juste cette fille-là, c'est tout c'que je demande je n'saurais que faire du reste du monde - leyla

18h00. J’avais reçu comme tous les habitants de Bowen cette même notification, indiquant que les vents annoncés allaient bien plus violents que prévu. Ils étaient pas bien rassurant les agents de la ville et pour cause, à mesure que le temps avançait, les arbres tanguaient furieusement. J’étais rentré à l’appart en skate, luttant pas mal contre les bourrasques de vent. Et puis, j’avais fermé les volets de tout l’appartement, parce qu’en vrai, j’étais pas bien serein. Pour cause, Gizmo était terré sous le canapé, il faisait pas tellement le malin là et bizarrement il me faisait un peu d’la peine. J’avais même pas coeur à me moquer de lui. Pas ce soir. J’me calais dans le canapé, prêt à vivre une coupure de courant ou whatever. Mais comme j’étais pas le plus futé de Bowen, j’utilisais allégrement ma batterie de téléphone en scrollant sur les réseaux. J’me tenais à l’affut des infos, pour voir si la ville tenait le coup. Il annonçait déjà des inondations dans les rues du centre ville. Bien évidemment que j’pensais à mon p’tit local, récemment acquis, dans lequel je rêvais d’ouvrir ma boutique de skate, bien sûr que j’me voyais déjà galéré avec les assurances demain et bien sûr que je savais que les dégâts seraient importants. Mais de toute façon, j’allais faire quoi de plus en étant directement dans le local ? J’allais écopé avec un p’tit seau ridicule des potentiels torrents de pluie? C’était noway. Et pis j’étais bien mieux là, à l’abris, sur mon p’tit canapé. Gizmo avait trouvé le courage de venir se mettre à mes pieds, où p’tete qu’il avait un peu moins peur près de moi. Et pis, sans y prêter attention dans un premier temps, la story de Leyla défila devant mes yeux. C’était une photo du local du starbucks, elle semblait y être. Et ça semblait pas rassurant. La tempête faisait rage à l’extérieur. Peut-être s’était-elle fait surprendre, qu’elle n’avait pas eu le temps de rentrer chez elle. A cette pensée, j’sentais mon coeur se serrer. J’étais pas le gars le plus téméraire de la planète, mais imaginer Leyla toute seule dans cette boutique probablement plonger dans le noir, c’était pas possible. J’réfléchissais même pas en fait. J’me levais d’un bond, faisant sursauter le pauvre chien au passage. J’renfilais mes baskets et mon k-way, un bonnet sur la tête et j’attrapais ma planche de skate. J’dévalais les escaliers et j’m’élançais dans la rue, sous le vent, la pluie, et les éclairs au loin. C’était probablement insensé, mais c’était beaucoup plus fort que moi. J’pouvais pas la laisser là. J’l’aimais trop en fait. C’était bien dommage qu’il m’ait fallu cette tempête pour que j’trouve le courage de bouger. En une dizaine de minute, j’me retrouvais devant la boutique. C’était sombre à l’intérieur, les grandes baies vitrées qui d’habitude donnait vers un espace chaleureux, ne reflétait que le gris du ciel. J’me collais le visage sur l’une des fenêtres, pour regarder à l’intérieur. J’avais d’la pluie qui me dégoulinait partout, des cheveux, dans la nuque, sur le visage. "Leylaaa ? T’es là ?" que j’criais pour couvrir le son du vent. Assurément, si elle était à l’intérieur, elle pouvait pas me louper. Parce que probablement que elle, elle voyait très bien en dehors. Mais j’en avais rien à faire de passer pour un fou, de passer pour un demeurer, j’étais plus à ça près. J’étais pas son pote à Leyla, et j’allais lui dire, juste au cas où. Parce que c’était trop important.

@Leyla Alvarez

C'était pas un ouragan qui s'en venait, mais c'était pas si loin. Cette tempête n'annonçait rien de bon et Leyla était pas mal inquiète en écoutant les infos ce matin. Elle avait tout de même un quart de travail à faire et le Starbucks ne fermait pas pour rien ni pour personne. Tempête du siècle ou pas, Leyla était la barista en charge de la fermeture ce soir et elle se devait d'être présente. Elle avait quand même vu son lot de catastrophes naturelles au Chili, c'est un pays assez reconnu pour les tremblements de terre et les tsunamis, mais elle n'avait jamais rien vécu de très dramatique. Elle espérait que ce soit la même chose ici. Un dur moment à passer, sans plus. Si le début de son quart se passa sans trop de soucis, entendant seulement la pluie cogner contre la vitrine, bien vite le vent vint s'en mêler. Elle pouvait entendre l'agitation dehors, surtout vu comment c'était silencieux à l'intérieur. Littéralement personne ne s'était risqué à sortir pour un café et donc, elle se retrouva seule dans le local, sursautant dès qu'une branche ou qu'un objet quelconque se cognait contre la vitre. Elle espérait que Maddie était ok, puisque celle-ci ne répondait pas à ton téléphone. Fidèle à elle-même, elle prit une courte vidéo de la tempête vu de l'intérieur et la mis en story, espérant bien que ça décourage n'importe qui souhaitant peut-être faire une p'tite balade. Comme pour appuyer son intention, le courant lâcha quelques secondes après, la laissant dans le noir total. Elle n'avait plus beaucoup de batterie dans son téléphone, Leyla, l'ayant sur-utilisé vu son ennui depuis le début de son quart. Elle se sentait encore moins rassurée. Elle ne savait pas trop quoi faire dans ce genre de situation, son boss ne répondait pas et clairement... Quitter n'était pas une option en ce moment. Elle se laissa tomber contre le comptoir, sur le sol en soupirant. Ça lui ramenait de mauvais souvenirs à Leyla d'être toute seule comme ça, effrayée, sans savoir quoi faire. C'était comme si elle était de retour dans la maison familiale au Chili, pratiquement deux ans auparavant, le soir où elle avait tout laissé derrière elle après avoir entendu les coups de feu au rez-de-chaussée. C'était dur de ne pas être dans sa tête alors qu'il n'y avait rien pour l'y en sortir. Elle tentait de respirer, comme son médecin le lui avait appris, mais sursauta violemment en entendant une voix l'appeler. Elle se releva rapidement et aperçu bien vite Elijah, les deux mains et le nez collés contre la vitrine sous la pluie torrentielle. Elle s'empressa d'aller ouvrir la porte pour le laisser entre. Leyla, elle était pas mal soulagée d'le voir, son pote Elijah. Même que cette petite boule au ventre, ces petits papillons qu'elle avait toujours eu en sa présence, tout ça revint bien rapidement juste à le voir. Elle savait même pas quel sentiment était dominant vu la situation, mais une chose était sûre, elle se sentait immédiatement rassurée. Elle tira sur la manche de son imper pour lui indiquer d'entrer et même si la seule envie qu'elle avait était d'se réfugier dans ses bras, elle n'en fit rien. « Qu'est-ce que tu fais là? Está loco ?? » lui demanda-t-elle, inquiète qu'il ait fait le chemin jusqu'ici dans cette température.

Qu'est ce que j'étais venu lui dire exactement à Leyla? J'en avais aucune idée, j'y avais pas réfléchi. C'était pas ma capacité première d'anticiper, de voir venir. Non, moi j'marchais à l'instant, et en dedans là, y avait un truc bien puissant qui m'avait poussé jusqu'à elle. C'était p'tete complètement con, parce qu'elle m'avait probablement bien oublié, depuis mon miraculeux "nous sommes potes" de la dernière fois. Même Alexis, qui aurait pu allègrement rire de ma connerie, avait juste été peiné d'voir que j'avais été aussi con, aussi silencieux. Que j'avais comme rendu les armes. Alors que j'en étais complètement amoureux de Leyla et que j'avais pas combattu assez, j'lui avais pas dis. J'm'étais juste victimisé dans cette histoire, j'avais juste pris la nouvelle, en courbant l'échine, en acceptant, comme un débile. Sans même lui montrer à Leyla que j'tenais à elle. Et elle méritait pas ce dédain, elle méritait au moins d'savoir que ouais, je l'aimais, que j'débordais de feels pour elle, et que même si elle en voulait pas, elle devait savoir. Que j'étais pas juste un con, qui réagissait à rien. Au contraire, ça m'avait affecté, mais j'avais trop rien montré. Et ce soir là, dans cette tempête, alors que j'la savais seule au café, ça m'avait comme retourné le coeur. C'était pas possible que cette tempête ne se passe sans qu'elle ne sache. J'allais probablement me prendre un vent aussi gros que celui qui soufflait à l'extérieur, mais j'pourrais pas dire "j'ai rien fais pour nous". C'était ça le plus important. J'frappais à la fenêtre, sans rien voir à l'intérieur et très vite, je voyais du mouvement, Leyla qui venait m'ouvrir. Elle m'attrapa par la manche de mon imper dégoulinant de pluie et j'me retrouvais soudain au sec, dans le silence aussi, le vent soufflait plus dans mes oreilles. C'était le calme d'un coup. Forcément, elle s'questionna. Pourquoi j'étais venu jusqu'ici. Et comme j'avais pas tellement préparé ce que j'voulais lui dire, j'lui répondais d'abord très premier degré. "J'ai vu ta story insta, que t'étais toute seule ici, et j'me suis inquiété." Ca c'était la première partie de la vérité. Encore fallait-il que j'trouve le courage de lui dire le reste. J'retirais la capuche de mon imper, et mon bonnet aussi, que j'gardais en main, parce que pour l'instant, j'savais pas si j'allais resté ou non. Mon skate dans l'autre main. J'étais encore lancé dans l'action, et j'décidais de pas réfléchir plus longtemps. "Et pis, j'repense pas mal à c'que j't'ai dis la dernière fois, j'ai jamais eu envie d'être juste un pote. Et j'sais que t'as un copain et j'suis ok avec ça, mais j'veux pas qu'tu crois que j'm'en fiche de nous. De ce qu'on a été. Et de ce que j'aurais aimé qu'on soit." C'était tout sauf clair, j'le savais que j'aurais dû préparé un peu plus c'que j'voulais dire. Et en même temps, j'suis pas certain de faire beaucoup mieux avec du temps. Parce que tous mes feels pour Leyla, ils se percutaient avec l'amertume d'la savoir avec un autre, avec la nostalgie de notre relation, et la fucking envie que tout ça, ça existe encore. J'la regardais, Leyla, sans la quitter du regard, et qu'est ce que j'pouvais la trouver belle, qu'est ce que j'aurais aimé la prendre dans mes bras. J'me retenais. Parce qu'à ce stade, j'étais bien persuadé que tout ça, c'était en vain.

@Leyla Alvarez

Elle était pas en danger de mort, Leyla. C'était une tempête assez intense, ouais, mais elle était à l'intérieur et mis à part être un peu effrayée et stressée, elle risquait rien. Pourtant, en la sachant seule ce soir, Elijah s'était précipité au Starbucks pour venir la voir. Cette simple pensée, elle lui réchauffait pas mal le coeur. Ça c'était surtout si elle omettait de penser au fait qu'il avait mentionné vouloir être potes et au fait qu'il avait fort probablement une copine. En tout cas, il voyait des filles. Ouais, si elle se mettait à penser à ça, Leyla, elle était pas mal moins attendrie par sa présence devant la vitrine. Reste qu'elle ne comptait pas le laisser dehors, puis vu l'état dans lequel elle se trouvait juste avant, elle n'était définitivement pas contre le fait d'avoir de la compagnie. Elle l'avait donc attiré à l'intérieur, luttant bien pour ne pas l'attirer contre elle en même temps. Ça aurait été inapproprié, for sure. « Oh. C'est gentil... » dit-elle pas certaine de savoir ce que ça voulait dire, qu'il s'inquiète pour elle. Il ne s'était pas inquiété pour elle depuis qu'il avait quitté la maison de sa tante, y'a plusieurs mois de ça. En fait, Elijah n'avait pas tenté de reprendre contact avec, c'était venu d'elle y'a quelques semaines. Avant ça, il avait juste accepté ce qu'elle lui avait dit et il l'avait laissé tranquille. C'était honorable, mais c'était aussi... Pas nécessairement ce qu'elle aurait voulu. Elle s'en rendait compte maintenant. Elle le regardait, complètement trempé, son bonnet et son skate dans ses mains, prêt à repartir maintenant qu'il la savait ok. C'était clair pour Leyla qu'elle voulait qu'il reste. Elle voulait qu'il reste tout le temps, pas en tant que potes, mais elle avait loupé le bateau, faut croire. Du moins, c'était ce qu'elle se disait avant qu'Elijah n'entame son petit monologue. Discours peu clair, soit dit en passant. Elle entendit bien qu'il parlait d'un petit-ami qu'elle avait sans savoir d'où ça sortait cette info, mais ne s'y attarda pas plus qu'au reste. Elle tentait de faire sens avec ses paroles, mais Leyla, y'avait beaucoup trop d'infos dans ce discours pour qu'elle comprenne vraiment où il voulait en venir. Si la communication avait déjà été l'une de leur force, c'était clair avec leur dernière rencontre que ça s'était perdu. Ils n'étaient plus aussi connectés et donc, ça allait demander un peu de gymnastique pour bien arriver à se capter ce soir. « Tu ne veux pas qu'on soit amis? » demanda-t-elle d'abord avec une petite voix. C'était la première chose qui lui venait en tête parce que c'était ce qui lui créait un plus grand vide, s'imaginer sans lui. Même si elle non plus, ne voulait pas être son amie. Elle voulait bien plus, est-ce que c'était ce que lui aussi voulait dire? « Tu ne veux pas qu'on soit qu'amis. » répéta-t-elle rapidement, comme en analysant tout en même temps. « Je croyais que tu voyais quelqu'un. » dit-elle simplement en relevant le regard vers lui. Le moment en soi, sans Elijah présent, était déjà intense pour Leyla, alors qu'il arrive et lui lance tout ça, ça ne l'aidait pas à avoir les idées claires. C'était a lot en même temps. Donc ouais, avec tout ça, elle oublia bien de lui préciser que non, elle n'en avait pas de copain. Elle pensait à lui non-stop, personne d'autre.

J'avais eu comme un p'tit électrochoc. C'était con hein, parce que Leyla, elle allait pas mourir de cette tempête. Ok ça soufflait mais y avait pas de danger de mort. Mais j'sais pas, j'avais eu comme un tilt, un truc qui s'allume enfin dans ma tête et qui m'fait prendre conscience que bah .. j'ai pas envie d'attendre et rien faire. J'ai pas envie de laisser passer ma chance. J'ai pas envie d'être juste le gars passif qui s'bouge pas. Ca peut p'tete fonctionner pour le boulot, éventuellement, mais ça peut pas être c'que j'applique pour mes relations amoureuses. Pas celle que j'ai avec Leyla en tout cas. C'est trop précieux. Même si je sais qu'elle est en couple, que c'est probablement trop tard, j'veux juste qu'elle sache que j'aurais au moins tenté. Que j'suis pas insensible. Et que j'l'aime encore. Ca dans ma tête, c'est extrêmement clair, mais bien sûr qu'en arrivant devant elle, alors qu'elle m'ouvre la porte et me met à l'abris de la pluie, bah, mes pensées claires et concises, elles existent plus. C'qui sort de ma bouche c'est confus, c'est mélangé, c'est sincère, ça c'est une certitude, mais pas certain que Leyla y comprenne quoi que ce soit. Et pourtant, j'suis presque encore essoufflé quand j'lui dis que j'veux pas juste être sa pote. Et rien que ça, ça me libère d'un poids.  Mais j'vois bien que le message sous jacent à mes mots, il est pas saisissable, et Leyla peine à reformuler, à comprendre. Autant on avait su communiquer ensemble avant, autant là, c'est comme si on avait tout perdu. Leyla me demanda une première fois, si je voulais qu'on ne soit plus ami. Je hochais la tête, très sûr de moi. "C'est exactement ça ouais." que j'disais sans me rendre compte que ça pouvait être interpréter à l'envers. Et que ça pouvait dire que j'la voulais plus dans mon monde. Elle répeta à nouveau, et rajouta que j'voyais quelqu'un. Que c'était sa pensée du moins. Elle avait relevé ses grands yeux dans les miens à ce moment là. Mon coeur chavirait en dedans. Mais j'devais rester focus. J'secouais la tête, frénétiquement. "Nan nan, j'vois personne. Personne depuis .. bah depuis tu sais quand. Enfin, y a eu que toi" que je rajoutais. J'aurais voulu le dire au présent, il n'y a que toi, mais c'était encore trop flou entre nous pour que j'puisse me projeter à nouveau avec elle. J'arrivais pas à dire oralement qu'on avait fait une pause, Comme si on avait pas le droit de dire qu'on s'était quitté, comme si c'était encore trop douloureux. J'remarquais que Leyla, elle avait pas rebondi sur le fait que ouais, elle avait un copain. Ca m'envoyait des signes pas très bons. Parce qu'elle esquivait probablement le sujet. Je savais pas tellement quoi dire maintenant, j'sentais mon coeur qui tapait contre mes côtes, c'était un peu l'essouflement de ma course jusqu'ici mais, c'était aussi elle. J'me sentais nerveux. Et pis, comme de toute façon j'étais venu jusqu'ici, autant que j'lâche le truc. Une bonne fois pour toute. "J'veux pas interférer dans ta nouvelle relation, Leyla, mais sache que .. bah que j't'ai vraiment pas oublié. Et j'veux pas qu'tu crois que j'm'en fiche de nous. Ca a été très important.. et ça l'est encore.. en fait." J'parlais en faisant des pauses, en rajoutant des trucs, et en même temps j'voulais pas la mettre à défaut et m'obliger à me mettre un vent. J'la regardais, comme pour lui dire, vas y, dis moi que t'es heureuse avec ton gars, et j'te laisserais tranquille. Et ça m'déchirait le coeur. Parce que là, j'aurais juste voulu l'embrasser, retrouver le goût de ses lèvres et la serrer contre moi, au coeur de cette tempête.

@Leyla Alvarez

La présence d'Elijah, son discours confus, son body language incertain, tout ça c'était bien classique de lui. Les deux derniers points ne rassuraient pas trop Leyla, un peu comme s'ils n'étaient plus connectés et qu'elle avait oubliée comment il pouvait être. Ça la rendait presque nerveuse tandis qu'elle sur-analysait chacune de ses paroles. Par contre, sa simple présence au café la rassurait, elle. C'était con, contradictoire même, mais c'était aussi une évidence qu'en cas de panique ou de moment plus creux, c'était Elijah qui pouvait la ramener sur Terre et faire en sorte qu'elle se sente bien. Les deux sentiments allaient l'un contre l'autre et Leyla, elle ne saurait dire lequel l'emportait sur l'autre. Surtout en entendant son ex confirmer qu'il ne voulait pas être son ami. Si cette pensée lui serra le coeur, elle fut vite rectifiée par les deux, comprenant finalement ce qu'il voulait dire. Comme si en une seconde, un claquement de doigt, ils étaient revenus sur la même longueur d'onde, leur petit fil s'était connecté à nouveau. Encore plus lorsque Elijah mentionna qu'elle avait tort, qu'il ne voyait personne d'autre, qu'il n'avait pas vu personne d'autre du tout. Les yeux bruns de Leyla durent s'illuminer, se remplir d'étoiles tandis que son coeur se recolla morceau par morceau en l'espace de quelques secondes. « Personne? » demanda-t-elle sans pouvoir cacher sa surprise. Après tout, elle avait quand même eu une info différente, ça venait forcément de quelque part et elle voulait s'en assurer, même si elle savait qu'Elijah, il ne lui mentirait pas. Le fait qu'il parle au passé, ça ne passait pas inaperçu, évidemment que Leyla l'avait remarqué, mais c'était pas choquant qu'il soit passé à autre chose même s'il ne voyait personne d'autre. C'était, du moins, sa première pensée avant qu'encore une fois, il ne la prenne par surprise. D'abord en parlant de sa nouvelle relation - inexistante - puis en parlant du fait qu'il ne l'avait pas oublié. En même temps, Elijah disait certains mots, mais son regard semblait raconter une toute autre histoire. C'était un regard triste, hésitant, comme s'il se résignait ou abandonnait même si ses mots disaient le contraire. Leyla, elle resta un peu bouche bée, tentant d'interpréter les signaux, d'analyser tout ça. Disait-il qu'il l'aimait encore? On aurait dit que son cerveau ne la laissait pas aller jusque là. « Je... Moi aussi ça a été très important, Elijah. » dit-elle d'abord, confuse. Sa tête allait à cent mille à l'heure et elle semblait bien incapable de s'exprimer, tout comme lui. « Ce l'est encore aussi, en fait. » rajouta-t-elle en fronçant les sourcils. Elle en était finalement au stade d'analyser les mots ''ta nouvelle relation'', comme si tout ce qu'il avait dit à ce sujet s'additionnait. « Attend.. Ma nouvelle relation? » demanda-t-elle comme pour être certaine, juste pour confirmer. Elle plongea son regard dans celui d'Elijah pour y déceler tout ce qu'elle pouvait y trouver. « Je ne suis pas avec Alan... Je pensais que tu le savais. » dit-elle comme si c'était une évidence, ne sachant même pas qu'il parlait de quelqu'un d'autre.

J'crois que tout ce manque de communication, tout ce temps interminable passé loin d'elle, ça avait brisé un truc. On s'comprenait plus. On était plus sur la même page. Et ça rendait la discussion confuse. Comme si j'avais fucking peur d'lui dire, droit dans les yeux, combien je l'aimais. Parce que j'étais persuadé qu'elle était avec un autre. Et que j'voulais pas être celui qui fout la merde. Et en même temps, j'm'en voulais tellement d'avoir juste abandonné, de ne pas avoir tenté d'la réccupérrer, de ne pas m'être battu pour elle. Elle méritait Leyla que j'remue ciel et terre pour elle. Elle méritait invariablement plus que juste de l'inaction. Et d'me retrouver devant elle ce soir, ça rabattait les cartes. Parce que ça mettait en lumière tout un tas de quiproquo. A commencé par le fait qu'elle pensait que je voyais quelqu'un. J'balayais ça, de quelques mots, lui assurant que non. J'avais vu personne. A ce stade, je pensais même pas au date complètement foiré d'avec Emma. Ca rentrait même pas dans mon mindset à ce moment là. C'était quoi d'ailleurs cette probabilité que quelqu'un nous ait vu et ait balancé cette info à Leyla? C'était insane. Ce date avait été une catastrophe et m'avait juste confirmé deux trucs : d'une que j'étais un gros loser en terme de drague et de deux que la fille que j'voulais, c'était Leyla et personne d'autre. J'acquiesçais très sincèrement à sa question. "Personne du tout. Comment tu .. croyais ça?" que j'me risque à lui demander. C'est pas une question jugeante, j'veux juste essayer de comprendre si quelqu'un à tenter d'mettre des battons dans les roues de notre relation. Même si clairement, des battons, on s'en était mis tout seul. Moi le premier avec ce légendaire "restons amis" que je maudissais à chaque fois que j'y repensais. Et pis, comme si ça suffisait pas, Leyla rajouta que j'avais été important pour elle, puis elle s'était corrigé, en conjugeant la phrase au présent. Chose que je n'avais pas osé faire, puisqu'elle était dans une relation. Vous saisissez là, le pouvoir des quiproquo et l'importance de la communication? De l'entendre de sa bouche, forcément, ça m'ravivait en dedans. Est-ce qu'un nous était encore possible? Et puis, comme si enfin Leyla avait analyser ma prise de parole, elle revint sur sa relation en cours. Tout comme moi, elle semblait surprise, et elle m'annonça que non, elle n'était pas avec  ce fameux Alan. J'pouvais pas m'empêcher de penser qu'Alan ne sonnait pas très italien, mais à ce stade, j'faisais aucune connexion. Ca faisait beaucoup, beaucoup trop d'infos pour mon p'tit cerveau. On en était à débunker trois ou quatre fakenews à la minute et je suivais plus rien. On avait nos yeux connectés, comme si plus rien n'existait autour. Et tout s'embrouillait. "J'ai du mal à suivre je t'avoue.." que j'dis avec un tout petit sourire, parce que la situation était quand même pas mal cocasse. "Tu pensais que j'voyais quelqu'un, je pensais que tu voyais quelqu'un, mais en fait personne voit personne, right?" Mes yeux étaient plantés dans ceux de Leyla et j'essayais d'y prendre des informations, de comprendre. J'inspirais un bon coup et j'me rendais compte que là, c'était a mess, dans notre conversation, dans nos esprits, dans notre communication. J'aurais voulu lui prendre la main, établir un contact physique, juste pour qu'on se calme. Je regardais un peu autour, repérant une table sur le côté. "Tu veux pas genre qu'on s'assoie et qu'on prenne le temps de discuter ? comme on savait si bien le faire." C'était un peu une tentative pour qu'on reprenne les choses depuis le début, parce qu'on s'perdait là, à vouloir tout et rien se dire à la fois. J'avais besoin de mettre les choses à plat, qu'on puisse enfin y revoir un peu plus clair dans notre relation.

@Leyla Alvarez

Entendre Elijah mentionner que non, il ne voyait personne du tout, c'était un réel soulagement. Ça lui procurait presque une réaction physique à Leyla. Elle oublia où elle était, le temps qu'il faisait dehors, le fait qu'il n'y avait plus de courant. C'était qu'elle et Elijah et leurs yeux qui brillaient un peu dans le noir. Elle avait déprimé souvent à ce sujet, Maddie l'avait entendu radoter encore et encore. Tout ça pour rien, finalement. Parce qu'elle n'avait pas été capable de simplement lui parler. Elle s'était juste fiée à une rumeur. « Je... C'est quelqu'un qui m'a dit ça. » dit-elle bêtement, se sentant pas très fine d'y avoir cru aveuglement. En même temps, en retour, Elijah semblait avoir eu la même info à son sujet. Si elle avait vu Alan quelques fois, cela faisait quand même un bon moment qu'il n'y avait rien eu. Elle n'avait pas été en couple avec et n'avait pas vu personne d'autre non plus. Le manque de communication et de clarification les avait mené en bateau tous les deux et maintenant, ils se retrouvaient face à l'autre incertain de ce qui était vrai ou pas. Un peu dur de se sortir de ce trou qu'ils avaient eux-mêmes creusé, mais en même temps, fallait voir le positif... Ils étaient célibataires et pensaient encore à l'un et l'autre. C'était ce que Leyla retenait, au final. « C'est pas mal ça, oui. » confirma-t-elle lorsque Elijah résuma la situation avec un petit sourire. Il s'en dessina un sur son visage à elle aussi, évidemment. C'était pas si drôle, mais quand même un peu. L'important, c'était surtout de clarifier tout ça là, maintenant. Ils n'avaient que ça à faire maintenant parce qu'il était hors de question qu'Elijah reparte dans cette température. Heureusement, il le proposa,  après un petit moment à s'observer, comme s'ils essayaient d'additionner les infos reçues dans leur tête. « Oui j'veux bien. » dit-elle en hochant la tête. Elle retira son fichu tablier et le déposa sur le comptoir. Un grand coup de tonnerre se fit entendre et Leyla sursauta, attrapant au passage le bras d'Elijah. Elle se sentait déjà nerveuse avant son arrivée, la fébrilité liée à leur conversation, puis à sa présence, c'était tout un mélange pour son système nerveux. Elle se détacha quand même rapidement de lui, c'était pas le move le plus brillant de créer un contact physique dans toute cette confusion déjà existante. Pourtant, s'éloigner d'Elijah était bien la dernière chose dont elle avait envie. « Excuse-moi, elle me rend nerveuse la tempête. » dit-elle en baissant le regard. C'était pas comme l'orage lors de leur première rencontre, c'était plus intense, plus effrayant et ça ferait certainement plus de dommage. Elle tira une chaise et y prit place avec un léger sourire. Ça leur ressemblait tellement pas d'être aussi peu à l'aise, mais au moins, maintenant, une partie des doutes avait été balayée. Elle s'appuya le menton contre les paumes de ses mains et leva les yeux vers Elijah, s'y perdant un peu de dans avant de prendre la parole. « Quand je suis venue chez toi y'a quelques semaines... Tu pensais déjà que j'avais quelqu'un? » demanda-t-elle, souhaitant clarifier son envie d'être potes.