if one thing had been different, would everything be different today ? (jackson)

Tu hochas la tête. Tu comprenais que ça tenait à coeur à Perry. Tu savais à quel point ses enfants étaient importants pour lui, d’autant plus qu’il n’avait la garde complète que de Penny (qui n’était pas sa fille biologique). C’était une sacrée famille éclatée, celle de Perry, ce qui ne t’aidait pas à te faire sentir partie intégrante de cette famille-là, d’ailleurs. T’avais beau être le conjoint du papa, tu n’avais pas l’impression d’être le beau-père pour autant. Tu voyais pourtant aller le conjoint d’Aisling, la mère de Siobhan, et t’avais l’impression qu’il occupait une place importante dans la vie de Siobhan, alors ça te faisait te remettre en question par rapport à la place que tu pourrais prendre, mais que tu n’occupais pas. En même temps, t’étais dans le portrait depuis pas mal moins longtemps alors tu te disais qu’il fallait que tu te laisses le temps. Mais si t’avais un enfant avec Perry, ça changerait le truc, ton rôle serait clair. Tu te demandais toutefois si Perry souhaiterait être le père biologique de l’enfant, ou si t’avais peut-être la possibilité de pouvoir l’être, toi. Ça ne pouvait être qu’un seul de vous deux, ou alors ni l’un ni l’autre. Tellement de questions qui se bousculaient et ce ne serait pas aujourd’hui que vous pourriez y répondre. Tu voulais prendre le temps d’y réfléchir, à tête reposée - autant que possible, avec tout ce qui t’attendait. Le sujet dériva vers le Cirque du Soleil, parce que là-dessus aussi il y avait beaucoup de choses à réfléchir. Cette tournée impliquait forcément une relation à distance alors ce n’était pas rien. T’avais beau avoir des pauses entre chaque ville visitée, c’est vrai qu’au final, sur une année complète, ça ne représenterait qu’entre cinq à huit semaines de congé, de retour à Bowen. Éparpillées par-ci par-là au fil des saisons. Ce n’était pas beaucoup. « Je sais … » Admis-tu tristement alors que Perry affirmait que tu serais trop loin quand même, malgré le fait que ce soit une tournée australienne. Ton regard se réjouit un peu quand il affirma qu’il viendrait, avec les enfants des fois. « Oui, c’est sûr qu’ils aimeraient. J’essaierai de vous avoir de bons billets si vous venez. » Tu savais que t’aurais accès à des rabais, peut-être même que tu pourrais réussir à leur avoir une invitation à une soirée VIP, bref il s’agissait d’avantages que tu pourrais peut-être avoir en étant dans le spectacle. Tu n’avais pas encore tous les détails. Tu rencontrais quelqu’un pour finaliser le contrat et les autres formalités dès lundi matin, avant de débuter la semaine d’entraînement. Ton petit ami proposa de prendre les desserts pour emporter, afin de vous dépêcher à retrouver une intimité, puisque cette dernière vous manquerait cruellement, dans l’année à venir. « Bonne idée. » Perry interpella le serveur dès qu’il passa à côté de vous, et une fois vos plats emballés et payés, tu le suivis à l’extérieur du restaurant chic. « Je t’aime, tu sais. C'est quoi, une petite année, si on a le restant de nos vies ensemble après ? » Lui lâchas-tu en attrapant sa main libre, une fois sur le trottoir.

Dans la tête de Perry, une année c’est une infinité. Il ne voit pas plus loin que le bout de la semaine, alors une année, ça lui semble si loin. Et finalement, depuis qu’ils se connaissent ils n’auront jamais passé autant de temps loin l’un de l’autre, même quand ils se sont séparés ce n’était pas aussi long, et puis ils n’étaient pas loin, juste un bout de la ville à traverser et c’était bon s’ils voulaient. Mais là, si Perry décide sur un coup de tête de rendre visite à son petit-ami, l’acrobate, ça demande une logistique plus importante. Et encore, le prix n’est pas un problème, il pourrait prendre un avion hors de prix à la dernière minute, il ne doit pas falloir plus de quelques heures pour rejoindre une des villes. Mais aussi étonnant que ça puisse paraître, il ne peut pas vraiment s’absenter à la dernière minute, surtout si c’est pour quelques jours. Il doit gérer ses rendez-vous, les enfants et la logistique ce n’est pas son fort mais bon, là il pourra faire une exception quelques fois s’il se dit qu’il ne pourra pas tenir jusqu’au retour de Jackson. Dans sa tête il n’y est pas du tout, au moment où il ne sera plus là et où il se retrouvera tout seul dans son lit, tous les soirs de la semaine, ça va faire un vide c’est sûr. Mais Perry a la capacité de se concentrer sur le positif et laisser le négatif dans un coin de sa tête pour plus tard, ce plus tard n’arrivant pas des fois, alors il pense aux représentations de Jackson qu’il pourra aller voir avec ses enfants. « Ça te perturbera pas trop si j’suis au premier rang ? » demanda-t-il avec un sourire. Le bon côté des choses c’est que ça leur ferait de bons souvenirs, aux enfants aussi, aller voir le cirque du soleil ce n’est pas rien et un voyage à l’autre bout du pays aussi. Mais avant de penser à l’autre bout du pays, Perry pense à Bowen, tout de suite et le temps qu’il leur reste alors il propose de garder leurs desserts pour plus tard et partir. Ceux-ci sont rapidement emballés et l’addition payés. Une fois dehors, Jackson tente de le rassurer en lui disant qu’une année à l’échelle d’une vie, ce n’est pas grand-chose. Sauf que Perry ne raisonne pas du tout comme ça, il ne sait pas s’il passera toute sa vie avec son petit-ami actuel, il ne voit pas loin comme ça, il ne voit que le présent et le futur proche, et dans le futur proche de dans deux jours, il n’est plus là Jackson, c’est tout ce qui compte pour lui. « C’est une petite année vachement longue. » Il va lui en falloir plus pour réussir à digérer la nouvelle. « Mais on a une longue nuit devant nous. » dit-il en se tournant vers Jackson pour l’embrasser. « Tu crois qu’tu voudras encore de moi quand j’vais être trop nul parce que j’supporte pas la relation à distance ? » Parce que depuis qu’ils sont ensemble et encore plus depuis qu’ils se sont remis ensemble, il a fait beaucoup d’efforts mais avec la relation à distance, il a l’impression de repartir de zéro et de redevenir un petit-ami tout pourri, d’autant plus qu’il ne pourra pas compter sur ses compétences au lit pour rattraper le truc.

Pour le moment, l’excitation se mêlait bien trop à la tristesse de devoir laisser Perry derrière pendant un an. Ton chagrin était dilué. La fierté et l’agitation prenaient une plus grande place que tout le reste. Ce ne serait qu’une fois là-bas, sans doute, après quelques spectacles, quand la hype se serait stabilisée, quand la routine se serait installée, que tu prendrais conscience d’à quel point il te manquait, à quel point il te manquerait, pendant une année complète. C’était long, oui, dix ou onze mois, loin de lui, loin de ta moitié. Même alors que vous n’étiez pas officiellement ensemble, vous passiez tellement de temps scotchés l’un à l’autre. C’était encore pire depuis ce nouvel an à Chamonix. Tu comptais davantage de nuits à ses côtés que de nuits seul dans ton lit et ce, malgré votre séparation de quelques mois l’année dernière. Là, tu t’endormirais à tous les soirs dans un lit impersonnel de chambre d’hôtel, sans lui. Ce serait froid, ce serait grand, ce serait vide. Tu préférais ne pas y penser. Le bonheur de partie en tournée, c’était plus agréable que les angoisses du coeur. Et puis, il viendrait te voir. Il te l’assurait. « Je ne regarde jamais le public, quand j’suis en représentation … Je le vois sans le voir. » Parce que ouais, sinon, ça te perturberait sûrement. De toute façon, avec toutes les lumières rivées sur toi et la noirceur du reste des chapiteaux, généralement, même en essayant d’y voir quelque chose, tu ne verrais rien. En plus, t’étais en hauteur en train de faire des pirouettes aériennes, alors ton regard ne se dirigeait pas nécessairement vers les premières rangées de spectateurs. Ça pouvait arriver, à l’occasion, quand le numéro impliquait quelques passages au sol, que tu puisses prendre le temps de scruter un peu les alentours, mais tu ne le faisais pas. Tu restais dans ta bulle. Et là, tu resterais dans ton rôle, puisque tu jouerais un personnage, en quelque sorte. Bref, impatients de vous retrouver rien que tous les deux et de profiter de chaque seconde, Perry proposa de ramener les desserts à la maison et de partir. T’acceptas, évidemment, sans t’obstiner. Une fois dehors, t’essayas de rassurer et de consoler Perry, en vain. Tu fis la moue quand il réitéra que ce serait une petite année vachement longue. Il vint t’embrasser mais revint sur le sujet en disant qu’il serait nul, à ne pas supporter la relation à distance. Tu serras sa main dans la tienne. « J’vais te faire des FaceTime à tous les jours. En fait, c’est toi qui en auras marre de mois, après quelques semaines. » Lanças-tu, comme une promesse. « Et si même avec ça t’as du mal à supporter la distance et que t’es un peu bougon tout le temps quand on se parle … Oui, j’voudrai encore de toi. J’attendrai autant impatiemment qu’toi, de t’revoir. » Tu l’embrassas, puis tu commenças à marcher, en direction de … bah, tu savais pas vers où, en fait. « On va chez toi, ou chez moi ? »

A présent Perry sait qu’il peut s’incruster à une représentation de Jackson sans que celui-ci ne s’en rende compte, même s’il s’assoit au premier rang. En même temps ça se comprend, il a autre chose à penser que de regarder le public et en plus ça ne doit pas être hyper simple de discerner des têtes en hauteur avec des lumières sur sa tête. Il est déjà allé le voir quelque fois au cabaret mais à chaque fois il était plutôt resté dans le fond, qui se trouve être, pure coïncidence, près du bar. De toute façon ce genre de trucs c’est mieux un peu de loin sinon on passe son temps la tête en l’air, ce qui n’est pas très agréable. Perry pourra découvrir un nouveau numéro de son petit-ami en allant le voir en spectacle et ça lui fait plaisir, même si honnêtement il préfère le voir perform en drag qu’en temps qu’acrobate, mais il l’aime dans tous les cas. Et puis il préfère le voir partir en tournée avec un cirque plutôt que de faire drag race et se retrouver entouré de mecs gays beaucoup trop stylés, il serait bien jaloux, même si au crique aussi il doit en avoir des mecs gays plutôt pas mal, il essaie de ne pas y penser et il se rassure en se disant qu’ils sont sans doute moins bien que lui (il fait comme il peut !). Mais pourtant il ne sait pas bien comment il réagira à la distance, il préférerait ne pas du tout y penser mais il a bien peur d’agir encore comme un petit-ami nul alors qu’il s’était bien amélioré sur la question mais Jackson le rassure bien comme il faut, parce que s’il y pense deux minutes, Perry se dit qu’il va aussi lui manquer, même s’il sera en train de vivre le rêve de sa vie, il sait que son petit-ami est vachement attaché à lui, et si ça le faisait flipper à une époque, là ça le rassure pas mal. « C’est vraiment cute. » dit-il avec un sourire. « On verra qui ignore les calls de l’autre en premier. » Il espère aucun, il ne serait pas saoulé de voir la petite tête de Jackson apparaître sur son écran et si en plus il a le bon goût de faire un plan un peu plus large en étant torse nu, c’est certain qu’il ignorera aucun des appels on purpose (parce qu’il a quand même un boulot, trois enfants et des amis). « Chez toi, on sera plus tranquille non ? » Et il ne parle pas de tranquillité pour chiller tranquille sur le canapé, nan plutôt de tranquillité pour pouvoir profiter de leurs derniers instants de proximité avant un bon bout de temps. « D’ailleurs tu vas garder ta chambre ? » Il suppose que c’est un peu trop tard pour faire ses cartons et rendre les clefs mais vu qu’il ne sera pas là pendant un an globalement, garder son chez lui et payer un loyer pour rien ne semble pas vraiment utile.

Heureusement d’ailleurs, que tu ne te laissais pas distraire à essayer de discerner tous les visages dans le public. T’avais besoin d’une concentration assez intense, lorsque t’étais dans les airs. Une erreur était si vite arrivée, et pour toi, cela signifiait de parfois éviter une chute mortelle. C’est ce qui te faisait flipper le plus, en fait, dans cette histoire de Cirque du Soleil. Au cirque Cirkaös ou bien au Cabaret Delirium, les installations ne permettaient pas d’être si haut que ça, dans les airs. Pour avoir vu pas mal de représentations du Cirque du Soleil, tu savais que ça pouvait aller autour du quinze mètres au-dessus de la scène. Évidemment, tu ne partagerais pas cette information avec Perry, et encore moins tes craintes. Il risquerait de s’inquiéter à chaque représentation, probablement avec raison, alors avec la distance entre vous, t’éviterais. Pendant vos appels FaceTime, tu tâcheras de ne lui raconter que le plus beau, et les détails croustillants du reste du staff. « À moins d’être sur scène ou en répétition, j’vois pas pourquoi j’ignorerais tes calls. » Tu souris. En même temps, qui sait ce qui t’attendait. Peut-être qu’il y aurait quelques sorties avec les autres artiste, ou peut-être que t’aurais envie de visiter un peu les villes où tu te trouvais et que tu ne répondrais pas forcément tout le temps à ton téléphone, ou alors tu serais tellement brûlé de tes spectacles que tu passerais le plus clair de ton temps à dormir. Tout ça, tout ce qui t’attendait dans la prochaine année, c’était de l’inconnu. « Ouais, surtout que Charlie est à l’hôpital ce soir et cette nuit, j’pense bien. On aura la maison à nous. » Tu pris donc la direction de ton chez-toi, qui ne serait bientôt plus ton chez-toi. « Non, enfin, si, mais j’pense la sous-louer. Ça se fera peut-être pas dès le premier mois mais Charlie m’a dit qu’elle pourrait gérer les visites et tout. Après tout, c’est elle qui va vivre avec la personne, alors j’lui donne le droit de véto. » Évidemment que Charlie était déjà au courant de ton départ. Tu vivais avec elle, elle avait été la première à le savoir. Perry était le deuxième.

Aucun des deux ne partaient pour ignorer les appels de l’autre, planifiant des facetime réguliers, à presque se parler plus que ce qu’ils font actuellement. Mais dans les faits qu’en sera-t-il ? Est-ce que cette idée qu’ils ont restera-t-elle ou bien est-ce qu’ils vivront leur vie chacun de leur côté, prenant des nouvelles moins régulièrement ? Est-ce que leur relation finira par s’essouffler à cause de la distance ? Impossible à dire et Perry ne se lance pas dans des pronostics, il vit trop dans le présent pour penser à tout ça, même s’il pense bien sûr au fait que son petit-ami ne sera pas là pour un an globalement, ça il a un peu du mal à faire abstraction. Et puis si ça match pas à distance c’est peut-être qu’ils ne sont pas faits pour matcher tout court, ça précipitera seulement les choses. Mais il reste encore quelques heures à Jackson avant qu’il ne parte pour l’autre bout du pays, quelques heures à rentabiliser comme il faut, à savoir en profitant de l’intimité qu’il leur reste, intimité qu’ils auront davantage en allant chez l’acrobate que chez Perry où se trouver seul à l’appartement est mission impossible. « Parfait ! » dit-il avec un sourire en apprenant que Charlie ne sera probablement pas là et donc qu’ils seront seuls pour faire leurs bêtises. Perry profita de la conversation pour demander ce que son petit-ami compte faire de sa chambre. Pas la rendre en tout cas mais plutôt la sous-louer, mais ce n’est pas cette réponse qui retint le plus l’attention du jeune homme mais plutôt le fait que visiblement Charlie a appris la nouvelle avant lui, lui qui pensait être le premier au courant, le premier à qui Jackson annoncerait ce genre de trucs, faut croire que non. Peut-être qu’il lui avait même dit avoir postulé pour le cirque du soleil ? Peut-être qu’ils en parlaient tous les deux ? Il lâcha la main de son petit-ami, vexé. « Tu lui en as parlé avant moi ? Genre tu l’as dit à tout l’monde et moi j’suis le dernier au courant en fait ! » dit-il en boudant. Surtout qu’avec Charlie il y a toujours ce truc un peu étrange maintenant, il reste jaloux d’elle malgré tout, moins qu’avant mais parfois ça revient, il se demande même si au final ils ont vraiment arrêté de coucher ensemble, si Jackson regrette pas son choix de l’avoir choisi plus qu’elle, ou alors il profite du meilleur des deux mondes en secret. Ouais cette nouvelle l’emmerde bien, il aurait aimé être le premier. Si ça avait été l’inverse est-ce que Jackson aurait été le premier au courant ? Il aime se dire que oui pour avoir le beau rôle mais peut-être pas, il en aurait peut-être parlé à ses colocataires avant de débarquer chez son petit-ami lui annoncer la nouvelle. Mais Jackson n’a même pas fait ça, il a un peu attendu, avec Charlie il a pas attendu.

Tu pensais que c’était plutôt l’annonce de ton départ pour un an qui aurait pu jeter un froid sur cette soirée, mais non. Ce fut plutôt le fait que t’en avais parlé avec Charlie avant d’en parler avec Perry, qui sembla mettre ce dernier en colère et/ou le vexer. Il lâcha ta main et s’arrêta de marcher, alors tout de suite tu te figeas à ton tour et tu pivotas vers lui. « À tout le monde ? Exagère pas surtout, t’es en train de t’imaginer un truc qui existe pas, là. J’en ai parlé qu’à Charlie, Perry. T’es le deuxième à le savoir. Personne d’autre ne sait encore. Mais Charlie … Charlie elle était juste à côté de moi quand j’ai reçu l’appel, hier matin. J’allais quand même pas me retenir de sauter de joie en raccrochant, juste parce qu’elle était là et que je devais t’en parler avant. Alors ouais, Charlie et moi on a sauté comme deux enfants sur le canapé, parce que j’étais content. » Te défendis-tu. Tu te serais mal imaginé dire à ton amie/colocataire/ex que tu ne pouvais rien lui dire à propos de ce mystérieux appel parce que tu voulais voir Perry avant pour lui en parler. Et pis, même si t’aurais pu téléphoner à Perry pour qu’il soit le premier au courant, tu t’étais dit que ce n’était pas le genre de nouvelle qu’on lance comme ça par téléphone un beau jeudi matin. Tu partais pour un an, bordel, ça valait bien d’attendre d’être l’un en face de l’autre. « J’ai réfléchi à la logistique avec elle, parce que pour ce qui est de la chambre, elle est la principale concernée et on a réfléchi ensemble aux possibilités qui s’offraient à nous. C’est tout. » Tu ne savais pas que Perry était en train de s’imaginer que tu regrettais de ne plus être avec Charlie ou pire encore, que tu couchais encore secrètement avec elle. Ce n’était pas le cas. Votre amitié en avait d’ailleurs pris un sacré coup, quand t’avais rompu avec elle parce que tu ne pouvais pas être dans un couple dans lequel Perry ne figurait pas. Vous commenciez à peine à retrouver votre complicité - sans la proximité qui venait avec - alors bien sûr t’avais apprécié ce moment à juste te réjouir avec elle, de ce qui t’attendait. Tu trouvais ça dommage, la crise de jalousie de Perry, même si tu pouvais te mettre à sa place et comprendre, un peu, sa déception. En même temps, t’aurais pas fait différemment si c’était à refaire, tu jugeais raisonnable d’en avoir parlé à ta colocataire. Surtout qu’elle avait entendu une bonne partie du coup de fil. C’aurait été con de mentir.

Il savait que c’était con de réagir comme ça, de prendre mal le fait de ne pas avoir été le premier à le savoir. Mais Perry, il se vexe facilement parfois, il boude comme un enfant parce que tout tourne pas autour de lui. Il a au moins l’avantage de ne pas être rancunier et de vite passer à autre chose, c’est déjà ça. Visiblement agacé, Jackson lui expliqua qu’il n’est pas le premier ok, mais le deuxième et c’est uniquement parce que Charlie était à côté de lui au moment où il a appris la nouvelle. Il se dit que si ça avait été lui à côté à ce moment-là, il aurait été le premier. Il essaie de se rassurer et de faire partir cette jalousie qui semble lui coller à la peau comme un vieux chewing-gum à une chaussure. Tout le raisonnement du brun est parfaitement logique, ce qui aide Perry à se convaincre qu’il faut qu’il arrête de bouder pour rien et qu’en boudant il risque plutôt d’énerver Jackson ce qui n’est pas un bon plan vu le temps qu’il leur reste. Et puis il ne faudrait pas qu’il parte en ayant cette petite discussion en tête, ça risquerait plutôt de jeter un froid entre eux avant même que la distance ne soit vraiment installée. « Ouais t’as raison. » admit-il, la voix toujours un peu bougonne. De toute façon qu’est-ce qu’il pourrait bien y faire ? Il ne va pas empêcher son petit-ami de voir Charlie. Ils vivent ensemble, sont amis et puis c’est vraiment une chouette personne, ce qui n’aide pas à faire disparaître sa jalousie du coup. Il espère que celle-ci ne viendra pas s’étendre encore plus lorsqu’ils seront loin l’un de l’autre, il n’a pas envie d’être ce type insupportable qui ne fait pas confiance. Il n’est pas du genre à s’énerver, à faire des crises de jalousie, mais il sait que ça peut quand même jouer sur leur relation, tout comme ça a joué auparavant puisqu’il en est arrivé à le quitter lui, et Charlie aussi, à cause de sa jalousie. « C’est con d’réagir comme ça je sais, c’est juste...c’est con. » dit-il avant de rattraper sa main pour l’attirer contre lui et le prendre dans ses bras. « Genre j’ai confiance en moi avec genre...tout l’monde et pis avec toi j’me sens insecure, c’est con. Tu pouvais pas genre juste être moins bien quoi ? » dit-il avec un rire. Il ne manque pas se vanter au quotidien, plus ou moins sérieusement, il a confiance en lui, sait ce qu’il vaut mais quand il se retrouve avec Jackson, il a l’impression d’être mille fois moins bien. C’est peut-être le signe qu’il a trouvé le bon, la perle rare mais il n’a pas envie qu’on lui pique.

C’aurait été bien con, une engueulade à moins de 48 heures de ton départ pour une longue année. Ça aurait pu marquer la fin, la fin de vous deux, parce que partir à l’autre bout du continent en colère, et laisser l’autre derrière dans le même état d’esprit, ça débutait mal une relation à distance. Se réconcilier au téléphone, vous n’aviez jamais fait ça. Vous étiez des adeptes de vous réconcilier et de souligner ça par un passage dans le lit. Au bout du fil, vous ne pourriez pas faire ça, et qui sait ce que le silence qui résonnerait à la place, vous réserverait. Tu préférais ne pas y penser, et d’ailleurs tu fus soulagé de voir que Perry sembla se calmer un peu. Il admit même que tu avais raison, chose qui n’arrivait pas à tous les jours. Il était encore un tantinet bougon, mais ça, ça s’arrangeait généralement assez vite, avec une petite pipe au pire pour te faire pardonner de ne pas le lui avoir dit le premier. Perry attrapa de nouveau ta main et t’attira contre lui. Tu l’étreignis fort, un sourire aux lèvres alors qu’il répétait que c’était con, pour la troisième fois. « Est-ce que c’est con, my love ? » Tu te défis de son étreinte, juste assez pour le regarder. Tu posas tes mains sur chacune de ses joues et tu confirmas : « Oui, c’est con. T’as aucune raison de te sentir insécure. Ni par rapport à Charlie ni par rapport à personne d’autre. C’est toi que j’aime, et c’est à toi que je pense en premier quand j’veux annoncer une belle nouvelle. » Tu haussas les épaules. « C’est juste pas toujours comme ça que ça se passe. J’crois pas que t’apprécierais que je sois h24 dans tes pattes, juste pour que chaque truc que j’ai à partager, ce soit toi qui le saches en premier. » Alors là, il allait peut-être nier et dire qu’il préférerait largement que tu sois en permanence à côté de lui, plutôt qu’à l’autre bout du pays pendant douze mois. À choisir, toi aussi t’aurais préféré que Perry te suive dans cette grande aventure, pour l’avoir avec toi toujours. « Et arrête de me mettre sur un piédestal, aussi. Ça va être terrible quand tu vas réaliser que je suis pas si bien que ça. » Tu repris la route vers la maison, à ses côtés.

Il cherchait à relativiser et à enfouir complètement cette jalousie, à faire partir sa mauvaise humeur aussi vite qu’elle est arrivée. Elle ne dure rarement longtemps chez lui, il est facile à remettre de bonne humeur, facile à faire changer les idées. Parfois ces pensées reviennent plus tard, lorsqu’il est seul et qu’il n’y a plus son entourage pour le distraire de ces pensées parasites. Mais plutôt que d’essayer de résoudre les problèmes à la source, les affronter, en parler ouvertement, Perry préfère toujours les mettre sous le tapis jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de place et que ça pète, ne laissant pas de place à la discussion. Il ne s’énerve pas, non ça arrive très rarement, il fuit, il ne donne plus de nouvelles et fait comme si le problème n’existait plus du coup. Mais aux côtés de Jackson il apprend, lentement certes, mais il apprend, il fait des efforts, il s’améliore. En échange celui-ci se montre très patient et réconfortant. Il lui explique qu’il n’a aucune raison d’être jaloux de qui que ce soit et que de manière générale, c’est à lui qu’il aimerait faire ses annonces en premier mais que la vie en décide autrement parfois. « J’crois que si t’étais h24 à me suivre, j’serai encore moins concentré sur ce que je fais. » répondit-il, un sourire au coin des lèvres. Il s’imagine l’avoir avec lui pendant les réunions, clairement il penserait à tout sauf à la réunion et déjà qu’il n’est pas toujours super attentif et qu’il peut lui arriver de louper des deals à cause de son incompétence, si en plus il en revient à être distrait, son entreprise risque de couler rapidement. Au moins ça lui donnerait une excuse pour arrêter de travailler mais avec le temps il a appris à apprécier son travail et il a l’impression d’être utile, de faire quelque chose qui peut servir, même s’il pourrait juste y avoir quelqu’un à sa place qui suive la même direction pour l’entreprise. « Hmmm...ok, j’arrête les compliments alors. T’es vraiment pas si musclé que ça. » plaisanta-t-il, sa bonne humeur retrouvée, même s’il n’est pas à l’abri de retourner bouder pour une autre raison débile plus tard. « J’pense que je te vois exactement comme t’es. » dit-il, sérieusement. Il ne pense pas l’idéaliser plus que ça, embellir le tableau parce qu’il n’est pas le seul à voir qu’il est un gars bien, avec plein de qualité, ses colocs aussi l’ont vu, maintenant qu’ils ont eu plus l’occasion d’apprendre à le connaître.

Tu souris, tu savais que Perry avait souvent déjà bien du mal à se concentrer au travail ou dans n’importe quelle autre tâche un peu chiante du quotidien. « Ce serait la cata’ pour Jeffreys. » De toute façon, du peu que tu connaissais du job de ton copain (ouais parce que bon quand il tentait de t’expliquer ce qu’il faisait de ses journées ce n’était jamais bien bien clair, net ou précis), t’avais pas vraiment envie d’entendre parler de tous ses trucs de business à longueur de journée. Toi-même tu chercherais sûrement à le déconcentrer, sous la table de la réunion, rien que pour détourner l’attention de ces sujets trop sérieux. Pour le moment, tu cherchais surtout à détourner l’attention de ta propre personne. Il allait t’embarrasser, Perry, à force de te complimenter et de te mettre sur un piédestal comme il le faisait. T’avais rien de spécial, en tout cas tu ne le pensais pas. T’étais juste … toi-même, sans flafla et sans chichis, surtout. Peut-être un peu naïf, aussi, à laisser trop de chances à tout le monde de ton entourage, au point de t’oublier par moment. Heureusement, avec ta décision de quitter Bowen pour un an, pour le Cirque du Soleil, tu ne pensais qu’à toi, pour une fois. À toi, tes objectifs, tes rêves. T’avais l’impression de devenir quelqu’un, toi qui avais passé des années à te sentir un peu obsolète, inutile, depuis que t’avais quitté Cirkaös. Ce qui t’attendait était encore mieux. L’apogée de ton identité - c’était ta vision. « C’est gentil. Merci pour ça. Je t’aime. » Tu serras sa main dans la tienne un peu plus fort, alors que vous marchiez vers la maison. C’est ton coeur qui se serra, aussi, à ce moment-là. Un doux silence s’était installé mais il te pesait plus que prévu. L’air frais balayait tes cheveux que tu laissais pousser, les gens autour riaient et discutaient en marchant, le soleil qui se couchait au loin envoyait ses derniers rayons de chaleur. C’était un beau moment, à marcher aux côtés de l’homme que t’aimais. Il fallai que t’en savoures chaque seconde. Les larmes ne tardèrent pas à te monter aux yeux. Pour la prochaine année, ces moments-là allaient quand même se compter sur les doigts de tes deux mains, seulement. « Tu vas me manquer, vraiment. » Lâchas-tu, tentant de ne pas laisser ta voix trop se casser.

Si Perry était moins concentré sur son travail, il n’est pas persuadé que ça mènerait Jeffrey’s à la catastrophe. Bien conscient de ne pas être fait pour ce job, arrivé là par hasard et sans compétences, même s’il s’est amélioré, il n’a aucun mal à déléguer. Si au début il y a eu pas mal de tension d’avoir comme patron un type qui n’y connaît rien, là uniquement par piston, petit à petit tout le monde, ou presque, s’est accommodé de cette situation et il n’a pas mené l’entreprise à la catastrophe, il en a même changé la direction pour aller vers les énergies renouvelables alors que les actionnaires ne misaient pas dessus. Donc il n’a pas pris que de mauvaises décisions mais pour le côté opérationnel il ne gère rien et ça lui va très bien. Il songe même de plus en plus à partir, trouver autre chose à faire même si à part ce boulot il n’a jamais rien fait d’autre de sa vie. Il se dit que le deal qu’il avait passé avec son père de prendre la tête de la filiale australienne pour ne pas se faire couper les vivres est fini, c’était il y a presque dix ans maintenant. « Si ça se trouve ça serait mieux. » dit-il en riant. Il préférait penser à ce genre de choses plus légères qu’au départ imminent de Jackson et au fait que les peu de plans qu’il avait en tête soient complètement bousculés. Il en profite pour glisser quelques compliments à son petit-ami, jamais le dernier lorsqu’il s’agit de complimenter les autres et lui-même. Quelque part le complimenter revient un peu à se complimenter lui-même puisque si son petit-ami ô combien exceptionnel sort avec lui, c’est bien que lui-même doit être exceptionnel. Il lui sourit et déposa un baiser un baiser sur sa joue en disant « Moi aussi. » Il n’a clairement pas le je t’aime facile, enfin le je t’aime amoureux puisqu’avec ses amis il n’a aucun mal à le dire, mais il s’améliore aussi là-dessus. Ils marchent tous les deux un moment sans rien dire, Perry tentant de penser à tout sauf au fait que Jackson ne sera plus là dans quelques jours, même s’il y a une pensée qui tourne dans sa tête depuis son annonce. « Toi aussi. » lui répondit-il en se tournant pour le prendre dans ses bras. Il se recula avant de se lancer, un peu gêné, passant une main dans ses cheveux et hésitant à se confier, sachant qu’il risque de passer pour un gros con. « Tu vas p’t’être me détester mais...fin...genre tu vas me manquer c’est sûr hein...j’veux pas que tu penses que tu vas pas me manquer mais...genre ça va aussi vachement me manquer de coucher avec toi. »

« Arrête. Tu te sous-estimes. Tu ne serais pas encore à la tête de la branche australienne si tu foutais rien de bien. » Franchement, il devait bien y avoir des gens au-dessus de lui, son père par exemple, ou un conseil d’administration, qui s’assurait de la bonne gestion de la place. Si Perry faisait vraiment que de la merde, il aurait été viré, qu’il soit un Peach ou non. Tu ne pouvais pas croire qu’il était privilégié au point de s’être hissé jusqu’au sommet en s’pognant le beigne à tous les jours. Ça ne faisait aucun sens, pour toi. Bref. Ça se voulait un compliment pour ton petit ami, pour lui faire comprendre que tu croyais en ses compétences, mais clairement c’est Perry qui était le meilleur pour lancer des fleurs. Les compliments qu’il te faisait venaient toujours te toucher droit au coeur, même si t’avais l’impression, souvent, qu’il te voyait avec des lunettes roses. T’étais pas Monsieur parfait, loin de là. Tu serras la main de ton copain dans la tienne quand il affirma t’aimer aussi, même si ces mots-là précisément n’étaient pas dits, il te le disait quand même et ça te suffisait. T’étais pas insécure au point de demander qu’il dise “moi aussi, je t’aime” au grand complet. Cela dit, c’est vrai que l’idée de partir loin, longtemps, te rendait un peu nerveux par rapport à tout ça. Il allait te manquer, Perry. T’espérais lui manquer aussi, mais pas au point qu’il aille voir ailleurs parce que le sexe lui manquait trop, entre autres. Tu t’arrêtas de marcher, surpris que Perry pivote pour te prendre dans ses bras à ce moment. Après, il parut un peu gêné, et hésitant. Ton coeur palpita d’angoisse alors que les premières paroles sortaient de sa bouche. Tu ne savais pas trop à quoi t’attendre. Finalement, ce n’était pas si mal. Ça te fit même rire, au début, de soulagement sûrement. « Tu crois que ça va pas me manquer, à moi !?! » Répliquas-tu, avant que d’autres pensées un peu moins drôles ne traversent ton esprit. Tu fronças un peu les sourcils. « Est-ce que tu penses que … enfin … est-ce que c’est trop long pour toi, trois mois à la fois, pour attendre ? Genre … j’sais pas, est-ce que tu préférais … pouvoir aller voir ailleurs pendant que je suis pas là ? » T’espérais sincèrement qu’il te dise que non, qu’il allait t’attendre, parce que c’était toi qu’il voulait. En même temps, tu savais que la sexualité occupait une grande place dans la vie de Perry. Ça n’aurait pas été étonnant non plus.

Sur tout un tas de choses Perry ne doute pas de lui mais lorsqu’il s’agit de son intelligence et de sa capacité à gérer une entreprise relativement importante, ce n’est plus la même chose. Là-dessus il arrive un peu à être réaliste, sachant bien qu’il peut miser sur ses capacités de communication et sa sympathie naturelle mais que pour élaborer des plans ambitieux, c’est plus compliqué. Il n’a jamais été un élève brillant, ni même un élève moyen, il était plutôt médiocre, le genre à passer tout juste chaque année et à sécher les cours au moindre prétexte. Parfois il se dit qu’il aurait pu être plus sérieux mais il se demande à quoi ça lui aurait servi au final puisque contrairement à la majorité des gens, il n’avait pas besoin de l’école pour avoir un travail, ni besoin d’un travail. Malgré ça il s’est retrouvé à en avoir un et le genre plutôt exigent et le fait qu’il soit encore en place sans avoir fait couler l’entreprise prouve qu’il n’est pas si nul que ça, comme lui fait remarquer Jackson. « J’offre des très bons chocolats à la fin de l’année pour pas me faire virer. » répond-il en riant alors que ce n’est pas simplement avec des chocolats qu’il pourrait convaincre le conseil d’administration de ne pas le virer. Et si ça arrivait, est-ce que ce serait si mal pour Perry ? Il pourrait se concentrer sur d’autres choses, passer plus de temps avec ses enfants, mais bon pas plus avec Jackson puisqu’il a décidé de partir pour un an vivre son rêve à l’autre bout du pays. Si ce projet bouscule tous les plans et un bout de la vie du jeune homme, il y a une chose qui le préoccupe plus qu’autre chose. Après avoir décidé de l’ignorer, il se décide finalement d’être honnête avec son petit-ami, même s’il se sent bien con de penser à ça. Il n’a pas réfléchi plus loin que le fait de ne plus avoir de relations sexuelles avec Jackson va lui manquer mais le fait de ne plus avoir de relations sexuelles tout court également. « J’en sais rien...fin...j’sais pas si j’ai déjà passé autant de temps sans coucher avec quelqu’un depuis...genre la première fois que j’ai couché avec quelqu’un. » Il n’a jamais eu à se poser cette question auparavant, il n’a jamais eu à se dire qu’il devrait attendre pour coucher avec quelqu’un, qu’il devrait ralentir le rythme et pas qu’un peu. « En vrai aller voir ailleurs ça nous a pas franchement réussi quand même. » Même si avec Charlie c’était complètement différent de juste du sexe, il n’a pas envie que l’histoire se répète à nouveau pour à peu près les mêmes raisons. « Pour toi...ça va pas être dur ? » Et il ne parle pas de ce qu’il a entre les jambes.

Tu levas les yeux au ciel à la réponse de Perry. Comme si c’était que ça qui faisait en sorte qu’il ne s’était pas fait virer depuis tout ce temps. « Encore heureux que ce ne soit que des chocolats. » Connaissant les antécédents du jeune homme, avant que vous ne deveniez plus sérieux et plus officiels, c’aurait pas été si surprenant qu’il offre carrément son corps pour s’acheter des faveurs. Bon, en même temps, dans la position dans laquelle il était, ça aurait franchement été un grave manque de jugement. Perry était plus intelligent que ça, si ? Non ? Bref, de toute façon, tu ne doutais pas pour le coup qu’il s’agissait bien de cadeaux monétaires ou matériels. Tu savais que ton petit ami était capable de faire plaisir aux gens de cette façon-là, aussi, pas qu’en passant par le sexe. Il maîtrisait les deux méthodes, haut la main. Et justement, la deuxième méthode, vous en parliez, là. À l’aube de ton départ pour une tournée australienne, sur près d’un an, il était normal finalement que vous discutiez aussi de cette intimité qu’il vous manquerait. Vous étiez deux hommes aux corps bien brûlants, vous passiez rarement une journée sans faire l’amour, alors forcément … Ce serait difficile, pendant plusieurs semaines même pendant plusieurs mois, de ne pas pouvoir vous toucher, vous faire jouir. La masturbation c’était bien, mais ça avait ses limites. Tu te disais que pour Perry, ce serait sûrement encore plus difficile, comme il n’était pas encore très habitué d’être dans une relation stable et engagée. Tu osas demander s’il aurait préféré que vous vous permettiez d’aller voir ailleurs, pendant tes absences. T’avais peur de la réponse, c’est clair, mais tu préférais savoir maintenant que c’est ce qu’il voulait faire, plutôt que de l’apprendre après coup. « J’sais bien, mais avec Charlie, c’était pas pareil. C’était pas que pour le sexe. Là … ce serait que pour ça. Parce que j’ai pas envie de t’voir tomber amoureux d’une autre personne. » Le prévins-tu. C’était ça aussi, le risque que t’y voyais. Peut-être qu’en couchant tout d’un coup avec d’autres, Perry s’éprendrait d’une autre personne. Ou alors il réaliserait que le sexe avec toi, ça ne battait pas le sexe avec la moitié de la ville. Perry te renvoya la question. « Oui, bien sûr que oui, ce sera dur … » À l’époque de Cirkaös, tu couchais à droite et à gauche, ça faisait aussi partie de l’ambiance des tournées. T’avais pas l’impression que ce serait bien différent au Cirque du Soleil. En plus, tu serais entouré d’athlètes canons. « Je peux pas vraiment te dire comment je le vivrai, moi non plus j’ai jamais eu à m’priver de sexe pour une aussi longue durée. Mais j’sais que ce serait encore plus difficile de coucher avec une autre personne que toi, donc … À choisir entre les deux, I guess que le moins difficile, ce sera d’attendre qu’on se retrouve. » En espérant que Perry prendrait souvent l’avion pour venir te voir dans les autres États australiens.