dans la nuit, les yeux qui piquent, les gyros qui scintillent - asher

22h. Ce soir, j'étais clean. J'avais simplement passé la soirée avec Sierra, chez elle, on s'était regardé un p'tit film après un bon repas italien que ma soeur et moi avions préparé l'après-midi. J'me sentais bien. La fête de la mangue battait son plein, on avait une bonne team. Passé le p'tit mauvais moment que j'avais eu dans la cellule de dégrisement, j'm'étais vite remis sur pied. C'était juste une p'tite erreur de parcours. J'avais quitté l'appartement de Sierra, parce que demain, j'devais me lever tôt, pour une histoire administrative à gérer avec mon passeport. Alors j'avais décidé de rentrer. A pied. Parce que forcément, qui dit bon repas italien, dit une bonne bouteille de Chianti qui va bien. On avait sifflé la bouteille, alors j'me sentais un peu cocktail, sans être drunk non plus. J'marchais droit, j'me fumais une clope et j'me sentais bien. J'étais seul dans les rues, ça f'sait du bien ce calme là. La journée, Bowen était quand même pas mal animé, d'autant plus avec les festivités du moment. Alors que j'arrivais bientôt à mon immeuble, j'entendais un p'tit coup de sirène de police, derrière moi. J'me retournais, bien surpris. Visiblement, la patrouille voulait m'arrêter. Je soupirais. "Putain, ils peuvent pas me laisser tranquille eux là. J'ai rien fait là!" que j'marmonnais à moi même avant de m'arrêter à leur hauteur. Autant, quand j'avais fini en cellule, j'étais en train de pisser sur un part-terre de fleurs, autant là, j'étais sage. Totalement sage. Un policier sorti de la voiture, s'avançant vers moi. "Bonjour monsieur, simple contrôle d'identité. Décliner notre prénom et papiers s'il vous plait." Merde, mon passeport était invalide, puisque la date d'expiration dépassée. J'devais aller le lendemain, voir l'administration. Et forcément, mon VISA aussi était expiré. Merde. Merde. Merde. J'sortais quand même le passeport, bien abîmé au passage, et j'lui tendais. "Orso Luciano." que j'dis assez neutre. Le gars haussait les sourcils à la vue de mon passeport complètement déchiqueté. "Faut prendre un peu plus soin de vos affaires, monsieur, c'est un papier important le passeport." J'serrais les dents, pour ne pas l'envoyer bouler, ce type. Mais je hochais docilement la tête, attendant que ça se passe. Le gars repartie dans sa voiture, et pianota sur son p'tit ordinateur. Il ressorti quelques minutes plus tard. "Vous êtes pas en règle monsieur, vos papiers sont expirés et j'ai vu aussi que vous avez déjà été arrêté, la semaine dernière. Ca fait beaucoup, vous trouvez pas?" Ma mâchoire allait finir par me lâcher à force de les serrer. J'inspirais. "J'ai rendez-vous demain, à la maison, pour le passeport. Et pour la semaine dernière, c'était une erreur de parcours." que j'réponds, toujours calmement. "Eh bah, on va aller régler ça au poste alors!" J'écarquillais les yeux. "Naan pourquoi? S'il vous plait, m'sieur l'agent! J'ai rien fais!" Ouais, j'avais presque une réaction de p'tit gamin qu'on engueule. Bordel, c'était vraiment pas ma semaine.

@Asher Robertson

Il n'était pas si tard, pourtant le ressenti pour Asher était bien différent. Il était au volant de son vieux pick-up, en chemin pour rentrer chez lui. Pour être honnête, il avait failli ne jamais prendre la route ce soir, il lui avait été difficile de s’extirper des bras de sa maîtresse qui l'avait épuisé. Il aurait pu rester, se reposer et recommencer, ainsi de suite, une bonne partie de la nuit, jusqu'à s'endormir et ne repartir que le lendemain matin. Seulement il y avait cette règle entre eux, pas vraiment officielle, mais qui avait son importance pour le boxeur, ils ne s’attardaient jamais. Ils ne tombaient pas dans la tendresse, ou du moins pas assez pour s’y habituer. Haley était dangereuse pour Asher, il l'avait su dès le départ, parce qu'elle était mignonne, rigolote, sexy et intéressante. Elle l’attirait, il ne pouvait plus s’en cacher, elle avait tout pour lui plaire mais il ne voulait pas d'histoire sérieuse une soirée ça allait, mais pas une nuit entière. Alors une fois l’amour consommé, il trouvait toujours une bonne excuse pour rentrer. Ce soir c'était Jack, son chien, qu’il ne voulait pas laisser seul, dehors, une nuit entière, mais c'aurait pu être autre chose. Il fredonnait distraitement l’air d'une chanson qui passait tout en pensant aux courbes de la rousse quand il arriva à la hauteur d’une voiture de police. Par réflexe, il freina et ce fut là qu’il reconnut Orso qui se faisait embarquer par le policier. Sans trop savoir pourquoi, il s'était arrêté sur le bas-côté et était sorti du véhicule. À la lumière du réverbère, il osa demander. Orso ? Qu'est-ce qu’il se passe, monsieur l'agent ? Le flic le toisa rapidement avant de reporter son attention sur l’italien. Circulez, y a rien à voir. Asher fronça les sourcils, c’était une situation délicate parce qu’il ne savait rien de ce qu'il se passait, peut-être que son ami avait merdé. Peut-être qu'il était sous l’emprise de la drogue. Il avait bien envie de le sortir d’affaire mais il ne voulait pas non plus s'emporter, après tout, lui aussi avait eu des démêlés avec la justice. Ok ok monsieur, désolé… il allait continuer, proposer de prendre la responsabilité de son ami si besoin, si c’était juste une histoire d’ébriété ou autre. Mais l’homme en uniforme se retourna, le détailla un peu plus longtemps avant de se dérider. Hey ! Mais ce ne serait pas ce boxeur ultra balèze ?! Attendez... Ash.... A quelque chose... Une lumière s'alluma dans l'esprit d’Asher, c'était sa chance de sortir son pote du pétrin. Lui-même ! Affirma-t-il avec emphase. Le boxeur est démasqué. Asher Robertson ! Vous avez l'œil, pas surprenant que vous soyez flic, c'est impressionnant. Asher est sûr que son ami n'a rien fait de mal, peut-être pourrait-on trouver un terrain d’entente… il vit le gardien de la paix froncer le nez, il le perdait, il fallait qu'il trouve quelque chose, vite. …Un cours particulier offert de la part du champion du monde, rien que pour vous ! Ça ne se refuse pas. Le policier sembla hésiter avant de hausser les épaules. C’est vrai qu'il n’a pas fait grand chose de mal. Vous savez, c'est surtout une histoire de quotas, tout ça. Mais un cours particulier, c'est pas de refus quand même. Asher sourit en venant taper l'épaule du policier comme s’il était un vieux pote. A la bonne heure cher ami ! Ce sera un honneur pour Asher de vous coacher ! Il se sentait con, déjà d’user de son statut de cette façon. Et aussi de parler ainsi, qu'est ce qu'il lui prenait, il passait pour un benêt. Mais au moins ça fonctionnait. Le flic relâcha Orso, non sans lui demander de régler sa situation dans les prochains jours. Puis il quitta les deux hommes en donnant son numéro à Asher. Enfin, ils se retrouvèrent seuls. T'as eu chaud aux fesses toi, c'est Ash qui le dit, d’ailleurs tu lui dois un verre, pour la peine. Pouffa-t-il de rire. Qu’est ce que t’as fait pour te faire embarquer par ce flic ? Parce que bon, il avait bien envie de savoir ce qu'il s'était passé.

C'était quoi la probabilité pour que j'me retrouve encore dans une voiture de flic? Pourtant, là, j'estimais avoir vraiment rien fait. C'était de l'acharnement à ce stade. Surtout que la semaine passée, j'étais vraiment arraché, je l'avais peut-être un peu mérité mon tour en cellule de dégrisement, mais là ! Pas là quand même! J'avais juste un passeport expiré, c'était pas si dramatique non? Surtout que j'avais rendez vous le lendemain. Mais j'crois que les policiers, ils s'en fichaient pas mal et j'me retrouvais à monter à l'arrière de leur véhicule. J'faisais pas le malin. Juste avant de démarrer, quelqu'un arrive à notre hauteur et j'tarde pas à reconnaître Asher. Wo, j'suis bien content de le voir là, même si j'doute qu'il puisse me sortir d'affaire, j'trouve ça assez nice de sa part de venir s'assurer que tout allait bien. J'dis rien, parce que j'veux surtout pas interférer dans son p'tit manège à mon pote. Et là, il nous sort une masterclass Asher. Enfin, c'est surtout grâce au policier qui l'a reconnu. En même temps, il passait pas inaperçu et puis, il avait quand même fait beaucoup parler de lui quand il avait été sacré champion du monde de boxe. C'est p'tete là ma chance, parce que le flic semble bien intéressé par le statut de mon pote. J'les écoute et j'en crois pas mes oreilles la facilité avec laquelle Asher arrive à proposer un p'tit cours de boxe privé contre ma libération. Bordel, être connu, ça a vraiment du bon dans ces moments là. En vrai, j'me retiens très fort de rire, parce que j'sais pas pourquoi, Asher, il parle de lui à la troisième personne. Ca doit bien lui gonflé l'égo, mais c'est quand même super marrant. Je lève les yeux au ciel quand le policier avoue m'avoir arrêté pour une histoire de quotas. J'étais vraiment un dommage collatéral, pour le coup. Mais miracle, ça semble fonctionner sa p'tite entourloupe à Asher parce que j'me retrouve bien vite en dehors de la voiture. Libre. Et en compagnie d'Asher qui est en train d'échanger son numéro de téléphone avec l'agent. J'le regarde, croisant les bras, avec un p'tit sourire malin sur le visage tandis que la voiture de police repart. J'éclate de rire, en l'écoutant continuer de parler à la troisième personne. "Mais meeec! C'est quoi ton délire là? C'était incroyable!" J'en reviens pas en fait, qu'il m'ait sorti d'affaire juste avec son charisme et sa célébrité. "J't'en dois vraiment une bonne là, ouais, pas certain qu'un verre suffise!" Naturellement, Asher me demande comment j'ai fais pour retrouver dans une voiture de police. Il doit probablement penser que j'suis retombé dans la cocaïne, au vu de ce que je lui avais raconté la dernière fois qu'on s'était vu. Mais j'suis clean, d'ailleurs, ça se voit à mon attitude, j'suis parfaitement normal. Cocktail de vin rouge, certes, mais c'est à peine décelable. "JE TE JURE J'AI RIEN FAIT!" que j'dis bien fort, en agitant mes mains comme un bon italien que je suis. "J'ai juste mon passeport et mon visa qui sont expirés, MAIS, le dossier est en cours, j'allais justement régler ça demain!" J'me sentais presque obligé d'me justifier. C'est dailleurs pour cette raison que j'étais pas resté chez Sierra, ce soir là. "J'rentrais peinard chez moi, en réalité. Et toi, t'allais où comme ça, Ash?" que j'lui demande bien curieux de savoir pourquoi il était dehors à une heure pareille.

@Asher Robertson

La soirée faillit virer au fiasco, autant pour Orso que pour Asher, si le policier ne s'était pas montré coopératif. Mais fort heureusement, il reconnut l’ancien champion et fut même impressionné par cette rencontre. Ainsi, grâce à l'intervention plutôt gonflée du boxeur, les deux amis furent rapidement sortis d’affaires et le flic remporta un cours particulier, c'était gagnant gagnant. Rapidement, l’italien fut relâché et les deux hommes libérés du policier et de toute pression. Une fois la voiture repartie, Orso félicita son ami pour sa prestation. Asher ne savait pas d'où ça  lui était venu, il ressemblait plutôt à clown, selon son avis. Mais l’essentiel était que l’italien ne ferait pas de tour en cellule ce soir. Aucune idée, la panique, probablement ! C'était n'importe quoi. Je ne parle pas comme ça en temps normal. Qu’il se justifiait bien vite. Même lui était surpris de son comportement. Il donnait une tape amicale dans le dos d’Orso quand il répondit qu’il lui devait plus qu’un verre. En soi, peu lui importait, vraiment. J’te crois, pas besoin d’en rajouter. Et après c'est moi l’acteur studio ! Il se moquait gentiment de l'italien qui en faisait trop pour se dédouaner. Ouais, visiblement il s'ennuyait ce soir et c’est tombé sur toi. Asher n’en fit pas toute une histoire, il croyait en l’innocence de son ami. Et puis le flic admettait plus tôt que c'était par rapport aux quotas. Tu rentrais pénard, hmm. Bonne soirée ?! Orso semblait bien joyeux et Ash dirait bien que ce n'était pas juste l’immense plaisir de le croiser. J’rentrais chez moi aussi, tu vois. Qu’il répondit en hochant la tête sans en ajouter plus, mais avec cet air un peu ravi, comme son pote. J’te raccompagne chez toi ? Il est trop tard pour un verre quelque part ? Demandait-il tandis qu'ils se dirigeaient vers la voiture du quarantenaire laissée en plan. Pourquoi ne pas profiter du hasard de cette rencontre pour discuter un peu ? Dans un bar ou même chez Orso, peu importait pour Asher.

Clairement, mon profil, pour ce flic, il était idéal. J'avais fais un tour quelques jours auparavant dans leur cellule, j'avais pas un visa en règle, alors forcément, j'étais le p'tit pain béni de ce gars. Mais c'était sans compter sur l'intervention presque divine d'Asher qui m'avait sorti d'une vraie galère. Ca m'avait bien surpris avec quel malice il avait utilisé son statut de champion de monde mais en vérité, je m'en fichais pas mal. J'avais retrouvé ma liberté, c'était ça l'essentiel. J'lui expliquais bien vite que je n'avais strictement rien fait de mal, me mettant à m'agiter dans tous les sens, avec mon accent italien et la gestuel qui va avec. J'finissais mes explications en lui disant que je rentrais tranquille chez moi, non sans penser à Sierra que j'avais laissé sur le canapé. J'aurais bien prolongé un peu, jusqu'au petit matin même, mais c'était plus safe pour être certain ne pas louper mon rendez-vous matinal. Asher, il semblait avoir cramé que j'avais une p'tite mine ravie, et il me demanda si j'avais passé une bonne soirée, avec son p'tit air de malin. J'secouais la tête, levant mon index vers lui. "J'te vois v'nir toi, avec ton air là, mais ouais, c'était une bonne soirée, très bonne même." Lui aussi rentrait chez lui et à bien nous regarder, on avait tous les deux le même air un peu jovial, genre satisfait quoi. J'le regardais amusé, comme si on partageait un secret commun. "J'imagine que toi, aussi, c'était une "bonne soirée"?" que j'dis en faisant comme des guillemets avec mes doigts, mettant bien le ton sur les derniers mots, comme si c'était un vrai mystère. Asher me proposa ensuite de me déposer à l'appart, non sans évoquer une dernier vers dans un bar. "Vas y, j'suis chaud, et pis on pourra boire un verre au loft, c'est bien plus safe que de finir dans un bar weird de Bowen!" A cette heure ci, c'était potentiellement dangereux d'aller dans un bar. Non pas que deux gaillards comme nous puisse craindre quoi que ce soit des autres, c'était surtout de nous et de notre tendance à picoler que j'remettais en doute. C'était pas le moment d'aller festoyer jusqu'à pas d'heure. Fallait que j'garde le contrôle. "J'dois me lever tôt, demain, j'y tiens à mon passeport!" que j'dis en montrant une dernière fois le papier avant de le fourrer dans la poche de mon pantalon. Asher était garé pas loin, alors on s'retrouvait vite en voiture, j'lui indiquais la route jusqu'au loft. Ca allait être une bonne occasion pour continuer de discuter avec Asher, cette soirée, on avait bien commencé la dernière fois, et la première chose que j'voulais découvrir, c'était bien c'qu'il avait fait de sa soirée et pourquoi il avait eu ce p'tit sourire à son évocation.

@Asher Robertson

Heureusement, les choses s’étaient bien terminées, les deux hommes étaient libres, le flic n'aurait peut-être pas atteint ses quotas mais il était reparti content, le pire avait été évité. En général, Asher n'était pas du genre à se servir de son statut pour obtenir des faveurs, il détestait ça, même, se faire remarquer, passer pour le mec célèbre qui se croit meilleur que les autres. Mais ce cas était particulier, il ne pouvait pas laisser son pote dans l’embarras. Et mine de rien, ç'avait payé. Bref ils en rigolèrent une minute et puis c'était terminé. À la place, il sentit bien que l'italien était de bonne humeur, malgré l’interpellation, peut-être parce qu'Ash était dans le même état alors ça le rendait plus réceptif. Orso confirmait et lui rendit sa question. Évidemment que ç'avait été une bonne soirée, l'australien était actuellement bourré de dopamine et de sérotonine, le cocktail parfait pour planer un petit moment sans prendre aucune drogue. Il haussa les épaules en hochant la tête. J’ai connu pire. Confirma-t-i également non sans laisser échapper un petit sourire. Il était rarement très causant quand il s’agissait de sa vie intime, il se protégeait pas mal à ce sujet, Asher. Mais après un ou deux verres, ça pourrait changer. D'ailleurs il proposait à son ami de prendre un verre quelque part, il n'était pas si tard, en soi, la nuit leur appartenait. Ça reste Bowen, on ne craint pas grand chose. Mais go pour ton loft. Tu m'indiques le chemin ? Orso lui montrait ce fameux papier, il avait raison, il ne fallait pas qu'il déconne sur ce point. On ne fera pas de folies, promis. Assura Asher avec un sourire en démarrant la voiture. Ils n'étaient effectivement pas bien loin, en cinq minutes de voiture ils arrivèrent à l'appartement de l’italien. Dis donc, c'est mignon chez toi ! Il n’était jamais venu avant et ça lui changeait de cette caravane qui lui servait de logement actuellement.

Il y avait comme un p'tit air assez jovial qui planait entre nous ce soir là. J'saurais pas dire si c'était le fait que j'avais échappé à un p'tit tour au commissariat ou la nature de nos soirées respectives, juste d'avant, mais on avait comme identifié, chez l'un et chez l'autre, qu'il y avait un truc qui se tramait. Si en temps normal je fanfaronnais pas tant sur mes relations et d'autant plus avec les péripéties que j'avais vécu avec Maxine, là, avec Sierra, j'étais un peu plus enclin à en parler. Parce qu'il n'y avait pas, accessoirement, une génération qui nous séparait. Asher, resta évasif, un peu comme moi et on convenait ensemble que le mieux serait d'aller se poser ou dans un bar ou dans mon appartement. J'optais pour la version la plus safe, celle d'être directement sur place, parce que clairement, retourner dans un bar là, c'était un p'tit jeu un peu dangereux. J'avais pas envie d'me réveiller demain, avec une giga gueule de bois et la matinée envolée, loupant ainsi mon rendez vous à la mairie. Alors c'était plus sage. Définitivement. "On craint rien des autres, c'est de moi-même dont j'ai peur!" que j'disais en riant avant de monter dans sa voiture direction le loft. J'lui indiquais la route et on était pas si loin en vérité. En moins de cinq minutes, on s'était garé et on entrait dans l'appart. J'savais pas si mes colocs étaient là, mais le salon et la cuisine étaient plongés dans le noir quand on entrait. Asher ne manqua pas de faire un p'tit commentaire qui m'arracha un rire. "Tu pourra remercier Arielle, ma coloc, j'y suis pas pour grand chose dans l'arrangement de ce loft!" J'allumais les lumières, agissant comme si mes colocs n'étaient pas là. Cela dit, ça semblait bien calme, la voie semblait libre. "Ca a avancé tes travaux d'ailleurs?" que j'lui demandais tout en me dirigeant vers la cuisine, ouvrant le frigo. "Une bière? Du rhum? Du vin? Une p'tite camomille?" que j'rajoutais tout en m'assurant qu'on avait de quoi s'faire un p'tit verre tranquille entre potes. Alors que j'réfléchissais à rien de spécial devant le frigo ouvert, j'pensais à la fête de la mangue et à cette nouvelle participante dont on avait écopé à la suite de l'abandon de Riley. "Tiens, by the way, j'ai croisé la nouvelle figues, eh bah c'est pas un cadeau." que j'dis en râlant. "J'la connais d'avant, et faut s'méfier." que je rajoute en regardant Asher, avec les yeux plissés et la lumière du frigo qui me donnait un p'tit air horrifique. Summer, c'était mon ex, et même si on passait notre temps à s'envoyer des horreurs au visage, dans le fond, j'savais qu'on allait se marrer. Mais si j'pouvais lui mettre des bâtons dans les roues en lui faisant de la mauvaise pub, j'allais pas hésiter une seconde.

@Asher Robertson

Deux bons gaillards comme eux, c’était à peu près sûr qu’ils ne craignaient pas grand-chose, du moins ça n’effrayait pas Asher. Et la réponse d’Orso le fit sourire, effectivement, vu de cette façon, il valait mieux qu’ils rentrent chez lui. Ash n’était pas un grand consommateur d’alcool, une bonne bière, c'était déjà pas mal pour lui, il n’avait pas besoin d’enchaîner les verres ou de se mettre la tête à l’envers. Peut-être que l’italien était plus dans l’excès que lui et dans ce cas il fallait miser sur la sécurité, il avait raison. Surtout s’il tenait à être en forme pour son rendez-vous du lendemain matin. Une fois arrivés au loft, le boxeur laissa son regard fureté un peu partout, il n’était pas inquisiteur, juste curieux, c’était la première fois qu’il entrait chez son ami. Tu me déçois, j’ai cru que t’avais un vrai goût pour la déco. Dit-il en le suivant dans la cuisine. Vous êtes combien de coloc ? Le logement paraissait grand, spacieux, ils pouvaient largement être plus de deux. Asher avait fait un peu de colocation quand il avait quitté Brisbane, quand les choses avaient commencé à devenir sérieuses pour sa carrière. Il avait partagé un appartement avec deux autres boxeurs, c’était le bordel tout le temps, il n’y avait aucune intimité, mais le loyer était abordable de cette façon. C’était un bon souvenir, bien qu’aujourd’hui, il serait totalement incapable de vivre ainsi. Ouais ça avance, j’ai enfin eu mes autorisations officielles. Là, j'ai fait appel à une entreprise pour le gros œuvre, j’peux pas tout faire moi-même. Il avait beau être manuel, Ash, il n’était pas professionnel du bâtiment non plus et il arrivait aux limites de ce qu’il était capable de faire. Une camomille, tu t’fous d’moi ! Si t’as un bon rhum, pourquoi pas. Orso avait la tête dans le frigo quand il commença à lui parler de la nouvelle de leur équipe. Pour être honnête, Rob ne savait même pas qu’il y avait eu un abandon et donc un remplacement. Lui, il se laissait entièrement guider, il ne lisait pas forcément les notifications diverses et variées. Ah ? Comment ça ? Il fronça les sourcils en regardant l’italien et sa tête de démon, il avait surtout la tête du gars qui en savait davantage que ce qu’il disait. Bah vas-y, raconte. Tu la connais d'où cette fille, c'est quoi le problème avec elle ? Décidément, cette soirée était intéressante, il n’était pas au bout de ses surprises.

Une fois arrivée à l'appartement, le petit épisode du policier était bien derrière nous. C'est vrai que c'était la première fois qu'Asher venait au loft et de mémoire, j'lui avais jamais dis que j'étais en coloc. On avait dégoté un super endroit, avec Arielle, à l'époque, on avait trouvé une p'tite perle et il faut dire qu'elle avait largement oeuvré pour rendre le tout accueillant et plutôt stylé. Depuis, on était en coloc, les années avaient passées et pour l'instant, j'me voyais pas du tout partir de cet endroit. "J'ai bien d'autre qualité, mais ça, non." que j'dis en haussant les épaules et en souriant, avant de répondre à son autre question. "On est trois, à la base, c'était moi et Arielle, mais on avait quand même pas mal d'espace, du coup on a accueillit Detlev, c'est un boxeur aussi tiens d'ailleurs!" que j'lui dis comme si il allait forcément le connaître. C'était un peu primaire comme pensée mais j'm'y attardais pas. Proposant de quoi boire à Asher tout en lui demandant si les travaux de sa maison avançait. "Tu retapais tout depuis le début right? T'espère être dedans quand, à peu près?" J'imaginais bien que la vie d'Asher, en caravane, il devait en avoir un peu ras le bol. Pour la blague, j'lui proposais une camomille, juste pour le faire réagir. J'riais avant d'me pencher vers notre placard à bouteille et en ressortir un rhum qui m'avait l'air plutôt bon. "Celui ci, j'crois qu'il est pas dégueu!" à en croire le niveau de la bouteille, il avait eu du succès. Et alors que j'prenais les glaçons dans le congélateur, j'me mettais à parler de Summer, notre nouvelle figue. Forcément, je piquais sa curiosité, et j'étais bien content d'pouvoir mettre quelques batons dans les roues de Summer. En vrai, je l'appréciais, enfin, un peu. A petite dose. "On s'est cotoyé, il y a genre deux ans." que j'dis en grimaçant comme si c'était la pire chose du monde. "On est resté ensemble genre, un mois, à peine." J'posais la bouteille de rhum sur le comptoir et j'prenais deux verres tout en continuant de raconter à Asher le pourquoi du comment il fallait se méfier de cette nana. "Elle est canon, ça ouais, mais j'ai rarement vu un caractère aussi mauvais que le sien. A côté d'elle, j'suis un p'tit ange!" que j'dis en riant. Comme si la comparaison était évidente. En vrai, elle aurait forcément pas le même discours. "En vérité, ça matchait pas entre nous, mais on est resté en contact, on fourre le nez dans les affaires de l'autre, pour le plaisir de se faire chier tu vois." Wo, dis comme ça, ça sonnait vraiment comme une relation pas saine du tout. "Mais tu verras pas toi même si tu la croise, elle a un p'tit côté un peu impressionante." que j'rajoutais pour le mystère. Elle me faisait pas peur, mais elle avait une aura, une autorité. Mais ça, j'lui dirais jamais.

@Asher Robertson

Depuis qu'il était dans ses travaux, Asher se montrait plus observateur qu'avant lorsqu'il allait chez quelqu'un, il en profitait pour étudier les ouvertures, les cuisines, l’organisation des espaces et même la décoration. Clairement le loft de l’italien avait un sacré charme, il était moderne, tout ouvert, les volumes étaient beaux. C'est sur que tu as plein de qualités mon agneau. Qu’il rétorqua en riant. S'ils étaient potes, c'était bien pour une raison. Il lui parlait d’un dénommé Detlev, soit disant boxeur également, Asher grimaça, ça ne lui disait rien. Connais pas. En même temps, des clubs de boxe il y en avait plusieurs à Bowen. Ouais j’faisais tout moi-même. J'aurais bien aimé tout faire de A à Z mais j’ai pas tout le matos et puis j’sais pas tout faire non plus, il faut savoir déléguer. Ce n'était pas évident pour Asher de laisser faire les autres, il avait ses idées bien arrêtées, sa façon de bosser. Sa maison c'était son bébé. Mais il savait bien qu'il devait demander de l'aide. On doit terminer les ouvertures et la cuisine. Ce ne sera pas fini, j'ai encore toute l’extension sur pilotis à faire faire. Mais ça attendra l’été prochain. Donc d'ici deux mois ça devrait être habitable. Ça ferait un an à la fin de l’été qu'il était dans cette maison, enfin dans les travaux, il était plus que temps qu'il y habite et qu'il quitte sa maudite caravane. Il observa Orso fouiller pour y trouver une bouteille convenable. Il n’a pas l’air mal, en effet. Qu'il dit en avisant la bouteille bien entamée. Alors donc l'italien connaissait la nouvelle recrue. Il l'avait même bien connue on dirait. C’est ça que t'appelles côtoyer ? Il se moquait gentiment du joli cœur, tout en tendant bien l’oreille pour l’écouter. Il rit en l’entendant dire qu'elle avait un pire caractère que le sien. Elle t’a quitté, c’est ça ? Du coup t'as ta p'tite revanche à prendre ? Parce que pire caractère que le tien, jvois pas ! Quoiqu'il avait rencontré Joan dernièrement et pour le peu qu'il avait vu, dans le genre caractère de merde, elle était pas mal aussi. Impressionnant ? C'est intéressant dit comme ça. Elle le sait, qu'elle n'impressionne ?! Il aimait bien les femmes de caractère, Asher, celles qui ne se laissaient pas faire. Enfin Orso et lui n'avaient pas le même âge, elle devait être plutôt jeune, la nouvelle. Et du coup, ta nouvelle copine, elle est moins emmerdante ? Il lui avait tendu la perche en même temps, ç'aurait été dommage de ne pas la saisir. C’était bien un sujet que les deux amis n'avaient jamais abordé, leurs relations amoureuses, c'était nouveau.

Asher, il était en plein dans les travaux, alors ça devait être bien normal qu'il analyse l'intérieur de notre loft. Moi clairement, ça me passait au dessus et j'tentais même pas de flexer avec ça, rendant à César ce qui appartenait à César. Ou plutôt à Arielle. Mais j'manquais pas l'occasion de dire que j'avais bien d'autres qualités, ce qu'Asher ne manqua pas d'affirmer, m'affublant d'un surnom plutôt ridicule. Mais il m'en fallait pas plus pour rigoler comme un débile. J'en profitais pour lui proposer à boire et on opta pour un rhum qui semblait plutôt sympa. Asher me donnait quelques nouvelles de ses travaux, ça avançait, mais j'trouvais quand même que ça patinait sévèrement. J'étais pas patient comme gars, j'crois que j'aurais jamais le courage d'attendre des mois entiers que mon logement soit prêt. "J'espère que tu fêteras ça avec une p'tite soirée, histoire qu'on baptise ta maison!" Ouais voilà ce à quoi je pensais moi, quand on me parlait d'un emménagement : une fête. J'nous servais deux verres de rhum tandis qu'on prenait place sur le comptoir, sur les chaises hautes. Et j'avais lancé le sujet Summer, juste parce qu'elle avait rejoint notre équipe et qu'il fallait que j'mette en garde Asher du personnage qu'elle était, Summer. Forcément, ça attisait sa curiosité, à Asher, alors j'lui donnais des détails et je secouais la tête, bien vigoureusement, lorsqu'il supposa qu'elle m'avait quitté. "Naaan naan, en réalité, on s'est quitté d'un commun accord, on pouvait plus voir la tête de l'autre." C'était la vérité, on s'était juste rendu compte, en même temps, que nous deux, c'était juste pas possible. Asher, il cherchait la p'tite bête, et je levais les yeux au ciel, faussement irrité. "Ah que non, elle le sait pas, j'préfère crever que d'lui faire un compliment." parce que ouais, impressionnante, dans mon langage, ça sonnait plutôt positif. Et alors que j'pensais juste qu'on allait passé à un autre sujet, Asher mit le doigt sur LE sujet. Celui qu'on taisait un peu depuis le début. J'le regardais, en coin, pour le jauger, pour voir si c'était bien ce que je pensais et qu'on était bien arrivé au stade de notre amitié où on s'parle des nanas qu'on côtoie. "Euuh bah .." J'réfléchissais, parce que Sierra, j'sais pas si on pouvait dire que c'était ma copine. Mais en même temps, c'est avec elle que j'avais passé la soirée. "TECHNIQUEMENT, c'est pas vraiment ma copine, mais c'est certain, elle est moins emmerdante que Summer, ça c'est une certitude." Ca c'était dit, elle était cool Sierra, même si on avait pas toujours été tendre l'un avec l'autre. "C'est ultra cliché, mais j'dirais que c'est "compliqué", tu vois l'genre?" que j'dis en buvant une gorgée de rhum avec un p'tit sourire en coin. J'étais à peu près certain qu'il voyait le genre, lui aussi revenait d'une bonne soirée après tout.

@Asher Robertson

La patience était une des qualités de Rob, enfin selon la situation. Mais en l’occurrence, quand il s'agissait des travaux dans sa maison pour qu'il s'y sente bien, alors oui, il était patient. Il fallait dire qu'il n'avait pas tellement eu le choix non plus, entre les retards administratifs, les matériaux qu’il fallait attendre des semaines durant, ses nerfs avaient été mis à rude épreuve ces derniers mois. Mais ça valait le coup d'attendre, sa maison allait être parfaite. Mouais, on verra pour la soirée. Le boxeur n’était pas plus emballé que ça par l’idée. Pour être honnête, il avait de plus en plus de mal avec le monde. Ils dégustaient leurs petit verre tranquille après avoir trinqué discrètement, trop occupés reprendre ce genre de conversation qu'ils avaient déjà effleuré un peu plus tôt dehors. Le rapport aux femmes de l’italien. Asher n’y avait jamais pensé auparavant, entre eux c'était surtout une amitié basée sur leur amour du sport et de l’adrénaline. Mais ce soir, visiblement ça prenait une nouvelle dimension. Il pouffa de rire, évidemment, il ne pourrait jamais réellement savoir si Summer et Orso s'étaient quittés d’un commun accord ou si le brun tournait la situation à son avantage, au fond ça n'avait aucune importance pour Ash. Ça devait être sympa, les scènes de ménage ! L’australien imaginait les assiettes voler et les noms d'oiseaux fuser, une joyeuse ambiance. J’lui dirais pas, va ! T’es safe avec moi. Tout ce qui serait dit ce soir ne quitterait pas les murs de ce loft, Orso pouvait avoir confiance en son pote là dessus. Heureusement parce qu'ils entraient encore un peu plus dans le vif du sujet. Asher n'était pas tellement du genre à fouiller dans la vie intime des autres, mais ce soir, quand-même, il y avait quelques signes qu’il pouvait creuser un peu. Il allait vite voir si l’autre était réceptif ou non. Auquel cas, il n’insisterait pas. Sur le coup il cru qu'il était effectivement allé trop loin, il remarqua bien son petit regard en coin qui le sondait. À ce moment-là il compris que si Orso répondait, ça allait être donnant donnant, lui aussi finirait par passer aux aveux. Il l'écouta alors, esquissant un rictus amusé quand il lâcha qu’en effet elle était moins emmerdante que Summer, c'était déjà un bon point. Tu parles en statut Facebook ?! Ce vieux réseau social où il était bon d'afficher sa situation sentimentale à l'époque ! C'est compliqué, c’était bien le genre de terme four tout plutôt arrangeant. Il haussa les épaules en avalant une gorgée, ce rhum etait sacrément bon. Si c’est le genre de compliqué qui te donne envie d'y retourner, ma foi, c’est plutôt positif. Pourquoi t’es rentrée chez toi, alors ? Cette histoire de papier c'était une excuse pour Asher, peut-être qu’Orso avait envie de ne pas trop s'impliquer non plus. Parce qu’il y avait une sacrée différence entre passer une bonne soirée et passer la nuit à dormir ensemble. C'était sacrément intime de partager une nuit, de prolonger jusqu'au petit matin, voir le petit déjeuner. Il en savait quelque chose, Asher.

Asher ne semblait pas du tout emballé par l'idée d'organiser une soirée dans sa nouvelle maison. Ou alors il était effrayé à l'idée qu'une bande de gens bourrés lui saccagent sa maison ou alors il était pas très porté sur les fêtes, mais il semblait qu'il ne soit pas hyper enclin à organiser tout ça. Ca m'allait, en réalité, fallait pas que j'me laisse embarquer dans des soirées en ce moment. Fallait que j'arrive à garder le contrôle, et ça passait aussi par un rythme de vie un peu plus sain. Le sport, c'était ce qui nous avait unis avec Asher, on avait tous les deux les mêmes atomes crochus sur ces points là, mais il semblait que notre discussion là, se porte davantage vers les femmes. On en avait p'tete assez de parler escalade, boxe et exploit divers à la salle. C'était bien deux secondes mais notre amitié devenaient un peu plus sérieuse en réalité. Cela dit, j'avais ouvert le sujet en parlant de Summer. C'était pas la fille qui me faisait le plus rêver à Bowen. Enfin je parlais pour moi. Et j'en venais à dire à Asher qu'elle était impressionnante mais que j'lui dirais jamais. J'voyais bien que ça l'amusait Asher tout ça, mais quand bien même, sa promesse de silence, elle valait bien un truc. J'lui faisais confiance à Asher et il pouvait à moi aussi faire confiance. J'étais pas dans le genre balance, pas avec les vrais potes. J'pouvais parfois m'amuser de certains trucs, pour en faire chier certains, mais globalement, quand y avait de l'amitié à prendre en compte, j'savais me la fermer. Je hochais vigoureusement une fois la tête. "J'apprécie, same d'mon côté." Comme si, comme ça, je l'incitais un peu lui aussi, à parler de truc qu'il passait peut-être sous silence. J'lui expliquais que pour ma part, avec mon actuelle "girlfriend" même si on s'était bien juré de ne pas se dire en couple, c'était quand même compliqué. La remarque d'Asher me fit éclater de rire. "Ouais exactement, on est dans ce genre là. Naan, en vrai, on s'est dit qu'on se posait pas de question et qu'il n'y avait rien d'officiel. Mais tu connais ce genre de plan foireux.." que j'dis en soupirant, le genre de plan qui démarre bien mais qui au final fini en embrouille parce que l'un ou l'autre pensait qu'il y avait un truc de plus sérieux. Asher semblait trouver bien étrange que j'sois pas rester chez elle ce soir d'ailleurs. J'relevais les yeux vers lui, là, j'le suivais pas. C'était uniquement pour cette raison que j'étais parti plus tôt, à cause du passeport le lendemain. "Bah pour le passeport, habituellement, on prolonge le truc jusqu'au mati..." J'écarquillais les yeux, d'un coup. M'arrêtant en plein milieu de ma phrase. "Oh putain, on agit carrément comme un couple elle et moi." Comme si j'venais de m'en rendre compte là, tout d'un coup. Ca m'fichait une tape derrière la tête. Et en même temps, c'était cool avec Sierra. Pour l'instant. J'm'enfilais une gorgée de rhum, comme pour faire passer la nouvelle. C'était pas si terrible, non? J'en savais rien. Fallait que j'pense à autre chose. "Toi, pourquoi t'es rentré? T'as un rendez vous urgent aussi demain matin?" Bien évidemment que non, il m'l'aurait déjà dit, mais j'étais quand même bien curieux de voir c'qu'il allait me livrer, maintenant qu'on c'était dit qu'on pouvait se faire confiance.

@Asher Robertson

Il en avait fait, des fêtes, il en avait organisé quelques-unes, participé à d'autres, il avait aimé ça, le monde, l'alcool qui coulait à flot, se coucher au petit matin, les excès en général. C'était son exutoire à une époque, quand il se forçait à avoir une hygiène de vie parfaite avant de gros combats. Sa récompense c’était une bonne soirée. Mais depuis Ash ne combattait plus et il avait ainsi perdu le goût de la fête. Alors faire une pendaison de crémaillère et risquer qu'on saccage tout son travail, s’il n'était pas dans le mood, ça l’emballait moyennement. Mais on n'en était pas encore là de toute manière, il avait encore un peu de boulot avant d’envisager célébrer son emménagement. C'était toujours sympa de partager du temps avec Orso, les deux hommes avaient pas mal de points communs, ils s’entraînaient tous les deux, le sport c'était ce qui les avait réunis au départ et ç'aurait pu rester ainsi. Mais ce soir ça prenait une autre dimension, probablement parce qu'ils avaient chacun la tête à autre chose. Et en même temps, l'ironie de la situation voulait que ce soit exactement à la même chose. C’était probablement pour cette raison, donc, qu’ils dévièrent tranquillement vers leurs soirées. Et puis l'italien avait parlé de son ex, il avait amorcé la conversation alors Robertson lui promit qu’il pouvait être tranquille avec lui. Orso lui renvoya la même promesse, bien que le boxeur n'était pas vraiment sûr d'avoir envie de parler de lui. Il esquissa un petit sourire entendu. Il voyait bien de quoi l’autre parlait et à ce Rob entendait, il avait l’air foutu. Rien d’officiel, peut-être ouais… Effectivement, foireux lui semblait être le terme le plus adapté. Asher posa une question qui lui semblait logique, Orso avait quitté cette fille alors que la nuit était à peine tombée, alors qu'on aurait pu mettre un réveil pour ne pas louper son rendez-vous. Sauf si, comme lui avec Haley, il ne voulait pas prendre cette histoire au sérieux. Il hocha la tête en pinçant les lèvres alors qu’il assistait à la prise de conscience de son pote. Ça y ressemble, vu comme ça. Mais si t'es ok avec ça, c'est pas un problème. Ça fait longtemps que vous vous voyez ? Ils burent religieusement leurs verres dans un silence solennel, il fallait avaler la nouvelle visiblement. Moi ? J’ai mon chien qui m'attend à la maison. C’était probablement la meilleure excuse qui soit et en même temps la plus stupide. Je ne passe jamais la nuit. Comme ça j’me retrouve pas dans ta situation. Qu'il répondit en haussant les sourcils avec un petit sourire moqueur. Asher ne voulait pas s'embarasser d'histoires sérieuses, ce soir c'était Haley, la prochaine fois ce serait peut-être une autre. Au fond sa préférence allait largement à la jolie rousse, mais ça il ne voulait pas se l’avouer.

Généralement, j'étais pas du genre à parler de mes relations ou alors je les minimisais, ou alors que je jouais au gars détaché. C'était soit l'un, soit l'autre. Mais là, ce soir, la discussion était venue assez naturellement et en fait, j'me rendais compte qu'avec Sierra, c'était peut-être un peu plus sérieux que je ne voulais bien l'admettre. Ca m'emmerdait un peu, en un sens, parce qu'on s'était dit mutuellement qu'on se posait pas de question, et j'avais certainement pas envie d'être celui qui fait foirer le truc en y mettant des sentiments. Cela dit, j'étais pas amoureux de Sierra, j'l'appréciais ça c'était sûr, j'avais beaucoup d'affection et de tendresse à son encontre, mais j'pouvais pas m'empêcher d'le comparer sans cesse à comment j'me sentais vis à vis de Maxine. Là, ouais, c'était de l'amour que j'avais pour la jeune londonienne. Et c'était un vrai problème. J'tentais de l'oublier, de bien me rentrer dans ma tête de têtu que de toute façon c'était voué à l'échec, mais je savais parfaitement que j'étais pas en mesure de me contrôler si elle était mon espace. Agissant certes comme un gros con, mais agissant toujours pour un seul dessein: la garder près de moi le plus longtemps. Alors au fond, parler de Sierra, de me rendre compte qu'on agissait comme un couple, ça m'faisait prendre conscience que j'allais probablement tout faire foirer, un jour ou l'autre. Et comme la communication n'était pas notre fort à elle et à moi, l'issue était un peu toute trouvée. Je haussais les épaules à la remarque d'Asher qui venait de vivre ma prise de conscience en direct. "J'sais pas si j'suis ok avec ça, on a bien mit un point d'honneur à pas mettre de mot sur ce qu'on partage." Très probablement la pire idée du monde, on s'entend. "Ca fait 4 semaines et trois jours." que j'répondais très sérieusement avant d'éclater de rire à ma propre sortie. "Mais naan, j'déconne, j'en sais fucking rien, un p'tit mois p'tete." J'étais vraiment pas le genre à compter encore moins quand c'était censé ne pas être une histoire d'amour. J'tentais de voir si Asher allait lui aussi me donner des p'tites informations croustillantes, mais rien de bien satisfaisant. Cela dit, sa réponse, elle était cohérente. "Ouais bah j'ferais bien d'prendre exemple sur toi. Ca m'éviterait effectivement des déconvenues." J'songais un peu à mes propres expériences et j'me rendais bien compte qu'à chaque fois, j'me retrouvais pris au piège, s'en m'en rendre compte. "J'sais pas si j'suis un putain d'sentimental ou quoi, mais j'me fais toujours avoir, c'est pas la première fois en plus." J'étais assez défaitiste sur ma relation avec Sierra, mais ça, ça n'vait des fois précédentes, avec Gisèlle et Maxine plus récemment. J'savais pas comment gérer. Et j'avais bien l'impression que c'était pas avec Asher que j'allais avoir des bons conseils, si j'me fais à son mindset vis à vis de la gente féminine.

@Asher Robertson