CISSY & ZACK - retrouvailles autour d'un verre

Cissy terminait son service. Et elle était impatiente de pouvoir finir cette journée de boulot. Oui, elle avait qu'une envie, c'était de sortir d'ici pour aller prendre des photos dans le parc non loin de là. Elle ne pouvait pas dire qu'elle était heureuse dans son job de serveuse, mais elle n'avait pas vraiment le choix. Elle n'avait pas la possibilité d'arrêter de bosser pour se consacrer à la photo, elle n'en avait pas les moyens. Derrière son bar, elle nettoyait le comptoir et elle vit un homme plutôt séduisant entrer qui alla s'asseoir sur un tabouret. Il était plutôt pas mal voir carrément sexy. il avait un petit côté ténébreux et Cissy eut immédiatement envie de s'occuper de ce dernier. Elle se dirigea vers lui, tout sourire.« Qu'est-ce que je peux vous servir ? » Lorsque le jeune homme posa un regard sur elle, il sembla se décomposer. Instinctivement et soudainement inquiète, elle se recula d'un pas. « Tout va bien ? »

La fatigue. Zack n'était plus que fatigue. Il était totalement éreinté et démoralisé en plus de ça. Pourquoi ? Les recherches incessantes de Kendall l'épuisait, il était réellement inquiet pour elle et le simple fait de l'imaginer... morte le rendait faible. Après tout, cela pouvait arriver. N'ayant pas travaillé aujourd'hui, Lancaster venait de passer toute la journée dans son appartement à se prendre la tête tout seul et à parler encore et toujours dans ce vocaphone qui lui servait bien, il fallait l'avouer. Alors, comme pour se remotiver, le garçon se leva de son canapé où il était affalé depuis bien deux heures au moins pour aller se préparer. Il allait sortir et peut-être rencontrer une fille d'un soir pour se changer les idées, il en avait besoin.

Une fois dehors, les mains dans les poches, Zack se contenta de marcher jusqu'à trouver un petit bar dans lequel il rentrerait. Il n'était pas à Bowen depuis longtemps, ce qui l'empêchait de connaître tous les bars de la ville, le jeune-homme comptait bien tous les faire les uns après les autres. En attendant, il entra dans un petit pub qui avait l'air assez convivial, enfin... là il était surtout désert. Tant mieux, c'était ce qu'il lui fallait : du calme. Sur le coup, Zack n'avait pas été très poli. Sans un regard à la personne qui était derrière le comptoir, il était allé s'asseoir. Il fallait dire qu'il n'était pas vraiment d'humeur à parler ce soir. « Qu'est-ce que je peux vous servir ? » Cette voix. Il aurait pu la reconnaître entre mille. Non, impossible, il ne pouvait pas la retrouver comme ça, il avait fourni tellement d'efforts pour être sur sa trace... ça ne pouvait pas être elle. Difficilement, Zack releva la tête pour apercevoir cette femme. Bouche bée, Zack eut comme un moment d'absence. « Tout va bien ? » Sur ces mots, Kendall, sa Kendall recula de quelques pas. Elle ne le reconnaissait pas. « Kendall... tu me reconnais pas ? C'est moi, Zack. » Combien de chance y avait-il pour qu'elle l'ait oublié ? Ce n'était pas possible, après tout ce qu'ils avaient traversé, elle devait se souvenir de lui.

Cissy n'était absolument pas rassurée mais alors pas rassurée. Toujours en arrière s'appuyant contre les étagères de l'arrière bar, elle observait l'homme la dévisager. Elle ne comprenait pas cette réaction. Etait-il un détraqué ? Depuis sa sortie de l'hôpital et après avoir visionné par mal de reportage, elle avait tendance à devenir parano et à ne plus voir le monde tout beau et gentil. Il s'exclama alors en l'appelant Kendall. De toute évidence, il la connaissait sous ce nom. Du nom de Zack, Cissy continuait à l'observer mais cette fois-ci avec un regard intrigué et les sourcils froncés. Etre appelé Kendall la déstabilisait énormément puisqu'elle s'était rebaptisée elle même Cissy. « Je suis désolé mais non je ne vous reconnais pas. » Mal à l'aise, elle ne savait pas quoi faire ni comment agir. Il était cependant claire qu'elle réalisait petit à petit qu'il était sans le moindre doute une personne de son passé. Elle avait tellement souhaité cela. Elle l'avait attendu depuis plus d'un an à présent. Durant toute cette période personne ne s'était manifesté à elle et voilà qu'une personne venant sans le moindre doute de son passé était là. La blondinette avait peur, oui, peur de ce qu'il lui dirait, ce qu'il allait lui énoncer. Pendant tellement de mois, elle avait appris à vivre sans son passé qu'elle avait peur d'être déstabilisé en l'entendant de la bouche d'une personne qui était un inconnu pour elle. Doucement, elle se rapprocha de lui. Même si elle avait l'estomac serré par l'angoisse de la vérité, elle devait en savoir tout de même plus.« Je ... je suis censée vous connaître ? » dit-elle la voix tremblante. Elle se passa une main nerveusement dans les cheveux, replaçant pas la même occasion quelque mèches derrière son oreille. Il aurait été surement plus simple de lui dire qu'elle était à présent amnésique et qu'il était donc normal qu'elle ne se souvienne pas de lui. Mais il ne semblait pas que Cissy est choisi la voie la plus simple. Elle était soudainement trop terrorisée pour aller droit au but.

La fatigue soudainement parti avait fait place à la peur. La peur de perdre Kendall, si elle le voulait, elle pouvait partir en courant aux toilettes ou pire encore, elle pouvait partir dans les rues de Bowen. Bon, au pire des cas, il reviendrait dans ce petit café, mais il espérait sincèrement qu'elle ne le prenne pas pour un fou. Car Zack ne l'était pas le moins du monde. Là, tout de suite, il était juste perdu. Perdu que Kendall tique quand il l'appelle par son prénom ou bien même quand elle ne semble pas se remémorer son nom à lui. Zack aurait voulu rester tranquillement assit sur sa chaise, mais il en était incapable, en réalité, il aurait voulu crier à Kendall qu'il était techniquement impossible qu'elle ne le reconnaisse pas, mais non, ce n'était pas censé. Alors, bien qu'il venait de faire le mauvais choix de se lever, la fille reprit la parole. « Je suis désolé mais non je ne vous reconnais pas. » Cette phrase aurait pu le faire se rasseoir automatiquement, mais au lieu de ça, Zack hocha simplement la tête, l'air abattue. Comment était-il possible qu'elle l'ait oublié ? A moins que Kendall se foute de lui à ce moment là, il n'avait vraiment aucune idée de ce qu'il lui était arrivée. « Je ... je suis censée vous connaître ? » Et voilà la phrase qui l'acheva. De une, elle le vouvoyait, signe qu'elle ne le reconnaissait pas et de deux, cette question confirmait vraiment le fait que la tête de Zack ne lui disait rien. Presque machinalement, le garçon émit un rire. Un rire affreusement froid. Il était sûr et certain qu'il s'agissait bien de Kendall et pas d'une autre fille blonde aux yeux bleus. Non, c'était elle. « Je... ouais. Ouais, tu.. enfin vous êtes censée me connaître. » Zack était totalement déconcerté, il ne comprenait plus rien, si bien qu'il se rassit. Une main plaquée sur son front, l'homme ferma les yeux quelques minutes tout en soupirant. Quand il les rouvrit, il regarda directement Kendall dans les yeux. « Toi et moi on était... ensemble. Enfin, t'es partie après et je t'ai cherché, j'ai jamais arrêté en fait. Et là, tu me reconnais pas. C'est pas possible, tu peux pas avoir tout oubliée, tu peux pas m'avoir oublié. » Tout était sorti si rapidement. Il regrettait presque d'avoir dit tout ça d'un coup. Comment pouvait-elle le croire ? C'était sûr qu'elle allait se moquer de lui. Et en plus de ça, il la tutoyait, chose qu'il ne pouvait pas se permettre puisque pour elle, Zack n'était qu'un inconnu. S'appuyant contre le dossier de sa chaise, le garçon préféra regarder droit devant lui que plutôt de regarder Kendall. Le désespoir l'envahit d'un coup, il était fou de rage. Pas contre elle, mais plutôt contre lui, il n'aurait pas dû mettre aussi longtemps à la trouver, il n'aurait jamais dû la laisser seule.

Cissy fronça les sourcils face au rire de son interlocuteur. Elle n’aimait pas du tout cela. Il confirma qu’elle devait le connaître. Il était peut être donc la clef pour la jeune femme de plusieurs énigmes, de tant de questions qui torturaient la jeune femme depuis maintenant plusieurs mois. Puis, elle eut un sentiment de colère. Pourquoi n’avait-il pas lancé un avis de recherche sur elle ? Pourquoi n’avait-il pas répondu présent lorsque la police de la ville avait lancée une recherche dans tout le pays si ils se connaissaient? Cependant, l’accent du jeune homme qui n’était pas australien offrait une piste sérieuse à la jeune femme pour ses réponses… peut être venait-il de loin et il était donc surement étranger à ce pays et elle aussi par la même occasion. C’est alors qu’il continua et lui lâcha une bombe qui déstabilisa Cissy suffisamment pour que sa main posée contre l’arrière bar ripe et brise une bouteille. Elle ferma les yeux et secoua la tête. Elle avait soudainement la gorge sèche et elle ne put faire autrement que d’attraper sa gorge pour se la masser avec l’une de ses mains. Elle devait reprendre ses esprits et elle devait commençer par le commencement. Elle reouvrit les yeux et observa le jeune homme qui faisait un énorme effort pour éviter de la regarder. Il était plutôt pas mal et avait des yeux particulièrement envoutant. Elle comprenait pourquoi elle était susceptible d’avoir été attiré par lui. Mais il restait qu’elle ne le connaissait pas. Il avait pu avoir vent de ce qu’elle était et il pourrait être un pervers se jouant d’elle. Après tout, dans le quartier pas mal de monde commençait à savoir qu’elle était amnésique. Il lui fallait une preuve. S’approchant au comptoir, elle gardait cependant ses bras près du corps, comme si elle avait peur d’être touché par cet inconnu avec qui elle avait, si il disait vrai, couché. « Je pourrais avoir une preuve de ce que tu dis ? Une photo par exemple ? » Elle était passée au tutoiement. Après tout, si il prétendait qu’ils étaient ensemble, ils ne devaient sans doute pas se vouvoyer. Elle ne voyait dont pas l’intérêt de continuer à s’embarasser de ce genre de formulation de politesse. Malgré des doutes sur la véracité des propos du bel l’homme face à elle, elle ne pouvait s’empêcher de sentir des papillons dans son ventre, son passé lui semblait soudainement tellement proche d’elle.