Les fleurs du bien • léonny

En cette saison, les journées devenaient moins rythmées pour la petite fleuriste de Bowen. Ginny s'attardait davantage à discuter avec les clients quinquagénaires que de composer des bouquets de fleurs. Cet après-midi elle recevait avec grand plaisir son ami Léo, qui emmenait bien souvent dans sa poche quelques anecdotes de sa maladresse légendaire. À sa connaissance il s'en sortait bien avec Alba, Ginny devait bien reconnaître qu'elle le rendait heureux et elle pensait en toute honnêteté qu'il le méritait. Certes Léo avait fait des bourdes, mais bien souvent il savait le reconnaître et savait se faire pardonner - bien des fois avec de jolies fleurs. Ce qui, d'ailleurs, plaçait Léo dans le top 3 de ses meilleurs clients. À l'arrière boutique, Ginny faisait couler un café. Hormis une livraison prévue dans une heure, il y avait peu de chance qu'ils soient dérangés. Tu sais ma voisine, la petite dame bossue avec des lunettes et un chignon? L'autre soir, j'ai croisé son petit fils, hum... Très craquant! Bon sang, Emerson, ma vie est devenue si ennuyeuse! débita Ginny qui espérait secrètement que Léo lui annonce qu'il avait un frère jumeau célibataire à lui présenter. Ça, ou n'importe quel autre potin qui accompagnerait merveilleusement bien la boîte à biscuits dont elle venait de mettre sur la table.

@Léo Emerson

C'était devenu une habitude pour Léo, de passer au moins une fois par semaine saluer sa fleuriste préférée. Selon l’emploi du temps qu'il avait, il pouvait simplement faire un coucou rapide ou bien s'attarder un peu plus. Il avait d'abord été client, l’un de ses premiers clients même, il pouvait s’en targuer fièrement, avant de devenir un ami. Il fallait bien admettre qu'une fleuriste était indispensable dans la vie du séducteur romantique que Léo était malgré lui. Il était autant amoureux que maladroit avec les femmes, offrir un bouquet c'était pour lui un moyen de prouver qu’il tenait à quelqu'un. Ç'avait commencé avec Anna, pour fleurir sa chambre d’hôpital, à l’époque il avait vingt cinq ans, il n’y connaissait rien en fleurs, les premières fois il ne prenait que des roses. Ginny l'avait conseillé, éduqué, avec douceur, patience et une bonne dose d'humour. Depuis il était passé expert dans l’art du langage des fleurs, parfois il plaisantait en disant qu'il pourrait remplacer la fleuriste si besoin. Le problème étant qu'il ferait faire faillite à la boutique, il offrirait des fleurs à toutes les jolies filles qui passeraient. Ce matin il avait débarqué tout sourire avec quelques pâtisseries de chez Imogen, parce qu’à Ginny, il ne pouvait pas ramener des fleurs ! Il avait du temps et l'envie de discuter un peu. Elle venait de poser une tasse fumante de café devant lui. La petite mamie qui t’offre des boîtes de chocolats périmés pour Noël ?! Elle avait toujours des anecdotes amusantes, ça faisait beaucoup rire Léo. Ta vie n'est pas ennuyeuse. Tu lui as parlé ou tu t’es contentée de battre des cils ? Parce que c'est pas en bavant en silence que tu vas le mettre dans ton lit. Il sourit, évidemment avec Léo il fallait toujours que ça prenne des proportions différentes. Ils étaient un peu les mêmes, la fleuriste et lui, ils tombaient amoureux comme on tombe d’une chaise, à la différence que lui il ne fantasmait pas ses rencontres, il les vivait. Parfois, il y avait des déconvenues, mais parfois c'était de bonnes surprises.

Le bal des potins pouvait commencer. A part dire qu’elle avait croisé le petit fils charmant de sa voisine, la fleuriste n’avait malheureusement pas de ragot croustillant à relater auprès de son ami Léo. « Oui ! » acquiesça Ginny en levant les yeux au ciel à ce souvenir. Avec le recul, c’est fou à quel point Léo connaissait les détails insignifiants de sa petite vie. Dernièrement elle n’avait pas tellement d’histoires folles à raconter, notamment sur ses relations amoureuses / d’un soir. Ce fut pour cette raison qu’elle s’était d’ailleurs inscrite sur le site de rencontres de la ville BowenBowTie ; et aussi parce qu’en matière d’initiative ; elle avait encore beaucoup de progrès à faire. Léo vit donc juste en lui faisant remarquer qu’elle ne pouvait pas se contenter de battre des cils pour trouver quelqu’un. « Tu me connais, j’ai besoin de dix-huit jours ouvrés avant d’oser de parler à un mec mignon. Sans t’offenser, si tu ne m’aurais pas acheté de fleurs je ne t’aurais en aucun cas adressé la parole dans la rue. » admit Ginny qui n’avait jamais caché son attirance physique pour Léo. Avec le temps, leur amitié se solidifia si fort comme un roc que la perspective de flirter ne dépassait pas le stade des blagues entre eux. « Alba n’a pas un frère entre vingt-neuf et quarante-trois ans? » s’aventura-t-elle de demander avant de poser ses lèvres sur sa tasse à café.

Les détails insignifiants, c'était probablement ce que Léo préférait. Les petits riens qui faisaient tout. Il adorait ça en photographie et dans le quotidien c'était la même chose. Évidemment il aimait les potins croustillants lui aussi, mais il ne venait pas pour parler scandale. D’ailleurs sa vie à lui aussi était plutôt calme actuellement, il ne courait plus après les femmes, il s'était enfin calmé. Il était presque un autre homme avec Alba dans sa vie, presque. Il rit à sa réflexion, Ginny était pleine d'un humour qui le faisait craquer. Ça veut dire que je suis mignon ?! Tu me flatte. Il haussa un sourcil en lui adressant un sourire charmeur. Avant de rire parce qu’elle rougissait déjà. Ça marchait à tous les coups avec la jeune femme. Ce petit jeu de séduction ne datait pas d’hier, Léo avait toujours su que la brune avait un faible pour lui, au moins pour son physique. Lui aussi il la trouvait jolie, mais à chaque fois qu'il venait la voir, c’était pour offrir des fleurs à une autre femme. Il était clair que ça ne fonctionnerait jamais entre eux. Et puis cette fille était bien trop douce et gentille, en plus de ne pas être blonde. Ils étaient donc devenus amis et c'était sûrement pour le mieux. Il grimaça à la question de Ginny. Elle est fille unique. Elle a un cousin, mais c’est pas le bon plan. Léo ne comptait pas caser la fleuriste avec Asher. Il n’avait pas la réputation d’être très sérieux - oui, c'est la poêle qui se moque du chaudron - Et puis si c'est pour attendre un mois avant que tu lui adresses la parole… il esquissa un sourire moqueur. Les affaires vont bien ? La boutique semblait toujours pleine, Léo ne s'inquiétait pas tellement pour son amie mais il trouvait important de lui demander.

  « Léo! Tu es insupportable! » protesta Ginny en cachant son visage pour dissimuler ses joues roses. Cela n’a jamais été un secret, elle trouvait Léo physiquement très charmant. Quand ils se sont rencontrés la première fois, il n’était pas célibataire et de toute façon elle ne pense pas qu’elle aurait pu se risquer à le draguer ouvertement. Au fil des années, aucun d’eux n’eut à franchir la limite de leur amitié ; l’ambiguïté flottait parfois dans les mots mais rien de plus. Ils s’en portaient mieux ainsi, échangeant des conseils en matière de cœur brisé. Ginny apportait son point de vue féminin, suggérant quel genre de bouquet de fleurs à offrir et quels mots voudraient entendre une femme. En dehors d’être un ami réconfortant, Léo aussi la conseillait. Il l’avait notamment sortie d’affaire d’un ou deux rendez-vous foireux mais aussi ramassé à la petite cuillère sur ses nombreuses peines d’amour. Elle lui disait ‘je t’aime’ quand elle avait un peu trop bu, parce que sinon elle n’aurait pas eu le cran de le faire.

Léo l’estimait assez pour ne pas lui présenter un toquard qui jouerait avec ses sentiments.   « Pourquoi ‘‘pas le bon plan?’’ Je suis célibataire depuis trop longtemps, tu me dois bien ça, t'avais qu'à à avoir un jumeau angélique ». rétorqua la fleuriste en haussant les épaules. Elle lui tira la langue à sa moquerie, mais Léo disait vrai. Trop intimidée, Ginny préférait que les hommes prennent les devants.

La fleuriste regarda les alentours de sa boutique qui était présentement vide. « Oui ça va, c'était plutôt calme ces derniers temps mais je me n’en fais pas, il y a des périodes comme ça... Tiens, tu ne veux pas ramener un bouquet à Alba? » lui demanda-t-elle par inadvertance.

Le photographe esquissa un sourire amusé. Ginny avait raison, il était insupportable, incorrigible même. Il était parfaitement conscient de son charme et de l'effet qu'il avait sur une fille comme elle. C'était facile, presque trop, ça flattait clairement son égo et il était incapable de se retenir. Il avait besoin de sentir qu'il plaisait, même s’il n'avait aucune intention de séduire. Parce que la brune, même s’il l'aimait beaucoup, même s'il pouvait aujourd'hui la considérer comme une de ses plus proches amies, il n’avait jamais eu aucune intention de changer la nature de leur relation. Quand il était jeune, se prouver qu'il plaisait aux femmes lui avait donné confiance en lui. Aujourd'hui, à bientôt quarante ans, c'était malheureux, mais ça lui donnait l’impression qu’il n'était pas encore si vieux et que tout n’était pas encore foutu pour lui. Léo était égocentrique, c’était probablement son pire défaut. D’ailleurs, c'était con, mais parler d’un autre homme qui pourrait potentiellement plaire à Ginny, ça faisait monter une pointe d’agacement. Il n’est pas du genre fidèle. Mais j'peux te donner son numéro si ça t'intéresse. Qu’il ajouta comme pour la provoquer, s'il ne pouvait pas se vanter, lui non plus, d'avoir été l’homme le plus fiable qu'il soit, Léo doutait que le boxeur corresponde aux rêves de prince charmant de Ginny. Il n’y a qu'un seul Léo, ma chérie. Deux ç'aurait été indécent ! Qu'il ajouta en grimaçant à son tour. Effectivement, la boutique était calme à cette heure de la journée, mais Emerson ne s’en faisait pas pour son amie, elle avait excellente réputation. Tu t’inquiètes ? Il sourit, il avait bien l’intention de ramener quelques fleurs à la maison, oui. Elle va encore croire que j’ai fait une bêtise ! La dernière fois elle a râlé pour les lys, s’ils n'étaient pas venu ce chez toi, elle me les aurait probablement jeté au visage, où à la poubelle. En même temps, cette fameuse dernière fois, il avait sacrément merdé, il fallait bien l’avouer.

Il avait un précieux don pour la faire rougir et perdre ses moyens. Ginny, facilement intimidée et intimidable n’avait aucune chance face au charisme du beau Léo. Fort heureusement les deux amis ne franchissaient pas la limite, laissant leur amitié intacte jusqu’à présent. De toute façon ils parvenaient rarement à être célibataire en même temps, et cette fois, c’était Ginny sur le banc de touche. Il avait évoqué le cousin d’Alba, mais aussitôt il verrouilla sa proposition. Ce monsieur ne s’avérait pas fidèle. « Alors non merci, pas besoin d’en rajouter un de plus à ma liste. » se rétracta immédiatement Ginny, avec une expression de dégoût. Léo était bien placé pour savoir qu’elle aurait pu tartiné des romans avec ses histoires de tromperies. Si une chose que la vie lui avait appris, c’était que ‘tout finit par se savoir’. Ayant assez souffert, elle ne voulait pas prendre le risque d’être cocue, encore.  « C’est la copie qui est face à moi, qui est indécente. » lui dit-elle dans un rire.  En parlant affaire, Léo glissa sur une révélation. Alba aurait râlé pour les lys ? Déconcertée, Ginny posa sa tasse. « Très bien, et pourquoi cette fois ? Qu’est-ce-que t’as encore fait ? » lui demanda la fleuriste, d’un ton las, abrégé d’un soupir. L’incorrigible Léo et sa foudroyante maladresse avaient frappés, sans nul doute. Il finissait par s’en tirer d’affaire, comme toujours. Ginny était le genre d’amie à bien l’accabler avant de le réconforter. Juste par solidarité féminine. De toute façon Léo avait un don pour se faire pardonner et soigner les cœurs brisés.

Elle en avait traversé, des galères sentimentales, Ginny. Léo en savait quelque chose, au cours des dix dernières années, il était devenu l’oreille qui recueillait ses histoires et ses peines de cœur. Il la conseillait souvent, mais était-il réellement de bon conseils ? Lui qui n'avait pas toujours été le meilleur exemple dans son comportement avec les femmes. C'était d'ailleurs une bonne chose pour la jolie brune, qu'il ne soit toujours resté que son conseiller et pas plus que ça, pour ne pas l'ajouter à la liste des hommes qui lui avaient égratigné le cœur. Aujourd'hui encore il y avait des restes de séduction, parce que c'était facile, c'était un petit jeu entre eux, mais ça restait quelques mots, un peu de badinage, rien de bien méchant. Léo aimait voir Ginny rougir, autant qu'il appréciait ses compliments. On est bien d'accord. Il n’avait, lui non plus, pas envie d'ajouter le cousin d’Alba à la liste de ses plans foireux. Il esquissa un sourire, fut une époque où il était indécent, en effet. Mais il s'était bien assagi depuis un moment. Quoiqu’il avait encore brillé par un comportement plus que limite, ces dernières semaines, en jouant avec Freja un jeu qui lui avait semblé anodin et qui avait pourtant fait du mal. Léo restait égoïste sous bien des aspects et s'il ne pensait pas à mal, il avait trop de fierté pour admettre qu'il allait parfois trop loin, jusqu'à ce qu'il dépasse les bornes et que le mal soit fait. La dernière fois, il avait cru qu’il s'en sortirait avec une brassée de fleurs, mais ça ne fonctionnait pas aussi facilement. J’ai fait passer Alba pour une idiote, involontairement. J’ai mis un commentaire stupide sous une photo Instagram d'une amie, elle s'est sentie humiliée. Je te jure que ce n'était pas voulu. Et je m’en suis mordu les doigts après. Mais ça va mieux maintenant. Heureusement, depuis quelques temps ils essaient de dialoguer et ça leur réussissait plutôt bien.

Une amitié construite et nourrie de confidences, de bonne humeur et énormément d’affection. Depuis ces dix dernières années, ils avaient vécu les montagnes russes et Ginny considérait Léo bien plus qu’un confident désormais. Aucun d’eux n’eurent à franchir les limites de leur amitié. Certes ils aimaient se taquiner, mais jamais il n’eut d’ambiguïté ouverte et mal placée. D’autant plus que Léo était avec Alba ; et par respect elle ne se permettrait quelconque débordement.

Ce qu’elle ne savait pas, mais qu’elle sut bien aussitôt, c’est que Léo avait de nouveau frappé avec sa légendaire maladresse. Il aurait commenté la photo d’une amie, Ginny s’imagina à un commentaire plutôt osé peut-être voire rentre-dedans.  « Léo, pardon ! » s’exclama Ginny sur un ton de reproche, et lui fit les gros yeux. Sans s’en rendre compte, elle lui jeta un regard de haut en bas.  Il disait que ‘ça allait mieux maintenant’ cependant la fleuriste n’était pas prête de passer à autre chose. « Et c’était quoi ce commentaire ? »  On aurait dit qu’elle-même avait été trahie. La solidarité féminine est puissante.

Depuis le temps qu’elle le connaissait, Ginny devrait être habituée aux bourdes de Léo. Il fallait avouer qu’il n’avait pas son pareil pour mettre les deux pieds dans le plat et que quand il faisait quelque chose de stupide, il n’y allait pas de main morte. Il faisait ses conneries jusqu'au bout et généralement il avait du mal à admettre qu’il avait merdé. Vu comme ça, Emerson ne vendait pas de rêve. Heureusement, il avait de bons côtés, déjà, il n’avait pas un mauvais fond, s'il avait un sale caractère, il était réellement gentil, quand il voulait. Et puis il était peut-être mauvais dans ses relations amoureuses avec les femmes, mais c'était un ami fidèle et loyal sur lequel on pouvait compter, ça, Ginny le savait bien. Il fronça les sourcils quand elle s’insurgea. Il n'aimait pas ce regard qu'elle jeta sur elle, cette façon de le détailler de pied en cap avec un un jugement non dissimulé. J'te raconte pas ça pour avoir ton jugement sur la question. Je sais très bien que j’ai merdé, merci. Qu'il se renfrognait comme un enfant pris en faute. Et même s'il ajouta que les choses allaient mieux entre Alba et lui, la fleuriste ne s’en contentait pas. En même temps c’est Freja qui a commencé ! Le Léo de cinq ans qui avait lancé du sable dans les yeux de son copain d’école n’aurait pas pu être plus fier de lui à ce moment là. Elle a posté un selfie d’elle où on m'aperçoit, derrière, dans la douche. J’ai mis qu'elle aurait pu me rejoindre au lieu de prendre la photo. C’était une blague, ok ? Lourde et nulle, oui, mais une blague quand même. Les filles n’avaient pas d'humour. Quoique Freja, elle, avait bien ri. Il attendait la foudre qui allait lui tomber sur le coin du crâne.

 Bien évidemment, Ginny avait l’habitude des bourdes enchainés par Léo. Quoique, il fallait reconnaitre qu'il avait fait de réel progrès depuis qu'il était avec Alba. D'ailleurs, il est à souligner que Ginny avait fini par l’apprécier cette Alba, lui qui en disait beaucoup de bien.

Certes Léo n’aimait pas reconnaitre ses gaffes, sauf que Ginny, aussi douce soit-elle, était ce genre d’amie, qui préférait blesser par une vérité que mentir par un mensonge. Pour le coup, Léo, elle l'aimait beaucoup. C'était la raison pour laquelle elle se permettrait de lui tirer les oreilles si il en avait besoin.  « C’est bien, tu le reconnais comme un grand garçon. » le félicita-t-elle, comme si elle parlait à son fils adolescent pris en faute, prête à tenir un discours éducatif. «  Comme on dit on apprend de ses erreurs, mais pardon mon petit cœur, je serais toujours là pour toi et ça même si c’est pour te rappeler que tu foires. J’attends que tu en fasses de même pour moi, parce que moi aussi je peux être amenée à faire n'importe quoi et j'espère, grand dieu, que tu seras là pour me dire Ginny t'abuses, t'as fait une boulette. Je saurais qu'il faut que je me réajuste. C'est tout. » finit-elle par dire en toute honnêteté. A travers ses paroles, elle espérait faire comprendre au mieux qu'elle agissait avec bienveillance.

Elle en avait confectionné des bouquets pour Léo, Ginny. Depuis qu'il avait réalisé que ça plaisait aux femmes, il fallait avouer que la photographe abusait pas mal de cette carte séduction. Il avait eu un sacré budget fleurs à une époque. Ça avait toujours amusé la fleuriste, parce qu'en plus de ses commandes, il arrivait toujours avec une histoires à lui raconter. De la fille magnifique dont ils était tombé amoureux en soirée, de la mannequin toute en jambes qu'il avait séduit sur un plateau, en passant par celle dont il avait confondu le prénom avec une autre qu'il voyait en même temps. Ou même la fois où il avait oublié l'anniversaire de sa mère et qu'il se sentait trop mal. Des fleurs il en avait offert pour des dizaines de raisons, Ginny aurait de quoi écrire un livre à ce sujet. Mais celle dont il lui avait le plus parlé c'était Alba. Dix ans que c'était des montagnes russes entre eux, dix années que Léo était amoureux de la blonde, bien que ça ne l'empêchait pas de faire des conneries, de s'être égaré avec d'autres, de l'avoir perdu plus d'une fois. La brune avait fini par prendre le parti de la galeriste et Léo ne pouvait pas l'en blâmer. Mais il n'empêchait que ça l'agaçait bien qu'elle le prenne pour un gamin à qui elle faisait la leçon. Alors il leva les yeux au ciel. Avant d'éclater de rire quand elle continua. Comme si j'étais du genre à la fermer quand j'ai quelque chose à dire ! Ginny le connaissait bien, elle savait que Léo était honnête et que si elle déconnait, il n'irait pas par quatre chemins pour le lui dire. Leur amitié était ainsi faite et c'était pour cette raison qu'il aimait tant leurs tête à tête. Fais juste attention à ne pas te faire avoir par un homme qui te la fait à l'envers, tu mérites d'être heureuse. Au fond c'était surtout ça, il voulait qu'elle soit heureuse.

Deux personnalités assez différentes, avaient, malgré tout, donné naissance à une belle et particulière amitié entre Ginny et Léo. Ce dernier, depuis qu’elle le connaissait avait enchaîné pas mal de flirts qui finissaient souvent en anecdotes à raconter. Par contre avec Alba, c’était différent. Il l’aimait et leur histoire d’amour durait. Il semblait donc important pour la fleuriste fleur bleue de voir sa relation avec elle perdurer. Donc si Léo se risquait à déconner, Ginny se devait de le lui signifier. « T’as raison, il faut se dire les choses. » approuva Ginny qui se rappelait également des conseils de Léo. Et pourtant, même pour elle il était bien difficile d’aller à l’encontre de sa nature. Comme il devait être difficile pour Léo d’éviter sa maladresse légendaire.

En tout cas, elle fut touchée par ses propos. Il voulait la savoir heureuse. Ginny eut un sourire gêné. « Merci… Tu sais je connais mes défauts. Je sais que je m’emballe trop vite » admit-elle en toute honnêteté, sans savoir que quelques jours plus tard elle tomberait amoureuse d’un bel enseignant de Bowen. « Mais j’ai envie de croire qu’il existe une âme sœur pour chacun de nous. » C’était un des rares débats dont elle n’arrivait pas à accepter d’autres hypothèses. Tout individu était destiné à rencontrer sa moitié un jour ou l’autre.

Spoiler: