alan, ça ne faisait pas plaisir de se faire ghoster, mais Max ne vivait pas pour plaire aux autres. Très vite, elle avait oublié cette histoire, jusqu’à ce soir. Elle avait tenté une escapade, mais les barmans étaient bien trop lents pour servir une pinte. Ils manquaient clairement d’organisation, ça méritait que deux étoiles sur google avis. Max c’était le genre de personnes à mettre des avis, mais que les négatifs et vu ses exigences ça arrivait souvent. Alan revenait sur la blague, défendant son humour. Cette ténacité la fit sourire. « Si déjà tu te fais rire c’est un bon début. » Imaginez vous faites des blagues qui ne vous font pas rire, à quoi ça sert ? La vie était déjà assez dur comme ça, si on ne riait même pas à sa propre vie et ses propres blagues ç’aurait été encore plus triste. La question que posait Alan étonnait Max, surtout les termes utilisés. Ça la fit légèrement rire, mais pas trop non plus, faut pas qu’il se sente des ailes poussées. « Oh wow, dis moi tu viens du passé ou quoi ? » Si c’était le cas, il gagnait des points parce que Max aimait tellement l’histoire. Elle lui demanderait de compter son époque. « Je ne vais quand même pas te donner les clés pour me muguetter, à toi de trouver. » Elle lui souriait, lui donnant un défi. Elle ne lui donnait pas de réponse à sa question, préférant lui demander ce qu’il aurait proposé comme premier rendez-vous. L’humour aurait été de la partie, avec un spectacle de stand up. Il aurait remarqué que Max aimait bien trop rire. « Bien plus original, mais dans ton plan on aurait quand même finit sur la plage, donc je dirais que c’est mi-original. » Max toujours le mot pour critiquer, mais ça faisait partie de sa personnalité. Il gagnerait des points Alan, s’il arrivait à clouer le bec de l’anglaise. Les verres arrivaient au même moment et Max récupéra le sien. Il n’y avait plus aucune raison pour elle de rester là, près de lui. Elle se retournait pour retrouver ses amis. Mais elle se retournait. Pourquoi pas finalement de continuer parler à ce mec ? Puis elle perdait quoi ? Au pire elle ne le reverrait. « Ok, si on était en date là, on ferait quoi maintenant ? » Elle le défiait du regard, un peu, voir si finalement il était quand même un peu intéressé par elle, ou pas du tout. Surtout que Max n’avait pas donné le meilleur de sa personne pour lui donner envie de plus la connaître.

Alan lâche un petit rire, elle a raison, l’anglaise. Il n’a aucun gêne anglais. Ou peut-être ancien, très ancien. Mais cela ne change pas, il n’a pas grandi dans la culture anglaise, il n’a pas développé leur sens aigüe de leur humour. De toute façon, l’humour australien lui plaît beaucoup plus en général, l’ironie, les petites blagues entre collègues en dissimulant des serpents ou autres dans les affaires. Le cynisme anglais est peut-être un niveau trop au-dessus, pour lui. Pourtant, Alan est disposé aujourd’hui, enfin ce soir, à apprendre. Quitte à attendre des bières, autant qu’il devienne le meilleur humouriste du monde. « Ca tombe bien, j’ai toute ma soirée pour apprendre s’il le faut. Je peux m’entraîner dur, l’anglaise. Peut-être que mes ancêtres viendront m’inspirer même. » propose-t-il. Il aimerait que tout soit reste une proposition, qu’ils n’aillent plus loin. Il ressent qu’ils partagent pas le même humour, et ça bloque un peu Alan, malgré le beau visage de la jeune femme. Pourtant, les serveurs en ont décidé autrement. Toujours pas leurs bières en face. Et ça a tendance à énerver Alan, aussi. Mais bon, au moins, ils leur offrent leur chance de se connaître un peu plus, lui et l’anglaise. « Prochaine étape, te décrocher un sourire et j’aurai tout gagné. » acquiesce-t-il. Et pour cela, il lui demande comment on pourrait la draguer, comment il pourrait s’en sortir, en utilisant du vocabulaire d’un ancien temps. Ca le fait rire, et ça lui plaît l’idée de penser que la littérature pourrait l’aider à draguer. C’est amusant comme concept, et original. « Ou peut-être que seulement Dickens est mon ancêtre. » continue-t-il en évoquant encore une fois ses origines anglaises même s’ils se doutent bien que ses ancêtres devaient déjà être en Australie à cette époque-là. « Défi dûment accepté. » prononce-t-il avec son petit sourire en coin, encore, comme d’habitude. Ce petit sourire qu’il ne quitte pas, surtout quand il s’amuse à plaire, à courtiser. C’est donc à son tour de vendre un petit date qui pourrait peut-être lui plaire. Il essaye tant bien que mal, quelque chose d’original, mais pas trop par peur de la perdre totalement. « Un demi-point pour le jeune Hopkins. » finit-il sa phrase. Il n’a pas eu le temps de surenchérir, les bières sont déjà présentes. Il commence à se dire qu’il voit un peu plus qui est l’anglaise, comment elle se comporte. Et ça lui plaît, un peu plus que son côté pas fun du début. Ca le tente d’aller plus loin, de continuer à discuter avec elle. Puis de toute façon, il aime les défis et il est rare de le voir abandonner. Il est heureux d’entendre qu’elle continue à lui poser des questions. Un sourire se dessine alors automatiquement sur ses lèvres, pas un sourire forcé cette fois-ci, pas un sourire de charmeur, un sourire naturel, tout simplement. « Déjà, on boira cette bière amplement méritée. » commence-t-il en insistant sur l’adverbe et en apportant la boisson à ses lèvres. « Puis, pour la finir, on va pas faire que discuter, non, c’est chiant, je te l’accorde et je vois que madame préfère l’original, inutile les discussions bateaux voyage, sport, métier. » accentue-t-il d’un mouvement de gauche à droite de la tête. « Quitte à ne pas avoir de spectacle de stand-up, on pourrait écrire une phrase chacun. Une histoire, drôle, ensemble. Ca nous laisse le temps de finir les bières, de rire, de juger qui est le plus fun entre nous deux. Puis, par la suite on verra si les serveurs sont lus compétents ou pas. » propose-t-il avec un clin d’œil. « Alors mademoiselle l’anglaise est partante ? » désigne-t-il un coin de table disponible, avec deux chaises, assez rare et exceptionnel vu le monde de ce soir.

Blesser Max dans son égo, c’est se promettre un avenir d’embuche face à elle. L’anglaise est trop rancunière, têtue, et on va pas se mentir insupportable pour accepter toutes les épreuves. Alan, elle ne lui laissait pas de chances, offrant son plus beau masque d’insupportable miss-je-sais-tout. Il était bien courageux d’essayer, ou tout simplement les barmans avaient décidé de se mêler. Elle le regardait quelques secondes en silence avant de se lancer. « Merci de vouloir faire l’effort, mais ne t’inflige pas tant de mal. » C’était sympathique de la part de Max, même si ça semblait froid. C’était sa façon de dire qu’il n’avait pas besoin d’essayer, parce que malheureuse c’est un talent, tout le monde ne l’a pas. Elle baissait un tout petit peu les barrières lui offrant la possibilité de se racheter s’il la faisait rire. Max allait se mettre à fond dans le jeu, et surtout ne pas rire. « Si je rigole je paye la prochaine tournée, sauf si on meurt déshydraté à cause de l’attente. » Ils devaient à ce comptoir depuis un petit moment maintenant. Il était assez mignon ce mec, surtout quand il souriait naturellement, sans ajouter des tonnes d’artifices pour plaire. Elle failli rire à sa remarque du siècle dernier, c’était un comble, elle aurait perdu si vite. Il ne la connaissait pas, mais il pouvait vite trouver ses failles. Mentionner Dickens c’était déjà marqué des points. En tout cas, il lui faisait un peu oublier ses potes qui l’attendaient et la bière qu’ils attendaient. Max voulait savoir, s’il ne l’avait pas ghosté, qu’auraient-ils fait ? Autant elle aimait la première partie, autant aller sur la plage c’était un peu la base en Australie. Max ne trouvait pas forcément très original. « Un demi-point c’est déjà bien. » Répondait-elle en souriant. Finalement les breuvages arrivaient. « Ah bah enfin ! » A présent, elle pouvait retourner vers ses potes, mais à la place elle continuait son interrogatoire ouvrant une porte pour continuer cette conversation. « J’espère qu’elle vaut l’attente ! » Oui elle était amplement méritée, ils avaient intérêt à la déguster. « Oh please pas la conversation voyage, sport métier ! » Elle ne pouvait être que d’accord avec lui. Le programme lui plaisait bien, surtout s’ils inventaient une histoire drôle. Elle lui souriait, mais se dirigeait vers la table qu’il lui avait proposé pour s’asseoir, lui signifiant son accord. « Alors monsieur l’australien ? Tu as un papier ou un stylo pour écrire l’histoire ? » Demandait-elle en se moquant gentiment. Qui vient dans un bar avec le nécessaire ? En attendant, Max avait oublié de rejoindre son groupe et ça lui allait.

Joueur, Alan fronce les sourcils levant brièvement les yeux vers le ciel en réponse à la remarque  de la jeune femme. S’infliger du mal ? Pour pavaner et prouver qu’il est drôle ? C’est bien mal le connaître. Joueur dans l’âme, il est prêt à passer la nuit, s’il le faut, pour convaincre l’anglaise au’il maîtrise l’humour britannique et qu’il peut la faire rire. Il n’aime pas rester sur un échec, et puis surtout, il ne supporterait pas l’idée qu’on pense de lui qu’il est fade, peu amusant ou pire, banal. Impossible pour lui. « Tu seras surprise, je te le garantis » répond-il avec un petit sourire en coin. Ce besoin d’avoir le dernier mot, il le tient de ses joutes incessantes avec son frère, un art qu’il a su perfectionner et dont il ne se prive jamais. Il ne supporte pas tant que ça d’avoir tort, pas plus qu’il n’apprécie l’idée de laisser cette jeune femme sur une impression erronée. Et puis, il insiste. Il insiste sur son envie que la jeune femme rit avec lui. Il veut lui prouver qu’elle s’est trompée dans son jugement. Et, qui sait, peut-être qu’il se trompe aussi à son sujet. En effet, son visage est peut-être très jolie, mais elle donne l’impression d’être ennuyante et chiante à critiquer toute parole, et surtout, à ne pas savoir rire. Et si elle est bien comme elle se montre, cela voudrait simplement dire que son ghosting lui épargnait une déception et il écouterait sûrement plus le destin à l’avenir. Pourtant, Alan est content et se sent pousser des ailes quand elle lui laisse l’opportunité de la faire rire. Son sourire devient plus grand. Il va tout donner, c’est certain. Et tant pis pour ses amis qui doivent l’attendre, ça n’a plus tellement d’importance maintenant. L’objectif de sa soirée s’est transformée. Décrocher un sourire à la jeune femme, et rien d’autre. « Promis tu auras des crampes demain aux abdos à force d’avoir ri avec moi. » s’amuse-t-il. Puis, elle enchaîne sur comment il aurait pu la date. Alan propose quelque chose, de semi-original, pour déjà voir comment elle réagit à ça. Et puis surtout, il n’avait pas plus d’idées, c’est pour lui laisser un peu de temps de réflexion. Et elle lui accorde aussi un demi-point. Demi-original, demi-drôle, demi-point, c’est mérité. Alan bouge son bras en le pliant, point levé et en le descendant rapidement, symbole de la victoire, ironisant un peu la situation. Finalement, les bières mettent vite fin à la conversation avec leur arrivée. Mais la jeune anglaise continue à lui poser des question, ce qui ne lui déplait pas. Alors il lui indique une idée de suite, beaucoup plus atypique. Et cela enchante son partenaire. Alan sourit donc, fier de lui. Il suit automatiquement la jeune femme vers la table désignée, et s’y assoit. Et là. Erreur. Il doute d’avoir sur lui le matériel nécessaire. Il tâte son pantalon, sa veste et.. Ouf. Il y sort un stylo. Il est heureux d’avoir retenu cette leçon de son père, toujours avoir de quoi écrire sur soi. Il ne pensait pas que ça lui servirait dans de telles situations, mais bon. « Et de un ! » s’exclame-t-il. Il ne lui manque plus qu’à trouver un papier. Et une idée lui vient. Le bar propose toujours quelques flyers sur un coin de table pour s’informer sur les actualités de Bowen. Il se lève et en saisit quelques-uns. « Ca fera l’affaire ça. » acquiesce-t-il. « Cadavre exquis ou je te laisse le droit de lire ma phrase ? » Les deux lui vont. Un cadavre exquis peut amener plus de surprise, et le faire à découvert lui permettra de se surpasser pour essayer d’être meilleur qu’elle. Alors il lui laisse le choix. Et puis il lui tend le papier, le stylo. « Honneur aux dames. » dit-il une fois que tout lui est donné. Il lève après sa bière, la fait résonner avec celle de celle de la jeune femme avec un petit sourire, puis boit une gorgée, attendant qu’elle écrive sa fameuse phrase.