(#206) you're my secret. ⊰ Annabelle.

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annabelle & jack

Jack avait rendez-vous chez Annabelle, il allait la voir au moins deux fois par semaine, et trois s'il pouvait. Il lui rendait visite, on peut parler de visites de courtoisies, un peu comme font les jeunes à leur mamie, avec un panier de bouffe. Lui c'est exactement pareil. Sauf pour la bouffe peut-être parce que c'était pas un cordon bleu et qu'il se baladait pas non plus avec un panier. C'était pas le genre petit chaperon rouge, il se voyait pas avec la cape rouge, puis c'était pas une fille. Vous le voyez vous sautiller, en chantant avec les oiseaux, cueillant des fleurs, et échappant au loup. Il soupira en effaçant rapidement cette pensée de son cerveau, c'était ridiculement ignoble. Il monta les marches quatre par quatre et se trouva un peu essoufflé. En même temps elle vivait au 4ème étage ou peut-être au 5ème, il ne comptait pas, ça ne lui servait à rien. Il repris son souffle et sonna à sa porte. S'il avait eu un miroir sur la main, il aurait pu se regarder afin d'ajuster ses cheveux, son t-shirt, sourire et vérifier que rien ne se trouvait entre ses dents, mais il n'en avait pas et espérait être parfait quand elle ouvrirait la porte. Il passa discrètement sa main sur sa bouche et souffla un petit coup avant de sentir : il n'avait pas mauvaise haleine. Il se sentait un peu stressé, comme lorsqu'on a un entretien d'embauche ou quand on sort avec une fille pour la première fois et qu'on sait qu'elle nous plait, qu'on a envie de lui faire bonne impression, mais qu'on est timide parce qu'on a peur de tout faire capoter.

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∞ Je souris parce que je pense que si l'on cache sa souffrance elle disparaît. Et dans un sens, c'est vrai : elle est invisible donc elle n'existe pas, puisque nous vivons dans le monde du visible, du vérifiable, du matériel. Ma douleur n'est pas matérielle ; elle est occultée.

Jack & Annabelle

Confortablement installée dans mon canapé et plongée dans un livre, j’avais fait abstraction de tout le reste. Il fallait bien l’avouer, j’en étais à un moment crucial de mon livre et étais donc totalement captivée par celui-ci. Puis, j’adorais lire. Ce n’était d’ailleurs pas pour rien que je travaillais à la librairie. La lecture était devenue une véritable échappatoire. J’aimais m’enfermer dans un tout autre univers, souvent merveilleux et éloigné de la réalité, pour oublier. Car même si j’étais à Bowen depuis un bon moment désormais, je ne parvenais pas à oublier mon passé. Et encore moins le fait que j’étais sans doute toujours recherché par mon mari. Enfin, ex-mari. J’avais d’ailleurs terriblement peur qu’il finisse par me retrouver, malgré ma nouvelle identité et tout ce qui allait avec. Et donc, pour éviter de songer à tout cela et gamberger inutilement, je lisais. Je passais même la majeure partie de mon temps libre à cela. Après tout, cela me permettait de passer le temps et de ne penser à rien d’autre. Car ma vie était loin d’être des plus sympas. J’avais tout quitté. Tout abandonné. Famille, amis, travail… Tout. Pour fuir. Pour le fuir. Et même si, petit à petit, je parvenais à me reconstruire ici, certains éléments de ma vie passée de manquaient. Mais je n’avais pas vraiment le choix. Recontacter mes proches, mes amis de Sydney, c’était prendre le risque que mon ex-mari me retrouve. Et je savais qu’il n’y avait rien de bon là dedans.

Soudain, la sonnerie de mon appartement retentit. Après un léger sursaut, je refermais mon livre et le posais sur la table basse avant d’aller ouvrir. C’était sans doute Jack. Oui, cela ne pouvait être que lui. Nous avions rendez-vous. Enfin, nous avions prévu de nous voir. C’était devenu comme qui dirait notre petite habitude. Il passait me voir, deux à trois fois par semaine. J’allais donc lui ouvrir et affichais un large sourire en le voyant. « Salut ! Tu vas bien ? » demandais-je en lui faisant la bise avant de me décaler et le laisser entrer chez moi. C’était peut-être une visite simplement amicale, mais ça me faisait du bien. Je lui étais d’ailleurs très reconnaissante et redevable. C’était tout de même grâce à lui que j’avais pu échapper à mon ex-mari. Depuis, j’avais l’impression que Jack veillait sur moi. Comme si je n’étais qu’une petite chose fragile… Après tout, c’était bien ce que j’étais lorsqu’il m’avait rencontré. Et malgré les apparences, je demeurais toujours aussi fragile. Quoi qu’il en soit, j’étais contente de le voir. Je me sentais bien avec lui. Il avait l’air différent. Différent des autres hommes. Mais je restais méfiante, j’avais cru la même chose avec mon ex-mari et m’étais sacrément planté. « Entre, fais comme chez toi… Tu veux boire quelque chose ? » demandais-je ensuite en refermant la porte derrière lui.

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annabelle & jack

Jack se sentait tout angoissé le temps qu'il passa devant sa porte, il espérait qu'elle serait là. Il lui avait dit qu'il passerait dans l'après-midi, mais sans lui donner plus de détails alors peut-être qu'elle était partie faire des courses, prendre un café dans le bar pas loin, ou se rendre à la librairie parce qu'elle adorait passer du temps là-bas. Quoiqu'il en soit, quand elle ouvrit la porte, il se sentit soulagé, comme un poids qui part, une boule qui disparaît dans le ventre laissant un grand vide. Elle était belle, comme au premier jour qu'il l'a vu. C'est peut-être pour ça qu'il la protège, parce qu'elle est jolie et qu'il ne veut pas qu'on abîme une telle beauté. « Ca va et toi ? » Il lui lança un petit sourire et entra dans son appartement, très simplement décoré, elle ne cherchait pas à rester, elle savait que si Jack lui disait que son ex allait débarquer à Bowen, il devrait la faire quitter la ville au plus vite. Et pour le moment, elle vivait seule, ce qui était d'autant plus simple si elle devait partir, pas d'explications à donner ni rien. Juste partir, comme une voleuse certes, et si elle partait, Jack partait avec elle, parce qu'il ne voulait pas la laisser seule. Trop protecteur ? Peut-être. Mais il y avait de la distance entre eux, par rapport à Annabelle, ce qu'elle avait vécue, ça devait pas être facile. Et Jack qui s'attachait de plus en plus à elle, ça ne l'était pas non plus. Quoiqu'il en soit, une fois entré chez elle, elle lui proposa de quoi boire, il hocha la tête horizontalement, il n'avait pas très soif. Il alla s'installer dans le canapé, après tout elle lui avait dit que faire comme chez lui, du coup il n'allait pas se gêner, et puis ce n'était pas la première fois qu'il venait donc depuis le temps il avait ses petites habitudes, comme sa place dans le canapé. « Il est à Sydney. Je lui ai dit que tu y étais passé et que tu t'étais envolée grâce à l'aéroport, du coup il y est allé. » Jack avait un peu baissé son regard, il se devait de la proteger, pas d'aider l'autre à se rapprocher de Bowen. Il aurait du se douter qu'il irait voir sur place mais il n'avait trouvé que Sydney pour le coup et ça semblait plutôt mal.

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∞ Je souris parce que je pense que si l'on cache sa souffrance elle disparaît. Et dans un sens, c'est vrai : elle est invisible donc elle n'existe pas, puisque nous vivons dans le monde du visible, du vérifiable, du matériel. Ma douleur n'est pas matérielle ; elle est occultée.

Jack & Annabelle

Même s’il m’avait prévenu de sa venue, je me laissais surprendre par la sonnerie de mon appartement. En toute logique, cela devait sans doute être Jack. J’attendais sa visite après tout. Et pourtant, comme à chaque fois que quelqu’un sonnait à ma porte, je flippais. Pas par manque de sociabilité ou quoi que ce soit dans le genre. Non, j’avais plutôt peur qu’il s’agisse de mon ex-mari. Ou d’un détective payé pour me retrouver. Comme l’était Jack après tout. Sauf qu’il avait finalement prit le parti de me défendre. Je fus donc soulagée en le voyant et affichais alors un large sourire. Parce que j’étais vraiment contente de le voir. Même si je mettais parfois un peu de distance entre nous, par peur de me faire avoir une nouvelle fois, je l’appréciais. Il avait l’air d’un mec bien. « Ca va et toi ? » Je souris doucement en le laissant entrer chez moi. « Ca va aussi, merci… » C’était inutile de lui dire que j’avais parfois du mal à dormir la nuit ou que je sursautais au moindre coup de téléphone ou sonnerie à ma porte. Il s’inquiétait déjà suffisamment pour moi, je ne voulais pas en remettre une couche. Même si j’avais toujours peur qu’il finisse par me retrouver. Mon ex-mari était terriblement têtu et borné. Je n’avais aucun doute quant au fait qu’il n’avait pas arrêté les recherches à mon encontre. C’était bien pour cela que j’étais prête à quitter la ville d’un jour à l’autre. De toute façon, cela faisait quasiment deux ans que je vivais ainsi. Je restais quelques mois dans une ville, jusqu’à ce qu’il retrouve ma trace. Alors je fuyais et m’installais ailleurs. Enfin, cette fois ci, j’osais espérer qu’il aurait plus de mal à me retrouver. Grâce à Jack ? Peut-être bien. Il avait l’air déterminé à m’aider et à me protéger de lui, coûte que coûte. Et ça, même si je ne lui montrais pas forcément, ça me touchait énormément.
Je lui proposais alors à boire, le laissant s’installer sur le canapé. Il était le bienvenu ici. Il le savait. Avec tout ce qu’il faisait pour moi, je ne pouvais rien lui refuser… « Il est à Sydney. Je lui ai dit que tu y étais passé et que tu t'étais envolée grâce à l'aéroport, du coup il y est allé. » Je soupirais doucement et baissais le regard avant de prendre place sur le canapé, à ses côtés. « Merci Jack… » Je posais alors mes coudes sur mes cuisses et me passais les mains sur le visage, comme pour réfléchir à une situation terriblement complexe. « Et… tu penses pouvoir continuer à l’envoyer sur des fausses pistes encore longtemps ? » demandais-je doucement, redoutant le moment où Jack ne pourrait plus rien faire pour moi. Où il ne pourrait plus manipuler mon ex mari et que ce dernier retrouvera enfin ma trace. Parce que c’était ce qui finirait sans doute par arriver, non ?

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annabelle & jack

Annabelle lui avait lancé un regard de désespoir, et Jack le savait, en même temps, son ex-mari savait qu'elle était en Australie, il l'avait trouvé seul pour ça, mais c'est une fois en Australie qu'il a fait appelle à Jack, et surtout parce que Jack l'avait abordé, et qu'il s'était proposé, il avait un peu menti sur le fait que c'était un pro, mais il l'avait trouvé assez rapidement, il n'avait pas donné le nom qu'elle utilisait, il ne voulait pas mettre en danger sa couverture, parce qu'il jugeait qu'elle devait être protégée, du coup son « mari » fouillait l'Australie selon les dires de Jack et les faux indices qu'il obtenait de la part d'Aloys. Mais bon, après Sydney, il devrait pouvoir s'en débarasser, et se faire tout petit, comme pour disparaître. « Je pense pouvoir et bientôt il s'envolera pour la Thaïlande, il sera loin de toi, loin de nous. » Son « nous » était fébrile, il l'avait soufflé, il ne savait pas ce qu'elle pensait à ce moment, mais lui était heureux de savoir que dans quelques jours, quelques heures, le mal serait loin d'elle, et il se sentait soulagé pour elle, parce qu'elle n'aurait plus à se cacher, elle pourrait vraiment profiter de la vie, et ne pas avoir peur qu'il débarque. « N'aie pas peur Anna, on va s'en sortir. » Jack se tourna vers elle, pour lui attraper la main et lui faire un petit sourire, il ne devait pas l'effrayer, mais la rassurer.

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∞ Je souris parce que je pense que si l'on cache sa souffrance elle disparaît. Et dans un sens, c'est vrai : elle est invisible donc elle n'existe pas, puisque nous vivons dans le monde du visible, du vérifiable, du matériel. Ma douleur n'est pas matérielle ; elle est occultée.

Jack & Annabelle

« Je pense pouvoir et bientôt il s'envolera pour la Thaïlande, il sera loin de toi, loin de nous. » Nous ? Je ne savais pas du tout comment j'étais censée prendre ce 'nous'. C'était d'un côté la preuve qu'il ne voulait pas me laisser tomber, qu'il resterait à mes côtés, ne serait-ce que pour m'aider. Et c'était donc une certaine sécurité. Parce qu'au moins, il parvenait à éloigner mon ex-mari de moi. Et ça, c'était déjà énorme. Mais j'avais peur que derrière son 'nous' se cache quelque chose d'autre, de bien plus profond. Et s'il espérait plus ? Si son 'nous' ne désignait pas seulement une équipe qui allait essayer de s'en sortir mais bien un couple ? Non, clairement, je n'étais pas prête pour ça. Je poussais un léger soupir de soulagement. Je n'étais pas encore sortie d'affaires, mais j'osais espérer que ce n'était plus qu'une question de temps. Et puis, Jack avait l'air assez confiant. Je n'avais plus qu'à le croire et lui faire également confiance. Sauf que j'avais bien du mal à accorder ma confiance aux hommes. « N'aie pas peur Anna, on va s'en sortir. » Aussitôt, sa main vint saisir la mienne et même si je faillis avoir un léger mouvement de recul, je n'en fis rien. Et même, après quelques secondes, je resserrais davantage ma main sur la sienne. « J'espère bien... » J'affichais un léger sourire à l'encontre de Jack et posais doucement ma tête contre son épaule. C'était vraiment étrange, j'étais bien avec lui et j'avais envie de lui faire confiance, et en même temps, j'avais peur de me tromper encore une fois. Et je me savais bien trop fragile pour pouvoir me relever, si cette fois encore je venais à tomber de haut. « Merci Jack. Merci pour tout ce que tu fais pour moi. Heureusement que tu es là... Je ne sais pas ce que je serais devenue sans toi, sans ton aide si précieuse... Je te dois une fière chandelle. » expliquais-je doucement, lui étant sincèrement reconnaissante pour tout ce qu'il faisait. Il n'était pas obligé d'agir ainsi, et je finissais par croire que, s'il le faisait, c'était qu'il était vraiment quelqu'un de bien.

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