open your eyes -r.

Tes mains tremblaient, ton coeur battait la mesure. Tu ne quittais pas des yeux le petit bout de papier qui passait de doigt en doigt. Tu jetais encore un regard vers la maison. Tu étais à la bonne adresse. Tu transpirais, de peur. Tu l'aimais bien, elle t'étais sympathique. C'était bien ta veine ça. Tu soupirais doucement, tu ressentais le manque, tu avais eu envie de boire, de te laisser couler dans un verre d'alcool. Là, tout de suite, ça ne serait pas déplaisant, mais tu ne devais pas te laisser rattraper par tes vieux démons. Tu claquais la portière de ton Aston, qui faisait un peu décalée dans le quartier. Ça t'importait peu, ce n'était que du matériel. Tu serais plus dévasté si on abimait une robe que ta voiture. Tu traversais la route pour franchir les quelques pas qui te séparaient de sa porte. Depuis votre rencontre fortuite à la librairie, deux jours s'étaient écoulés. Tu te tenais devant sa porte, le doigt à quelques centimètres de la sonnette. Tu poussais finalement ton index sur le bouton blanc qui déclenchait un mécanisme permettant de libérer un long "driiiiiiiiiiing" un peu strident. Le rythme de ton coeur accélérait à mesure que les secondes défilaient. Tu tournais le dos à la porte en voyant après une longue minute que rien ne se passait, soulagé et prêt à rentrer chez toi. Lorsque la porte s'ouvrit. Tu fis volte-face, pour la voir habillée d'un tablier et les cheveux tirés en arrière. Tu avais beau ne pas t'attacher au physique, elle n'en était pas moins jolie. Tu voulus lui faire un sourire mais avec le stress, ça devait plus ressemblait à une grimace ou à un sourire un peu crispé, limite forcé. « Bonjour ! Si je vous dérange dites-le moi, je repasserais une autre fois. » Tu avais glissé tes mains dans les poches arrières de ton jean, enfin, que la droite puisque la gauche tenait un petit paquet. Tu pensais te donner un air plus cool, plus décontracté, mais c'était juste ton impression. Tu ne savais pas ce que tu dégageais réellement.

Deux jours, quarante-huit heures qu'elle attendait qu'il sonne à sa porte, qu'elle guettait chaque personne qui passait devant sa porte et qu'elle se précipitait à la porte lorsque la sonnerie retentissait dans la maison ; mais ce n'était jamais lui. Pourtant, il l'accompagnait dans ses pensées pendant qu'elle se préparait à aller au travail, pendant ses pauses, tout le temps. Elle avait peur qu'il ait pris peur après qu'elle lui ait donné ce petit papier. Adilyn était impatiente et à la fois angoisser à l'idée de le revoir, de ne pas quoi savoir lui dire. Pour se changer les idées, mais aussi pour faire plaisir à Abygaël, elle se mise dans l'esprit de faire un peu de pâtisserie pour ressembler à une vraie “maman”. L'enfant n'avait pas école aujourd'hui et était dans sa chambre, alors ce serait une surprise pour elle. La grande blonde avait aussi profité pour faire un peu de ménage pendant qu'il chauffait, et finalement après quarante minutes, le minuteur retentissait. Couteau en main, elle fut interrompue par la sonnette.

Pour une fois, elle ne se pressait pas, elle attendait un colis, alors le facteur pouvait bien attendre une ou deux minutes devant la porte. Devant sa porte, elle regardait par l’œil de judas. C'était lui. Xavier. À sa porte, du moins, il s'en éloignait. Ne faisant pas attention à ce qu'elle portait, elle ouvrit la porte, sourire maladroit aux bouts des lèvres.  « Bonjour ! Non pas du tout, vous ne me dérangez absolument pas ! »  Adilyn jetait un œil à la voiture sur le trottoir, à coté son pick-up faisait honte.  « Belle voiture ... »  Son regard restait encore posé sur celle-ci pendant quelques secondes avant qu'elle secoue sa tête pour se sortir de ses pensées.  « Oh mince ! Entrez, j'vous en prie. »  Elle se poussait du passage ne voulant pas qu'il reste dix ans sur le pas de la porte, puis elle n'était pas vraiment à l’abri des rumeurs de ses voisins, des vraies commères dans ce quartier.  « Je m'excuse pour ma … dégaine, j'étais en cuisine. »  Disait-elle en se frottant la nuque. Elle avait imaginé cette nouvelle rencontre tellement de fois, qu'elle était presque déçue.

Ce n'était pas le cas. Dommage, tu aurais vraiment aimé pour une fois qu'elle te repousse, qu'elle te dise que ce n'était pas le bon moment. Ça t'aurait permis de reculer les choses, et même si ça t'aurait soulagé sur le moment, ça aurait été pire la prochaine fois. Quand on a une écharde dans la main, il faut la tirer d'un coup sec, et rapidement. C'est ce que tu allais faire. « Merci. » Tu jetais un coup d’œil par dessus ton épaule pour regarder toi aussi ta voiture, avant de te concentrer à nouveau sur ses yeux. « Vous savez déjà qu'à mes yeux, cela ne fera jamais aucune différence. » Tu lui dessinais un petit sourire avant d'entrer comme elle te l'avait suggérer quelques secondes juste avant. Une fois la porte fermée derrière toi, tu lui tendis un petit paquet avant de te justifier. « Je ne savais pas ce que vous aimiez, alors j'ai fais un choix classique, je vous ai pris des chocolats ! Et un livre pour la petite. » Tu espérais encore que c'était un livre qu'elle n'aurait pas, mais vu que tu savais qu'elle les dévorait, il y avait une chance pour que ce soit le cas. « Est-elle là ? » demandais-tu plus doucement, jetant un regard autour de toi. Lorsqu'elle hochait la tête te demandant si tu voulais qu'elle l'appelle, tu répondis pas la négative. « Il faudrait que je vous parle avant. » Tu avais un fin sourire sur le visage. Cette situation était plus dire ce que tu ne l'imaginais. Tu la suivais jusqu'à la cuisine, pour t'installer à table, tu sentais bien le mur qui s'installait entre vous, mais c'est toi qui mettait en place toute cette ambiance malsaine en faisait trainer la révélation.

C'est vrai que le physique importait peu pour Xavier, du moins, c'est ce qu'elle avait retenu, c'est ce qu'elle espérait croire depuis le début. Un physique n'est qu'une forme, ce qu'il y a dans la tête est plus important. « Oui, je ne l'ai pas oublié. » Lâchait-elle, avec un grand sourire aux lèvres, si contente qu'il soit enfin ici, devant elle. Il avait l'air moins enchanté que d'habitude, même si elle n'avait pas réussi à voir son visage dans la nuit, elle était certaine qu'il était plus enjoué à la voir. Peut-être que lui aussi imaginer une autre manière d'entrer en jeu, c'est sûr qu'elle ne faisait pas envie, mais elle n'allait pas ouvrir la porte en sous-vêtements. Bien ses pensées négatives, elle gardait son sourire des plus éclatants. « Oh … Merci, j'aurais quelque chose à grignoter devant la télé. » Seule. Elle prit entre ses mains ce qu'il lui tendait, perdant petit à petit son sourire. Pour lui répondre elle fit un non de la tête, pas besoin de se justifier, elle est en train de faire ses devoirs normalement, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir si elle ne faisait rien dans sa chambre ou si elle préférait lire, petite, Adilyn faisait la même chose.  « Vous m’inquiétez. »  Disait-elle sur le ton de la plaisanterie. « Suivez-moi ! » Elle le guidait jusqu'à la cuisine, peut-être avait-il soif, il faisait une de ses chaleurs dehors, ces temps-ci. L'infirmière posait les affaires sur la table.  « Vous voulez quelque chose à boire avant de m'annoncer cette chose si importante ? » Adilyn ne prenait pas au sérieux, en temps normal, elle se serait méfiée de toutes les paroles de travers, du pourquoi il voulait à tout prix voir Abygaël. Au fond, à ses côtés, elle redevenait l'ancienne Adilyn, la naïve qui avait réussi à se faire enfermer derrière les barreaux. Prenant deux verres, elle remplie le premier d'eau et attendant la réponse de Xavier pour le servir à son tour. « Je suis toute ouïe. »

Elle semblait ravie de ton cadeau. Pour toi, c'était juste des chocolats, tu aurais aimé faire un cadeau plus original, il est vrai. Tu étais un peu rouillé dans l'art d'offrir un cadeau à une femme. Tu avais quand même hésité avec une bougie parfumée. Mais tu avais su te reprendre en te disant que les chocolats, faisaient toujours plus d'effets qu'une simple bougie. Elle semblait ne pas trop te prendre au sérieux, pensant que tu allais lui faire une fausse déclaration, que tu mettais en scène tout ça pour faire planer un doute. Ce n'était pas le cas. Tu t'étais installé sur une chaise, regardant doucement Adilyn. « Merci. » Tu attrapais le verre qu'elle t'avait servi, pour pendre une grande gorgée. Tu devais faire passer la pilule en douceur. Tu glissais ta main dans la poche de ta veste, avant de baisser un peu ton regard. « J'ai reçu cette lettre il y a quelques jours.. » Tu avais sorti de ta poche un petit papier, plier soigneusement en quatre. Tu l'avais lu plus d'une fois, n'y croyant pas. Tu ne pouvais pas être papa, tu n'étais pas prêt. Mais avec ce que tu savais, il ne pouvait pas trop en être autrement. Tu lui tendis pour qu'elle puisse le lire, elle reconnaîtrait le nom de la mère, qui devait être celui d'Abygaël, si tu avais raison. Tu laissais quelques secondes s'écoulaient, qu'elle puisse lire les premiers mots avant de reprendre plus doucement. « J'ai cru à une farce, mais le prénom, et ce que vous m'avez dit sur le père la dernière, j'ai vite fait le rapprochement. Je suis le père d'Abygaël. » Ce qui te faisait peur maintenant, c'était son regard à elle. Tu avais peur de la décevoir, c'était idiot de penser ça, mais tu ne pouvais pas contrôler ses pensées.

Lui semblait moins rire qu'Adilyn, mais toujours, elle ne voyait rien. Comment avoir une confiance aussi aveugle pour une personne qu'elle a vu trois fois ? Il y avait tellement de signes qui signalait que rien n'allait et pourtant elle gardait le même sourire qu'elle avait lorsqu'on lui avait annoncé sa liberté, les larmes en moins. Mais plus les secondes passaient, plus son sourire éclatant se perdait et plus son inquiétude devenait réelle. Des lettres, la blonde en recevait aussi plusieurs, mais jamais elle n'irait le montrer à une personne qu'elle connaît à peine. Soudainement, son alarme interne s'activait, un bruit insupportable dans la tête d'Adilyn, perdue face à cette lettre qu'il tentait de lui montrer. Était-ce si grave ? Est-ce que ça la touchait personnellement ? Lui qui avait réussi à réchauffer son cœur venait d'un coup d'y faire rentrer une tempête glacial.

Adilyn fit quand même l'effort de lire d'où était expédier cette lettre, et d'en lire son titre. L'infirmière ne réagissait plus aux paroles de Xavier, lui jetant un regard vide de sens avant de sentir une colère montée en elle. C'était donc lui qui avait abandonné la mère de cette pauvre enfant ? Lui qui avait gâché la vie de cette dernière ? Sans aucune raison. Elle lui aurait bien jeter son verre à la figure, le claquer mais c'était plus fort qu'elle. Et s'il était là, devant elle, s'il était le père d'Abygaël, alors on allait lui retirer la garde de la petite, et rien qu'en y pensant son cœur se serrait. « Vous vous êtes rapproché de moi uniquement pour voir Abygaël ? » Ce n'était pas vraiment une question, elle pensait juste à voix haute. « Vous avez ruiné la vie de cette enfant et vous osez remettre vos pieds dans sa vie ? Quel genre de … » Elle voulait s'énerver mais, elle était perdue dans ses pensées. « Quel genre d'humain peut faire ça ? »

Spoiler:

J'abandonne, j'en peux plus, j'ai besoin de faire une pause, car apprendre ce vocabulaire pour ma dictée d'anglais c'est trop long. Je me lève de mon bureau je vais aller dans la salle de jeux me prendre un livre,  Adilyn en a acheté  plein l'autre jour donc j'ai de quoi lire. Depuis ce jour-là Adilyn se comporte bizarrement quand on sonne à la porte, mais je ne sais pas pourquoi c'est bizarre. J'ouvre la porte de ma chambre, j'entends des voix qui parlent dans la maison. Il y a une voix d'homme. Je ne sais pas de quoi il parle, mais je m'arrête tout de même curieuse. Je sais que c'est pas bien, mais je ne sais pas résister.

Je crois que j'ai mal entendus, il a bien dit qu'il était mon papa ? Mais je ne reconnais pas sa voix, il serait vraiment ici chez Adilyn ? Je sens les larmes que me monte aux yeux ça fait un an que je ne l'ai pas vu. Mais j'ai peur d'avoir de faux espoirs, je m'approche doucement et j'entends Adilyn qui parait agacé, ou énervée je ne sais pas. Je m'approche comment peut-elle dire ça à mon papa. Je 'arrive dans le salon. « Pa... » Je me stop net, je reste figée. Mais c'est qui lui ? C'est pas papa. Il ne ressemble pas à ça mon papa, il a les cheveux plus claires et il est plus musclé. Je fonds en larme, j'ai vraiment cru que j'allais revoir papa, il me manque tellement et qu'est-ce que je vois, cet inconnu. « Mais... vous êtes pas mon papa »

Tu ne t'attendais pas à ça. Tu devais le dire, ce n'était pas le genre de réaction que tu avais prévu. Et tu n'étais pas sûr de comprendre tout ce qu'il se passait. Comment pouvais-tu abandonner une gosse que tu ne connaissais pas ? C'était incohérent, mais tu ne connaissais pas assez les histoires pour savoir ce qui se jouait réellement sous tes yeux. Tu te levais pour partir, tu avais décidément fait une erreur en venant ici, de ce qu'elle te disait, tu ne pouvais pas être son père. Peut-être que tu t'étais trompé. Ce qui te soulageait. La petite fille fit interruption devant toi, prête à t'appeler papa, avant de réaliser que tu n'étais pas son père. Tu commençais à mieux comprendre les choses. « Je.. Bonjour Abygaël ! » Tu la scrutait doucement, tu trouvais qu'elle avait ton nez. Ou tes pommettes peut-être, mais elle tenait plus de sa mère que de toi. Tu avais l'impression de retomber dix ans en arrière. « Écoutez, j'ai reçu cette lettre il y a moins d'une semaine, je crois qu'il y a un malentendu.. » Tu pris une pronfonde inspiration avant de te rasseoir sur la chaise. Tu regardais Adilyn, puis Abygaël, c'était plus difficile d'avouer la vérité maintenant que la petite ne te quittait pas des yeux, surtout qu'elle avait les larmes sur le point de sortir. « La dernière fois que j'ai vu ta maman, c'était il y a un peu moins de 10 ans, on était amoureux, et je voulais la marier, mais elle a refusé et elle est partie.. Aujourd'hui, j'ai une lettre me disant que je suis ton père, et que je dois m'occuper de toi le temps qu'elle aille mieux.. » Tu t'étais relevé pour t'approcher de la petite, et t'agenouiller auprès d'elle. Tu avais essayé de choisir des mots simples, même si elle était sûrement intelligente avec tous les livres qu'elle pouvait lire.

Elle ne savait pas quoi faire, pas quoi dire à Xavier. Elle n'essayait pas non plus de le retenir quand il se leva pour s'en aller, après tout, elle n'espérait qu'une chose ; qu'il oublie son adresse. Comment un homme pouvait revenir comme une fleur après avoir saccagé la vie d'une autre ? Comment a-t-elle pu se laisser manipuler par cet homme ? Dégoûtée par elle-même, elle baissait la tête, avant d'entendre les bruits de l'enfant. Adilyn tourne immédiatement la tête, voyant les larmes d'Abygaël qui lui fit un coup de massue, elle aurait voulu lui dire de retourner dans sa chambre, mais elle était déjà assez blessée. Puis quand elle affirmait que Xavier n'était pas son père, Adilyn restait dans l’incompréhension la plus totale. Pourquoi Xavier affirmait être son père si même sa supposée fille ne la reconnaît pas ? « Il doit en avoir un, oui. » Un gros malentendu. La blonde ne s'attendait pas à ce qu'il se réinstalle, comme si rien ne s'était passé, mais Adilyn n'oublie généralement pas, surtout pas en face d'un menteur qui gère aussi bien photoshop pour se rendre crédible. “Je dois m'occuper de toi.” Ces mots retentissaient encore dans la tête d'Adilyn. Il voulait les séparer et elle ne pouvait pas s'imaginer une vie, seule. « Arrêtez de lui dire des bêtises pareilles ! La dernière fois que vous vous êtes vu c'était il y a un an parce que vous êtes parti sans rien dire, vous avez détruit sa mère et maintenant vous voulez la détruire, elle. » Ses mots lui avaient fait mal, elle ne voulait pas abandonner la petite fille, elle s'était trop attachée à elle pendant ce dernier mois. « Elle n'ira nul part avec vous. » Après qu'il se soit agenouillé auprès de la petite, Adilyn vit rouge, elle se levait à son tour de sa chaise pour s'approcher de ces deux-ci. « Vous n'approchez pas d'elle ! Partez et oubliez notre adresse ! » Elle qui avait attendu son arrivé regrettait aujourd'hui de lui avoir ouvert sa porte. Ça lui faisait mal de se dire qu'elle s'était une nouvelle fois faite avoir.

La petite te regardait sans comprendre. C'était une situation vraiment compliqué. Bon sang, tu ne pensais pas que ça serait aussi difficile d'être père. Et elle montait très rapidement sur ses grands chevaux. Tu ignorais depuis combien de temps elle était en charge de la petite, mais ça devait être étrange pour elle de voir que tu débarquais dans sa vie, et que tu allais la lui voler. « Vous avez bien vu qu'elle ne me connait pas ? Je ne suis pas l'homme qui a abandonné sa mère. Je suis juste son père biologique. » Tu t'étais relevé, pour faire un pas en arrière, elle était venue se mettre devant Aby, posant ses mains sur ses épaules, comme pour la proteger de toi. Au moins, tu pouvais dire que les services sociaux avaient fait un bon choix en confiant cette enfant à Adilyn. Elle ferait une mère merveilleuse. « Ce qui fait de moi, au niveau de la loi, un tuteur légal.. » Tu soupirais légèrement, ce n'était pas le genre de chose que tu aurais dû dire. Ça allait empirer les choses, mais tu n'avais jamais demandé à être père, ni à ne pas être au courant. Et encore moins recevoir une lettre il y a cinq jours pour te dire que ta fille était chez une femme gentille, qu'il fallait que tu prennes soin d'elle et que tu étais la seule personne sur qui elle comptait. Mais à quoi elle pensait ? Dix ans s'était écoulés, comment pouvait-elle croire que tu serais prêt à être un père ? Que tu serais prêt à faire ce qu'il fallait pour l'aider ? Et puis la petite, qu'allait-elle penser ? Elle ne te connaissait pas, tu étais un inconnu, et pour elle, ça resterait ainsi. « Si vous ne me croyez pas, vous êtes infirmière, on a qu'à faire un test ADN, et s'il se révèle négatif, dans ce cas, ça veut dire que sa mère s'est trompée, que je ne suis pas le père, et que je vous aurais dérangé pour rien.. » Et tu aurais aussi brisé le cœur d'une gamine en lui donnant l'impression qu'elle allait retrouver son père.

Je suis paumé, complètement paumé. mais de quoi ils parlent tous les deux ? Maman et lui se marier ? Lui mon père ? Mais je ne comprends strictement rien à cette situation. Il s'approche de moi, je recule d'un pas. Qu'est-ce qu'il me veut cet homme d'où il connaît maman. Et c'est quoi cette histoire de lettre ? Et Adilyn a l'air aussi paumé que moi. Elle raconte n'importe quoi, c'est pas lui qui est parti je ne l'ai jamais vu de ma vie. Elle pose ses mains sur mes épaules et se met à engueuler le monsieur. Je pleure vraiment cette fois-ci, ça me rappelle la maison avant que papa s'en aille quand maman et lui se disputait. Je ne sais pas s'il m'entende, car ils sont concentrés l'un sur l'autre. « C'est pas lui, c'est pas lui... » Ils ne s'arrêtent pas, mais quand est-ce qu'ils vont se taire. Et c'est quoi ces conneries ? Père biologique, tuteur légal, test ADN... Mais c'est quoi tout ça. Tout à coup je n'entends plus rien, un souvenir me revient, quand papa et maman se disputait je revoie maman qui demande à papa le jour avant qu'il s'en aille ce qu'il comptait faire pour moi. Et sa réponse me revient en tête, "T'a qu'à voir ça avec son père." Ce jour-là je n'avais pas compris pourquoi il avait dit ça. Je suis sidéré. Je dis d'une voit inquiète. « Papa est pas papa ... ? » Je regarde le monsieur puis Adilyn. Je veux qu'on m'aide à comprendre. Je sens le contact des mains d'Adilyn sur mes épaules, c'est rassurant. J'essaie de réfléchir, mais je suis complètement perdue.  « Mais... mais pourquoi ? Pourquoi !? »

Pendant qu'elle parlait, la petite voix d'Abygaël faisait surface, lui disant que ce n'était pas lui qu'il les avait abandonné. Elle ne comprenait décidément rien, cette histoire était trop compliquée. Il était son père biologique. Elle en restait bouchée bée. Cette petite avait été adoptée, c'était bien pire ce qu'elle pensait. Xavier était aussi le genre de père à s'enfuir à l'annonce de la grossesse, comme le propre père biologique d'Adilyn. Son cœur s'emballait quand elle comprenait que bientôt la petite allait vivre avec lui et non plus avec elle, elle en avait même les larmes aux yeux. Depuis sa sortie de prison, l'arrivée de la petite fille était le seul moment où elle s'était sentie importante, elle se sent plus vivante qu'à ses côtés, et si on la lui retirait, ça lui ferrait un énorme vide. Pour une fois, elle se sentait quelqu'un. Il ne partait pas de la maison non plus, il restait planté devant elles, peut-être qu'il voulait récupérer Abygaël maintenant, rien que d'y penser, ça lui pinçait le cœur. « Il faut aller à l'hôpital pour ça … » Disait-elle dans un souffle. Infirmière peut-être, mais elle ne faisait rien dans l'illégalité. Il semblait si sûr de lui que ça mettait encore plus Adilyn dans la gêne. Adilyn tremblotait toujours en regardant Xavier, cherchant à placer son regard dans celui de l'homme. Elle se retournait, s'accroupissant devant la petite. « On en parlera plus tard, d'accord ? » Elle essayait de se convaincre elle-même que c'était un mauvais cauchemar. En se relevant elle regardait avec dégoût le brun, ne sachant pas quoi dire, son esprit était trop brouillé et son cœur à plat.

Tes mains tremblaient à nouveau. La petite s'était mise à pleurer, et Adilyn semblait perdue. Toi aussi. Et Aby aussi. Bon dieu, c'était quoi cette histoire de père qui abandonne ? Pourquoi fallait-il que tu apprennes que tu étais père maintenant ? Tu allais passer pour le salaud de service qui se barre alors que t'en savais rien. Alors on t'accablerait de tous les maux et quoiqu'il arrive, ça serait toujours ta faute. Tant pis, tu devrais faire avec. Tu les regardes à tour de rôle, et comprends qu'à ce moment, tu es de trop. « Je crois que je devrais partir, mais si vous le souhaitez, demain je serais à l’hôpital pour faire une prise de sang, vous n'aurez qu'à faire un test avec un de ses cheveux et vous verrez bien que je ne mens pas.. » Même si au fond de toi, tu espérais le contraire. Cette histoire t'avait dépassé, tu pensais pouvoir en parler calmement avec Adilyn et sans savoir pourquoi, les choses avaient été un peu trop loin. Et en plus de tout ça, la petite avait assisté à toute la scène. Tu n'avais beau pas vouloir être père, tu te sentais mal pour elles. Tu fis un pas en arrière, puis un autre, sortant de la cuisine aussi vite que tu pouvais, et de cette maison. Tu laissais la porte se refermer derrière toi, en soupirant doucement. Bordel, cette histoire allait te faire rechuter. Tu devais voir Oli, et vite.

Tout ça la touchait au plus profond d'elle. Elle pensait que Xavier était quelqu'un de bon, quelqu'un de bien. Elle n'aurait jamais dû donner son adresse, elle n'aurait jamais dû se promener sur cette plage ce soir-là, tomber sur lui. Faire confiance à une personne qu'elle n'avait jamais vue. Le physique n'était peut-être pas important, mais le mental l'était et lui venait de détruire le mental d'Adilyn. « Oui. Allez vous en. » Elle baissait la tête, elle ne le raccompagnerait pas jusqu'à la porte, non. Il n'était pas comme ses autres invités, lui était différent, trop et il ne lui voulait que du mal, briser son moral et son cœur, c'est tout ce qu'il avait réussi à faire. L'amadouer avec des mots doux aussi. Adilyn s'en voulait qu'Abygaël ait entendu l'histoire, s'il était vraiment son père, cette rencontre aurait dû se faire dans d'autres circonstances, et pas aux côtés de la grande blonde. La porte s'ouvrit et une larme coulait sur sa joue. Larme qu'elle essuyait rapidement pour pas que la petite se fasse des idées. Adilyn était le genre de personne trop sensible, mais elle préférait pleurer seule, un léger sourire en direction d'Abygaël pour la consoler et elle la lâchait.

A l'hôpital ? Pourquoi ? Je suis toujours aussi perdu. Je me sens si seule, je ne suis pas chez moi, je ne suis pas chez maman, je me suis habitué à vivre ici, mais ça fait trop longtemps. Je pleurs toujours, je vois flou à travers mes larmes, mais je me rend bien compte Adilyn s'agenouille devant moi pour me parler. Je hoche de la tête, même si j'aimerais qu'on en parle maintenant, tout de suite, pourquoi attendre. Je ne sais pas pourquoi ils parlent d'aller à l'hôpital, c'est quoi le problème, on va à l'hôpital quand on a un problème non ? Je vois le monsieur qui dit être mon papa s'en aller, lui aussi s'en va comme tous les autres. Tous m'abandonne chacun leur tour. Je sens Adilyn qui me lâche, elle aussi va m'abandonner ? Je refuse qu'elle me laisse elle aussi, je l'attrape dans une sorte de câlin et je pleure. Je pleure toutes les larmes qui ne sont pas sortit avant, celle qui ne sont pas sorties quand papa est partit, celles qui ne sont pas sorties quand maman pleurait, celles qui ne sont pas sorties quand maman était évanouie sur le canapé, celles qui ne sont pas sorties quand on m'a séparé d'elle, celles qui ne sont pas sorties quand je suis arrivé ici, seule dans cette maison. Toutes les larmes que mon corps peut contenir sortent en ce moment. Je m'abandonne complètement. Je crois qu'après ça, j'étais tellement fatigué d'avoir tant pleuré que je me suis endormi dans les bras d'Adilyn.