enjoy life ∞ enzo

Elles étaient belles, là, autour de moi à m’offrir leur plus belles robes, leurs plus belles couleurs, leur plus beaux éclats. Elles m’offraient une sérénité certaine, m’empêcher de trop sombrer dans mes pensées et me faisaient oublier le monde extérieur. Ainsi que mes problèmes. Mes « petits » problèmes qui commençaient à peser lourds et faisaient dorénavant parti intégrants de ma vie. C’était déplaisant, mais c’était ainsi. Ce n’est pas un long fleuve tranquille et je me devais de le rentrer dans la tête. Je devais surtout faire comme j’ai toujours fait : profiter de la vie, sans poser de questions tout en restant sur le droit chemin. Pourquoi tout devait déraper maintenant ? Ce n’était rien, une nuit : une seule et unique nuit. « Vous êtes belles, mes jolies. » C’était étrange aussi de se dire que l’on parlait à des fleurs, mais j’avais l’impression qu’elles m’écoutaient. Je n’avais pas encore réussi à me faire suffisamment d’ami, ou de relations de confiance dans Bowen et ça me frustrait un peu, moi qui d’ordinaire savait m’ouvrir aux autres – parfois un peu trop facilement – là, je… Non pas que je n’y arrivais pas, mais j’étais bien trop submergée par mes pensées. Mon père, puis ensuite Heath… Il faut te changer les idées, me dis-je alors tout en caressant du bout des doigts une rose à la couleur rouge passion. Mon sourire est attendrissant, et doucement je constate qu’il y a eu peu de client à la boutique ce matin-là. Je pouvais bien fermer pour l’après-midi, je n’avais pas le moral à travailler. C’est ça, d’être son propre patron. Rapidement, je pris mes clés et mon sac puis après quelques petits détails à régler, je sortis de ma boutique, la fermai à clé et m’en allai en direction du bar à deux pas d’ici. J’entrai dans le bâtiment, une atmosphère calme me recouvrit et je souriais. Je m’installais tranquillement à une table, attendant patiemment que quelqu’un vienne me proposer la carte. Je savais déjà ce que je voulais : un thé. Un thé au lait ? Ou un thé à la menthe ? Qu’importe, je ne sais pas encore. Cela viendra selon mon humeur, mon envie de la seconde. Indécise ? Un peu comme en ce moment je dois dire. Puis quelques minutes plus tard – exactement six au vu de ma montre – je vois un jeune homme dans le bar, que je connais. Je ne peux pas dire que je le connais bien, ou mal. Je ne sais pas encore. Mais c’est peut-être l’occasion d’en apprendre un peu plus sur lui… Et de me changer officiellement les idées. « Hé, Enzo ! » Je lui souris, et lui fait un signe de main pour lui dire que je suis là. J’espère intérieurement qu’il me reconnaisse, ou qu’il ne soit pas accompagné… ça m’embêterait de l’embêter, enfin une fois que j’eus son attention je râclai ma gorge, puis continuai : «C’est étrange de se croiser ici, tu vas bien ? » Ce n'était pas si étrange, nombreux sont les gens qui viennent dans les bras, bien que ça m'étonnes que ce soit en plein après-midi... Mais bon, j'avais posé une question bateau, ça fera une conversation bateau au-moins... j'oubliais un peu tout.

J’eus le sentiment d’être soulagée quand un sourire apparut sur son visage. Même s’il était plus jeune que moi, j’arrivais à trouver une part de sécurité au fond de notre relation. Et puis, je ne saurais trop dire pourquoi mais il m’attirait tout de même, un peu. Il avait un visage innocent, presque comme un ange. Mais surtout, il était gentil. Quoique si on m’écoutait, tout le monde il était beau et tout le monde il était gentil. En somme, je ne sais pas pourquoi nous nous entendions bien. « Salut ma petite Charlie, oui je vais bien et toi ? » mon sourire s’agrandit à l’entente de l’attribut qu’il avait mis devant mon prénom. Petite. Je n’étais pas si petite que cela, et j’étais plus âgée que cela, mais j’avais le don d’être celle que l’on protège et que l’on met sous son aile. Il enchaîne alors « Je peux m’assoir à ta table s’il te plait ? » Je n’attendais que cela, qu’il s’assoit avec moi. Je le regarde, de haut en bas et lui répond : « Bien sûr, j’en serais ravie. » et ravie était un mot faible. « Pour répondre à ta première question, je vais bien aussi. J’ai fermé boutique pour prendre une pause, étant donné que c’est calme, niveau clientèle, cette après-midi. » oui, c’est vrai, il n’y avait pas eu beaucoup de monde aujourd’hui, à la boutique. Mais c’était normal, ce n’est pas tous les jours que l’on achète des tonnes de fleurs, quoique j’ai eu la chance d’avoir une commande pour un mariage qui se déroulerait dans environ une dizaine de jours. Je remarquai l’appareil photo qu’il avait avec lui, et intriguée je lui posai la question « Qu’est-ce que tu fais avec cet appareil ? » appareil qui semblait être un bon matériel, et neuf, à-moins qu’il ne le vénère comme je vénère mes fleurs. « Tu t’improvises photographe ? »

Je ne pus m’empêcher de sourire sincèrement à ce qu’il me disait. Il était charmant, et sa déclaration me fit un baume au cœur. Je crois même que mes joues avaient un peu viré au rouge, les sentant soudainement brûlante. Ô pitié ! Il faut impérativement que j’arrête de rougir pour tout et rien « Les roses rouges sont mes préférées. » lui murmurais-je, avec un ton intentionnellement aguicheur. Enfin, nous changeâmes de discussion, car si on ne m’arrêtait pas avec mes fleurs, je pouvais en parler toute la journée… A la longue, je pouvais comprendre les personnes que c’était un peu lourd comme conversation. Alors vint le moment de l’appareil photo. J’ai voulu faire une note d’humour – moi et l’humour, ça fait deux – mais il me répondit tout simplement que c’était son chat qui l’avait cassé, et qu’il aimait bien photographier les alentours. Je dois avouer que la photographie m’avait toujours attiré, un moment pris en une fraction de seconde, stockée pour toujours sur une image… Bien que le dessin soit la chose qui me fascine le plus. Parfois, dans une autre vie, je rêverais avoir un don en dessin. « Tu sais que tes yeux sont magnifique ma petite Charlie ? » je relevais mon regard vers lui. Et je ne sus quoi dire. Je devais d’ailleurs faire une drôle de tête, avec mes gros yeux surpris et ma bouche entrouverte de surprise… Oh mon dieu qu’est-ce que je pouvais paraitre débile parfois ! « M-merci… » pourquoi est-ce que je balbutiais soudainement !? Allez Charlie, reprends-toi, on t’a rien dit d’exceptionnel, tu le sais que tu as des yeux magnifiques, notamment dû à ce bleu clair pénétrant et si joyeusement expressif. « Qu’est-ce que tu as photographié avec alors ? » L’avait-il acheté aujourd’hui ? Peut-être était-ce une question tout aussi débile que ma réaction…