hold onto me 'cause I'm a little unsteady (sahar)

tw.

Il était en effet peu courant d’observer Levi dans un tel état de nervosité, ce genre d’attitude semblant inhabituel pour lui, qui était davantage du genre à relativiser plutôt que l’inverse. Il fallait croire que les événements passés et ceux qui étaient à venir avaient eu raison de son calme habituellement olympien, au point de ne plus être en mesure de le dissimuler. Et Sahar pouvait être la première à en témoigner, elle qui partageait ses jours et ses nuits depuis presque deux ans, le connaissant mieux que personne, consciente que la situation devait être plutôt grave pour que son corps n’en vienne à exprimer sa nervosité. Il avait fini par prendre cette décision, peut-être surprenante lorsqu’on connaissait les dessous sombres de son histoire, faisant part à sa bien-aimée de sa volonté d’assister aux funérailles de son père dans sa ville natale, à quelques milliers de kilomètres de Bowen. Et aujourd’hui était le jour où leur vol était prévu, la tension paraissant à son comble alors qu’ils avaient réuni leurs effets personnels et le nécessaire pour les prochains jours à Londres, bien qu’ils ne comptaient définitivement pas s’y éterniser, prévoyant d’assister à la cérémonie la plus formelle avant de prendre le chemin retour. Dans un silence reflétant son état d’esprit, Levi avait conduit jusqu’au domicile des parents de son épouse, pour qu’ils puissent y déposer leurs fidèles compagnons durant leur absence, regrettant de devoir une énième fois les laisser derrière eux. « J’ai préféré la dernière fois où on les a déposé. » Lâcha Levi, ironisant nerveusement sur la situation actuelle en la comparant à leur mariage, où ils avaient également fait un détour par la maison familiale avant de s’envoler vers Las Vegas. Il souffla un bon coup, comme s’il cherchait à se donner du courage alors qu’il venait de garer la voiture face à la demeure de ses beaux-parents, adressant un regard à sa favorite qui n’avait pas une seule seconde cessé de le soutenir, dans chacune de ses prises de décision. « On fait ça rapidement ? » Demanda-t-il, n’ayant visiblement ni l’envie, ni la force de s’éterniser devant le pallier de la porte, à apporter des explications qu’il ne possédait pas, quant à ce père maintenant défunt, qui n’avait pas su l’aimer comme il l’aurait dû. « Je récupère Salem, tu prends Luke ? » Proposa Levi, venant prendre dans ses bras le plus farouche de leurs compagnons à quatre pattes, Luke bien plus docile, suivant les pas de sa maîtresse, visiblement réjoui à l’idée de passer quelques jours avec ces visages familiers. Il passa par le coffre au passage, récupérant les affaires les concernant pour ces quelques jours, de sorte à ce qu’ils ne manquent de rien, quand bien même il ne doutait absolument pas de la façon dont s’en occupaient les géniteurs de Sahar.

Il aurait été fabuler de prétendre que niveau ambiance, vous n'aviez pas connu mieux Levi et toi. Effectivement, l'atmosphère avait aujourd'hui, tout à envier à l'accoutumée. Plus pesante que d'ordinaire, tu semblais depuis plusieurs jours ne pas en mener large, sous prétexte que l'évènement survenu au préalable, n'avait pas manqué de vous plonger au travers d'une confusion totale, poussant ton époux parmi ses retranchements. Quant à tes propres comportements, ils parurent quant à eux plutôt mitigés. Bien que consciente quant au fait que le décès d'un membre de son entourage ne soit d'ordinaire pas chose aisée, tu peinais cependant à concevoir que ton bien-aimé puisse potentiellement se laisser atteindre par la perte d'un père, qui n'aspirait pourtant, qu'à le voir disparaitre. Probablement était-ce pour ce motif que tu avais dernièrement privilégié un mutisme là aussi plutôt inhabituel, au fond de ta pensée qui n'aurait, au vu des circonstances, pas été sans engendrer quelques frictions éventuelles. Et quand bien même ne partageais-tu pas l'avis de ton partenaire quant à cette probabilité d'effectuer le déplacement jusqu'à Londres, tu n'avais en revanche, pas cherché à t'y opposer. Après tout, tu ne cessais pas d'être une épouse loyale et dévouée, une fois les frontières de Bowen dépassées, raison pour laquelle, tout juste après avoir rassemblé vos effets personnels, vous vous étiez directement élancés en direction du domicile de tes parents, afin d'y déposer vos animaux. « Ouais. » Constatas-tu, épaules haussées. Probablement aurais-tu préféré toi aussi que ce départ ait lieu en d'autres circonstances, loin du tumulte potentiel qui s'amorcerait lorsque Levi referait son apparition au sein de sa propre fratrie. Et ça, c'était sans mentionner le fait, que tu n'y serais certainement pas à ton aise non plus. Le véhicule dorénavant stationné devant le domicile de tes parents, tu acquiesças d'abord d'un hochement de tête en guise de réponse, tes vitreuses déviant brièvement en direction de votre compagnon, qui commençait déjà à s'agiter en reconnaissant les lieux. « On les pose et on s'en va. » Confirmas-tu, avant de t'extraire de la voiture, ouvrant dans la foulée la portière au canidé, qui s'élança surexcité, directement jusqu'au porche qui abritait la porte d'entrée. Très certainement alerté par l'agitation qui semblait se tramait devant son habitation, ton père fut le premier à faire son apparition, Luke s'engouffrant sans attendre à l'intérieur, tandis que ton époux, maintenait encore le félin dans ses bras, chargés également d'affaires spécifiques à vos animaux. Mais alors qu'il te salua plus ou moins brièvement, la sympathie de ton géniteur, cibla logiquement Levi, au risque que cet élan soudain d'affection ne soit pas au gout de ce dernier, qui ne souhaitait pas s'éterniser. « Comment vas-tu Levi? » Questionna ton paternel en se rapprochant de lui. Ton visage visiblement grimaçant, sous prétexte notamment, que tu avais au préalable, ouvertement stipulé à tes parents, de ne pas aborder le sujet. « Tu sais on a pas trop le temps là. » Enchaînas-tu les secondes qui suivirent, tout en faisant mine de te rapprocher du véhicule, de sorte à ne pas laisser les circonstances s'étendre, tes vaporeuses cherchant immédiatement l'approbation de ton amant, une moue presque confuse. Quant à vos deux compagnons, tu ne revis même pas Luke, qui avait quant à lui, déjà disparu à l'intérieur du domicile.

Sans doute aurait-il souhaité ne pas imposer ce visage plus morose que d’habitude à Sahar, ces traits pensifs qui laissaient paraître une certaine fébrilité alors que le jour de leur départ approchait. Levi, il en venait presque à oublier pourquoi il tenait tant à assister aux funérailles de son paternel, qui avait toujours plus occupé le rôle de géniteur que celui de père aimant, comprenant parfaitement la réticence de sa bien-aimée vis-à-vis de sa décision de prendre leur envol vers Londres pour cet ultime adieu. Et il savait aussi qu’il arborait une attitude hésitante, presque sur la retenue, que Sahar ne lui connaissait pas, Levi peinant encore à réaliser qu’ils s’apprêtaient à retrouver le foyer dans lequel il avait grandi avant de chercher désespérément à le fuir. Sûrement que sa favorite comprendrait ses décisions une fois le seuil de la porte franchi, elle qui découvrirait cet univers parallèle, presque irréel, dans lequel on avait tenté de le formater, sans y parvenir. Ils étaient finalement parvenus à la maison des parents de Sahar une fois leurs effets personnels chargés dans le coffre de la voiture, accompagnés de leurs fidèles compagnons qu’ils laisseraient entre de bonnes mains le temps de leur séjour. Levi, il n’avait pas pu s’empêcher de faire le parallèle avec une toute autre situation, certes bien moins morbide, celle de leur mariage lors duquel ils étaient partis à l’autre bout du monde, sans prévenir qui que ce soit de la raison pour laquelle ils s’absentaient. Cette fois-ci, l’excitation avait fait place à une appréhension palpable, alors qu’ils s’étaient dirigés vers le porche où la porte s’était déjà ouverte, Levi adressant un énième regard à sa complice, y cherchant son soutien infaillible sur lequel il pourrait toujours compter. Sans le moindre mot, le regard sans doute un peu fuyant, il avait confié Salem à son beau-père, dont il avait senti le regard un brin plus insistant qu’à l’accoutumée. Et Levi savait qu’il n’aurait pas pu échapper à la question qui taraudait les esprits, Sahar prenant les devants pour lui éviter un fardeau des plus embarrassants. Il adressa un simple regard à l’homme, suivi d’un hochement de tête presque trop machinal pour être honnête. « Ça va. » Avait-il répondu, sans forcément y mettre les formes, prenant conscience qu’il n’était lui-même pas capable de définir l’état dans lequel il se trouvait. « Merci pour les animaux. » Ajouta-t-il, suivant finalement les pas de son épouse qui s’était volontairement rapprochée de la voiture pour ne pas leur laisser une opportunité d’approfondir les échanges, saluant une dernière fois d’un geste de la tête les parents de Sahar avant de disparaître dans l’habitacle du véhicule. « Merci d’être là. » Souffla-t-il une fois leur intimité retrouvée, sa main glissant tendrement sur sa hanche, pour y trouver ses doigts contre lesquels les siens se raccrochèrent alors qu’il avait redémarré le moteur, les guidant droit jusqu’à l’aéroport.

Et si faire preuve d'honnêteté s'avérait particulièrement indispensable, tu t'contenterais d'affirmer que l'atmosphère qui régnait actuellement au sein de votre propre domicile, te laissait plutôt perplexe. Manifestement, tu ne semblais pas te sentir aussi à ton aise qu'à l'accoutumée, septique quant à cette morosité ambiante, à laquelle tu aurais plus que jamais souhaité échapper. Le fait était que, tu craignais que ce sentiment ne cesse de se prolonger tout durant votre séjour au plus proche d'une famille et d'un environnement que tu ne connaissais absolument pas. Chacun de vous, parachuté d'un monde parallèle, aux antipodes l'un de l'autre, à tel point que tu craignais que cet aspect-là ne s'octroie une place proéminente au cours des jours à venir. Et malheureusement, tu restais la mieux placée pour savoir qu'à présent, la fuite ne serait pas permise, disparaitre sous prétexte que la situation ne jouait pas en ta faveur, ne relevait pas d'un motif acceptable une fois mariée. Néanmoins, tu n'avais pas épousé Levi exclusivement pour les perspectives les plus réjouissantes d'une vie, et dorénavant, il s'avérait de ta responsabilité de lui apporter ton soutien, même si la situation te paraissait dans l'immédiat, plus ou moins incompréhensible. Ce que tu fis, en daignant notamment l'accompagner au travers de son périple, quant à lui, bien moins enthousiasmant que le précédent. Et autant l'avouer, le premier trajet jusqu'au domicile de tes parents t'avait parut étonnamment interminable, la pesanteur poussée à son paroxysme, tu préférais encore te réjouir de l'excitation palpable de ton canidé lorsqu'il reconnu l'environnement autour de lui. Tout juste le véhicule stationné, que la porte d'entrée s'entrouvrit presque aussitôt, ton père ne tardant pas à faire son apparition le premier dans l'encadrement de la porte, ce qui laissa naturellement l'opportunité à Luke de s'engouffrer à l'intérieur. Te saluant plus ou moins brièvement, ton géniteur s'élança presque aussitôt en direction de ton bien-aimé qu'il gratifia d'une accolade presque trop affectueuse, récupérant votre autre compagnon dans la foulée. Mais alors que tu avais clairement stipulé à tes parents de ne pas évoquer les conjonctures actuelles au préalable, tu fus visiblement agacée de constater que ton paternel n'avait pas pu s'empêcher de lui poser l'ultime question. Raison essentiellement pour laquelle, tu arboras une moue visiblement agacée, t'élançant immédiatement à hauteur de la portière du véhicule de sorte à ce que la conversation n'ait pas l'opportunité de s'éterniser. À peine venais-tu d'adresser un coup d'oeil à ce dernier, que tu l'incitas à regagner l'habitacle au travers d'un mouvement discret de la tête, ce qu'il fit, tout juste après avoir remercié tes parents, concernant la garde de vos animaux. « Je suppose que c'est normal. » Répondis-tu faiblement, épaules légèrement haussées, tes doigts se refermant à leur tour contre les siens, avec plus ou moins de fermeté. Incapable de savoir lequel de vous deux arborés le comportement le plus étrange, tu restais quant à toi, davantage réservée qu'à l'accoutumée, craignant peut-être, que la plupart de tes interventions, ne soient potentiellement mal interprétées. « Tu te sens comment? J'veux dire, pour de vrai. » Vins-tu spontanément l'interroger, alors que vous ne tarderiez pas à vous rapprocher de l'aéroport d'ci les prochaines minutes. Parce que la réalité, c'était que même si vous aviez pas mal échangé ces précédents jours, tu ignorais paradoxalement ce que ressentait vraiment ton partenaire à mesure que le moment fatidique se rapprochait.              

Levi n’avait pas attendu de Sahar qu’elle soit en accord avec ses décisions, sans doute idiotes lorsqu’on comprenait le déroulé des événements. Et probablement qu’il aurait lui aussi peine à comprendre la situation si les cas avaient été inversés, incapable d’exprimer de l’empathie pour un homme qui n’avait semé que le mal autour de lui. En réalité, Levi ignorait pourquoi il tenait à ce point à assister à ce dernier rendez-vous auquel il se sentirait ô combien mal à l’aise, après des années à avoir fui cet environnement malsain et auquel il n’avait jamais appartenu. Peut-être était-ce une façon pour lui de clore enfin ce chapitre de sa vie, de mettre le point final à ce passé qui avait continué de le suivre même après des années d’errance. Toutes ces pensées, il les avait gardées pour lui, conscient que Sahar prenait déjà beaucoup sur elle, impliquée dans cette histoire alors qu’elle n’avait rien demandé à personne. Levi, il souhaitait surtout la préserver de son état d’esprit on ne peut plus perturbé ces derniers temps, se contentant de ne pas abordé ce sujet ô combien délicat, qui le laissait tout aussi perplexe qu’elle. Il restait plus que reconnaissant de savoir qu’elle ne le laisserait pas tomber, quand bien même l’envie de fuir devait la démanger, elle qui n’avait pas hésité à le suivre, prête à l’accompagner à l’autre bout du monde pour cette cérémonie funéraire qui ne les enchantait pas. Dans un silence révélateur, ils avaient conduit jusqu’au domicile des parents de Sahar, afin d’y déposer leurs deux compagnons de vie pour les jours à venir, se voyant une fois encore dans l’incapacité de les emmener avec eux. Saluant le paternel de son épouse qui se présenta rapidement à la porte, Levi constata ses traits désolés, qui inspiraient une certaine compassion qui, même légitime, ne le mettait pas forcément à l’aise, soulagé de constater que Sahar souhaitait le sortir de cette situation inconfortable en l’écourtant le plus rapidement possible. Il suivit les pas de sa favorite après avoir remercié son beau-père, rejoignant rapidement l’habitable du véhicule dans lequel ils s’engouffrèrent ensemble. « Je sais, mais merci. » Répéta-t-il, conscient combien Sahar était attentionnée, à l’écoute de ses moindres faiblesses et auxquelles elle tentait de pallier sans la moindre hésitation. Sa main s’était jointe à la sienne, ses doigts s’enroulant autour des siens alors qu’ils s’approchaient de l’aéroport, maintenant à portée de vue. « Ça va. J’crois que je réalise pas encore, en fait. » Se confia-t-il, peinant à décrire ce qu’il ressentait exactement, comme s’il naviguait dans un flou d’émotions depuis l’annonce du décès. Ils finirent par atteindre l’aéroport, passant sans la moindre difficulté les premiers portiques de sécurité jusqu’à embarquer dans le premier avion qui lui conduirait à Sydney, et ce deuxième vol en direction de Londres. « Toi tu te sens comment ? » Souffla-t-il, alors qu’ils n’étaient plus qu’à quelques minutes d’embarquer dans ce deuxième avion, craignant que ce voyage n’impacte leur complicité, Levi tendant la nuque vers son visage pour emprisonner tendrement ses lèvres. « Tu m’as pas embrassé aujourd’hui. » Ajouta-t-il, esquissant les prémices d’un sourire en captant son regard.

En épousant Levi, tu avais naturellement accepté cette possibilité ô combien avérée de ne pas uniquement te délecter des moments les plus réjouissants. Tu acceptais également de ne pas être totalement en accord avec les décisions de ton bien-aimé, quand bien même ça signifiait de te retrouver impliquée parmi une situation à laquelle tu aurais certainement préféré échapper. De fait, il serait fabuler de prétendre que les évènements survenus très récemment, n'avaient pas été sans apporter leur lot de malentendus, au point que régnait au sein de votre propre foyer une atmosphère que tu n'aurais même su décrire. Semble-t-il que tu avais pour cette fois, jugé préférable de ne pas l'informer de tes réticences concernant ce séjour organisé quasi à la dernière minute. Non seulement car l'individu concerné, ne méritait toujours pas que ton partenaire aille jusqu'à effectuer le déplacement jusqu'à Londres d'une part, mais ce dont tu craignais surtout en réalité, se résumait à cette éventualité pour que ce détour improvisé finisse par mettre l'accent sur la plupart de vos différences. Consciente cependant de la complexité amorcée par la situation actuelle, tu t'contenterais de suivre ton époux, partout où il serait nécessaire d'aller, qu'importe si vos opinions continuaient potentiellement de diverger de leurs côtés. La preuve étant, le trajet jusqu'au domicile de tes parents, n'avait pas été sans accuser d'une certaine pesanteur, visiblement peu enthousiaste à l'idée de te confronter aux membres de son entourage dont tu redoutais déjà les commentaires. Peut-être était-ce la première fois d'ailleurs, que tu regrettais de devoir laisser tes parents derrière toi, enviant presque vos animaux dont les questionnements demeuraient très certainement inexistants. Mais à la place, tu imiteras le geste de ton époux en regagnant l'habitacle, tes doigts se refermant spontanément contre les siens, un bref hochement de la tête en guise de réponse. Les minutes parurent quant à elles, s'enchaîner à vive allure, à tel point, que vous en étiez presque déjà rendus à atteindre votre première destination. « La situation est vraiment merdique. » Marmonnas-tu presque à l'attention de toi-même, tandis que sonnait finalement le début de votre calvaire respectif. Tout juste parachutés à l'aéroport de Bowen, qu'en l'espace de quelques minutes seulement vous veniez de franchir les contrôles indispensables, embarquant dans la foulée pour le premier vol vous menant directement jusqu'à Sydney. « J'suis pas la plus à plaindre. » Répondis-tu, peut-être un peu bêtement, sous prétexte que si tu n'étais dans l'immédiat certainement pas la plus malheureuse, tu n'irais quand même pas jusqu'à t'enthousiasmer des évènements à venir. Néanmoins, les réserves émises par chacun continuèrent d'influencer une part plutôt conséquente de vos comportements initiaux, sous-entendu que vos échanges se limitèrent pour l'heure, au strict minimum. Mais alors que vous demeuriez dorénavant sur le point d'embarquer pour votre vol suivant, Levi, engagea le premier rapprochement significatif, le visage tendu dans ta direction. « Faut dire, qu'on s'est à peine croisés ce matin. » Vins-tu constater, dès lors que tes pulpeuses s'écrasèrent sans plus tarder contre les siennes, ta carcasse frôlant pour la première fois depuis votre départ, celle de ton amant. Pas le temps cependant de vous abandonner à un quelconque rapprochement, que vous aviez été interrompus par l'annonce du prochain embarquement. De fait, tu invitas immédiatement ce dernier à t'emboiter le pas à l'intérieur de l'habitacle où vous y trouveriez vos sièges pour le restant du voyage. « Est-ce qui a des choses que je devrai savoir avant qu'on arrive là-bas? » Des éléments que tu devrais effectivement éviter de divulguer par inadvertance, par exemple.               

Il aurait été trop facile que leur avenir ne soit fait que de hauts, eux qui avaient l’habitude de traverser des chemins parsemés d’embûches, et celui qu’ils s’apprêtaient à prendre en faisait partie. Cependant, Levi faisait son possible pour qu’elle ne ressente pas le tumulte qui perturbait son équilibre, pourtant bien conscient qu’il était plus pensif depuis quelques jours, peinant à ne pas s’évader dans ses songes qui concernaient essentiellement ce séjour qui les attendait. Et évidemment qu’il aurait aimé la préserver davantage de cet événement qui n’aurait pas dû autant le toucher, tournant la situation dans tous les sens avant de conclure qu’il devait se présenter à cette cérémonie pour pouvoir faire un trait sur ce passé qui n’avait jamais daigné le laisser tranquille. Et prendre le risque de regretter plus tard n’était pas envisageable, alors Levi avait fait part à sa moitié de sa décision d’assister à la veillée funéraire de son géniteur. Le jour fatidique arrivé, la tension semblait désormais à son comble, alors qu’ils avaient chacun préparé leurs affaires, dans un silence inhabituel, régnant une appréhension qu’ils n’avaient pas l’habitude de gérer habituellement. Aussitôt les animaux déposés et la discussion écourté, ils prirent la direction de l’aéroport, Levi tentant une première approche lorsque sa main dévia vers celle de sa favorite, cherchant sa chaleur réconfortante et ô combien rassurante. « Je sais. Désolé de t’embarquer dans ça. » Grimaça-t-il, sincèrement amer de savoir qu’il chamboulait aussi l’état d’esprit de son épouse de par cette décision sans doute incompréhensible. Et les événements s’enchaînèrent à une vitesse folle, eux qui embarquèrent déjà pour le premier vol à destination de Sydney, où était programmée leur correspondance pour Londres. « T’as le droit de dire ce que tu penses. » Souffla-t-il, refusant que ses états d’âme soient mis de côté sous prétexte qu’il était le principal concerné de la présente situation. Parce-qu’il n’accepterait jamais de voir la femme qu’il aimait se ranger en arrière plan à cause de lui, préférant de loin mettre son propre égo de côté. Et alors que l’embarquement de leur second vol s’apprêtait à être annoncé, Levi profite de l’accalmie relative pour tenter une approche plus intime avec sa complice, ses lèvres retrouvant tendrement les siennes dans un baiser aimant. « C’est vrai. On va pouvoir rattraper le temps perdu dans l’avion, on a quelques heures devant nous. » S’amusa-t-il, choisissant d’arborer un ton plus léger, avant qu’ils ne soient conviés à s’installer dans l’avion, Levi suivant sa favorite de près, sa main liée à la sienne. « Mon père était un connard, ça tu le sais. En revanche, j’suis pas sûr qu’il ait la même réputation au sein de la famille. Il cachait son jeu. » Confia-t-il, sous-entendant que les différents trafics dont il avait été à l’origine n’étaient pas connus de tous, son image biaisée par une vérité probablement enfouie. « Tu regrettes pas ? » Murmura-t-il, presque hésitant, alors que son regard dévia vers leurs mains encore liées et leurs doigts entrelacés.

Si la probabilité d'une escapade parmi les lieux incontournables de sa jeunesse t'avait déjà effleuré l'esprit, tu regrettais cependant, que ça soit aujourd'hui, au travers de circonstances, tout, sauf réjouissantes. Pour des raisons on ne peut plus évidentes, tu redoutais également la confrontation avec son entourage, concernant lesquels tu ne possédais quasiment aucune information d'une part, autant que tu ne pensais pas te tromper en affirmant que tu n'appartenais pas vraiment aux standards requis par la plupart d'entre eux. Et outre une certaine confusion plus que jamais assumée quant à la volonté de Levi d'assister à cette cérémonie, notamment lorsqu'on connaissait un tant soit peu le dénouement sordide qui en résultait, tu appréhendais surtout l'impact potentiel que cet évènement risquait d'engendrer à l'avenir, vous concernant. Néanmoins, il n'aurait jamais été question de t'opposer à la volonté de ton époux, dont tu pouvais plus ou moins comprendre les motivations, qu'importe si pour cette fois, tu ne les partageais pas. Ce fut d'ailleurs au travers d'une tension poussée à son paroxysme que s'était effectué le premier trajet jusqu'au domicile de tes parents. Pas le temps de vous éterniser en revanche, qu'en l'espace de quelques minutes seulement, vous veniez de reprendre la route, le véhicule fonçant désormais en direction de l'aéroport de Bowen. Ta main plaquée momentanément autour de la sienne, tu resserras immédiatement ton étreinte, sous-entendu que Levi, n'avait aucune raison de demander pardon, après tout tu en étais convaincue, il en aurait certainement fait de même si les rôles s'étaient inversés. Toutefois, les évènements s'enchaînèrent très rapidement, à tel point, qu'il relevait du miracle si vous parveniez encore à échanger quelques mots entre chaque contrôle. Et même une fois posés à l'intérieur du premier avion, vos conversations s'aventuraient rarement au-delà du superficiel. « Je sais. » Répondis-tu parée d'une moue faussement compatissante, préférant de loin ne pas divulguer le fond de ta pensée, sous peine que ton partenaire, n'en ait au vu des circonstances, aucune utilité. Valait-il mieux que tu t'en tiennes simplement à lui servir de soutien, plutôt que d'accabler ouvertement son géniteur d'une multitude de blâmes, dont aucun d'eux, n'aurait que faire. Survint finalement le temps de votre escale, plutôt de courte durée d'ailleurs. À peine le temps d'amorcer le premier rapprochement notable depuis le commencement de la journée, que déjà raisonnait l'écho de l'embarquement suivant. Tes doigts dorénavant liés à ceux de ton amant, tu l'invitas sans plus tarder à t'emboiter le pas à l'intérieur de l'habitacle, jusqu'à vos sièges, situés près de l'hublot. « Je crains que le trajet n'en reste pas moins interminable. » Admis-tu, visiblement distraite, tandis que tu découvrais ta place sur le siège du milieu, espérant intimement, que le fauteuil situé à côté de toi, reste vide l'intégralité du trajet. Le fait était que vous ne manqueriez pas de temps à présent, pour pouvoir envisager tous les scénarios possibles et imaginables une fois sur place, ton interrogation ne tardant pas à relancer la conversation trop souvent écourtée depuis le début de la journée. « Et ça serait si grave qu'ils sachent la vérité? Après tout, personne t'a préservé à toi. » Enchaînas-tu, non seulement dépourvue du moindre filtre, autant que l'aspect protecteur de ta personnalité à l'égard de Levi, semblait brusquement avoir refait son apparition. « J'suis supposée savoir autre chose? Des gens dont tu voudrais que je me débarrasse pour toi? » Tentas-tu de plaisanter, tout en arborant paradoxalement une expression suspicieuse, sous prétexte selon toi, que le passif de ton époux, te paraitrait davantage chaotique, lorsque tu demeurerais directement confrontée à la réalité. « Regretter quoi? » Demandas-tu, l'hôtesse couvrant ta voix dans la foulée afin d'annoncer officiellement la fin de l'embarquement.

Il était certain qu’une échappée à l’autre bout du monde en temps normal les aurait plus qu’enjoué, eux qui partageaient cette passion pour l’ailleurs, et encore plus depuis qu’ils s’étaient trouvés, rêvant de parcourir le monde ensemble. Quelque part, Levi regrettait que la première fois où sa favorite découvrirait sa ville natale serait dans un environnement aussi morbide, bien qu’il ne possédait plus aucune attache particulière avec son pays d’origine. Et il pouvait aisément deviner l’appréhension de son épouse, qui ressemblait pour s’y méprendre à ce qu’il ressentait aussi, se contentant d’enfouir chacune de ses craintes au plus profond de lui-même, se faisant à l’idée qu’il s’agirait de la dernière fois où il aurait affaire à ce genre de réunion familiale. Parce-qu’aujourd’hui, il n’avait pas peur de clamer que Sahar était son unique famille, qu’elle remplissait à elle seule le rôle de protectrice et d’épouse dévouée, ne laissant rien au hasard lorsqu’il s’agissait de le combler et de palier à l’absence de ceux qui avaient décidé de l’abandonner. Il était une énième fois reconnaissant de constater que sa complice ne comptait en aucun cas le laisser gérer la situation dans son coin, quand bien même la situation était loin d’être idéale, même pour elle. C’était dans ces gestes simples et pourtant ô combien sincères que Levi remerciait Sahar pour son soutien, alors que sa main s’était liée à la sienne le temps du trajet, et jusque dans le premier avion qui les emmena jusque Sydney, où leur second vol les attendait, pour les mener directement jusqu’à leur destination finale. Il profita finalement de ce semblant d’accalmie retrouvée, entre deux portes d’embarquement, pour établir le premier rapprochement physique avec son épouse, vibrant à ce baiser pourtant trop rapide à son goût, écourté par l’annonce du personnel de la compagnie aérienne qui les invita à monter à bord de l’avion. « Je peux être ton coussin attitré si jamais. » Se proposa-t-il alors qu’une pointe de malice traversa son regard, ses doigts toujours entrelacés aux siens, son pouce allant et venant lentement contre le dos de sa main. « Je sais ouais. Mais j’crois que ça sera pas trop le moment de lui faire son procès. Dans tous les cas, on s’éternisera pas avec eux. » Promit-il, ne se voyant pas sympathiser avec ces inconnus qu’il ne considérait même pas comme des membres de sa famille, quand bien même ils partageaient des liens du sang. « Ils méritent même pas que tu t’acharnes sur eux. J’veux pas que tu t’abîmes les mains, j’en ai besoin moi. » Souffla-t-il, en apportant leurs mains liées jusqu’à ses lèvres, y déposant un baiser alors que ses mots résonnaient clairement comme un de ces sous-entendus salaces qui n’échapperaient certainement pas à sa partenaire. « De m’avoir suivi. » Répondit-il, tournant son visage vers le sien pour accrocher son regard, qui dévia de ses yeux jusqu’à sa bouche. « Je t’aime. » Lui confia-t-il, une fois encore, avant que l’avion ne s’apprête à quitter les terres australiennes.

Forcée de constater que les évènements actuels ne jouaient une fois de plus, pas en votre faveur, bien que vous n'étiez pour cette fois, pas responsables de leur dénouement relativement sordide. Qui plus est, les circonstances en elles-mêmes, ne te concernaient pas non plus directement, pourtant, tu semblais plus que jamais redouter l'idée de devoir te confronter aux membres de sa propre famille. Parachutés chacun de deux univers parallèles et particulièrement d'instincts, tu craignais effectivement que la réalité ne se révèle plus brutale que tu n'avais osé imaginer. Tu restais la mieux placée pour savoir que si ton époux lui-même ne demeurerait pas épargné de l'opinion plus ou moins mitigée de ceux qui l'avaient un jour fréquenté, tu ne le serais logiquement pas non plus. Visiblement soucieuse à l'idée que l'avis des uns, puisse potentiellement impacter les sentiments de ton bien-aimé à ton égard, tu finissais presque par omettre le véritable motif de votre séjour improvisé à la hâte. Cependant, et peut-être même à tort, tu avais jugé davantage judicieux de ne pas t'étaler quant à tes états d'âme, notamment si on considérait que tu n'étais définitivement pas la plus à plaindre. Et si les non-dits ne s'avéraient habituellement pas recevables au sein même de votre mariage, tu ferais l'impasse pour aujourd'hui, consciente que la plupart de tes aveux ne se révéleraient pas particulièrement constructifs au regard de ton partenaire. Raison essentiellement pour laquelle, tu avais jusqu'ici privilégié des échanges, certes courtois, mais on ne peut plus superficiels. De toute évidence, si on s'en tenait au rythme auquel s'enchaînèrent les évènements depuis votre départ de l'appartement le matin même, il restait peu aisé de poursuivre une conversation sans que vous ne soyez systématiquement interrompus par un tiers. « Je n'y manquerai pas. » Répondis-tu, une lueur espiègle traversant tes iris, tandis que tu l'invitas dans la foulée à t'emboiter le pas à l'intérieur de l'habitacle, jusqu'à vos sièges attitrés. Ta main d'ailleurs, s'opposant à l'idée de devoir éventuellement lâcher la sienne, même pour arpenter les couloirs particulièrement étroits de l'appareil. Immédiatement tu t'octroyas ta place sur le fauteuil du milieu, laissant ainsi l'hublot à la portée de ton bien-aimé. « J'te trouve vachement tolérant pour un mec dont le père a tenté de se débarrasser de lui. » Bombe lâchée au travers d'un rictus exagérément crispé, incapable, malgré tes multiples tentatives pour y parvenir, de rester totalement impartiale. Un soupir échappa aussitôt à ta vigilance, déjà lassée très certainement par les heures de vol à effectuer, tandis que l'embarquement paraissait sur le point de définitivement se clôturer. « Il existe d'autres moyens, tu sais. » Enchaînas-tu sur un ton identique à celui de ton époux, ton faciès arborant au passage une moue on ne peut plus malicieuse, vos mains liées, dorénavant positionnées à hauteur de ses pulpeuses. « Dans tous les cas, j't'aurais pas laissé y aller seul. Puis ça me permet de faire mes preuves en tant qu'épouse loyale et dévouée. » T'amusas-tu à l'instant précis où l'avion amorça ses premières manoeuvres, tes doigts resserrant discrètement leur étreinte autour des siens. « Tu peux me promettre que ce séjour ne changera rien pour nous? » Demandas-tu directement en réponse à ses confidences, ta tête basculant déjà contre son épaule, contre laquelle elle trouva tout naturellement refuge.    

Sûrement que Levi aurait aimé leur éviter un détour à l’autre bout du monde pour une circonstance aussi funeste, conscient que tout comme lui, Sahar appréhendait l’univers dans lequel ils allaient être plongés durant les quelques jours à venir. Et aussi ironique que cela puisse paraître, il était certain de ne pas être à son aise au sein de ce qui aurait dû être son environnement familial, lui qui ne ressentait aucun sentiment d’appartenance envers ces êtres qui n’étaient finalement que des inconnus à ses yeux. Sa seule famille était celle que Sahar et lui avaient décidé de construire depuis presque deux ans, lui qui se sentait chez lui uniquement lorsqu’ils se retrouvaient tous les quatre dans leur cocon d’intimité. Il comprenait aisément le malaise de sa moitié et son incompréhension vis à vis de cette situation, elle qui ne devait probablement pas partager le même avis que lui concernant ce voyage improvisé. Et pourtant, à aucun moment elle n’avait tenté de le freiner, ou même d’aller à l’encontre de son idée, préférant le suivre sans broncher un seul instant. Levi devinait pourtant que l’atmosphère semblait moins légère qu’à l’accoutumée, eux qui n’avaient eu que très peu de temps pour s’accorder de l’affection depuis le début de la journée, profitant d’une accalmie toute relative pour enfin s’accaparer ses pulpeuses le temps d’un baiser tendre mais encore trop court à son goût. Sa main se lia à la sienne lorsqu’ils s’engouffrèrent à l’intérieur de l’avion, laissant Sahar les guider jusqu’à leurs sièges, Levi prenant place à côté du hublot, laissant sa bien-aimée s’installer à ses côtés, leurs doigts toujours entrelacés. « J’crois que ça sert plus à grand chose d’être rancunier. » Haussa-t-il les épaules, conscient que la vengeance n’était pas une option tout à fait abordable aujourd’hui, Levi voyant davantage la situation comme une opportunité d’enterrer son passé une bonne fois pour toute. Ses yeux détaillèrent chacune des expressions de son épouse, y lisant une appréhension presque trop bien dissimulée, ayant conscience que la situation ne la réjouissait pas non plus. « Ils en valent pas la peine. » Rétorqua-t-il, de manière toute aussi malicieuse tandis que ses pulpeuses s’étaient écrasées contre le dos de sa main le temps d’un baiser volé, alors que l’embarquement touchait à sa fin. « Tes preuves, elles sont faites depuis longtemps. J’ai déjà tout gagné moi. » S’amusa-t-il, attendri par sa dévotion qui ne manquait jamais de ressurgir à la moindre occasion, conscient de la chance qu’il avait d’avoir une partenaire aussi loyale que Sahar. « J’te le promets bébé. C’est un détail, ça. J’veux que tu saches que tout ça, tout ce que tu vas voir là-bas, ça a jamais été moi et ça le sera jamais. C’est pas ma famille, et c’est pas mon monde. » La rassura-t-il, resserrant un peu plus l’étreinte de leurs doigts tandis que ses lèvres vinrent presser le haut de sa tête, l’accueillant sur son épaule, satisfait de ce rapprochement physique. « T’es encore trop loin. » Fit-il mine de relever, redressant l’accoudoir entre leurs deux sièges pour l’inviter dans le creux de ses bras, incapable d’imaginer passer les prochaines heures de vol sans que leurs corps ne soient collés l’un à l’autre.

L'idée en elle-même t'avait dans les faits, déjà effleuré l'esprit à plusieurs reprises. Effectivement, tu ne comptais même plus le nombre de fois, où tu avais envisagé de planifier un séjour à l'autre bout du monde, de sorte à mieux t'imprégner de l'environnement où Levi, avait un temps évolué. Si tu n'aurais certainement jamais cherché à te rapprocher des membres de sa propre famille pour une multitude de raisons, tu n'étais en revanche, pas contre cette possibilité que de revenir sur sa terre natale, l'espace de quelques jours en totale autarcie. Mais forcée de constater que l'occasion s'était présentée plus rapidement que prévu, outre le fait, que les circonstances ne présageaient aucune réjouissance particulières. Qui plus est, il serait fabuler de prétendre que tu ne redoutais pas la confrontation avec les membres de sa famille, consciente mieux que personne, de ne pas correspondre aux standards probablement considérés par la plupart d'entre eux. Dans ce cas, plus que la cérémonie elle-même, tu appréhendais les potentiels échanges susceptible de s'amorcer entre Levi et le reste de sa fratrie, qui n'en finirait pas de l'accabler d'une horde de questionnements assurément indiscrets. Pas franchement du genre à te laisser déstabiliser d'ordinaire, tu ne craignais pas seulement de ne pas t'avérais en capacité de contenir le fond de ta pensée, mais également, l'impact engendré par l'opinion plus ou moins mitigée à l'égard de votre mariage. Des états d'âmes que tu avais naturellement préféré passer sous silence, de sorte à l'exempter d'une pression supplémentaire. Levi n'ayant nullement nécessité qu'en plus de la confusion qui régnait actuellement dans son propre esprit, tu l'accables davantage d'obsessions à première vue superficielles. De fait, c'était éventuellement la première fois depuis l'annonce du décès de son géniteur, que vous commenciez sérieusement à aborder le sujet sous un autre angle. « C'est pas parce qu'il est mort, que ça le rend plus sympathique. » Constatas-tu dans la foulée, tandis que vous preniez place en même temps sur vos sièges attitrés, réservant le hublot à ton favori, qui en ferait certainement une meilleure utilisation que toi. Ta main, venue se détacher de celle de ton amant au préalable de sorte à pouvoir retirer tes affaires superflues, retrouva immédiatement le chemin de la sienne, ton faciès arborant systématiquement des expressions bien distinctes, pour mieux interpréter tes propos. « J'fais mes preuves dans chaque endroit différent où l'on pose les pieds. » Répondis-tu, une moue malicieuse ne manquant pas de faire son apparition, tandis que tu parues au même instant te délecter de tous les rapprochements physiques amorcés par ton époux. L'embarquement désormais clôturé et l'avion débutant ses premières manoeuvres, tu lui fis sans plus tarder part de tes questionnements, et des conséquences éventuelles engendrées par ce séjour pourtant, de courte durée. « J'espère juste qu'on va pas tomber sur l'une de tes ex, ou que sait-je. Sinon, ça va vraiment commencer à faire du monde dont il faudra se débarrasser. » Enchaînas-tu, visiblement peu convaincue par les revendications de ton favori, car malgré tout, tu ne pourrais jamais aller au-delà de conjonctures inattendues. Aussitôt, ton étreinte se resserra autour de sa main, ton front se délectant d'une attention supplémentaire, avant que ta tête ne vienne finalement prendre place contre l'épaule de ton bien-aimé. Un sourire discret franchissant la mince barrière de tes pulpeuses, alors que ce dernier s'efforça de rapprocher vos deux carcasses, tout juste avant que tu ne finisses par sombrer la première parmi une léthargie quand bien même relative, profitant de l'absence de passager à côté de toi, pour pouvoir t'accaparer le siège d'à côté, laissant ainsi Levi vaquer à ses occupations. Ça ne sera finalement que plus tardivement, et non sans peine que tu ré-ouvriras les yeux, la mine ô combien renfrognée, ignorant où est-ce que du trajet, vous vous situez. « Putain c'est quelle heure? On est où? » Questionnas-tu, tandis que tu t'efforças au mieux de te redresser sur ton siège, tes vitreuses relativement embrumées balayant vaguement l'intérieur de l'habitacle dans lequel régnait un calme presque trop assourdissant.     

Il espérait au fond Levi, pouvoir avoir quelques moments de répit pour montrer à Sahar la ville qui l’avait vu grandir, pour qu’elle puisse découvrir et arpenter les rues de l’environnement dans lequel il avait évolué, avant de chercher à le fuir. Malheureusement pour eux, ils savaient l’un comme l’autre que le séjour ne serait pas entièrement dédié à la découverte des rues de Londres, conscients qu’ils seraient amenés à passer plus de temps dans la maison familiale où se déroulerait la cérémonie dédiée à son géniteur. Et il était un euphémisme de dire que l’appréhension n’était pas à son comble, que ce soit pour Sahar comme pour Levi, comme s’ils anticipaient le sentiment de malaise qui viendrait les étreindre au moment où ils se retrouveraient au milieu des autres, dans un environnement étranger à ce qu’ils connaissaient. Il était plus que reconnaissant que sa bien-aimée ait accepté de le suivre, conscient qu’elle serait son seul repère parmi la foule qui lui serait étrangère quand bien même des liens du sang les unissaient. Levi, il avait compris que Sahar tentait de faire bonne figure malgré ce qu’elle pensait de la situation, comprenant totalement son point de vue vis-à-vis de ce géniteur qui s’était évertué à lui faire du mal pendant la quasi totalité de son existence. « Je sais mais au moins, il me foutra la paix. » Répondit-il, incapable de ne pas ressentir un certain soulagement à l’idée que sa sécurité ne soit plus mise en péril de ce côté là, conscient qu’il avait échappé au pire à de nombreuses reprises. Il avait suivi sa bien-aimée dans l’habitacle de l’avion, s’installant du côté du hublot, profitant de leur proximité pour établir de nouveau un contact avec elle, leurs mains se liant avec tendresse. « T’es la meilleure épouse qui soit. C’est moi le chanceux dans l’histoire. » Rétorqua-t-il, caressant le dos de sa main à l’aide de son pouce, éternellement reconnaissant de la savoir à ses côtés, quand bien même la situation était loin d’être facile pour elle aussi. Leur moment fut interrompu par les démonstrations de sécurité, annonçant le décollage imminent de l’appareil, Levi déposant un baiser sur le front de sa moitié lorsqu’elle décida de poser sa tête contre son épaule. « Y’aura rien de tout ça. Tu vas juste découvrir des cinglés de ma famille à la limite, c’est à peu près tout. » Lâcha-t-il, avant d’ouvrir l’étau de ses bras pour accueillir le corps de sa bien-aimée, conscient d’à quel point il avait besoin d’elle et de sa chaleur rassurante. Ils s’étaient laissés bercer par la vitesse de croisière de l’avion, leurs corps se déliant au cours des heures, Sahar s’étendant sur le siège libre à côté d’elle, Levi se réveillant quelques instants avant elle, ajustant la couverture qui leur avait été donnée sur son corps, avant qu’elle ne finisse elle aussi par émerger de son sommeil. « J’crois qu’il doit rester à peine une heure. » Constata-t-il, regardant l’écran face à lui qui affichait le trajet de l’appareil en temps réel, sa main venant glisser dans son dos lentement. « Tu te sens comment ? » Demanda-t-il, curieux de connaître son état d’esprit maintenant qu’ils approchaient de leur destination.

Tes réticences, tu le savais, tu n'aurais d'autres choix que de les assumer. En épousant Levi, tu t'étais tout simplement engagée à ne pas te réjouir exclusivement des circonstances que tu aurais minutieusement sélectionné au préalable. Tu ne pensais pas te tromper en affirmant que Levi, aurait également préféré se délester de ce genre même de situation, conscient, certainement plus que toi d'ailleurs, des conséquences qui probablement en découleraient. Les chances pour que vous échappiez au jugement d'autrui, relevait en fin de compte, du miracle. Et si d'ordinaire, tu te foutais plus que la normale de l'opinion de parfaits inconnus, les conjonctures demeureraient bien différentes d'à l'accoutumée pour que tu puisses te permettre de ne pas en tenir compte. Car tu restais la mieux placée pour savoir que non seulement ton époux serait évalué selon sa prétendue disparition, que pour ce qu'il était potentiellement devenu entre temps, lui qui était même allé jusqu'à épouser une vulgaire junkie à l'autre bout de la planète. Ce que tu redoutais particulièrement, que la vision de votre mariage ne s'avère à l'avenir altérée par les convictions plus ou moins conservatrices du reste de sa fratrie, qui avait très certainement envisagé meilleur dénouement le concernant. Et si tu étais jusqu'ici parvenue à le préserver de tes propres craintes, sous prétexte que Levi avait plus important à gérer que tes états d'âme, le constat s'était finalement imposé de lui-même tout juste embarqués pour votre ultime vol. Le fait était que, malgré un nombre incalculable de tentatives dans l'espoir d'édulcorer la plupart de tes revendications, ta spontanéité ne manqua pas de refaire son apparition, au risque parfois, de demeurer particulièrement tranchante. Cependant, consciente de la confusion qui continuait probablement de régner à l'intérieur de son esprit au sujet de son géniteur, tu te contenteras dans un premier temps, d'un sobre hochement de la tête en guise de réponse, l'une de tes mains, retrouvant dans la foulée, le chemin jusqu'à la sienne. « J'suis pas sûre que ta famille pense la même chose que toi en me voyant. » Déploras-tu, presque sur la retenue, ton visage arborant une moue un tant soit peu grimaçante, plus ou moins réceptive de ton côté, aux tentatives de ton bien-aimé, qui chercha momentanément à te rassurer. L'avion amorçant ses premières manœuvres, toi, tu en profitas pour resserrer la pression autour de sa main, ton visage situé à bonne distance du sien, de sorte à pouvoir pleinement te délecter de chaque attention, t'étant distinctement octroyées. « Y a peu de chances que je m'entende avec, hein? » Demandas-tu, bien que ton interrogation paraissait en elle-même s'apparenter davantage à une rhétorique, qu'autre chose. Et puis finalement, invitée par ton époux, tu laissas l'ensemble de ta carcasse se rapprocher au possible de la sienne, profitant de l'absence de passager à côté de toi, pour pouvoir occuper l'espace. Et il ne t'avait pas fallu longtemps pour sombrer au travers d'une léthargie quand bien même relative, à tel point notamment, que tu n'avais pas eu l'opportunité de voir les heures défilées. La mine renfrognée, tu avais néanmoins fini par émerger non sans mal, l'habitacle plongé dans un calme particulièrement assourdissant. « J'ai pris quoi pour dormir tout le trajet? Tu as fait quoi toi? » Les membres profondément engourdis, tu t'étais mollement redressée sur ton siège, laissant de fait l'opportunité à ton favori, d'effectuer lui aussi quelques mouvements. « Ça peut aller, et toi? Comment tu te sens? On est supposées voir ta famille quand? » Le regard fixé sur le paysage affiché au travers de l'hublot, tu laissas une nouvelle fois ta tête basculer contre la sienne, l'une de tes mains, entourant celle de ton époux avec une fermeté notable. L'avion quant à lui, amorça sa descente, ce qui suggérait que vous n'étiez définitivement plus qu'à quelques minutes maintenant d'atteindre votre destination, et autant avouer que pour cette fois, tu t'serais bien passée de ce voyage.

Pour rien au monde Levi n’aurait souhaité que les événements ne se déroulent de cette façon, tout comme il aurait préféré éviter que Sahar ne découvre l’environnement malsain, presque toxique, dans lequel il avait tenté de grandir, emprisonné dans une cage dorée, faite d’artifices, dans laquelle il s’était retrouvé coincé une bonne partie de son existence. Il le savait, sans aucun doute, qu’elle ne retrouverait rien de lui dans ce monde, convaincu qu’elle peinerait même à réaliser qu’il avait un jour appartenu à un univers qui était bien loin de tout ce qu’il revendiquait aujourd’hui. Et comme elle, Levi se sentirait tout aussi étranger à ces personnes qui assisteraient à la cérémonie prévu pour son défunt géniteur, n’ayant aucunement l’envie de renouer quelconque lien avec ce qu’il considérerait toujours comme des inconnus. Le fait était que son instinct, aussi illogique que ça puisse paraître, l’avait guidé à prendre part à cet ultime au revoir, comme s’il refermait aussi toute une partie de ce chapitre de son histoire, celle sur laquelle il avait décidé de ne plus jamais s’attarder, prêt à tourner définitivement la page. Et Levi savait qu’il n’aurait jamais eu le courage de s’y rendre sans Sahar, comme si sans le savoir, elle était encore et toujours celle qui le guidait vers sa destinée. Les dernières heures s’étaient écoulées à une vitesse folle, eux qui avaient déposé leurs animaux sans s’éterniser, enchaînant le premier vol qui les mena jusque Sydney, où ils prendraient place pour leur second vol à destination de Londres. « Au-delà du fait que ça me passe complètement au-dessus, j’crois qu’ils sont surtout mal placés pour donner leur avis. » Lâcha-t-il, lui qui n’accepterait pas une seule remarque à l’égard de sa bien-aimée, prêt à tout pour ne jamais laisser personne ne l’atteindre d’une quelconque façon. Sa main s’était resserrée autour de la sienne, comme une manière de se rassurer quand au fait qu’ils formaient une équipe indissociable, et que rien ni personne ne serait en mesure de les séparer. Son myocarde s’était emballé à ce simple rapprochement qu’ils avaient entrepris l’un envers l’autre, sa bouche ne résistant pas à l’envie de s’écraser contre son front. « T’as rien à perdre. » Murmura-t-il, lui même ne regrettant pas la tournure qu’avaient pris ses relations avec cette soit disant famille, conscient qu’ils ne l’avaient jamais accepté tel qu’il était. Il avait ouvert l’étreinte de ses bras pour accueillir sa bien-aimée contre lui, les laissant s’assoupir l’un contre l’autre durant des heures, entre somnolence et sommeil plus profond, jusqu’à ce que Levi n’ouvre finalement les yeux, constatant qu’ils atteignaient bientôt leur destination. « Faut croire que tout ça, ça t’a fatigué. » S’amusa-t-il, alors qu’il la laissa émerger doucement, sa main s’agitant lentement dans son dos, avant que Sahar ne vienne de nouveau au plus près de lui, leurs mains se liant dans une volonté de ne plus se lâcher. « J’ai dormi aussi. J’me suis réveillé parce-que j’avais froid. Mais là, ça va tout de suite mieux. » Releva-t-il, pointant du doigt leur proximité dont il ne se passerait jamais, relevant le visage de Sahar vers le sien pour laisser ses pulpeuses s’écraser contre les siennes. « Ce soir. J’crois qu’ils vont tous se réunir dans la maison familiale vers dix-neuf heures. Ça nous laisse le temps d’aller poser nos affaires à l’hôtel d’abord. » Affirma-t-il, lui qui pour rien au monde, n’aurait accepté de dormir chez un membre de sa famille, conscient que ni Sahar ni lui, ne seraient à l’aise avec cette idée.