❝ WONDERING ABOUT YOU ❞ pv samuel.

Il était environ… quinze heures du matin. Samuel n’avait pas envie de travailler, surtout pas en ce moment. Il avait été en déplacement très longtemps, pour pouvoir se ressourcer, et exercer son métier ailleurs que dans la ville de Bowen. Il était crevé, mais il voulait profiter de ces quelques jours de congés pour faire le point sur sa vie, et profiter du temps aussi ensoleillé qu’il l’était sur les plages de Bowen. Après avoir pris le temps de faire quelques courses pour l’appartement, il les avait déposés dans la voiture pour être libre de ses mouvements. Il avait mit un simple jean noir, et un haut plutôt simple, blanc, et il se baladait, en flânant le long de la plage, les mains dans les poches. La scène, on aurait dit un film américain, c’était presque ridicule. Il avait envie de quelque chose de normal, une relation saine, une amitié pure, de se ressaisir pour mener une vie un peu plus grande. Bien entendu, son fils lui manquait. Son petit garçon lui manquait, mais il sait qu’il ne le reverrait jamais, alors il allait construire quelque chose d’autre, de plus neutre, et de plus simple. Car c’est de la simplicité dont il avait grandement besoin. Il se dit qu’aller boire un verre dans ce bar, ce n’était pas du tout une mauvaise idée. Alors il s’installa à une table, en sortant son ordinateur. Il ne pouvait s’empêcher de rechercher sur la base de données les visages d’assassins à choper, car il avait une très bonne mémoire photographique, et il s’en servait pour repérer les têtes assassines dans la rue. Une fois son boulot fait, il sortit en payant, et il tamponna une femme sans le faire exprès. « Excusez-moi, je suis… oh, Maxime ! Qu’est ce que tu… comment vas-tu ? » Il reculait légèrement pour regarder comment elle allait, et il fronçait les sourcils légèrement.

Elle était revenue de l’armée complètement amochée, et Samuel avait été là pour l’aider quand elle en avait eu besoin, et mieux qu’un psy, il était là pour elle quoi qu’il arrive. Il lui sourit, et il l’aida à avancer vers la table, en la soutenant légèrement. Il lui prit le bras, et l’aida à s’asseoir. Malgré qu’elle soit si autonomie, il aimait prendre soin d’elle, comme il prendrait soin d’une sœur, et il but une gorgée de son verre quand elle demanda au serveur de ramener des boissons. Il s’appuya sur le dossier de la chaise, et reluqua Maxime de la tête au pied pour voir son état. Il était assez médiocre, et la ride du lion s’interposa entre les deux sourcils de Samuel, tant il les fronçait, inquiet pour elle. Il n’aimait pas la voir dans cet état mais plus de peur que de mal, elle aurait pu y rester, sur le champ de bataille. Il finit son verre, et demanda plutôt deux verres de scotch. Samuel en avait bien besoin, et Maxime aussi, il en était sûr. Il posa un billet de vingt sur la table, et regarda droit dans les yeux de la jeune femme. « Toi, comment ça va ? » Elle avait beau affirmer le contraire, il savait que c’était faux. Comment une personne qui revient de l’armée amochée peut aller bien ? Ce n’était pas possible, encore moins pour une personne qui revient des pays en guerre. Il n’avait pas idée de ce qu’il se passait là-bas, mais il savait que Maxime avait besoin de parler. « Et ne me raconte pas d’histoire. Comment se passe tes séances de kiné ? » Ca l’intéressait sincèrement car il tenait à elle, plus que de raison. Peut-être plus que ce qu’il pensait, et ce qu’il voulait s’admettre. Car il faut dire… regardez ses yeux, ils sont magnifiques. Il n’était pas insensible à son charme, mais il savait que c’était trop tôt, autant pour lui que pour elle, pour parler relation.

Samuel fronçait les sourcils, en pensant sincèrement qu’elle était inconsciente et que son état risquait d’empirer plus que de raisons. Il soupirait vivement, et il but une gorgée de son scotch en la dévisageant. Son nez se plissa légèrement mais face à ce regard, il ne pouvait que craquer. Et sur son visage, on pouvait lire qu’il se battait entre son instinct d’homme et celui d’ami. Il était sous le charme de la jeune femme, et jamais il ne lui dirait, mais son corps réagirait complètement à l’approche de Maxime. « Oui, tu es inconsciente. Tu aurais pu tomber, te faire mal, et peut-être même pire… Imagine comment je t’aurais retrouvé… » Et sans le vouloir, il insinua dans sa phrase qu’il aurait souffert si elle, elle souffrait. Il pinça ses lèvres comme pour se taire, et il baissa légèrement le regard pour regarder ses pieds, tout en buvant d’un coup sec son verre de scotch. Il prit une légère inspiration et il pensait qu’il était ridicule, alors il posa ses mains sur la table. « Et psychologiquement ? Comment tu te sens ? »

Il s’était séparé de Nicky pour retrouver Sunniva qui l’avait lâchement quitté pour partir avec son fils. LEUR fils. Daeron lui manquait beaucoup, et il y pensait souvent. Il aurait voulu le revoir, mais il laissait vaguement tomber car jamais il ne pourrait le retrouver. Elle avait voulu le protéger des tares, et des complications que Samuel pouvait engendrer. C’est vrai, il était toujours sous traitement, et il était toujours persuadé qu’il n’était pas fait pour la vie à deux, mais au moins, il avait cette amie sur qui compter, quoiqu’il arrive.

Il aurait aimé venir en aide plus tôt à la jeune femme, mais il ne l’avait rencontré que sur le tard. Aujourd’hui était une de ces journées où il ferait tout pour l’égayer et lui donner le sourire, car elle devait réellement souffrir, psychologiquement et physiquement. Elle avait servi dans un pays de guerre, et elle avait perdu l’homme de sa vie. Rien ni personne ne pourrait le remplacer, mais Samuel était justement pour là tenter de calmer sa peine, sans pour autant se substituer. En d’autres termes, il voulait l’aider, mais il ne savait pas comment, alors il tentait justement de faire bonne figure. Ses yeux étaient tellement beaux que finalement, il releva le regard vers Maxime pour plonger son regard dans le sien. Il était irrévocablement attiré par elle, et le fait que l’ombre de son mari pesait toujours autour d’elle l’empêchait de faire quoique ce soit pour combler son bonheur. « Je serais toujours là pour toi, tu le sais. Qu’as-tu fais aujourd’hui ? » Il s’enquit de cette banalité car ça l’intéressait réellement. Il avait besoin de savoir tout d’elle, jusque dans le détail. Il voulait la connaitre dans tous les sens, pour partager le plus de chose possible avec elle. Et le sourire aux lèvres, il commanda une Heineken, et il interrogea la jeune femme du regard pour savoir quelle boisson elle allait prendre. Bien entendu, il invitait, peu importe ce qu’elle dirait.

Samuel était soulagé de constater qu’elle allait mieux que ce qu’il pouvait penser. Il voulait la savoir en bonne santé, mais l’idée de la perdre lui était d’autant plus inacceptable que d’autres. Il soupirait légèrement, et il en profitait pour demander un café au serveur, car s’ils ne s’arrêtaient pas de boire, Dieu seul sait de quoi ils seraient capable. Il demanda aussi un grand verre d’eau frais pour Maxime, et il croisa ses jambes tout en s’appuyant contre le dossier. « Tu serais jalouse de mes abdos, chérie. » Il dit ça d’un ton ironique, comme s’il jouait un jeu, et il reprit son sérieux rapidement. Il décroisa ses jambes et il posa ses coudes sur la table. Il passait une main dans ses cheveux, qui se placèrent directement en arrière, de manière totalement sexy, lui retombant légèrement devant le visage. Il devait aller chez le coiffeur pour se couper les cheveux, car ils se faisaient un peu trop long, à son goût.

Il se demandait un truc. S’il lui proposait un rencard, serait-elle disposé à l’accepter ? Non pas qu’il était irrespectueux envers son mari, mais il appréciait trop la jeune femme et c’était dur pour lui de se faire à l’idée que cette ombre planait. Il avait peur qu’elle le prenne mal, et qu’elle refuse alors il préfère complètement oublier cette pensée et laisser les choses suivrent son cours. « Ta convalescence dure combien de temps ? Tu as besoin d’aide pour quoique ce soit ? Tu sais que je t’aiderais. » Avec plaisir. Il tait cette dernière pensée.