open your eyes (ambre)

vingt heures trente-huit. tu avais prévu de passer la soirée avec quelques amis, comme la plupart des samedis soirs, mais tu t'étais souvenu qu'ambre était chez elle, seule. sans william. monsieur était en nouvelle-zélande. et tu savais bien qu'à cette heure-ci, il n'était pas sur skype ou quoi avec la demoiselle, puisqu'il était sûrement avec une de ses clientes, secrétaire, ou étudiante. qu'importe, il était en train de se vider, et pas avec sa fiancée. mais ça, tu te retiendrais bien de le dire à ambre, au risque de la détruire. et de passer pour un menteur, aussi. bref. tu n'avais tout simplement pas le droit de trahir ton meilleur ami, et de détruire un couple en plus de ça. et surtout, tu n'avais pas le droit de rendre triste la femme que tu aimais depuis trois ans maintenant. hm. tu te retrouvais donc sur le pas de sa porte, et après avoir sonné, tu attends qu'elle t'ouvre. lorsque le son de la clé dans la serrure se fait entendre, et qu'ambre se trouve devant toi, un sourire se forme immédiatement sur tes lèvres. « ça, c'est ma contribution à ton régime draconien » dis-tu en montrant un sachet contenant deux repas de fast-food, qui sentait le gras à trois milliards de kilomètres. histoire de s'engraisser un peu. « et ça, c'est ma contribution à ta culture cinématographique » continues-tu, en montrant de film qui se trouvaient dans ton autre main, un film d'horreur, et l'autre une comédie. clairement pas des chefs d'oeuvre, ces films. bon, après, peut-être qu'elle ne voudrait pas de toi et qu'elle te mettrait directement dehors. tant pis, tu aurais tenté.

Cela fait déjà plusieurs jours que je suis seule chez moi parce que William a quitté la maison afin de se rendre en Nouvelle Zélande pour les affaires. Je lui ai parlé il y a à peine une heure, avant qu'il ne finisse par quitter Skype pour aller diner avec ses collaborateurs. Les voyages d'affaires sont toujours des moments difficiles à passer, mais j'ai fini par m'y habituer. Son travail est prenant, il aime beaucoup celui-ci alors je respecte ce choix et je ne peux que l'encourager si c'est ce qu'il aime faire et ce pourquoi il est doué. Alors je prends sur moi et passe quelques jours seule dans ma grande maison, et il est vrai que sans William, je suis un peu plus sur mes gardes que d'habitude... Simplement parce que les gens malveillants sont toujours présents, que les témoins de Jéhovah sont parfois un peu trop insistants et que je suis une femme souvent trop naïve et j'en suis consciente. Alors j'évite les problèmes au maximum, et lorsque j'entends la sonnette à huit heures trente, je ne peux m'empêcher de regarder par le judas pour savoir qui se trouve de l'autre côté de la porte avant de faire une toute autre action. Et c'est avec plaisir que j'y découvre Judd... Alors j'ouvre, un grand sourire sur le visage, pendant que celui-ci commence à me montrer ses trouvailles : une poche de trucs bien gras et deux dvds. « mon dieu, j'ai toujours rêvé de regarder Paranormal Activity... mais j'ai comme l'impression que ça va me traumatiser à vie ! » Je souris, ouvre la porte en grand et me range sur le côté afin que Judd puisse entrer. Je ferme la porte derrière lui et l'invite à passer dans le salon dans lequel nous pourrons passer une soirée digne de ce nom. « Alors, comment tu vas ? Je t'ai pas beaucoup vu ces derniers jours, tu te caches ? »

en voyant son sourire, tu ne peux que sourire de plus belle. t'avais pas d'autres moyens que ça, elle avait le don de te rendre de bonne humeur, de te donner ces sortes d'étincelles dans les yeux. elle était spéciale, elle était unique. elle était prise. et tu ne peux pas t'empêcher de rire à ses paroles. paranormal activity. c'était un film d'horreur sans vraiment en être un, en fait. c'était assez pourri, hm. mais bon. « évidemment que ça va te traumatiser à vie.. ce film est tellement horrible ! mais t'en fais pas, va, j'serai là pour te protéger des méchants.» tu exagères légèrement, mais qu'importe. c'est toujours avec ton sourire aux lèvres que tu franchis la porte pour entrer chez ambre. tu regardes vite fait autour de toi. rien n'a changé depuis la dernière fois que tu es venu. à vrai dire, ça ne devait pas être il y à si longtemps que ça. dans le salon, tu poses le sachet de nourriture sur la table, et pars directement mettre le dvd dans le lecteur. après t'être installé sur le canapé, télécommande en main, tu réponds à ses questions. « ça va, ça va.. et toi ? bah.. j'étais occupé, on va dire. » ouais, en quelque sorte. tu ne rentrerais pas dans les détails, mais bon. bref. t'es fin prêt à appuyer sur "play", pour que le film commence, mais tu attends son accord. « prête, mademoiselle cohen ? » hors de question que tu l'appelles par le nom de famille de ton meilleur ami, fiancé ou pas. c'était juste impossible pour toi.

« évidemment que ça va te traumatiser à vie.. ce film est tellement horrible ! mais t'en fais pas, va, j'serai là pour te protéger des méchants. » dit-il en entrant dans ta maison. Cette maison est presque autant la mienne que la sienne, c'est tout juste s'il ne pourrait pas rentrer sans même frapper. L'homme n'a d'ailleurs pas besoin de moi pour trouver le salon, puisque c'est un chemin qu'il connait par coeur et depuis près de deux ans. Je ne compte même plus les soirées passées tous les trois devant un match des Wallabies contre les All Blacks. J'étais souvent l’intruse dans leur duo, mais logée dans les bras de William, je savais me faire toute petite. Judd pose donc notre futur repas sur la table du salon, puis se dirige vers le lecteur dvd où il insère Paranormal Activity et pour être tout à fait honnête, je dois dire que l'image de son postérieur s'est presque imposée à moi. Mais passons, celui-ci se relève, reviens vers moi tout en mettant fin à mon rêve éveillé. « ça va, ça va.. et toi ? bah.. j'étais occupé, on va dire. » et je hoche doucement la tête, afin d'approuver. Que dois-je comprendre de ce "j'étais occupé" ? Je n'en ai aucune idée et j'imagine que c'est une question que je pourrai à poser à William. Il serait impoli d'insister, alors je me contente de répondre gentiment (et avec le sourire), « Ca va très bien, mais je dois avouer que je suis on ne peut plus contente de recevoir de la visite. J'aime pas trop être seule lorsque William est en voyage.. ». Et c'est à peine quelques secondes plus tard que Judd me demande : « prête, mademoiselle cohen ? ». Un sourire prend place sur mon visage et j'ose lui dire : « Allons-y ! » Il aurait bien fallu se lancer à un moment ou à un autre de toutes façons... Je me penche légèrement pour attraper la poche sur la table et demande en ouvrant légèrement celui-ci : « J'ai le droit à quoi ? » Parce que non, je ne compte pas me servir comme ça...