sorry for the drama (jackson)

La première étape de la tournée à laquelle Jackson participe s’est terminée il y a plusieurs jours, offrant une pause et un retour à Bowen le temps de quelques semaines avant de repartir à nouveau pour une autre ville d’Australie. Si Perry a pu aller le voir plusieurs fois, parfois de manière prévue, parfois par surprise, savoir qu’il pourra voir son petit-ami durant plusieurs semaines, tous les jours, le met particulièrement en joie. Heureusement durant son absence il a eu de quoi se changer les idées avec notamment le projet d’achat d’une maison pour leur colocation et le retour surprise de Concho dans celle-ci. A croire que Perry est le seul à avoir un couple durable, enfin un couple qui s’est quand même déjà séparé mais bon il préfère oublier ce détail lorsqu’il se vente auprès de ses colocataires, mais eux ne l’oublie pas, surtout qu’il a été particulièrement agaçant durant cette période à jouer les drama queen. La période de retour de l’acrobate coïncide également avec l’anniversaire de Penny qui fête ses dix-sept ans, sa dernière année avant le départ pour l’université et le déni complet de son père qui n’arrive pas à croire que celle qu’il a adopté à l’âge de six ans va bientôt aller faire ses études. Comme tous les parents, il dira qu’il ne l’a pas vu grandir. Après une fête en petit comité à la colocation, Perry a accepté qu’elle puisse en faire une avec ses amis dans une maison louée pour l’occasion, au bord de l’océan, un beau cadeau de la part de son père. Ils ont tous les deux longtemps discuté sur cette fête, chacun faisant confiance à l’autre pour que tout se passe bien, le père connaissant sa fille, l’autorisant à avoir un peu d’alcool si elle le souhaite, même si elle n’a pas encore l’âge légal pour boire, du moment qu’elle fait attention, la fille promettant de l’appeler au moindre soucis. « On regarde un autre épisode ? » propose-t-il à Jackson tandis qu’ils sont tous les deux dans son lit et que Perry n’a rien suivi à ceux d’avant, trop occupé au choix à embrasser son petit-ami ou à penser au fait que sa fille est en train de faire la fête et qu’à tout moment quelque chose pourrait mal tourner. L’angoisse ce n’est pas franchement un sentiment qu’il expérimente beaucoup mais lorsqu’il s’agit de ses enfants, Perry n’est plus vraiment le même. Il se montre protecteur, stressé et même parfois un peu strict même si personne n’arrive à le trouver crédible lorsqu’il tente de s’imposer.

Début juin 2024

T’étais revenu de Melbourne le vingt-sept mai. T’avais pris un vol de nuit, directement après la dernière représentation de cette ville. T’étais complètement vidé, brûlé, fatigué, et tu t’étais bêtement dit que tu dormirais dans l’avion. Erreur. Évidemment, t’étais inconfortable sur ton siège mais surtout, t’avais été bien trop impatient et excité à l’idée de rentrer à Bowen. À l’idée de revoir Perry (même s’il était venu te voir, de temps en temps, dans le dernier mois). T’avais que deux semaines avant de devoir repartir, cette fois en direction d’Adelaide, jusqu’au sept juillet. C’est Perry qui était venu te chercher à l’aéroport en périphérie de Bowen. Et depuis, vous ne vous étiez que brièvement quittés. Ça fait quatre ou cinq jours que t’étais de retour mais t’avais l’impression que ta date de départ s’en venait déjà trop vite. Ce soir, c’était l’anniversaire de Penny, la fille adolescente de Perry, et il avait offert à sa fille une maison louée au bord de l’eau, dans laquelle elle avait pu organiser une fête avec des ami-e-s. Tu trouvais ça cool, de sa part, de lui faire confiance comme ça. Sa fille était bientôt adulte et c’était une belle marque de reconnaissance qu’il lui faisait là. Le hic, c’est que c’était bien beau en apparence et devant Penny, sauf que maintenant qu’il était tout seul avec toi, tu la sentais, sa nervosité. Malgré vos baisers et malgré la série télévisée qui défilait devant vos yeux, tu sentais que ton petit ami n’était pas tout à fait là. Il était ailleurs. Dans cette maison louée, peut-être bien. « Ouais, si t’arrives à me résumer ce qui s’est passé dans le dernier. » Lâchas-tu en le regardant, le regard rieur et un sourire amusé aux lèvres. Il était quand même mignon, Perry, quand il faisait son papa poule. Ce serait encore plus mignon quand il s’agirait de votre enfant à tous les deux. Ouais, cette idée, tu ne l’avais jamais gardée trop loin de toi, pendant la première étape de ta tournée. T’y pensais pas mal, même si pour toi, ce n’était encore pas pour tout de suite. C’était trop compliqué, surtout. Ce n’était pas l’envie qui manquait. « Est-ce que tu veux regarder ton téléphone une dixième fois pour t’assurer que ta sonnerie est bien allumée et que t’as pas d’appel manqué ? » Le narguas-tu.

En temps normal la mémoire de Perry et à sa capacité à comprendre des intrigues un peu complexes de série est plutôt limité, ce n’est pas pour rien qu’il adore les comédies. Déjà parce qu’il aime rire (en même temps qui n’aime pas?), faire des blagues, parce que ça remonte le moral et ça fait du bien mais aussi parce qu’il y a rarement des intrigues très poussées, qui durent sur plusieurs épisodes avec tout un tas de personnages dont il faut se souvenir des liens. Mais il lui arrive aussi de sortir de sa petite zone de confort en regardant d’autres choses, notamment les tendances netflix parce qu’il ne va pas non plus se lancer dans des trucs trop underground. Et maintenant que Jackson n’est plus souvent là, ils ont pris l’habitude de regarder quelques épisodes à distance, pour donner un peu l’impression qu’ils sont tous les deux même si le contact physique est ce qui manque le plus à Perry. Ce n’est pas pareil de se retrouver au téléphone dans son lit à regarder une série qu’à côté de son petit-ami sur lequel il peut sauter d’un instant à l’autre. Actuellement ce n’est pas ça qu’il a en tête, la fête de Penny occupe tous ces esprits, il a bien du mal à cacher son stress, faut dire que ce n’est pas une sensation qu’il ressent très souvent. Un peu mécaniquement il propose de continuer leur série par une autre épisode mais Jackson le défi de lui résumer le précédent. « Mais genre, j’savais pas que y’avait une interro à la fin moi ! » se défile-t-il, parce qu’il est incapable de se souvenir de l’intrigue, même pas vaguement. Ils pourraient regarder le même épisode à nouveau, il ne s’en rendrait peut-être pas compte tellement son esprit est ailleurs. L’acrobate en profite pour le taquiner un peu plus, ayant bien remarqué son état de stress très inhabituel. « Ouais ouais fait le malin ! On verra comment tu seras toi. Genre là tu joues le mec cool mais j’m’en souviendrais ! » le menace-t-il alors qu’il y a vraiment peu de chances qu’il se souviennent de cette conversation dans presque vingt ans, si le projet d’un enfant avec Jackson se concrétise un jour. Il sait que ça ne sera pas le mois prochain, peut-être l’année prochaine ou celle d’après, mais il ne veut pas attendre plus pour lancer les démarches. Il veut pas être un vieux papa. « On a qu’à faire quelque chose qui demande un peu de concentration sinon. » dit-il en souriant avant de l’embrasser. Pas sûr ceci dit qu’il arrive à vraiment être focus, même s’ils couchent ensemble. Et si Penny appelle et qu’il ne s’en rend pas compte ?

Tu haussas les sourcils. « Faire un résumé d’épisode c’est un interro pour toi ? » T’avais été home-schooled plusieurs années alors t’avais pas forcément tout vu tout connu des quiz ou des interrogatoires surprises qu’il pouvait y avoir dans les classes officielles, mais tu te disais que franchement, faire un p’tit résumé d’une série ou d’un bouquin, c’était la base. En même temps, tu te doutais que Perry n’était pas forcément le meilleur élève. Et pis, il était même pas question de ça, là, au fond. C’est juste que tu te doutais bien qu’il avait la tête ailleurs, à ouvrir et à refermer sans cesse l’écran de son téléphone, comme s’il avait peur d’avoir loupé un appel ou un texto. Of course, tu le taquinas là-dessus aussi, ton copain. Tu ne lui en voulais pas. Tu comprenais, même sans comprendre totalement, puisque tu n’avais pas (encore) d’enfant. « J’ai pas à “jouer” le mec cool ! » Te contentas-tu de répondre en souriant, un léger rire accompagnant ta réponse. Comme Perry le sous-entendait, tu te doutais quand même que t’allais t’inquiéter, toi aussi. Suffisait de te voir avec Apricat et Pebble, tes deux chats, pour qui tu t’en faisais constamment s’ils rataient un saut et tombaient au sol ou s’ils vomissaient des boules de poils. Tu les emmenais même avec toi à chaque fois, pendant la tournée, entre Bowen et les autres grandes villes que le cirque visitait. C’était plus facile de les transporter eux que de transporter Perry, même si lui aussi, t’aurais aimé l’avoir avec toi en tout temps. Au moins, vous vous rattrapiez bien, quand tu passais quelques jours à la maison. Vous faisiez l’amour, genre … tout le temps. D’ailleurs, c’est à ça que pensant Perry pour se changer les idées. T’allais pas te plaindre. T’en aurais jamais assez de lui, de son corps, de ses caresses, de l’entendre jouir et qu’il te fasse jouir. Ça te manquait terriblement à chaque fois que vous étiez séparés. Tu l’embrassas, rapprochant encore plus ton corps du sien, te pressant contre lui. Mais tu le sentais encore ailleurs, Perry. Déjà, il ne semblait pas excité autant que d’habitude rien que par ces débuts de rapprochements intimes. Tu t’arrêtas donc un moment et tu le regardas. « Dis-moi que t’es pas en train de penser à ta fille. » C’était encore pire que le coup de la grand-mère, non ?

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Perry tentait de s’extirper comme il pouvait de sa mauvaise situation, à savoir être incapable de résumer un épisode en prétendant qu’il s’agissait d’une interro alors que du côté de Jackson, il ne pensait pas que ça soit si formel. Oui, il abuse clairement mais il n’a strictement rien écouté, trop bouffé par son stress qui quand il est là, ne veut pas le lâcher d’une semelle. Pourtant il n’est pas du genre stressé, son petit-ami le sait bien, mais il sait également que lorsque ça concerne ses enfants, il est différent. Pour eux il peut s’énerver, détester des gens, être sérieux, stressé, tout abandonner en plan s’ils en ont besoin. C’est toujours eux qui passeront avant tout le monde même s’il n’aime pas faire de priorités. « Bah ouais. » répond-il seulement en faisant semblant de bouder un peu, histoire de détourner l’attention. Il a des enfants mais ça en est aussi un, ça ne changera jamais totalement ça. Jackson en profite pour se moquer de lui, de son stress à savoir que sa fille est à l’autre bout de la ville en train de fêter son anniversaire avec tout un tas de gens. Le brun lui dit que lui n’avait pas besoin de jouer les mecs cools, puisqu’il n’a pas vraiment de s’inquiéter pour Penny. Son père se contente de plisser les yeux comme réponse avant de changer de sujet et d’activité et de proposer quelque chose où son esprit aura moins de chance d’être happé par quelque chose d’autre, à savoir embrasser Jackson et tout ce qui s’ensuit. Ça ne change pas pas tant de leurs soirées quand il est là puisqu’il y a toujours un moment où ce qu’ils font est abandonné pour qu’ils se jettent l’un sur l’autre. Comme il n’est pas là longtemps et souvent, les soirs où ils vont simplement se coucher comme deux adultes sages, ça n’existe pas. C’est déjà suffisamment difficile de tenir lorsqu’ils sont à distance alors il n’est pas question de ne pas profiter de chaque instant lorsqu’ils se voient. Mais le plan de Perry ne se passe pas exactement comme prévu, s’il arrive à oublier un peu Penny, ça serait weird sinon, son stress est toujours là, les lèvres de Jackson contre les siennes, son corps contre le sien, n’arrivent pas à lui enlever ça. Il doit bien le sentir puisqu’il lui demande s’il pense à Penny. « Non ! Mais pour une fois mon cerveau veut pas se mettre sur pause. » Alors que ce n’est pas un problème d’habitude, il n’a pas des pensées qui viennent le parasiter, c’est pas son genre. C’est à ce moment qu’il entend son téléphone sonner, il se jette dessus comme si sa vie en dépendait, c’est Penny. « Allo ? Tout va bien ? » demande-t-il directement, en essayant d’avoir la voix la plus calme et rassurée, histoire de ne pas lui rajouter du stress. Elle s’excuse d’abord de le déranger, il sent qu’elle va pleurer, elle est assez confuse, s’excuse beaucoup trop de fois. « Calme-toi, ça va aller. » lui dit-il doucement pour l’aider. Elle lui explique qu’elle a trop bu, qu’elle se sent pas bien et qu’elle ne sait pas quoi faire. « Ella et Alex sont avec toi ? » demanda-t-il à propos de ses deux meilleurs amis. Sa fille et ceux-ci confirment qu’ils sont à côté d’elle. Ils lui expliquent que Penny se sent dépassée par la soirée et ils ne savent pas non plus comment gérer ça, visiblement tout le monde s’en fiche que la reine de la soirée ne soit pas bien du moment qu’ils peuvent continuer à faire la fête. « Tu veux que je vienne ? » demanda-t-il même s’il n’a pas envie de la laisser comme ça, mais il ne veut pas se pointer si elle n’en a pas envie, mais celle-ci confirme alors il lui dit qu’il arrive et raccroche. Rapidement il se lève du lit et enfile des vêtements qui traînent. « Les amis de Penny sont des cons, j’dois y aller. » dit-il tout en tombant à moitié, trop pressé d’enfiler son pantalon. Il est énervé contre eux et inquiet pour sa fille, tant pis pour le reste de la soirée avec son petit-ami. « Tu veux venir ? » lui demande-t-il, histoire de ne pas le lâcher complètement même s’il n’est pas sûr que ça l’intéresse beaucoup.

Ce que vous vous apprêtiez à faire ne faisait pas trop changement des derniers jours, puisqu’à chacun de tes retours pendant les pauses de la tournée, vous passiez le plus clair de votre temps au lit. Cependant, cette fois-ci, il y avait bien une ombre au tableau, un nuage au-dessus des draps, et Perry ne semblait pas capable de les chasser, pas même pour une partie de jambes en l’air. Tu t’arrêtas de l’embrasser dans le cou alors qu’il te disait que pour une fois, son cerveau ne voulait pas se mettre sur off. Tu te reculas légèrement, te réinstallant de ton côté du lit, et tu le regardas. « Si ça, ça ne te change pas les idées, j’sais vraiment pas ce que je pourrais te proposer d’autre … » Admis-tu, un peu impuissant. T’aurais bien voulu l’aider à déstresser un peu, mais de ce que tu savais de lui, c’était le sexe le meilleur remède pour tous ces maux-là. Si ça ne fonctionnait pas, ce ne serait certainement pas une petite séance shopping ou une balade au parc qui changerait quoi que ce soit. T’allais proposer de commander de la bouffe (te disant qu’au moins, le temps qu’il choisisse ce qu’il avait envie de manger, ça l’occuperait) mais son téléphone sonna. C’était Penny, tu le savais juste à l’entendre poser des questions. Tu fronças les sourcils alors que t’entendais quelques bribes de ce que sa fille disait, et que Perry lui disait de se calmer. Tu te redressas, cette fois toi aussi t’étais sérieux, et inquiet. Machinalement, ta main vint se poser sur la cuisse de Perry et tu le caressas doucement pendant son appel, te voulant rassurant. Tu voulais lui montrer que t’étais là. Quand il raccrocha, tu le regardas se lever et se changer. « Qu’est-ce qui se passe ? Penny va bien ? » Il t’informa juste que ses amis étaient cons et qu’il devait y aller. Tu hochas la tête. « Oui, oui, bien sûr, file l’aider. Tu me donneras des nouvelles ? » Mais, à ton plus grand bonheur, plutôt que de te laisser tout seul dans le lit à l’attendre, il te demanda si tu voulais venir. Qu’il t’implique là-dedans, ça te faisait plaisir, même si bon t’aurais préféré que ce soit pour une situation plus cool que de devoir aller à la rescousse de Penny. T’aurais préféré que sa soirée d’anniversaire se passe bien. « Et pouvoir voir la tête de ses amis quand tu les feras dégager ? Oui ! » En vrai, tu ne savais pas vraiment ce qu’ils avaient fait, s’ils étaient encore là, puisque Perry avait donné très peu de détails, mais peu importe. Peut-être que toi aussi tu voudrais bien les faire déguerpir à coups de pieds dans le derrière. Tu te levas et tu t’habillas en vitesse.

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Pour que Perry n’arrive à se concentrer sur rien, pas même une partie de jambes en l’air, c’est bien le signe qu’il est préoccupé, vraiment stressé et que ce n’est pas du tout dans ses habitudes d’avoir ce genre d’attitudes. Il sait qu’il va devoir apprendre à lâcher un peu plus prise, notamment avec Penny, qu’il ne pourra pas toujours la protéger et s’inquiéter pour elle, elle rentrera bientôt à l’université, peut-être à l’autre bout du pays, il ne sera plus autant là pour elle qu’aujourd’hui. Mais comme toujours, il renvoie ça dans un coin de sa tête et ne s’occupera du problème que lorsqu’il n’aura pas le choix ou bien il restera dans le déni éternellement jusqu’à ce que sa fille mette les choses aux clair avec lui. « P’t’être qu’un strip-tease ça serait mieux mais j’suis pas sûr. » répondit-il avec un sourire, ne voulant pas gâcher toute la soirée avec son stress, ce n’est pas comme s’ils avaient un nombre infini de soirées tous les deux depuis quelques mois. Ils n’ont pas le temps de poursuivre davantage cette idée puisque le téléphone de Perry se met à sonner, il décroche directement, inquiet en voyant le nom de sa fille s’afficher sur son écran. Il aurait préféré que ses inquiétudes soient inutiles et que tout se passe parfaitement bien mais ce n’est pas le cas puisque visiblement Penny n’est pas entourée que de personnes bienveillantes qui veulent lui faire passer une bonne soirée. Ne voulant pas trop s’imposer, son père lui demande si elle veut qu’il vienne pour l’aider ou si elle préfère gérer ça toute seule avec ses vrais amis mais elle préfère qu’il vienne alors il raccroche et se dépêche de s’habiller, ne donnant que peu d’informations à Jackson sur la situation, lui proposant de l’accompagner s’il en a envie, au moins il pourra lui expliquer un peu plus les choses plutôt que de partir en coup de vent sans autre explications. L’acrobate accepte de venir, notamment pour voir Perry jouer les gros durs en mettant dehors des ados qui ont un peu trop voulu profiter de l’occasion de faire la fête en dehors de chez leurs parents. « J’pense qu’ils ressembleront à moi quand je me faisais dégager de soirée à leur âge. » affirme-t-il avant d’ajouter « Mais elle va bien, fin c’est pas fou non plus mais ça va. » Parce qu’il n’avait pas répondu à sa question. Après avoir enfilé ses vêtements, il commande un taxi sur son téléphone, qui devrait arriver dans quelques minutes, le temps qu’ils enfilent leurs chaussures et descendent globalement. Ce qu’il fait d’ailleurs, récupérant au passage une veste et ses porte-feuille. « T’es prêt ? » demande-t-il à Jackson avant qu’ils ne quittent l’appartement. « Du coup en gros, ses soi-disant potes ont voulu pas mal boire, qu’elle boive aussi tout ça et du coup maintenant elle est pas super bien parce qu’elle voulait pas autant boire et trois quarts des gens continuent à faire la fête comme si tout allait bien. »

Tu arquas un sourcil à sa réplique. « T’es pas sûr ? J’vais pas me donner corps et âme pour un j’suis pas sûr. » Tu fis mine de bouder. Comme si un strip-tease, c’était le plus gros investissement de soi que tu pouvais faire, là. C’était pas grand chose et en plus, t’aimais même ça, en faire. Mais bon, considérant que t’étais déjà pratiquement à poil et que ça impliquerait de te rhabiller pour te déshabiller ensuite, tu voyais pas trop l’intérêt. Surtout qu’une petite voix te disait qu’en effet, pour Perry, ça suffirait pas à le déstresser. De toute façon, la question ne se posait plus puisque Penny venait de téléphoner, sonnant l’alerte. Ça vous donnait une autre raison de vous rhabiller, plutôt que pour un éventuel striptease. Il fallait que Perry aille à la rescousse de sa fille et, contre toute attente, il t’invitait à le suivre. Ça avait été vachement long avant qu’il te fasse rencontrer ses enfants. Genre, très long. Tu le lui avais même reproché, ce manque d’engagement, de confiance en votre relation. Tu voyais bien, là, que Perry faisait un gros pas, en te proposant d’aller aider Penny le soir de son anniversaire. Ça te faisait vraiment plaisir. Il était hors de question que tu refuses. T’avais tellement attendu le moment où tu ferais partie intégrante de la vie de Perry, c’est pas toi qui allais mettre les freins quand l’occasion se présentait enfin. Enfin … sauf pour cette histoire d’adopter un enfant ensemble. Là, c’est vrai, c’est toi qui avais mis les freins. Mais pas pour ces raisons-là. Tu pensais à ta carrière, pour l’instant. Bref, c’était pas le sujet présentement, même si forcément ça vous trottait toujours un peu dans la tête à l’un comme à l’autre, sûrement. Pour là, tu te concentras uniquement sur Penny parce que t’avais entendu sa petite voix au téléphone et t’avais pas aimé ça, la savoir si mal. Tu l’appréciais, Penny, tu t’entendais bien avec elle, même si vous aviez pas non plus passé full temps ensemble. « Tu t’faisais dégager de soirée ? » Demandas-tu en t’habillant. Tu secouas la tête. « J’devrais même pas demander. Bien sûr que tu te faisais dégager. » T’eus un léger rire, avant de hocher la tête quand il te dit que Penny allait bien quand même. « Ouais, go. » Tu suivis Perry hors de l’appartement et tu l’écoutas t’expliquer la situation. « Faudra faire un arrêt pour lui acheter un Gatorade, des capsules d’ibuprofène et des crackers, alors. » T’étais bien placé pour savoir ce qui pouvait faire du bien quand on boit un peu trop d’alcool. Depuis que t’étais arrivé à Bowen, ça t’étais arrivé de déraper un peu, toi qui avais pratiquement jamais bu de ta vie avant.

Perry lança l’idée d’un strip-tease pour se changer les idées sans être totalement convaincu que cela ne soit efficace, ce qui n’encourage pas Jackson à se lancer dans le projet. « Tu ne serais pas prêt à faire ce sacrifice pour moi ? » demanda-t-il en essayant de faire une tête mignonne-triste pour l’amadouer. Il sait que pour ça il n’est pas bien dur à convaincre de toute façon, même s’il n’a déjà plus beaucoup de vêtements sur lui donc soit c’est un strip-tease vite terminé soit il faut d’abord qu’il enfile ses vêtements posés dans un coin pour ensuite les retirer. Mais le projet n’a pas le temps d’être lancé puisque Penny appelle à les rescousse son père, ses faux amis ayant décidé de faire la fête de leur vie sans tenir compte des envies de la reine de la soirée qui se retrouve entourée de ses deux meilleurs amis qui eux ne la lâcheront pas. Abandonnant toute idée de strip-tease ou autre activité avec Jackson, il vole à son secours en s’habillant, proposant tout de même à son petit-ami de l’accompagner, histoire de continuer à passer du temps ensemble, mais aussi parce qu’être deux pourrait être utile pour gérer une bande de jeunes alcoolisés certainement pas prêts à se faire dégager d’une soirée. « Pas tout l’temps ! Mais ouais...ça m’est arrivé. » confirme-t-il à propos du fait de se faire mettre dehors. C’est arrivé pour diverses raisons, parce qu’il prend un peu trop ses aises en squattant une chambre avec quelqu’un ou tout autre lieu suffisamment intime, soit parce que la soirée organisée n’était pas approuvée en ces termes par les parents qui décident d’y mettre fin à leur arrivée sur les lieux. Un peu comme Perry s’apprête à le faire, même si lui ne la termine pas parce que l’ambiance ne lui plaît pas, mais parce que sa fille ne s’amuse pas alors que c’est tout de même son anniversaire. Ils mettent tous les deux leurs chaussures avant de se mettre en route et que Perry n’explique rapidement la situation. En retour Jackson liste un kit pour contrer la trop grande consommation d’alcool, à base de boisson, gâteaux et médicaments. « J’pense qu’on devrait trouver ça sur place. Fin les crackers c’est sûr, le gatorade p’t’être pas mais on improvisera et l’ibuprofène, y’a bien quelqu’un qui doit avoir ça sur lui à mon avis, non ? » Lui n’a jamais rien sur lui en dehors de son porte-feuille globalement mais il sait que certaines personnes ont toujours un petit kit d’urgence à base de pansements, deux trois médicaments, du désinfectant, ce genre de trucs. « T’es devenu un expert pour gérer le trop plein d’alcool en fait ? Un jour tu passeras le niveau suivant où tu arriveras à t’arrêter pile au bon moment pour pas être dans le mal. » plaisante-t-il alors qu’ils arrivent en bas des escaliers et que le taxi ne devrait pas tarder à arriver.

T’avais juste fait non de la tête, d’un air hyper sérieux et presque condescendant, même si bon y’avait rien de très important dans la conversation que vous veniez d’avoir. Tu blaguais mais pour une fois t’avais réussi à ne pas rire direct. Des sacrifices, pour Perry, tu te disais que tu serais prêt à en faire pas mal, pour rester avec lui. Pourtant, t’avais mis sur pause son idée d’adopter un enfant, pour plutôt aller passer l’année en tournée avec le Cirque du Soleil. C’est plutôt Perry qui avait fait un sacrifice, là-dedans, pour que tu puisses réaliser ton rêve. S’il t’avait posé un ultimatum, est-ce que t’aurais fait ce sacrifice ? Honnêtement, Jackson, tu ne savais même pas, alors heureusement que ton copain avait été ouvert et compréhensif. D’autres types de sacrifice cependant, qui n’avaient pas à voir avec ta carrière pour le moment, tu serais prêt à les faire. Alors te donner corps et âme pour lui faire un strip-tease même en sachant que ça ne l’aiderait probablement pas à aller mieux, tu l’aurais fait, s’il avait été sérieux dans sa demande. De toute façon, cette discussion ridicule s’arrêta là puisque Penny téléphona. Dans le temps de le dire, vous étiez en train de vous habiller et de descendre jusqu’à l’extérieur du bâtiment, pour aller à la rescousse de Penny. T’écoutas ce qui s’était passé tout en descendant les escaliers, préparant déjà la liste de ce qu’il faudrait à la fille de Perry pour qu’elle se rétablisse bien de cet abus d’alcool. « Tu penses vraiment que ses potes traînent des comprimés d’ibuprofène sur eux ? Ils ont pas quarante ans, eux. » Le narguas-tu. Bon, Perry était encore plus près du trente que du quarante mais t’aimais bien parfois lui rappeler qu’il n’était plus si jeune, même si tu savais que ça pouvait le faire angoisser. Tu te résignas à te dire que Penny aurait ses crackers et c’est tout. T’aurais bien essayé, hein, d’lui concocter le remède miracle. Mais si son père ne voulait pas arrêter à quelque part sur le chemin du retour, tant pis ! « Nan, plutôt que de passer à ce niveau, j’en suis revenu au bon vieux “j’bois plus”. C’est plus simple comme ça. Et mieux pour moi. » Avec le retour de tes entraînements intensifs pour le Cirque, t’avais retrouvé tes bonnes habitudes, et t’avais arrêté de boire. T’avais pas pris une seule goutte d’alcool depuis le mois de mars. Et tu te sentais bien. Tu ne doutais pas qu’il y avait des manières plus saines de boire que ce que tu avais pu faire en expérimentant depuis ton arrivée à Bowen, mais en même temps, ça ne te faisait pas envie plus que ça de tester. Les mocktails, c’était tout aussi délicieux. « V’là le taxi, je crois. » Dis-tu alors que la voiture tournait le coin de la rue.

La soirée prend un tournant assez inattendu et précipité puisqu’en un rien de temps, les deux jeunes hommes passent du lit aux escaliers, des habits en plus entre les deux, pour voler au secours de Penny. L’un est plus prévoyant que l’autre en établissant une check-list des choses dont ils pourraient avoir besoin une fois là-bas pour aider la jeune fille. Perry lui ne pense pas vraiment à ça, en général il improvise et il verra bien sur le moment comment gérer des jeunes alcoolisés ayant envie de faire la fête et sa fille pas vraiment au top de sa forme. Ils sont un bon duo finalement, Jackson portant pour deux le cerveau du couple et Perry pour, sa fougue ? Clairement, il y en a un des deux qui apporte plus de choses mais bon. En tout cas le brun apporte son humour pourri en se moquant de l’âge de son petit-ami, ça c’est sûr. Même si Perry ne le prend pas pour lui puisque, la quarantaine c’est encore loin, n’exagérons pas et qu’il n’est certainement pas du genre à avoir de l’ibuprofène sur lui pour la bonne raison qu’il a rien sur lui. A une époque il se baladait avec un paquet de cigarettes complètement écrasé mais il a fini par ne plus en prendre, ne fumant plus du tout à présent. « Bah Penny m’a dit que y’a des filles qui prennent ça pour les douleurs de règles donc j’suppose que quelqu’un doit en avoir sur lui, sans avoir quarante ans ! » réplique-t-il, assez fier de savoir quelque chose que visiblement Jackson ignore. Celui-ci explique ensuite qu’après avoir eu sa phase où il a bu sans trop savoir doser la bonne quantité, il est revenu à son ancienne habitude de ne pas boire du tout, histoire de ne pas mettre à mal son entraînement. « Ça marche aussi...heureusement que les virgin mojitos existent! » A présent, Perry alterne avec des mojitos classiques aussi, à croire que son petit-ami arrive à lui faire prendre de bonnes habitudes. Ils n’ont pas à attendre longtemps avant que leur taxi n’arrive, Perry lui faisant un signe même s’il n’y a qu’eux dans la rue. « Bonjour ! » lance-t-il avant de confirmer l’adresse au chauffeur qui se met en route. Le trajet ne devrait pas durer plus de quelques minutes, Bowen étant assez rapide à traverser, surtout à cette heure. « Du coup si j’ai bien compris tu veux que ce soit moi qui me charge de foutre dehors tout le monde ? » Techniquement il est un peu en charge de tout vu qu’il a embarqué Jackson.

C’est sûr que pour tout ce qui était douleurs menstruelles et compagnie, t’étais pas un très grand connaisseur, Jackson. T’avais pas eu de soeur pour en entendre parler, c’était pas vraiment l’genre de truc dont vous parliez entre collègues au cirque, pis t’avais pas trop porté attention à ça non plus. Il y avait peut-être bien juste avec Brooke que t’avais un peu plus vu comment ça l’impactait à tous les mois. Elle t’en parlait, aussi. Vous parliez de pas mal tout, du temps que vous étiez partenaires d’acrobaties aériennes. Vous aviez pas d’secrets l’un pour l’autre. Enfin, c’est ce que tu pensais à l’époque. Bref, tout ça pour dire que tu ne savais pas trop quels remèdes aidaient réellement à faire passer les douleurs menstruelles. Tu pouvais juste un peu deviner en te disant que des compresses chaudes ça devait aider, alors ouais l’ibuprofène c’était logique aussi, mais bon, t’avais pas directement pensé à ça en préparant mentalement le kit de survie aux gueules de bois pour Penny. « Ah, ouais, j’suppose alors. » Lâchas-tu sans t’attarder davantage là-dessus. Ça te faisait juste réaliser que si jamais votre projet d’enfant se concrétisait et que vous aviez une fille, y’allait quand même falloir que tu te renseignes pas mal plus sur tout ce qui était hygiène féminine et tout. Pas question que Perry soit le go-to dad à propos de ça et que tu sois nul et à l’écart. Bon, pour le moment, ce n’était pas revenu sur le sujet. À la place, tu confirmais à Perry que tu t’en sortais bien mieux en ayant arrêté de boire, à nouveau. « Ouais et franchement, c’est tout aussi bon. » Peut-être que ton petit ami serait en désaccord puisqu’il devait bien aimer le goût du gin dans le mojito mais pour toi, c’était du pareil au même, avec le mal de tête en moins. Que du positif. Le taxi arriva au bout de la rue et il s’arrêta devant vous. Tu t’engouffras dedans après ton copain. « Bonjour. » Lanças-tu toi aussi, laissant Perry donner l’adresse puisque t’avais aucune idée de l’emplacement de la maison louée. Tu tournas la tête vers le jeune papa qui était en train de faire son plan de match. « J’suis là qu’en soutien moral, moi, hein. » Te défendis-tu, avant de demander plus calmement : « Est-ce que tu voudrais que je fasse quelque chose en particulier ? Tu veux aller voir Penny d’abord, ou tu veux que j’y aille pendant que tu gères les autres ? » En vrai, tu suivrais ce que Perry te demanderait d’faire, sans te plaindre. Tu voulais juste l’aider, et aider Penny, peu importe comment.