It's not worth the drama for a beautiful liar + Alba

Mamannnnn !!! Maman, tu m'écoutes ? Maman, je peux inviter Jonah pour jouer ? Maman ?? Ça faisait des semaines que ça durait et que Charlize faisait la sourde oreille. Au départ, elle avait cru que ça ne durerait pas, cette histoire. Ils avaient sept ans, tout un tas de copains, pourquoi sa fille deviendrait copine avec ce gamin-là ? Évidemment, ç'avait duré, pire encore, elle était tombée sur un dessin laissé sur la table du salon, un dessin d'enfant, plein de formes et de couleurs, mais avec, au milieu, un cœur et en son centre Jonah + Romy, écrit bien distinctement. Charlize était désespérée, elle avait appelé sa meilleure amie, Blanche, pour lui faire part de la nouvelle. De tous les gamins de l'école, il avait fallu que Romy ait un crush sur le fils Emerson, évidemment. Comprenez que la pâtissière n'avait aucun à priori, elle avait élevé sa fille dans le respect, de toute façon à sept ans, elle ne connaissait rien de l'amour, elle avait bien le temps. Qu'importe qu'elle tombe amoureuse d'un garçon, d'une fille, qu'elle ne s'y intéresse pas du tout. Elle était à l'écoute. Mais pas le fils de Léo, dans cette famille, on élevait les garçons comme des pervers narcissiques et elle était prête à parier que le pauvre enfant allait finir comme son père et son grand-père. Blanche n'avait rien répondu, elle n'avait plus d'avis à donner sur ce sujet-là, elle avait simplement dit que Jon était un gentil gamin. Charlize avait bougonné, attendu encore quelques jours en prétextant qu'elle avait du travail, puis avait promis d'en parler avec la maman de Jonah, pas question de traiter avec le père. Un soir, à la sortie de l'école, elle avait alpagué Alba, pour lui dire que Romy voulait inviter Jonah à la maison. Elles avaient échangé leurs numéros et un jour avait été fixé.
Cet après-midi, Romy recevait donc son amoureux pour jouer. Elle avait sorti ses Lego, ses Playmobil et au pire, il y aurait la piscine s'il en avait envie. Elle avait demandé à sa maman de faire des sablés en forme de vaisseaux spacieux, parce qu'il adorait l'espace. Et des cupcakes au spéculoos. On sonna à la porte, Romy avait mis une jupe qui tourne pour l'occasion, elle était excitée comme une puce. Elle ouvrit et on entendit des cris de joie. Mamannnnn Jonah m'a offert un cadeau ! La petite blonde arrivait avec un paquet dans les mains, Jonah et Alba la suivaient. Bonjour, entrez je vous en prie. Je sors juste les gâteaux du frigo. Charlize afficha un sourire un peu crispé. Merci pour le cadeau, vous n'auriez pas dû. Elle se serait gênée, appréhendant cette rencontre. Ce n'était pas tant les deux enfants ensemble, mais plus de se retrouver seule avec Alba.

@Alba Jensen

Romy par ci, Romy par là. Son fils n’avait que ce prénom à la bouche. Ça lui faisait une sensation étrange à Alba, que son fils soit amoureux d’une de ses camarades. Pourtant, elle prenait les choses avec tendresse, souriant de voir son fils si sensible à la petite Romy. Il avait des petites attentions, demandant à sa maman de mettre deux gâteaux dans son sac afin d’en offrir un à Romy. Elle en avait parlé à Léo, qui lui aussi avait été surpris, jusqu’à devenir blanc quand elle avait donné le prénom et le nom de la petite fille. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour qu’elle lui tire les vers du nez. Léo il avait grandi ici, il connaissait tout. Sa réponse la glaçait un peu, lui rappelant des souvenirs pas très joyeux. La maman de Romy était la meilleure amie de Blanche, et Alba se doutait qu’elle n’allait pas trop être appréciée. Alors qu’elle fut sa surprise quand elle l’alpaguait à la sortie de l’école pour l’inviter elle et Jon à passer une après-midi chez elle. Quelques jours plus tard, Alba se retrouvait devant chez Charlize, avec la boule au ventre. Jon était tout excité, avec un paquet cadeau rempli de crayon et de feutre. Jon savait que Romy adorait dessiner. C’était la petite Romy qui ouvrait, plongeant dans les bras de son fils. « C’est pour toi Romy ! » Disait Jon avec les joues rouges. La maman de Romy arrivait quelques temps après, saluant Alba et Jon avec un sourire crispé. « Bonjour ! C’est avec plaisir. Merci pour l’invitation. » Elles étaient bien trop polies, et Alba ne se sentait vraiment pas à sa place. Elle entra alors que Romy faisait déjà visiter à Jon sa maison. « Il aime vraiment bien votre fille. » Disait Alba, voulant justifier la présence de Jon ici.

Romy avait une véritable passion pour le dessin, depuis des années, depuis la mort de son père, pour être plus précis. La petite fille avait dû trouver ce moyen là pour faire passer et exprimer ses émotions. Depuis, son trait s'était affiné, précisé et elle était même devenue douée, très douée. Charlize l'avait remarqué, les dessins de sa fille n'étaient pas ceux d'un enfant de son âge. Elle n'avait jamais glorifié son talent, mais elle la laissait s'exprimer. Et c'était devenu un fait avéré, Romy dessinait partout, tout le temps, à l'école aussi. Alors la jeune maman n'était pas surprise que Jonah ait pensé à ce genre de cadeau, mais elle en était néanmoins touchée, parce qu'il la connaissait, il s'intéressait à elle. Elle laissa les deux enfants s'éclipser tous les deux, Romy avait entrepris de faire visiter sa maison à son copain. Charlize se retrouvait alors en face à face avec Alba. Elle se demandait si la photographe avait raconté à Léo de qui son fils était amoureux, si c'était le cas, elle aurait bien voulu être une petite souris pour le voir blêmir ! Elle esquissa un sourire à l'intention d'Alba. C'est réciproque visiblement. Le vouvoiement la faisait tiquer, elles devaient avoir le même âge après tout, sans parler de leur connaissance commune. On se tutoie ?! J'ai l'habitude de tutoyer le père de Jon quand je dois l'engueuler, alors c'est étrange de te vouvoyer. Elle lui adressa cette fois-ci un sourire plus franc, presque moqueur, Charlize était chez elle, en terrain connu, c'était plus facile pour elle d'être à l'aise et de mettre l'autre dans une situation inconfortable. En évoquant son désamour pour Emerson, elle posait directement les bases et faisait en sorte de briser la glace sans trop attendre. Je ne compte pas t'insulter, ne t'inquiète pas. Est ce que je peux t'offrir quelque chose à boire ? Du thé, du café ? Charlize maîtrisait l'art de recevoir, et aussi d'être agréable, même avec des personnes qui la mettaient mal à l'aise, elle ne comptait pas embêter Alba.

Jon il parlait de Romy avec tellement de passion, c’en était touchant. Il avait choisit son cadeau, argumentant à sa mère que c’était le meilleur matériel et que Romy était celle qui dessinait le mieux de tout l’univers. La veille, il avait eu du mal à s’endormir, excité à l’idée de découvrir la maison de Romy et passer la journée avec elle. Ils étaient devenus inséparable. Alba avait évidemment parlé de cet après-midi, découvrant derrière la réalité de l’adulte. Si son fils aimait Romy, les relations des adultes étaient bien plus compliquées. Alba ne se sentait pas à l’aise de venir dans cette maison et de son confronter à la meilleure amie de Blanche. Léo n’aimait pas Charlize, et si Jon continuait d’être ami et amoureux de Romy, c’était Alba qui allait devoir faire l’effort. Charlize n’aimait pas non plus Léo, et sûrement elle n’aimait pas Alba. Après tout, n’était-elle la cause du mal de sa meilleure amie. La rencontré était très cordiale, trop cordiale et Alba mettait une distance entre elle deux. Mais voilà, les enfants étaient partis, laissant les deux adultes. Le vouvoiement permettait une distance, mais Charlize n’en voulait pas, profitant de l’occasion pour rappeler à Alba à quel point elle ne portait pas Léo dans son cœur. Charlize était chez elle, dans son endroit sécurisé, ça lui donnait des forces supplémentaires. « On peut se tutoyer ! » Elle préférait ne pas parler de Léo, après tout, il n’était pas là. Puis, même si Alba avait envie de le défendre, elle savait qu’il avait pu mériter les engueulades. Elle-même l’avait engueulé à mainte reprise. « Je veux bien du café s’il te plait. » Répondait-elle avec un sourire, même si elle aurait préféré un shot de n’importe quel alcool. « Je ne voulais pas lui faire de la peine, mais je ne m’excuserais pas d’avoir voulu réunir ma famille. » Disait-elle, en parlant évidemment de Blanche. Alba n’allait pas faire l’autruche, elle n’allait pas non plus s’excuser pour avoir voulu réunir père mère et fils. Si Jon et Romy devaient se côtoyer, elle préférait mettre cette vérité dès le début pour peut-être finalement s’entendre avec la mère de Romy.

tw : deuil, avortement

Sans les enfants, les deux femmes se retrouvaient en tête-à-tête, à se regarder froidement avec un sourire figé peint sur leurs lèvres. On pouvait entendre les gloussements en haut de l’escalier, Romy avait entraîné Jonah dans sa chambre et visiblement, ils s’amusaient bien. Ce ne serait pas la même pour Alba et Charlize, il fallait vraiment que les deux gamins s’apprécient pour qu’elles fassent cet effort surhumain d’être ensemble. Depuis la mort d’Axten, la pâtissière ne faisait plus d’efforts dans le relationnel lorsqu’elle estimait que ça n’en valait pas la peine et il fallait être honnête, elle ne voyait aucun intérêt à connaître cette autre blonde. Pourtant, elle devait l’admettre, elle ne connaissait pas Alba, en soi, elle n’avait rien contre elle personnellement. Et peut-être qu’elle avait tort de se comporter ainsi. Seulement Charlize pouvait être une véritable garce, c’était sa façon de se protéger, en adoptant cette attitude froide et passablement hostile, elle passait pour une femme forte, à qui on ne cherchait pas d'ennuis. Elle avait toujours fonctionné de cette façon et c’était d’autant plus vrai depuis qu’elle était veuve, elle s’évitait la pitié des autres. Alba, pauvre Alba, c’était elle qui lui faisait de la peine finalement. Elle était tombée dans les filets d’un homme, elle avait craqué pour la belle gueule d’Emerson, comme tant d’autres avant elle, comme Blanche, en vérité. Seulement, c'était là, le problème, qu’elle lui fasse pitié, c'était une chose, l’autre chose, la plus importante pour Wojcik, était que par sa faute, sa meilleure amie avait souffert, perdu l’amour de sa vie, aussi stupide avait-elle été de s’enticher de cet homme, c’était elle qui avait fini en miette. Et, par extension, la polonaise avait perdu son amie, puisque Blanche s’était exilée en France. Elle n’était pas stupide, Charlize, ce n’était pas la faute de la photographe, mais bien de Léo, pourtant le résultat était là. Elle hocha la tête quand Alba lui demanda un café. Elle se servit un thé qu’elle mit à infuser, leurs deux tasses face à elles, les deux femmes pouvaient à présent parler. Charlize écouta Alba, elle avait du courage, elle ne manquait pas d’assurance, alors qu’elle aussi mettait les pieds dans le plat. Elle la fixa une seconde avant de baisser les yeux sur sa théière. Réunir sa famille, c’était un bel objectif, elle aussi donnerait tout pour que la sienne le soit encore. C’est assez fort, d’avoir fait un enfant pour le garder. Elle allait trop loin, Charlize, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser à la Blanche de dix-sept ans qui avait dû avorter de son enfant, à Léo. De la voir pleurer à chaudes larmes sur son épaule, parce qu’elle l’avait fait seule, sans qu’il daigne se déplacer. Peut-être que si elle l’avait gardé alors l’histoire aurait été totalement différente. Elle lâcha un soupir. Pardonne-moi, je n’aurais pas dû dire ça. Ce ne sont pas mes histoires. Je ne comprends pas ce que vous avez toutes à lui courir après, alors que c’est le pire des crétins. Si elle acceptait de se radoucir vis-à-vis d’Alba, ne comptez pas sur Charlize pour changer d’avis sur Emerson.

A l’école il y avait plein d’enfants, des tonnes mêmes. Alba se demandait pourquoi son fils avait décidé d’aimer la fille de Charlize. Les deux femmes ne s’étaient jamais vraiment parlés, mais ce n’était pas difficile de comprendre que les deux mamans ne s’appréciaient pas vraiment. Souvent, elles se croisaient aux sorties d’écoles. Alba avait fait beaucoup d’effort pour s’intégrer aux groupes des parents d’élève, saluant les personnes. Charlize et elle ne s’étaient jamais saluées, et Alba savait que sa relation avec Léo était la cause. Mais jamais la blonde ne s’excuserait d’être amoureuse de lui, de vouloir construire une vie avec lui. Elle se savait jugé, et Alba avait conscience d’aimer la personne qui faisait peut-être le moins l’unanimité à Bowen, mais elle s’en moquait. Pour Jon, elle était capable d’accepter beaucoup de choses, même de passer plusieurs heures dans cette maison dans laquelle elle n’était clairement pas la bienvenue. Ce n’était pas une femme qui se faisait marcher dessus, défendant les causes qu’elle aimait avec ardeur. La pâtissière ne lui faisait pas peur, elle ne voulait juste pas se la mettre encore plus à dos. Son fils aimait vraiment sa fille, un Roméo et Juliette des temps modernes. Elle savait aussi que Jon lui en voudrait énormément s’il ne pouvait plus revenir parce qu’Alba aurait été incapable de se contenir. Pour autant, elle préférait directement parler du sujet qui fâchait. Blanche. Alba avait eu de la peine pour cette jeune femme, mais jamais elle ne regrettait de s’être battue pour ce qu’elle avait aujourd’hui. Si Charlize prenait Alba pour la méchante sorcière des contes, peu l’importait. Mais la pâtissière elle était piquante, ses mots étaient acerbes choquant la photographe. Autant, Alba acceptait les critiques, mais pas si elle concernait Jon. « Tout à fait ! J’ai décidé de garder un enfant avec un mec qui m’a abandonné dans une chambre d’hôtel pour le reconquérir, et passer le reste de ma grossesse seule alors qu’il était avec une autre. » Disait-elle avec ironie. Elle prit sa tasse de café pour boire une grande gorgée avant de s’énerver plus. Peut-être que Charlize réalisa qu’elle était allée trop loin, s’excusant, mais ça ne calmait pas forcément Alba. « Non clairement, ce ne sont pas tes histoires ni celles de personnes ! » Concluait-elle, agacée que chaque personne qu’elle rencontrait avait un mot à dire sur sa relation avec Léo. Elle n’aimait pas Léo, c’était un fait, tout le monde le savait. Alba n’allait pas le défendre, elle n’essayerait pas. Alba soupirait. « Je sais que tu n’aimes pas Léo et que tu ne m’aimes pas, mais nos enfants ne peuvent plus se passer l’un de l’autre, alors il va bien falloir trouver une solution pour qu’on puisse parler sans que je me prenne des remarques sur le fait que j’ai fais un enfant dans le dos de Léo, que je suis une briseuse de couple ou toutes autres raisons qui te font me détester. » Pour l’instant Alba n’avait pas de solution, s’apprêtant à tout moment à récupérer son fils pour partir de cet endroit hostile.

Charlize avait toujours été bonne élève à l'école, première de classe, déléguée, première de promo. Cet univers de jeune fille studieuse lui convenait parfaitement à l'époque. Elle était appréciée des autres, enviée peut-être, mais elle n'était pas pour autant méprisante ou hautaine, elle aimait juste beaucoup ça. Et maintenant que Romy allait à l'école, elle était le genre de maman qui faisait enrager Alba. Présidente du comité de parents d'élèves, celle qui faisait des gâteaux pour les fêtes d'écoles, qui levait des fonds pour diverses associations, qui participait aux sorties scolaires. Charlize était à nouveau la bonne élève, plutôt aimée des autres parents. Sauf Alba, évidemment ! Les deux femmes étaient assez douées pour s'éviter copieusement et jusque-là ça avait plutôt bien fonctionné. Elles auraient continué ainsi si leurs enfants ne les avaient pas forcé à se côtoyer. Charlize avait attaqué gratuitement l'autre blonde, seulement Jensen savait se défendre, clairement elle ne se ferait pas une amie aujourd'hui. Pourtant elle ne s'attendait pas à ce genre de réponse. La pâtissière ne connaissait pas l'histoire de de Léo et Alba, elle ne l'intéressait pas, mais les mots d'Alba la touchèrent. Alors elle s'excusa, mais le mal était déjà fait. Si elle n'aimait pas Léo, Charlize n'avait rien contre sa copine et au fond Alba avait raison, elle le savait. Je ne te déteste pas. Qu'elle commença en remuant sur sa chaise avant de boire une gorgée de thé. Je ne pense pas non plus que tu sois une briseuse de couple. Je pense qu'il se débrouille très bien pour le faire tout seul. Mais tu as raison, je n'ai pas à donner mon avis. Elle fit une petite moue avant d'ajouter. Je suis passée à la galerie il y a quelques semaines, j'aime beaucoup l'artiste que tu exposes actuellement. Évidemment j'ai pris soin de venir un jour où tu n'étais pas là, c'est stupide je sais ! Elle sourit en secouant la tête pas fière de son aveu. Tu as un œil pointu et tu as clairement dépoussiéré le lieu, Jean doit être fière. Charlize faisait un effort considérable pour essayer d'arranger les choses, mais elle pensait sincèrement ce qu'elle disait et elle était d'avis que discuter d'un sujet plus neutre apaisait les tensions.

Alba était venue ici avec la boule au ventre. Elle savait qu’elle allait devoir se justifier, se battre pour défendre Léo, se défendre sur le choix qu’elle avait fait à cette soirée à la galerie. Charlize avait toutes les raisons de la détester, parce qu’inversement elle aurait défendu son amie. Ça lui était arrivée avec Charlie. Elle avait pris la défense de son amie contre Freja, et encore Freja avait été une personne qui comptait. Pour Charlize, Alba n’était rien hormis celle qui avait été la cause de la tristesse de sa meilleure amie. Les deux femmes se connaissaient, s’évitant un maximum à l’école. Surtout que la pâtissière était tout ce qu’Alba détestait. La photographe détestait cette compétition de la meilleure mère qu’il y avait à l’école, à toujours se comparer aux autres concernant le meilleur gâteau. Normal que Charlize gagnait, c’était son métier. Alba elle serait la meilleure s’il fallait gagner le prix de la meilleure photo. Elle ne tardait jamais à l’école, récupérant Jon avant de l’emmener à ses activités ou à la plage. Elle cramait les cookies (qu’elle finissait par acheter en grande surface). Mais elle restait toujours aimable et souriante, même si ça lui coûtait beaucoup. Ce n’était, pour autant, pas le genre de femme à qui on venait chercher des noises, prête à mordre à chaque attaque. L’honnêteté d’Alba était spontanée, avec un certain mélange d’ironie face à Charlize. S’il fallait passer par là pour que leur relation n’affecte pas leur enfant, alors soit. A l’affirmation de Charlize, Alba levait un sourcil, pas vraiment convaincu. Après, elle ne l’appréciait pas, mais elle ne la détestait pas. C’était au moins ça de gagné. Alba soupirait. Léo avait quand même une sacrée réputation, et il ne faisait pas l’unanimité à Bowen. « Je ne compte pas te convaincre à l’apprécier. » Conclua-t-elle, consciente qu’elle ne pourra rien changer, puis elle n’en avait pas forcément envie. Elle ne s’attendait pas forcément à cet aveu, et Alba riait doucement. Ça la touchait, parce que cette fois-ci, il s’agissait de son travail. « Oui il est super en plus. Il a beaucoup de choses à raconter. » Alba aurait pu lui proposer de passer pour le rencontrer, mais ce n’était pas le moment. Il y avait encore de la tension, même si les deux femmes avaient conscience qu’en évitant les sujets sensibles, l’entente pouvait se faire. « Elle passe de temps en temps, toujours fidèle à elle-même. » Alba elle avait beaucoup travaillé pour cette galerie, elle en était assez fière. « Jon raffole d’Imogen, on passe souvent aussi. Mais je connais l’emploi du temps de Charlie par cœur donc on ne vient que quand c’est elle au comptoir. » C’était le moment des aveux, une façon de lui faire comprendre qu’elle aussi l’évitait.

Il y avait ce groupe de mamans de l'école que Charlize avait réuni, ensemble, elles prenaient parfois le thé, refaisaient le monde, organisaient les événements scolaires en partenariat avec l'école. Généralement quand une nouvelle maman arrivait, elles l'intégraient au groupe, ça aidait aussi à apprendre à se connaître. La blonde avait délibérément oublié d'y inviter Alba à l'époque. C'était stupide, elle le savait, mais dès le départ, elle avait senti l'arrivée de cette femme comme une menace pour Blanche, comme celle qui allait faire voler le bonheur de sa meilleure amie en éclat. Parce qu'elle était trop belle, Alba, solaire, parfaite, elle avait également du caractère, assez pour tenir tête à cet idiot de Léo. Évidemment qu'il allait retourner dans ses bras, la tatoueuse ne faisait pas le poids face à elle, elle était trop douce, trop docile vis-à-vis de lui. Ce n'était même pas cette histoire de bébé qu'elle lui avait fait dans le dos, c'était au-delà de ça, c'était écrit, sûrement. Si Charlize avait été quelqu'un de vraiment intègre, elle serait restée à sa place, elle n'aurait pas pris parti et elle n'aurait pas tenu Alba à l'écart du groupe de mamans. Mais elle était peut-être un peu trop intense quand il s'agissait de sa meilleure amie. Aujourd'hui, elle essayait de mettre de l'eau dans son vin, mais c'était difficile, maintenant que le mal était fait. Non, la photographe n'arriverait pas la convaincre d'apprécier son compagnon, mais elle pourrait au moins faire un effort avec elle. Ça fait trop longtemps qu'on se déteste désormais, c'est foutu. Qu'elle répondit pour clore le sujet, non sans une pointe d'humour. Qui sait, un jour, ils finiraient probablement par rire de tout ça, quand ils auront quatre-vingts ans ! Mais elle en doutait sincèrement. C'est pour cette raison qu'elle ne renchérit pas, à quoi bon après tout ? Charlize était amatrice d'art, alors c'était assez naturellement qu'elle s'intéressait aux expositions de la galerie. Elle avait connu le lieu grâce à ses parents à l'époque. J'ai vu oui, c'est puissant. Je réfléchis encore à acheter une de ses toiles. Le tout étant de trouver où l'installer dans sa maison. Elle sourit à la réflexion d'Alba, Jean serait toujours Jean. Elle l'avait connu gamine, c'était une femme de goût et de caractère, la blonde était sa digne héritière visiblement. Elle grimaça à l'aveu de Jensen. C'est aussi tendu que ça entre nous ?! Évidemment que ça l'était, elle le savait ! Charlie, douce Charlie, qui faisait le tampon idéal entre sa boss et le couple, la pauvre. Vous passez quand vous voulez, vous êtes les bienvenus chez Imogen. Si ce n'était pas un drapeau blanc, Charlize ne savait pas quoi faire de mieux !

Son installation à Bowen n’avait pas été facile pour Alba. Léo avait un passé assez complexe dans cette ville, avec des fantômes de relations passées et présentes un peu partout. Chaque personne qu’elle croisait connaissait de près ou de loin Léo, et ils avaient un avis tranché sur lui. Elle n’était pas venue pour le reconquérir ni pour lui gâcher sa vie. Elle avait surtout pensé à la vie de Jon et à son équilibre. D’un accord tacite et silencieux, Charlize et Alba avaient décidé de ne pas s’apprécier. Elle était une femme de trop dans l’entourage de Léo, mais Alba savait se faire accepter ou en tout cas elle savait faire comprendre qu’elle existait. La photographe savait se défendre et se battre pour les choses auxquelles elle tenait, même s’il devait y avoir des dommages collatéraux. Mais jamais elle n’avait été accepté dans cercle privé des mamans d’école. Ça ne l’avait pas plus gêné que ça, se liant d’amitié avec les mamans mises sur la touche comme Olive. Aujourd’hui, elle ne comptait pas y rentrer dans ce club, même si Charlize et elle finiraient par s’entendre. Par contre Léo, il ne serait jamais accepté par la blonde, il y avait bien trop de passif. Mais c’était son problème à lui, et il avait intérêt à bien se comporter surtout si ça avait un impact sur la vie de Jon. Son fils, il n’avait rien demandé, il n’avait pas à subir le caractère et le passé de ces deux parents. Elle riait légèrement à la remarque de Charlize. Alba se demandait si elle ne ferait pas une petite liste de toutes les personnes qui détestent Léo. Elle en connaissait au moins deux. Cette conversation avait été nécessaire. A présent, il était plus facile de discuter avec la maman de Romy et Alba se rendait compte qu’elles pourraient trouver des points communs ou un terrain d’entente. Charlize aimait l’art, venant de temps en temps à sa galerie. La conversation déviait sur l’artiste en résidence chez Alba. « Il est assez extraordinaire … j’ai découvert son travail à Brisbane. » Elle hésitait à acheter une toile, et Alba avait tout un tas d’argument pour lui vendre une toile. Mais elle ne se sentait pas de le faire, pas très sereine d’être une commercial à ce moment là. En tout cas, elle serait enchantée de la conseiller si un jour Charlize faisait le pas de venir quand elle Alba serait là. C’était grâce à Jean qu’elle avait pu faire cette activité. Jean sacrée personnage connue de tout Bowen, mais qui avait craqué pour Alba et sa détermination. A son tour, Alba avouait être une cliente habituée d’Imogen, mais se cachant de la blonde. Elle riait jaune, parce que oui c’était aussi tendu entre elle. Puis elle soupirait. « C’est presque risible. » Disait-elle tout bas. Heureusement que Charlie avait été là, prenant sous son aile Alba. La pâtissière avait rendu Bowen bien plus doux pour Alba. « Merci ! Jon sera content de goûter les nouveautés. » Son fils était un vrai gourmand. Et en pensant à lui, elle entendu les rires à l’étage. Ça fit sourire Alba qui adorait entendre le rire de son enfant et qui avait l’air d’être très heureux à cet instant. « Ils ont l’air de bien s’amuser. » Dans le fond, ça lui faisait plaisir de savoir que son fils avait trouvé une amie, ou une amoureuse, même si son choix s’était portée sur la fille de Charlize.

Sûrement que les choses n’avaient pas été simples pour Alba à ses débuts à Bowen. Elle arrivait seule, sans connaître cette ville, avec un bébé dans le ventre, un bébé dont le père ne voulait pas, si on en croyait les rumeurs. Elle devait faire avec le fait que tout le monde connaissait cet homme et avait son avis sur lui. Et que donc, par conséquent, on aurait un avis sur elle aussi. Charlize n’avait ainsi pas dérogé à la règle, elle s’était rangée du côté de l’avis général, le plus simple, qui n’impliquait pas qu’on creuse, qu’on cherche à apprendre à connaître cette nouvelle arrivante. Elle venait chercher les ennuis, retrouver son ancien amant, elle s’était imposée à Bowen. Point. Et de ce fait, elle ne pouvait pas l’apprécier. En plus il y avait sa meilleure amie dans l’équation, alors c’était plié. Le problème étant que la pâtissière faisait un peu la pluie et le beau temps, du moins au niveau de l’école et des parents d’élèves. Telle une reine des abeilles, elle ordonnait à sa ruche et les autres obéissaient. Elle n’avait laissé aucune chance à la photographe. Cependant, il fallait avouer qu’Alba s’en était bien sortie, depuis quelques années qu’elle vivait à Bowen, elle avait probablement une vie plus intéressante que celle de sa rivale, presque de quoi rendre Lize jalouse. Finalement, contre toute attente, les deux femmes se retrouvaient aujourd’hui dans la même pièce, par la force de leurs enfants. Même si ça n’avait pas bien commencé, elles finissaient par s’apaiser, la hache de guerre était-elle enterrée, ce n’était pas une certitude, mais il y avait clairement du mieux. Elles continuèrent en parlant de leurs métiers, qui étaient une passion pour chacune, de quoi les mettre d’accord. Qui plus est, Charlize adorait l’art, elles avaient donc de quoi s’entendre. Je repasserai sûrement la semaine prochaine, entre deux fournées. C’était quasiment une promesse, un pas vers Alba. Et puis elle avait envie d’une de ces œuvres, elle y pensait beaucoup depuis quelques jours alors ce n’était pas un tel effort qu’elle faisait. Il aime quoi, Jonah, le chocolat ? Beaucoup d’enfants raffolaient des gâteaux chocolatés. Pour le goûter, la pâtissière avait préparé un peu de tout, pour que les enfants aient le choix. Les rires de leurs progénitures se faisaient entendre et les deux mamans sourirent. Oui ! Ils doivent retourner la chambre, mais tant mieux. Romy parle beaucoup de Jonah, elle l’aime vraiment beaucoup, c’est rare à cet âge-là que les filles et les garçons se mélangent, dans la cour, on voit bien qu’il y a des groupes bien distincts. Charlize l’avait remarqué, tout comme sa fille lui avait rapporté quelques paroles de garçons de sa classe qui disaient que telles choses étaient pour les filles, telles autres pour les garçons. Romy n’était pas élevée ainsi, mais certaines choses prenaient du temps pour changer visiblement. C’est bien qu’ils ne fassent pas comme tout le monde. La blonde sourit, si sa fille pouvait éviter d’être autant peste qu’elle sur certains sujets, ce ne serait sûrement pas un mal.

L’accueil d’Alba à l’école n’avait pas été très chaleureux. Bowen était une petite ville, les gens parlaient, les rumeurs tournaient et la photographe en avait fait les frais. Heureusement qu’elle passait souvent au dessus de ça, même si les événements de l’école n’étaient pas toujours agréables. Elle avait pourtant rencontré des chouettes personnes comme Olive qui apportaient de la légèreté dans ces moments sociaux. Elles pouffaient souvent de rire les deux femmes quand on venait critiquer leur talent culinaire. Elles jugeaient aussi beaucoup Charlize, la reine des abeilles, mais c’était plus personnel pour Alba. Aujourd’hui, elle se rendait bien compte que c’était sa relation avec Léo qui posait problème, mais à aucun moment elle n’allait s’excuser de s’être battue pour cette famille. Surtout que personne ne connaissait véritablement leur histoire, et les débuts compliqués. Alba s’en voulait d’avoir fait souffrir des gens autour, notamment Blanche ou Concho, mais malheureusement c’était ainsi. Une fois que les deux femmes aient dit ce qu’elles avaient sur le cœur, elles commençaient une conversation bien plus agréable, quoique un peu timide. Elles parlaient d’abord de la galerie d’Alba. « Avec plaisir, et je peux te mettre quelques tableaux de côté si tu comptes craquer. » Répondait Alba avec gentillesse. Les deux femmes n’avaient jamais appris à se connaître pourtant Alba passait souvent à la pâtisserie. « Oui principalement le chocolat. » Disait-elle en riant. Au loin, on entendait les deux enfants rire aux éclats, et Alba se rendait compte que Jon l’aimait beaucoup Romy. Charlize avait raison, c’était assez rare en effet. « Je crois qu’ils ont dû se trouver des points communs, je sais juste que Jon a plein de petites attentions pour Romy. » Alba souriait, parce qu’elle se souvenait que Jon voulait un biscuit en plus – oui oui parce que jamais son gourmand de fils aurait donné sa part de cookie. Avec Léo, ils essayaient de faire sortir Jon des schémas traditionnels, lui offrant la possibilité de s’exprimer de toutes les manières. « La prochaine fois, vous pourriez venir chez nous. On a la piscine et ils pourront s’amuser dans l’eau. » Proposait Alba sans hésiter.