Try again... #Marcus

Ca faisait pas loin d'un mois maintenant qu'ils s'étaient vus pour la dernière fois. Qu'ils avaient... Fautés... Enfin, ça, c'est une façon de voir. Sur le moment, elle était bien la blonde, heureuse. Et elle ne se posait pas de question. Ils avaient agit sur l'instant et c'était ce qu'ils avaient envie. Tous les deux.
Mais seulement... C'était sans compter sur la conscience de Marcus qui avait refait surface bien trop rapidement. Penny s'était prise une gifle en pleine tête.
Il regrettait. Il le lui disait. Il fallait qu'elle s'en aille. Qu'elle mette de la distance entre eux.
Mais ce qu'elle n'avait pas prévu, c'était qu'elle serait dans une chambre non loin de la sienne. Et alors qu'elle hésitait à lui envoyer un message, il se pointait de nouveau devant elle. Allongée sur une chaise longue, elle se releva aussitôt, espérant on ne sait quel miracle. Loin d'avoir la bouche en coeur et de lui glisser des mots doux, il lui avouait que, effectivement, il en avait eu envie mais que ça ne se reproduirait plus jamais. Donc, pour résumer, il regrettait.
Elle ne put rien dire. Elle le regarda s'en aller dans la nuit sombre alors que les larmes coulaient le long de ses joues sans aucun bruit. Son coeur venait de se briser. Encore. Mais cette fois, ce n'était pas elle la coupable. Enfin pas totalement. Elle ne chercha même pas à le retenir, à le convaincre qu'ils n'avaient pas fait une erreur mais juste écouter leurs coeurs (ou plutôt leurs corps). Mais elle ne fit rien.

Les jours qui suivirent, Penny était une loque. Elle ne sortit pas de chez elle pendant au moins 6 jours et passait ses journées à se goinfrer de cochonneries et à regarder des films à l'eau de rose.
A plusieurs reprises, elle avait pris son téléphone et commençait à écrire des sms. Mais à chaque fois, elle se ravisait et effaçait le message avant de balancer son téléphone un peu plus loin d'elle.
Je ne veux pas que tu entretiennes un espoir vain. Ces mots résonnaient en elle encore et encore. Ces mots qu'il avait prononcé. Il lui avait déjà pourtant dit qu'elle ne devait pas insister. Qu'il avait refait sa vie... Mais là, c'était différent. Il en aimait une autre. Et en couchant avec Penny, il s'était rendu compte qu'il aimait vraiment beaucoup l'autre femme et qu'il ne voulait pas la faire souffrir.
Penny avait été sa distraction du soir. Un dernier coït pour se dire au revoir. Une dernière étreinte pour clore leur histoire...
Et depuis ce soir-là, elle ne faisait que réfléchir. Encore et encore...
Pour finalement se faire une raison. Elle devait l'oublier. Pour de vrai. Vraiment. Absolument définitivement. Il avait une autre femme dans sa vie et Penny n'en faisait plus partie. Plus jamais.

Elle recommença alors à sortir un peu, à revoir des anciens amis. Il lui fallait changer de coin dans cette ville bien trop petite. Et ça lui faisait du bien.
Nous étions trois semaines et demi après et même si elle pensait encore et toujours à son ex-mari, elle se sentait mieux. Un peu...
Le week-end qui arrivait s'annonçait sympa. Elle était de nouveau invitée à un anniversaire et elle décida qu'il lui fallait une nouvelle tenue pour cet évènement.
Allez hop ! Cession shopping !
Le premier magasin ne l'inspira pas. Pas plus que le second d'ailleurs. Ca s'annonçait compliqué. Mais dès qu'elle entra dans le troisième, son visage s'illumina. Elle remarqua, à peine être entrée, deux jolies robes super sympas.
Elle continuait d'arpenter les allées, bien décidée à essayer le plus de tenues possible, quand son regard se posa sur... Oui oui. LUI !
Mais qu'est-ce qu'il faisait ici sérieusement ?
Comme à chaque fois qu'elle le voyait, son coeur se mit à s'emballer et ses joues à rosir. Elle était comme tétanisée. Qu'est-ce qu'elle devait faire ? S'en aller ? Rester ?
Et alors qu'elle réfléchissait à quoi faire, une femme vint à la rencontre de Marcus et l'embrassa. Putain... C'était sa copine...
Bizarre, elle lui disait quelque chose... Où est-ce qu'elle l'avait vu ?

Bon. Réfléchir c'est bien Penny. Mais agir c'est encore mieux. Alors soit tu te barres, soit tu bouges. Mais tu fais quelque chose !!!
Reprenant ses esprits, Penny continua donc son shopping à travers les allées mais elle n'était plus vraiment concentrée. Elle réfléchissait à cette femme déjà croisée (elle en était certaine) tout en regardant de leur côté pour voir ce qu'ils faisaient. Elle était belle cette femme... Ils allaient bien ensemble... Mais ça lui déchirait le coeur de le voir avec une autre. Et c'est là qu'elle capta qui était cette femme... Ann ! Bordel... Tout mais pas elle...
Non non non. Il fallait qu'elle parte. Vite.
Mais avant, elle voulait quand même essayer les tenues qu'elle avait trouvé. Après tout, elle n'avait toujours pas sa tenue pour cet anniversaire.

Ann souriait aux passants, elle enroulait son bras autour de celui de Marcus et marchait la tête posée sur son épaule. Elle était belle, légère, elle était amoureuse et tout le monde en était témoin. Ann était insouciante, terriblement insouciante. Elle voulait aller faire les boutiques et avait convaincu son compagnon de venir avec elle, parce qu’elle n’avait aucune robe d’été à se mettre et qu’il commençait à faire chaud. Elle était séductrice, tentatrice, comment lui dire non ? Marcus avait dit oui et il avait collé un sourire sur son visage pour sortir avec elle. Parce que, bordel, de quoi il se plaignait, il avait une femme sublime à son bras, amoureuse de lui, qui voulait le séduire avec des robes légères. Seulement voilà, Ann ignorait tout ce qui se jouait en lui, elle ne savait pas qu’il lui mentait depuis des semaines, qu’il n’arrivait plus à se regarder en face sans se sentir coupable. Elle ne savait pas que quand il lui faisait l’amour, les flashs d’une autre soirée, le parfum d’une autre peau, lui revenaient en mémoire, le rendant d’autant plus fautif. Il l’aimait, la jolie britannique, de tout son cœur, il voulait que ce soit suffisant, il voulait ce bonheur si simple avec elle, il voulait de cette vie et il voulait la rendre heureuse. Alors, il donnait le change, du mieux qu’il le pouvait, jusqu’à ce que tout lui explose à la figure, parce que ça arriverait un jour, O’Brian le savait. Égoïstement, il souhaitait profiter de ces moments d’insouciance avec elle, parce qu’un jour, elle allait le détester et plus jamais elle ne poserait son regard amoureux sur lui. Il repensait souvent à cette fameuse nuit, malgré lui, parce qu’il aurait préféré l’oublier, ne jamais la vivre, même. Mais ç’avait été si intense, si fort, trop fort. Ce corps à corps avec son ex-femme, cette attirance irrépressible, ce besoin d’elle, cette envie, d’elle, furieuse, qui avait tout emporté, surtout la raison. En y repensant, il ne savait même pas pour qui il s’en voulait le plus, pour Ann qu’il avait trompé encore une fois ? Pour Penny qu’il avait traitée comme un vulgaire objet sexuel et qu’il avait si violemment rejetée tout de suite après, lui crachant son dégout et ses regrets au visage ? Depuis trois semaines, il voulait oublier, il partait de l’appartement tôt le matin et ne revenait que tard dans la nuit, quasiment tous les jours. Il ne laissait pas Sierra fermer, il la laissait même partir plus tôt, acceptant de faire le ménage tout seul, pour mieux s’ouvrir une bouteille de rhum et la vider en solitaire. Il rentrait en titubant, l’haleine chargée et le regard triste. Ann le regardait étrangement, elle avait vu que quelque chose avait changé, il prétextait son anniversaire qui n’était jamais une date facile pour lui. Sa naissance, la mort de sa mère au même moment, le départ de son père, ce sentiment d’abandon qui lui avait toujours collé au corps, comme un compagnon de vie dont il n’arrivait pas à se défaire. Mais c’était un mensonge cette fois, parce que celui qui abandonnait, depuis quelque temps, c’était lui. Jude savait, il se confiait à elle, elle l’aidait énormément, mais ça ne faisait pas tout. Cette séance shopping, c'était un prétexte, certes Ann voulait de jolies robes, mais elle voulait aussi changer les idées à son petit ami. Tout comme ce week-end qu’elle lui avait offert pour son anniversaire et qui arrivait à grands pas, à la fin du mois. Alors, il faisait un effort, il en avait envie, il enviait sa légèreté, sa joie de vivre, il rêvait qu’elle soit contagieuse. La blonde était dans une cabine d’essayage et elle avait demandé au barman d’aller lui chercher un petit haut dans une allée pour l’essayer avec la jupe qu’elle avait sur elle à ce moment-là. Il essayait alors de se rappeler sur quel portant elle l’avait repéré quand il faillit bousculer une jeune femme. Il releva la tête, prêt à s’excuser, mais fut accueilli par deux yeux qui le fixaient avec peur, un regard qu’il connaissait bien. Penny. Qu’est-ce que tu fous là ? Tout son épiderme s’était hérissé, par réflexe, il avait reculé d’un pas et son visage, plutôt détendu, venait de se fermer. Marcus était incapable d’être aimable avec son ex-femme. D'autant plus qu'à cet instant, il se sentait pris en faute, clairement en danger, entre son ex et la nouvelle femme de sa vie. Face à ses erreurs aussi, ça tournait dans sa tête, beaucoup trop de sensations, d'émotions, de sentiments qui le prenaient de toute part, il se sentait submergé.

Le mood de Ann&Marcus amoureux ::

@Penelope Ward  

Son coeur se serrait alors qu'elle regardait du coin de l'oeil ce couple parfait en apparence. Ils étaient beaux. Ils étaient amoureux. Et elle les enviait. Elle aurait pu être à la place de cette femme. A la place d'Ann. C'était d'ailleurs une place qu'elle lui avait volé quelques années auparavant. Les voir de nouveau ensemble était comme un flashback aveuglant qui lui revenait en pleine tête et lui assenait des coups de poignard en plein coeur. Ca faisait mal. C'était douloureux au possible. Et encore plus depuis cette nuit qu'elle avait passé avec Marcus.
Alors, encore une fois, elle voulait fuir. Pas le fuir lui. Les fuir EUX. Ne surtout pas les croiser. Ne surtout pas avoir à leur parler. Ne surtout pas avoir à affronter cette situation qui serait plus que gênante.
Déambulant le plus discrètement possible pour accéder aux cabines d'essayage sans se faire repérer, elle se fit percuter par quelqu'un. Surprise, elle se retourna avant d'écarquiller ses yeux. Un mélange de stress et de peur, son coeur qui s'emballait plus que de raison. Evidemment que c'était Marcus qui venait de la bousculer ! EVIDEMMENT !!!
"Je... euh..." Elle regarda autour d'eux mais ne vit pas Ann. Son coeur tapait toujours aussi fort dans sa poitrine mais elle tenta de se reprendre. Elle n'était pas en faute ! Elle ne les avait pas suivis ! Elle faisait juste du shopping ! Mais à voir le ton qu'employait Marcus et le regard qu'il lui lançait, il semblait penser le contraire. Manquait plus que ça.
"A ton avis ? J'fais quoi ici ? Un restau ? Une partie de tennis ?" Sa peur se transforma en méchanceté. Elle était blessée de ce qui s'était passé. De ce qu'il lui avait dit. Elle soupira et s'agenouilla pour ramasser les vêtements qu'elle avait fait tomber sous le coup de la surprise. "J'fais du shopping Marcus. C'est un lieu public tu sais. Toi j'te demande pas. Je vous ai vu." Comme ça, au moins, c'était clair. 
Pour partir de cet endroit, Marcus devait se décaler ou quitter lui-même l'allée où ils étaient. Elle avança un peu et le regarda d'un air agacé et légèrement énervé. "Tu peux bouger pour que je me barre de cet endroit le plus vite possible ou ça aussi ce serait trop te demander ?" Elle ne le lâchait pas des yeux. Et cette fois, son regard n'avait rien d'amoureux ou de romantique.

Il fallait avouer que la vie avait été particulièrement joueuse, en remettant Ann dans la vie de Marcus. Ce n’était pas un hasard, puisque l’américaine avait choisi en toute conscience de revenir à Bowen, dans le but de retrouver son amour de jeunesse. Il n’y avait pas eu de hasard dans ces retrouvailles. Pourtant rien ne disait qu’ils seraient forcément retombé dans les bras de l’autre. Quand la blonde avait quitté Bowen, éconduite par son amant, elle avait à peine vingt ans, plus de quinze années s’étaient écoulées depuis ce départ. Elle avait changé, lui également. Seulement la magie avait encore opéré, il fallait être honnête, au fond Marcus n’avait jamais totalement oublié cette fille, leur histoire avortée, le mal qu’il lui avait fait. Et après la trahison de Pénélope, elle était revenue de sa vie tel un vent de tendresse et de douceur, tout ce dont il avait eu besoin pour panser ses blessures et se sentir à nouveau prêt à tomber amoureux. Alors oui, il avait craqué à nouveau. Et malheureusement pour elle, l’histoire s’était répétée, le retour de Penny, son attitude séductrice, l’attirance toujours beaucoup trop forte. Et O’Brian, qui n’avait décidément pas appris de ses erreurs passées. Aujourd’hui, bien plus que quinze ans plus tôt, il s’en voulait énormément. A l’époque, il n’avait pas réalisé qu’il pouvait être amoureux d’Ann. Aujourd'hui, elle était revenue pour lui, il l’aimait et il savait que son écart dans les bras de son ex-femme allait être fatal pour leur histoire. Il essayait donc de se racheter une conduite auprès de sa compagne, en acceptant cette après-midi shopping avec elle. Mais c’était sans compter sur le fait qu’il tombe nez-à-nez avec Penny. Est-ce qu’elle l’avait suivi ? Il se sentait con, pris en faute, alors il l’attaqua, c’était plus fort que lui, à chaque fois qu’il la croisait, ça faisait des étincelles. Il roula des yeux à sa réponse, évidemment, même si elle l’avait suivi, elle n’allait pas l’avouer. Cependant il y avait quelque chose dans son regard, dans le ton de sa voix, elle était blessée, il le sentait. Mine de rien, Marcus avait beau avoir des défauts, il n’aimait pas faire du mal et sentir son ex déstabilisée le rendit mal. Sa dernière phrase le fit pincer les lèvres, elle les avait vus. Elle savait. La blonde s’avança encore vers lui, le provoquant pour qu’il réagisse, qu'il bouge, qu'il la laissé passer. Et le barman se mit maladroitement en branle. Je … heu … ouais. Il essaya de la laisser passer, baissant les yeux pour ne pas voir le regard plein de colère que Pénélope lui lançait. Mais au même moment Ann sortait la tête de la cabine. Marcus ! Tu as trouvé le haut ?! Quelle demandait de sa voix joyeuse. Le brun, pris de court, attrapa Penny par les épaules pour l'entraîner avec lui dans l’allée perpendiculaire, ainsi, caché par un miroir, il se crut à l’abri. J’arrive ma chérie ! Ma chérie… il ne l'appelait jamais ainsi. Il paniquait totalement. Elles n'avaient pas ta taille, la vendeuse m'en ramène un autre. Il réalisa après, en reportant son attention sur Penny, qu'il avait plaqué son corps contre le sien. Et ça, ce n'était pas la meilleure idée. Marcus s’éloigna alors d'un pas. Faut pas qu’Ann te voit. Je ne veux pas de problèmes. Comme si Pénélope allait faire une esclandre ou quoi que ce soit. Il savait que ce n'était pas son genre. Par contre, provoquer l'autre blonde, elle pourrait totalement. Et il n'avait pas très envie qu'elles se croisent.

@Penelope Ward

La journée s'annonçait pourtant sympa. S'annonçait... Mais ça, c'était sans compter sur cette foutue roue du destin qui aimait jouer avec Penny et qui la fit tomber sur... *beurk* Marcus et... *oh surprise !* Ann. C'était elle sa copine. Sa "femme". Son amante... Beurk beurk beurk ! Pour ne pas dire d'autres mots ...
Il fallait absolument qu'elle quitte cet endroit le plus rapidement possible. Il ne fallait surtout pas qu'elle se retrouve face à eux. Surtout pas !
Mais encore une fois... La roue... Le destin... Le couteau dans la plaie et tout ce qui va bien avec...
Bim ! Oh Marcus ! Pu*** ... Le soleil faisait doucement place à la pluie dans la journée de la blonde.
Et le pire de tout c'est qu'il l'accusait de l'avoir suivi. De LES avoir suivis. Non mais on rêvait là !
C'était trop pour elle là. Alors pour se défendre elle usait de sarcasme et de mots cassants pour prendre la fuite. Etre loin d'eux. De lui. Le plus vite possible. Il sembla le comprendre et tenta tant bien que mal de se décaler mais...

Mais évidemment, c'était trop demandé ou peut-être trop simple !?
Ann interpela Marcus et lui ne trouva rien de mieux que de l'emmener plus loin à l'abri des regards. Ou plutôt du regard.
Ma chérie ... Penny leva les yeux au ciel. Et quand il trouva une excuse bidon, Penny secoua la tête. "C'est pas beau de mentir..." Collés l'un contre l'autre, ils se reculèrent en même temps.
Penny souffla. Elle était à la fois sous le choc de cette rencontre et en colère.
"J'en ai rien à faire qu'elle me voit. J'ai rien à me reprocher. J'ai la conscience tranquille, moi." Bim ! En pleine face ! Ca fait mal hein ?
Elle soupira une nouvelle fois en secouant la tête. "J'ai pas envie de faire d'histoires Marcus. Contrairement à ce que tu pourrais penser." Elle mit ses deux index sur chaque épaule de son ex pour le faire reculer. "Je m'en vais."
Elle commença à partir, en prenant bien soin de ne pas avoir à passer devant les cabines d'essayage. "La ville est petite Marcus. Va falloir que tu te fasses à l'idée qu'on peut se croiser plusieurs fois."
Elle aurait aimé lui parler, lui dire ce qu'elle ressentait, qu'elle l'aimait toujours et blablabla. Qu'il l'avait blessée aussi ... Mais à quoi bon franchement ? Ca ne changerait rien. Et surtout, ça ne le ferait pas changer d'avis.
Il fallait qu'elle avance Penny. Il fallait qu'elle l'oublie. Qu'elle passe à autre chose. Qu'elle rencontre quelqu'un peut-être ... ?

Marcus n’avait aucune envie que les choses se passent mal entre Pénélope et lui. Il aurait voulu, au contraire, que rien ne se passe. Qu'ils arrivent à vivre dans la même ville sans se croiser, sans interférer dans la vie de l'autre. Après tout, Bowen avait beau être une petite ville, il y avait quand même des gens que le barman ne connaissait pas, qu'il n’avait probablement jamais croisé. Seulement le destin les réunissait toujours. Et puis il fallait avouer qu'ils sortaient dans les mêmes endroits aussi, les mêmes fêtes, parce que les anciens amis de Penny restaient ceux de Marcus. Les mêmes boutiques parce qu'il n’y en avait pas énormément à Bowen. C'était bête, quand même, quand on pensait que le barbu quittait rarement son bar, mais il fallait toujours qu'ils finissent par se tomber dessus. Aujourd'hui ce n'était vraiment pas le bon jour, tandis qu'il était avec Ann. En même temps, il était évident que son ex finirait par l’apprendre. Marc aurait dû en parler directement au lieu de faire tant de mystère. À présent l'un contre l’autre, pour se cacher de l’écrivaine qui était sortie de sa cabine, Penny se moqua de son ex-mari. Il dodelina de la tête. Il le savait bien que ce n'était pas beau de mentir, il se sentait déjà assez mal comme ça, pas besoin d’en rajouter une couche. J’suis plus à un mensonge près. Qu'il grommela en roulant des yeux. Avant de littéralement la fusiller du regard, son visage s'était tordu de colère. T’as la conscience tranquille ? Tant mieux pour toi Penny ! Mais c’est pas moi qui me suis barré pendant dix ans. Oui, il était rancunier quand il s'agissait d'elle. Que la blonde se le dise, il n'avait pas fini de lui rappeler son erreur. Elle le repoussait déjà, enfonçant douloureusement ses doigts dans la chair du brun. Il grimaça et se poussa en frottant ses épaules. Cet après-midi il n’y avait plus aucun désir, plus d’attirance, juste une colère froide entre eux. Je m’y ferai quand je m'y ferai. Pour l’instant j’ai pas fait ce chemin là. Il soupira en se retournant. Attrapant le haut sur le portant, sans se retourner pour dire au revoir à Pénélope. Marcus retourna donc auprès de Ann et ils continuèrent leur shopping sans qu'il se préoccupe de l’autre blonde. Un bon quart d'heure plus tard, quelques paquets aux bras, ils flanaient dans les rues. L’américaine pendue au bras de son compagnon, l'embrassant avec un grand sourire, elle était heureuse, totalement ignorante de ce qu'il se passait dans la tête de celui qui l’accompagnait. Et puis ils arrivèrent sur une petite place animée sur laquelle une terrasse avait été improvisée. Face à eux, Pénélope, le visage offert au soleil, sa boisson devant elle. La première qui la vit ce fut Ann. Marcus, regarde, là-bas, on dirait Pénélope. Le brun faillit tressaillir, elle avait raison, même pas besoin de regarder. Elle est revenue à Bowen, ça fait quelques semaines déjà. La blonde se retourna, visiblement stupéfaite. Tu le savais ? Il osa la regarder mais ne savait pas où se mettre, pourtant la comédie avait assez durée, Penny avait raison un peu plus tôt, il ne pourrait pas l'éviter indéfiniment. Elle est venue me voir au bar, oui. J’aurais dû te le dire… Elle avait l’air contrariée mais comme à son habitude, elle restait calme. C’est pour ça que tu es bizarre depuis un moment ? Il hocha la tête, c'était au moins un début de réponse. Je ne veux pas la voir. Marc, je crois qu'elle nous regarde. Il jeta un œil sur son ex qui, effectivement, les regardait. Je vais lui parler. Rentre à l’appart, je n’en aurai pas pour longtemps. Il l’embrassa rapidement avant de se diriger vers Penny, sans donner à Ann l'occasion de répliquer. Il tira la chaise face à elle et un serveur qui passait lui demanda ce qu’il voulait prendre. Marcus ne comptait pas s’attarder mais il ne voulait pas non plus faire de scandale. Un expresso, merci. Un tout petit café à avaler vite fait, ce serait parfait. Tu aurais dû choisir la place la plus au soleil encore… Il ruminait. Elle t'a vu. Tout le monde te voit. Comment ne pas la remarquer en même temps, elle était là, si belle, provocatrice.


@Penelope Ward

Bloquée dans l'allée de ce foutu magasin, Penny n'en menait pas large. Mais elle était surtout en colère. Contre elle déjà. Pour être partie, pour être revenue, pour être toujours amoureuse de Marcus, pour avoir merdé ces derniers jours...   Mais elle était surtout en colère contre son ex qui croyait qu'elle le fliquait  travers Bowen, qui lui mettait une nouvelle fois en pleine face qu'elle s'était barrée et que s'ils en étaient là aujourd'hui c'était à cause d'elle. Avait-elle la conscience tranquille ? Oui, mais pas pour tout... En tout cas pour la nuit (ou plutôt le moment... ahem) torride qu'ils avaient passé elle l'avait, la conscience tranquille.
Et alors qu'ils étaient là, à se cacher, Penny en eu rapidement marre. Non, elle n'avait rien à se reprocher. Ou du moins pas en totalité. Faut être deux pour fauter très cher ...
Marcus partit rejoindre sa chérie (re beurk) et Penny quitta le magasin. Le bon côté dans tout ça c'est qu'elle avait quand même eu le temps de trouver sa tenue. Encore heureux ! C'était pas catastrophique en totalité. Bref.

Une fois dehors, Penny inspira profondément en fermant les yeux et se mit en marche. Tout ça l'avait chamboulé et énervé, encore plus.
Elle marcha quelques instants avant de se poser à la terrasse d'un café qui semblait improvisée. Parfait ! Elle avait bien besoin de prendre quelques minutes avant de poursuivre. Le soleil qui caressait son visage faisait un bien fou et le cappuccino qu'elle venait de commander - et qui arrivait déjà cool ! - allait finir de lui redonner sa bonne humeur.
Prenant délicatement sa cuillère pour prendre la chantilly déposée sur le dessus, Penny retrouvait le sourire et se délectait de ce moment. Mais au moment où elle releva la tête pour regarder les badauds passer, son regard sur posa sur... Devinez !!! Bah oui ! Marcus et Ann... Evidemment...
Bloquant quelques secondes, elle secoua rapidement la tête avant de repartir à l'assaut de sa boisson délicieusement gourmande.

Mais pas de répit pour Penny ! Marcus venait de tirer la chaise et de s'asseoir face à elle. Soupirant en s'adossant à sa chaise et en croisant les bras, elle voulut dire au serveur que Marcus ne prenait rien car finalement il partait mais elle n'en eut pas le temps. Le brun venait de se commander un café. Roulant des yeux à sa remarque et soupirant de plus belle, elle ne décroisa pas les bras pour autant. "Je suis déééésolée d'exister très cher Marcus..." Oui. Son ton était sarcastique.
A la seconde remarque du brun, elle haussa les épaules. "Et ...???" Elle ne comprenait pas en fait. Enfin si ... mais euh bref.
Décroisant ses bras, elle se rapprocha pour déposer ses coudes sur la table et lui faire face. "Faut pas que je sorte de chez moi c'est ça ? Faut que je vive en ermite ? La nuit ? Ah non je sais ! Tu veux que je me barre de cette ville ! J'ai gagné ?" Un léger sourire en coin vint agrémenter son doux visage. "Tu sais, chéri, (oui le chéri était dit délibérément et il était dit d'une façon très appuyée de façon délibérée également) que ça te plaise ou non je fais ce que je veux et quand je le veux. Ok tu regrettes ce qu'on a fait. Ok tu culpabilises rapport à Ann... Mais en attendant, là tout de suite t'es avec moi et pas avec elle. Je t'ai pas demandé à venir me voir là. J'ai rien fait pour que tu reviennes me parler. Hm ?" Bim dans ta face Marcus. Elle n'était pas énervée en disant ces mots. Elle lui disait de façon très calme. Elle essayait de garder le contrôle d'elle-même et c'était loin d'être évident.
Il fallait qu'elle se fasse violence même si ça la faisait atrocement souffrir.
"Vis ta vie avec Ann et laisse-moi tranquille." Son regard se perdit au loin et elle s'adossa de nouveau contre sa chaise. Elle reprit délicatement son cappuccino entre ses mains et lui dit ces derniers mots sans le regarder cette fois. "Bois ton café et va-t-en." Un dernier regard sur lui et ... " s'il te plait. Va-t-en." Pas d'animosité dans sa voix. Pas d'énervement. De la tristesse, de la souffrance. Ces mots résonnaient comme un adieu.

Marcus avait paniqué, il n’y avait pas d’autre mot. Voir qu’Ana avait reconnu Pénélope et se trouver là, entre les deux femmes de sa vie sans savoir que faire, il avait perdu la face. Il fallait dire que ce n’était pas son genre, au barman, de jongler entre les femmes. Lui, il était normalement très droit, il ne jouait pas sur deux tableaux. Mais voilà qu’il était devenu cet homme, qui mentait à sa petite amie, pour cacher son trouble face à son ex, pour cacher qu’il avait largement déconné. Il se sentait si mal en voyant le regard inquisiteur de l’anglaise sur lui, elle le sondait, elle analysait. Elle n’était pas stupide, elle ne l’avait jamais été, Anastasia savait qui était Penny et ce qu’elle avait représenté pour Marcus. Elle avait déjà été évincée une fois et il ne pouvait qu’imaginer ce qu’il se passait dans sa tête à ce moment précis. Alors, il l’avait renvoyé à la maison, incapable de voir les deux femmes s’affronter avec lui au milieu. Il avait peur que son ex-femme lui balance leur écart à la figure, il ne voulait pas qu’Ana l’apprenne ainsi, en pleine rue, de la bouche d’une autre, ce serait bien trop cruel. Mais aurait-il le courage de le lui annoncer une fois à la maison ? Il n’en était pas encore là dans ses réflexions, O’Brian y allait étape par étape et pour l’instant, il se dit qu’aller parler avec Pénélope serait une bonne idée. Mais pour lui dire quoi ? Au fond, il l’ignorait totalement et tandis qu’Ana s’éloignait et qu’il s’avançait vers Penny, il se sentait de plus en plus mal. Il attaquait direct, comme un peu plus tôt dans la boutique. Ce n’était pourtant pas dans ses habitudes d’être agressif, mais il fallait croire que c’était son nouveau mode de communication face à la blonde. Heureusement pour elle, Pénélope avait du répondant. Il lâcha un soupir quand elle répondit de façon théâtrale. Il la fixait avec un regard mauvais, venir la confronter n’était pas une bonne idée. Oui, j’aurais préféré que tu ne reviennes pas. C’est comme si tu foutais tout en l’air une seconde fois. Il savait qu’il avait sa part de responsabilité dans cette histoire, mais c’était un fait, si Penny n’était pas revenue à Bowen, Marcus aurait été tranquille, il aurait vécu son histoire d’amour avec Ana sans aucune ombre, il aurait pu faire des plans d’avenir. Parce qu’avec elle il avait un avenir heureux, il le savait. Seulement la blonde était sa drogue et la savoir là, si proche de lui, c’était comme lui foutre le nez dans la poudre en lui demandant de résister. Il en était incapable, c’était la triste vérité. Il se cala dans sa chaise, respira un nouveau coup pour faire retomber la pression et reprit avec une voix plus posée. J’suis avec toi parce qu’elle ne sait rien de ce qu’il s’est passé. J’ai merdé une fois, mais je ne recommencerais pas. Elle me rend heureux, vraiment heureux. Et je compte bien saisir cette chance-là, que tu sois revenue ou non. Voilà ce que je voulais te dire. Je l’ai laissé partir une fois, mais ça n’arrivera plus. Pénélope semblait blessée et la voir ainsi face à lui brisait le cœur du scientifique. Ç'aurait été si simple qu’il ne ressente rien, qu’elle ne signifie plus rien pour lui. Il avala son café en deux gorgées. Oui je m’en vais. On se recroisera Penny, tu as raison. Maintenant, tu sais que tout est terminé. Et je te souhaite d’être heureuse de ton côté. Il sortit un billet de sa poche et le posa sur la table en se levant. Hocha la tête en direction de son ex-femme et commença à s ‘éloigner. Elle ne savait pas, elle ne devait pas savoir, combien il lui était difficile de la quitter de cette façon, avec cette colère sourde entre eux. Il l’aimait encore, beaucoup trop fort, il l’aimerait toujours. Mais cet après-midi, il venait de faire un choix, celui de la raison, celui du cœur aussi. Pourtant, ça ne le rendait pas plus léger ou heureux, loin de là. Et puis une autre tempête l’attendait à son retour à l’appartement, parce qu’il allait devoir donner une explication à Ana.

Fin

@Penelope Ward