Never say never | Amber & Don & Vicky (terminé)

■never say never■

Le temps s’étira en de longues minutes insoutenables alors que Donovan et Victoria attendaient l’arrivée des secours, le jeune homme regardait à la dérobée sa femme soutenir une parfaite inconnue qu’elle haïssait il y a de ça quelques heures, pourtant lorsqu’elle lui tenait la main, lorsqu’elle prenait le ton le plus doux, lorsqu’elle tentait de ne pas paniquer pour aider Amber, Don l’admira. Il savait que Vicky avait bon cœur, mais il savait aussi qu’elle pouvait être une véritable lionne lorsqu’il était question de son territoire et elle considérait son mari comme son territoire, elle avait été prête à se battre bec et ongle pour ne pas briser sa vie parfaite, pour sauver les apparences et pour préserver leur amour, elle voulait le faire ce soir. Pourtant la situation avait pris une toute autre tournure et c’est une jeune femme bien différente que Don avait découvert dans cette maison. Il l’en aimait d’autant plus, il la regardait avec respect et fascination. Comment pourrait-il passer sa vie sans elle… si jamais elle le quittait ? Elle était indéniablement la plus forte du couple, à tout point de vu, preuve en était qu’il se sentait bien incapable de venir au chevet d’Amber, de lui tenir la main et de lui parler avec douceur comme Victoria le faisait, lui se sentait gauche, inutile, il ne saurait quoi dire, il était seulement capable de faire les cents pas dans le hall d’entrée en attendant l’ambulance. Lorsqu’il entendit les sirènes il s’empressa d’ouvrir la porte. A partir de là tout alla très vite, il du renseigner les secouristes sur la vie d’Amber, il en ignorait la moitié. Elle fut rapidement emmenée aux urgences et le couple fut sommé de rester en salle d’attente.

Un silence pesant accompagnait les jeunes mariés, Donovan sentait qu’il avait déjà bien trop dit d’âneries pour la soirée alors il ne voulait pas en rajouter pour alourdir sa peine, il voulait pourtant lui parler, la rassurer sur le fait qu’il l’aimait, s’excuser encore, d’un autre côté il pensait à Amber dans cette salle et plus qu’à elle, pour la première fois, il angoissait vraiment pour les enfants, il avait peur qu’elle les perde. Au bout d’un moment Victoria prit doucement la parole, elle semblait résignée, comme si elle savait que leur histoire en péril prenait fin, comme si elle baissait les armes. Donovan faillit chanceler, tout à l’heure elle était prête à se battre coute que coute et là elle démissionnait, que pouvait-il faire ? Que devait-il dire pour qu’elle croit encore en eux ? Il avait déjà répété que malgré son erreur cela ne changeait rien à son amour pour elle, qu’il ne voulait pas d’Amber dans sa vie, qu’elle ne la remplacerait jamais et que même si elle était la mère de ses enfants elle ne faisait pas le poids contre Vicky. Il le lui avait dit mais si elle ne voulait pas y croire alors il n’avait plus d’arme, il aurait voulu sortir son joker de sa manche et lui dire les mots justes qui la feraient rester, mais il ignorait lesquels fonctionnerait. C'est alors que dans un souffle, le regard au sol pour ne pas affronter celui de son mari, elle ajouta qu’Amber avait besoin de lui. Il aurait simplement voulu hurler que lui avait besoin d’elle, de sa femme, de personne d’autre. Au lieu de ça il s’approcha, la prit dans ses bras avec une telle volonté que même si elle avait voulu résister cela aurait été impossible, il la força à le regarder, à plonger ses yeux au bord de larmes dans son regard bleu azur qu’elle avait tant aimé et sans trembler il affirma « Moi j’ai besoin de toi, que tu me crois ou non. Et si une infime partie de toi ne pense pas encore que je suis un connard fini alors ne me laisse pas. Je vais aimer ces enfants, parce que ce n’est pas Amber qui a besoin de moi, c’est eux. Mais je ne veux pas faire ma vie avec elle, ma vie je la fais avec toi, je ne t’ai pas épousé sur un coup de tête par remords pour t’avoir lâchement abandonné et trompée. Je t’ai épousé parce que c’est toi, parce que je t’aime. Et si j’avais eu le moindre doute concernant ma stérilité je n’aurais pas pris de risques avec elle. Malheureusement la médecine avait tort et je vais me retrouver père avec la mauvaise personne, je lui en ai voulu de les avoir gardé, je m’en suis voulu d’avantage d’avoir été tenté par elle. Je hais la nature de ne pas nous avoir offert ce bébé dont tu rêves, mais je ne renonce pas, si tu veux de moi je te donnerais un enfant… » Il aurait pu continuer des heures à lui déballer tout ce qu’il avait sur le cœur, ses remords, ses regrets, ses espoirs, son amour…, pour une fois il trouvait ça facile, mais un médecin entra dans la salle et leur indiqua qu’ils pouvaient aller voir Amber. Donovan déposa un baiser sur le front de Victoria et ils se mirent en route pour entrer dans la chambre de la future maman.

Elle paraissait épuisée, elle était blanche mais elle était réveillée et de toute évidence les bébés étaient toujours là. Ce qui soulagea Donovan. Il lui adressa un petit sourire timide qui se voulait pourtant rassurant, dieu ce qu’il était mauvais pour soutenir les autres dans ces moments-là. Le docteur expliqua à Amber ce qui lui était arrivé et Don se sentit coupable il est clair que si Vicky et lui n’avaient pas débarqué elle ne se serait pas mise dans des états pareil… Lorsque finalement le médecin termina en lui apprenant qu’elle devrait rester alitée à l’hôpital durant tout le reste de la grossesse Donovan la vie déconfire pour de bon, c’était le coup de grâce pour la jeune femme, il le sentit.

« Et si… excusez-moi d’intervenir, mais si Amber restait alitée chez elle ? Si on engageait une infirmière à domicile… » il lança un regard désolé à Victoria, sachant que ça ne lui plairait certainement pas, il espérait juste qu’elle comprendrait qu’il faisait ça pour le bien de sa rivale mais qu’il était totalement désintéressé, ça ne changeait rien à ce qu’il venait de lui dire quelques minutes au pare avant. « … si je me rends plus disponible pour l’aider le temps de sa grossesse ? Et puis elle a une amie qui vit avec elle, je suis sure qu’elle serait prête à aider. Je ne pense pas qu’un hôpital soit l’endroit qui convient le mieux, ni le plus agréable pour aller jusqu’au terme. »

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"Is that alright ?"

Maybe it's time to let the old ways die. It takes a lot to change a man, it takes a lot to change your plans. And a train to change your mind.

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Never say never

Victoria, Donovan & Amber

Rester alitée ? Moi ? Non, non, c’est pas possible, il doit y avoir un moyen de faire autrement non ? J’ai encore un tas de choses à faire, finir la chambre des enfants en priorité, réceptionner les meubles qui vont arriver le mois prochain et les monter, aller acheter tout ce qui me manque, c’est à dire à peu près tout... La poussette, des grenouillères, des biberons... Jusque là j’avais surtout travaillé sur la maison, vu que j’avais le temps de m’occuper de tout cela ensuite mais là, je suis dans une sacrée galère. Déléguer, je n’aime pas ça. Tout simplement parce que je n’aime pas demander, je préfère me débrouiller toute seule. Je n’imagine franchement pas demander à Val d’aller chercher des trucs pour moi ou ce genre de chose... Pas qu’elle dirait non, bien au contraire, d’ailleurs je sais que si elle savait que j’hésite en ce moment même, elle serait la première à m’engueuler et à me menacer de grands coups de pieds au derrière si je ne lui fais pas une liste dans la minute de ce dont j’ai besoin. Si j’appelle à la maison, j’entends déjà d’ici mon père me dire que je n’en fais qu’à ma tête et que voilà le résultat, que si j’étais restée sagement à la maison pour vivre ma grossesse tout cela ne serait pas arrivé. Autant qu’il ne soit pas au courant, c’est déjà assez compliqué comme ça pour l’instant vu qu’il ne comprend pas mon besoin de savoir mes enfants près de leur père.

Après toutes ces émotions, je me sentais coincée, et c’était loin d’être agréable. Heureusement j’avais évité le pire, et ça me rappelait l’importance de l’enjeu. Qu’est-ce qu’une mère est capable de faire pour ses enfants ? Tout, c’est évident... Et même si je ne savais toujours pas comment j’allais me débrouiller, je savais par contre que je n’avais pas le choix, que si je me montrais déraisonnable et que quelque chose arrivait, je n’en aurais pas assez de toute ma vie pour m’en vouloir et regretter. C’est là que Don prit la parole. J’étais tellement sous le choc de l’annonce du médecin que je n’avais jusque là pas trop pris attention à sa présence et celle de sa femme. Rester alitée chez moi ? Engager une infirmière ? J’ouvrais la bouche, la refermait, mon regard passait de Don à Victoria, puis au médecin qui écoutait la proposition du père des enfants avant de donner son avis sur la question. Mais à mesure que ce dernier continuait à parler, je sentais le drame arriver. Sérieusement ? Ca y est, il devient suicidaire maintenant... Et ça tenait juste en quelques petits mots glissés au milieu des autres : «Et si je me rends plus disponible pour l’aider le temps de sa grossesse». Oh la la, alerte rouge !

Non ! Ce... Ce n’est pas une bonne idée du tout c’est... Docteur vous voulez bien nous laisser seuls tous les trois quelques petites minutes ?

Je n’avais pas forcément envie d’entrer dans des détails privés devant lui, même si on dit que les médecins peuvent tout entendre, y’a des limites quand même. Il hocha la tête et sans faire d’histoire prit la direction de la sortie, refermant la porte derrière lui. Je pouvais maintenant parler en toute liberté.

Ecoute... Quand je suis arrivée, je t’ai dit que j’aurais besoin d’aide, mais ça c’était avant de savoir que tu étais à nouveau en couple avec Victoria. Tu t’investiras quand les enfants seront là, avec eux... En attendant il vaut mieux qu’on se voie le moins possible toi et moi, tu sais que c’est mieux, pour nous deux. J’ai déjà assez foutu la merde comme ça tu ne crois pas ?

Invité

Lasse, Victoria était en effet sur le point de jeter les armes. Il s’agissait plutôt d’un moment d’indécision, mêlé à un sentiment de culpabilité. Leur escapade nocturne avait provoqué un malaise à Amber, et malgré qu’elle la considère comme rivale, jamais elle ne lui aurait souhaité tant de mal.

Être la troisième roue du carrosse, voilà ce qui l’effrayait. Son regard parlait de lui-même et Don avait sans doute remarqué une faiblesse dans ses propos. Ce qui amena Victoria à dire qu’Amber avait besoin de lui. En dépit de toute réponse, il la prit dans ses bras dont elle ne put désisté à relâcher. Une telle étreinte la réconfortait. Il chercha son regard, les yeux mouillés. Victoria se contraint à le fixer, droit dans ses yeux, d’un bleu merveilleux. Attentive elle écouta ses propos, sur le point de fondre en larmes. Non pas qu’elle était triste de l’entendre affirmer qu’il avait besoin d’elle, mais elle en était émue.

« Oh… Chéri… » balbutia Victoria, affaiblie. Elle l’aimait son homme, elle l’aimait à l’infini. Don avait trouvé les mots justes pour la rassurer, mais elle ne trouva pas les siens pour lui donner un retour (positif ou non). Elle se contenta alors de répondre par son étreinte, qu’elle serra plus fort. Le médecin venait de briser leur intimité, et d’un pas hésitant, Victoria avait suivi Don dans la chambre où se trouvait Amber. Allongée dans son lit, Amber semblait épuisée. Sa peau blanche comme la porcelaine était encore trop pâle, mais toutefois elle demeurait belle et bien éveillée. Le médecin lui conseilla de rester alitée, car étant encore trop fragile, elle avait besoin de rester cadrée au risque et péril des bébés. Victoria voyait que du meilleur à cette solution, au moins la future maman ne sera pas seule dans sa grande maison.

Pourtant en voyant la déception d’Amber par cette nouvelle directive, Don intervint. Il suggéra d’engager une infirmière et se proposa d’être plus présent jusqu’à la fin de sa grossesse. Cette idée n’enchantait pas Victoria, bien évidemment, car c’était une difficulté de plus pour leur couple. Cependant son visage resta inexpressif. Amber, quant à elle, vit rouge. Elle énonça clairement qu’il s’agissait d’une mauvaise idée et demanda au médecin de prendre congés. Lorsqu’il claqua la porte, elle s’exprima avec plus de liberté.

Cela ressemblait à un règlement de compte, et Victoria sentit son cœur frémir en entendant son prénom. Selon Amber, lorsqu’elle lui avait dit qu’elle aurait besoin d’aide, elle ne savait pas que Don était de nouveau en couple avec elle. Plus communément, on appelle cela enfoncer le couteau dans la plaie. Après la stupéfiante déclaration d’amour de Don, tout s’écroulait comme un château de sable. Elle avait la foutue impression d’avoir été trahie, et ce sentiment s’estompa pas encore moins lorsqu’Amber indiqua qu’il était préférable qu’ils se voient le moins possible. L’ambigüité entre eux était flagrante. Le visage de Victoria s'était décomposé. A cet instant, elle aurait souhaité devenir transparente. Dans son petit coin elle demeura immobile. Elle examina avec appréhension la réaction de Don.

■never say never■

« Non, ce n’est pas une bonne idée du tout… » Les mots d’Amber claquèrent dans la pièce sans que Donovan en comprenne le sens. La jeune femme qui avait pourtant mainte fois réclamé la présence de son ex dans sa vie se refusait maintenant à recevoir toute aide de sa part. Et alors que le médecin s’éclipsait de la pièce, elle répéta encore une fois qu’elle ne savait pas qu’il était de nouveau en couple avec Victoria à son arrivée, ça il le savait et elle l’avait déjà dit plus tôt dans la soirée pour que Vicky le sache, certes si elle avait pensé qu’il était célibataire alors elle était en droit de lui demander plus qu’à un homme marié, mais cela ne changeait rien dans le fond. Quand elle finit par affirmer avec conviction que ce serait mieux qu’ils se voient le moins possible « tu sais que c’est mieux » Don le prit comme un coup de poing dans le ventre, elle faisait référence à ce baiser qu’il lui avait donné lors de leur dernière entrevue. Il avait été faible, il s’était laissé aller et avait clairement ressenti quelque chose pour elle, il lui avait même avoué qu’il l’aimait. Mais le temps avait passé depuis et il n’était plus dans le même état d’esprit, s’il voulait l’aider ce n’était pas pour elle mais pour les enfants, il tentait enfin de prendre son rôle de futur père à cœur même de façon maladroite. Il ne voulait surtout pas se servir de cette période pour se retrouver seul avec elle et en profiter dans le dos de sa femme, il savait qu’il pourrait être tenté par la jeune blonde, mais il avait puisé assez de volonté pour résister à cette tentation, plus que tout il voulait retrouver une stabilité dans sa vie, dans son couple et dans sa tête, ne plus être tiraillé entre la bêtise de ses actes et les remords qui vont avec. Il savait qu’il était temps de grandir et il s’y sentait prêt.

« Pardonne moi de te le dire comme ça mais tout ce que je propose ne se rapporte pas à toi Amber, dans ce cas par exemple je pense surtout aux enfants que tu portes. Je sais que tu ne supporteras pas de rester enfermée dans cette chambre durant les quatre mois qu’il te reste et je me doute que tu es loin d’être prête quant à la préparation de l’arrivée des garçons dans ta vie. Moi je propose simplement de te permettre de vivre ta grossesse au mieux pour que cela nuise le moins à leur croissance à eux. Quand je dis que j’aménagerais mon temps je ne dis pas que je passerais mes journées à sucrer tes fraises et à te masser le ventre, je sais parfaitement faire la différence entre ma vie de couple avec Victoria et l’aide que je peux t’apporter, je pense au bien être des enfants, je propose juste de t’aider, à monter les lits, à rénover la maison, ou toute autre chose manuelle… Quant au shopping et autre connerie du genre n’attends rien de ma part, tu as Valentina pour ça. »

Il commença à arpenter la pièce le regard absent, il repensait au fait qu’elle se trouvait seule, sans personne ici à part sa meilleure amie, qu’elle avait refusé toute aide de ses parents, mais en un sens, tout cela ne le regardait pas et en y pensant il trouvait encore plus que son idée avait été irréfléchie. « Après si tu ne veux pas de mon aide je n’insiste pas, finalement tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même puisque tu te retrouves seule ici, dans une ville inconnue sans l’appui de tes proches, ce n’est pas comme si ta famille ou même moi ne t’avions pas prévenu de cette bêtise. Si tu veux rester ici c’est parfait aussi, au pire tu n’auras qu’à me dire si tu as besoin que je fasse des choses dans la maison. J’espère simplement que tout sera convenablement préparé pour l’arrivée des jumeaux. » Il prouvait par ces dernières paroles que seul les enfants comptaient pour lui, elle voulait se protéger de lui, ne plus foutre la merde, c’est ce qu’il voulait aussi et il espérait secrètement que Victoria le comprendrait, elle qui se trouvait dans le fond de la pièce, observant sans bruit, guettant tout signe qu’elle ne ferait pas d’erreur en restant avec cet homme qu’elle avait épousé.

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Never say never

Victoria, Donovan & Amber

Il y a des concessions que je peux faire, et d’autres que je refuse d’imaginer. Il y a des limites à ce que je peux supporter et je sais que ça ne me ferait pas de bien de voir Don sans arrêt. Si je veux protéger mes enfants, je dois me protéger moi aussi, me protéger de moi-même, me protéger de lui. Pourquoi a-t-il fallu que tout cela arrive ? Pourquoi est-ce que je me retrouve dans cette situation insensée ? Quand je fais les choses, ce n’est pas à moitié, c’est le cas de le dire. Faut que je m’organise... Il doit bien y avoir moyen d’engager des gens dans cette ville non ? Je suis sûre que c’est possible, et en attendant d’avoir trouvé quelqu’un qui pourra rester près de moi, je peux toujours rester à l’hôpital. C’est loin d’être la solution idéale, mais c’est déjà mieux que celle proposée par Don. Non, hors de question, je ne veux pas le laisser faire ça, et je n’hésite vraiment pas à le lui dire. Je ne sais pas à quelle réaction je m’attendais, mais en tout cas certainement pas à celle-là. Non mais je rêve ? Stupéfaite... Je suis littéralement stupéfaite. D’ailleurs ma bouche est entrouverte et aucun son n’en sort, parce que franchement, je suis «sur le cul», pardonnez-moi l’expression ! Vous pensez qu’il le fait exprès ? Oh non, même pas, c’est juste qu’il ne comprend rien parce qu’il n’a jamais été dans ma situation, il ne peut forcément pas se rendre compte de ce que c’est de devoir vivre avec l’image du couple parfait que la personne que vous aimez le plus au monde forme avec une autre que vous !

Jamais il ne se rentrera ça dans le crâne. Il reste persuadé qu’il a juste été un amant de plus pour moi, jamais il n’a pris conscience qu’au fil des jours, des semaines, mes sentiments pour lui évoluaient et qu’au moment de son départ j’étais réellement amoureuse de lui, que je le suis encore, malgré tout ce qui s’est passé, même si en ce moment j’ai envie de me lever pour lui mettre une droite tant ce qu’il dit me met en colère. Je le suis des yeux, à court de mots, oubliant totalement Victoria qui se voit obligée d’assister à cette scène épouvantable. Mais Don n’en a pas fini, et le reste de son discours me rend la parole, parce que là il va vraiment trop loin. Comment ose-t-il me dire des choses pareilles ?

Excuse moi d’avoir été assez idiote pour avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour que mes enfants connaissent leur père ! Désolée d’être venue foutre le bordel dans ta jolie petite vie si parfaite, de ne pas t’avoir prévenu par texto que tu allais être père et que si tu voulais voir tes gosses tu n’avais qu’à te taper les 1000 Kms qui séparent ce trou de Brisbane ! T’es quand même gonflé de me dire ça Don... Tu sais ce que ça me coûte de rester depuis ta dernière visite.

Non seulement j’ai appris ce jour là qu’il était marié, mais en plus il m’a avoué des sentiments inavouables et qui devaient rester enfouis. Ce n’est pas le genre de chose qui fait plaisir à entendre, loin de là, ça complique terriblement les choses au contraire. Ca serait tellement plus confortable pour moi de quitter Bowen et de laisser tout ça derrière moi, de m’entourer justement de ma famille, des gens que j’aime et qui m’aiment, de ne plus le voir pour essayer d’oublier, autant que possible en tout cas. J’avais l’impression de devoir tout lui expliquer en long, en large et en travers.

Tu crois vraiment que je vais vivre ma grossesse au mieux si je te vois tout le temps ? Bon sang Don réfléchis trois secondes ! Tu sais que je t’aime, tu peux minimiser mes sentiments autant que tu veux pour te donner bonne conscience, mais tu représentes pour moi ce que Victoria représente pour toi. Imagine que tu aies à supporter l’image de son bonheur avec un autre et après ça essaie de comprendre enfin pourquoi je veux éviter de te voir autant que possible ! Ca fait mal Don ! C’est de la torture ! Est-ce qu’au moins tu te rends compte de ça ? Je fais tout ce que je peux pour que ce qui s’est passé la dernière fois ne se reproduise pas, pour que le climat soit serein, pour éviter les situations trop compliquées parce que oui, j’ai bien compris que c’est elle que tu préfères, c’est bon, c’est intégré... Mais il va falloir que tu m’aides parce que si toi tu as une femme extraordinaire qui te soutient et qui est prête à passer l’éponge, moi je n’ai plus personne, j’ai perdu tous mes repères et je n’ai pas envie d’encaisser tes reproches par dessus le marché.

Invité

A son grand désarroi, Victoria contemplait leur conflit d’un œil attentif. Il était difficile pour elle de rester neutre, elle qui aimait Donovan plus que tout – pour ne pas dire aveuglément. Il avait proposé ses services à Amber dans le but d’assumer ses responsabilités de futur père. Peut-être que ce geste était justifié, mais maladroit tout de même. Amber, désespéramment amoureuse, comparait son amour naissant de quelques mois à celui de Victoria, de toute une vie. A ce moment oui, elle voulut protester car PERSONNE ne pouvait l’aimer autant qu’elle. Il était inconcevable d’envisager de mesurer cet amour, certes, cependant les Donoria n’existaient-ils pas depuis plusieurs années déjà ? Enfants ils s’adoraient, adolescents ils s’aimaient, et adultes ils se marièrent. Les voilà maintenant dans un foutu pétrin, mais ils s’étaient dis « oui » dans la richesse et la pauvreté, pour le meilleure comme pour le pire et jusqu’à ce que la mort les sépare.

Ne prenant partie pour personne, soudain le cœur de Victoria se mit à lâcher. Son visage s’était assombrit, et encore le mot était faible. Amber évoqua une fois de plus une ambigüité évidente entre eux. Ce qui s’est passé la dernière fois ? Mais qu’est-ce qu’il s’est passé la dernière fois ? A l’évidence, Victoria cru comprendre l’écart infidèle de son mari. Cette fois-ci elle ne pût mettre des œillets et se contenter d’écouter ses sentiments. La colère montait, non seulement envers Don mais aussi envers Amber, dont elle n’éprouvait aucune compassion sur le moment présent. La vision de les voir ensemble l’horrifiait, pire, la dégoûtait. Les membres de son corps s’absentaient de tout mouvement. Pourtant ses yeux, rougis par la fatigue et l’épuisement, n’arrivaient plus à verser des larmes.

Le cœur déchiré, tourmenté, affligé, Victoria n’avait plus le courage de rester une seconde de plus dans cette pièce. A vrai dire, elle ne réalisait pas encore la gravité des choses. En assistant à leur scène, elle prenait peur d’entendre de nouvelles choses qui la blesserait davantage. « Je préfère partir. » dit-elle d’une voix grave à l’adresse de Don. Elle adressa un regard froid envers Amber : « Non apparemment vous n’avez pas assez foutu la merde. » rétorqua Victoria, piquée au vif. Puis elle se tourna vers Don et rajouta rapidement : « Je ne rentrerais pas à la maison. »

Au moins c’était dis. Elle ressentait le besoin de faire le vide, mais surtout le besoin de s’éloigner de Don. Sans attendre une réponse de leur part, elle sortit de la chambre.

■never say never■

Plus le temps passait plus cette soirée, prolongée jusque tard dans la nuit, s’avérait être désastreuse. A chaque fois que Donovan pensait rattraper la situation et faire que toute cette histoire se termine le mieux possible pour eux trois, l’un d’eux dérapait, lui le plus souvent, et enfonçait encore plus le clou. La personne qui souffrait le plus de tout cela c’était bien évidement Victoria. La pauvre jeune femme n’avait rien demandé, elle avait débuté sa journée en pensait vivre avec l’homme de ses rêves, droit et honnête et voilà qu’elle se trouvait trompée, accablée par les mensonges à répétition, tout cela devant la maitresse de son homme, enceinte jusqu’au cou. A côté de ça, la souffrance physique que pouvait vivre Amber n’était rien, pourtant elle était bien présente elle aussi. Mais pour l’heure, maintenant qu’elle était sorti d’affaire et hors de tout danger, sous surveillance dans sa chambre d’hôpital, la jolie blonde n’inquiétait plus Donovan, aussi horrible que ce soit, il ne s’en faisait plus pour elle, au contraire, alors que tous étaient prêts à faire des concessions, qu’il se portait volontaire pour faire en sorte que son sort ne soit pas si pénible durant le reste de sa grossesse, voilà qu’elle avait été contre et notre jeune homme, plus que sur les nerfs, avait pris violement la mouche. Bien entendu Amber avait protesté, évoquant les sacrifices qu’elle faisait en vivant à Bowen, en se coupant de sa famille, évoquant surtout leur dernière entrevue, parlant clairement de ce baiser qu’ils avaient échangé. Donovan vu rouge, lui qui voulait enfouir ce souvenir au plus profond de sa mémoire, ne pas penser qu’il avait pu être faible une fois de trop. Il fit volteface vers une Victoria défaite, qui comprenait toutes ces allusions et qui choisit de partir pour ne plus subir l’affront de se trouver dans cette pièce, entre cet homme qui semblait accumuler les mensonges et celle par qui tous ses malheurs étaient arrivés. Donovan ne put la retenir, il sentait toute cette peine, le regard presque vide qu’elle lui lançait été sans équivoque, il ne la rattraperait pas au vol ce soir, ni peut-être jamais.

Resté seul avec Amber dans la chambre, l’air devint soudain irrespirable pour notre homme, mais l’espace de quelques minutes il ne put dire un mot, témoin impuissant du désastre de ce soir, de l’effondrement de cette vie qu’il avait mis tant de cœur à retrouver et à reconstruire. Oui il avait omis d’évoquer ce baiser entre Amber et lui à Victoria, non pas qu’il souhaitait le lui dissimuler mais elle avait passé toute la soirée à affirmer qu’elle ne voulait aucun détail sur leur relation, certes c’était facile de se cacher derrière cela, certes il aurait dû lui dire pour mettre toutes les cartes sur la table. Mais la vérité c’est qu’il avait une peur folle de la perdre et que pour lui ce moment d’égarement ne signifiait plus rien, certes à ce moment, lorsqu’il l’embrassait avec bien plus de fougue qu’il ne se serait cru capable, Donovan avait pensé ne pas pouvoir résister à Amber si elle restait en ville. Mais il s’était remis en cause depuis ce soir-là et pour lui il était clair qu’il ne voulait pas perdre sa femme donc il avait choisi de laisser les sentiments qu’il pouvait avoir pour Amber de côté, il avait choisi de rester droit et fidèle à Vicky, coute que coute. Une fois cette décision prise, il avait simplement enfoui ce souvenir comme s’il ne s’était rien passer. Mais la vie n’était pas aussi simple et ce soir lui montrait que tout fini par se savoir un jour et lorsque ça arrive, la bombe vous éclate droit au visage.

Finalement Don sortit de sa torpeur. Il éprouvait une sorte de haine envers Amber, un sentiment nouveau qui serait peut-être éphémère mais qui lui bouffait le ventre et lui brulait la gorge à cet instant précis. « Reste dans cette chambre, comme tu le dis tu n’as plus personne Amber. Tu voulais mon soutien mais finalement tu le piétine comme si je cherchais juste à me rattraper auprès de toi pour les derniers mois passés murer dans mon silence. La vérité c’est qu’il m’a fallu du temps pour encaisser le fait que j’allai devenir père de la pire façon qu’il soit. Pourtant si je te proposais de rentrer chez toi ce n’est pas par pitié ou bien par culpabilité, mais simplement parce que je cherche le bien-être de ces enfants que j’avais fini par accepter. Là-dessus je ne reviendrais pas en arrière, si tu as besoin que j’aménage leur venue je le ferais et lorsqu’ils naîtront je serais un père pour eux, pas un simple géniteur, mais ne demande pas que je fasse quoi que ce soit pour toi Amber. Garde ce qu’on a vécu à Bangkok comme un joli souvenir si tu en as envie mais n’espère plus rien de nous. Et sache que ce baiser que je t’ai donné la dernière fois, je l’ai regretté à la seconde ou je te le donnais, jamais plus je ne serais si faible. Je ne suis plus celui que tu as connu, pense que je suis un con, parce que j’en suis un. Tu as brisé mon couple, ma vie, en venant t’installer ici. »

Il prit sa veste pour se diriger vers la porte. Le Donovan tourmenté qui s’en était voulu toute la soirée de faire du mal aux deux femmes de sa vie n’était plus, il avait laissé place à un homme amer et empli de colère. Meurtri il n’avait plus le courage de faire bonne figure, il se moquait bien du mal qu’il faisait à Amber, ne pensant qu’à sa peine et à celle infligée à Victoria, il se révélait être un homme blaisant, presque insensible, tout le contraire de celui qu’il pouvait être habituellement. « Tu peux penser que je suis égoïste, ce soir je le suis volontiers, tu peux bien m’en vouloir, je m’en fous. Après tout c’est toi qui le dis, on ne doit penser qu’au bien-être des enfants, le nôtre passe après, là-dessus on est ex-aequo à présent. »

Puis il partit sans se retourner, fermant délicatement la porte. Il avait le cœur lourd, il rentrerait seul chez lui, il n’aurait pas le courage de dormir dans ce lit lieu de tendresse partagée avec Victoria, il dormirait sur son canapé, comme tout homme se sentant misérable.

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