I'm afraid of who I could become (milo)

Assise à ce bar, tu as ce verre face à toi, du rhum ambré avec un filet de sucre de canne. T'as envie de le boire mais tu sais que tu ne dois pas le faire, voilà plusieurs mois que tu n'as plus touché à une seule goutte d'alcool et il a fallut que ton coeur soit brisé pour avoir envie de tout envoyer valser. Un verre, ne pourrait pas te faire de mal normalement, ce n'était qu'un verre, un seul. C'est ce que tu te répètes en le fixant et tu te retiens, non tu ne vas pas le boire malgré l'odeur qui t'attires, et ton coeur qui se dit que oui ça serait une bonne idée. Pourtant ta raison trouve le moyen d'appeler Milo, ton sponsor chez les AA, et il arrive, t'as juste eu à lui dire que t'étais sur le point de craquer. Donc tu le tiens ce verre entre tes mains, le regardant, retenant pas vraiment tes larmes qui ruissèlent de tes yeux depuis qu'on te l'avait une fois de plus piétiner. T'essaye de te ressaisir un peu avant qu'il n'arrive, essuyant un peu tes larmes, respirant du mieux que tu peux.

T’avais reçu un appel. Un appel à l’aide. Emilia, de qui tu es le sponsor aux alcooliques anonymes, était au Hendrix avec un verre devant elle. Forcément, te reconnaissant dans son appel de détresse, t’avais pris tes jambes (ou plutôt ton skate) à ton cou pour aller au plus vite dans le bar. Tu y étais en 5 minutes après avoir raccroché votre appel. Une fois dans le Hendrix, tu la cherchais, pendant quelques secondes, et tu voyais une jeune femme seule, assise à une table entrain de pleurer. C’était bien elle. Alors tu te dirigeais vers elle, au plus vite, et tu t’asseyais à la place en face d’elle. Tu attrapais sa main, un sourire bienveillant sur les lèvres. L’odeur du rhum te faisait drôlement envie, à toi aussi. Mais non, tu ne pouvais pas te permettre de craquer non plus. « Parles-moi, Emi » soufflas-tu simplement. Tu savais qu’il y avait une bonne raison si elle avait envie de craquer ce soir, et tu la voyais tellement triste que ça te brisait le coeur.

Assise dans ce bar verre devant toi, t'es en panique, tu ne devais pas le boire ce verre et c'est pour ça que t'as appelé au secours Milo, tu le savais que normalement il viendrait t'aider. Tu ne devais pas craquer et pourtant t'as la sensation qu'aujourd'hui c'est le seul truc qui te ferait du bien. Il fini par arriver et tu le regardes alors qu'il te prend la main, l'objet de toutes vos tentations entre vous. Pourquoi est-ce que tu lui infliges ça aussi à lui? Il devrait pas être là, toi non plus et tout ça pourquoi ? Tout ça à cause d'un mec, d'un coeur brisé. "J'ai besoin de faire taire ma tête et mon coeur y a rien qui marches, y a que ça qui peut le faire Milo!" Le fameux ça c'est le verre de rhum servi devant toi. "C'est ridicule non de se mettre dans cet état pour un garçon hein?" Tu pleures encore parce que t'avais mal au plus profond de toi, parce qu'il t'avait brisé Beckham en te trompant, il t'avait brisé après tout ce que vous aviez réussi à surpasser tous les deux, tu pensais qu'enfin t'avais trouvé celui avec qui tu passerais ta vie, encore une fois tu t'étais trompée.

Tu voyais dans ses yeux qu’elle était perdue, qu’elle ne savait pas quoi faire. Ce verre était super tentant, tu comprenais bien parce que toi aussi tu aurais bien pris une petite gorgée de ce verre pour te donner du courage. Mais non. Tu faisais signe au serveur pour qu’il reprenne ce verre et qu’il vous emmène un truc sans alcool. « Non y’a pas que ça, on va trouver autre chose ! » dis-tu avec un sourire en coin avant de reprendre. « Quand ça m’arrivais, je jouais de la guitare ou du piano pour me vider la tête, y’a bien un truc qui t’animes autre que la drogue ou l’alcool » soufflas-tu ensuite. Tu voulais vraiment l’aider parce que tu te reconnaissais en Emilia et tu voulais pas qu’elle sombre comme toi. « C’est pas ridicule, Emi, c’est normal, si tu savais les états dans lesquels je me suis mis pour une fille » dis-tu avec un léger rire pour détendre l’atmosphère.

T'avais tellement envie de noyer ta peine et ton chagrin dans chaque goutte d'alcool que contenait ce verre. Tout ton être te crier de le boire et pourtant ta raison l'a emporté en appelant Milo a la rescousse. "Je sais pas... Manger, cuisiner?" T'avais toujours trouvé refuge dans la cuisine quand ça n'allait pas tu pouvais y passer des heures pour cuisiner tout et n'importe quoi. Mais tu ne pouvais pas non plus passer tes journées et tes soirées à cuisiner, ton frigo allait finir par être un peu trop rempli ou alors il allait falloir que tu finisse par en faire une distribution. "Je me sens ridicule d'être ainsi pour un coeur brisé !" Tu essayes de canaliser tes larmes en regardant Milo. "Je veux plus souffrir et je sais pas comment faire pour que ça s'arrête..." Que tu arrêtes d'entendre ton coeur s'emballer de détresse.

Elle était vraiment en peine, Emilia. Et tu voyais bien qu’elle t’appelait à l’aide. C’est pour ça que tu lui tendais la main. Tu l’aidais à trouver une idée, pour palier à son envie. Quelque chose qui pourrait l’aider à compenser l’alcool, l’aider à penser à autre chose. « C’est super ça, la cuisine ! C’est déjà un bon départ. Et puis, si tu cuisines pas assez chez toi, tu peux venir faire à man ter pour mes colocs et moi » dis-tu en lui faisant un clin d’oeil. T’essayais aussi de lui changer les idées. Une pointe d’humour n’a jamais fait de mal à personne. Tu voyais qu’elle était au bord des larmes et ça te faisait mal au coeur. « Tu sais, y’a pas de bonnes raisons pour tomber là-dedans, un coeur brisé c’est totalement compréhensible » dis-tu en essayant de la rassurer avant de reprendre. « Tu veux qu’on sorte de là ? » demandas-tu à la blonde, d’un air bienveillant. Le bar était pas le meilleur des endroits pour deux alcooliques en rémission.