You know you're bright as the morning, as soft as the rain Pretty as a vine, as sweet as a grape + Ashendy

La maison avançait, Asher ne pouvait pas dire le contraire. Pas aussi rapidement qu'il le voulait, mais ça avançait, malgré les problèmes administratifs, de permis de construire, notamment, auxquels il s'était heurté, il commençait à voir le bénéfice du travail qu'il avait abattu. À présent, il réalisait qu'il arrivait aux limites de ce qu'il pouvait faire par lui-même. Il avait abattu des murs, refait quelques ouvertures, travaillé sur sa cuisine. Mais il avait besoin d’artisans qualifiés pour continuer. Il restait tellement de travail, le plus gros étant tout l’agrandissement sur pilotis, la base était faite, maintenant il fallait construire des murs, mettre une charpente et un toit par dessus. Ça viendrait plus tard, pour l'instant il souhaitait juste avoir une cuisine opérationnelle, aménager ses chambres et un semblant de pièce à vivre pour pouvoir s’installer. Il allait encore falloir quelques mois, voire années, pour que tout soit totalement fini. Mais le boxeur n'était pas pressé, c’était la maison d’une vie, celle de ses grands-parents, même si elle ne ressemblait plus à celle qu’il avait connu enfant. Il restait le côté sentimental, les souvenirs lié à ses vieux, dans cette forêt, avec ses cousins, la belle époque. Il voulait juste enfin pouvoir y emménager, quitter cette foutue caravane qu'il occupait depuis trop longtemps à son goût. Il voulait vivre dans sa maison. Aujourd'hui il avait rendez-vous avec une entreprise de menuiserie charpenterie. Un business local, familial, exactement ce qu'il voulait. Le premier contact par téléphone avait été bon, leur réputation excellente, pourtant il ne comptait rien laisser au hasard, surtout sur cette partie si importante à ses yeux. Robertson était fils de charpentier, il avait traîné sur les chantiers avant de traîner sur les rings, il s’y connait suffisamment pour avoir pu faire quelques petites choses et il aurait adoré faire davantage, malheureusement il avait ses limites et puis il travaillait seul, il n'avait donc que deux bras. Il était dans sa cuisine avec son plan posé sur ce qui allait devenir l’îlot central quand il vit une camionnette entrer sur son terrain. Il se redressa, ça devait être Wen. La secrétaire l’avait rassuré en lui disant que le patron allait s’occuper de son projet. En même temps c'était un bon coup pour l’entreprise, s’il plaisait à Asher, le sportif lui proposerait de continuer à travailler ensemble sur pas mal d’autres gros projets, comme son extension, alors autant envoyer le boss pour faire bonne impression. Il avait le dos tourné quand on frappa à sa porte. Entrez, c'est ouvert. Ne faites pas attention au chien, il n'est pas méchant. Parce que Jack s’en donnait déjà à cœur joie pour accueillir cette nouvelle tête et il pouvait être impressionnant. Finalement la porte s'ouvrit et le quarantenaire se retourna avec un sourire, qui se figea quelque peu en découvrant une femme face à lui. Oh ! Bonjour. Il fronça les sourcils en l’accueillant. Vous n'êtes probablement pas Wen. Il arrive après ? C'est vous que j’ai eu au téléphone ? Évidemment, il la prenait pour la secrétaire, qui pouvait-elle être d'autre ?!

@Wendy Villanueva

Lorsque l'aînée était revenue de sa journée sur un chantier, elle avait trouvé Lily excitée comme une puce au salon de la moquette. Sa pétillante petite sœur était tout bonnement ravie du rendez-vous qu'elle lui avait décroché pour le lendemain, arguant que le client potentiel leur était arrivé grâce au bouche à oreille - comme souvent - et qu'à sa voix, il avait l'air beau. Réflexion surannée qui avait arraché un froncement de sourcils perplexe à Wendy. Aussi impitoyable qu'elle fut en affaires, Lily possédait ce petit côté fleur bleue collant à la perfection avec son prénom. Concernant sa sœur, il s'agissait moins du physique que du porte-monnaie de l'homme concerné qui l'intéressait. Rien de vénal là-dedans, toutefois, un beau gosse insolvable ne lui ferait que perdre son temps.

Néanmoins, la remarque de la jeune femme est déjà reléguée dans les tréfonds de sa mémoire quand, le lendemain, elle se gare devant le lieu du rendez-vous. Son regard s'attarde quelques instants sur les lieux, évaluant la bâtisse qui, pour le coup, peut vraiment être qualifiée de belle. Solide et d'un certain âge, elle paraît avoir résisté aux affres du temps bien mieux que la plupart des nouvelles constructions d'aujourd'hui. Puis, des aboiements attirent son attention. Loin de craindre le gardien de la maison, elle vient lui présenter sa main quand celui-ci l'accueille avec toute la chaleur dont seuls sont capables les chiens. Il serait dommage de l'ignorer, ainsi que le lui demande son propriétaire. Qu'elle découvre donc, dans un premier temps de dos, avant qu'il ne pivote afin de la recevoir à son tour. D'une façon à laquelle elle est, malheureusement, beaucoup trop habituée. « Si. Non. Et non. » s'amuse-t-elle toutefois du quiproquo, un sourire creusant légèrement le coin de ses lèvres. « Je suis Wen. Mais à part Lily, que vous avez eu au téléphone donc, personne ne m'appelle comme ça. Wendy. Wendy Villanueva. » Elle s'avance, tendant la main à son interlocuteur indélicat.

Cette voix si particulière, facilement identifiable, elle avait contribué au succès du boxeur. Lui il s’en foutait pas mal, c'était juste son instrument pour parler après tout, mais fut un temps, dans une autre vie, on lui avait demandé d'en user, de cet avantage là. Alors il avait effectivement discuté avec une certaine Lily, charmante de prime abord, c'était toujours plus engageant d’avoir un contact fluide avec un prestataire. Il lui tardait donc de rencontrer le chef d’entreprise et de planifier ses futurs travaux. Ce fut Jack, son staffi, qui accueillit Wen en première. Le chien était toujours ravi d'avoir de la visite, c'était de loin l’animal le plus gentil qu’Asher ait connu et cette nouvelle vie au milieu de la nature lui convenait totalement. Il avait cette allure massive, toute en muscles, un tel chien sur un tel terrain, ça pouvait donner l’impression qu'il était là pour monter la garde, mais heureusement pour les personnes mal intentionnées, Jack ne ferait pas de mal à une mouche. Un peu à l’image de son propriétaire, finalement. Tout n’était qu'une question d’apparence.  D’ailleurs en parlant d’apparence, ce n'était absolument pas celle à laquelle l’ancien champion s’attendait en accueillant le fameux, ou devrait-on dire, la fameuse, Wen. Ou plutôt Wendy, donc. Il la détailla, sourcils froncés, visage fermé, dans une moue indéchiffrable. La brune ne se démontait pas et évidemment ça le piquait, il aimait les personnes qui avaient du répondant,  même si, dans ce cas, c'était pour le remettre correctement à sa place. Il déplaça sa lourde carcasse pour venir serrer cette main qu'elle lui tendait avec un air de défi. Je dois donc vous appeler Wendy.  En conclut-il, non sans un haussement de sourcils presque accusateur. Comprenez que je sois surpris, on m’a parlé de patron et non de patronne. C'est indélicat de la part de votre secrétaire, si je peux me permettre. En l’occurrence, il se permettait sans problème, il disait toujours ce qu'il pensait, avec plus ou moins de formes, selon la situation. Asher n'avait rien contre une femme cheffe d’entreprise, au contraire, mais dans ce cas autant assumer jusqu'au bout. Asher, bienvenue. Il était déconcerté, le mot était faible, lui qui s'attendait à un homme bourru aux grosses mains calleuses, les clichés avaient toujours une bonne place, il se retrouvait à serrer la main douce d'une jeune femme, plutôt bien foutue.

@Wendy Villanueva

Non, il ne pouvait pas se le permettre, en fait. S'il était quelque chose que Wendy supportait encore moins bien que le sexisme ordinaire, c'était bien la mauvaise foi. Ses sœurs et elle travaillaient ensemble depuis tellement d'années, que l'une aurait presque plus remplacer l'autre sur les postes qu'elles occupaient respectivement. Elles connaissaient leurs méthodes, leur approche du client, toutes différentes, mais toutefois complémentaires. De fait, la brune pouvait presque dérouler la conversation à laquelle elle n'avait pas assisté dans son esprit. Elle en conclue donc que l'homme avait sauté lui-même aux conclusions qu'imposaient leur secteur d'activité, et qu'ainsi pris au dépourvu, l'agacement fut venu. Lequel s'accordait drôlement bien avec celui en train de naître en elle. Car, disons-le, il n'était guère difficile de titiller l'aînée des Villanueva. « Je ne manquerai pas d'expliquer à notre commerciale la nécessité de genrer les personnes qu'elle envoie chez nos clients les plus délicats. » Elle a insisté sur le statut de l'autre jeune femme, puisque voir réduites ses missions et son implication, lui est plutôt intolérable. Cependant, elle a veillé à maintenir un timbre de voix neutre, ni sec, ni brusque ... Peut-être un peu pincé, disons. La poignée de main est ferme et vigoureuse, en revanche. La montagne de muscles qui lui fait face lui paraît avoir besoin d'une petite démonstration de force. Malgré la fragilité visible de son ego. Quelle ironie. Mais, à bien y réfléchir, tout à fait typique de ce genre de personnages. « Merci de m'accueillir chez vous, Asher. Votre maison est très intéressante, avec un énorme potentiel. » Ses doigts quittent ceux de brun, tandis que son regard embrasse la pièce dans laquelle ils se trouvent. Boiseries d'époque. Huisseries aussi. Traverses en excellent état. Son oeil vif note quelques petites imperfections, ce qui la pousse à l'interroger : « Vous avez fait des travaux vous-même, n'est-ce pas ? » Aucune moquerie ne pointe dans son ton, seulement une franche curiosité.

Il y avait une tension palpable entre Wendy et Asher, un truc dans l’air, comme s’ils s’affrontaient alors qu’ils ne se connaissaient pas. Il fallait bien avouer que cette rencontre n’avait pas débuté du bon pied, le boxeur était persuadé d’avoir affaire à un homme et il avait été décontenancé par l’arrivée d’une femme, plutôt jeune de surcroit. En soi ça ne le dérangeait pas, s’il l’avait su dès le départ ce n’aurait même pas été un sujet. Le problème étant, visiblement, que la brune était piquée par ses mots et que plus il tentait de se rattraper, plus il s’enfonçait. Il fallait admettre qu’il n’était pas le meilleur en communication, un peu trop franc, un peu trop direct. On lui avait déjà expliqué, par le passé, que tout n’était pas toujours bon à dire, ou du moins qu’il fallait savoir mettre des formes. Mais il était fait ainsi et à quarante ans bien tassés, il lui était difficile de changer. Il se racla la gorge lorsqu’elle insista sur le mot commercial, donc secrétaire non plus ça ne convenait pas et il faillit rouler des yeux quand elle parlait de genrer. Il était peut-être franc, il s’était peut-être fait fracasser la tête quelques fois au cours de sa vie. Mais il n’était pas totalement stupide non plus et elle le prenait clairement pour un de ces vieux sexistes qui rabaissaient les femmes. Ça partait vraiment mal, oui. Les à priori avaient la dent dure, mais il y en avait visiblement des deux côtés. Le fait est qu’il avait un avantage certain sur Villanueva et ça n’avait rien à voir avec ces petites piques, il était un client, un potentiel bon client. Ça ne voulait pas dire qu’il était roi et qu’il avait tous les droits, cependant si la commerciale avait envoyé la patronne, employons donc les bons mots, et qu’elle savait faire son job correctement, c’est qu’elle avait flairé le gros poisson, donc il valait mieux que ça se passe bien pour Wendy. Il choisit de ne pas insister, la première impression n’était pas idéale, mais il se présenta, lui offrit une poignée de main certes vigoureuse, c’était plus une déformation professionnelle qu’une démonstration de force. Il esquissa un premier sourire réellement sincère, la jeune femme venait de complimenter sa maison, elle l’avait pris par les sentiments. Il y tenait à ces quelques murs, à ce lopin de terre qui lui rappelait tant de souvenirs. En soi la maison était plutôt simple, construite dans les années soixante, il fallait qu’elle soit solide et pratique pour y accueillir une famille. Les grands-parents Robertson ne roulaient pas sur l’or, mais ils avaient aimé cette maison, ils y avaient mis leur âme généreuse et ça se ressentait encore aujourd’hui. Évidemment, elle n’était absolument plus au goût du jour, elle était trop fermée, pour une époque où on aimait les grands espaces pas trop cloisonnés, il y avait quelques trucs à reprendre. C’est pourquoi Asher voulait la moderniser, mais il tenait aux fondations, à l’amour que ses grands-parents avaient mis dedans. Elle l’est, n’est-ce pas ?! J’étais sûr qu’elle vous plairait. Elle est dans son jus, mais il y a tellement de choses à faire. Il caressa du plat de la main les reste de la vieille cuisine en formica qui allait bientôt sauter, mais qu’il avait toujours connu. J’ai grandi dans cette maison, j’y passais tous mes étés. Il observait Wendy, son regard qui furetait partout, qui s’arrêtait sur les travaux déjà accomplis, qui semblait étudier, réfléchir. Puis, il hocha la tête. Oui, ça fait quelques mois que je suis dessus. Je ne suis pas pro, loin de là, mais j’aime ça et mon père était menuisier, il m’a appris les bases. C’est pas parfait, je sais. Avoua-t-il en se grattant l’arrière de la tête, comme embêté. Bien qu'en soi, il s’en foutait que ce ne le soit pas, pour lui ça faisait aussi partie du charme de la rénovation par soi-même. J’ai besoin de vous pour les gros travaux, il me manque du matériel et des connaissances, puis j’suis tout seul aussi, je n’ai que deux bras. Par contre j’ai insisté auprès de votre s… commerciale. Je veux aider, je veux être là. C’est non négociable. Il savait qu’elle allait tiquer, c’était une évidence, mais il ne plierait pas sur ce point. Quitte à laisser passer la chance de bosser avec la meilleure entreprise du coin, il n’y aurait pas de contrat si elle ne le laissait pas travailler avec elle.

@Wendy Villanueva

Pour quelqu'un qui n'était pas du métier, la jeune femme trouve toutefois qu'il s'est pas mal débrouillé. Cela dit, alors qu'il lui explique que son père était lui-même artisan, force est de reconnaître qu'il ne partait pas de zéro non plus. Ce qui n'est pas plus mal, en soi, car la brune a déjà vu des novices s'attaquer à du gros œuvre sans être correctement conseillés ... Et a dû rattraper de sacrées bourdes, leur coûtant ainsi plus cher que s'ils avaient fait appel à un professionnel dès le départ. Néanmoins, tel n'est pas le cas ici - en tout cas à première vue. « La perfection n'existe pas dans notre métier. Juste la minutie et le goût du travail bien fait. » rétorque-t-elle avec un petit sourire en coin, comme si elle essayait de le rassurer. Ou pas vraiment. Disons, de mettre en exergue ce qu'il a accompli, ainsi qu'on l'a toujours fait pour elle. Il ne lui viendrait pas à l'idée de dévaloriser quelque initiative que ce soit. Elle comprend qu'on ait envie de donner de soi-même, à plus forte raison pour un endroit avec une telle dimension sentimentale. Car si elle s'est gardée de tout commentaire, elle a entendu lorsqu'il a évoqué son passif entre ces murs. Tout comme elle a parfaitement entendu la condition sine qua non pour qu'ils puissent envisager d'engager son entreprise. Elle a soudain un tout petit peu envie de maudire sa sœur sur les sept générations à venir. Lily n'aurait pas pu omettre un tel détail. De ce fait, si elle l'a gardé pour elle, c'était à dessein. Lequel, voilà qui reste à déterminer. En attendant, Wendy ne peut que montrer sa surprise par un haussement de sourcils perplexe. « Qu'entendez-vous par "aider", au juste ? » Un client dans les pattes est déjà compliqué à gérer, mais si en plus il se met en tête de coller ses gros doigts partout, on risque de friser l'accident et la crise d'apoplexie. « Nous avons des normes de sécurité à respecter, Asher. Votre demande est entendable, mais difficilement compatible avec nos obligations légales. A moins que vous disposiez d'une carte de professionnel du bâtiment. » Ce dont elle doute. De plus, puisqu'il est lui-même issu d'un père menuisier, il ne pouvait ignorer ce détail. Voilà pourquoi, croisant les bras sous sa poitrine, elle attend de plus amples explications sur ses intentions.


@Asher Robertson

Il en avait bouffé de la poussière durant son enfance. Asher était le genre d’enfant surexcité, toujours en mouvement, il avait beaucoup d’énergie à canaliser. Les seuls moments où il réussissait à être calme, c’était quand son père l’emmenait avec lui sur les chantiers. Évidemment, il prenait toutes les précautions nécessaires, il ne l’emmenait que là où ce serait sans danger pour son fils. Mais il le trimballait dans son camion. Il lui parlait de sa passion pour le bois, ce matériau sur lequel il pouvait déblatérer durant des heures. Et une fois sur place, il le laissait observer, il lui donnait des chutes à tailler, à façonner comme il en avait envie, ça pouvait l’occuper un moment, le jeune Ash. Le paternel avait bien vite remarqué que son fils était doué de ses mains, patients et minutieux quand il le voulait. Mais il ne l’avait jamais poussé dans cette voie, s’il n’avait pas envie de prendre la suite de l’entreprise, il ne comptait pas l’y forcer. Et un jour Asher avait mis ses mains dans des gants de boxe, ce jour-là il avait su qu’il ferait bien quelque chose de ses dix doigts, mais que ça n’aurait rien à voir avec la menuiserie. Ce jour-là, il avait été fier de son fils, parce qu’il avait trouvé son but dans la vie. Néanmoins, même si le gamin s’était un peu désintéressé de l’activité de son ainé, il avait continué à le suivre occasionnellement. Adolescent, quand il avait pris plus de force et d’assurance, il l’avait laissé travailler un peu avec lui. Les vacances, bidouillant des autorisations de stage d’observation pour qu’il ait le droit d’être là légalement et de mettre un peu la main à la pâte, bien qu’officiellement il n’eût pas le droit de travailler. Il y avait toujours la théorie et puis la pratique. Bref, toutes ces années à suivre son père sur les chantiers avait porté ses fruits puisque aujourd'hui, Asher était revenu à ses premières amours. Il aquiessa à la réponse de Wendy, plutôt d’accord avec ce qu’elle disait. Son jugement n’avait pas tellement d’importance pour le boxeur, il avait travaillé comme il l’entendait avec les bases qu’il connaissait. Il savait que certes ce n’était pas parfait, mais que c’était au moins honorable, précis, minutieux, il avait pris le temps nécessaire pour bien faire. On est d’accord sur ce point. Il ponctua d’un sourire engageant. Avant de reprendre avec ce dont il avait besoin, la raison principale pour laquelle elle avait fait le déplacement jusqu’à lui. Il lui parlait de gros œuvres, de matériel, de main d’œuvre. Mais surtout, il insista sur ce point qu’il avait déjà évoqué avec la fameuse Lily. Au téléphone, la jeune femme n’avait pas donné l’impression que ce serait un problème, pourtant, vu la tête de Wendy, ça semblait ne pas être si évident. Elle se mettait sur la défensive alors il croisa instinctivement les bras sur son torse. Vous avez besoin d’un dessin ? Qu’il rétorqua du tac au tac. Ce n’était pas bien malin. Et ce fut la brune qui lu fit un dessin, elle lui parla d’autorisations, de carte professionnelle, tout ça, Asher en avait entendu parler, évidemment. Mais, comme dit un peu plus haut, il y avait toujours la théorie et puis la pratique. Il lâcha un soupir. Un café, ça vous dit ? Lui, il sentait que ça lui ferait du bien, là. Il sortit donc deux tasses et commença à se faire couler un peu de carburant. Je n’ai pas l’intention d’être dans vos pattes, je comprends que vous n’ayez pas envie d’avoir un emmerdeur qui vous suit à la trace. Je ne suis pas là pour vous surveiller. Comprenez que si je vous engage, c’est que j’aurais confiance en vous et votre équipe. Vous bossez sur le terrain ou vous êtes seulement la partie commerciale ? Il n’y avait pas de jugement dans sa question, mais il voulait savoir à qui il s’adressait vraiment, à la patronne, ou aussi à la charpentière, c’était important pour lui. Depuis plus de six mois, je vis dans ces travaux, mon seul but dans la vie à présent, c'est que cette maison à l’image de ce que j’imagine. Et je ne souhaite pas me tourner les pouces en vous regardant bosser de loin. Asher avouait clairement qu’il ne faisait plus rien d’autre de sa vie aujourd’hui, il vivait pour cette maison. Ces travaux, c'était son exutoire et même si Villanueva se foutait de son histoire personnelle - on n’était pas dans un foutu show à l’américaine où le héros s’épanchait sur ses malheurs perso alors qu’il devait parler de tout autre chose, non - mais elle devait comprendre que c’était important, vital, pour lui.

@Wendy Villanueva