#22 - If at first you don’t succeed, try, try again - Juliann

La première chose que je fais en me levant le matin, c'est aller voir Maya dans son panier. "Coucou ma puce." Je lui dis en lui grattant le ventre. Cela fait une semaine que ce petit chien est à la maison et je ne regrette absolument pas ma décision. Au contraire, c'est un amour et je ne peux m'empêcher de lui faire des câlins toutes les cinq minutes. Je ne peux pas résister à sa petite bouille. Je suis devenue une espèce de maman et ce petit être est sous ma responsabilité. J'ai parfois peur qu'il lui arrive quelque chose ou qu'elle fasse une bêtise quand j'ai le dos tourné. Mais je commence à relativiser et à bien m'habituer à sa présence. Elle a modifié mon train-train quotidien et cela m'est bénéfique. Je file sous la douche avant d'enfiler un pantalon de yoga et un t-shirt court. Il fait encore bon à Bowen malgré la pluie qui est annoncée en fin de journée. Je décide de prendre un petit déjeuner simple composé d'un café et d'une banane. Rapide, mais efficace. Je suis en train de faire la vaisselle quand Maya vient me voir. Elle gratte ma jambe et commence à pleurer. "Oh oui ! Il est temps de sortir." Je lui enfile son collier, attrape mes clés et nous voilà parties. J'aime bien ce moment où je prends le temps de marcher dehors. Avant, je restais souvent enfermée chez moi à lire une montagne de livres. La petite bête me force à voir les rayons du soleil. Cela me fait un bien fou. On rencontre une petite mamie qui promène son carlin. Elle est bien gentille et elle me fait rire avec ses anecdotes de quartiers. Le voisin du numéro 23 a tondu sa pelouse alors que ce n'est pas la saison ? Mais quelle nouvelle extraordinaire ! Nous discutons quelques minutes avant de reprendre notre balade. Une heure plus tard, nous sommes de retour à la maison et je la laisse faire sa petite vie. Il est temps que je travaille, j'ai un manuscrit à relire avant la fin du mois. Je ne suis qu'au début. J'ai à peine le temps de m'installer à mon bureau et d'allumer mon ordinateur avant que la sonnette de l'entrée ne retentisse. "Ding ding." Je n'attends personne pourtant... Je vais ouvrir, mais sans tirer la porte en grand. Pour ne pas laisser passer la boule de poils dehors."Heu... Bonjour ?"

En plus de ton travail à la caserne que tu as repris tout récemment, tu as également recommencé ton bénévolat au sein du refuge. Cela te rend heureux de pouvoir retrouver l'équipe après deux années à voyager et à vivre à Brisbane. Ça et pouvoir recevoir l'amour de toutes ces petites bêtes qui ne demandent qu'à être aimée. C'est de cette façon que tu as accueilli Loki chez toi, cet incroyable berger australien, en tant que famille d'accueil. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, tu as pour mission d'aller voir si tout se passe bien pour Maya, une ancienne pensionnaire qui a trouvé sa famille pour la vie. Le hasard fait que ce petit chien est allé chez une de tes voisines. Néanmoins, tu ne la connais pas encore. Tu n'as pas annoncé ta visite, c'est le processus qui veut ça, alors, lorsque la porte s'ouvre, tu n'es pas étonné de voir que la jeune femme ne sait pas qui tu es et ce que tu fais là. « Bonjour, je suis Juliann du refuge. On s'est vu il y a quelques jours, vous vous souvenez ? » En réalité, vous vous êtes à peine aperçus au refuge mais toi, tu t'es souvenu d'elle car tu l'as tout de suite trouvée très jolie. Elle est carrément ton type de femmes mais ça s'est arrêté là. Vous n'avez pas eu le loisir de discuter et tu n'as pas cherché à en demander davantage. Bref, là n'est pas le sujet ni le motif de ta venue. « Il est de coutume qu'après quelques jours, on vienne voir si tout se passe bien dans la nouvelle famille d'accueil de nos animaux. Est-ce que je peux entrer ? » Demandes-tu poliment.

Je reçois rarement de la visite. Par surprise, qui plus est. Seuls des membres de ma famille ou des amis très proches sont déjà venus. J'aime préserver mon petit havre de paix où je peux m'isoler paisiblement. Surtout avec ma nouvelle colocataire à poils qui doit encore s'acclimater à sa nouvelle maison. Sur le chemin vers la porte, je m'interroge. Le facteur peut-être ? Surement une commande de livre. Je réalise souvent des achats sur Internet dès qu'une nouveauté est disponible. Sans plus m'inquiéter, je vais ouvrir. Je me retrouve face à un monsieur dont le visage me dit quelque chose. Mon cerveau se met à bouillir pour retrouver de qui il s'agit. Peut-être un adversaire lors de la fête de la mangue ? Marc ? Ou Henry ? Heureusement, l'inconnu se présente spontanément. "Maintenant, que vous le dites : oui je me souviens ! Je suis Aleksandra... Mais vous devez déjà le savoir." Bah oui, idiote, sinon il ne serait pas devant ta porte. Je lui tends la main pour le saluer. Nous nous sommes croisés lors de l'adoption de Maya donc. Il est vrai que son postérieur suscite de l'intérêt. Voilà ce dont je me rappelle en me remettant en tête le contexte de notre rencontre. Je ne lui avoue pas, bien sûr et tente de rester concentrée sur notre conversation. Je ne peux lui demander la raison de sa visite, car il enchaîne directement. Une visite de contrôle... Je commence à paniquer un petit peu. Et s'il m'enlevait mon petit chien ? Je me suis beaucoup attachée à elle. Je ne veux pas qu'on la retire de ma vie. J'hésite un peu, mais le laisse entrer. "Oui... Bien sûr... Faites comme chez vous." Pas trop quand même, hein. Je me décale sur le côté pour lui laisser la place de passer tout en gardant Maya à l'intérieur. "Vous voulez boire quelque chose ? Un café ? Du soda ?" Je lui glisse un petit sourire. J'essaye de me montrer polie alors que sa visite me met mal à l'aise. Grâce à mon nettoyage de la veille, je suis contente de constater que tout est bien rangé dans la maison. Mais le doute persiste. Et si je fais quelque chose de travers depuis mon adoption ?

Tu n'es pas toujours assigné aux visites de contrôle, préférant en général rester au refuge pour t'occuper du bien être des animaux. Néanmoins, tu fais quelques petites visites par-ci par-là lorsque l'on te le demande. Là, tu ne vas pas mentir, lorsque tu as compris de qui il s'agissait, il n'a pas fallu te convaincre beaucoup. Dans d'autres circonstances, peut-être que tu aurais osé accoster cette jeune femme pour apprendre à la connaitre si l'envie lui disait. Ici, tu es forcément obligé de rester un minimum sérieux et professionnel. Bien que ce soit une visite de contrôle, c'est surtout une visite pour voir si tout se passe bien pour le chien comme pour le maitre. Alors que tu lui demandes si tu peux entrer, tu vois bien à son visage qu'elle est un peu inquiète. Oui, cette visite peut faire peur d'emblée mais, dans le fond, il n'y a aucune raison de s'inquiéter. « Merci. » Réponds-tu en souriant, entrant dans la propriété. Tout de suite, tu repères Maya qui vient vers toi. Tu t'accroupis pour venir la caresser. « Comment tu vas ma grande ? » Demandes-tu sans réellement attendre une réponse. Alors que vous fêtez vos retrouvailles avec Maya, tu marques une pause pour tourner la tête en direction d'Aleksandra qui t'offre à boire. « Un café ce sera très bien. » Une fois les retrouvailles faites, tu te permets d'avancer un peu plus dans la maison, trouvant le séjour. Lorsque la jeune femme revient vers toi, tu en profites pour clarifier la situation afin que ses inquiétudes cessent. « Cette visite n'a pas pour but de vous coincer ou quoi que ce soit. C'est surtout pour voir comment Maya se sent dans son nouvel environnement et comment vous vivez la cohabitation. Pour savoir si vous avez réussi à prendre vos marques finalement, toutes les deux. » Expliques-tu.

Je fais entrer un inconnu chez moi. Enfin, la raison de sa visite est légitime, mais je suis tout de même mal à l'aise. J'imagine qu'avec un mauvais rapport de sa part, on peut me retirer la garde de Maya. Sauf que je me suis attaché à cette boule de poils au fur et à mesure des jours. Je ne veux pas qu'elle reparte dans son refuge froid et presque sans amour. Elle ne le mérite pas. De plus, je laisse rarement les gens rentrer dans ma maison. C'est mon petit coin de paix et j'ai l'impression d'être envahie. Même lors de rendez-vous disons olé olé, j'essaye de faire en sorte que cela se produise toujours dans le lit de l'autre. Ou dans son salon, ou sa cuisine. Bref, peu importe, mais pas chez moi. Question d'espace personnel. Certes, l'étranger du jour est très agréable à regarder, mais il est tout de même au milieu de mon entrée. La chienne, cette traîtresse vient l'accueillir à coup de câlin. Elle n'a pas conscience du danger. C'est tout à son honneur. J'essaye quant à moi d'être polie et propose de quoi boire au monsieur. Il accepte un café. "J'ai aussi du jus d'oranges pressées, si vous voulez goûter." Je m'en vais vers la cuisine tout en continuant. "Vous savez, ces fruits regorgent de vitamine C. Ils renforcent notre système immunitaire et apportent une fraîcheur acidulée à chaque bouchée, ou gorgée en l'occurrence. Le tout en hydratant et en revitalisant notre corps et notre esprit. Il parait que c'est un bon moyen pour ralentir la perte de vision ou l'apparition de cancers." Je parle trop quand je stresse, cela se voit, n'est-ce pas ? "En plus, en hiver, on peut faire des espèces de bonbons en faisant confire la peau. Je trouve ça super bon." Ok, Aleksy, tu divagues alors ferme la. Je suis partie dans un délire avec mes agrumes... Juliann va me prendre pour une folle. C'est dommage, il a l'air sympathique. Bien qu'il soit un peu intimidant. Ou alors c'est le contexte de sa visite qui me pousse à me méfier. Je prépare tout de même son café, le pot de sucre et une petite cuillère et me sers un verre de jus. Il est vraiment délicieux, idiots sont ceux qui passent à côté. J'apporte le tout sur un plateau que je dépose sur la table du séjour. "Pour vous, n'hésitez pas à vous servir." Je vais même chercher la corbeille de fruits dans la cuisine. "Comme j'en parle, voilà. Prenez une orange, c'est bon pour la santé. Et puis cette couleur ! Vous ne trouvez pas qu'elle rappelle le soleil ? Malheureusement, on en produit très peu en Australie. Elles sont presque toutes importées. Vous vous rendez compte des kilomètres qu'elles ont fait avant d'arriver dans nos assiettes ?" Je divague, encore. Je m'en rends compte et décide de me taire en regardant le sol. J'ai honte ? Peut-être un petit peu. J'écoute le jeune homme qui me donne plus de détails sur sa présence ici. Je comprends sa démarche et je me détends un petit peu. J'avale une gorgée à mon verre avant de répondre. "Merci pour les explications, j'en avais besoin. Pour tout vous dire, les premières nuits n'étaient pas faciles. Elle pleurait beaucoup, mais petit à petit, elle s'est habituée. De mon côté, elle a changé mon quotidien, mais je ne regrette pas du tout. Elle me tient compagnie." Distraitement, je joue avec une mèche de mes cheveux tout en parlant. J'essaye de me détendre comme je peux. J'en viens même à me resservir un verre de jus d'orange. "Vous n'êtes toujours pas tenté par mes délicieuses oranges ?" Rooo. Mais qu'est-ce que je peux être lourde quand je suis mal à l'aise.

HRP : Pardon pour les oranges, tu es victime de la fête de la mangue