dans la nuit, les yeux qui piquent, les gyros qui scintillent - asher

La seule histoire d'amour sérieuse d’Asher avait été celle qu'il avait vécu avec son actrice, elle avait duré quelques années, ils s’étaient labellisés comme en couple. On les avait même dit mariés dans certains tabloïds. Ce qui est certain c’est que ça avait compté, au point d'accepter de faire un enfant quand elle le lui avait demandé. Parce que, après tout, pourquoi pas ? Ils avaient tous les deux plus de trente cinq ans, ensemble depuis longtemps, elle avait l’horloge biologique qui la travaillait, ils s’aimaient, non ? Mais est-ce qu’il l'aimait vraiment ? De cet amour inconditionnel, qui traverserait les années ? En était-il capable ? L’enfant n'était jamais arrivé et puis sa tempête judiciaire avait suivi. Mais à présent Asher se disait que ç'avait été un mal pour un bien puisqu'au regard de la façon dont les choses s’étaient terminées, il n’y avait probablement pas tant d'amour que ça entre Maggie et lui. En vérité ils s'étaient habitués à cette relation facile, chacun avait une vie chargée, toujours dans un avion, jamais dans le même. Ils se voyaient rarement, ils avaient chacun des aventures de leur côté, l’autre le savait mais c'était ok tant que ça ne changeait rien entre eux. C'était une bonne façon de se voiler la face et de ne pas voir que cette histoire n’avait rien d'une belle et grande histoire d’amour. Asher avait beaucoup aimé cette femme, mais il ne l'avait pas aimé entièrement. Il n’en avait jamais été capable, parce qu'il était trop pris dans sa carrière, dans ses rêves de victoire, il n’avait jamais laissé de place à l'amour. La seule qu'il ait jamais aimé c'était cette fille de son enfance, il avait le souvenir fugace de son cœur qui s’emballait un peu trop et qu'il avait tout arrêté, coupé les points, pour embrasser ses rêves de champion. Ce soir il voyait bien que son pote était ennuyé de constater qu'il était peut-être trop attaché à cette fille dont il lui parlait. Asher haussa les épaules, en vérité il ne comprenait pas bien cette situation, il fallait être honnête. Hey faut rester cool Orso ! T’es pas au point de la demander en mariage, ça va. Tu passes de bons moments, faut pas trop réfléchir. L’italien lui répondit avec une précision presque louche, pour un mec qui ne voulait pas se prendre la tête. Pour finalement éclater de rire et Asher pouffa en dodelinant de la tête. À son tour, le boxeur lui donna quelques informations, en soi pas grand-chose, probablement parce qu'il y avait peu à dire dans son cas. Ça dépend de c’que tu veux. J’veux dire, je ne suis sûrement pas le meilleur exemple, hein ! Et toi, t’as quoi à perdre si tu t’attaches à cette fille ? Ça te fait tant peur que ça ? Ils entraient dans une conversation plus sérieuse tout d’un coup, il ne s'agissait pas de jouer au coq, à celui qui bomberait le plus le torse, ils parlaient de sentiments. Et les autres fois quoi ? Elles t’ont quitté et t’as fini malheureux ? Il n'y avait pas de jugement, aucune moquerie, mais ça pourrait expliquer sa peur de l’engagement. Ash but une gorgée de son verre avant de lâcher un soupire. Cette fille, elle a quasiment dix ans de moins que moi. J’vois pas ce que j’pourrais lui offrir. Outre le fait qu'il avait du mal à se projeter dans une histoire, la différence d'âge était un vrai frein pour lui, même s’ils il aimait malgré tout passer du temps avec Haley.

L'amour. Quel vaste sujet. J'étais pas un champion du monde quand il s'agissait de vivre des histoires sentimentales. Depuis mon arrivée à Bowen, force est de constater que j'avais malgré moi quelques histoires à mon compteur. Ca avait commencé par Gisèlle, la plus importante probablement, celle avec qui je m'étais royalement fait avoir. Celle qui, probablement, était la raison de toutes mes difficultés aujourd'hui à composer sainement avec une relation stable. On avait été fucking amoureux, elle et moi. Une belle anglo-italienne à qui j'avais littéralement donné mon coeur. Et puis, elle était partie. Sans rien dire. Du jour au lendemain. Avec juste un "je suis désolée" grifonné sur un bout de papier laissé sur le comptoir de la cuisine. Ca m'avait mis un coup royal derrière la tête et je m'étais juré de ne plus jamais tomber amoureux. C'était pas aussi facile, bien évidemment, mais les échecs cuisants qui avait suivi n'était que le résultat de cette histoire avortée. Ca avait commencé avec Aleksandra, probablement trop tôt après ma séparation. Et j'avais dragué une nana, presque devant ses yeux, mettant à terme à notre histoire et lui laissant une belle rancoeur en dedans. Et puis, plus récemment, c'était avec Maxine que tout avait foiré. J'essayais de pas y penser. Mais elle avait cette tendance à pop-up dans mon esprit, beaucoup trop souvent. Et là avec Sierra, j'savais pas quel chemin on était en train de prendre et je savais pas moi même ce dont j'avais envie. Je haussais les épaules à la réflexion d'Asher. "Ouais, t'as p'tete raison" que j'finissais par dire, pas tellement convaincu, supposant plutôt que j'ferais mieux de prendre exemple sur lui. Il me répondait en me posant des questions à la limite de l'existentielle. J'relevais la tête vers lui, tentant de trouver moi même des réponses. "Mmmh, j'sais pas c'que j'ai à perdre, rien j'pense. J'sais juste que j'risque de faire foirer le truc en réalité. J'me connais." Ouais, c'était probablement de moi dont j'avais peur. Et en fait, ça m'faisait un peu chier dans l'idée de finir par faire du mal à Sierra. Restait plus qu'à espérer qu'elle ne soit pas trop attachée à moi. Mais on passait quand même sacrément du temps ensemble. J'faisais tourner le rhum dans le fond dans mon verre, et j'répondais à sa question. "Y en a une ouais, qui m'a mis à terre, et depuis, j'fais d'la merde." Ouais voilà, c'était entièrement la faute de Gisèlle. Si Maxine avait eu le coeur en miette, c'était parce que j'étais incapable d'me projeter dans un truc sain. Et sans le savoir, Asher, en livrant la différence d'âge qu'il avait avec une fille et que cela compliquait le truc, ça me fit écarquiller les yeux. Parce que c'était ça aussi, le problème avec Maxine. Avant tout le reste. "Ah ouais?" que j'disais presque à la hâte, me rendant compte que j'lui montrais que j'étais bien trop impliqué dans ce sujet pour ne pas être moi même affecté par le truc. "Et pour elle, ça semble être un problème?" J'lui disais pas encore que moi aussi, j'avais eu ce soucis, j'attendais de voir si le blocage venait exclusivement de lui. Parce que si c'était le cas, j'pourrais lui en témoigner de mon histoire avec Maxine. Et j'me sentirais un peu moins seul aussi.

@Asher Robertson

Il était évident qu’Orso était éprouvé par des histoires passées, il ne pouvait s’agir que ça. Parce qu’il ne semblait pas totalement être un parfait connard, sinon il ne serait pas pote avec Asher. Il n’était sûrement pas parfait, il devait traîner quelques casseroles, mais si on grattait le vernis, on comprenait qu’il y avait quelque chose. Et plus la conversation avançait, plus on le comprenait. L’italien admettait qu’il risquait de tout foutre en l’air s’il se lançait dans une histoire sérieuse. C’était une possibilité envisageable oui. Asher esquissa un sourire. T’es le bad boy qui fait mal aux filles ?! Il donnait un peu cette impression oui, avec sa belle gueule et ses yeux noirs, il devait avoir du succès l’italien, c’était une certitude. Mais s’il était si méchant que ça, il n’aurait pas peur de tout gâcher, il foncerait dedans sans se poser de questions. Alors, doucement, on arriva au nœud du problème. Il avait eu le cœur brisé le bichon, aussi simplement que ça. Enfin simplement, pas trop parce que ça devait faire un sacré mal de chien. Enfin Asher pensait, lui il n’avait été que blessé dans sa fierté et dans sa confiance en l’autre par Maggie. Quand elle l’avait quitté, il avait accusé le coup, mais elle ne lui avait pas brisé le cœur. Ç'avait même été étrange de le constater, à tel point que ça lui avait laissé un goût amer dans la bouche, comme une sorte de trahison. Quand elle avait tout arrêté, il s’était juste dit qu’il avait perdu cinq ans de sa vie et que malgré ça, il avait été à deux doigts de faire un gamin avec elle. Il avait remercié la nature de ne pas leur avoir fait cette faveur. Parce que ce pauvre enfant n’aurait jamais connu ses parents unis, ç'aurait été un sacré gâchis. Il grimaça avant de terminer son verre. Les autres n’ont pas à payer pour la connerie de cette fille-là, si j’peux me permettre. D’un autre côté, là, tu donnes pas l’impression de faire de la merde. Il resta songeur un instant avant de remettre Haley sur le tapis et plus particulièrement cette différence d’âge qui faisait toute la différence pour Asher. Au fond, il se voilait la face, sûrement que si elle avait eu le même âge que lui, il aurait trouvé un autre prétexte pour que ça ne puisse pas marcher. Orso sembla bien intéressé par son histoire tout d’un coup, genre, vraiment. Le boxeur fronça les sourcils. Avant de lâcher un rire nerveux à sa deuxième question. Elle ? Non ! Elle s’en fout. Elle dit qu’elle n’est pas une gamine, qu’elle sait gérer, tu vois ? Il roula des yeux, pas sûr qu’il voit, non, à l’age d’Orso, il s’en foutait de sortir avec des petits jeunes, ça flattait son égo, mais à quarante balais, ce n’était plus la même. Ceci dit, la rousse avait raison. L’âge n’était qu’un nombre, qu’une bonne excuse comme une autre. Mais lui ça lui posait un problème, lui il ne gérait pas du tout.

Ca me semblait assez difficile, aujourd'hui, de me visualiser dans une vraie histoire amoureuse. Pourtant, c'était pas ma mère la dernière à dire qu'il fallait que j'me trouve une fille. Elle était un peu vieux jeu, ma mère, elle avait toujours cette image de moi, genre le preux chevalier qui savait aimé, comme le bon italien que j'étais. A chaque fois que je l'appelais, au téléphone, une fois par jour (oui oui, ça faisait partie de mes petites secrets bien enfouis) je sentais bien qu'elle essayait d'me poser des questions, de voir si j'avais pas une fille qui revenait dans mes conversations, mais elle devait se rendre à l'évidence, j'allas pas lui livrer d'informations. Pas aussi facilement. Et puis, quand elle osait me poser la question toujours d'une manière très peu subtile, j'entendais mon père à l'arrière qui râlait, l'air de dire "mais laisse le tranquille à la fin ton p'tit dernier!" Alors que soit dit en passant, non, je n'étais pas le petit dernier. C'était ma soeur jumelle qui était née un peu après moi, ce qui me plaçait techniquement en deuxième position. Cela dit, à la vue de la maturité, de la réflexion et la logique dont avait fait preuve Aura tout au long de sa vie, c'était pas tellement une surprise que j'sois considéré comme le p'tit dernier. J'étais clairement l'outsider du clan Luciano. A trente ans, je n'avais jamais eu de relation sérieuse, ou si peu, et quand je comparais ma vie à celle de mon frère et de ma soeur, j'pouvais comprendre que mes parents se faisaient du soucis. Ils m'avaient vu débarqué chez eux, à Noël dernier, avec Aura et les enfants, alors que je n'étais plus que l'ombre de moi même. Je m'étais refait une santé certes mais j'crois qu'ils avaient vraiment pris conscience que leur dernier fils avait un sérieux soucis. Avec la drogue. Qui plus est. Ca faisait beaucoup et au téléphone, maintenant, je cherchais même plus à les rassurer. J'taisais tout ce qu'il se passait ici. Pour leur bien. J'avais eu le malheur de leur parler de Gisèlle, on planifiait même un voyage en Sicile, avant qu'elle ne disparaisse de ma vie. Ma mère là, elle était déjà en train de visualiser le mariage, l'enfant, la villa. Elle vivait dans un autre monde, ma mère. Et puis, j'leur avais un peu dit, à demi mot, qu'elle était partie. Et à partir de là, j'avais plus rien dit, parce que la déception dans le regard de ma génitrice, elle avait été un peu violente, avec un p'tit goût amer dans l'fond. Alors j'avais un peu gérer ma peine tout seul à cette période. Heureusement j'avais croisé la route d'Arielle. Avec elle aussi, il y avait un sacré passif, j'avais été aveugle, et con aussi par dessus le marché. On avait entamé notre colocation, on s'entendait bien. On était devenu vraiment proche, genre, c'était mon point de repère Arielle, à Bowen. Mais j'avais jamais rien ressenti d'amoureux à son égard. C'était juste une belle et pure amitié à mon sens. C'était sans compter elle et les sentiments qu'elle avait développé à mon encontre. J'avais rien vu. J'avais été fucking aveugle. Et j'avais joué avec elle aussi, sans me rendre compte qu'on était pas du tout sur la même longueur d'onde. J'jouais à la draguer, à lui dire qu'elle était mignonne, parce que j'étais persuadé qu'elle ne voyait en moi qu'un ami, un pote, un gars avec qui délirer. Et puis, on avait franchi une limite, un soir, en s'embrassant. Ca nous avait un peu chopé venu de nul part, l'ivresse certes, mais il y avait eu une belle attirance. Elle avait baissé sa garde et on avait passé la nuit ensemble. Et rien n'avait été plus pareil. Après avoir couché ensemble, j'étais allé dans la salle de bain, quand j'étais revenu dans la chambre, elle dormait. Et j'avais regagné mon lit à moi. Elle avait pris ça comme un affront. Et on avait agit, les semaines suivantes, comme si on vivait sur deux plans parallèles. Avant qu'on explose, qu'on se hurle dessus et que j'me rende compte qu'elle était amoureuse de moi. Je lui en avais voulu à Arielle, sur ce coup là. Elle avait tout gâché. Et je ne m'étais pas remis en question. Plutôt crevé. Et puis Maxine.. Maxine, j'aurais pas assez d'une vie pour raconter tout ce par quoi on était passé elle et moi. C'était encore trop vif notre histoire, pour que j'puisse y penser sereinement. Depuis, avec Arielle, ça s'était arrangé, on s'était expliqué, et elle m'avait aussi sauvé de mes démons, un soir où j'étais aller trop loin. On avait renoué. Elle était revenue vivre au loft et ce soir, j'y accueillais Asher, faisant les louanges d'Arielle, comme si de rien. Parce que notre amitié avait été plus forte, à Arielle et moi. Et ce soir, avec Asher, on parlait de nanas. Ca ouais, c'était venu sur la table, comme si de rien, comme si on avait épuisé le stock de conversation sur le sport et les travaux de sa maison, comme si on devait passer à un step supérieur lui et moi. Cela dit, pour l'instant, c'était surtout moi qui parlait. Qui parlait de mes déboires, bien que j'sois avec une fille en ce moment. Asher tentait de comprendre mais j'étais à chaque fois obliger d'lui dire que je savais pas. Le bad boy? Je haussais les épaules. "Nan j'crois pas. Enfin si j'fais du mal à la plupart de celle avec qui j'ai un truc, mais j'le fais pas sciemment tu vois. J'trouve toujours une excuse. C'est encore pire!" que j'dis en riant doucement. J'avais pas spécialement envie de faire mon ouin-ouin avec Asher. Il avait raison, Gisèlle et le mal qu'elle m'avait fait ne pouvait pas en soit expliquer et accepter que je fasse du mal aux autres. "J'vois l'idée, mais c'est un peu plus compliqué que ça. Comme le statut facebook.." que je rajoutais en soupirant, un p'tit sourire aux lèvres. C'était un beau bordel, j'en conviens, même si là, à regarder de plus près ma relation avec Sierra, c'était plutôt simple. Mais je savais au fond que rien ne serait jamais évident tant que Maxine serait dans la même ville que moi. On le savait, ça, qu'il fallait qu'un de nous deux s'en aille pour qu'on puisse vivre en paix. Elle y avait pensé à retourner vivre à Londres, mais c'était juste repousser le problème, l'ignorer. Mais j'voyais pas de solutions. Aucune. Et lorsque Asher me parla de sa nana, et de la différence d'âge, j'avais eu tout d'un coup beaucoup d'intérêt. Parce que sans le savoir, Asher venait de mettre le doigt exactement sur le problème. Je m'interdisais totalement d'avoir une histoire avec Maxine parce que je la considérais comme trop jeune. J'étais totalement rassuré, dans le fond, quand Asher me racontait qu'elle s'en foutait, qu'elle était pas une gamine et qu'elle pouvait gérer. Ca ressemblait pour trait aux mots exacts que Maxine se tuait à me répéter. "Ouais, j'vois, j'vois carrément même." Asher ne se doutait pas à cet instant qu'on partageait exactement le même problème. "J'ai ce soucis. Avec une autre. En parallèle de tout ça." que j'dis en agitant ma main devant moi, comme pour englober tout le merdier auquel je faisais référence un peu avant. J'hésitais un peu, avant de poursuivre. J'crois que c'était la première fois que je parlais de Maxine à quelqu'un d'autres. Et pourtant ça faisait plus d'un an que notre histoire avait commencé. On était passé par des stades vraiment moches, on avait été horrible l'un avec l'autre, plus souvent moi qu'elle d'ailleurs. Mais on s'était fait un mal terrible, nos mots avaient dépassés notre pensée, plus d'une fois et encore dernièrement, je n'étais pas capable de bien agir en sa présence. Pour preuve, le coup de poing que j'avais asséner à son p'tit copain - qui en réalité ne l'était pas, son p'tit copain. J'm'en étais voulu d'en être arrivé aux mains, comme si on avait atteint un stade de non retour , elle et moi. On s'était revu dernièrement, avant la fête de la mangue, quand j'étais accompagné de mon neveu. La présence du petit garçon avait largement contribué au calme dont on avait fait preuve. On était parfois capable de parler tranquillement. Mais c'était toujours tendu, sur un fil, près à éclater. Là, depuis un petit moment, c'était plus calme entre nous. Elle s'était fait discrète durant la tête de la mangue, et j'avais pu souffler un peu, sans jamais réellement l'oublier. Je reprenais la parole, relevant les yeux vers Asher, comme pour lui montrer que ouais, lui et moi, on était dans le même fucking bateau. "Ca fait genre un an qu'on se tourne autour. Elle a 22 ans. Et j'ai pas supporté quand j'l'ai appris. Alors qu'on avait commencé une histoire tous les deux." Ouais, ça paraissait insane, dit comme ça, que j'avais appris son âge que tardivement, mais faut dire qu'au début, Maxine et moi, ça avait surtout été très physique, très intense, très charnel. Ca avait été vraiment beau avant que tout se casse la gueule. Et que j'rentre dans une colère noire, la traitant de gamine et l'intimant au passage d'aller jouer avec ses barbies. Oui, j'avais dis ça. J'm'entends encore lui sortir cette phrase de gros bâtard, et ça avait été la première remarque désagréable d'une longue et infinie liste. Maxine et moi, c'était de toute manière une longue et infinie histoire. J'me sentais d'humeur confiante avec Asher, alors je rajoutais, "Elle m'a dit exactement la même chose à moi aussi. Mais j'sais pas. J'assume pas en fait. J'assume pas d'être fucking amoureux d'une gamine." Et voilà. La première fois que j'disais les termes. J'les disais à voix haute. Je ne l'avais jamais dit à Maxine que j'étais amoureux d'elle. Plutôt crever. Mais c'était surtout ça, ce qui se jouait vraiment dans ma vie en ce moment. C'était pas Sierra. Et Sierra, j'le savais qu'elle allait finir par être un dommage collatéral de mon histoire avec Maxine. C'était ça la vérité. Et c'était ça, au final, qui m'empêchait de m'investir dans une autre histoire. C'était ça. C'était pas Gisèlle, ça c'était l'excuse en surface. Je soupirais, terminant d'un traite mon verre de rhum, avant de me lever et reprendre la bouteille entre mes doigts. J'en avais bien besoin là, d'un autre petit remontant. Je me ré-installais, me laissant lourdement tomber sur la chaise. "C'est quoi pour toi, le vrai problème? Parce que j'ai l'impression que même si on a le même problème toi et moi, on l'voit pas d'la même manière." Asher, il m'avait parlé de ce qu'il ne pourrait offrir à cette nana. J'pense qu'il se voyait juste trop vieux, comme si sa date de péremption était dépassée, et que la jeunesse de sa nana était trop en inadéquation avec son âge à lui. Alors que moi, avec Maxine, c'était pas ça le problème. C'est que je n'assumais pas. C'est que j'la trouvais trop jeune. Le choc que j'avais ressenti, c'est cette fois là, où j'avais appris son âge pour la première fois. Quand j'avais 13 ans et que je regardais How i met your mother à la télévision, elle était dans la chambre en train de jouer à la poupée. C'était ça qui m'avait mis un sevère coup derrière la tête. C'était partie de là. Ma référence à la série, le sourire aux lèvres, alors que j'étais en train de l'embrasser et son regard circonspect. Et la question de trop. "Ou étiez vous mademoiselle Gray entre 2005 et 2010? Sur une autre planète?" Et sa réponse. Et notre engueulade. Et ma colère. Et elle qui claque la porte. Ce moment, je me l'étais passé mille fois dans ma tête, en boucle, à imaginer comment j'aurais pu réagir autrement. Mais j'avais jamais trouvé de réponses. Et tout c'était empiré, jusqu'au point de non retour. Alors ouais, forcément, j'avais le sentiment que c'était peut-être pas aussi compliqué et abouti du côté d'Asher, mais j'étais quand même vachement curieux de savoir son point de vu à lui. C'était quand même un comble qu'on s'rejoigne sur un point pareil. Et ce qui était encore plus fou, c'est que je venais de lui die raconter tout ça. Sans presque hésiter. J'étais p'tete tomber sur la tête, mais j'avais de sérieuses raisons de faire confiance à Asher. Il allait pas me mettre à défaut là dessus, déjà parce que c'était pas son genre, de balancer, j'le sentais et puis surtout parce que j'voyais pas tellement l'intérêt qu'il aurait à aller raconter ça à d'autres. Il manquerait plus qu'il la connaisse, mais ça non plus j'partais du principe que c'était pas possible. Et puis, en fait, j'crois que le fait que j'sois pas si proche de lui, en terme d'amitié, dans le sens où c'était tout récent, j'trouvais plus de facilité à lui raconter tout ça. Parce que j'savais que raconter ça à mon frère ou ma soeur, ça me retomberait dessus, Fede trouverait un moyen de me faire un peu la morale, et ma jumelle resterait silencieuse, à me regarder, se disant probablement sur son frère était vraiment un connard. Surtout si j'venais à leur dévoiler toutes les monstruosités que j'avais pu lui sortir à Maxine. J'étais pas fier. Pas du tout. Mais ce qui était fait, était fait.

@Asher Robertson

IOrso donnait l’air de bien se compliquer la vie dans ses relations avec les femmes. Comme si pour lui, de toute manière c'était perdu d’avance, alors autant tout faire foirer. Asher ne comprenait pas bien pourquoi il s'obstinait à s'attacher dans ce cas. Peut-être que l’italien était trop sentimental et que lui manquait clairement de tendresse. Ainsi il lui était difficile de se mettre à sa place. Il esquissa un sourire c'était facile de dire qu'il ne le faisait pas volontairement et qu'il trouvait une excuse. Mais il ne le jugeait pas sévèrement pour autant, on dealait tous avec un tas de choses, il n'y avait pas de recette miracle. Ouais, t'es le bas boy, j’confirme ! Il le taquinait sur ce coup, mais c’était bien ce genre de type qui faisait craquer les filles en même temps. Le statut Facebook, on y revenait. Orso ne s'étendait pas sur le sujet et en même temps en effet, ça semblait être un peu compliqué dans sa tête, peut-être un peu à cause de leur conversation, même si c’était pas le but d’Asher, de remuer le problème. Il avait lâché son problème à lui, un problème à la chevelure rousse, au sourire qui le faisait flancher et aux formes qui le faisaient s'embraser. Il était un peu cuit avec Haley, cette attirance c'était quelque chose quand même. Mais elle était tellement trop jeune, dix ans plus tôt ça l'aurait attiré, aujourd'hui ça l’effrayait. Il ne s'attendait pas à ce que son pote lui avoue qu'il vivait à quelque chose près la même chose, il se redressa sur sa chaise, l'écouta avec plus d’intérêt encore. Attends, attends, là. Tu cours après deux lièvres ? Ou t'essaye d'oublier cette gamine dans les bras de miss “c'est compliqué” ? Il essayait de suivre, pour être bien sûr de comprendre. Ah ouais un an ! Il passa que le fait qu'elle ne lui avait pas donné son âge après tout, lui non plus n'avait pas demandé son âge à Haley, ça se voyait qu'elle était bien plus jeune que lui. En dépassant la trentaine, les signes de l'âge était plus visibles et quand t'avais quarante ans, c'était carrément obvious. Alors c'était plutôt flatteur, qu’Haley lui ait couru après malgré tout, mais ça n'était pas suffisant. Orso avait demandé si ça la dérangeait, elle. Évidemment que non. D’ailleurs il avoua que de son côté non plus, la fille ça ne la dérangeait pas. Elles savaient ce qu'elles voulaient, visiblement, les femmes d’aujourd'hui ! Oh merde, tu l'aimes ? T’es mal barré. Il vint lui caler une petite tape bien amicale sur l'épaule, histoire de faire passer la pilule. Mais au fond il était presque un peu jaloux, Ash, lui, s'il était amoureux, peut-être que ça changerait son point de vue. La question du brun le laissa songeur. Mais il esquissa un sourire. Mon problème c'est qu'elle a une trentaine d'années et qu'une femme de trente ans, elle veut s’amuser, un temps. Et puis elle veut que ça devienne sérieux, peut-être des mômes, le full package tu vois ? Et moi je l'aime bien. Mais tout ça j'en veux pas. Et quand bien même j'en voudrais, tu m'envois, à bientôt quarante-trois ans, faire des gamins ? Il secoua la tête négativement. Puis le fixa un instant, c'était un moment bien sérieux, mais il avait vu dans son regard qu’Orso cherchait son aide, son approbation peut-être ? C'est parce que t’es amoureux, que t’as tout fait foirer avec cette fille ? Genre t’es trop vieux pour elle et y’a les autres qui vont te sortir qu'à pisser contre le vent on mouille sa chemise ? C'est de la connerie tout ça. C’est entre elle et toi, elle a quoi, vingt ans ? Elle veut s’amuser, te pose pas trop de questions. Est-ce qu'il venait de lui dire de foncer ? D’y aller, alors que lui-même ne s'appliquait pas ses propres conseils. Il s'était probablement emballé, sachant qu'au départ, l'italien lui parlait d'une autre fille et que là, il la poussait dans les bras de la gamine.

J'avais beau dire que j'étais le genre de gars qui s'prend pas la tête avec les relations amoureuses, même si mes agissements laissaient penser ça, clairement, c'était un peu tout l'inverse, en dedans. C'était bien la première fois que j'le disais aussi clairement, à quelqu'un. C'était tombé sur Asher, p'tete parce qu'il était devenu, au fil du temps, un vrai pote, et que j'me sentais suffisamment safe avec lui pour lui confier tout ça. Ou alors c'était juste le bon moment. J'en savais trop rien en réalité. J'étais bien conscient que c'était un peu difficile à suivre tout ça et Asher semblait avoir besoin de clarification. Je hochais la tête, sans hésiter une seule seconde. "T'as tout compris. J'essaye. Même si entre elle et moi, c'est pas officiel. Enfin, j'en sais rien Asher, honnêtement, j'sais même pas pourquoi je t'emmerde avec tout ça!" J'me rendais bien compte que si moi même dans mon esprit, c'était pas clair, j'imaginais bien qu'Asher avait du mal à me suivre. Le seul truc que je retenais bien fort, c'était que lui aussi était dans un truc un peu sneaky avec une femme plus jeune que lui et que lui aussi trouvait que c'était un problème. Cela dit, on y trouvait pas le même problème lui et moi. J'venais de lui dire, à Asher, que j'étais amoureux de cette jeunette et que ça me faisait chier. Il me donnait une tape dans le dos, se foutant gentiment de ma gueule. J'souris, un peu jaune, "J'apprécie ton sens du réconfort.." que j'dis alors que l'écoutait m'expliquer pourquoi, pour lui, c'était un soucis cette relation avec une femme plus jeune. On voyait pas les choses du même prisme, lui c'était une question d'engagement. De gamins et de tout ce qu'elle pourrait attendre d'une relation. "Mmh mmh, je vois. Vous allez pas être rendu au même point quoi. Mais, vous en avez parlé ? Ou c'est juste toi qui t'dis ça dans ton coin?" Moi, j'étais le professionnel pour justement me parler à moi même, sans avoir vraiment communiquer en amont avec la personne concernée. C'qu'il me disait ensuite, Asher, ça m'faisait froncer les sourcils. J'crois qu'il me disait, entre les lignes, que j'avais aucune raison de pas foncer et de vivre cette histoire avec cette fille. "Elle a 22 ans, j'en ai 30, ça colle pas." que j'dis en ronchonnant. "J'ai pas envie d'être ce vieux type qui traîne avec des gamines tu vois. Même si elle est étonnamment mature pour son âge et que j'me demande parfois qui c'est le gamin entre nous deux." Ca c'était une certitude, à la vue de mon comportement parfois, c'était à se demander qui était le plus enfantin. "Et pis toute façon, on s'est fait trop de mal pour penser à un truc sain tous les deux. Au delà de son âge, elle est férocement têtue.." J'passais bien sous silence que moi aussi je l'étais affreusement, ça m'arracherait la bouche que de l'avouer. Nos verres étant vide, je les remplissais, tranquillement. "BREEEEEF" que j'dis avec le sourire, "Elles ont au moins le mérite de nous faire causer ces nanas." que j'dis, bien conscient de la phrase clichée que j'venais de lâcher. Mais clairement, ces confidences là, elles étaient vraiment pas prévues. "J'pensais que ça irait mieux après en avoir parler à quelqu'un, force est de constater que non." que j'dis en bougonnant un peu, haussant les épaules. Bah ouais, c'était pas magique, faut pas rêver.

@Asher Robertson

Il avait l’air bien paumé, le p'tit Orso, avec ses histoires de nanas ! C’était bien le genre de considération qu’Asher ne connaissait pas. Ça ne lui posait aucun problème de coucher avec différentes personnes, des femmes principalement, des hommes quelques fois. Même alors qu'il voyait Haley régulièrement, il ne comptait absolument pas s’empêcher de voir d'autres personnes. Il fonctionnait ainsi, le quarantenaire, il avait toujours fonctionné ainsi, sans forcément chercher à multiplier les partenaires, surtout actuellement. Simplement, l’exclusivité de l’intéressait pas plus que ça et ça ne le dérangeait pas que des partenaires aient le même mode de vie non plus. Il n'était pas spécialement jaloux ou possessif. Avec Maggie, tout le temps qu'avait duré leur histoire, ils savaient tous les deux qu'il leur arrivait d’avoir des aventures, ç'avait même fait parler dans la presse quelques fois. Mais tant que ça restait ponctuel et sans sentiments, cette histoire fonctionnait. C’était peut-être utopique de penser que ce genre d’histoire fonctionnait sur la durée. Le fait est que l’actrice avait quitté son boxeur pour un autre homme, en plus du fait de ne pas vouloir être mêlée à sa tempête judiciaire, donc non, ça ne fonctionnait pas toujours très bien. Et puis le fait qu’Asher n’avait jamais ressenti de sentiments forts, puissants envers quiconque, avait aussi grandement facilité les choses de son côté. S’il avait été vraiment amoureux de Maggie, profondément, l’aurait-il laissé papillonner, n’aurait-il pas été un tant soit peu jaloux des autres hommes ? Et lui, aurait-il eu envie d’aller voir ailleurs ? Ce genre de questions, il ne se les posait pas, il n’avait, de toute manière, plus à se les poser et ça l’arrangeait bien. Tu m’emmerdes avec tout ça parce que t’as visiblement besoin de vider ton sac. C’est pas un problème, j’veux bien écouter. J’te promets juste pas d’être de bons conseils ! Mais ça, Orso s’en doutait déjà. D’ailleurs la façon dont il lui tapotait l’épaule avec un peu de condescendance lui montrait bien qu’il ne connaissait pas tellement ce genre de problème, grand bien lui fasse, il ne cherchait pas à les connaître ! Le brun écouta à son tour la réponse de son pote, effectivement, ils ne voyaient pas le problème de la différence d’âge de la même manière. Pour Asher, il n’était pas question d’être vu avec une fille plus jeune et de ce que les autres pourraient en penser, ça, il s’en foutait royalement, que les gens bavent sur lui, ça ne le touchait pas. Il n’avait pas le même âge qu’Orso, leurs considérations étaient différentes mine de rien. Lui, il pensait à l’avenir, à ce qu’il voulait et à ce qu’il ne voulait pas dans sa vie. Il savait qu’à quarante balais, il ne comptait pas s’emmerder à faire des gamins, il ne voulait pas qu’une femme ait ce genre d’attente envers lui. Même si, évidemment, l’italien touchait du doigt un bon point, il n’en avait jamais parlé avec Haley. Est-ce que je lui ai demandé si elle voulait se marier et faire des gosses ? Non, malheureux ! Ce serait ouvrir la boite de Pandore ! Et puis on ne parle pas tellement elle et moi, si tu vois c’que j’veux dire. Ouais, ce n'était pas très fin comme genre de réflexion. Mais c’était plutôt vrai aussi. Asher se pointait généralement chez la rousse, ou ils se retrouvaient à la salle. Il y avait des jeux de regards, quelques banalités échangées, des bonnes allusions pour faire monter la température et ils finissaient rapidement sans aucuns vêtements, puis il repartait. Il faisait toujours tout pour ne pas s’attarder, vu d’un œil extérieur, c'était assez moche en vérité, ça faisait vraiment le gars qui prenait cette fille pour un objet sexuel et basta. Dans le fond, c’était un peu plus compliqué, parce qu’il lui était de plus en plus difficile de ne pas vouloir s’attarder, de ne pas chercher un peu plus de tendresse, de ne pas poser trop de questions. Asher tentait d’apaiser les peurs de son copain par rapport à sa relation avec cette fille de vingt ans. Pour lui, il n’y avait pas tant de problème et s’il attendait le feu vert de quelqu’un, si cette personne ça pouvait être lui, qui sait autant aider. Seulement Orso n’était pas vraiment réceptif et sa réaction fit à son tour froncer les sourcils à Asher. Il cherchait à ne pas le juger, il faisait bien ce qu’il voulait, mais pour lui, il vivait trop dans le regard des autres. Peut-être parce qu’elle, elle s’en fout d’être vue avec un mec de trente ans. Je sais que c’est plus simple de son côté à elle. Mais en vrai, Orso, t’as peur qu’on te juge ? C’est ça le vrai problème ? Il soupira avant de s’avancer un peu vers lui. J’ai été pas mal jugé dans ma vie, pour tout et n’importe quoi, alors ce sont les paroles d’un vieux sage là, écoute. Tu seras toujours jugé d’une manière ou d’une autre. Et si tu t’empêches de vivre à cause de ça, tu pourrais finir malheureux. Après si vous vous êtes tous les deux saboté avec vos deux caractères de merde, ça, c'est un autre problème. Qu’il ajouta en haussant les épaules. Évidemment qu’il savait, Ash, que son pote n’était pas simple dans son genre. Et il était d’avis qu’une gamine avec du tempérament, même trop jeune pour lui, c’était peut-être exactement ce qu’il lui fallait. Mais il avait déjà pas mal donné son avis, il s’abstint de donner celui-là. D’ailleurs, il semblait vouloir clore la conversation, c’était déjà pas mal, pour un début. Ils avaient même déjà dit beaucoup. Il esquissa un sourire à la réflexion d’Orso. Elles parlent de nous aussi, t’en fais pas. Enfin il s’en doutait, les filles, c’était leur truc de parler de mecs, les clichés avaient la belle vie ! On peut reprendre un verre si tu veux, ça t’aidera peut-être à faire passer la pilule. Ou pas, sait-on jamais.

J'sais pas pourquoi j'me livrais comme ça, ce soir. C'était pas du tout dans mes habitudes que de lâcher des informations, encore moins sur Maxine et moi. J'crois que c'était la première fois que je verbalisais notre relation à voix haute et ça semblait encore plus foireux que dans mes pensées. C'était impossible entre elle et moi, pour tout un tas de raison. Notre différence d'âge, en fin de compte, n'avait été qu'une porte d'entrée pour nos mésententes. Mais j'pouvais pas ignorer que j'avais encore une belle dose de sentiments pour elle. Et ça me faisait bizarre de l'admettre. J'le reconnaissais que j'étais probablement en train de l'ennuier avec mes histoires à l'eau de rose mais visiblement, ça le dérangeait pas tant que ça et sa réponse me fit rire. Ouais peut-être qu'il était pas de très bons conseils comme il le disait, bien que je devais l'admettre que ça me rassurait pas mal qu'il soit lui aussi dans une histoire compliquée avec une autre fille, mais au final, ça me faisait un bien fou d'avoir un autre oeil, d'avoir un autre prisme. Notre histoire avec Maxine, j'avais tout gardé en dedans, j'en avais parlé à personne et ça m'avait pourri l'esprit une bonne partie de l'hiver dernier. "C'est vrai que ça fait pas mal du bien d'lâcher le truc. T'es le premier vraiment à qui j'en parle, c'est une p'tite exclue mais j'compte sur toi pour la discrétion, tout ça.." que j'dis avec un p'tit air malicieux mais quand même assez sérieux. Je savais très bien que c'était pas le genre d'Asher d'aller crier sous tous les toits, et encore moins une histoire dont la plupart s'en contrebalançait, il aurait rien à gagner à aller raconter ça à quelqu'un d'autre, j'le savais. J'le questionnais encore un peu sur sa relation avec cette fameuse femme plus jeune que lui, et d'après ce qu'il me disait, la conversation à coeur ouvert entre les deux, c'était pas la priorité. "Je vois très bien, merci pour les détails." que j'disais en faisant une moue faussement dégoûtée. Et il revenait sur moi et Maxine, supposant qu'il ne fallait pas que je m'inquiète du regard des autres. Ca semblait simple pour lui, alors que pour moi, ça avait toujours eu une place importante ça, ce que je pouvais renvoyer aux autres. Je l'écoutais attentivement, lui avait été sous le feu des projecteurs avec sa carrière et visiblement, ce qu'on pensait de lui, ça ne l'atteignait pas. J'en arrivais presque à l'envier sur ce coup là. Je soupirais un peu. "J'crois que ouais, sur le coup, c'était vraiment le regard des autres qui m'a fait vrillé. Pis après, on s'est juste rendu compte que ça pouvait difficilement matché, on a laissé le truc s'envenimer et y a plus trop de retour en arrière possible là. J'crois." que je finissais par dire, en haussant les épaules. J'nous resservais un verre, parce qu'on avait terminé le premier et qu'une petite dose de rhum pourrait probablement m'aider à me sentir mieux. "Ouais, buvons un coup, ça peut pas faire du mal." que j'dis en souriant avant de proposer à Asher de faire entrechoquer nos verres. La discussion continua entre nous, le temps du deuxième verre. Les sujets étaient plus légers, on passa en revu l'avancée de ses travaux, j'lui parlais de mes projets pour l'hiver, et finalement, la fatigue se faisait ressentir. Asher quitta le loft une petite heure plus tard. Clairement, cette soirée avait scellée une nouvelle étape de notre relation amicale. Asher, c'était un gars sur qui je pouvais compter et à qui je pouvais parler librement. Et ça, c'était pas rien.

rp clos ?

@Asher Robertson